« Contre les uns ne signifie pas pour les autresLa technique vue par un journaliste économique »

Hymne à l'arsouille

13.05.21 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens, Pignoufferies de presse

Il n'a pu vous échapper qu'on nous rebat actuellement les oreilles avec la commémoration de l'accession au pouvoir de François Mitterrand en 1981. Quarante ans déjà, quarante ans de déclin continuel de la France. Les hordes de jeunes décérébrés ayant entendu depuis leur plus tendre enfance la doxa entretiennent le mythe. Mais pour les plus vieux, ceux qui ont connu la France avant Tonton, se souviennent de la claque prise et de ce qu'étaient réellement les années Mitterrand que l'on paie encore cher.

En fêtant les quarante ans de l'arrivée de la gauche mitterrandienne au pouvoir en ce sinistre jour du mois de mai 1981, nous célébrons en réalité la haine de l'autre, de l'autre sous toutes ses formes. Le socialiste possède un mécanisme de pensée simpliste qui consiste à désigner au plus grand nombre un ennemi commun. Et cet ennemi, comme l'aurait dit Brel, est un régiment. Il s'agit du juif, du Kapital, de l'étranger, de l'actionnaire, du rentier, de celui qui ose travailler le week-end sans compter ses heures, de l'école privée, de la retraite par capitalisation ou de tout autre individu qui ose sortir du rang pour s'assumer par lui-même. Cette idéologie était qualifiée de négative par Hayek car elle ne peut qu'engendrer l'envie et la haine de l'autre.

Le socialisme, c'est a minima la politisation de la jalousie sociale et je défie quiconque de me démontrer le contraire. Mais c'est souvent bien pire que cela à terme puisque ce qu'il y a de vraiment fascinant avec la gauche bien pensante, c'est qu'elle obtient quasiment systématiquement l'opposé de ses niaiseries. Son désir de liberté finit au goulag, son anticléricalisme priera bientôt à la mosquée et son antiracisme se transforme peu à peu en guerre raciale.

Je conçois que l'on puisse se dire de gauche jusqu'à l'âge de dix ans. Au-delà, cela relève de la pathologie mentale, que ce soit celle qui consiste à imposer à autrui ses volontés ou que ce soit celle qui consiste à raisonner comme un gamin de cinq ans. En fait, à bien y réfléchir, je ne trouve aucun exemple d'une société dite de gauche et libre. Remarquez bien, je connais aussi des sociétés dites de droite et pas libre non plus. Et là, n'importe quel adorateur de la gauche me rétorquera que ce n'était pas le vrai socialisme. Très bien, mais dans ce cas, vu qu'il a échoué partout où il a été tenté, peut-être que le socialisme est vicié dès l'origine et qu'il faudrait renvoyer cette doctrine dans les oubliettes de l'histoire.

Mais revenons aux faits et aux quarante ans de l'accession au pouvoir de l'arsouille. Les chiffres sont têtus et il serait dommage de s'en priver.

Entre 1950 et 1980, le niveau de vie des français a triplé. Pour fixer les idées et bien comprendre de quoi l'on parle, il s'agit du même accroissement que celui que l'on a observé entre la mort de Louis XIV (1715 pour les imbéciles et les électeurs de gauche) et la seconde guerre mondiale (1940 chez nous). Cette réussite impressionnante est due en particulier aux réformes capitalistes mises en place dans le bloc occidental à partir de 1950, n'en déplaise à la gauche.

Or le 10 mai 1981 intervient « la rupture avec le capitalisme » imposée par François Mitterrand et voulue par les socialistes français et leur programme commun. Alors que le Royaume-Uni avec Thatcher et les États-Unis avec Reagan se lancent dans la libéralisation de l'économie, la France tombe dans l'étatisation de l'économie vantée et planifiée par le sherpa Jacques Attali qui continue, quarante ans plus tard, son travail de sape (le sherpa parce que malheureusement ce cuistre sévit toujours et l'étatisation parce que nous en sommes resté là). Les conséquences du 10 mai 1981 sont dramatiques pour la France et pour les Français mais le mythe a la peau dure.

