Je suis silencieux depuis quelques jours. Ce n'est pas que j'ai moins de sujets de grincherie, ma liste ne cesse de s'accroître tant le monde va de plus en plus mal. Non, c'est simplement que lundi soir dernier, alors que j'étais sur la route près de Beaune, j'ai eu la chance de recevoir un SMS me signalant que je n'avais pas besoin de retourner chez mon client le lendemain matin en raison d'une restriction budgétaire.
La méthode m'a un peu étonné d'autant que le vendredi précédent, rien ne m'avait été dit. Pire que cela, la personne qui a décidé de casser mon contrat de prestation sans préavis le lundi matin à 8h30 m'avait souhaité un excellent week-end.
Or j'effectuais des prestations dans le centre de recherche d'un grand groupe dont l'une des marques commerciales pourrait se traduire douce vie. On ne peut pas arguer du fait que ce groupe manque d'argent. Qu'il manque cruellement de compétences pour gérer ses projets de R&D, c'est un fait. Mais il ne manque pas de ressources financières.
Bref, pour des raisons de gestion déplorable des projets de recherche, d'une vision à court terme voire d'une gestion, osons le mot, à la petite semaine d'un laboratoire de recherche, je me retrouve à nouveau sur la touche. Je ne sais pas si la moitié du mois de novembre me sera payée car le cabinet de placement qui m'avait trouvé cette mission n'a pas envie de se fâcher avec un tel client de peur de perdre d'autres contrats. Quant au préavis, autant directement s'asseoir dessus.
Depuis mardi matin, je réactive donc tous mes réseaux. J'ai absolument besoin de retrouver rapidement quelque chose puisque je n'ai aucune épargne mobilisable actuellement. Plus exactement, ce que j'avais devant moi n'a pas suffit pour régler les augmentations de RSI, URSSAF et d'impôt sur le revenu de cette année (+85%, soit un peu plus de 20 k€). J'ai déjà dû emprunter 5000 euros à ma banque pour régler ces augmentations et le contrôleur des impôts que je suis allé voir n'a trouvé autre chose que de m'établir un bordereau d'ISF parce qu'il trouvait que je payais beaucoup de taxes foncières différentes. J'ai cru rêver. Enfin, il faut bien que l'état récupère de l'argent pour pouvoir le dépenser dans des projets foireux.
Je m'entends donc dire depuis mardi matin :
Et encore, je ne parle pas de la baisse des rémunérations. Les rémunérations offertes sur les annonces de l'APEC pour des postes demandant une solide expérience correspondent à ce qu'on offrait il y a vingt ans à un débutant. En mission de prestation, ce que je facturais 400 € HT par jour était encore payé le double il y a dix ans. Aujourd'hui, le tarif est tombé à 300 € HT par jour pour les mêmes missions et il est rare de trouver quelque chose de mieux payé.
Quant à la pire des offres, je vous l'offre. C'est gratuit. Elle a été prise sur le site de l'APEC :
Fig. 1 : la même en grand
Et c'est une offre certifiée. J'aime autant vous dire que je n'ai même pas perdu de temps à postuler. Mais le marché de l'emploi va rebondir et l'économie se porte bien. Enfin, c'est le gouvernement qui le dit.
Nous sommes pourtant sur le Titanic, l'iceberg n'est pas loin. Et on continue à faire la fête !
Hier matin, sur France Inter, était invité François Bayrou, ancien ministre de l'éducation nationale et actuel candidat aux municipales à Pau. Sans être grand clerc, il a pronostiqué la non-application de la réforme de Vincent Peillon sur le rythmes scolaires pour le biendézenfants.
J'écris sans être grand clerc parce que les municipalités se posent des questions quant à son financement. Ce sont elles qui paient, pas le ministère qui a juste décidé de cette réforme particulièrement inepte. Et cette absence de financement risque de coûter fort cher à la majorité présidentielle actuelle lors des prochaines élections locales.
Donc, le président du MoDem a pronostiqué cette non-application de la réforme de Vincent Peillon, dans toutes les villes qui ne l'ont pas déjà fait, à la rentrée prochaine, enfonçant même le clou en rajoutant :
Le problème du pays ce n'est pas les rythmes scolaires, c'est que les jeunes Français n'apprennent pas à lire. Si vous croyez que d'aller fabriquer des scoubidous ça va leur apprendre à lire, c'est à côté de la plaque.
