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Déjà en son temps, Léon Blum admettait qu'il était impossible d'être socialiste lorsqu'on comprennait quelque chose à l'économie. Force est de constater que cet aphorisme reste d'actualité.
Ainsi, hier, nous avons pu découvrir le florilège toujours navrant des vœux des différents représentants des familles politiques françaises. C'est un bel exercice de style. Entre notre actuel président, bouffi de suffisance crasse, glosant sur son bilan désastreux en se félicitant de l'inversion de la courbe du chômage, oubliant les deux millions cinq cents mille nouveaux chômeurs comptabilisés par Pôle-Emploi depuis son arrivée, et son espoir de voir son successeur ne pas détruire le système social français — ce qui a été repris de concert par entre autre le Front National qui vire de plus en plus socialiste et étatiste —, Jean-Christophe Cambadélis faisant une autopromotion de son livre Brissy-sous-bois, Christian Estrosi se retournant sur les attentats de 2016, nous avons été de gros gâtés.
En effet, 2016 fut une année terrible, mais qui ne sera rien à côté de ce qui arrive. Loin de moi l'idée de faire du sensationnalisme mais je prétends que nos vies vont en être profondément affectées. Depuis plus de trente ans, nous vivons au-dessus de nos moyens. Cela s'est accéléré depuis quelques années grâce à des taux d'intérêts bas sur les obligations d'état. Le français moyen qui n'a la plupart du temps aucune culture économique considère donc la situation actuelle comme absolument normale, pérenne et stable au moins à moyen terme. La classe politique considère quant à elle qu'après elle, le déluge. Le but de chaque gouvernement est de refiler la patate chaude à son successeur. Peut-être est-ce simplement pour cela que notre président actuel ne se représente pas. Il est bien placé pour savoir ce qu'il en est très exactement.
Les informations que je vais donner ici vont être sous-estimées par la plupart d'entre vous, non pas que vous êtes idiots, mais parce que vous manquez malheureusement des connaissances nécessaires pour mesurer l'ampleur de ce qui vient. Beaucoup d'entre vous me traiteront d'alarmiste, peu vont mesurer les conséquences de ce qui est enclenché. Ceux qui vont les saisir auront juste encore le temps de se mettre à l'abri.
Premier point. Donald Trump a été élu président des États-Unis d'Amérique et il entend bien gérer son pays comme une entreprise. Des dents risquent de grincer très fort et la première conséquence est la hausse des taux directeurs de la FED et donc par ricochet de la BCE. En quelques semaines, les taux d'intérêt des bons du trésor français ont été multipliés par quatre. Ce n'est pas rien et ce n'est pas fini, l'administration Trump ayant annoncé que le loyer du dollar US devait être entre 3 et 4% l'an.
Pourtant, près de 100% des experts financiers ou prétendus tels nient farouchement la possibilité que la Réserve Fédérale américaine puisse augmenter ses taux (le FED funds rate ou FFR). Forcément, envisager cette augmentation revient à envisager l'écroulement de l'économie mondiale hors USA. Je ne vais pas expliquer les détails de la procédure, il faudrait commencer par comprendre le mécanisme des repos, les rachats des mises en pension financières par les banques vers la FED et cela nous emmènerait trop loin.
Or, deuxième point, en décembre 2015, la FED qui avait déjà augmenté ses taux pour la première fois depuis 2008 de 0,25% vient de réitérer il y a une quinzaine de jours. Pire, le comité FOMC de la FED vient d'annoncer la couleur pour 2017, 2018 et 2019 :
Mais ce n'est pas tout. Ce tableau ce termine pas une note laconique :
For the longer run, the FED now expect a 3% FED funds rate (range 2,500% to 3,750%); up from the prior 2,875%.
Mazette ! La prévision du FED funds rate avec sa moyenne et sa fouchette minimum-maximum grimpe. Les béotiens diront que cela ne produira strictement rien. Or un graphique montre pour les cinquante-six dernières années comment les taux à dix ans réagissaient au FED funds rate.
Fig. 1 : corrélation entre les taux à 10 ans et le FFR
Le FFR est en rouge, le 10 ans en bleu. L'inflation est en vert. Premières constatations : en 1994, le FFR est à environ 3%, la 10 ans est au double. En 2004, le FFR est à 1% et le 10 ans à 4%. Depuis 2009, le FFR est à 0,25% et le 10 ans à 2%.
