« La saga de l'été | Un café, l'addition » |
Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe… Nouvelle expérience ratée…
L'un de mes beaux-frères fait — en dehors de moi bien entendu, mais je suis irrécupérable et hors concours — sérieusement baisser les statistiques du taux de natalité familial. Je n'ai jamais abordé le sujet parce que c'est un sujet qui fâche et qui fâche d'autant plus qu'il ne semble pas vraiment apprécier de n'avoir que des filles.
Je n'ai pas eu à aborder le sujet car il est venu sur un plateau. Un jour où mes oreilles traînaient, quelle ne fut pas ma surprise d'entendre qu'il ne s'arrêtera qu'à partir du moment où il aura un fils pour qu'il devienne prêtre, prêtre traditionaliste s'entend. Cette réflexion explique peut-être la baisse de la natalité de cette branche puisque, le connaissant, je serais assez étonné qu'il ait demandé son avis à sa femme. Il me semble qu'elle est pourtant un peu concernée. Pourtant, au vu de l'éducation lamentable de ses enfants, il n'est pas vraiment nécessaire d'en rajouter au tableau.
Je trouve aberrant dans la société actuelle de prétendre occuper une place sociale en fonction du nombre de ses enfants. C'est pourtant ce qui se passe dans un certain milieu. En effet, il n'est pas tout de les faire, il faut leur donner une situation. Comme le disais si bien mon penseur préféré, José Artur, un enfant, c'est vingt minutes de plaisir, neuf mois d'attente et vingt ans d'emmerdes.
Je trouve encore plus absurde, sous prétexte qu'on ne pourra payer des étude à tous ses enfants, d'en orienter sciemment vers les ordres ou de négliger leur éducation car ce sont des filles. Voire de pousser aussi les filles vers la porte des couvents comme cela semble être le cas.
Mais ce n'est rien à côté de la réflexion initiale. Comment peut-on annoncer fièrement qu'on ne s'arrêtera d'avoir des enfants qu'à partir du moment où on aura un garçon ? Comment peut-on rajouter en plus qu'il devra être prêtre ? Son garçon, si un jour il en a un, aura ou n'aura pas la vocation pour devenir prêtre. Le forcer à endosser la soutane du prêtre traditionaliste n'est certainement pas la meilleure chose à faire.
À ce tarif-là, on ne peut plus parler de foi. Il s'agit au mieux d'endoctrinement, au pire d'une incommensurable et crasse bêtise. Que des gens qui défilent contre les avortements en se déclarant « pro vie » parce que l'embryon humain est une vie en devenir, donc une personne qui devrait avoir une certaine liberté ou un certain libre arbitre, soient capables de refuser a priori à cette personne le choix d'être ou de ne pas être prêtre me dépasse. Plus exactement, cela me sidère. Ils n'en sont certainement plus à une contradiction près.
Ne perdons jamais de vue que la doctrine à géométrie variable est la ligne de pensée la plus facile à suivre.
J’en ai connu un, de garçon dont les parents (et surtout la mère, en l’occurence) voulaient absolument faire un prêtre… Dieu merci, au séminaire, on a vite vu que la vocation n’était pas là et on l’a prié d’aller voir un peu du monde et des filles - vous vous imaginez bien qu’il n’avait pas dû en voir beaucoup, des filles, vu le milieu d’où il débarquait, c’était pas l’ambiance.
Je n’ai pas eu de nouvelles depuis pas mal de temps mais quelques années après, le garçon en question reparlait du séminaire. Peut-être a-t-il fini par y retourner.
Quoi qu’il en soit, il n’était pas prêt au départ.
Prêtre, en plus traditionaliste, sans la vocation… ça fera juste un dépressif ou un frustré de plus. À moins qu’il ne verse dans la relation cachée…
À moins que le besoin soit tellement intense qu’ils prennent tous ceux qui se présentent à l’entrée. J’ai des exemples d’ordres de religieuses sous la main…
Ce qui est surtout pernicieux et affligeant dans ce “système” car c’en est un, c’est qu’il établit et affirme deux catégories de chrétiens: les prêtres… et les autres.
Alors les autres, pour les rattraper, ne pas les désespérer, on sort le grand attirail de la noble vocation de femme de ménage, ah non, zut, femme au foyer, et d’Homme avec un H majuscule, viril à souhait, le chef de Famille (avec un F majuscule), qui gagne lui, selon sa vocation l’argent de la famille.
