Ce matin, j'ai essayé de téléphoner au service recrutement d'une grande entreprise du Bas-Rhin pour savoir si un cabinet de l'autre bout de la France avait reçu un mandat pour trouver des candidats à un poste précis. En effet, je me fait démarcher par des recruteurs qui ne semblent pas en savoir plus que moi sur le contenu du poste. Ce qui est somme toute étrange.
J'ai pu avoir la directrice des ressources humaines après m'y être repris à trois fois. Après la musique d'attente, je n'ai eu qu'un silence. Un silence de vingt-huit minutes exactement. J'entendais la respiration de la personne qui n'a jamais dit un mot. Au bout de ces vingt-huit minutes, la communication a été coupée.
Ce n'est pourtant pas compliqué de répondre « oui monsieur, voyez avec eux » ou « non, et nous n'avons pas de poste ». L'attitude est juste révoltante.
Je ne supporte plus cette lie de l'humanité. Je considère qu'un ingénieur qui n'a jamais fait de technique avant de se réorienter dans une carrière commerciale est mauvais. Mais que dire de ceux qui passent directement du côté obscur de la force en devenant des recruteurs tout en affichant dans leur signature de courrier électronique ingénieur diplômé de telle école en telle année comme s'ils avaient quelque chose à prouver ?
Rien. Cela n'en vaut pas la peine. Ils entrent dans la catégorie des imbéciles prétentieux. Un peu comme si je signaix mes courrier Duc de Dantzig et de Pontault-Combault. Ce serait juste ridicule.
Mais ils se permettent de vous juger. Ils se permettent de vous juger alors qu'ils n'en ont ni les compétences ni les moyens intellectuels tout en étant fiers de leurs prérogatives. Ils vous le font bien sentir. Assis sur leur petit pouvoir de nuisance, ils sont maîtres de votre vie.
Je me suis aperçu que plus un cabinet est important, plus les recruteurs qui y travaillent sont médiocres pour ne pas dire au rabais. J'ai même dû discuter avec un psychologue pour déjouer leurs pièges parce que leur but n'est pas de jauger un candidat, ils en sont parfaitement incapables, mais de le déstabiliser, de l'humilier pour voir sa réaction. Sur ce point, j'ai fait d'immenses progrès et j'arrive maintenant à les déstabiliser en les amenant là où je veux. Il faut les voir se débattre lors d'un entretien lorsqu'ils perdent la maîtrise du sujet et que je les emmène exactement où j'en ai envie. C'est particulièrement jouissif même si cela ne fait en rien avancer le problème.
Mais le pire n'est peut-être pas ces cabinet d'abattage, mais les entretiens qui sont menés par des futurs et potentiels supérieurs hiérarchiques. J'ai un CV qui fait peur. Pourtant, tout ce qui y figure est vrai. Je peux en fournir les preuves sans aucune ambiguïté. Je me suis déjà fait traiter de grande gueule. Je pense que le type qui m'a qualifié de la sorte a eu une petite crise de jalousie. Personnellement, je ne tire pas grande gloire de ce que j'ai fait dans ma vie professionnelle et je ne souhaite à personne d'avoir une vie comme la mienne. Je suis ce qu'il est convenu d'appeler un héros au sens militaire du terme, à savoir une personne qui a la malchance d'être au mauvais moment au mauvais endroit et qui est assez bête pour y rester.
Je suis donc devant une alternative étrange. Soit j'édulcore mon CV pour trouver un poste au rabais mais dans ce cas, je ne corresponds jamais de manière optimale (sic) au poste proposé, soit je le laisse complet et je m'entends dire que je suis trop vieux, trop diplômé ou que je vais m'emmerder (sic) au poste en question.
Au début, je répondais que le fait que je m'emmerde ou non était mon problème et non celui de l'employeur à partir du moment où le travail était fait correctement. Aujourd'hui, j'ai compris que le problème n'était pas là.