À 2%, les taux longs sont tellement bas que le coût de l'endettement est dérisoire. Des bulles énormes qui n'attendent que d'exploser se sont formées. Je ne citerai ici que les taux bas des emprunts immobiliers qui ont fait exploser littéralement le prix des biens. Je suis donc en train de vous expliquer qu'il est ridicule d'acheter maintenant, surtout dans les zones tendues, car même si les taux sont bas, les prix sont souvent surévalués. Sauf que… sauf que les taux longs qui étaient de 1,42% en juillet 2016 ont grimpé à 2,47% en novembre et sont en train de se hisser gentiment à 2,75% depuis l'annonce de la FED. Cela ne sera pas sans conséquences pour tous ceux qui ont souscrit des emprunts à taux variables avec l'impossibilité de revendre un bien acheté plus cher que sa valeur réelle.
Ce FFR va augmenter régulièrement jusqu'à 2,875% en 2019, ce qui impliquera vraisemblablement des taux longs aux alentours de 6% l'an. Des millions de gens vont être ruinés. Le marché de l'immobilier va s'écrouler. Des dizaines de milliers d'acheteurs vont être incapables de rembourser et vont rendre les clefs de biens qu'ils ne pourront vendre. Notez bien que je ne parle ici que du marché immobilier, mais ce qui est vrai pour l'immobilier sera aussi vrai pour les états et les entreprises.
En ce qui concerne l'état français, sa dette est aujourd'hui de plus de 2000 milliards d'euros. Je ne parle que de la dette au sens de Maastricht, pas du hors bilan qu'il faudra tout de même payer un jour, là, nous sommes aux alentours de 7500 milliards d'euros. Il paraît qu'elle coûtait des clopinettes à rembourser avec des taux longs à 0,2%. Pourtant, en novembre dernier, ces taux sont passés de 0,2 à 0,8%. Et nous étions avant les augmentations du FFR de la mi-décembre. Avec les augmentations qui viennent, ce n'est plus 0,8% que la France paiera mais environ 4%, soit plus de 80 milliards d'euros par an, plusieurs fois les budgets des grands ministères en pure perte parce que nous avons choisi de nous endetter pour conserver un système qui ne peut être viable en vivant au-dessus de nos moyens. Quatre-vingts milliards d'euros, c'est plus de deux fois le montant des pensions des retraités. Je ne sais pas pourquoi, mais les impôts directs et indirects, les taxes et autres cotisations risquent de se prendre une claque supplémentaire, ce dont le pays n'a pas réellement grand besoin étant déjà le champion toute catégorie des prélèvements en tous genres.
Les yields (taux d'intérêt) sur les obligations actuelles vont grimper aux arbres. Conséquence immédiate, la valeur des obligations que tout le monde détient (fonds communs de placement, fonds mutuels, assurances, fonds de pension, banques et j'en passe) va chuter lourdement. On appelle cela un crash obligataire. À côté de ce qui risque d'arriver, la crise de 2008 ou la grande dépression de 1929-1932 paraîtront pour d'aimables promenades de santé, de gentilles plaisanteries.
Vous comprendrez donc que je souhaiterais presque la pire des années aux Français. Peut-être se réveilleront-ils enfin ? Lorsque je constate que personne ne s'intéresse aux mécanismes élémentaires de l'économie, que pas un journaliste n'informe le bon peuple de ce qui est en train de se passer, que les français sont près de 80% à vouloir garder un système social qui dysfonctionne au plus haut point, qui coûte juste vingt points de plus pour un résultat à peine médiocre que ce qui fonctionne dans la plupart des autres pays européens, que le seul candidat à l'élection présidentielle ayant annoncé une réforme de fond de la protection sociale est déjà en train de revenir dessus, je me dis que l'année 2017 risque d'être chahutée.
Pourtant, c'est la dernière possibilité que nous avons avant d'entrer en collision avec le mur.
Je vais de ce pas me jeter sous un train s’ils daignent ne pas être en grève, après vous avoir cependant présenté mes meilleurs voeux.
Je ne m’explique pas comment va s’y prendre Trump pour mener sa politique de relance si les taux de la FED grimpent.
A moins d’étrangler Yellen qui semble bien partie pour les faire flamber.
Trump a déclaré que pour que les financiers prêtent judicieusement, il fallait que le loyer de l’argent, donc la prime de risque, soit intéressante. Ce qui n’est pas en soi idiot puisqu’avec un loyer faible, ils cherchent le volume pour être rentables quitte à prêter à n’importe qui pour n’importe quoi et créer des bulles.
J’attends de voir ce qu’il fera. Je pense qu’on pourra avoir quelques surprises. C’est la première fois depuis longtemps que ce pays sera dirigé par quelqu’un qui comprend quelque chose aux affaires.