Le socialisme mitterrandien est une catastrophe biblique. Ceux qui s'en souviennent auront noté les augmentations délirantes des produits de base et le matraquage fiscal de ces années. De 1981 à 1984, le nombre de chômeurs réels a augmenté de plus d'un million, le franc a perdu 100% de sa valeur face au dollar US et 50% face au mark (RFA). Le ministre de l'économie, un certain Jacques Delors, a été contraint de dévaluer par trois fois le franc sans obtenir de résultat. L'endettement extérieur de la France a dépassé 80 milliards de dollars US et, pour la première fois depuis la guerre, le pouvoir d'achat réel français a baissé.

Mais le socialiste mitterrandien n'est pas qu'une catastrophe économique du passé, nous baignons encore aujourd'hui dedans puisque personne n'a pu ou voulu s'affranchir de la marque de l'arsouille. Le socialisme mitterrandien, c'est aussi une réforme de l'éducation. Vous avez oublié le fameux rapport Legrand, je vais vous rafraîchir la mémoire.

Le rapport Legrand est un rapport achevant une funeste mission qui est celle de détruire l'école. En effet, il part du postulat délirant qu'un bon élève ne peut provenir que d'une catégorie sociale privilégiée. Ce cuistre devrait regarder les cahiers des élèves de mes grands-parents, instituteurs dans un patelin rural de France où les enfants n'apprenaient et ne parlaient Français qu'à l'école, il aurait vu immédiatement que son hypothèse de travail tenait autant la route qu'une Dauphine sans le traditionnel sac de sable dans le coffre. Il a donc été décidé pour y remédier d'instaurer l'égalitarisme dans les rangs en « en rendant impossible la mise en évidence de la supériorité intellectuelle (sic) ». La mitterrandie, c'est cela, et on en paie encore le prix aujourd'hui. L'éducation nationale, malgré des budgets de fonctionnement énormes sinon délirants, produit des générations de jeunes semi-illettrés condamnés au chômage de longue durée. Vous seriez surpris de voir la qualité des écrits des étudiants au niveau bac+5 que je vois passer. Ils écrivent très mal, ils ne comprennent pas ce qu'ils lisent. Mais il reçoivent un diplôme qui a moins de valeur que le papier sur lequel il est imprimé.

L'arrivée de Mitterrand au pouvoir, c'est aussi des choses que l'on veut oublier. Je citerai en une liste non exhaustive :

  • les taxes sur l'essence et le téléphone (à une période où la moitié de la France attendait le raccordement et l'autre la tonalité) ;
  • l'impôt sur les magnétoscopes (vous l'avez oublié, celui-là, avouez !), instauré par Jean-Pierre Chevènement, à l'époque ministre de l'industrie ;
  • la restriction des voyages à l'étranger car, d'après Max Gallo porte-parole du gouvernement, « cette mesure ne gêne que 16% de la population qui ont les moyens d'en faire » ;
  • la liquidation des radios libres de droite par tous les moyens, liquidation conduite par Georges Fillioud ;
  • le désarment des avions au Bourget le 10 juin 1981 avec 80 milliards de francs d'annulation de commandes (et de nombreuses commandes ratées par la suite) ;
  • l'impossibilité pour les entreprises d'acheter certains matériels, ce qui a incidemment sauvé Bull puisque par Bull il était encore possible d'acheter du matériel IBM. Ça semble anecdotique, mais de nombreuses entreprises américaines ne livraient plus en France, ce qui a occasionné des pénuries non négligeables ;
  • la retraite à 60 ans non financée avec le coût induit aujourd'hui ;
  • le droit du sol avec le regroupement familial ;
  • la semaine de 39 heures payées 40 avant que Martine Aubry nous fasse la semaine de 35 heures payées 39. Comme quoi, on fait toujours deux fois les mêmes bêtises ;
  • l'affaire du sang contaminé permettant d'être responsable mais surtout pas coupable ;
  • l'affaire URBA, le Rainbow Warrior qui fut une affaire gérée de main de maître par des pieds-nickelés ;
  • l'affaire des bulletins de santé truqués, l'affaire Mazarine, hébergée avec sa mère par la République et responsable d'une brouille diplomatique avec l'Arabie Séoudite en raison d'un pur sang arabe donnée par le roi Fadh que plus personne n'était capable de retrouver dans les écuries de la République, ce brave cheval servant aux leçons d'équitation de Mazarine ;
  • le Carrefour du développement, le circuit de Magny-Cours, l'affaire Luchaire, les écoutes de l'Élysée (les journalistes ont la mémoire courte), les Irlandais de Vincennes…

