Annecy a bu le bouillon

07.07.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit

Les jeux olympiques d'hiver ne menacent plus Annecy. Cette fête du dopage, du fric, de la pollution et de la construction d'installations éphémères et dégradables à mille lieues de ce que voulait Pierre de Coubertin — souvenez-vous d'Albertville 1992 et regardez bien l'état actuel des installations — ne se tiendra donc pas en France. C'est une victoire, un jour béni pour Annecy, son lac et sa région.

Les défenseurs du dossier d'Annecy péroraient partout en répétant à l'envi que ce dossier était très bon et ne souffrait d'aucune faille. Pourtant, sur les quatre-vingt-quinze voix à s'exprimer, Pyeongchang en a recueilli soixante-trois, Munich vingt-cinq et Annecy, seulement sept. Même si l'on admet qu'il puisse exister des compensations plus ou moins occultes et des raisons de basse politique, cela fait tout de même une seconde claque. Sept voix sur quatre-vingt-quinze, à peine plus de 7% des suffrages ! Annecy aurait pu perdre avec panache, là, c'est pathétique.

La question est donc de savoir comment ce dossier a été monté et surtout avec quels moyens. Car de deux choses l'une. Soit ce dossier était vouer à perdre et a été monté en tant que tel, soit Annecy voulait réellement l'emporter et les gens qui ont construit ce dossier n'étaient pas à la hauteur. Dans les deux cas, je doute fort que cette équipe ait travaillé gratuitement. Il serait donc intéressant de connaître le coût réel de cette campagne ainsi que le nom de tous ceux qui y ont participé directement ou indirectement. Disons pudiquement que cet argent dont une partie est tout de même de l'argent public, donc des fonds qui proviennent de nos impôts, heureux contribuables que nous sommes, a été bien utilisé et qu'il n'a pas été perdu pour tout le monde.

Mais tout n'est pas perdu. De nouveaux comités x ou machin vont pouvoir être créés dès aujourd'hui, avec d'anciens sportifs ou des hommes politiques dont personne ne sait plus que faire et qui doivent pourtant gagner leur pain quotidien. Cela vous a sans doute échappé, mais ce matin, j'ai entendu d'une oreille pas assez distraite que, pour laver l'affront, Nice, station de sports d'hivers bien connue et qui entend le rester, a posé sa candidature pour 2022. Je précise que je n'ai pas un esprit assez chagrin pour qualifier moi-même Nice de station de sports d'hivers. Le ridicule ne tuant malheureusement plus, un élu du lieu s'en est chargé.

Remarquez, une épreuve de curling sur la promenade des anglais, ça aurait vraiment de la gueule !

 

Perroquet

05.07.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de traiter avec des douaniers. Personnellement, j'ai eu cette chance à de nombreuses reprises et j'ai pu cotoyer de trop près la désuète organisation des douanes de certains pays, France comprise. L'anecdote qui va suivre est heureusement couverte par la prescription puisqu'elle s'est déroulée il y a largement plus de quinze ans à l'aéroport international d'Ivato, plus connu sous le nom d'aéroport d'Antananarivo, à Madagascar.

Travaillant sur les hauts plateaux de l'île rouge, au fin fond de la brousse et en contact étroit avec la population, j'ai reçu un certain nombre de cadeaux de remerciement, sans grande valeur autre que sentimentale. J'ai trouvé quelques autres produits que je souhaitais emporter avec moi. Problème, beaucoup d'entre eux, comme certains produits artisanaux, étaient interdit à l'exportation malgré leurs valeurs ridicules sauf s'ils étaient achetés dans des magasins spécialisés dits usines à touristes comme le marché artisanal de Tananarive. Je me voyais pourtant mal refuser des cadeaux de gens qui mangeaient à peine à leur faim ou les accepter puis m'en défaire avant de passer la douane. Ce n'était pas très moral.

Je devais donc passer la douane en évitant la casse pour des broutilles sachant qu'à l'époque, les bagages étaient systématiquement fouillés.

