J'ai envoyé un courrier incendiaire à mon centre URSSAF au début du mois de septembre. Trois pages que je mettrai ici lorsque cette affaire sera terminée et qui a fait en son temps son petit effet puisque le supérieur hiérarchique de la personne qui me pourrit la vie depuis presque deux ans a pris la peine de m'appeler immédiatement au téléphone dès réception. Il faut dire que je menaçais d'assignation devant une chamber correctionnelle le directeur de cette URSSAF ainsi que la personne responsable du traitement du dossier. Forcément, ça aide à faire bouger un peu les choses.
Ce courrier faisait trois pages, numérotées assez bizarrement je dois l'admettre 1, 2 et 3. La prochaine fois, je les numéroterai ga, bu, zo ou avec tout autre système de numérotation. Jamais, je dis bien jamais, ne figure sur ce courrier le nombre total de pages, plus par flemme qu'autre chose puisque j'avais utilisé le format lettre de LaTeX.
Hier matin, je reçois un nouveau coup de téléphone de ma pourrisseuse de première classe me demandant sans rire les pages 2 et 3 de ce courrier que l'URSSAF n'avait jamais eues. Patelin, je lui ai répondu que c'était un peu comme le courrier de quinze pages de ma comptable qu'elle niait avoir reçu alors même que j'ai un accusé de réception du service courrier de l'URSSAF et qu'elle-même y avait répondu par écrit avalisant sa prise de connaissance du contenu. Je lui indique même que l'URSSAF avait fait en quelques mois d'immenses progrès puisque, maintenant, ses employés reconnaissent au moins avoir reçu une partie des courriers envoyés par les heureux cotisants que nous sommes. Et là, elle me répète à l'envi qu'elle n'a que la première page sur les trois du courrier. J'avoue m'être délecté. Et le paroxysme de l'extase fut lorsque je lui ai fait remarquer que jamais sur la première page de ce courrier ne figure le fait qu'il en comporte trois.
Grand silence… Une fois de plus, j'ai pris cette charmante personne en flagrant délit de mensonge.
La loi de finances 2013 est en discussion à l'assemblée nationale et prévoit des hausses de taxes et d'impôts à tous les niveaux. Il n'est pas question d'arriver à l'équilibre, mais de creuser moins vite pour espérer s'en sortir avec la sacro-sainte croissance.
Et les propositions fusent. Augmentations de taxes ici, augmentation de cotisations sociales là, d'impôts encore là… Nous sommes de petits veinards, nous allons tous y passer pour payer les trente dernières années de gabegie financière.
Loin de moi l'idée de m'insurger contre cette hausse des prélèvements puisqu'il n'y a aujourd'hui que deux possibilités. Comme il n'est plus possible de laisser filer un tel déficit structurel, nous ne pouvons que rogner sur les dépenses ou augmenter les recettes. En revanche, je suis un peu étonné par le fait d'avoir à l'assemblée plus de députés qui se comportent en percepteurs — donc à horizon court — que de législateurs. Ce qui fait la différence entre un homme politique et un homme d'état, c'est son horizon. Celui de l'homme politique est la prochaine élection alors que celui de l'homme d'état est la prochaine génération et force est de constater que nous n'avons actuellement que des hommes politiques dans le mauvais sens du terme.
Parmi la foultitude des augmentations annoncées des impôts, taxes et cotisations diverses se trouve une proposition intéressante puisqu'elle consiste à relever les cotisations d'assurance-maladie des professions indépendantes. Rien n'est encore dit à l'heure où j'écris ce papier sur le montant de cette augmentation, mais il paraît que ces cotisations seraient moins lourdes que celles des salariés. C'est peut-être vrai et il faut rechercher une certaine égalité entre les citoyens, mais là n'est pas la question.
Pour atteindre cette égalité qui semble poser problèmes à nos législateurs, il ne faut pas seulement augmenter les cotisations des indépendants parce que c'est se moquer d'eux. En effet, ils ne cotisent pas au même régime que les salariés (merci à la gauche, en particulier à Mitterrand que je ne remercierai jamais assez pour toutes les conneries qu'il a pu faire sous couvert d'égalitarisme à sens unique). Il faut regarder en détail leurs déclarations. Si un salarié paie sur son salaire, donc son revenu, l'assiette des cotisations sociales des indépendants est généralement calculée non pas sur le revenu de cet indépendant, mais sur son chiffre d'affaire. En d'autres termes, le matériel acheté et revendu ainsi que les immobilisations diverses entrent dans l'assiette de calcul de ses cotisations, ce qui semble normal à nos législateurs. Personnellement, j'ai un peu de mal à concevoir que le matériel que j'achète pour un client puisse entrer dans mon assiette, ne devant par être équipé pour comprendre la subtilité de la chose. Il faut aussi regarder le montant des prestations reçues par ces indépendants qui sont souvent inférieures à celles des salariés dans le même cas. Je passe sous silence les delais de carences multiples, inexplicables et parfois totalement loufoques.
