Imposture

25.04.17 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens, Je hais les marketeux

Le « ni droite ni gauche » semble avoir aussi bien fonctionné que le « tous pourris même moi » de Le Pen. Cette position de campagne a porté ses fruits bien que ce soit une imposture. En effet, à l'heure où j'écris ces lignes, seuls quatorze candidats ont été adoubés par le mouvement En Marche ! pour les élections législatives qui arrivent à grands pas. La majorité de l'assemblée risque donc d'être formée par des caciques issus des partis désavoués dimanche dernier ayant ou non imploré le nouveau gourou pour obtenir le fameux label En Marche !

Quel changement.

La question est donc de savoir comment ce pays pourra être gouverné si Macron passe le second tour. Quelle majorité pour gouverner aura-t-il ? Que fera l'extrême gauche qui a déjà indiqué vouloir faire un troisième tour social et qui a commencé dans les faits avant le premire tour ? Remarquez bien que la même question se posera dans le cas où Le Pen remporte la queue du Mickey. Que fera-t-elle ? Plus exactement que pourra-t-elle faire ?

Ce qui est sorti des urnes dimanche soir n'est pas le pire scenario catastrophe. Nous aurions pu tomber sur un second tour Mélenchon–Le Pen. Mais la situation, sans être totalement noire, est tout de même gris sombre. En effet, Macron risque d'être élu, pas forcément haut la main car beaucoup d'électeurs risquent de rester chez eux. Le noyau dur des électeurs du FN et de Macron vont se déplacer, mais quid des autres ? L'extrême gauche, Mélenchon compris, risque de faire en partie défection. L'électorat de Fillon risque de balancer entre le vote Le Pen, le vote Macron et l'abstension. Je vois donc un résultat beaucoup plus serré qu'en 2002.

Par ailleurs, une fois élu, les ennuis vont commencer. Pour le nouveau président et pour nous. Être jeune et combinard ne suffit pas à faire un homme d'état. Ses électeurs abusés par le marketing du produit ne vont pas tarder à se rendre compte qu'il n'est qu'un étatiste pur jus avec option capitalisme de connivence, ce qui en fait un membre à part entière de la gauche dans tout son horreur nomenclaturale.

Cette gauche bobo et caviard est la meilleure alliée de la gauche arriérée qu'elle ne cesse de faire progresser et du national-socialisme qu'elle a fait renaître de ses cendres pour mieux contrer la pensée libérale dans ce pays. La suite risque malheureusement d'être très divertissante à défaut d'être constructive.

Comme je sais que ces lignes ont une audience importante (je remercie mes lecteurs, sachez qu'il y a actuellement cent cinquante mille lecteurs uniques par quinzaine) et est lu même par la gauche extrême et la gauche bobo et caviard, je suggère au prochain président de changer l'emblème du gouvernement. À la place du faisceau stylisé, je propose qu'on utilise un préservatif car cet accessoire reflète au mieux l'image de la politique française. En effet, il tolère l'inflation, vide les bourses, ralentit la production, détruit la prochaine génération et surtout, surtout, il protège les glands. Enfin, il vous donne un sentiment de sécurité alors que vous vous faites baiser.

 

Gagnant du premier tour

24.04.17 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Il paraît que Macron est le grand gagnant de ce premier tour. En tant que pur produit marketing, ses communicants le font accroire. Or il n'en est rien. Si j'en crois ce tableau (source ministère de l'intérieur)

  Nombre % des inscrits % des votants
Inscrits 46 316 165 100,00%  
Abstention 9 871 871 21,31%  
Votants 36 444 294 78,69% 100,00%
Blancs 649 934 1,40% 1,78%
Nuls 649 934 0,63% 0,80%
Exprimés 35 503 471 76,65% 97,42%

et les résultats candidat par candidat

Candidats Voix    
  Nombre % des inscrits % des exprimés
M. Nicolas DUPONT-AIGNAN 1 686 283 3,64% 4,75%
Mme Marine LE PEN 7 643 276 16,50% 21,53%
M. Emmanuel MACRON 8 433 346 18,21% 23,75%
M. Benoît HAMON 2 253 454 4,87% 6,35%
Mme Nathalie ARTHAUD 231 149 0,50% 0,65%
M. Philippe POUTOU 391 188 0,84% 1,10%
M. Jacques CHEMINADE 64 674 0,14% 0,18%
M. Jean LASSALLE 432 915 0,93% 1,22%
M. Jean-Luc MÉLENCHON 6 972 531 15,05% 19,64%
M. François ASSELINEAU 327 126 0,71% 0,92%
M. François FILLON 7 067 529 15,26% 19,91%
Total 35 503 471 100,00% 100,00%

Macron fait un score inférieur à celui de l'abstention. Le grand gagnant de ce premier tour est donc l'abstention.

