Une petite nouvelle m'avait échappée. Le 30 décembre dernier paraissait au Journal Officiel de ce qu'il reste de république française une modification de la part patronale concernant l'assurance maladie.
C'est une sale habitude, le gouvernement fait passer en loucédé des dispositions très importantes en matière de paie sur les deux derniers jours de l'année. En cela, l'édition du 30 décembre 2016 n'a pas dérogé à la règle puisque nous apprenons que les cotisations patronales maladie sont revalorisées au 1er janvier 2017 et que la détermination du coefficient de la réduction Fillon subit une nouvelle modification à la même date. Rassurez-vous, ce ne sera pas dans votre sens.
Ainsi, les cotisations patronales d'assurance maladie passent de 12,84% en vigueur en 2016 à 12,89%, la part salariale restant encore à 2,25% pour l'Alsace-Moselle et 0,75% pour la vieille France. Quant à la réduction Fillon, je laisse les plus curieux d'entre vous détricoter les bricolages hasardeux du gouvernement. Sachez simplement que la nouvelle limite concernant la prise en compte des cotisations AT/MP est désormais fixée à 0,90% contre 0,93% en 2016.
On continue donc dans notre beau pays d'augmenter les charges pesant sur les employeurs. En effet, en augmentant ces taux de cotisations, cela revient non à augmenter le salaire brut que vous avez sur votre fiche de paie, mais le super brut incluant à la fois votre salaire brut et les cotisations patronales afférantes. Et le gouvernement choisit de le faire alors que le marché des obligations d'entreprises envoie un signal alarmant, signal qui pourrait bien provoquer un décrochage important et des séries de cessations des paiements tous horizons.
Trois universitaires américains ont créé un indice appelé « global economic policy uncertaintly index » (EPU). Cet indice a été corrélé au niveau des « spreads ». Le niveau des « spreads » est la prime de risque, la rémunération supplémentaire demandée par un prêteur par rapport à l'emprunt d'état de référence.
Fig. 1 : graphique qui devrait vous faire peur
L'incertitude actuelle dépasse ses niveaux de 2008 (201). Pour rappel, en 2008 a eu lieu la chute de Lehman Brothers, ce qui n'est pas rien. Elle dépasse aussi celle de 2012 (218), lorsque la zone euro était au bord de l'éclatement. Fin octobre, elle était de 282 alors que le niveau des spreads est resté terriblement bas. Or jusqu'alors les spreads suivaient peu ou prou les incertitudes des politiques économiques. En d'autres termes, ces spreads devraient être aujourd'hui deux fois plus élevés.
Cette situation s'explique par les actions des banques centrales qui procèdent à des achats massifs de dettes d'entreprises. Il faut bien que la planche à billets serve. Ces dettes étant garanties par de la monnaie de singe crée à partir de rien sinon d'encre et de papier, les primes de risque tombent. Pourtant, le seul niveau d'accumulation de dettes par les entreprises, surtout les plus mal notées, justifierait à lui seul une hausse de ces primes.
Si le loyer de l'argent continue à monter, ce qui est de plus en plus probable, ce faible coussin de sécurité que son les spreads pourrait être bien insuffisant. D'une part les marchés financiers auront beaucoup de mal à absorber le choc, mais d'autre part, les conséquences pourraient être terribles avec l'implosion du marché obligataire.
François Chérèque est mort. Pendant ce temps, Philippe Martinez est toujours vivant.
Cette année commence bien.
Déjà en son temps, Léon Blum admettait qu'il était impossible d'être socialiste lorsqu'on comprennait quelque chose à l'économie. Force est de constater que cet aphorisme reste d'actualité.
Ainsi, hier, nous avons pu découvrir le florilège toujours navrant des vœux des différents représentants des familles politiques françaises. C'est un bel exercice de style. Entre notre actuel président, bouffi de suffisance crasse, glosant sur son bilan désastreux en se félicitant de l'inversion de la courbe du chômage, oubliant les deux millions cinq cents mille nouveaux chômeurs comptabilisés par Pôle-Emploi depuis son arrivée, et son espoir de voir son successeur ne pas détruire le système social français — ce qui a été repris de concert par entre autre le Front National qui vire de plus en plus socialiste et étatiste —, Jean-Christophe Cambadélis faisant une autopromotion de son livre Brissy-sous-bois, Christian Estrosi se retournant sur les attentats de 2016, nous avons été de gros gâtés.