Si le taux de cotisation des indépendants est plus faible pour tenir compte de l'assiette élargie ainsi que des carences et des prestations plus basses, ce n'est donc que justice.
À titre personnel, je suis favorable à un alignement des charges des indépendants sur celles des salariés. Mais aux conditions suivantes :
La question est donc de savoir pourquoi nos législateurs tapent-ils encore sur les indépendants ? C'est très simple, un indépendant n'a pas les moyens de faire grève et n'est généralement pas syndiqué. Il est aussi considéré comme riche par une bonne partie de l'opinion qui n'a qu'une idée très lointaire de ce qu'est sa vie. En termes de basse politique, donc, pourquoi se priver de leur taper dessus ? Ils ne réagiront pas bien fort, ils ont bien d'autres problèmes à gérer.
Et taper sur les mêmes, au final, ça fait moins de mécontents.
Il était temps de faire chauffer le clavier en m'attaquant à ce monstre informe et inutile qu'est Facebook. C'est dans l'actualité, des utilisateurs viennent de se plaindre d'un certain manque de confidentialité.
Je ne sais pas si vous avez un jour pensé à ce qu'était Facebook. En tout cas, force est de constater que beaucoup d'utilisateurs de ce service indispensable à toute bonne socialisation ne se sont jamais posés cette question.
Oui, c'est vrai, qu'est-ce que Facebook ? Quelle est son utilité réelle et profonde ? J'ai peine à imaginer qu'on ne puisse plus vivre sans un outil pareil. Et l'on va me dire qu'il est totalement irremplaçable. Sans lui, comment les pays arabes auraient-ils pu mener à bien leurs révolutions pour transformer leurs horribles dictatures en riantes théocraties ? Sans lui, comment notre petit ami de l'autre bout du monde pourrait-il savoir qu'on a enfin réussi à soigner sa verrue plantaire ? Sans lui, comment inviter des milliers d'inconnus à son anniversaire ? Sans lui, comment publier au monde entier des photographies où on apparaît dans le plus simple appareil ? Et c'est sans compter avec les photographies de vacances de l'oncle Bernard ou les essais de tricot de tante Berthe.
Facebook semble recueillir un échantillon de la plus parfaite et vile médiocrité qui se puissent rencontrer chez des bipèdes normalement constitués lorsqu'il ne provoque pas, beaucoup plus prosaïquement, un vertige provoqué par un vide infini. En effet, lorsque je passe par hasard sur Facebook, je me rappelle cette grande vérité statistique stipulant que la moitié de la population est plus bête que la médiane. Ça fait réellement peur, c'est mon cauchemar à moi. Pour être tout à fait honnête, chaque passage involontaire sur Facebook m'incite à reprendre un rendez-vous onéreux chez mon thérapeute tant je me sens inutile et inadapté au monde dans lequel je vis.
Ne hurlons tout de même pas avec les loups, cet outil permet à des gens d'avoir la sensation d'exister en abreuvant le monde entier de leurs petits faits et gestes dont, il faut bien convenir, nous nous passerions bien.
Un serveur, ça coûte cher et je suis bien placé pour le savoir. Et je ne vous parle pas du mètre-carré en salle d'hébergement qui est devenu hors de prix puisque pour le prix mensuel d'une baie dans un centre d'hébergement moyen, je pourrais louer sans encombre un studio dans l'un des plus beaux quartiers de Paris. Vu la cohorte d'abonnés à ce service irremplaçable sans lequel il était humainement impossible de vivre pleinement, il faut un bon nombre de puissantes machines disséminées de par le monde, des administrateurs système effectuant des astreintes, des ingénieurs logiciel pour les développement et du petit personnel pour nettoyer les locaux, livrer les pizzas aux développeurs et garnir les distributeurs automatiques de denrées prérancies pour les dures nuits de labeur acharné. Tout cela en proposant un service gratuit ou prétendu tel. Pourtant, ma grand'mère disait avec son bon sens campagnard que tout ce qui est gratuit se paie un jour. N'importe qui trouverait en effet louche qu'on lui propose un produit gratuit dans un magasin, mais personne ne semble trouver bizarre qu'un service coûtant aussi cher soit proposé gratuitement. Peut-être après tout Facebook est-il un service fourni par une association philanthropique ? On me souffle pourtant à l'oreille que la maison-mère est coté en bourse et semble donc plus commerciale que philanthropique. Encore des mauvaises langues !
