Je me souviens avec émotion du jour où j'ai ouvert le carton contenant ma première HP-28S. C'était cher — plus de deux mille francs français de l'époque —, mais on en avait pour son argent. La première, fabriquée aux États-Unis, est bien tombée en panne presque au bout de trois ans, mais étant encore sous garantie, elle m'a été changée contre un modèle plus récent monté à Singapour. Dans l'échange, j'ai apprécié l'écran mat de ma seconde 28S, le brillant de la première étant assez désagréable à l'usage. Ce second modèle vient de fêter sans encombre ses vingt ans d'utilisation intensive sans une seule anicroche.
J'aimais aussi les appareils de mesure de Hewlett-Packard. Il me reste deux analyseurs de spectre de très belle facture. Mais pourquoi donc ces types ont-ils délaissé ces appareils de haute facture pour faire du PC bas de gamme, non réparable et jetable et des imprimantes du même tonneau ? Les imprimantes professionnelles valent encore quelque chose, mais les saletés d'entrée de gamme qu'on voit partout sont inqualifiables.
Je pose la question, brutalement, parce que j'ai été appelé par une amie pour un problème de Windows Vista. La chose pourtant en SP2 avec un antivirus correct et raisonnablement efficace s'est fait perforer subtilement et toutes les données de l'utilisatrice ont été effacées malencontreusement par ledit virus. Heureusement que j'avais fait connaître à cette personne la vertu des sauvegardes… Il m'a été impossible de restaurer un fonctionnement nominal de la Ouïndowzerie qui voulait toujours repartir en mode sans échec, preuve s'il en est que le fonctionnement normal est un échec.
Bref, je vais devoir réinstaller un nouveau système et ce système risque fort d'être un NetBSD des familles ou une Debian. Avant cela, je décide d'en profiter pour faire un nettoyage complet de la machine. Je l'ouvre et constate les dégats. Tous les condensateurs électrochimiques sont dans des états pathétiques. Certains se sont vidés par leur base, d'autres sont gonflés. La carte-mère est donc à changer. Cette machine n'étant plus sous garantie mais pas assez âgée pour justifier de tout jeter, je m'en vais donc chercher une carte-mère au format ATX ou micro-ATX capable d'utiliser de la mémoire PC-5300 et un processeur sur un socket AM2. J'ai trouvé cela chez Surcouf et chez Asus pour une quarantaine d'euros tous mouillés. Parfait.
De retour avec cette carte-mère, je démonte cette machine pour la remplacer par la nouvelle. Première surprise. Les câbles sont tous à la longueur et il est quasiment impossible de brancher la nouvelle carte-mère à la place de l'ancienne. Je rallonge la câblerie des leds de façade et des boutons à grands coups de Scotchlok™, pur produit de chez 3M, mais diablement efficace. Après une grosse heure d'énervement, je mets sous tension et… rien. La LED au milieu de la carte-mère est bien allumée, mais je peux appuyer autant de temps que je veux sur le bouton de mise en marche, rien ne se passe.
Je démonte, remonte, vérifie tous les branchements, rien n'y fait. En désespoir de cause, je rapporte cette machine chez moi pour la tester sur une autre alimentation. Miracle, ça fonctionne du premier coup. J'ai donc joué au jeu des différences. C'est assez accablant. L'alimentation originelle installée par HP n'est pas une alimentation ATX. C'est une alimentation ATX Canada Dry. Elle en a le goût et l'odeur, mais ça s'arrête là. En effet, il lui manque une ligne d'alimentation sur le connecteur à vingt-quatre broches. Il est donc impossible d'installer une carte-mère différente sans changer cette alimentation de toute façon de facture plus que douteuse. En revanche, si l'alimentation lâche, n'importe quelle alimentation ATX fera l'affaire. Sachant que la qualité de la carte-mère est déplorable et sans aucune marque apparente — il y a quelques années, je voyais des cartes-mères d'excellente facture dans le matériel HP —, la pratique est pour le moins discutable. Le matériel est clairement jetable sauf à pouvoir mettre soi-même les mains dans le cambouis et avoir un stock de pièces pour pouvoir tester en double aveugle.
Entendu à l'instant lors du journal de 13h de France Inter. Les ondes des téléphones portables seraient cancérogènes. Remarquez bien l'utilisation du subjonctif. L'étude en question n'est pas une étude, mais simplement la réunion d'études préexistantes portant sur quelque deux mille utilisateurs.
Passons sur les protocoles de mesure, mais les effets étant difficilement décelables, il faudrait être sûr de pouvoir dissocier ce qui provient effectivement des ondes hertziennes de ce qui provient de l'environnement ou de l'hygiène de vie. Et c'est sans compter sur le côté génétique de la chose. Gageons qu'il y aurait des choses à dire.
