Il s'est tenu récemment à Toulouse la conférence des présidents d'université. Daniel Filâtre, président de Toulouse le Mirail et responsable de la commission pédagogie au sein de la CPU, considère désormais que « tout jeune qui arrive en seconde est destiné à obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur ». Il faut comprendre par diplôme de l'enseignement supérieur une licence, soit un niveau bac+3.
Aujourd'hui (chiffres de 2009), 65,6 % d'une classe d'âge arrive au niveau du baccalauréat, général ou technologique (chiffres du ministère de l'éducation nationale). Comme il y a du déchet entre la classe de seconde et le diplôme du baccalauréat, je peux hasarder sans prendre trop de risque qu'en suivant les dires de Daniel Filâtre, avalisés par Valérie Pécresse, qu'il souhaite voir plus des deux tiers d'une classe d'âge sortir de l'enseignement supérieur avec un diplôme au moins égal à une licence. Pour être plus précis, nous allons considérer que le nombre d'élèves en seconde est le nombre de bacheliers pondérés par le taux de réussite au bac, soit 78,4 % pour l'année 2009. Nous obtenons donc en seconde 83,7 % d'une classe d'âge. Ce chiffre est légèrement faussé car il ne prend pas en compte les redoublements ni ceux qui se présentent deux fois au baccalauréat.
D'après l'OCDE, seuls 37 % des jeunes ayant l'âge d'entrer à l'université entreprennent des études supérieures. Sur ces jeunes, seuls 59 % obtiennent une licence, soit 22 % des bacheliers. En étant particulièrement optimiste, nous avons donc à peu près quatre fois plus d'élèves en classe de seconde qu'en licence. Le chiffre exact n'est pas vraiment intéressant, seul l'ordre de grandeur est important.
Pour que tous les élèves de classe de seconde sortent du système universitaire avec au moins un diplôme de licence en poche, il faudra donc augmenter sensiblement le nombre d'étudiants à l'université. Cela pose des problèmes de locaux, d'encadrement, de ressources humaines, bref, des problèmes matériels qu'on peut à la rigueur résoudre moyennant l'augmentation du déficit du budget du gouvernement qui n'en demande pas tant. Les grandes villes étant déjà munies d'universités, il faudra aussi songer à ouvrir de nouvelles facultés dans des coins perdus comme Mende, Guéret ou Charleville-Mézière — je ne sais pas si vous connaissez Charleville-Mézière, mais sous la pluie, ça ressemble à un décor de Simenon, je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire ; j'ai toujours eu l'envie indicible d'aller passer un week-end gris et pluvieux sous les arcades de la place ducale —, dans tout un tas de bourgades excentrées des grands centres urbains. Peut-être le TGV arrivera-t-il en même temps que ces universités dans ces contrées reculées.
Nous pourrons toujours trouver une solution à tous ces problèmes matériel, mais il sera impossible de changer la biologie de l'étudiant moyen. Chercher à augmenter jour àprès jour le pourcentage d'une classe d'âge diplômée d'une licence revient à demander à un sportif de faire toujours mieux. Pourtant, on conçoit facilement que jamais, tout au moins dans un avenir proche, un coureur ne pourra faire un 100 m en moins de cinq secondes. Pourquoi demander à un cerveau ce qu'on n'imagine même pas demander à un ensemble de muscles ? L'intelligence — ou la débilité — du bipède médian habitant cette vallée de larmes n'ayant aucune raison scientifique d'avoir changé au cours des derniers siècles, il n'y a aucune raison de pouvoir tendre — à contenu de la licence constant —, à plus de 80 % d'une classe d'âge au niveau bac+3. Il y aura toujours du rebut. Le problème est de savoir ce que l'on décide de faire de ceux qui sont incapables de suivre un tel enseignement et rien n'est vraiment prévu. Il n'est pas question de laisser ces gens sur le bord du chemin, il y a des tas de choses que l'on peut faire sans avoir une licence en poche. Nous manquons actuellement d'une foultitude de métiers qui ne demandent pas de grandes études mais un réel savoir-faire issu de l'apprentissage et qui permettent de vivre confortablement. Il faut absolument arrêter de vouloir pousser tout le monde à être diplômé de l'enseignement supérieur sauf si l'on veut absolument dégrader le niveau. Aucune raison scientifique ne peut faire qu'un élève qui suive correctement en classe de seconde puisse suivre un cours de licence.