Tout cela, c'est ce qui est visible. Mais il y aussi l'invisible. L'ère Mitterrand, ce sont aussi les magouilles à côté desquelles celles tournant autour du SAC gaulliste sont des enfantillages, des affaires et des courtisans courbés. Mai 1981, c'est aussi l'état culturel de Jack Lang, l'argent distribué à tout-va, la réforme Savary, l'étatisation absolue de la recherche et de l'université. C'est l'état omnipotent obèse.

« À la confiscation politique du pouvoir, encore aggravée par rapport à l'égocentrisme gaullien, il [François Mitterrand] ajouta la confiscation financière de l'argent public et les profits mal acquis, dus à la corruption et à la plate délinquance, sous haute protection de l'état », écrit Jean-François Revel dans ses Mémoires. Courtisans, prébendes, pratiques mafieuses, l'état socialiste se dote de tous les attributs d'un état voyou. Pour Revel, Mitterrand et ses sycophantes « établirent et enfoncèrent dans les replis les plus intimes de la chose publique un régime de concupiscence, de dilapidation et de corruption, déshonneur de ces temps par ailleurs ‘'tellement infectés et souillés par l'adulation'', comme dit Tacite (Tempora illa adeo infecta et adulatione sordida). Jamais président de la République française ne sa vautra avec autant de placide vulgarité et de tranquillité goulue que Mitterrand dans les avantages et commodités de sa fonction pour ses plaisirs personnels et ceux de ses parasites, flatteurs et courtisans. »

Qu'en reste-t-il quarante ans plus tard ? De Jack Lang à Jacques Attali dont les pets de l'esprit sont toujours adulés et font toujours la une des médias, du repris de justice Bernard Tapie nommé ministre aux dogmatiques socialistes Pierre Mauroy, Jean-Pierre Chevènement, Régis Debray ou Laurent Fabius, le président Mitterrand s'est entouré d'une cour de serviteurs aussi incompétents que zélateurs.

Mais d'autres partisans restent dans l'ombre. Le nom de Guy Penne ne vous dira sans doute rien. Il s'agissait du dentiste personnel de l'arsouille, celui qui lui avait limé les dents du haut (si, si !) et qui fut nommé après cet acte hautement symbolique et politique conseiller à l'Elysée pour les affaires africaines.

La France vient donc de fêter le 10 mai dernier une période très sombre de son histoire, période qu'elle n'a pas fini de payer et que beaucoup continuent d'encenser. Les socialistes français restent sous l'emprise du marxisme économique dogmatique et n'ont visiblement rien compris à l'histoire. Le nez dans l'évidence, ils la nient toujours. Les faits ne mentent jamais. C'est ce que Mitterrand et les socialistes n'ont jamais voulu savoir. Et ils n'en convainquent allant jusqu'à nier qu'ils s'étaient opposés au vote des femmes dans les années 1920 et 1930, que De Gaulle avait permis la contraception (qu'ils avaient aussi refusé aux femmes) et que Giscard avait lancé la possibilité de l'avortement.

 

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