Sur le marché artisanal, j'ai trouvé une malle en osier de la dimension d'une malle-cabine. J'y ai mis tous mes effets qui prenaient du volume sans être trop lourds, donc toutes mes affaires sales. Je ne sais pas si vous avez déjà vécu au fond de la brousse. La poussière s'insinue partout et une chemise propre, dans une valise, ressort après une journée de transport dans un état de saleté tout à fait remarquable. Je n'ai donc pas eu besoin de forcer le trait. Chaussettes sales sur le dessus, de la malle en question émanait un fumet oscillant entre le Chanel N°5 et la chaussette de trois jours. À moins qu'il ne se fut agi de la même odeur que celle entourant une liasse de billets de 25000 francs malgaches…

Dans mon autre sac, j'ai installé ce qui était un peu plus lourd, mais sans l'être trop et j'ai meublé avec ce qui restait de ma trousse à pharmacie. Je voyage toujours dans ces pays avec une pharmacie complète — médicaments, seringues, aiguilles passe-partout, bref, avec tout ce qui est utile et qu'on ne trouve pas dans les hôpitaux du coin —, pharmacie que je laisse généralement et en grande partie à un médecin quelconque ou une organisation qui saura l'utiliser.

Mais ce n'était pas suffisant. J'avais encore à caser deux ou trois choses lourdes, mais alors très lourdes, comme un plateau de solitaire en marbre, deux ou trois pierres originales, un obectif de 500 mm reflex acheté chez un photographe de l'avenue de l'indépendance et deux ou trois autres babioles dont des pierres d'Antsirabe.

J'ai donc fait faire chez un tailleurs de la capitale une veste de reporter, le modèle solide avec des poches partout dont une grande dans le dos. J'ai mis tout ce que j'ai pu dans cette veste, dont le plateau de solitaire. Moi qui fait dans les 65 kg tout mouillé, je devais à ce moment-là en faire le double ! Et je me suis muni d'un perroquet avec son perchoir. Le modèle jaune et bleu amateur de cacahuètes et interdit à l'exportation. Ostensiblement, j'ai essayé de passer la douane avec ce perroquet, jouant le naïf.

Le douanier m'a immédiatement confisqué le perroquet, chose que j'attendais, a pris du temps pour remplir tous les formulaires idoines dont la contravention d'un montant ridicule que je lui ai naturellement réglée rubis sur l'ongle (si j'ose dire). Il a bien essayé aussi d'ouvrir ma malle, mais il n'a pas eu le courage d'explorer plus avant à l'odeur qui s'en dégageait.

Avec le recul, j'ai un peu honte de l'artifice, mais je ne vois toujours pas comment j'aurais pu faire autrement sans trahir les gens qui, malgré leur pauvreté, m'avaient accueilli au fin fond de la brousse.

 

Mon dealer a pris sa retraite

30.06.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Vous ne le savez peut-être pas, mais il y avait une boutique au 11 rue Rambuteau, dans le quatrième arrondissement de Paris, qui vallait vraiment le déplacement. On y trouvait un café exceptionnel à un prix normal, soit entre cinq et six euros pour deux cent cinquante grammes de maragogype ou d'Antigua. On pouvait aussi y déguster des expressos remarquables pour moins de la moitié du prix du robusta du cafetier voisin, lequel râlait assez pour concurrence déloyale.

Cette boutique qui tournait correctement a fermé définitivement ses portes le 25 juin dernier. La personne qui la tenait a pris sa retraite et malgré les recherches qu'elle a faites pour trouver un successeur depuis plusieurs années, malgré la clientèle qui était là, elle n'a pas réussi à trouver preneur.

Pour avoir discuté avec l'ancien propriétaire, le problème n'était pas un problème de prix de vente. C'était simplement un problème d'horaires de travail et de marges. À l'heure où des boutiques à bobo vendent du café souvent moyen, pour ne pas dire carrément médiocre, à des prix honteux, personne ne veut travailler dix heures par jour, six jours sur sept, pour une marge de 10% par paquet de café.