Les législatives et la période qui va suivre vont être très divertissantes.

 

Premier tour de la présidentielle

23.04.17 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Voilà, c'est fait. Une fois de plus les français ont veauté (sic). Nous aurons au second tour un duel entre un Macron invertébré et une Le Pen totalement libérée des contingences économiques.

Soyons clair, aucun des deux programmes de ces deux candidats n'est à la hauteur des enjeux. Aucun. Le premier aboutira à une mort lente, le second à exécution sans procès. Alors que nous avions la possibilité d'infléchir la trajectoire de la France — je ne me faisais aucune illusion sur la capacité de Fillon à tenir son programme, mais au moins, il a eu le courage d'analyser et de dire ce qu'il fallait faire contrairement à tous les autres candidats —, les français ont désigné deux pantins, le premier figurant un homme neuf poussé pourtant par une grande partie de la gauche gouvernementale, certains de ses soutiens ayant passé des décennies sous les ors de la république, le second surfant sur la vague du tous pourris (même moi mais j'emmerde les juges). Les deux promettent de raser gratis. C'est pour cela que je vais aller vérifier l'état de ma canne à pêche. Sous prétexte de ne pas tomber de Charybde en Scylla, je ne vais pas me résoudre à choisir entre la peste (brune) et le choléra.

Je suis sidéré par le nombre de travailleurs indépendants qui ont pu voter Le Pen ou Macron. Ces gens sont stupides (au sens médical du terme) voire totalement abrutis. L'un comme l'autre ont dans leurs programmes le fait de mettre les indépendants au régime général de la sécurité sociale. Ce qui signifie pour eux vingt points de plus de cotisations sociales et leur mort à court terme. Ceux-là n'auront en définitive que ce qu'ils méritent. Mais les autres, tous ceux qui n'ont rien demandé à personne, sont dans le même bateau. Rien que cette mesure, c'est au bas mot un million de chômeur supplémentaire.

Je suis sidéré qu'un Mélenchon d'extrême gauche fasse avec Hamon 25% des suffrages exprimés.

Dupont-Aignan est content, il a réussi à faire éliminer Fillon avec un programme complètement idiot. Dupont-Aignan, vous savez, celui qui se renseigne sur internet et qui est capable de trouver des information exceptionnelles sur des sites complotistes.

Et grâce à cela, Macron sera sans doute élu. Mais il faudrait que ce clône de Hollande n'oublie jamais qu'il a été élu grâce à Dupont-Aignan, grâce à six mois de bourrage de crâne orchestré par les chaînes d'information, Challenges, le JDD, le Monde, l'Express, le Point, Paris Match, C dans l'air ainsi que toute la presse grassement subventionnée et tous les journalistes du service public. Il a été élu grâce à quatre mois d'exécution publique de son principal opposant, François Fillon, avec à ma manœuvre le parquet national financier, en collusion avec la presse (certaines fuites étant tout de même bien orchestrées), avec le bafouement de la présomption d'innocence, du secret de l'instruction et du principe de séparation des pouvoirs à la clef. Il a été élu en violation du code électoral : cinq cent mille personnes pouvaient voter deux fois, je connais même une personne qui était inscrite dans trois bureaux de vote. Les fichiers d'au moins un opérateur téléphonique ont été utilisés afin de harceler des électeurs au téléphone et par SMS au mépris des remontrances de la CNIL. Il a été élu grâce au sabotage organisé du vote des français de l'étranger (qui votent majoritairement à droite) en interdisant le vote électronique et en les dissuadant d'aller voter (Montréal, Canada, un bureau de vote pour 57000 inscrits, une queue de plus d'un kilomètre, mais ce n'est pas seul cas. Londres, 120000 inscrits, deux bureaux. Singapour et Lisbonne, ce n'était pas mieux.).

