Vous le savez, ou vous ne le savez pas, je fais actuellement des piges dans une entreprise — que dis-je une start'up au mauvais sens du terme — qui considère que ses produits doivent être créés dans le secret le plus absolu.
En soit, c'est louable.
Il y a juste quelques petites choses qui me dérangent. D'une part ses produits sont fabriqués en Chine et pour éviter de se faire voler sa technologie par les chinois, l'équipe de développement en arrive à chiffrer les programmes embarqués sur les microcontrôleurs à l'aide d'une carte SIM vendue séparément et associée à un équipement précis. Autant ne pas chiffrer parce que les microcontrôleurs exécutent des programmes en clair, donc à un endroit ou un autre l'algorithme de déchiffrement en clair puisqu'il ne peut pas se déchiffrer lui-même, et que rien n'empêche un chinois mal intentionné d'acheter à la fois un produit et la carte SIM correspondante et de faire ce qu'on appelle assez plaisamment d'ailleurs du reverse. La clef étant connue, il suffit de percer l'algorithme utilisé pour récuperer tous les bouts de programmes embarqués. Passons, ce n'est qu'une question de temps.
D'autre part, cette entreprise n'a pas investi dans un serveur de messagerie propre et sécurisé. Elle utilise Gmail… Donc un service parfaitement sécurisé qui ne passe pas par les caves de la NSA et qui permet d'envoyer à tous les sous-traitants les secrets de fabrication, les plans et tous les documents confidentiels et nécessaires.
Ce ne serait pas risible sans la présence d'un officier de sécurité (sic) qui vient nous rappeler régulièrement à grands renforts de slides ce qu'il faut faire pour éviter de dévoiler des informations à des tiers ou à des concurrents.
Commencez donc par utiliser des services sécurisés en interne. Cela ne coûte pas plus cher. Et cela éviterait des fuites.
Aujourd'hui, nous avons la chance de fêter les soixante ans de notre TVA.
Soixante ans.
Soixante ans d'une taxe surréaliste puisque si l'on monte un cheval, on en paie 20% alors que si on le mange, on n'en paie plus que 5,5%.
Ce matin, quelle ne fut pas ma surprise de trouver en montant dans une rame de la ligne 13 à la station Invalides l'indication suivante :
Fig. 1 : annonce de la RATP indiquant un lieu de convivialité
Si je suis payé depuis deux mois pour être en état de perpétuelle hallucination alors que d'autres paient très cher leur billet quotidien pour les paradis artificiels — le monde est décidément injuste — je me disais tout de même que la journée commençait bien. Un Pernod ou un globule, même de bon matin, pourrait me permettre de relativiser mon activité professionnelle actuelle voire de commencer à philosopher sur l'inutilité de la tâche d'expert technique dans certaines entreprises puisque mon rôle consiste à dire qu'il faudrait peut-être songer à modifier ceci ou cela sous peine de rater complètement le projet en cours sur lequel repose tout de même la survie de m'entreprise en question.
Plutôt qu'écouter mes suggestions, je me fais éconduire plus ou moins poliment à chaque fois. Plutôt moins d'ailleurs.
Oui, vulgairement, je me fais souffler dans les bronches régulièrement parce que j'ose mettre le doigt sur les dysfonctionnements des cartes électroniques et que je suggère des corrections indispensables pour les fiabiliser. Il paraît que cela ne se fait pas, que je dois faire bloc avec l'équipe. L'équipe ! Parlons-en. Une des salariés, ce soir, en avait tellement gros sur le cœur qu'elle en avait quasiment les larmes aux yeux. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. Un autre expert technique, en mécanique, a claqué la porte avec fracas hier soir. Pourtant, les candidats affluent. L'aura de cette entreprise est totalement déconnectée de ce qui se passe dans ses murs.
Je n'ai jamais vu tant d'énergie perdue, tant de problèmes de gestion de projet, tant d'incompétence, de politique et de petits chefs que dans cette entreprise, petits chefs incompétents et fiers de leurs prérogatives et qui ne prendront aucune décision pour corriger les tirs.
Ce matin, j'ai dû expliquer à l'un de ces petits chefs mon point de vue sur l'entropie, sur l'écho du bordel ambiant. Et j'ai dû mettre les points sur les « i » en signalant à ce petit chef largement plus jeune que moi et qui n'a jamais eu d'autre poste que, non, je ne cherchais pas à prendre sa place et que de toute façon, même si on me la proposait, je la refuserai sachant l'ambiance régnant dans le service et le travail à accomplir pour redresser cette barque qui prend l'eau de toute part. J'ai même été contraint d'enfoncer le clou en lui disant que son entreprise n'avait aujourd'hui aucun avenir et était condamné à se casser la figure sans un gros effort d'organisation et d'augmentation de qualité de ses produits. Que ma mission réussisse ou non, je serai payé. Je n'ai aucun intérêt dans l'entreprise en question et mon avenir ne dépend pas du sien.
Je ne pense pas que mes arguments aient fait mouche. Ce soir, il est parti faire du ski jusqu'à dimanche soir. Tant pis. En revanche, cette entreprise qui perd de l'argent depuis très longtemps vient d'obtenir un prêt de plusieurs dizaines de millions d'euros sur du vent, plus exactement sur le bagout de son PDG, argent qui risque fort d'être perdu. Pendant ce temps, des entreprises qui fonctionnent normalement, qui vendent des produits, mettent la clef sous la porte pour un défaut de trésorerie parce que les mêmes banques refusent de leur prêter quelques milliers d'euros ou annulent leurs lignes de découvert.
Il n'y a pas à dire, nous vivons une belle époque !
Voilà, nous y sommes. Anne Hidalgo vient d'être élue par l'assemblée de Paris maire de la capitale.
Rappelons tout de même que Philippe Goujon (UMP) a largement battu Anne Hidalgo dans le XVe arrondissement de Paris par un score sans appel de 63,37% contre 36,63%. À côté, la défaite de NKM dans le XIVe était honorable. Mais cela ne fait rien, une candidate tête de liste sévèrement battue dans son fief peut tout de même dans notre beau pays gagner l'élection supérieure parce qu'elle a été désignée héritière.
Regardons de près ces résultats. La droite de NKM est aujourd'hui majoritaire en nombre de voix si l'on prend la peine de regarder les résultats du premier tour (quatre arrondissements de droite on élu leurs conseillers de Paris dès le 23 mars) et en excluant au second tour les voix qui se sont portées sur le FN, le PG et LO.
Nous avons donc la chance d'avoir comme maire de Paris non seulement une candidate qui s'est fait battre à plate couture dans son propre arrondissement, mais aussi quelqu'un qui est minoritaire en voix et qui n'est là que parce qu'elle a eu la chance d'être désignée par l'ancien maire.
C'est beau, la démocratie.
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