Dans quelques jours va s'ouvrir à sa place une n-ième boutique de fringues à la mode, ce qui est assez cocasse pour une boutique qui fait moins de trente mètres carrés. Un petit commerce de plus ferme et la boboïsation du quartier continue, quartier dans lequel il est d'ailleurs devenu impossible de trouver un bon café à un prix normal. À l'heure où les demandeurs d'emploi sont si nombreux, c'est réellement triste.

J'ai donc dû faire la tournée des vendeurs de café du centre de Paris et le résultat était — comment dire ? — pathétique. Entre les boîtes à bobo qui préfèrent l'étiquette sur le paquet parce que ça fait bien au contenant souvent médiocre voire imbuvable malgré son prix à la tasse, les torréfacteurs qui ne savent pas torréfier correctement et qui se cachent derrière les torréfactions à l'italienne — lorsque le café est trop cuit — ou à l'européenne — lorsqu'il ne l'est pas assez —, le choix est difficile voire cornélien. J'ai pourtant fini par trouver un torréfacteur à quatre stations de métro, rue de Belleville, qui connaît son métier, qui a encore des prix honnêtes et qui sait torréfier son café. Cerise sur le gâteau, il doit avoir un peu plus de quarante ans et vend aussi sur internet. Pour le prix d'un carnet de timbres, je vous donnerai son adresse. Les quelques années qui viennent devraient donc être assurées. Quand aux bobos du quatrième, qu'ils crèvent avec leur café infect, ils ne méritent que ça !

 

F5PBG

28.06.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Note préliminaire : la réponse au sieur F5PBG est faite sur ce blog car il poste sur usenet de façon qu'il suppose être anonyme des propos qui sont diffamants pour les utilisateurs de certains groupes. Il a cru bon de m'attaquer ouvertement après une réponse sur une histoire d'amplificateur Marantz sur fr.sci.electronique. Ayant d'autres choses à faire que de polluer ce qu'il reste d'Usenet, je lui fais une réponse ici. J'aurais pu lui faire une réponse privée, mais après tout, il m'insulte publiquement, je ne vois pas pourquoi ma défense devrait être privée. Toutes les informations de ce billet sont disponibles librement sur internet. Il faut moins de cinq minutes pour les trouver avec n'importe quel moteur de recherche. Ce billet n'a comme unique but que de lui faire comprendre, si c'est encore possible, que son anonymat est tout à fait relatif et qu'il ferait bien d'arrêter de jouer au plus fin, il pourrait avoir de gros problèmes assez rapidement. Je précise aussi que ses diffamations réitérées à mon égard ont été actées. Ont aussi été constatés son harcèlement et ses menaces.

Je dois dire aussi que non content de m'attaquer sur mes réponses, il s'est permis de m'attaquer sur mon physique qu'il ne connaît pas. Pourtant, contrairement à lui, je n'avance pas masqué et suis parfaitement identifiable. Il s'est permis aussi de s'en prendre à mon entreprise, à mes salariés et, ce qui est plus grave, à me diffamer auprès de mes fournisseurs qui n'ont strictement rien à voir là-dedans.

Ce papier, sur lequel il a un droit de réponse qu'il a largement utilisé, est la seule réponse que je puis faire à ce monsieur pour me défendre. Je le retirerai le jour où il s'excusera publiquement, c'est-à-dire dans les lieux mêmes où il a tenu des propos déplacés envers mes intérêts. Cela inclut bien entendu un courrier d'excuse à mes fournisseurs.

D'ici-là, je n'irai pas lui chercher des poux dans la tête, il n'en vaut pas la peine. Néanmoins, s'il est assez bête pour ouvrir les hostilités, il faut qu'il sache que j'ai déposé au moins une plainte (contre X) et plusieurs mains courantes à la suite de ses agissements. Il doit savoir aussi que ses messages et les courriels à mes fournisseurs sont précieusement archivés.