Les recruteurs partent du principe qu'un candidat avec un CV comme le mien est cher. Effectivement, mon CV a été jugé à 80000 € bruts annuels minimum par des chasseurs de tête. Les recruteurs le savent. Ils ont donc peur qu'en me proposant un poste moins rémunéré que les quitte dès que je trouve mieux. C'est un premier point négatif. Mais il y en a un second, bien plus pervers. J'ai mis un peu de temps avant de le comprendre.
Il existe en effet un principe universel intitulé le principe de Peter. En voici la description :
Ce principe propose de décrire les évolutions de carrière dans les hiérarchies par des règles simples, puis étudie les corollaires qu'impliquent ces postulats.
Principes de base :
- un employé compétent à un poste donné est promu à un niveau hiérarchique supérieur ;
- un incompétent à un poste donné n'est pas promu à un niveau supérieur, ni rétrogradé à son ancien poste.
Corollaires (1) :
- un employé ne restera dans aucun des postes où il est compétent puisqu'il sera promu à des niveaux hiérarchiques supérieurs ;
- par suite des promotions, l'employé finira (probablement) par atteindre un poste auquel il sera incompétent ;
- par son incompétence à ce poste, l'employé ne recevra plus de promotion, il restera donc indéfiniment à un poste pour lequel il est incompétent.
Corollaires (2) :
- à long terme, tous les postes finissent par être occupés par des employés incompétents pour leur fonction ;
- la majorité du travail est effectuée par des salariés n'ayant pas encore atteint leur « seuil d'incompétence ».
Un supérieur hiérarchique a de grandes chance de subir la stagnation de Peter. Embaucher quelqu'un comme moi est donc dangereux pour lui car il sent que mon niveau d'incompétence sera atteint à un échelon supérieur au sien. En d'autres termes, il a peur que je lui pique sa place.
Je veux ce soir pousser un grand cri de haine envers tous les recruteurs et tous les cabinets de recrutement qui traitent les candidats comme des moins que rien pour ne pas dire de la merde.
Je ne parle pas ici des chasseurs de têtes qui entrent dans une autre catégorie. Je parle des cabinets de recrutement externes ou internes des grandes entreprises.
Il existe un certain nombre de sites internet d'offres d'emploi. Pour être tout à fait honnête, il en existe trop, mais comme ils se piquent tous les annonces les uns aux autres, il suffit en règle générale d'en choisir un ou deux pour avoir une vue exhaustive du marché de l'emploi et des offres en cours.
Avec un peu d'habitude, on repère assez vite des cabinets de recrutement qui ne vivent qu'en court-circuitant les offres des entreprises. Ils démarchent le candidat avant d'aller dire à l'entreprise finale avoir quelqu'un d'exceptionnel à caser chez elle. Ces cabinets ne vivent que par le nombre de personnes placées. Ce sont des boîtes d'abattage et les prétendus recruteurs de ces cabinets sont la lie du métier. Ils jugent quelqu'un au téléphone en quelques minutes, lui faisant généralement comprendre que s'ils sont incapables de faire la moitié de ce que ferait le candidat qu'ils interrogent, ils ont le pouvoir insigne de lui casser ses prétentions. J'ai ainsi pu me voir refuser un poste qui était fait pour moi sous le prétexte étrange d'être trop technique pour un poste technique alors même que la personne du cabinet en question m'avait ouvertement signalé qu'elle ne comprenait rien à la technique tout en ayant un diplôme d'ingénieur d'une école centrale. Passons. Personnellement, lorsque je me présente, je ne commence pas par étaler mes titres.
Le pire étant tout de même les cabinets qui vous font une réponse de refus automatique. J'ai postulé cet après-midi à 15h58 à un poste dans un grand groupe d'électronique que je ne citerais pas, ce serait lui faire trop d'honneur et, au vu du traitement reçu, il ne le mérite pas. Moins de dix minutes plus tard, j'ai reçu le message suivant :
Bonjour Monsieur Le Grincheux,
Après une étude attentive de votre candidature pour le poste de "152752, Responsable Développement R&D (H/F)" au sein de XXXXXXX, nous regrettons de ne pouvoir lui donner une suite favorable, votre profil ne correspondant pas à nos attentes actuelles.