Pourtant, il se trouve encore des gens au premier rang desquels se trouve George Pau-Langevin pour continuer contre vents et marées à défendre cette réforme.
Personnellement, j'aimerais que l'on m'explique en quoi les horaires que nous avions encore il y a quelques années posaient problèmes. Je parle des six heures de cours des lundi, mardi, jeudi et vendredi ainsi que les trois du samedi matin. je ne parle même pas de la semaine dans les années 1950 ou 1960 qui se terminait le samedi soir à seize heures.
Comment se fait-il que les élèves ont de plus en plus de carences dans les matières fondamentales ? Pourquoi ne jamais essayer de corréler les heures affectées aux enseignements aux problèmes d'apprentissage plutôt que de se voiler la face en parlant d'horaires ? Pourquoi ne jamais remettre en cause les méthodes d'apprentissage aberrantes ? Quant à la transformation des IUFM en ESPE, que faut-il en attendre puisqu'il s'agira vraisemblement des mêmes temples de la pédagogie ?
Je vais finir par croire qu'un bon ministre de l'éducation nationale est un ministre mort, a minima un ministre qui laisse simplement ses troupes travailler en paix en évitant de donner son nom à une réforme aberrante. En ce sens, Bayrou était effectivement un bon ministre, juste assez falot pour le poste.
La manufacture de pianos Pleyel, fondée en 1807, va fermer ses portes avant la fin de l'année dans l'indifférence générale. Il s'agissait du dernier atelier de fabrication de pianos en France. Cette disparition est symptomatique du plan social de grande ampleur actuellement à l'œuvre dans le secteur des métiers d'art. Chaque jour, des ateliers et des savoir-faire ancestraux, constitutifs de l'ADN économique et culturel de notre pays, disparaissent.
La société Pleyel avait pourtant obtenu en 2008 le label « entreprise du patrimoine vivant (EPV) », attribué par l'état afin de distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d'excellence. En 2000, la société fabriquait plus de 1700 pianos contre une vingtaine aujourd'hui.
Et pendant ce temps, Montebourg s'habille en marinière même pas fabriquée en France…
Il y a quarante-trois ans, jour pour jour, disparaissait Charles De Gaulle au coin d'une réussite. Les cartes sont vraiment dangereuses. Comme tous les ans, le cimetière de Colombey-les-deux-Églises se transforme en lieu de pélerinage. Heureusement que le grand Charles n'a pas été incinéré et ses cendres dispersées en mer, certains ne sauraient plus quoi faire les 9 novembre.
Cette année, la ronde des prétendants à la succession idéologique s'est même étoffée. Il faut dire que nous allons entrer dans une année électorale chargée et qu'il est toujours intéressant de se prévaloir du général.
Outre les gaullistes autoproclamés de l'actuelle droite parlementaire en général et de l'UMP en particulier, le petit cimetière de Colombey a pu voir passer ce matin Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris, Nicolas Dupont-Aignan et des cadre du Front National. Parmi les trois derniers, le seul qui pourrait passer pour un gaulliste est Nicolas Dupont-Aignan. Quant aux deux autres… Le général a du se retourner dans sa tombe.
Anne Hidalgo est membre d'un parti politique, le Parti Socialiste, qui n'a eu de cesse de combattre le général et ceux qui se réclamaient de ses idées. Quant aux membres du Front National, il me semble qu'ils étaient plus du côté de l'Algérie française et de l'OAS que de la grande Zohra et, qu'eux aussi, ont passé leur temps à le combattre.
La ligne politique de De Gaulle n'était pas à gauche, loin s'en faut. Mais elle n'était pas non plus à la droite tendance populaire actuelle, encore moins à l'extrême droite, même si le calembour de Colombey-les-deux-Mosquées aurait pu être trouvé par le père Le Pen dans l'un de ses grands jours. Je ne résiste pas à citer intégralement cette perle :
C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu'on ne se raconte pas d'histoires ! Les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leur djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l'intégration ont une cervelle de colibri, même s'ils sont très savants. Essayez d'intégrer de l'huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d'un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l'intégration, si tous les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées !
Cette récupération tous azimuts de l'image de De Gaulle est indigne. Elle est indigne parce qu'une partie de ceux qui en tentent la récupération n'a aucun point commun avec ce qu'était le gaullisme. Elle est indigne parce que ces mêmes qui se prévalent aujourd'hui de ses idées les combattaient directement ou indirectement il n'y a encore pas si longtemps que cela. Elle est indigne parce que pas un seul de ces prétendus disciples n'a de vision pour la France. Or le gaullisme est avant tout une certaine idée de la France.