Je rappelle aussi ici l'arrêt de la Cour de Cassation du 30 janvier 2001 qui a replacé l'infraction de diffamation dans le cadre du droit commun et a fait une juste interprétation de l’article 65 de ladite loi, en l’appliquant à des injures et diffamations diffusées sur un site Internet. Les publications sur Internet sont soumises au délai de prescription de trois mois à compter de leur mise en ligne. En d'autres termes, les diffamations tenues par F5PBG à mon égard sont malheureusement aujourd'hui prescrites. Ne reste que sa bonne volonté pour effacer de Usenet et des sites d'archives tous les propos qu'il a tenu à mon égard et qui nuisent à mes intérêts.

Ce billet a été mis en ligne le 28 juin 2011 à 18h17, heure de Paris, en réaction aux écrits de F5PBG tenus à mon encontre depuis le 16 juin 2011 (ici ou , on n'est jamais trop prudent, des archives pourraient disparaître [ndlr. 24 avril 2012]) et à une usurpation d'identité sur fr.sci.electronique, malgré mes demandes réitérées de les voir cesser. Sa première réaction, sous la forme de réponse écrite à ce billet, date du 15 juillet 2011 à 19h32, heure de Paris, mais il a pris connaissance de la teneur de ce billet bien avant comme le montrent les fichiers journaux de mes serveurs.

« Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. »

Cette phrase de Michel Audiard illustre assez bien le radioamateur répondant au doux identifiant de F5PBG plus connu sous le nom de Ludo de Brest.

Darwin prétendait que l'évolution des espèces était le fruit du hasard et de la nécessité. F5PBG est réellement le fruit du hasard. Quant à sa nécessité, je ne suis pas sûr que le mot soit bien choisi. Un résumé du personnage se trouve ici. Pour être tout à fait exact, il doit faire partie du groupe des individus, toutes espèces confondues, qui sont et seront toujours inadaptées à leur environnement et qui seront vouées à disparaître à plus ou moins brève échéance. Ce n'est qu'une question de temps tant l'inaptitude est criante. Que l'évolution par ailleurs si efficace sur le long terme, puisqu'elle a permis en quelques milliards d'années de passer d'une soupe primitive dans laquelle barbotaient les ancêtres des amibes aux bipèdes comme vous et moi, puisse accoucher de temps en temps de tels individus me sidérera toujours.

Esquissons maintenant cet individu. Il prétend être sorti major d'un BTS du sud de la France en 1988 pour se retrouver à Brest, radio-amateur de son état, après avoir passé quelques années dans un sous-marin. Il sait donc tout sur tout puisqu'il est major de BTS. Il sait même tellement tout qu'il est persuadé qu'il est possible de faire des boucles de masses, à moins qu'il ne s'agisse de terres, sur des entrées optiques d'amplificateurs. Une telle découverte, c'est le Nobel de physique assuré ! Quant à sa connaissance de l'électronique, elle est très succinte puisqu'il n'arrive pas à faire la différence entre un souffle, une saturation voire le bip-bip du Spoutik s'il l'entendait. Il n'accepte surtout pas que des gens compétents lui fassent part de ses erreurs.

Sa technique est toujours la même. Poser une question à laquelle il est difficile de répondre avec le peu d'information qu'il donne. Il se trouve toujours une bonne âme pour lui répondre en se mettant à son niveau, puis, ne comprenant pas la réponse — vous ai-je dit qu'il était aussi non comprenant ? —, il se met à insulter copieusement les gens. Il s'étonne alors de recevoir des volées de bois vert. Et il repose inlassablement la même question espérant avoir une autre réponse au mépris des utilisateurs d'Usenet. Vous ai-je déjà dit qu'il utilise un proxy pour tenter de se rendre anonyme et qu'il n'en a rien à faire des utilisateurs d'Usenet qui subissent sa logorrhée verbale pour ne pas dire diarrhéique ? En fait, je suis convaincu qu'il se contrefiche totalement de sa question et que son attitude relève de la psychiatrie lourde. L'un des mes amis diagnotiquerait une maladie qui ne se soigne qu'à la chevrotine mais n'allons pas jusque là, je resterais pour ma part sur ma position qui consiste à dire qu'il est seul dans son coin — supporter un tel individu est au moins du domaine de la vocation voire du sacerdoce — et qu'il a besoin d'insulter le monde pour exister.