Beau bilan mon gars. Mais tout cela ne fait pas une légitimité. Encore moins une adhésion du peuple à ta personne et à tes idées si d'aventure tu en as. Parce que jusqu'ici, je n'ai pas vu le moindre programme chez toi. Des idées lancées en l'air, oui, mais pas de programme structuré. Il faudrait d'ailleurs que tu te dépêches d'en coucher un sur le papier, cela risque de finir par se voir.

Et n'oublie pas que tu as devant toi les législatives. Et que si ton équipe a réussi à exécuter Fillon, elle va avoir du mal à user de la même tactique pour les législatives.

Une petite citation de Charles De Gaulle pour la route :

Les gens de gauche ont rarement de grands projets. Ils font de la démagogie et se servent des mouvements d'opinion. La gauche tire le haut de la société vers le bas, par idéal d'égalitarisme. C'est comme ça que l'on a fini dans l'abîme en 1940… Les socialistes sont d'éternels utopistes, des déphasés, des apatrides mentaux. Ils gaspillent toujours la plus grande partie des crédits. On ne les a jamais vu dépenser efficacement les crédits… Je n'aime pas les socialistes, car ils ne sont pas socialistes… parce qu'ils sont incapables, ils sont dangereux.

À méditer.

 

Dernière ligne droite

22.04.17 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Pour ce dernier jour avant des élections qui sont tout de même quelque peu cruciales pour l'avenir de ce qui reste de la France, je vous livre deux articles écrits par des gens qui savent à peu près de quoi ils parlent puisque l'un a grandi dans la Roumanie éclairée par le phare des Carpates et que l'autre a passé son enfance en Amérique du sud.

Le premier article est paru dans medium.com et est signé par Leonardo Orlando :

Mélenchon ou comment les bobos ont appris à ne plus s’en faire et à aimer les dictatures

Imaginez qu’une bonne partie de votre entourage soutienne avec ferveur Marine Le Pen. Imaginez la détresse qui vous envahirait si à chaque fois que vous vous indigniez face au racisme, la xénophobie et l’antisémitisme de Mme Le Pen, on vous rétorquait qu’au fond elle ne veut que le bien du peuple français ; ou votre colère en découvrant que les oreilles de ces personnes sont closes à vos tentatives de montrer rationnellement que son programme conduirait la France à sa ruine sociale et économique. Imaginez encore le désespoir dont vous seriez pris si, en mentionnant les nationalismes du XXème siècle ayant mené l’Europe aux portes de l’enfer, on s’indignait face à ces comparaisons et on vous expliquait que le lepénisme n’a rien à voir avec ces mouvements là.

Ce n’est qu’à travers cet exercice d’imagination que vous pourrez peut-être vous faire une idée de ce que moi, Français d’adoption, Argentin de naissance ayant subi personnellement les ravages des populismes latino-américains, je ressens vis-à-vis des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Dans un contexte où les inégalités deviennent de plus en plus insupportables et où la course à la production et à la richesse n’incarne plus notre rapport principal au monde, il est certes facile de céder au chant des sirènes entonné par M. Mélenchon. Mais le déni de ses électeurs face au programme de leur candidat, voulant importer point par point en France les recettes ayant conduit le Venezuela à la ruine et l’Argentine au bord de l’abîme, est douloureux à observer. Et comment traduire autrement que par une dissonance cognitive leur indifférence, aussi alarmante qu’angoissante, face à la fascination de Mélenchon pour les dictatures et les régimes autoritaires, de Mao Zedong à Vladimir Poutine en passant par Fidel Castro et Nicolas Maduro ? De même, on s’interroge: comment feront-ils pour regarder droit dans les yeux les réfugiés syriens auxquels ils ouvrent leurs bras, si ces derniers fuient à cause du sanguinaire Bachar el-Assad que leur candidat soutient à travers Poutine ? Et on ne peut que s’indigner face aux sophismes auxquels les « insoumis » s’adonnent pour essayer de nier l’évidence : l’économie planifiée et le contrôle « populaire » des médias et de la justice que le programme de Mélenchon propose sont foncièrement anti-démocratiques.

