Depuis quelques jours, France Inter nous vante les mérites du dernier opus logorrhéique de Guillaume Musso. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de lire du Guillaume Musso. Moi, si, et pas plus tard qu'aujourd'hui. Son style est — comment dire ? — spécial, absent, lourd, vide, infatué ; les qualificatifs me manquent. Il rejoint Marc Lévy dans le panthéon des stakhanovistes de la sous-littérature francophone payée à la ligne.
Je n'ai pas la prétention d'avoir du style mais j'aurais honte d'envoyer un tel tapuscrit à un éditeur. En revanche, je sais parfaitement reconnaître un bon livre d'un mauvais. De deux choses l'une, ou Musso est incapable faire la même chose, ou il ne se relit pas. Dans tous les cas, cela pose un sérieux problème.
On ne peut pas dire que ses idées soient mauvaises mais son écriture gâche tout. On aime ou on n'aime pas Camus, Sartre, Aragon, Gide, Anouilh, Péguy ou Claudel sans oublier tous les autres, mais tous ces auteurs sans exception avaient une plume, un style, une qualité d'écriture.
Rien que pour vous, voici un extrait du roman « Je reviens te chercher » de Guillaume Musso :
Dépêchez-vous de vivre, dépêchez-vous d'aimer. Nous croyons toujours avoir le temps, mais ce n'est pas vrai. Un jour nous prenons conscience que nous avons franchi le point de non-retour, ce moment où l'on ne peut plus revenir en arrière. Ce moment où l'on se rend compte qu'on a laissé passer sa chance.
J'aurais tendance à appeler ça de la philosophie de comptoir assortie à une absence de qualité littéraire tout à fait exceptionnelle et qu'on ne peut retrouver qu'avec difficulté dans des cours de collèges. Comme je suis joueur, je mets à côté de la prose de Musso quelques vers d'Aragon tirés des « Feux de Paris » :
Toujours quand aux matins obscènes
Entre les jambes de la Seine
Comme une noyée aux yeux fous
De la brume de vos poèmes
L'Île Saint-Louis se lève blême
Baudelaire je pense à vous
Lorsque j'appris à voir les choses
Ô lenteur des métamorphoses
C'est votre Paris que je vis
Il fallait pour que Paris change
Comme bleuissent les oranges
Toute la longueur de ma vie
Mais pour courir ses aventures
La ville a jeté sa ceinture
De murs d'herbe verte et de vent
Elle a fardé son paysage
Comme une fille son visage
Pour séduire un nouvel amant
Rien n'est plus à la même place
Et l'eau des fontaines Wallace
Pleure après le marchand d'oublies
Qui criait le Plaisir Mesdames
Quand les pianos faisaient des gammes
Dans les salons à panoplies
La comparaison est cruelle. Comment, après avoir lu les quelques vers d'Aragon, peut-on encore qualifier la production de Musso de littérature ? Je ne vois qu'une seule explication plausible. Les gens qui lisent du Musso n'ont aucun point de repère, aucun point de comparaison. Le fait de voir et d'entendre partout parler de Musso — ou de Lévy, parce qu'entre nous, ce que je reproche à Musso peut être reproché dans les mêmes termes à son alter ego — leur fait accroire que c'est de la grande littérature qu'il faut absolument avoir lu.
Musso ne sera jamais le Claudel du XXIe siècle. Heureusement d'ailleurs, il y a bien d'autres écrivains comtemporains avec de réels talents. Gageons seulement que la mode actuelle est tellement mauvaise qu'elle finira par passer.
Je ne sais pas si vous avez remarqué comme moi la propension actuelle des footeux à se convertir à l'Islam. Je n'ai personnellement rien contre cette religion à partir du moment où, comme toutes les autres, elle se restreint à un cadre strictement privé et qu'elle ne verse pas dans l'intégrisme le plus échevelé pour ne pas dire barbu. Autant je comprends parfaitement que quelqu'un puisse croire en une religion quelconque, autant j'éprouve une haine profonde et assumée contre les intégrismes de tout poil qui essaient de me marcher sur les pieds : les catholiques traditionalistes, les israëlites orthodoxes, les musulmans intégristes et tous les autres fanatismes de toute obédience que je n'aurais ni la place ni le temps de citer ici.