En effet, 2016 fut une année terrible, mais qui ne sera rien à côté de ce qui arrive. Loin de moi l'idée de faire du sensationnalisme mais je prétends que nos vies vont en être profondément affectées. Depuis plus de trente ans, nous vivons au-dessus de nos moyens. Cela s'est accéléré depuis quelques années grâce à des taux d'intérêts bas sur les obligations d'état. Le français moyen qui n'a la plupart du temps aucune culture économique considère donc la situation actuelle comme absolument normale, pérenne et stable au moins à moyen terme. La classe politique considère quant à elle qu'après elle, le déluge. Le but de chaque gouvernement est de refiler la patate chaude à son successeur. Peut-être est-ce simplement pour cela que notre président actuel ne se représente pas. Il est bien placé pour savoir ce qu'il en est très exactement.
Les informations que je vais donner ici vont être sous-estimées par la plupart d'entre vous, non pas que vous êtes idiots, mais parce que vous manquez malheureusement des connaissances nécessaires pour mesurer l'ampleur de ce qui vient. Beaucoup d'entre vous me traiteront d'alarmiste, peu vont mesurer les conséquences de ce qui est enclenché. Ceux qui vont les saisir auront juste encore le temps de se mettre à l'abri.
Premier point. Donald Trump a été élu président des États-Unis d'Amérique et il entend bien gérer son pays comme une entreprise. Des dents risquent de grincer très fort et la première conséquence est la hausse des taux directeurs de la FED et donc par ricochet de la BCE. En quelques semaines, les taux d'intérêt des bons du trésor français ont été multipliés par quatre. Ce n'est pas rien et ce n'est pas fini, l'administration Trump ayant annoncé que le loyer du dollar US devait être entre 3 et 4% l'an.
Pourtant, près de 100% des experts financiers ou prétendus tels nient farouchement la possibilité que la Réserve Fédérale américaine puisse augmenter ses taux (le FED funds rate ou FFR). Forcément, envisager cette augmentation revient à envisager l'écroulement de l'économie mondiale hors USA. Je ne vais pas expliquer les détails de la procédure, il faudrait commencer par comprendre le mécanisme des repos, les rachats des mises en pension financières par les banques vers la FED et cela nous emmènerait trop loin.
Or, deuxième point, en décembre 2015, la FED qui avait déjà augmenté ses taux pour la première fois depuis 2008 de 0,25% vient de réitérer il y a une quinzaine de jours. Pire, le comité FOMC de la FED vient d'annoncer la couleur pour 2017, 2018 et 2019 :
Mais ce n'est pas tout. Ce tableau ce termine pas une note laconique :
For the longer run, the FED now expect a 3% FED funds rate (range 2,500% to 3,750%); up from the prior 2,875%.
Mazette ! La prévision du FED funds rate avec sa moyenne et sa fouchette minimum-maximum grimpe. Les béotiens diront que cela ne produira strictement rien. Or un graphique montre pour les cinquante-six dernières années comment les taux à dix ans réagissaient au FED funds rate.
Fig. 1 : corrélation entre les taux à 10 ans et le FFR
Le FFR est en rouge, le 10 ans en bleu. L'inflation est en vert. Premières constatations : en 1994, le FFR est à environ 3%, la 10 ans est au double. En 2004, le FFR est à 1% et le 10 ans à 4%. Depuis 2009, le FFR est à 0,25% et le 10 ans à 2%.
À 2%, les taux longs sont tellement bas que le coût de l'endettement est dérisoire. Des bulles énormes qui n'attendent que d'exploser se sont formées. Je ne citerai ici que les taux bas des emprunts immobiliers qui ont fait exploser littéralement le prix des biens. Je suis donc en train de vous expliquer qu'il est ridicule d'acheter maintenant, surtout dans les zones tendues, car même si les taux sont bas, les prix sont souvent surévalués. Sauf que… sauf que les taux longs qui étaient de 1,42% en juillet 2016 ont grimpé à 2,47% en novembre et sont en train de se hisser gentiment à 2,75% depuis l'annonce de la FED. Cela ne sera pas sans conséquences pour tous ceux qui ont souscrit des emprunts à taux variables avec l'impossibilité de revendre un bien acheté plus cher que sa valeur réelle.