Néanmoins, sauf avis contraire de votre part, nous nous permettons de conserver votre dossier afin de reprendre contact avec vous si de nouvelles opportunités se présentaient dans un proche avenir.
Nous vous prions de croire en l'assurance de nos sentiments les meilleurs.
L'équipe Recrutement.
Une étude attentive en moins de dix minutes. Et encore, je fais comme hypothèse que ma candidature est arrivée immédiatement à la bonne personne qui l'a traité sans attendre. Mais quand est-ce que vous arrêterez de prendre les candidats pour des imbéciles ? Je me demande en fait si ce n'est pas encore plus méprisant que de ne pas avoir de réponse du tout. Par ailleurs quelles qualités avez-vous pour juger quelqu'un sur un CV qui, s'il se veut exhaustif, est tout de même assez limité pour avoir une vue complète d'une personne ?
Je sais parfaitement qu'une grande partie des offres d'emploi sont actuellement de fausses offres et qu'il n'y a rien derrière. Je sais parfaitement que les entreprises et les cabinets de recrutement collectionnent actuellement des CV pour en avoir sous le main au cas où l'activité redémarrerait.
Mais ayez au moins de le courage de vos attitudes !
Les voies de la SNCF sont parfois impénétrables. En effet, le samedi 9 novembre dernier, j'ai essayé de prendre un TGV pour aller de Paris à Colmar. Un TGV direct car je voyageais avec un chat. Je devais arriver un peu avant 10h00 du matin à Colmar, j'ai eu du mal y arriver pour 14h00.
En effet, à la suite d'un incident totalement imputable à la SNCF en raison d'une désorganisation chronique, ce TGV censé être direct jusqu'à Strasbourg s'est arrêté un peu partout, circulant sur l'ancienne voie de Paris à Strasbourg allant jusqu'à s'arrêter à Reims et dans des gares improbables où même les express de la grande époque ne s'arrêtaient pas.
Le problème est surtout que la SNCF, dans sa grande bonté a décidé que ce train devait être terminus Strasbourg pour repartir immédiatement dans l'autre sens vers Paris sans accumuler de retard. Tous les voyageurs à destination de Sélestat et Colmar se sont donc retrouvés debout avec tous les étudiants au départ de Strasbourg dans une petite rame TER. Personne n'avait envisagé que les passagers à destination de Sélestat et Colmar essayeraient d'achever leur voyage.
Il était plus de 13h00 au départ de Strasbourg. J'étais parti à 6h30 de chez moi. Pour le chat, cela commençait à faire un peu long.
J'ai donc écrit à la SNCF pour demander une compensation en y ajoutant les deux billets, celui du chat et du bipède. Il n'y a aucune raison, le chat aussi était concerné. Et comme je dois payer un billet pour lui alors qu'il n'a même pas de place assise, autant aller jusqu'au bout de la démarche. Voici la réponse reçue par courrier :
REF DOSSIER : ROS74 - XXXXXX
Ces références sont à rappeler pour toute correspondance.
Date du voyage : 09/11/2013
Lille, le 18 janvier 2014Madame, Monsieur,
Vous nous avez adressé votre billet pour demander une compensation à la suite du retard de votre train. Avant tout, je vous réitère les regrets de la SNCF pour les désagréments que cela a généré au cours de votre voyage.
Après analyse, je vous informe de votre droit à une compensation de 30.80 euros. Cette compensation vous sera envoyée par courrier postal sous forme d'un Bon Voyage.
Non nominatif et valable 12 mois, ce bon vous permettra d'acquitter tout ou partie des prestations proposées sur le réseau Grandes Lignes ou Intercités.
Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes sincères salutations.La Responsable du Service Garantie Ponctualité de Lille
S. C.
La SNCF me rembourse donc la moitié des deux billets. Pour un retard de plus de quatre heures, sans compter la fin du voyage totalement ubuesque, c'est osé et anticommercial. Mais pourquoi se plaindre, ils ont bien considéré mon chat comme un voyageur ordinaire.