Ce qui est amusant, c'est qu'il croit être anonyme et que, sous couvert de son anonymat, il peut tout se permettre. Il n'a même pas conscience que son anonymat est tout relatif, le pauvre. Pourtant, il se permet de diffamer, diffamations qui pourraient donner un dépôt de plainte en bonne et due forme. Quelques extraits au passage prouvant même que non content de diffamer, cet individu ne sait même pas à qui il répond.

Il est tellement anonyme qu'il s'appelle Ludovic Vuillermet et habite à l'angle de la rue des Lilas et du boulevard des Acacias, à Plougastel-Daoulas. C'était au moins son adresse fin 2010. L'information est parfaitement publique, d'autant qu'elle émane de lui-même, et j'ai même un numéro de téléphone ainsi qu'une adresse de courrier électronique que je n'écrirais pas ici. Elle est d'autant plus valable qu'il s'agit d'une information qu'il donne de son plein gré. Mais écoutez plutôt ce monsieur, je vous laisse seuls juges. C'est à mourir de rire.

Source: Un OM du 16. Merci au site http://www.radioamateurs-online.fr

Nous voyons donc que la bêtise humaine est sans limite. Au moins cet individu est-il peut-être un imbécile heureux puisque l'intelligence est le seul outil qui permette à l'homme de mesurer l'étendue de son malheur.

 

Tour de passe-passe

26.06.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires, Je hais les financiers

Le 15 avril dernier, comme tous les ans, j'ai dû déposer mon bilan à mon centre des impôts. L'an passé a été terrible puisqu'il m'a fallu licencier tous mes salariés, non faut de travail, mais faute de financements et de concours bancaires, et surtout faute de pouvoir recouvrer des impayés, les tribunaux n'ayant pas pour habitude de faire dilligence. Il faut dire qu'il existe un nouveau sport national qui consiste pour des clients à payer des cabinets d'avocats non plus pour gagner mais pour faire traîner au maximum les procédures de recouvrement en se faisant de la trésorerie sur le dos des fournisseurs. Et si le fournisseur met la clef sous la porte entre temps, c'est tout bénéfice. Passons, mais il est triste qu'aucune voix ne s'élève contre ce scandale. En revanche, des voix pour dire que les tribunaux sont engorgés, il s'en trouve treize à la douzaine. Et par quoi sont-ils engorgés ? Réfléchissez un peu ! Plutôt que de combattre la conséquence d'un mal, il vaudrait mieux s'attaquer à la cause profonde.

Donc j'ai été contraint aux licenciements tout en croulant sous le travail, ce qui est tout de même assez remarquable pour être noté. Au vu de la trésorerie de mon entreprise, tendue à souhait, j'avais donc assez peur du résultat de cet année et particulièrement de la case déficit de la liasse fiscale. Le crédit est déjà assez dur lorsqu'une entreprise dégage du bénéfice, je n'ose même pas imaginer ce qu'il en est lorsqu'une entreprise accuse un déficit.

Pourtant, le chiffre indiqué sur la liasse fiscale dépassait les cent soixante mille euros. J'ai bien regardé à deux fois s'il n'y avait pas un signe moins quelque part. Même pas. Cent soixante mille euros parce que nous avons dû intégrer dans le bénéfice une ligne comptable qui porte le doux nom de production immobilisée. Ce n'est donc qu'une ligne comptable, mais cette ligne comptable ouvre une imposition au titre de l'impôt sur les sociétés assez conséquente.

