« Travail, famine, pâtes, riz | Contournement des tribunaux de la honte » |
Certains de nos hommes politiques devraient être condamnés pour crimes de haute trahison. Et parmi ces heureux élus devrait figurer en bonne place notre équipe de branquignols actuels. Je ne vais pas établir une liste exhaustive de leurs méfaits, celle-ci étant beaucoup trop longue, je ne vais parler que de leur dernière entourloupe.
Vous le savez, tout va bien. Si vous ne le croyez pas, vous n'êtes que des hommes de peu de foi puisque c'est le président lui-même qui l'affirme péremptoirement. Les comptes sont à l'équilibre ou peu s'en faut. Comment donc ? Ce n'est pas le cas ?
Il faut pourtant constater que jamais depuis 1974 le budget de l'état a été équilibré. Jusqu'en 1981, je veux bien que ces budgets aient été déficitaires, Jacques Chirac puis Raymond Barre se sont pris en pleine face les deux choc pétroliers, mais il restait des liquidités dans les caisses de l'état. Nous n'en étions pas encore à emprunter pour financer les fins de mois. Depuis 1981, en revanche, aucune excuse n'est permise. L'arsouille s'est autorisée à dilapider l'argent public et tous les gouvernements successifs, voyant que rien ne bougeait dans la France endormie, ont fait exactement la même chose. De temps en temps s'élevaient ça et là quelques voix discordantes (Fillon, Bérégovoy, Rocard pour les plus fortes), mais dans l'ensemble, tous ont continué allègrement à emprunter pour régler les dépenses courantes, en plantant des fonctionnaires et en récoltant des impôts nouveaux.
Mais jusqu'à présent, au moins empruntions-nous de façon régulière. Sapin, notre inénarrable locataire de Bercy aux chaussettes rouges — quelle faute de goût ! — nous signalait même aimablement qu'il était très intéressant de s'endetter puisque les bons du trésor français avaient maintenant des taux négatifs. Il oubliait d'expliquer ce qu'était un taux négatif et en quoi un tel taux est plus un signal d'alarme qu'une bonne affaire et un appel à l'endettement. Mais il fallait justifier l'injustifiable et faire croire au bon peuple que cette dette était parfaitement supportable.
Aujourd'hui, la donne a un peu changé. Notre président bien aimé veut pouvoir se représenter et comme il a dit bêtement par le passé qu'il ne le fera que si la courbe du chômage s'inversera, il faut bien trouver quelque chose quitte à truander les chiffres. Pour cela, l'emploi public, les stages de toute sorte, bref, tout ce qui peut faire sortir durant un temps déterminé une partie des chômeurs de la catégorie A de Pôle-Emploi est bon a prendre. Mais pour cela, il faut des fonds.
Qu'à cela ne tienne, empruntons ! Le gouvernement suivant trouvera comment rembourser.
Reporter l'addition à demain pour embellir la photo dès aujourd'hui. Voilà en résumé le stratagème utilisé par l'exécutif pour contenir l'augmentation de la dette publique. Selon le rapport sur l'exécution budgétaire que la Cour des comptes a publié le 25 mai, Bercy a recours depuis quatre ans à un artifice comptable qui lui permet de sauver les apparences sur l'évolution de la dette.
Le stratagème est décrit dans Le Canard enchaîné du 15 juin. Pour combler le trou laissé par le déficit du budget, Bercy émet chaque année des obligations du Trésor (OAT) comportant des taux de rémunération de 5 ou 6 %, sur lesquels se ruent les investisseurs. Appâtés par la bonne occasion, ceux-ci n'hésitent pas à acheter ces obligations au-dessus de la valeur officielle d'émission, par exemple le double.
Tour de magie
« Résultat : quand l'État vend pour 1 milliard (valeur officielle) d'OAT dopées, il encaisse 2 milliards – un pour la valeur faciale, un autre pour la prime », constate Le Canard enchaîné. L'opération a permis, rien qu'en 2015, de raboter la dette de 22,5 milliards. « Un nouveau record », estime la Cour des comptes.
Et surtout un tour de magie qui a permis de contenir la dette à 95,7 % du PIB. Sinon, elle aurait atteint 98 % du PIB en 2015 et devrait dépasser les 100 % en 2017. Mais l'opération a un coût : ce que l'État gagne au moment de la vente, il le perd en servant des intérêts plus élevés. Pour une émission de février 2015, citée par la Cour, chaque milliard emprunté à 6 % coûtera, pendant dix ans, 60 millions d'intérêt par an, contre 5 millions pour l'emprunt au taux normal émis le même jour. Mais sauver les apparences à un an de l'élections présidentielle, cela n'a sans doute pas de prix.
Source : Le Point
De 5 à 6%, rien que cela. Pour fixer les idées, cela correspond à un bon du trésor grec à horizon de 5%. C'est un signe qui ne trompe pas.
Le mal est fait, nous allons rembourser. Mais nous allons rembourser beaucoup plus que nous aurions dû le faire parce que nous courrons derrière des liquidités et que, surtout, tout sera fait pour que notre actuel locataire élyséen puisse se représenter. Rien n'est trop cher pour cela.
Si les français avaient quelques notions de leurs responsabilités, un peu d'honneur, plutôt que de manifester et de laisser bloquer le pays par une poignée d'individus, ils devraient prendre des fourches pour virer cette engeance du pouvoir. Mais comment faire prendre conscience à un peuple dont la moitié ne paie pas d'impôt sur le revenu (donc se croit redevable de l'état) que son intérêt propre à moyen terme est de participer au financement de l'état et à la réduction de coûts nécessaire qu'il faudra faire tôt ou tard dans les larmes ?