L'utilisateur d'un tel service ne devrait jamais perdre de vue que la richesse de Facebook est son nombre d'abonnés et le contenu apporté par ces mêmes abonnés, contenu trié, indexé et mouliné jusqu'à ce qu'il puisse être transformé d'une manière ou d'une autre en monnaie sonnante et trébuchante. Non seulement ce service n'est pas gratuit, mais pire encore, c'est l'utilisateur qui donne de sa personne pour l'utiliser.
Le but ultime de Facebook est de parvenir à ce que ses utilisateurs mettent de plus en plus de données personnelles sur leurs murs et que ces données soient accessibles au plus de monde possible. Plus il y aura de données, plus il se trouvera d'informations intéressantes dans le bruit de fond de l'inanité absolue, de la vacuité insondable, et plus les dirigeants de Facebook auront de choses à vendre. Il n'y a aucune garantie que les données personnelles soient protégées puisque cela va à l'encontre du modèle économique de ce service. Entendre les utilisateurs hurler comme nous l'avons entendu cette semaine parce que des vieux messages soi-disant privés apparaissaient au vu et au su de tout le monde sur les murs Facebook est donc du plus bel effet comique. Si vous voulez que vos messages restent privés, utilisez donc le courrier électronique et non un tel service.
Loin de moi l'idée de défendre un journal comme Charlie Hebdo qui n'a d'ailleurs pas besoin de moi pour cela. Mais depuis deux jours, j'entends tellement de bêtises que je ne puis m'empêcher de rajouter une pierre dans la gueule du débat.
Ce journal est un journal satirique. Il faudrait voir à ne pas l'oublier. En tant que journal satirique, il suit et utilise l'actualité. En effet, la satire est un plat qui se mange chaud et ne permet pas le contretemps sous peine de tomber à plat. Et l'actualité brûlante était un brûlot filmographique bête et méchant critiquant les faits et gestes de Muhammad, chamelier arabe du VIIe siècle.
Si aucun musulman n'avait relevé ce film, rien ne se serait passé. Mais la diffusion restreinte de cette « œuvre » a permis à une frange fanatisée de l'islam d'avoir un peu de grains à moudre et de fustiger plusieurs grands satans. Et il y eut des morts lors d'une attaque d'une l'ambassade américaine en Afrique du Nord. Et il y eut des soulèvements dont on peut à juste titre se demander s'ils étaient tout à fait populaires et complètement spontanés. Et il va encore y avoir des morts puisqu'une organisation de fous de dieu au Sahel vient plus ou moins de se rappeler à nous en menaçant plus ou moins ouvertement de condamner à mort les otages français en sa possession. Pour quels motifs exacts ? Nous n'en savons trop rien, peut-être parce que la France a dit qu'il serait de bon ton d'organiser une reconquête du nord du Mali, ou peut-être parce qu'un journal satirique a osé publier des caricatures mettant en scène Muhammad — je ne parlerai pas ici de prophète parce que ça n'est pas le mien.
Revenons donc au problème de ce journal satirique qui ne peut être qu'opportuniste. C'est sa raison d'être. Il ne fait que pointer du doigt les dérives de certaines personnes ou de certains groupes. Ce faisant, il tire autant à droite qu'à gauche, autant sur les musulmans fanatiques que sur les catholiques intégristes. J'arrive à comprendre que l'on puisse aimer ou non sa ligne éditoriale, que l'on puisse aimer ou non les dessins qui y sont publiés, mais force est de constater que la ligne éditoriale de ce journal est saine.
Charlie, donc, a publié des dessins, des caricatures de Muhammad. Et il a tiré à 75000 exemplaires, son tirage habituel. S'il avait réellement prévu d'en vendre plus, la direction du journal aurait dès le premier tirage demandé à tirer plus. L'argument purement commercial ne tient donc pas lorsque l'on sait ce que coûte un tirage en frais fixes. Pourtant, cet argument revient sans cesse dans la bouche des opposants.
Un peu de cohérence ne nuit pas. Lorsque ce même journal critique ouvertement le pape, son tirage est normal et personne ne s'en offusque. Mais il devrait se censurer pour ne pas égratiner une partie des musulmans qui ne mérite que cela ? Pourquoi y aurait-il deux poids et deux mesures ? Que faisait cette partie bien pensante des musulmans lorsque ce même journal s'attaquait plus ou moins finement au pape, aux catholiques, à la politique israëlienne ou à d'autres cibles toutes aussi faciles ? Je n'ai pour ma part aucun souvenir d'une levée de boucliers de la part de ces mêmes musulmans au contraire bien contents que Charlie s'attaque à leurs ennemis prétendûment héréditaires.