Donc, disais-je, il y a une proportion de conversion à l'Islam dans l'équipe de France de football avec les pieds — j'en exclus donc Thierry Henry — largement supérieure à la moyenne nationale (Nicolas Anelka alias Bilal, Franck Ribéry alias Bilal Yusuf Mohammed…).
Ils se sont convertis. Statistiquement, la chance de se convertir à l'Islam en faisant partie d'un club de foot quelconque est ainsi supérieure à la chance de se convertir à l'Islam en faisant partie de la population générale.
Traditionalistes mes frères — c'est une figure de rhétorique, je n'en pense pas un mot ! —, interdisez à vos enfants de jouer dans un club de foot. Il est déjà difficile pour vous de constater que l'un de vos rejetons quitte la foi catholique traditionaliste en vertu du principe que toute idée qui se fige porte en elle le germe de sa contradiction, mais il sera pire encore pour vous de constater qu'il s'est converti en cachette à l'Islam parce qu'il jouait au football.
Qu'attendez-vous donc pour lancer un appel à la croisade contre les clubs de football qui pervertissent la jeusesse de la France éternelle et catholique. D'ailleurs souvenez-vous que le mot football est un mot anglais et que ce sont les anglais qui ont brûlé Jeanne-d'Arc !
À votre habitude, vous tutoyerez le zéro dans le but de cotoyer l'infini…
Je hais le quatorze juillet. Non parce qu'il s'agit de la fête nationale, mais parce qu'il y a la semaine qui précède des répétitions de manifestations diverses et variées.
Il se trouve place de la République, à Paris, une caserne de la garde républicaine. Ce ne serait pas gênant en soi si le le véhicule favori de la garde républicaine n'était un quadripède à sabots ferrés. Churchill disait avec justesse de cet animal qu'il était dangereux aux deux bouts et inconfortable au milieu. Je rajouterais pour ma part qu'il est aussi particulièrement bruyant.
Hier, cette répétition de défilé a commencé vers 23h30 et a duré au moins une demi-heure. Je ne sais pas combien de sabots ça pouvait bien faire, mais la réverbération contre les bâtiments du boulevard du Temple de ces claquements de sabots ferrés sur le bitume était d'autant plus insupportable qu'il faisait affreusement chaud et qu'il était inconcevable d'essayer de dormir avec les fenêtres fermées.
Cette répétition interdisant la circulation sur le même boulevard de tout autre véhicule, les petites rues du Marais se sont trouvée encombrées comme rarement, d'autant plus qu'il fallait choisir avec attention son côté puisque, si le boulevard était interdit à la circulation, il était aussi impossible à traverser.
En d'autres termes, nous avons assisté hier soir à une pagaille rare indigne de tout ordre militaire. Elle aurait été parfaitement gérable si quelqu'un avait pris la peine d'avertir les riverains, les automobilistes et les chauffeurs de la RATP. Or, rien n'a été fait. Tout le monde s'est trouvé devant un fait accompli en se débrouillant pour faire au mieux.
En voyant ce genre d'opération, gérée de bout en bout par l'administration militaire du commandement de Paris, on ne peut plus s'étonner de la défaite de Sedan, de la débâcle de 1940 ou du désastre de Diên Biên Phù. Dormez en paix, brave gens, votre sécurité est assurée…
Mon curé de paroisse est quelqu'un de spécial. Il faut dire à sa décharge que ma paroisse étant l'une des plus petites de Paris, elle est considérée par l'archevêché comme une paroisse d'exil où l'on peut envoyer tous les curés qu'il serait impossible de mettre ailleurs. La conséquence immédiate, c'est qu'on se retrouve toujours avec des curés très particuliers. Et c'est un euphémisme.
Il paraît que les paroissiens de cette communauté ont toujours quelque chose à reprocher à leur curé. Sachant que l'archevêché colle chez nous des curés à problème dont il ne sait que faire, l'explication est pour le moins bancale. J'ai pratiqué plusieurs communautés paroissiales et celle-ci est la meilleure que j'ai pu cotoyer. Elle fonctionne même tellement bien que plusieurs piliers viennent des paroisses environnantes.
