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Parlez-vous centriste ?

17.11.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Nous sommes des gros gâtés. Je n'ai pas l'impression que nous sommes en campagne électorale, pourtant, nous assistons à un défilé continuel d'hommes politiques de la majorité et des oppositions invités dans les matinales de France Inter.

Ce matin, chanceux que nous sommes, nous avons eu la joie — ou la tristesse — d'écouter François Bayrou, fossoyeur de l'UDF, inventeur du Modem et du shadow cabinet, deux choses qui manquaient cruellement au paysage politique français. Notez bien que j'ai écrit écouter et non entendre, tous les mots ont leur importance.

François Bayrou est ce qu'il est convenu d'appeler un ancien jeune loup de l'UDF qui a décidé, un jour, par opportunisme et mauvais calcul politique, de mordre la main qui le nourrissait. L'UDF a implosé pour donner naissance après un virage à gauche au Modem — un joli nom, peut-être choisi en raison de leur communication cryptique — et à la nouvelle UDF rebaptisée Nouveau Centre.

Je ne supporte pas François Bayrou. Cela doit provenir de son côté donneur de leçon ou de sa façon de répondre aux journalistes. Pourtant, je l'ai écouté malgré mes a priori pour connaître ses propositions. Après une grosse demi-heure d'entretien, je ne suis pas plus avancé. Tout juste ai-je compris qu'il ne s'alliera ni avec Ségolène Royal, ni avec la droite et encore moins avec le Nouveau Centre, ces renégats ! Enfin, c'est ce qu'il prétend aujourd'hui. Quant à sa ligne politique, en dehors du ni droite ni gauche, pas un mot compréhensible. Pourtant, les journalistes l'ont poussé dans ses retranchements, posant des questions qui appelaient des réponses intéressantes. Rien. Autant souffler dans une contrebasse pour en faire sortir de la musique. François Bayrou répondait ce qu'il voulait à des question qu'on ne lui avait pas posées. À la voix près, j'avais l'impression de me retrouver dans les années 1980 à écouter une interview par Jean-Pierre Elkabach du plus grand humoriste de l'époque, j'ai nommé Georges Marchais, qui lui répondait sans se démonter :

Ce sont [peut-être] vos questions, mais ce sont mes réponses.

Et les journalistes ramaient autant que les Shadoks pompaient. Pourtant, le président du Modem aurait eu des choses à dire. Il y a actuellement un boulevard entre le gouvernement actuel et les proposition irréalistes du parti socialiste, boulevard dans lequel est en train de s'engouffrer Jean-Louis Borloo suivi par une grande partie des centristes depuis qu'il s'est désolidarisé avec fracas de la politique gouvernementale. Ne pas avoir précisé plus sa ligne politique revient à dire qu'elle n'existe pas, voire qu'elle est floue ou qu'elle suit le sens du vent ou le cours du veau.

Je n'arrive pas à imaginer qu'un homme politique ne puisse aujourd'hui prendre position sur l'état de la France et sur les réformes gouvernementales. Les sujets de discussion sont pourtant nombreux : entre la dernière réforme des retraites qui ne sert qu'à rassurer les marchés financiers, la fiscalité aberrante, la grogne sociale justifiée ou non, l'état des finances françaises, il y avait vraiment matière. Cette absence de position claire ne peut s'interpréter que comme une absence de conviction. François Bayrou semble être à l'écoute plus du peuple pour fixer sa ligne politique que de ses convictions intimes. C'est la seule justification de son côté ni droite ni gauche alors qu'il sait qu'il ne pourra rien faire seul.

Je ne vois donc pas comment faire confiance à quelqu'un comme lui, à quelqu'un qui avance masqué sans réelles convictions. Vous me direz qu'Edgar Faure, centriste de son état, disait déjà que ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent. Peut-être le vent tournera-t-il. Peut-être aussi certains hommes politiques, pour paraphraser Voltaire, sont comme des girouettes et se fixent quand ils rouillent.

 

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