« Grève des audiencesLe prix de l'incompétence »

Je suis calme, mais j'ai des envies de meurtre

05.02.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

La journée avait bien commencé. Elle avait bien commencé jusqu'à un coup de téléphone d'un chargé de clientèle professionnelle de l'espèce de chose qui me sert encore de banque. Plus pour longtemps, dès que j'ai soldé mes prêts immobiliers, je ferme tous mes comptes ouverts dans cette banque et la quitterai avec grand fracas. Je ne la nommerai pas ici, inutile d'insister, je sais parfaitement de quoi ces gens sont capables. Du pire et c'est peu dire. Je ne vous expliquerai pas non plus ici comment une banque peut contraindre une entreprise saine à fermer boutique. Il lui suffit d'empêcher tous les investissements, de freiner des quatre fers lorsqu'il s'agit de poser une rétro-caution sur un contrat, de ne pas répondre aux questions d'un chef d'entreprise en moins de deux mois, bref, d'un tas de tous petits riens qui mis bout à bout font tomber le chiffre d'affaire. Cette situation, je la vis depuis trop longtemps et s'il est relativement facile pour un particulier de changer de banque, pour une entreprise, c'est une toute autre affaire. Les banques le savent, c'est même pour cela qu'elles caressent les particuliers dans le sens du poil alors qu'elles se contrefichent de la clientèle professionnelle.

Et l'attitude de tous leurs chargés de clientèle est la même à tel point que je me demande s'il ne s'agit pas de consignes internes. Les seules personnes qui avaient un bon contact et qui faisaient effectivement leur travail ont toutes été licenciées. D'ailleurs, il est bizarre de noter que toutes ces personnes compétentes ont disparu de la circulation en moins d'un an. Je dois avoir une tendance paranoïaque. Je dois aussi signaler que je ne m'énerve que difficilement. J'estime avoir le droit de me faire réprimander par un banquier lorsqu'un compte est à découvert, mais je trouve inadmissible qu'un tel individu se permette de me faire payer ses bourdes qu'il enfile comme des perles sur un fil.

Souvent, dans les émissions de télévision, on voit des gens surendettés. Là, on se dit qu'à coups de crédits revolving, ils sont un peu responsables de la situation. Mais il faudrait faire de temps en temps des émissions destinées à raconter par le menu ce que des banques peuvent faire à des gens de bonne foi.

Donc, disais-je, le journée avait bien commencé. J'avais enfin réussi à avoir au téléphone ma chargée de clientèle officielle hier soir pour réussir à mettre des factures impayées en recouvrement. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ou plutôt le calme avant la tempête ! Elle m'a encore assuré vu les rentrées d'argent envisagées — le travail étant déjà effectué — qu'elle ferait passer les règlements même si le plafond de découvert autorisé était dépassé. Jamais elle ne m'a signalé qu'un chèque de deux mille euros allait être rejeté aujourd'hui. Hier soir, j'aurais encore pu faire quelque chose pour éviter la chose, mais non, elle n'a strictement rien dit. Et pour cause, le fait de ne rien dire permet encore une fois à la banque en question de récolter des frais de rejet.

Ce matin, juste après le café, donc, coup de téléphone de la banque pour me signaler que j'avais jusqu'à midi pour trouver une solution et effectuer un virement. La chargée de clientèle en question était en congé. Entre les formations et les congés, je me demande quand est-ce qu'elle travaille réellement. Impossible de faire ce virement depuis l'un de mes comptes personnels puisque le seul sur lequel il reste quelque chose est un compte sur lequel, un jour indéfini, cette même banque a mis un nantissement sans que d'une part je n'ai été mis au courant et que d'autre part personne de ladite banque ne sache aujourd'hui en vertu de quoi ce nantissement a été posé. Et telle une vache sacrée, personne ne prendra la responsabilité de le lever. Ce serait trop simple et ça pourrait résoudre tous les problèmes. Je n'ai donc pu couvrir moi même ce dépassement de découvert. La seule solution était que quelqu'un veuille bien me prêter la somme en question et me faire un virement dans les minutes, ce que ma banque avait accepté. Ayant trouvé la bonne personne que je ne remercierai jamais assez, j'ai prévenu ce qui est encore malheureusement ma banque. Il était 10h00 et je pensais en avoir fini pour aujourd'hui.

Grave erreur. À 13h20, nouveau coup de téléphone de cette banque. La personne au bout du fil se demandait pourquoi j'avais demandé qu'on me rappelle et ignorait tout de l'histoire. L'auteur du coup de téléphone initial était déjà parti en congé. Je m'assure que le traitement de l'information avait bien eu lieu et que ce fameux chèque — que ma banque avait autorisé par écrit à représenter — n'allait pas être refusé une seconde fois. Je m'entends dire qu'il serait refusé parce que l'agence n'a pas la preuve que ce virement a bien été fait. Or l'agence de la Société Générale de Dinan est fermée à 13h20. Si ma banque avait voulu traiter la chose à 10h00 du matin, j'aurais pu demander à la Société Générale de faxer une confirmation. À 13h20, c'était impossible. La personne au téléphone rajoute qu'il fallait faire un virement d'un compte dans la même banque. Parfait, mes parents ayant un compte dans la même banque, je téléphone à Direct machin chose pour savoir comment faire un tel virement et m'entendre dire que c'est impossible parce que mon compte professionnel est dans une agence de Strasbourg et que le compte de mes parents est dans une agence à Colmar. Il n'y a donc pas de solution à un problème généré par ma seule banque. De toute façon, la direction n'étant pas présente le samedi, il n'y avait pas moyen de forcer le règlement de ce chèque ni de faire un virement de compte à compte. Encore un coup de l'informatique !

Je suis donc dans la situation aberrante suivante : à la suite d'une incompétence généralisée à tous les niveaux de hiérarchie de ce qu'il est convenu d'appeler une grande banque française, une entreprise saine se retrouve dans des difficultés insurmontables sans que jamais un maillon de la chaîne bancaire ne soit réellement responsable de ses agissements ni ne cherche à corriger les erreurs des autres. Pour couronner le tout, je me trouve avec une interdiction bancaire et un nantissement sur mes biens personnels dont personne n'est fichu de me donner la provenance. C'est sans compter avec l'interlocuteur anonyme au téléphone qui a le culot de le souhaiter un bon week-end.

Brazil et 1984 étaient décidément très loin de la réalité.

 

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