Mais le plus amusant n'est pas ce résultat qui ne conclut pas vraiment, puisque la catégorie 2b est la même que celle de l'oxyde de titane, colorant que l'on retrouve dans les dentifrices sans que personne ne s'en émeuve. Non, le plus amusant est l'intervention du représentant des constructeurs et opérateurs de téléphones cellulaires qui conseille aux utilisateurs d'utiliser un kit main libre bluetooth, bien plus pratique que le bon vieux kit filaire.
Et je pose la question : comment ce kit fonctionne-t-il ?
Article court, une fois n'est pas coutume.
Il paraît que l'on sort de la crise. Personnellement, mon entreprise a fait un peu plus de centre trente-cinq mille euros de bénéfices l'an passé. J'aimerais bien savoir où ce bénéfice a pu passer, n'en ayant jamais vu la couleur et ayant été contraint aux licenciements économiques. Réponse de mon expert comptable : la règle de comptabilité portant sur les productions immobilisées a changé. Les bilans 2010 des sociétés françaises ont donc été surévalués pour ne pas faire peur au bon peuple et faire accroire qu'il y a toujours de l'argent chez les patrons. Foutaises.
En même temps, j'ai demandé à mes deux cabinets d'experts-comptables combien de leurs clients avaient déposé le bilan en 2010. Je soumets ces chiffres à votre sagacité.
Ma comptable ordinaire, comptant dans ses clients toutes sortes d'entreprises allant du plombier au boulanger en passant par des PME de tailles diverses et variées me parle d'un bon tiers de ses clients. Le second cabinet, plus porté sur les PME effectuant des tâches de recherche et développement m'annonce un chiffre oscillant entre 40 et 50%.
La crise est morte, vive la crise !
Vous le savez sans doute, il existe en France un système permettant aux PME de financer leurs activités de recherche et de développement et aux grands groupes de payer moins d'impôt sur les sociétés. Il s'agit du crédit d'impôt recherche. Comme tous les ans, j'ai publié mon bilan pour le 15 avril et aussitôt envoyé la liasse fiscale à la direction générale des impôts pour d'une part faire ma déclaration d'impôt sur les sociétés et d'autre part demander le remboursement anticipé de ce crédit d'impôt. Depuis le 15 avril dernier, malgré un coup de téléphone tous les deux jours — enfin, lorsque je dis tous les deux jours c'est une licence presque poétique car avant 10h00, il n'y a personne, après 16h00, c'est pareil, entre midi et deux, c'est la pose déjeuner et le mercredi, c'est le jour des enfants ! —, la seule information que j'arrivais à avoir était que mon dossier était encore à l'étude. Ce dossier comporte trois pages, c'est donc un gros dossier. Je veux bien qu'ils aient un certain nombre de dossiers à traiter, mais de là à en avoir pour plus d'un mois…
Or hier, nous étions tout de même le 25 mai, je reçois par la poste un courrier émanant du centre des impôts me demandant des pièces complémentaires et qui n'étaient pas à verser avec le dossier initial, courrier daté du 20 avril et affranchi en tarif lent, il n'y a pas de petit profit. Ce courrier a été estampillé d'un superbe NPAI puis d'un FD avec mon adresse personnelle car le fisc a trouvé amusant d'une part d'utiliser une enveloppe à fenêtre inadaptée au format du pli et d'autre part de plier soigneusement le courrier à l'intérieur pour que la poste ait à deviner l'adresse. Ainsi, la place de l'école s'est transformée en rue des écoles, rue existant effectivement, mais étant à l'autre bout de la ville. La nuance est donc de taille.
Il a fallu que quelqu'un se préoccupe de ce courrier en souffrance sur une boîte aux lettres depuis un mois pour que ce pli me parvienne. Et encore, j'ignore comment cette personne a eu mon adresse personnelle. Naturellement, faute de réponse avant le 30 mai, mon dossier sera caduc. J'ai encore un peu de chance et du temps pour rattraper les choses.
Notre administration fonctionne donc parfaitement puisque le service payeur ignore qu'il m'a envoyé un courrier et que je n'y avais pas encore répondu. Il trouvait tout aussi normal que je l'appelle tous les deux jours pour avoir des nouvelles de ce dossier sans même trouver bizarre que je n'aies pas répondu à son courrier.
Nous vivons donc dans un système amusant. Lorsque l'état me réclame de l'argent, il se débrouille toujours pour que le courrier arrive, quitte à me l'envoyer en courrier recommandé avec accusé de réception ou à dépêcher un huissier de justice comme lors de la dernière bourde de l'URSSAF que j'ai à déplorer. Et il n'y a pas de date limite ! En revanche, lorsque c'est à ce même état de me rembourser quelque chose, bizarrement, les courriers n'arrivent pas, ou en retard, ou ne sont pas assez affranchis, et surtout, il y a une date limite à partir de laquelle le dossier est caduc. Comme personne chez eux ne sait exactement ce qu'il en est, c'est à l'administré de savoir qu'il pourrait recevoir un courrier pour telle ou telle raison.