Plus inquiétant encore, le candidat a été pris, à plusieurs reprises, en flagrant délit de mensonge, masquant, par la même occasion, les piliers de son programme. Dernier exemple en date, alors qu’il est interrogé sur les régimes d’Hugo Chavez et de Nicolas Maduro, dont il s’inspire et envers lesquels il n’a jamais tari d’éloges, M. Mélenchon déclare sans scrupules qu’au Venezuela : « Personne n’a été exproprié. Il n’y a pas eu de nationalisations non plus ». Mais, quiconque connaît la terrible situation vénézuélienne sait qu’aujourd’hui au Venezuela même les couches-culottes américaines ont été nationalisées. Nicolas Maduro poursuit en effet la stratégie d’Hugo Chavez. Ce dernier a exproprié à lui tout seul plus de 1200 entreprises et nationalisé d’innombrables compagnies (pétrolières, électriques, de communication, des médias, etc.). En fait, les expropriations étaient tellement inhérentes à la politique menée par M. Chavez qu’il se baladait dans les rues de Caracas en pointant du doigt les bâtiments, maisons, entreprises ou magasins que lui plaisaient et, au cri de « exprópiese ! » [soit exproprié !], les faisait siennes :

 Comment est-il possible que des gens bien intentionnés, parfois très éduqués, tombent dans un piège si grossier ? Comment se peut-il par exemple que certains de mes collègues, des chercheurs en Sciences sociales et Humaines censés être pourtant attentifs à ce type de dérives ayant toujours tourné au cauchemar, puissent se laisser si facilement emporter par un populisme tout aussi fourvoyé que celui de Mme Le Pen ? Car je ne parle pas ici des communistes de toujours, naturellement séduits par le discours de Mélenchon, lesquels, s’ils n’ont pas changé d’avis après avoir assisté à l’hécatombe soviétique, finiront très probablement leurs jours hypnotisés par ces mirages révolutionnaires. L’électorat de Mélenchon dont le choix m’accable, est celui qui jouit le plus de la société ouverte qu’il critique avec autant d’acharnement, et qui ne résisterait pas une seconde sous l’emprise des formules proposées par son candidat si elles venaient à se réaliser.

Difficile d’imaginer les « insoumis » renier les avantages des traités européens que leur candidat veut abandonner (et dont ils ont profité toute leur vie), afin de commencer à jouir de tous les bénéfices que promet l’Alliance bolivarienne du Venezuela et de Cuba (ALBA) à laquelle M. Mélenchon veut souscrire, et dont les pays observateurs ne sont autres que la Russie et l’Iran. Mais cette alliance est très éloquente, car si l’on veut connaître ce que le modèle économique proposé par M. Mélenchon réserve à la France, il suffit de regarder dans le miroir du Venezuela. Ainsi, si le programme du candidat se déroule comme il le projette, seront-ils prêts, ses électeurs, à passer une trentaine d’heures hebdomadaires à faire la queue pour se procurer des biens de première nécessité ? Seront-ils heureux d’improviser de nouvelles méthodes d’hygiène parce que le papier toilette est une ressource introuvable? Ou encore seront-ils disposés à embrasser, soit le célibat, soit les maladies sexuellement transmissibles, parce que les préservatifs seront devenus un bien de luxe?

Ces scénarios, quotidiens sous le régime de Nicolas Maduro, peuvent vous sembler délirants pour le cas français. Peut-être, en effet, le sont-ils. Mais il ne faut pas oublier que le Venezuela, membre fondateur de l’OPEP, et l’une des 20 économies les plus riches au monde en 1970, possède les réserves pétrolières les plus importantes de la planète. Le pays a bénéficié, entre 2000 et 2014 (soit pendant les gouvernements de M. Chavez et M. Maduro), du plus long boom que les prix du pétrole n’aient jamais connu. Malgré cela, le Venezuela subit aujourd’hui la plus grande inflation sur terre (1600% cette année selon les prévisions du FMI) ; il souffre d’une crise sanitaire digne des situations de guerre, et en raison de la pénurie alimentaire, les trois quarts de la population ont perdu en moyenne 8,7 kg par personne l’année dernière. Les raisons de cette misère ? Contrairement à ce que M. Mélenchon s’obstine, à tort, à affirmer, les chutes du prix du pétrole intervenues il y à peine a trois ans (quand la crise vénézuélienne était déjà bien installée) ne sont qu’un simple déclencheur de cette catastrophe. Si le Venezuela se retrouve aujourd’hui en ruine, c’est bel et bien parce qu’il a subi les formules économiques que M. Mélenchon a prévu d’appliquer en France.