Avant de se poser la question du nombre d'étudiants diplômés du supérieur, il faudrait déjà mettre des moyens sur la table pour que tous les étudiants qui en sont capables puissent suivre des cours dans le supérieur. Le fait que les étudiants ne suivent pas des cours dans le supérieur n'est pas forcément une histoire de capacités intellectuelles, cela peut simplement être une histoire de localisation ou de capacité des universités. Augmenter le nombre de diplômés, en décrétant qu'il en faut plus, coûtera tout aussi cher et aboutira mécaniquement à une baisse de niveau, niveau qui chute régulièrement depuis quelques années quoi qu'on puisse en dire. Il suffit pour s'en convaincre de donner des cours dans le supérieur ou de corriger des copies. C'est particulièrement affligeant.
Les chiffres sont vraiment durs. Pourtant, ni un ministre, ni un président d'université ne peuvent prétendre ne pas les connaître ou ne pas en saisir toute l'ampleur ou leurs conséquences. Est-ce par pure démagogie, pour caresser les électeurs dans le sens du poil ? Je n'ose le croire.
Dimanche dernier, la France entière a appris que DSK avait été arrêté à New-York, dans l'avion qui devait l'emmener à Paris, après avoir oublié dans sa suite du Sofitel l'un de ses téléphones. Le soir même, il était inculpé de tentative de viol, agression sexuelle et séquestration, rien de moins, et qu'il allait plaider non coupable.
Et l'on a entendu et vu toute la journée des personnes bien informées qui déclaraient que ce n'était pas dans son caractère, qu'il n'aurait jamais fait ceci parce qu'un séducteur n'est pas dans le registre de la violence et plein de choses de cet acabit. Rares étaient les voix qui le condamnaient par avance, ce qui est encore heureux. En fin de journée, on parlait même d'un complot ourdi contre lui voire d'un acte manqué par lequel il se serait sacrifié pour ne pas se présenter à la primaire socialiste.
Je ne comprends même pas qu'on puisse prendre fait et cause pour DSK alors que personne d'autre que la victime n'était avec lui dans cette fameuse chambre d'hôtel. La décence voudrait que tout le monde se taise et laisse la justice agir. Loin de moi l'idée de le condamner ou de le disculper, mais pourquoi vouloir à tout prix le défendre ? Imaginez un seul instant que pour une raison ou pour une autre, il ait eu une absence et que les faits aient été tels que relatés par cette femme de chambre. Ses défenseurs précoces auront l'air bête.
Et c'est ce qui est arrivé.
Aujourd'hui, après le résultat des premiers examens médicaux, on apprend qu'il n'allait plus plaider coupable mais plaider une relation consentie avec la victime dont nous ne savons toujours pas exactement s'il s'agit d'une plaignante. Bizarrement, la classe politique se tait oubliant ce qu'elle a dit hier. Beau revirement en moins de quarante-huit heures, selon le vieil adage faurien rappelant que c'est le vent qui tourne, non les girouettes.
Et les mêmes de fustiger les photographies indignes d'un DSK avec des menottes. Pourquoi râler contre le traitement offert à notre DSK national alors que personne ne semble être contrarié par les traitements habituels destinés aux présumés innocents par la justice américaine ? Y aurait-il deux poids et deux mesures ? Et que dire des arrestations menées en France ? Ne nous posons pas en donneurs de leçon comme Robert Badinter a cru bon le faire ce matin car notre justice aurait beaucoup de progrès à faire. Certes, les cameras et autres appareils photographiques sont interdits dans les tribunaux, mais ce n'est pas pour cela qu'il n'existe pas de prises de vues sauvages et indignes et que le traitement des présumés innocents est meilleur que le traitement offert actuellement à DSK. Quant aux journalistes qui annoncent que DSK est incarcéré dans une prison américaine où règne l'insécurité alors qu'il est retenu seul dans une cellule, bénéficie d'une heure de promenade seul par jour avec un gardin particulier et qu'il n'a aucun contact avec les autres détenus, je ne vous dirais même pas ce que j'en pense.
Tous ces media vendent aujourd'hui du papier sur le dos de DSK. Qu'il soit coupable ou innocent ne change rien au fait que cela fait vendre du papier. En France, on savait depuis très longtemps ce qu'il en était mais il était interdit d'en faire état. La condamnation sur le ton humoristique avait même coûté sa place à un chroniqueur de France Inter puisqu'il ne fallait surtout pas dire tout haut ce qui se murmurait tout bas depuis fort longtemps.