Nous avons donc chez nous une succession de curés bizarres. Le dernier en date et non des moindres, prétend être diplômé de l'UTC en 1992 ou 1993 alors qu'il est diplômé de l'ESTP en 1989. Je me suis mis à douter de ces dates lorsque j'ai eu connaissance de sa date d'ordination. Comme je suis membre du CNISF, le reste des informations a été facile à trouver. Pourquoi prétendre avoir été diplômé par une école de seconde zone à une date ultérieure ? Ce n'est pas grave en soi, mais cela montre déjà un côté du personnage et j'aimerais assez savoir quel est l'intérêt pour lui de raconter pareille chose.
Lorsque j'aurai ajouté qu'il tient absolument à sa messe des anges que personne de l'assemblée ne sait plus chanter et à sa soutane lorsque les dignitaires de l'église le visitent, le tableau sera complet. Ce qui m'amuse personnellement et ferait retourner dans sa tombe mon vieux professeur de latin, c'est le fait qu'il ne comprend pas un traitre mot à ce qu'il peut scander en latin. Il est capable de faire des césures et des respirations à des endroits totalement baroques — par exemple entre un substantif et son adjectif qualificatif épithète —, ce qui est vous l'admettrez sans doute une faute de goût dans une église classique.
Donc, ce curé est là parce qu'il fallait bien le mettre quelque part et que, quitte à ce qu'il fasse des dégâts, autant que ces dégâts soient circonscrits à une petite paroisse. Ça fera moins de mal, c'est déjà ça de pris. Au bout de six ans, il sera muté dans une autre paroisse et on aura peut-être quelqu'un de plus sain. Peut-être…
Entre temps, il faut bien faire avec ce personnage. En dehors de deux punaises de sacristie et de trois grenouilles de bénitier, plus personne ne peut le voir. Entre les diffamations qu'il fait circuler — même à l'égard de son ancien vicaire qu'il a fini par faire partir —, ses prises de position sur des sujets historiques alors même qu'il n'a aucune espèce de culture générale, son attitude vis à vis des paroissiens allant jusqu'à l'agression verbale en habits liturgiques à la fin de la messe dominicale, l'ambiance est devenue lourde, très lourde.
Pour parachever le tableau, je dois dire que j'étais membre du conseil pastoral et chef de chœur. Je m'occupais de la chorale — qui avait entre nous atteint en quelques années un assez bon niveau puisque France Culture avait décidé de nous enregistrer — et j'avais été nommé au conseil pastoral par ce curé. Du jour au lendemain, je n'étais plus qualifié pour m'occuper de cette chorale. J'ai juste quatre premiers prix de piano et un premier prix d'orgue, fait quelques années de chant, mais ce n'est pas grave, ça me permet de récupérer deux soirées de répétition par semaine et de me lever une demi-heure plus tard le dimanche. À partir de ce moment, les arguments ont volé tellement bas à l'encontre du noyau paroissial, qui s'occupait de presque tout, qu'il a bien fallu en référer à sa hiérarchie.
Aucune réponse de l'archevêché. Enfin, si, une confirmation du curé en tant que tel parce que, comprenez-vous, c'est une charge canonique et que de toute façon, on n'a personne à mettre à sa place. Je veux bien qu'un évêque d'un diocèse de province me dise ça. Il y a dix ans, un curé de l'évêché de Saint-Claude avait déjà en moyenne plus de dix clochers de campagne. Mais qu'un responsable de l'archêché de Paris puisse dire une telle chose alors que dans certaines paroisses parisiennes, on compte cinq ou six prêtres, c'est incompréhensible.
Nous avons donc dû continuer à faire avec ce curé. Couvert par sa hiérarchie, il s'est senti beaucoup plus fort et l'ambiance n'a cessé de se dégrader. Le conseil pastoral a envoyé un second appel au secours à l'archévêque. La réponse a été complètement surréaliste. Ce dernier nous a demandé de faire cesser les rumeurs, ragots et diffamations — tout de même, ne l'oublions pas, émis principalement par le curé actuel —, les médisances et surtout de faire bloc autour du curé pour le défendre contre vents et marées parce que la paroisse ne nous appartenait pas (sic).