La fascination que Mélenchon exerce sur autant d’électeurs, de la même manière que le font tous les démagogues depuis Hugo Chávez jusqu’à Donald Trump en passant par Marine Le Pen ou Pablo Iglesias, rend plus actuels encore les travaux de Gabriel Tarde et Serge Moscovici, dans la mesure où ceux-ci montrent les limites de la sociologie et de la science politique pour rendre compte de notre contemporanéité, et signalent l’importance de la psychologie pour comprendre certains processus sociaux tels que ceux qui aboutissent aujourd’hui aux populismes. Mais j’avancerai encore que c’est aussi dans la réflexion éthique que nous pouvons puiser des réponses : en fin de compte, voter pour Mélenchon avec l’estomac bien rempli et sans la crainte de se faire séquestrer et torturer pour ses idées politiques, est une forme de mépris vis-à-vis des peuples écrasés sous le joug des régimes et des formules que le candidat soutient avec passion. Les électeurs de Marine Le Pen, eux, au moins, assument leur mépris.

Le second article est tiré du Figaro et est signé par Nicolas Lecaussin, de son vrai nom Bogdan Calinescu. Nicolas Lecaussin est directeur de l'IREF et a écrit plusieurs essais dont Cet État qui tue la France, L'absolutisme efficace, Au secours, ils veulent la peau du capitalisme, L'obsession antilibérale française, et Échec de l'État (coauteur).

Quand je suis arrivé en France au début des années 1990, je pensais avoir laissé derrière moi le cauchemar de l'idéologie communiste. Je pensais ne plus revivre l'atmosphère sombre et pesante de l'époque, la tension et la peur permanentes, les files interminables devant les magasins vides et les pénuries - de la boîte d'allumettes jusqu'au papier hygiénique - et cette sensation terrible qu'on ne s'en sortirait jamais. Je croyais que c'en était fini des deux heures de télé par jour sur la seule chaîne, deux heures consacrées en grande partie au «Conducator bien aimé», le dictateur Ceausescu.

Enfant, je voyais mon père, intellectuel, enseignant la littérature française, prendre d'énormes risques en critiquant le régime et je me rappelle très bien comment, lors d'une perquisition de la police politique chez nous, à 6 heures du matin, il avait réussi à glisser dans mon cartable, avant que je ne parte à l'école, quelques documents «compromettants» qui auraient pu lui coûter cher… En les déposant chez un ami de la famille qui les a brûlés tout de suite, j'avais - déjà, à 13 ans - la satisfaction d'avoir accompli l'acte d'un véritable résistant au régime. Malgré l'ubuesque et l'impitoyable dictature de Ceausescu, j'ai eu la chance de grandir dans une atmosphère francophile, j'ai eu la chance de pouvoir déchiffrer le monde libre, sa littérature, son actualité.

Plus de 25 ans après la chute du communisme, je suis en train de vivre une expérience que je n'aurais jamais pensé retrouver: la France, mon pays de cœur et d'adoption, manifeste une sympathie incorrigible pour les idées communistes que je n'ai cessé de combattre depuis mon enfance! Quelle ironie du sort: en 2017, sur onze candidats à l'élection présidentielle, neuf affichent clairement leurs penchants léninistes et leurs programmes marxisants. Sommes-nous en 2017 ou en 1917?

Je me souviens très bien du moment où la France est devenue pour moi l'objectif à atteindre, l'endroit où je devais absolument vivre. Adolescent, je suis tombé sur ce texte de Rudyard Kipling qui, en 1878, à l'âge de 12 ans, visite Paris avec son père. Il a l'occasion de grimper dans la statue de la Liberté qui n'avait pas encore été envoyée à New York. En regardant de l'intérieur à travers ses yeux, il comprend: «C'était par les yeux de la France que je commençais à voir»… Des années plus tard, en 1922, lors d'un discours à la Royal Society of St. George, ce grand amoureux de la France affirmait: «Les Français représentent le seul autre (avec les Anglais) peuple dans le monde qui compte.» Néanmoins, l'Angleterre devrait suivre l'exemple de la France… Et Kipling d'énumérer les atouts de notre pays: l'éthique du travail, son économie, la simplicité, l'autodiscipline et la discipline extérieure ainsi que «la vie rude qui fortifie l'être moral». «La France est un exemple pour le monde entier»!