Ce FFR va augmenter régulièrement jusqu'à 2,875% en 2019, ce qui impliquera vraisemblablement des taux longs aux alentours de 6% l'an. Des millions de gens vont être ruinés. Le marché de l'immobilier va s'écrouler. Des dizaines de milliers d'acheteurs vont être incapables de rembourser et vont rendre les clefs de biens qu'ils ne pourront vendre. Notez bien que je ne parle ici que du marché immobilier, mais ce qui est vrai pour l'immobilier sera aussi vrai pour les états et les entreprises.
En ce qui concerne l'état français, sa dette est aujourd'hui de plus de 2000 milliards d'euros. Je ne parle que de la dette au sens de Maastricht, pas du hors bilan qu'il faudra tout de même payer un jour, là, nous sommes aux alentours de 7500 milliards d'euros. Il paraît qu'elle coûtait des clopinettes à rembourser avec des taux longs à 0,2%. Pourtant, en novembre dernier, ces taux sont passés de 0,2 à 0,8%. Et nous étions avant les augmentations du FFR de la mi-décembre. Avec les augmentations qui viennent, ce n'est plus 0,8% que la France paiera mais environ 4%, soit plus de 80 milliards d'euros par an, plusieurs fois les budgets des grands ministères en pure perte parce que nous avons choisi de nous endetter pour conserver un système qui ne peut être viable en vivant au-dessus de nos moyens. Quatre-vingts milliards d'euros, c'est plus de deux fois le montant des pensions des retraités. Je ne sais pas pourquoi, mais les impôts directs et indirects, les taxes et autres cotisations risquent de se prendre une claque supplémentaire, ce dont le pays n'a pas réellement grand besoin étant déjà le champion toute catégorie des prélèvements en tous genres.
Les yields (taux d'intérêt) sur les obligations actuelles vont grimper aux arbres. Conséquence immédiate, la valeur des obligations que tout le monde détient (fonds communs de placement, fonds mutuels, assurances, fonds de pension, banques et j'en passe) va chuter lourdement. On appelle cela un crash obligataire. À côté de ce qui risque d'arriver, la crise de 2008 ou la grande dépression de 1929-1932 paraîtront pour d'aimables promenades de santé, de gentilles plaisanteries.
Vous comprendrez donc que je souhaiterais presque la pire des années aux Français. Peut-être se réveilleront-ils enfin ? Lorsque je constate que personne ne s'intéresse aux mécanismes élémentaires de l'économie, que pas un journaliste n'informe le bon peuple de ce qui est en train de se passer, que les français sont près de 80% à vouloir garder un système social qui dysfonctionne au plus haut point, qui coûte juste vingt points de plus pour un résultat à peine médiocre que ce qui fonctionne dans la plupart des autres pays européens, que le seul candidat à l'élection présidentielle ayant annoncé une réforme de fond de la protection sociale est déjà en train de revenir dessus, je me dis que l'année 2017 risque d'être chahutée.
Pourtant, c'est la dernière possibilité que nous avons avant d'entrer en collision avec le mur.
Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler des élucubrations de nos chers représentants une fois que celles-ci sont mises en forme avec talent par des services de communication. C'est souvent assez savoureux, nos impôts sont bien utilisés.
Naturellement, je vais parler ici des élucubrations de la présidence de la république et du cabinet du premier ministre. Je laisse pour un futur article celles des ministricules de basse extraction.
Fig. 1 : preuve qu'un camion est doué d'une conscience anti-germanique propre.
Nous remarquerons tout de même que la présidence de la république sait que la conjonction après que est suivie d'un indicatif et non d'un subjonctif. Dans ces temps troublés pour la langue française, c'est tout de même à signaler.
Fig. 2 : trente-trois ans de retard.
Qu'ajouter à cela ?
Le serpent de mer des imbéciles de Terra Nova qui ne voient la réalité qu'au travers d'un prisme teinté d'idéologie crasse refait surface. Ce serpent de mer, c'est celui des loyers fictifs. L'idée en est simple et consiste à vous taxer en prétendant que, comme vous êtes propriétaire, vous ne payez pas de loyer. Pourtant, le but est d'ailleurs, lorsqu'on est propriétaire, justement de ne plus payer de loyer, à moins que je n'aie pas tout compris.