Que la paroisse ne nous appartienne pas, je n'en disconviens pas. Cependant, elle appartient encore moins au curé qui n'est là que pour six ans (règle édictée par Monseigneur Lustiger). Au bout de six ans, lorsque tout est détruit, les paroissiens se retrouvent avec un nouveau curé et doivent reconstruite une unité. Qu'il faille, d'après l'évêque, défendre le curé contre vents et marées est proprement scandaleux. C'est avec ce genre de pratique qu'on arrive à toutes les affaires qui ont éclaboussé l'église. Lorsqu'une paroisse a des problèmes bien identifiés avec son curé, que tous les paroissiens ont été témoins un jour ou l'autre de ses incartades, on n'enfouit pas ces problèmes. On les regarde en face et on essaie de trouver une solution. Personne ne prétendait dans cette histoire vouloir faire partir ce curé, simplement trouver une solution pour l'aider et faire que la paix revienne.
Dans notre cas, l'évêque a dissous le conseil pastoral. Le curé est toujours en place et continue son travail de sape. Il lui reste deux ans pour parfaire son œuvre de destruction systématique. Je ne suis pas vraiment sûr que l'église ait besoin de ça.
J'utilise Solaris depuis très longtemps. Malgré cette longue pratique, je n'arrive toujours pas à comprendre comment ce système d'exploitation gère sa mémoire. Outre le fait que ce système se mette à utiliser la mémoire virtuelle alors qu'il reste plusieurs gigaoctets de disponibles en mémoire vive, les mécanismes d'allocation et de libération de la mémoire laissent sérieusement à désirer.
Selon les utilisations, j'ai le choix entre la libmalloc, la libmtmalloc, la libumem, la libbsdmalloc et certainement d'autres que j'oublie. Toutes ces implantations de malloc() utilisent l'appel système sbrk() même pour de grands blocs de données. Ce n'est pas grave en tant que tel, mais il ne faut pas oublier que pour d'obscures raisons de compatibilité, sbrk() n'aime pas les arguments négatifs. La conséquence immédiate est que malloc() alloue de la mémoire généralement depuis le tas et que le free() correspondant ne rend pas la mémoire au système d'exploitation en réduisant la taille du tas, mais renvoie cette mémoire à l'application. Pourquoi pas, après tout ? C'est un choix qui en vaut un autre. Le problème est surtout que les allocateurs de Solaris sont des allocateurs first fit et non best fit, officiellement pour des raisons de performance, ce qui revient à dire que ce système de renvoi de la mémoire à l'application est une aberration.
En effet, lors d'allocations et de libérations de blocs de tailles différentes, ce système concourt à une fragmentation excessive de la mémoire et à une explosion de la taille du processus, la mémoire de celui-ci ressemblant plus à un emmenthal qu'à un gruyère (tout le monde devrait savoir que le gruyère est lainé et ne comporte que très peu de trous). Les différents allocateurs du système se comportent différemment, mais aucun ne donne entière satisfaction. La solution est simple, embarquer dans ses programmes un allocateur externe best fit qui sera capable d'utiliser sbrk() avec des arguments signés et surtout mmap() et munmap() pour des blocs de grande taille. Une bibliothèque comme libptmalloc3 répond à ces critères.
J'ai peine à croire que les personnes qui ont spécifié les appels système de Solaris soient de mauvais développeurs. Sachant qu'il y a de plus en plus de Java dans Solaris — je me demande d'ailleurs bien pourquoi — et que la gestion de la mémoire par Java est notoirement scabreuse, comment peuvent-ils laisser ces fonctions de gestion de la mémoire dans l'état actuel ?
Lorsqu'on voit que SunOS 4.1.2 était à l'aise avec 8 Mo de mémoire sur une SS2, que Solaris 2.5 tournait parfaitement avec 32 Mo de mémoire sur une SS20 et qu'il faut aujourd'hui au minimum 512 Mo de mémoire pour booter un Solaris 10, je me demande si les développeurs d'Oracle n'auraient pas par hasard des accointances avec des fabricants de mémoire.
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