La question n'est donc pas de savoir où se situe la liberté d'expression ou la liberté de la presse. La question beaucoup plus fondamentale est de savoir si ces libertés sont à géométrie variable ou non en fonction des groupes plus ou moins indentifiés qui pourraient s'en offusquer. Dans une démocratie fonctionnant normalement, la réponse est non. La liberté doit être la même pour tous, sans distinction aucune, que cela plaise ou non à tous ces groupuscules. Et râler ou condamner Charlie pour cela est un déni de démocratie. C'est même la porte ouverte à tous les fascismes puisque, je vous le rappelle, le fascisme est avant tout la prise de pouvoir par la rue, au travers de manifestations diverses et variées, d'attentats, et de plein de choses toutes aussi amusantes et divertissantes. S'il s'agit du genre de société que l'on veut, alors il faut absolument condamner ce journal. C'est grâce à toutes ces petites démissions qu'une société creuse sa tombe.
Un autre point me dérange aux entournures puisque l'on parle dans ce dossier d'islamophobie. On ne m'enlèvera pas de l'idée que l'islamisme est l'un des principaux terreaux de l'islamophobie. Le problème est que les musulmans modérés qui représentent une partie non négligeable des musulmans en France ne sont pas organisés. À chaque fois qu'il y a un dérapage de la part de leurs coreligionnaires, ils devraient ouvertement et bruyamment faire entendre leur désapprobation. En règle générale d'ailleurs, parce que ce n'est pas typique à l'islam, il est assez amusant de constater que la phobie de telle ou telle autre religion ne croît que des excès de ces mêmes religions.
De toute façon, on se contrefiche de savoir si ces dessins sont drôles ou non. Un dessin humoristique peut ou non être drôle, opportuniste, maladroit voire méchant. Il peut même être mauvais, puisque le but d'un journal satirique est justement d'être satirique. Cela ne fait pas d'un blasphème aux yeux de certains fous un crime.
Par ailleurs, Charlie sait se moquer de l'islam sans racisme. Comme il le fait du judaïsme sans antisémitisme ou du christianisme sans christianophobie quoi qu'on puisse en penser. Mais il est parfaitement déplorable de reconnaître qu'il existe aujourd'hui des brutes qui s'indignent qu'une chose soit permise et l'autre non et qui ont tout intérêt à semer la confusion entre l'une et l'autre.
Je suis en rogne. J'ai rencontré jeudi dernier une personne que je connais de longue date et qui est à la tête d'une PME d'une quarantaine de personnes. Cette entreprise avait réussi à passer entre les gouttes de la crise actuelle.
Avait réussi.
Au moins d'août, ce chef d'entreprise a été convoqué par sa banque historique au logo rouge et noir barré d'un trait blanc qu'on pourrait prendre de loin pour un sens interdit un peu sale. Certainement un signe à ne pas négliger, la première impression étant toujours la bonne surtout si c'est une mauvaise. Le motif de cette convocation était l'annulation pure et simple de ses lignes de crédit. Non pour des raisons d'impayés, de chèques sans provision, de visibilité nulle, non, simplement parce que cette banque annule actuellement toutes les lignes de crédits de ses clients professionnels.
Le problème est que le chef d'entreprise n'a pas une planche à billets prête à fonctionner dans sa cave et que le risque est trop grand pour lui. Si jamais l'un de ses clients fait défaut, il risque fort non seulement d'être conduit à la faillite, personne ne lui avançant la trésorerie pour rebondir, mais aussi de devoir rembourser les organismes sociaux sur ses fonds propres, ceux-ci ne faisant généralement pas la différence entre les comptes professionnels et personnels.
Résultat : la moitié des salariés d'une entreprise saine viennent de recevoir un courrier recommandé avec accusé de réception pour une convocation à un entretien préalable de licenciement.
Et qu'on ne me dise pas que le gouvernement, qui comporte, rappelons-le, un ministre du redressement productif, ne soit pas au courant et ne puisse rien faire. Le dossier PSA permet à ce ministre de faire accroire que le gouvernement prend des mesures alors même que la situation actuelle de PSA est en partie due à l'embargo sur la vente de produits en Iran par ce même gouvernement. Mais que fait-il pour les PME qui fournissent l'immense majorité des emplois en France ? Rien. Il pleure simplement sur les chiffres du chômage.
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