Le paradoxe est donc le suivant. Les bilans des sociétés est artificiellement gonflé pour remonter l'imposition alors même qu'elles sont pour la plupart en difficulté. Le second effet est que les syndicats, prompts à dégaîner surtout lorsqu'il s'agit de dire des bêtises, croient dur comme fer que les poches des patrons de PME sont pleines et qu'il est largement le temps d'augmenter les salaires et de donner des primes. À l'heure où il est crucial de défendre l'emploi qu'il nous reste, il est suicidaire d'augmenter les salaires ou de verser des primes. L'emploi en France est principalement issu de l'activité des PME qui n'ont plus de trésorerie. Augmenter les salaires ou verser des primes reviendra à signer leurs arrêts de mort.

Pour enfoncer le clou, j'ai fait un calcul simple. Vous ai-je déjà dit que j'étais pervers ? J'ai pris les chiffres figurant sur mon bilan et je les ai tournés dans un peu tous les sens pour savoir, lorsque mon entreprise gagnait un euro, combien un salarié touchait réellement, une fois qu'il avait lui-même payé ses impôts sur le revenu ainsi que sa TVA et toutes les autres contributions auxquelles il était soumis, heureux contribuable qu'il est. Bizarrement, je n'ai vu ce calcul nulle part… Comme aucun expert ne s'était encore penché ouvertement sur ce problème, autant que je le fasse moi-même !

À partir de là, je demanderais aux plus fragiles de mes lecteurs de bien vouloir s'asseoir et aux parents d'éloigner les enfants de l'écran. Les informations qui suivent peuvent heurter les plus sensibles des communistes s'il en reste encore.

Donc prenons un euro toutes taxes comprises. On commence par rembourser la TVA, il en reste quatre-vingts centimes. Sur ces quatre-vingts centimes, il faut retirer le lieu de travail du salarié (12 m² au bas mot), le téléphone, ses frais de mission raisonnablement encadrés, les taxes diverses et variées (CSG, CRDS, TP, TA, tous les mois, c'est la fête pour le patron de PME), une partie du salaire de la secrétaire de direction (qui ne facture rien mais s'arrange pour que tout fonctionne), les frais informatiques, le comptable, l'expert-comptable, le commissaire aux comptes, les dépôts au greffe du tribunal, les assurances professionnelles diverses et, cerise sur le gâteaux, l'impôt sur les société, l'URSSAF, le pôle-emploi, les caisses de retraites complémentaires et les caisses de prévoyance cadre dont on se demande à quoi elles servent. Sur ce qui reste, le salarié paie encore des impôts et taxes (TVA, impôt sur le revenu, impôts locaux).

Tous calculs faits et pour une entreprise de cinq salariés, il reste à un salarié non cadre neuf centimes. À un cadre, à peine plus de six centimes. Les trois quarts (à quelques pouillèmes près) de l'euro initial reviennent directement ou indirectement à l'état. Cela revient donc à dire que si l'on décide de mettre le SMIC à 1500 € net, d'augmenter les taxes des entreprises — une deuxième, parce que gageons que ce ne sera pas la dernière, journée de solidarité pointe son nez — ou simplement de décréter qu'il faut donner des primes, l'immense majorité des PME se mettra en cessation des paiements.

Mais c'est toujours pareil. Un salarié, à plus forte raison un syndicaliste, ne regarde que la colonne charges salariales sur sa fiche de paie. Pour qu'il ait ne serait-ce qu'une idée un peu plus exacte de ce qu'il coûte réellement à une entreprise, il serait peut-être bon de régler aux salariés l'équivalent du salaire brut augmenté des charges patronales, charge à lui de les reverser aux différents organismes de collecte. Dans un second temps, on pourrait rajouter à son salaire les différents coûts annexes et lui faire payer son téléphone, la location de son bureau et j'en passe !

 

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