Chacun sa vocation (ce qui ne pose pas forcément problème), chacun son étiquette et dans son tiroir s’il vous plaît. Et sans bouger. Une société faite sur le modèle de la commode Louis-Philippe chère à L. Febvre… Quid de la personnalité de chacun ?
Résultat, pour quelques femmes équilibrées (malgré tout), on se retrouve avec des femmes au foyer boulimiques, dépressives (qui consultent des psychologues parce qu’en fait elles ne supportent pas les gosses, je n’invente rien), qui n’ont jamais su s’opposer au besoin au conjoint excessif et se retrouvent épuisées par les naissances, aigries et seules à 40 ans. Mais mais mais tout va bien. L’ordre règne.
On met en tête des jeunes filles et des jeunes gens que la vocation de religieuses pour les unes, prêtres pour les uns, c’est largement mieux que le reste. Et on les retrouve pour combien de pourcent d’entre eux, à 40 ans, revenus de tous les monastères et tous les séminaires, trop tard pour se réinsérer socialement (et quelquefois professionnellement), seuls et nostalgiques de cette vie religieuse qu’ils croient avoir ratée… Quand ils sont revenus, mis à la porte par des religieux ou des formateurs de séminaires honnêtes. Ce qui n’est pas encore systématique. Que voulez-vous, on a besoin de prêtres et de religieux, alors on ferme les yeux.
Ils forment un corps de célibataires corvéables à merci dans les églises traditionalistes ou pas. Bien sûr dans le lot il y a des réussites. Mais à quel prix.
Le chemin ouvert par JPII je crois, de valorisation de la “vocation” des couples est encore long… Quant à celui de tous ceux qui ne sont pas religieux ou prêtres, célibataires ou pas…
Après le filet à papillon, voici le rets à Polydamas… Vous allez encore me le fâcher !
Blanche Neige,
vous avez raison, il est aussi probable que certains de ces jeunes sans vocations soient gardés et non renvoyés faire un tour dans le vaste monde, parce qu’on n’a pas de prêtres, et qu’il faut bien faire avec le peu qu’on a.
Ce qui me donne à penser que beaucoup d’évêques, qui contrôlent les séminaires, et les supérieurs d’iceux, doivent pécher par naïveté sur cette question.
Ce qui expliquerait, du reste, une partie de la question des cas de pédophilie chez les prêtres. En effet, on ne va pas me faire croire que les tendances de ces hommes ne peuvent pas être décelées par les directeurs des séminaires qui côtoient ces jeunes gens, parlent avec eux, s’en occupent quasiment 24h/24.
Seulement, les supérieurs doivent se dire que non, c’est pas possible, pas ce jeune homme si gentil, si dévoué, et quoi qu’il en soit ça va s’arranger, forcément. Eh ben non, ça ne s’arrange pas toujours.
Enfin bref. Je n’en sais rien, ce qu’il y a de sûr, c’est que la vocation forcée, ça existe encore, et l’Église n’a pas vraiment besoin de ça.
Ce n’est pas probable, c’est une certitude n’en déplaise à certains. Je connaissais quelqu’un qui a échoué - j’utilise le terme à dessein - dans une congrégation religieuse pour de très mauvaises raisons, pour faire simple, en raison de la maladie psychique d’un membre de sa famille dont elle devait s’occuper à chaque crise.
La responsable des novices, trop contente de pouvoir mettre le grappin sur une nouvelle recrue en état de faiblesse, a tout fait pour la faire tomber dans ses filets. Elle a réussi.
C’était pourtant quelqu’un qui avait une vie normale, un métier normal et qui n’avait objectivement rien à faire dans un couvent. Comme il fallait trouver de nouvelles recrues et que cette bonne soeur ne lui a jamais dit qu’on n’entrait pas dans les ordres pour de mauvaises raisons voire lui a affirmé que sa place était vraiment dans ce couvent, cette personne risque juste de se réveiller dans quelques années en constatant qu’elle est passée à côté de sa vie pour une raison futile. On ne s’engage pas dans une vie religieuse quasiment cloîtrée pour se protéger en élevant un mur entre sa famille et soi.
Pire, on ne recrute pas des personnes en état de faiblesse parce qu’il faut bien que ladite congrégation survive au manque de vocations qui n’est peut-être pas tant un rejet de la religion par un monde matérialiste qu’un rejet de la vie monastique retirée du monde.