Ainsi, votre revenu fiscal augmentera du montant des loyers que vous devriez vous verser à vous-même même si, à ce moment précis, si votre revenu en tant de propriétaire est augmenté d'autant, le vôtre, en tant que locataire sera obéré de la même somme. Combien de personnes seront alors contraintes de vendre leur bien pour pouvoir juste se loger ? Je pense entre autres aux retraités n'ayant qu'une petite pension, qui vivent chichement dans une grande ville où les loyers ont flambé et qui ne peuvent s'y maintenir que parce qu'ils sont propriétaires de leurs logements.
Ce but, simple, est semble-t-il insupportable à nos bien-pensants du camp du bien qui n'hésitent pas un instant à changer l'égalité en égalitarisme forcéne. Ce faisant, l'égalité devient un authentique fascisme idéologique et l'égalitarisme un communisme quitte à ce que la fiscalité atteigne des sommets de stupidité crasse.
Revenons aux élucubrations de jus de crâne des ânes de France Stratégie et souvenez-vous que cet opuscule est financé par vos impôts.
Ces socialopithèques à poil dur croisés avec des communisaures à écailles partent du principe que lorsque quelqu'un n'est plus locataire, il ne paie plus de loyer. Or dans ces temps troublés, tout le monde cherche à être propriétaire pour mettre sa famille le plus possible à l'abri des aléas de la vie. Avoir un toit sur la tête permet de lever certaines incertitudes et de craindre un peu moins les périodes de précarité.
Je cite telle quelle la crétinerie crasse de France Stratégie.
Que notre fiscalité favorise actuellement le statut de propriétaire occupant ne peut faire débat.
D’une part, un ménage qui choisit aujourd’hui à la fois de louer un bien immobilier dont il est propriétaire tout en étant lui-même locataire d’un logement équivalent est imposé sur ses revenus locatifs ; le même ménage ne paye pas d’impôt s’il choisit d’occuper le bien immobilier qu’il possède.
D’autre part, à revenu monétaire identique, un ménage propriétaire occupant son logement bénéficie à l’évidence d’un niveau de vie supérieur à celui d’un ménage locataire, alors même que les deux payent le même impôt sur le revenu.
Là, une petite explication de texte s'impose. France Stratégie nous explique sans rire que nous sommes des imbéciles rétifs à tout changement parce que, vous comprenez, « un ménage qui choisit aujourd'hui à la fois de louer un bien immobilier dont il est propriétaire tout en étant lui-même locataire d'un logement équivalent est imposé sur ses revenus locatifs ». Et alors ? Souvent des gens qui ont changé d'activité professionnelle déménagent, parfois assez loin de leur logement. Il leur arrive même de payer un loyer pour se loger dans une ville qu'ils n'ont pas choisi et mettent en location leur ancien logement, s'ils étaient propriétaires, pour financer leur nouveau loyer. Quoi de plus logique ? Au lieu de taxer leurs revenus locatifs, il serait au contraire intelligent de ne taxer que la différence entre les loyers perçus et les loyers payés. Lorsque comme France Stratégie, on suinte l'égalitarisme gras, ce serait la moindre des choses. La solution ferait plaisir à tout le monde et n'emmerderait personne.
Un peu plus loin, France Stratégie découvre l'eau tiède. C'en est effrayant. Je cite toujours avec des pincettes :
À revenu monétaire identique, un ménage propriétaire occupant son logement bénéficie à l’évidence d’un niveau de vie supérieur à celui d’un ménage locataire, alors même que les deux payent le même impôt sur le revenu.
Chacun gère sa vie et son patrimoine comme il le veut. Si un habitant de ce riant pays aux inventions fiscales amusantes décide de se serrer la ceinture durant vingt-cinq ou trente ans pour être propriétaire de son logement, je ne vois pas de quel droit France Stratégie ou l'état pourrait le lui reprocher. Après tout, être propriétaire fait qu'il n'est plus pour son logement à la charge de la société.
Je hais l'égalitarisme parce que c'est le nivellement pas le bas de notre société. Je hais aussi les cuistres mous gravitant dans et autour du gouvernement dont la médiocrité et l'abyssale bêtise me sidèrent.
Si d'aventure vous vouliez leur faire part de votre mécontentement, vous pouvez les contacter directement par téléphone au 01 42 75 60 00, par fax au 01 45 55 53 37 ou par courrier électronique à l'adresse strategie@strategie.gouv.fr.
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