Quel décalage avec la France d'aujourd'hui! Un pays qui fait la couverture des magazines pour son taux de chômage qui bat des records ou pour sa bureaucratie sans équivalent dans les grands pays riches et démocratiques. Un pays dont l'économie étouffe sous la pression d'un État omniprésent et qui voit ses jeunes partir en masse à l'étranger. Un pays qui a envoyé aux oubliettes les vraies valeurs de l'école et les a remplacées par le pédagogisme et la sociologie égalitariste de Pierre Bourdieu ; une école phagocytée par les syndicats de gauche qui n'acceptent aucune réforme et par des enseignants complètement éloignés du monde de l'entreprise. Un pays qui chasse les jeunes, les chefs d'entreprise, les riches et qui n'attire plus les élites. Un pays dirigé par une classe politique en très grande partie déconsidérée et biberonnée à l'étatisme. Un pays où un parti dit d'extrême droite puise son programme dans les idées marxistes et obtient des scores électoraux impressionnants, un pays où plusieurs autres partis et candidats, enfin, se déclarent ouvertement communistes.

Quel est ce pays qui renie ses racines chrétiennes et ses valeurs historiques? Qui a transformé l'antilibéralisme et l'antiaméricanisme en repères moraux? Qui passe son temps à insulter l'Europe et les présidents américains, parfaits boucs émissaires, et dresse des lauriers à des criminels comme Mao, Castro ou Che Guevara? Je me souviendrai toujours de ce que m'avait dit l'intellectuel Philippe Sollers lorsque je lui avais demandé pourquoi il avait été maoïste: «C'était de la poésie», m'avait-il répondu en balayant d'un revers de main sa sympathie pour le plus grand criminel de l'Histoire. Alors, les admirateurs d'Hitler, c'était aussi de la poésie? En France, le socialisme a toujours baigné dans la bienveillance, alors que le libéralisme a toujours souffert d'une présomption d'injustice et de culpabilité.

L'étatisme marxisant bénéficie de la clause de l'idéologie la plus favorisée et c'est ce qui tue la France encore aujourd'hui. D'autres pays s'en sont sortis, en saisissant toutes les bouées de sauvetage que nous, nous repoussons. Souffririons-nous du syndrome de Stockholm à l'échelle nationale? D'une inconscience infantile qui pourrait se révéler lourde de conséquences? Où est la France de mon enfance?

Camarades mélenchonistes, vous qui le lisez attentivement, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas.

Remarquez bien, tous les autres qui sont prêts à voter pour les autres candidats d'extrême gauche (Poutou, Arthaud, Hamon et Le Pen) ne pourront pas dire non plus qu'ils ne savaient pas.

 

Libéralisme

20.04.17 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Petite note liminaire. Je reçois depuis la parution d'un billet récent écharpant le camarade Mélenchon des menaces. Depuis ce matin, le serveur hébergeant ce site subit une attaque de grande ampleur à tel point que l'une des lignes de transit IP est tombée, ce qui provoque un certain nombre de dysfonctionnements. J'espère pouvoir y remédier ce soir.

Ceci étant dit, parlons un peu de la campagne des présidentielles. Nous avons été atterrés par la campagne américaine, force est de constater que nous nous sommes surpassés. Pourtant, nous devrions toujours garder à l'esprit une petite phrase de Thomas Sowell qui résume assez bien ce que nous vivons :

Une des plus tristes caractéristiques de notre temps est que nous avons diabolisé ceux qui produisent, subventionné ceux qui refusent de produire et canonisé ceux qui se plaignent.

Tout est dit. Et la canonisation des plaignants forme le vote des extrêmes, qu'ils soient de gauche ou de droite.

Pour lutter contre cette canonisation, nous avons des prétendants vraiment exceptionnels. Et comme ma cafetière vient elle aussi de tomber en panne, j'exige en tant que plaignant d'être canonisé.

