« La terre du milieu | Là où il y a de la gégène, il n'y a pas de plaisir » |
Dimanche dernier s'est tenu à Shangaï une petite sauterie appelée le G20. Il n'y a pas vraiment eu d'écho en France, trop occupé qu'était le pays à suivre les navrantes aventures de son président en visite contrainte au salon de l'agriculture.
Ce sommet, donc, s'est terminé par un gueuleton et le constat amer d'une reprise mondiale atone voire totalement inexistante malgré toutes les gesticulations des banques centrales. Cette reprise que l'on cherche toujours se traduit chez nous par des difficultés économiques toujours plus grande pour les particuliers et par de sérieux soucis de budget pour l'état qui ne peut continuer à laisser couler le robinet à argent public puisque il est déjà à l'heure où j'écris ces lignes en dépassement d'un budget qui laisse pourtant filer allègrement les déficits.
On comprend alors bien facilement que la presse française oublie les sujets anxiogènes en s'emparant plus du sujet agricole et des jets de crottins vers une cible présidentielle que de celui, bien plus aride, de l'économie mondiale et des constats sans appels dressés par le G20.
Pourtant, même à faire l'autruche derrière sa ligne Maginot, il n'en reste pas moins que la conjoncture économique mondiale est préoccupante. Et d'autant plus préoccupante que nous ne faisons même rien sur le peu que nous pouvons encore maîtriser (migrants, relations avec la périphérie de l'Union Européenne, Turquie en tête, brexit…).
Au point où nous en sommes, regardons vers le passé. Que constatons-nous ? Les Quantitative Easings (QE) n'ont pas apporté les effets escomptés. Tout au plus ont-ils provoqué des effets d'aubaine sur certains marchés, effets totalement artificiels et dont les résultats ne furent pas à la hauteur du sacrifice demandé. Aucune inflation, rien, mais un tas de nouvelles dettes qui vont devenir particulièrement délicates à apurer. Une fois de plus Keynes reste la règle, pas un seul de ces grands argentiers n'ayant compris que les règles de Keynes ne peuvent s'appliquer que dans une zone sans infrastructure et restant en développement soutenu.
En bons keynésiens, l'inflation constitue la seule solution à l'apurement des dettes. La période actuelle de déflation est donc une calamité abominable. Pourtant, ce sont ces mêmes argentiers qui ont créé cette déflation en créant des bulles, des effets d'aubaines sur certains marchés au détriment d'investissements moins rentables mais bien plus nécessaires. Ne comprenant pas même que l’actuelle allocation des capitaux est complètement biaisée par des taux d’intérêt hors de toute réalité, ce sont les mêmes qui ont poussé les banques centrales à baisser tant et plus ces taux au point d’être à présent en territoire légèrement négatif sur cinq ans.
Et là survient un sacré problème. Pour que ces taux négatifs aient une utilité, puisqu'il ne s'agit même plus de les maîtriser, il faut absolument contraindre tout l'argent en circulation à dormir en s'érodant dans les coffres des banques. En effet, en période d'inflation, un bas de laine perd de la valeur au fil du temps. En période de déflation, celui qui garde son argent hors du système ne peut que s'enrichir. La seule solution est alors d'interdire tout argent liquide.
Cette interdiction qui aurait été décriée il y a encore quelques années est maintenant sérieusement débattue. Le G20 conclut d'ailleurs qu'il ne faudra pas hésiter à utiliser tous les outils pour soutenir l'économie. Cela comprend les réformes structurelles (dont la loi portée par le ministre actuel du travail au passage), les relances budgétaires et les méthodes les plus invraisemblables ou hétérodoxes.
Le problème est que j'ai beau chercher. Avec des taux durablement négatifs, la suppression de l'argent liquide est indispensable. L'épargnant n'aimant pas se faire tondre, il faudra l'obliger à déposer ses avoir dans une banque sur un compte et non dans un coffre. Une fois converti en ligne de compte, il sera facilement manipulable par un tiers — au hasard, l'état. En effet, l'exfiltration d'argent liquide hors du système bancaire est le dernier recours de l'épargnant pour éviter la spoliation et les bidouilles des banques centrales. En limitant la circulation d'argent liquide et en imposant l'argent électronique — sous couvert de lutte contre le financement du terrorisme alors que les terroristes ont bien d'autres monnaies d'échange à commencer par la drogue… —, le but n'est que de contraindre le déposant à une érosion de ses avoirs en soumettant définitivement la population au bon vouloir de l'état. Il serait étrange qu'il s'en prive.