Je travaille dans l’Internet depuis vingt ans. Et depuis vingt ans le principal problème de mon métier est toujours le même : comment recruter des talents, comment trouver les développeurs dont nous avons besoin pour concevoir les logiciels qui vont nous permettre de créer des produits innovants ?
Des produits innovants ? Non. L'informatique a besoin d'ingénieurs, de techniciens, de théoriciens pour implanter des algorithmes de façon sérieuse. Tous ces métiers nécessitent une base théorique solide. Cela ne s'apprend pas en bricolant.
Aujourd’hui, le système français ne marche pas. Il est coincé entre d’une part l’université, qui propose une formation pas toujours adaptée aux besoins des entreprises mais qui est gratuite et accessible au plus grand nombre, et d’autre part les écoles privées, chères, dont la formation est assez qualitative mais laisse sur le côté de la route le plus grand nombre de talents, voire de génies, que nous pourrions trouver en France.
Et les grandes écoles ? Mon cher Xavier, si tu avais fait tes classes préparatoires jusqu'au bout au lieu de vaquer à d'autres occupations, tu aurais constaté qu'une grande école ne coûte pas plus cher qu'une université. Par ailleurs, les classes préparatoires aux grandes écoles étant ouvertes à tous, ton argument tombe à plat. Les grandes écoles sont accessibles à tous ceux qui ont du talent.
Sur la base de ce constat, nous nous sommes rencontrés avec un garçon que je connais depuis longtemps, qui s’appelle Nicolas Sadirac et qui a créé les plus grandes écoles informatiques privées de notre pays. Nous partagions entièrement avec Nicolas ce constat. Il fallait changer les choses, envisager un mode de formation différent et abandonner la structure classique de l’enseignement tel qu’il est fait en France, inadapté à la formation des talents dont nous avons besoin.
Nicolas Sadirac n'a jamais fondé que l'Épitech en 1999, école qui n'est toujours pas à l'heure où j'écris ces lignes reconnue par la comission des titres d'ingénieur (http://extranet.cti-commission.fr/recherche/rechercheEcole). Pour l'une des plus grandes écoles informatique privée de notre pays, enfin c'est toi qui le prétends et personnellement j'hésiterais à la qualifier de la sorte, cela fait un peu désordre.
Modifier le système, c’est d’abord apporter une formation différente qui ne repose plus sur les choses classiques que l’on voit depuis toujours, c’est-à-dire un professeur et des élèves, qui s’ennuient, qui en ont marre. Le système éducatif ne marche pas. On peut être en échec scolaire et pourtant correspondre à ce qui est un génie en informatique. On peut ne pas avoir le bac et pourtant devenir le développeur le plus brillant de sa génération.
Non. On ne peut pas ne pas avoir le bac et devenir le développeur le plus brillant de sa génération. Ou alors on a tout fait pour ne pas avoir le bac. Par ailleurs, si on s'ennuie en cours d'algorithmie et que l'on veut en faire son métier, il est urgent, je dis bien urgent, de changer d'orientation toutes affaires cessantes ! La programmation n'est pas un jeu et n'a pas à ne pas être ennuyante.
Pour être un programmeur brillant, il faut de la pratique et une bonne connaissance théorique de ce qu'on fait et de pourquoi on le fait. Personnellement, j'ai de longues années de développement derrière moi et il m'arrive toujours, malgré de solides connaissances théoriques, à douter de telle ou telle routine (effets de bord, comportements aux limites et j'en passe). Sans avoir les connaissances théoriques de base, ce développeur le plus brillant de sa génération ne sera capable que de coder des choses qui marchent 99% du temps et qui se vautreront le 1% du temps restant. Sachant que des spécialistes se tirent souvent des balles dans les pieds avec des fonctions comme pthread_kill()
, j'aimerais assez voir ce qu'arrivera à faire ton développeur aussi brillant soit-il.
Notre deuxième volonté est de supprimer la barrière financière et d’accepter à la fois tout le monde, avec ou sans diplôme, et de faire une école entièrement gratuite. Cette école est basée à Paris aujourd’hui. Elle accueillera un grand nombre de jeunes.
Foutaises. Le problème pour un étudiant de grande école n'est pas le prix de l'écolage mais le logement.