L'été dernier, la SNCF, RFF et la région Limousin ont enfin conduit les travaux qui s'imposaient sur l'antique ligne de Limoges à Brive-la-Gaillarde passant par Pomadour. Il était vraiment temps tant le service s'était dégradé. Non seulement rares étaient les trains à l'heure, mais les horaires étaient inadaptés. J'écris « étaient » car je pensais naïvement que ces travaux étaient faits pour renforcer l'offre et augmenter la vitesse des trains. Je suis un éternelt optimiste. Mal m'en a pris puisque cette offre n'a pas bougé et que les horaires sont toujours aussi mauvais. Il est toujours impossible de prendre le train de Pompadour pour aller travailler à Brive ou à Limoges. Les irréductibles qui veulent le faire prennent leur véhicule jusqu'à la ligne de Limoges à Brive par Uzerche.
Aujourd'hui, il est question de supprimer la partie centrale de la ligne allant de Saint-Yrieix à Pompadour, condamnant définitivement cette desserte. Je tire cette information d'une personne bien placé à la SNCF et qui soufaite garder l'anonymat.
Il est question de remplacer ce tronçon par une ligne d'autobus. Nous sommes en moyenne montagne, les routes sont rudes en été et difficiles en hiver. Il fallait déjà plus d'une heure en train pour aller de Pompadour à Limoges contre quarante-cinq minutes en voiture. Qui donc aura l'idée d'utiliser un bus et de prendre une correspondance pour un train, au bas mot une heure et vingt minutes pour aller de Pompadour à Limoges ? Personne, et la région Limousin ainsi que la SNCF nous diront de concert que même cette ligne de bus ne sera pas rentable.
J'ai pu lire ce matin que la justification de la fermeture à terme de cette ligne est son absence de rentabilité du fait d'un bassin de chalandise trop petit. Que ne faut-il pas lire. L'omnibus allant de Limoges à Brive en passant par Uzerche dessert un bassin largement moindre et ne semble pas souffrir du même défaut. Remarquez, il passe par Vigeois si vous voyez bien ce que je veux dire. Le problème du bassin de Pompadour n'est pas le nombre d'habitants. Il suffit de s'arrêter à l'entrée 44 de l'A20 et de regarder les gens qui viennent quotidiennent de Lubersac et Pompadour pour se rendre à Limoges et tous ceux qui utilisent le parking de covoiturage pour comprendre que le problème n'est pas un problème de demande mais un problème d'offre insuffisante et inadaptée. Avec les seuls lycéens habitant le long de la ligne, on pourrait déjà passablement la remplir. Mais encore faudrait-il qu'ils puissent le prendre. À chaque fois que j'ai pris ce train le dimanche soir, il était complet arrivé à Limoges.
La SNCF ne veut pas conserver ces lignes secondaires et pour cela tout est bon. La manière la plus simple de faire est de désorganiser l'offre pour que la demande s'effondre, justifiant la raréfaction de l'offre jusqu'à la fermeture totale des lignes, remplacées par des autobus de plus en plus rares. On voit cela en Alsace (Colmar – Mulhouse par Meyeheim, Colmar – Neuf-Brisach et j'en passe), en Franche-Comté, dans le Massif-Central sans qu'aucune région ne semble s'en émouvoir en ces temps de disette budgétaire. L'abandon de ces lignes arrange tout le monde. La SNCF qui n'en veut pas et les régions qui sont bien contentes de faire des économies, rejetant le problème du transport sur les particuliers.
Or les transports sont une grosse partie de l'aménagement des territoires. À moins de vouloir transformer nos campagnes en désert, il faut maintenir ces moyens de transport. Je ne parle pas d'installer de nouvelles dessertes, ce serait illusoire, mais il faut maintenir les lignes existantes en s'adaptant à la demande.
Et pourquoi pas briser le tabou du service public. Il n'y a aucune raison que ces lignes ne puissent être rentables si elles sont correctement gérées.
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