Certains sont vraiment prêts à tout pour accéder au pouvoir. N'oublions pas que c'est nous qui le leur donnons !
La France a perdu cette nuit sa note AA+ et vient d'être rétrogradée à AA selon Standard & Poor's. Pierre Moscovici regrette les jugements critiques et inexacts. Jean-Marc Ayrault déclare avec aplomb que cette dégradation ne changera rien parce que la perspective donnée par l'agence est stable.
Certes, aujourd'hui, cette perspective est stable. Mais pour combien de temps encore ?
Pierre Moscovici défend avec aplomb l'action du gouvernement en parlant des réformes d'envergure qui ont été menées depuis dix-huit mois, réformes faites dans le but de redresser l'économie du pays, ses finances publiques et sa compétitivité. Certes, le gouvernement Ayrault a appelé plus d'impôts que le précédent, mais il a encore plus augmenté les dépenses. La différence entre les nouveaux impôts collectés et les dépenses est actuellement de plus de cinq milliards d'euros en faveur des dépenses. Ce n'est pas très exactement ce que l'on peut appeler un redressement, tout au plus une décroissance de la hausse. Et s'il est possible d'enfumer un électeur, il est beaucoup plus difficle de faire la même chose avec des spécialistes.
Pour faire passer la pilule, Pierre Moscovici fait observer que la nouvelle notation demeure parmi les plus élevées puisqu'elle est précisément la troisième meilleure possible dans la classification de S&P et qu'elle témoigne des atouts reconnus de la France. Parmi ces atouts, le ministre énumère ses perspectives démographiques, la qualité de ses infrastructures, le haut niveau d'éducation et de productivité de sa main-d'œuvre, le niveau d'épargne élevé du secteur privé et son statut d'émetteur de référence au sein de la zone euro. Certes. Mais nous continuons à endetter nos enfants pour conserver un train de vie que nous ne sommes plus en mesure de nous payer et je vois assez mal le gouvernement continuer à lever longtemps de nouveaux impôts. La fronde n'est pas loin et de plus en plus de cadres et de professions libérales vont voir à l'étranger si par hasard le régime fiscal ne serait pas plus intéressant qu'en France où il change quatre fois par an.
Quant à la perspective stable, elle signifie d'après le ministre que l'agence n'envisage pas de la modifier à court ou moyen terme. Il traduit cela par le fait que Standard & Poor's croit en l'engagement du gouvernement à contenir la dette publique. J'aimerais bien avoir cet optimisme. La dette continue à s'accroître, donc parler d'une contention de la dette est un argument assez spécieux. L'avis du ministre est même infirmé par les explications de l'agence accompagnant la dégradation de la note puisqu'elle indique que la France a perdu de sa marge de manœuvre financière et qu'elle n'est plus en mesure de se réformer davantage du fait du maintien d'un chômage élevé et de taux de prélèvements devenus insupportables.
La politique actuelle revient donc à mettre la tête dans le sable en déclarant haut et fort « après nous le déluge ! », puisque le seul problème du gouvernement est de pouvoir continuer à emprunter à des taux intéressants pour payer les fins de mois. Depuis trente ans, tous les gouvernements ont agi de la sorte et notre dette publique atteint bientôt les 100% du PIB, ce qui sera très vite intolérable. Le pire est qu'une partie de cette dette pourrait être évitée, je pense à la partie concernant la sécurité sociale (toutes branches confondues) qui est un système cher, inefficace et qui fournit des prestations bien inférieures à tout ce qu'il est possible de trouver dans les autres pays européens contrairement à ce qui est affirmé haut et fort et à une croyance populaire bien répandue. Il est d'ailleurs possible maintenant de s'assurer à l'étranger pour les prévoyances, assurances maladies et retraites, que l'on soit salarié ou TNS.
La dette actuelle est le fruit de la cavalerie des assurances sociales et de la charge de cette dette dans le budget. Continuer à emprunter pour payer des prestations indues ou au-dessus de notre capacité propre de financement est un choix que tous ces gouvernements successifs sans exception doivent assumer. In fine, ce sera un choix que l'électeur et ses enfants devront assumer un jour ou l'autre.
La question n'est donc pas de casser le thermomètre, mais de s'attaquer à la maladie. S'en prendre aux décisions de Standard & Poor's revient à mélanger les causes et les conséquences de ses actes.
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