Écoutez bien cette chronique. Je ne vois pas avec le recul ce qu'il y aurait à rajouter. Patrick Poivre-d'Arvor et Fabrice Drouelle en prennent pour leurs grades, ainsi que dans un tout autre registre Agnès Bonfillon. Le seul à s'être indigné était l'encore président du FMI qui pourtant avait sur ce sujet déjà un lourd passif puisque son aventure avec Piroska Nagi avait fait assez de bruit.
La seule façon de faire aurait été à ce moment de mettre les rieurs de son côté plutôt que de s'indigner en public comme il l'a fait et de tout faire pour avoir la peau du trublion. J'en connais au moins un qui doit, en ce moment, rire dans sa barbe.
L'église catholique se mêle souvent de ce qui ne la regarde pas, mais après tout, c'est aussi ce qui fait son charme désuet. Cela vous a sans doute échappé car depuis ce matin, on n'entend plus parler que de l'affaire DSK, mais il y a eu un communiqué daté d'hier, soit du 14 mai 2011, de l'église catholique de la région de Naples dans laquelle cette dernière signale avoir décidé de refuser, dès aujourd'hui, les sacrements aux mafieux non repentis. Entre autres et d'après le cardinal Crescenzio Sepe, archevêque de Naples, cela leur interdit des funérailles religieuses ou d'être témoins de mariages ou parrains lors de baptêmes. Pour des gens qui se targuent d'avoir un sens certain de la famille, c'est assez navrant vous en conviendrez.
Il faut alors poser une question cruciale (si j'ose dire). Comment reconnaît-on un mafieux non repenti ? Faut-il qu'il soit dénoncé par son voisin ? Le délit de sale gueule risque de ne pas être très loin. S'il est au contraire connu sans dénonciation et qu'il est toujours en liberté, il y aurait comme une odeur de moisi dans le sud de l'Italie que ça ne m'étonnerait guère. Vous me direz que le gouvernement italien montre l'exemple de la probité personnifiée et qu'il est impossible de demander à un mafieux plus qu'on ne demande au chef du gouvernement italien.
Pour un ancien parrain, cette position de l'église est pourtant suprenante. Il lui semble, enfin c'est écrit dans les évangiles, qu'un chrétien doive pardonner. Plutôt que d'interdire des sacrements à des mafieux non repentis, elle devrait plutôt chercher à comprendre comment on devient mafieux. Il qualifie alors ce discours qu'il qualifie de démagogique puisque ces personnes doivent « être aidées et non condamnées [par l'église, ndlr] ». Il s'agit de comprendre la suite de problèmes profonds qui font que quelqu'un adhère à une organisation mafieuse, en particulier la pauvreté ou le chômage. C'est un peu court, mais ça peut encore se défendre.
Refuser des sacrements sans chercher à comprendre comment on devient mafieux revient non seulement à caresser le napolitain dans le sens du poil mais aussi à vider la mer ligurienne avec une cuillère à café. Mais cela fait parler. Après tout, c'est peut-être le but recherché. Communication, quand tu nous tiens…
Je viens d'entendre la présidente de la ligue contre la violence routière au journal d'Inter raconter une fois de plus n'importe quoi. Dans un premier temps, je dois signaler que j'ai un certain nombre de centaines de milliers de kilomètres à mon compteur personnel et qu'il m'arrive certaines années de dépasser les cent mille kilomètres parcourus, dont une partie en région parisienne, que j'ai toujours tous mes points sur mon permis de conduire et que je ne sais toujours pas comment faire le jour où je recevrai mon premier PV. Mon coup de gueule est donc totalement désintéressé.
J'aprends donc qu'on va installer — qui est ce on ? — deux mille huit cents nouveaux photomatons sarkozystes, pardon radars de contrôle de vitesse, dans notre beau pays. J'aimerais bien qu'on arrête une bonne fois pour toute de se moquer du monde. Ces radars sont rarement dans une zone dangereuse, toujours à l'endroit où, soit la limitation de vitesse est absurde, soit inapplicable, histoire d'attraper le plus possible de dangereux contrevenants. Dans la catégorie absurde se trouve un radar sur une quatre voies à l'entrée de Brive-la-Gaillarde, voie limitée à… 50 km/h sans aucune raison logique d'autant qu'il n'y a aucune intersection, un terre-plein central et une voie d'arrêt d'urgence, ou un radar sur la route Objat-Brive, dans une zone d'agglomération avec moult intersection et limitée à… 90 km/h ! J'ai un certain nombre d'autres exemples sous la main de quatre voies de type autoroutier limitées à 50 km/h. Je vous envoie la liste contre une lettre timbrée. Même remarque pour un joli radar dans la descente du col de Bussang ou sur l'A20, dans une belle descente vers la Vienne, à Limoges. La seule solution pour ne pas dépasser la vitesse en passant devant ces radars est de freiner car la pente est assez importante pour que le frein moteur du véhicule ne suffise pas. Dans l'ancien temps, il était pourtant interdit aux forces de l'ordre de poser un radar pour attraper les gens dans une descente. Autre temps, autres mœurs. La question est donc la suivante : pour un radar vraiment justifié, combien ne sont-ils posés que pour rapporter des sous au budget de l'état et aux sociétés d'entretien ?
