« Rien ne sera épargné | Ces folles nuits de la place de la République » |
Mon cher Olivier,
J'ai bien reçu ton gentil courrier électronique dans la soirée du 13 avril 2016 avec un courrier d'accompagnement qui était étrangement adressé au rédacteur en chef du magazine Capital. Je ne sais pas pourquoi j'ai reçu ce courrier, si tu avais une remarque à faire à ce magazine, il aurait été très facile et bien plus efficace de demander un droit de suite ou de réponse d'autant que, n'ayant pas participé à l'entrevue, je ne vois pas pourquoi je devrais prendre parti et te soutenir. Ne compte pas sur moi pour le demander à ta place ou t'apporter du réconfort. Considérant que nous sommes assez intimes pour que tu prennes la liberté de m'adresser un courrier pour avis, tu me permettras sans doute de te tutoyer. Comme tu me permettras aussi de mettre ici verbatim le courrier électronique d'accompagnement de ta missive.
Dans son édition datée de mars, le magazine Capital a fait paraître un article consacré à la Cipav. Le mensuel a choisi de s'appuyer sur des faits anciens et d'offrir une tribune à quelques détracteurs de la caisse, plutôt que de rendre compte des nombreuses améliorations mises en ouvre depuis 2015 et présentées par Olivier Selmati, le directeur de la Cipav, lors de son entretien avec le journaliste du magazine.
Pour rappel, au terme d'une année de réorganisation profonde visant à une rénovation totale de la relation de service avec ses adhérents, la Cipav a notamment réussi à :
- résorber le stock structurel que connaissait le service courrier depuis des années ;
- réduire de trois mois à trois jours les délais d'encaissement des chèques grâce à un partenariat avec la CCMSA (Caisse centrale de la mutualité sociale agricole) ;
- améliorer la réponse téléphonique grâce à une externalisation partielle de l'activité téléphonique destinée à atteindre un taux de décroché de 90 %, ce qui permettra ensuite de dégager des ressources pour répondre aux mails des adhérents ou pour prendre contact avec eux afin de leur apporter du conseil ;
- créer des points d'accueil en régions afin d'informer et de traiter les dossiers des adhérents résidant en dehors de l'Île-de-France ;
- mettre à disposition sur le site internet de nouveaux documents et services permettant le traitement dématérialisé de certaines démarches ;
- Informer de manière spécifique les micro-entrepreneurs (brochure dédiée) et leur permettre de consulter leurs droits acquis pour la retraite depuis 2009 sur le site internet ;
- déployer un plan de radiation d'office concernant les adhérents n'ayant pas déclaré leurs revenus depuis plus de deux ans ;
- développer une politique d'action sociale destinée notamment à prendre en charge les cotisations des adhérents confrontés à des difficultés passagères ou en situation de précarité ;
- définir un nouveau schéma directeur informatique qui doit permettre la refonte du système d'information, nécessaire, entre autres, à la fiabilisation des données gérées par la caisse.Toutes ces actions ont un seul et unique objectif : restaurer la qualité de service à laquelle les adhérents de la Cipav sont en droit d'attendre. Malgré les nombreuses lacunes de l'article de Capital, La Cipav n'a pas souhaité demander de droit de réponse au magazine. Toutefois, un courrier a été adressé à son rédacteur en chef que vous trouverez en pièce jointe.
Je suis très surpris. Et je dois dire que je n'en ai cure. Tes petits problèmes avec la presse qui, pour une fois, a touché du doigt ce qui fâche, ne me déplaît pour ainsi dire pas. La CIPAV est sans doute la honte du système social français, encore bien plus que le RSI pourtant fustigé à raison.
Je te rappelle que j'ai déposé une plainte au pénal en janvier 2015, plainte toujours en cours d'instruction et pour laquelle j'ai déjà été entendu deux fois. Cette plainte te visait personnellement en tant que représentant du grand machin qu'est la CIPAV. À ce titre, je ne comprends même pas que tu m'envoies ce genre de courrier, ta réputation n'étant plus à faire.