Arthaud me dirait que c'est la faute du patron de Moulinex alors que ma cafetière est une Krups. Asselineau me renverrait à l'article 726 alinea 4ter de la constitution pour trouver une solution. Fillon me préciserait que les pannes sont tout à fait légales et que je devrait de toute manière arrêter de boire du café. Le Pen me rappellerait que c'est tout à fait normal puisque ma machine a été fabriquée par un ouvrier polonais. Poutou accuserait Le Pen et Fillon sans savoir comment réparer ma cafetière sachant qu'il est ouvrier chez Ford et que Ford ne fabrique pas de cafetière. Dupont-Aignan serait scandalisé. Mélenchon proposerait de changer la notice d'utilisation. Cheminade voudrait délocaliser l'usine sur la lune. Hamon offrirait 300€ à tous ceux qui ont une cafetière en panne, non, finalement à tout le monde. Lassalle m'inviterait dans les Pyrénées pour boire une Izarra. En attendant, ma cafetière est toujours en panne.

La France est un peu dans le cas de ma cafetière. Et nous traînons les tares françaises depuis très longtemps, plusieurs siècles même. Personne ne veut vraiment traiter le problème à la base, à savoir lutter contre la cause du mal et non les symptômes.

Pour d'obscures raisons, les socialistes ont une image d'humanistes. Pourtant, lorsqu'on regarde de près, c'est au mieux inexact. La conséquence de cette image est qu'il est impossible d'être humaniste en n'étant pas socialiste, ce qui est pourtant faux. En toute logique, si un socialiste a une image humaniste, en toute rigueur le fait de ne pas être socialiste n'implique pas que l'on n'ait pas une image humaniste. J'espère que vous suivez. À ceci s'ajoute une conception très rousseauiste du droit de propriété. Je milite pour ma part depuis longtemps pour que l'on crucifie Rousseau en place publique avec des clous rouillés pour qu'il crève du tétanos tant il a fait du mal à la France. En effet, le droit de propriété n'existerait que par la loi (avec les conséquences impliquant un changement de loi) et ne serait pas préexistant à l'état, ce qui est le point de vue libéral. En toute logique, l'état étant le garant du droit de propriété arrive la conception totalisante de l'état. Il est impensable pour un français que l'état ne se mêle pas de tout. Pourtant, le but d'un état n'est que d'assurer le maintien de l'ordre et d'assurer le même droit à tous. Il est à limiter à ses fonctions régaliennes (police, justice, défense, diplomatie). Je  crucifierais bien Rousseau une seconde fois parce qu'il a prétendu que l'homme était bon par nature. Cette petite phrase anodine justifie le refus de toute responsabilité individuelle : la société est responsable de tous les maux.

Mais il y a plus grave. Il y a en France une jalousie continuelle et sournoise. Il ne faut surtout pas qu'il y ait des hiérarchies. Pas de hiérarchies de talents, ni d'efforts. Encore moins de hiérarchies de revenus qui sont pourtant une conséquence des premières. Et pour qu'il n'y ait pas de hiérarchie des revenus, le français devient la victime d'un hybris intellectuel constructiviste consistant à croire que de petits techniciens qui n'ont jamais travaillé et qui se prennent pour des scientifiques sont suffisamment intelligents pour planifier la vie des gens. Si encore ces petits techniciens avaient quelques idées de la vie des gens, cela serait un moindre mal, mais j'ai fait le calcul, parmi le gouvernement actuel, un seul ministre (le premier d'entre eux) a travaillé trois ans dans une entreprise, précisément dans une banque de détail. Les autres totalisent une expérience nulle, ce qui les rend aptes à diriger notre pays et à le réformer.

Le problème de la pensée libérale est qu'elle n'arrive pas à être audible. Le socialisme donne le moyen aux non productifs de faire de la propagande à plein temps alors que les libéraux travaillent et non pas le temps d'en faire. Et cette propagande est sournoise. Elle ne s'appuie pas sur des débats d'idées mais sur des questions aberrantes dont je vous donne un florilège :

  • qui construira les routes ?
  • voulez-vous que les gens ne soient pas soignés et meurent dans la rue ?
  • trouvez-vous normal qu'un patron gagne vingt fois plus qu'un ouvrier ?
  • voulez-vous que les enfants n'aillent plus à l'école ?

et j'en passe. Combattre ces questions aberrantes est un travail à plein temps. Dans les pays à tendance libérale, il y a toujours des routes, des hôpitaux, des écoles. Ces pays fonctionnent globalement mieux que la France. Mais il est vrai que la France est le phare du monde et que rien ne doit changer.

 

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