Par ailleurs, je ne peux plus entendre que les français roulent mal, qu'ils ne respectent rien et que les routes françaises sont les plus dangereuses d'Europe. Il est dommageable d'avoir autant d'accidents routiers, mais limiter la vitesse de façon aussi aberrante ne résoudra rien sauf à limiter cette vitesse à 20 km/h partout. Et je ne parle pas des statistiques bricolées : un mort n'est dû à la route que s'il meurt dans les quarante-huit heures après l'accident. S'il tient plus de ce délai, ce n'est plus un mort routier. Le fait de baisser les vitesses revient donc mécaniquement à baisser de décompte de la mortalité routière. Pourtant, lorsqu'on regarde plus attentivement les chiffres, ils ne disent pas exactement la même chose. Le nombre de pathologies résultantes des accidents de la route a considéralement augmenté en même temps que le nombre des morts a baissé.
Quel que soit le problème, donc, les français roulent mal et ne respectent rien. Il est vrai que dans certains coins du sud de la France, il m'arrive d'avoir des frayeurs pires que lorsque je conduisait à Ryad, au hasard vers Matabiau le long du canal… Mais les gens qui affirment ça avec autant d'aplomb n'ont jamais dû dépasser les frontières françaises ! J'ai eu l'occasion de parcourir l'Allemagne en 2CV. Non seulement leur réseau routier est vétuste et dangereux, mais il faut avoir une voiture puissante pour oser monter sur une autoroute. Essayer d'y aller avec une voiture rendant moins de 100 ch au frein est une gageure. En Italie ou en Espagne, il vaut mieux se convertir à toutes les religions du monde avant de monter dans sa voiture, on ne sait jamais. Je me souviens avec émotion m'être fait littéralement engueuler par un italien pour m'être arrêté à un feu rouge à Naples ! Quant au Moyen-Orient ou à l'Afrique du nord, je n'en parle même pas puisque nous ne jouons pas dans la même catégorie.
Et nous avons pu entendre le couplet de l'automobiliste français qui s'amuse à jouer au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. Mais il y a une raison fondamentale. Les limitations de vitesse sont faites par les mairies et sont souvent tellement aberrantes que personne ne les respecte parce qu'elles ne sont pas respectables. Et c'est sans compter avec la multiplication de panneaux qui ne servent à rien. Combien de fois n'ai-ja pas vu en l'espace de cinq cents mètres un panneau 90, suivi d'un 70, puis d'un 50 et enfin d'un 30 km/h pour un virage sans aucun problème de visibilité et qu'on peut parfaitement passer sans risque au double de la limitation de vitesse ! Un seul panneau indiquant la vitesse finale ne nuirait pas à la lisibilité de la signalisation routière !
La seule solution que nos experts ont inventé, c'est l'interdiction des avertisseurs de radar et le retrait des panneaux d'avertissement préalable. C'est bien et parfaitement efficace. Les tachymètres étant précis à 10% près et réglés à -6 km/h de la vitesse réelle, il faudra donc rouler à 120 km/h au compteur pour être sûr de ne pas dépasser la vitesse limite sur un tronçon d'autoroute limité à 130 km/h. Par ailleurs, en cas le pluie, que se passera-t-il ? À partir de quand la limitation de vitesse sera-t-elle celle dite de pluie ? Lorsqu'il pleut ou lorsque la chaussée est mouillée ? Et comment définit-on la pluie ? Faudra-t-il installer un pluviomètre sur les véhicules ?
Mais si on n'entend pas trop parler de nouvelles sanctions d'infractions réellement dangereuses :
on voit que certaines infractions comme le non port de ceinture de sécurité sont plus lourdement sanctionnées. Pourtant, quel risque ferai-je courir à autrui si je n'attache pas cette fichue ceinture ? Et il ne faut pas oublier l'éthylomètre anti-démarrage. Dites, les experts, l'autoroute entre Paris et Brive est remplie de poids lourds qui déboulent à plus de 130 km/h alors que les limiteurs de vitesse sont censés couper l'alimentation du moteur à 85 km/h plus ou moins 5 km/h. Ils sont donc débridés. En combien de temps croyez-vous que ces éthylomètres enti-démarrage seront inactivés ?
