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Il paraît qu'en France le capital n'est pas taxé

07.07.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Les Laurel et Hardy du syndicalisme — je veux nommer François Chérèque et Bernard Thibault — l'ont dit : en France, le capital n'est pas taxé et pour sauver le régime des retraites, il convient de le taxer. Pas le régime, le capital. J'ai de plus en plus de mal à entendre ce genre de discours. Tant pis si je me fais traiter d'horrible réactionnaire.

Bizarrement, il s'agit toujours de sauver le régime des retraites par répartition, jamais de sauver les différents régimes ni d'amputer les privilèges de certains régimes qui n'ont plus lieu d'être. Un métier peut être pénible, c'est certain. Mais prétendre que la pénibilité du travail du conducteur de train actuel est la même que celle du chauffeur des machines à traction vapeur est au mieux une contre-vérité, au pire un mensonge instrumentalisé car, voyez-vous, syndicaliste, c'est aussi un métier à risque.

L'intérêt des deux duettistes est de garder leurs postes et d'être réélus confortablement par leurs assemblées respectives. Comme j'ai peine à croire qu'ils soient arrivés à la tête de leurs syndicats en étant mentalement déficients, leurs prises de positions et leurs écrits ne peuvent être que destinés à leurs électeurs. J'en arrive même à me demander s'ils croient effectivement ce qu'ils racontent.

Donc, le capital n'est pas taxé. C'est un peu fort et ce n'est pas ce genre de déclaration qui risque de calmer mon ulcère. Le patron de PME tant fustigé — je ne parle pas des grands patrons qui n'ont jamais mis un centime dans l'entreprise qu'ils dirigent — est le didon de la farce économique française. Non seulement il n'a le droit à rien s'il est contraint d'arrêter son activité car, même s'il paie des cotisations à Pôle Emploi, en tant que mandataire social, il n'a le droit à aucune indemnité en cas de chômage. Vous admettrez sans conteste que c'est un autre véritable scandale. S'il ne peut rien percevoir, pourquoi devrait-il cotiser des sommes démentes ? Mais encore, il joue avec son propre argent. Il joue avec son propre argent car il perd tout son capital investi en cas de cessation d'activité et prend même des risques sur un argent qu'il ne possède pas car au mépris du droit, il doit être caution solidaire de tout emprunt bancaire et cela ne semble émouvoir personne. Au passage, je rappelle que les intérêts bancaires sont le salaire de la banque pour sa prime de risque… Les banquiers semblent juste l'avoir oublié ! Pour fixer les idées, j'ai demandé un emprunt à moyen terme (huit ans) de deux cent mille euros pour mon entreprise car il faut éternellement investir pour rester en vie. Ma banque historique que je ne citerais pas m'a demandé sans rire une caution solidaire du double de la somme prêtée, ce qui inclut plus que le capital initial et ses intérêts. Et l'on ose encore parler de responsabilité limitée. Passons.

Il faut aussi rajouter que le régime de retraite du patron de PME n'est pas intéressant et qu'il n'a pas le droit à la sécurité sociale. Considéré comme travailleur indépendant, il n'a le droit qu'à une mutuelle qui le prend en charge au même tarif que la sécurité sociale. Vous me demanderez donc à juste titre pourquoi je râle encore. C'est très simple, la différence se fait sur la part complémentaire car cette part ne peut être incluse dans un contrat de type foyer fiscal ou conjoint salarié et cela coûte très cher chaque mois.

Il convient aussi de signaler que sa rémunération passe en dernier après tous les salaires et toutes les charges diverses s'il reste encore quelque chose en caisse et que les dividendes sont une poudre aux yeux pour amuser la foule. Pour qu'il y ait des dividendes, il faut avoir réalisé ce qu'on appelle comptablement du bénéfice avant impôt. L'impôt en question est l'impôt sur les sociétés au taux de 33,33 % qui devrait sensiblement augmenter en cas de victoire du parti socialiste aux prochaines élections. C'est tout au moins ce qui est écrit aujourd'hui dans leur programme.

Mais ce n'est pas tout. Sur les dividendes qui n'ont pas encore été touchés — et qui ne le seront peut-être jamais si la société dépose son bilan — se rajoutent les CSG et CRDS d'à peu près 16 %, mises en recouvrement dès leur attribution. En d'autres termes, ces deux contributions sont payées bien avant que les dividendes soient versés si tant est qu'ils le soient un jour. Enfin, lorsque ces dividendes sont effectivement versés, ils sont déclarés par le bénéficiaire au titre de son impôt sur le revenu. Bon an mal an, le rendement du capital investi est amputé d'une bonne moitié et le capital lui-même n'est pas défiscalisé puisque pour prétendre l'être, il faudrait que son dépositaire soit imposable sur la fortune au moment de sa souscription et de sa libération, ce qui n'est que très rarement le cas.

La majorité n'a pas raison, elle est la plus forte. En ce sens, je peux encore pardonner à ces deux syndicalistes puisque c'est ce que leurs adhérents veulent entendre et, qu'au final, il s'agit de sauvegarder leurs deux emplois. Je préférerais pourtant qu'ils se battent contre le vrai scandale qui est la retraite des multipensionnés, mais comme cela ne concerne pas leur base, pour l'immense majorité salariée de la fonction publique, c'est ce qu'il est convenu d'appeler un vœu pieux.

Je ne pardonnerais en revanche jamais au journaliste économique qui les a interrogés car il aurait dû les couper pour rétablir quelque vérité.

 

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