Je ne dois pas avoir de chance, mais j'ai l'affreuse impression que le traitement de mes dossiers se dégrade depuis quelque temps, voire que l'administration me prend ouvertement pour un imbécile. Lorsque je parle de dossiers, je parle essentiellement des impôts, lorsqu'il s'agit de remboursement, et de l'URSSAF. Il n'y a donc que deux solutions : soit ces deux fleurons de l'administration française n'ont vraiment pas eu de chance et n'ont embauché ces dernières années que des gens incapables de faire leur métier — et dans ce cas qu'attend-on pour les virer ? —, soit la politique tacite est de se débrouiller pour faire rentrer le maximum d'argent et d'opérer le minimum de remboursement.
J'ai bien peur que la seule hypothèse valable soit la seconde…
Je viens de regarder d'un œil distrait un reportage sur Arte parlant de la fameuse zone industrielle de Lodève. Cette zone a été implantée sur l'ancien site de la mine d'uranium d'Aréva. On imagine tout de suite la teneur du reportage. Aréva n'a pas décontaminé le site qui est toujours radioactif, le laboratoire de mesure est vendu à cette entreprise et seuls les gentils écologistes possèdent la vérité.
Je vais donc vous donner la bonne parole telle qu'elle a été donnée par un écologiste barbu et un physicien nucléaire de la CRIRAD. Pour avoir fait un peu de métrologie dans ma vie — et c'est un euphémisme par litote —, j'ai décidément de moins en moins confiance en cet organisme.
Nous voyons donc notre écologiste avec la version moderne du compteur Geiger, compteur qui s'excite et qui donne une valeur double de celle mesurée par le laboratoire qui rappelons-le est vendu à Aréva. Nous n'avons aucune information sur la tolérance des mesures données par cet appareil. Nous ne savons pas non plus quand il a été étalonné la dernière fois si jamais il a été étalonné, d'autant que l'appareil en question me semble un appareil de bricoleur. Je n'ai pas connaissance du protocole de mesure du laboratoire en question, mais vue la façon dont notre écologiste effectuait ses mesures, j'ai bien plus confiance en un laboratoire qui a pignon sur rue plus qu'en ce barbu se baladant avec son compteur Geiger.
Et nous avons pu voir dans la foulée la justification des différences de mesure par un soi-disant physicien de la CRIRAD. J'aime autant dire que s'il travaillait pour moi, celui-là, il n'aurait pas intérêt à me tenir ce genre de discours parce qu'il prendrait directement la porte !
En substance, il nous affirmait, preuve à l'appui, que plus on s'éloignait d'un échantillon d'uranium, plus la radioactivité mesurée était faible. Et j'ajouterais que c'est normal, puisqu'on mesure cette radioactivité sur un angle solide apparent qui diminue avec l'accroissement de la distance de la source. Sans rire, il affirme que le laboratoire a sous-évalué les valeurs parce que les mesures ont été faites à un mètre du sol. Qu'en sait-il ? C'est peut-être vrai, mais cela n'a pas été indiqué dans le reportage. C'est donc une affirmation gratuite qui n'engage que ceux qui la croient. Laissons-lui le bénéfice du doute, même si cette affirmation ne sert qu'à bâtir un raisonnement litigieux. En effet, ce type, qui est indigne d'être appelé scientifique, ignore donc tout du principe d'Huygens, principe de base dès qu'il s'agit de caractériser des ondes. Dans le meilleur des cas, ce type est un incompétent, dans le pire, un manipulateur.
Le principe d'Huygens stipule que tout point de l'espace soumis à un rayonnement incident réémet ce rayonnement sous forme d'une onde sphérique. En d'autres termes, cela signifie que, si la radioactivité est répartie sur une surface importante, ici cent quinze hectares au bas mot, et que la distance entre le sol et le point de mesure est faible devant la plus petite distance entre la projection de ce point sur le sol et le bord du terrain contaminé, la radioactivité mesurée au sol et à un mètre de haut sera en première approximation la même. Il est donc impossible de balayer les mesures d'un laboratoire a priori sérieux d'un tel revers de main. Il va donc falloir trouver autre chose pour démonter ces mesures.
Cette personne a tout à fait le droit de dire que les mesures de ce laboratoire sont fausses pour un certain nombre de raisons, mais il est parfaitement inadmissible que quelqu'un qui se présente comme un physicien nucléaire se permette d'induire les téléspectateurs en erreur, qui plus est avec une expérience pseudo-scientifique indigne d'un charlatan.
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