Dans ton courrier, tu indiques avoir résorbé le stock structurel connu par le service courrier depuis des années. J'aime bien lorsque tu manies comme cela litote et métaphore dans la même phrase. Je te rappelle que je t'ai écrit à plusieurs reprises en courrier recommandé avec accusé de réception portant la mention personnel et que jamais tu n'as daigné me répondre. Le service courrier n'est pas responsable de cela. Je t'ai écrit pour te demander de me justifier des appels de cotisation complètement loufoques. N'ayant aucune réponse, n'ayant jamais réussi à avoir quelqu'un au téléphone, je me suis déplacé à Paris. Lorsque j'ai vu ton bâtiment et les hôtesses au rez-de-chaussée, j'étais rassuré, mes cotisations étaient bien employées. Mais même en me déplaçant, personne n'a réussi à justifier du montant de mes cotisations.
Tout au plus ai-je réussi à avoir un papier m'indiquant quels seraient — note bien le conditionnel — mes droits à la retraite. D'après les calculs de la personne qui m'a reçu, je pourrais — nouveau conditionnel, parce que ce calcul prend en compte la valeur actuelle du point — toucher à l'âge de 68 ans la bagatelle de 860 euros bruts mensuels, base plus complémentaire puisque j'ai la chance d'avoir les deux régimes chez toi. La même semaine, j'ai eu au courrier un document de la CIPAV me vantant la solidarité nationale et m'annonçant fièrement qu'une bonne partie de mes cotisations allaient dans des frais de gestion de ta caisse et en solidarité au régime général et aux régimes spéciaux (RATP, SNCF, EDF et GDF, j'en oublie certainement). La solidarité nationale, dans le cas de la CIPAV, ne fonctionne qu'à sens unique. Pire, lorsqu'elle ressort d'un papier de la CIPAV, on ne la reconnaît plus qu'à ses godasses.
Aujourd'hui, je ne suis plus travailleur non salarié. Tu continues pourtant à m'envoyer des appels de cotisation. Lorque je t'ai fait part de ton erreur, tu m'as demandé d'en fournir la preuve, ce que je ne ferai pas pour mieux réussir à te sauter sur le râble par la suite. En effet, depuis 2004, tous les ans, tu m'envoies une mise en demeure car selon toi, je n'aurais pas fait ma déclaration de revenus. Or tous les ans, je te réponds la même chose en recommandé avec accusé de réception, que cette déclaration a été faite informatiquement et que je suis en possession de l'accusé de réception de la déclaration. Je t'ai aussi demandé en 2014 à la suite d'un changement de règles fiscales m'ayant permis d'avoir un rattrapage de charge de 18000 € chez toi à chiffre d'affaire constant un petit geste. Ce n'était même pas une ristourne ou une faveur, simplement le fait de pouvoir étaler cette dette. Tu m'as envoyé un gentil courrier en m'expliquant que c'était impossible. Alors ton petit couplet sur l'action sociale de la caisse me fait légèrement sourire.
J'ai donc pris la décision de te quitter. Et depuis ce jour, je reçois des menaces. La dernière fut que je perdrai tous mes droits car je ne suis pas à jour de mes cotisations. Je t'annonce donc par la présente que je vais déposer une nouvelle plainte à ton encontre parce que le conseil d'état est très clair sur ce point, toute cotisation ouvre des droits. Les contributions qui n'ouvrent pas de droits sont des impôts et seul l'état peut collecter des impôts. Or, jursqu'à preuve du contraire et je me battrai jusqu'au bout pour cela, la CIPAV n'est pas l'état et la CIPAV est un machin au statut juridique privé indéfini.
Je t'annonce même que je vais utiliser ta missive dans cette plainte puisque tu écris que le système de sécurité sociale est collectif et obligatoire. Il n'est pas, ou plutôt il n'est plus obligatoire. Ce qui est obligatoire, c'est de préparer sa retraite, pas de cotiser chez toi à fonds perdus puisque les réserves de la CIPAV, déjà insuffisantes, ont été siphonnées pour sauver d'autres régimes encore plus mal en point si j'en crois un article des pages saumon du Figaro.
Ceci étant, je te prie d'agréer, mon cher Olivier, ma plus haute considération. Note bien que cette formule n'est que formelle et que je n'en pense pas un mot. J'espère que nous aurons bientôt le loisir de nous rencontrer.