Si vous vouliez réellement lutter contre l'insécurité routière, vous commenceriez par combattre les infractions réellement dangereuses, les comportements de certains automobilistes. Bizarrement, les comportements les plus dangereux qui m'aient été donnés de voir n'était pas dangereux en raison de leur vitesse. Certes, la vitesse est un facteur aggravant, mais ce n'est généralement pas la cause de l'accident.
Il paraît que vous entrons dans le siècle béni de l'écologie. La moindre des choses serait pour l'administration de montrer l'exemple. Pourtant, à l'heure de l'informatique toute puissante, j'ai l'impression que l'on croule de plus en plus sous le papier.
Cette semaine, j'ai dû remplir un formulaire de déclaration préalable de travaux. La déclaration préalable de travaux est la demande qu'il faut remplir pour tous travaux ne relevant pas d'un permis de construire. Dans mon cas, il s'agissait simplement de modifier un faîtage pour enlever un chéneau cause d'infiltration d'eau. J'avais donc demandé à la mairie de m'envoyer le document l'année dernière. Ce document se présentait comme un accordéon de papier avec papier carbone et double en papier pelure. Je ne savais pas qu'on utilisait encore le pelure d'éléphant, mais pourquoi pas. Cette année, avant de retourner ledit document à la mairie, j'appelle la secrétaire pour valider avec elle les pièces et elle me signale que le document Cerfa n'est plus le bon et qu'il faut télécharger sur le site du ministère de l'équipement le nouvel imprimé. Heureusement que je me suis préoccupé de ce document depuis Paris parce qu'au fin fond de la campagne, l'accès internet est au mieux en RTC à 33kbps. Pour télécharger un document PDF de plusieurs mégaoctets, c'est un peu limité…
Je télécharge donc ledit document, une vingtaine de pages qu'il me faut renvoyer en deux exemplaire au moins — cela peut aller à quatre dans des cas spécifiques — et dont les deux tiers ne me concernent pas mais qu'il faut tout de même remplir avec soin en signalant que ces pages sont hors de propos. Viennent alors les annexes qui sont du plus grand comique :
ces deux pièces étant demandées dans mon cas en sept exemplaires. Pourtant, la parcelle cadastrale étant la première information demandée sur l'imprimée et la mairie possédant ces plans, il me semblerait opportun d'éviter d'imprimer sept extraits des plans cadastraux et d'utiliser ceux qui se trouvent à la mairie. Même remarque quant au plan de situation.
Alors là, les bras m'en tombent. Si j'arrive sans trop de peine à fournir des photographies de l'état existant, il me semble assez difficile de fournir des photographies de l'état projeté pour voir l'impact de son insertion dans le paysage. Et franchement, au vu des aberrations architecturales construites par les paysans du cru, je ne suis pas vraiment sûr que les élus et l'équipement soient capables de juger du bien fondé d'une demande de travaux. À moins que lesdits paysans n'aient jamais demandé d'autorisation, ce qui est une autre hypothèse de travail qui se défend. En tout état de cause, si un homme du métier en a dessiné les plans, ils ne pouvaient sortir que du délire néogothique d'un architecte dément.
Je me suis donc retrouvé avec pas loin de cinq cents grammes de papier à envoyer par la poste à une mairie distante de quatre cent cinquante-deux kilomètres, le pli contenant plusieurs fois les mêmes pièces donc des photographies bricolées avec Gimp. La question qui fâche est maintenant de connaître le coût en carbone du montage de ce genre de dossier, ce coût incluant :
Lorsque je mets tout bout à bout, je commence à penser que le traitement de ce genre de dossiers pourrait être optimisé. À l'heure de l'informatique omnipotente et puisqu'il faut déjà récupérer les documents sur internet, on devrait pouvoir remplir directement sa demande sur les serveurs du ministère en attachant au dossier les quelques pièces demandées, le ministère se chargeant alors de la gestion du dossier et de son envoi électronique à tous les organismes intéressés. Nous n'en sommes pas encore là. L'informatisation du ministère ne lui sert qu'à faire des économies de papier, la charge de l'impression étant laissée à l'administré, et non à accélérer le traitement des dossiers ou à réduire son empreinte carbone.
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