Ce soir, boulevard Hausmann, je me suis fait arrêter par des quêteurs de l'association Médecins du monde. Un peu plus loin, par ceux de la Croix Rouge. Je dois avoir une tête qui leur est sympathique, car à chaque fois, parmi toutes les personnes qui m'entouraient, j'étais le seul à être importuné.
Et pourtant, je ne suis pas un bon client pour toutes ces organisations. Je ne suis pas un bon client parce que je me suis occupé durant plusieurs années d'aide technique pour une assocation qui s'appelle Ingénieurs sans frontières et qui m'a envoyé, non à Colombey voir s'il y a deux églises, mais sur les hauts plateaux malgaches. Devenu broussard, j'ai ainsi pu voir moi-même comment les fonds récoltés par les associations d'aide humanitaire de tous poils — je n'en vise aucune en particulier — était bien utilisés.
Je passerai sous silence le sac de riz de Bernard Kouchner. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de faire cuire du riz, le moins cher donc non précuit, au milieu du désert. Il faut de l'eau relativement propre, déjà, ce n'est pas gagné, mais aussi du bois, du charbon ou tout autre source d'énergie pour faire bouillir cette eau pendant une trentaine de minutes. Autant dire qu'au milieu du désert, c'est assez difficile. Et même si l'on n'était plus au milieu du désert, il faut tout de même remarquer que les mêmes associations luttent de toutes leurs forces contre la déforestation. Il faudrait rester un minimum cohérent. Je passerai sous silence ce sac de riz parce qu'il n'était qu'une campagne de communication et non une aide humanitaire, sauf si le fait de nourrir les rats africains relève de l'aide humanitaire. Vous me direz que l'africain peut chasser le rat engraissé par le riz même si le rendement de l'opération est mauvais. Vous avez donc plus mauvais esprit que moi.
En revanche, j'ai vu un certain nombre d'actions de ces organismes. Les volontaires font ce qu'on leur demande, sont pleins de bonne volonté, mais cette bonne volonté est tout sauf bien utilisée. Après un cyclone, l'une de ces association est venue avec des lits de camp et des couvertures, achetées à grands frais, pour les donner à des gens qui dorment sur des nattes à même le sol et qui produisent leurs propres couvertures de laine, mettant alors les fabricants de couvertures sur la paille. Mais il n'y a pas encore mort d'homme. Ce qui m'a fait me révolter contre ces organisations, pourtant, c'est un simple fait. Je m'en souviens comme si c'était hier.
Nous sommes en juillet 1995, à Ambolotara — qui se prononce Amboultar, le malgache, c'est facile, c'est comme la langue des shadoks ou l'anglais, ça ne se prononce pas comme ça s'écrit. Ce matin, en me levant, je m'aperçois qu'il a neigé. Pourtant, il me fallait descendre à Antsirabe (Antsirabé), deux heures de route en temps normal par la piste de Betafo (Bétaf). Pour éviter de verser dans un ravin car nous sommes tout de même dans les montagnes à pas loin de 2000 m d'altitude, mon chauffeur suggère d'attendre que la température monte un peu. Et nous voyons arriver une famille : le père, la mère et deux enfants, un garçon qui avait une huitaine d'années et une fillette bien plus jeune. En discutant avec les parents, nous apprenons qu'elle avait quatre ans et demi et qu'elle était malade. Les parents voulaient emmener la fillette à la clinique des sœurs à Antsirabe. Notre véhicule étant un peu spartiate — un antique 4x4 Toyota —, nous nous entassons tous et je prends la fillette sur mes genoux. Je ne suis pas médecin, mais j'ai rapidement compris que le problème de cette enfant était un méningocoque. Au bout de quelques kilomètres, elle est morte sur mes genoux et les parents sont rentrés chez eux sans faire examiner le frère. Je n'ai plus jamais vu cette famille et ne sais pas ce qu'il est advenu. Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé. Voir un adulte mourir, ce n'est pas simple. Mais voir une enfant de cet âge mourir sur ses genoux après avoir vu passer ces associations pour des campagnes de vaccination ubuesques, c'est juste révoltant.
C'est révoltant parce ces enfants ont tous été vaccinés contre la rougeole, la rubéole et les oreillons (en primo-vaccination, parce que je ne suis pas réellement sûr que les rappels aient été faits) et que ces maladies, si elles sont parfois mortelles, sont relativement bien connues et soignées même au fond de la brousse. Ce n'est pas le cas de la méningite. C'este révoltant, parce que ces vaccins étaient au moins à l'époque des vaccins vivants qu'il fallait conserver à moins de 4°C (après huit heures de brousse, ça me fait sourire) à moins de les tuer et que chaque dose coûtait 180 FF. À titre de comparaison, un vaccin contre les méningites A et C revient à 0,01 FF la dose (prix de la dose de vaccin fournie par Mérieux lors d'une campagne à la fin des années 1980 au Brésil. Voir pour cela un ancien numéro du Rotarien dont j'ai oublié les références.). Accessoirement, ce vaccin est un vaccin mort et peut se conserver à température ambiante.
Donc les quêteurs de toutes obédiences humanitaires, passez votre chemin. Et surtout, ne jouez pas avec les sentiments et la mauvaise conscience des gens !
Certains jours, je me surprends à penser que le hasard fait vraiment mal les choses. Je vais devoir relire une thèse d'histoire et qui dit relecture dit immédiatement modification de la forme. Je ne pense pas être compétent pour le fond. Et il s'avère que cette thèse est rédigée avec un outil épatant qui porte le doux nom de LaTeX. Pour ceux qui ne le sauraient pas, LaTeX n'est pas une matière servant à créer des pneus et des accessoires vendus dans des magasins spécialisés. C'est un ensemble de macros écrites au dessus de TeX, une création de dieu, et permettant d'écrire un texte au kilomètre en séparant la forme du fond. C'est infiniment plus efficace que l'ignoble Word fonctionnant uniquement sur l'inénarrable Ouïndowzerie et produisant des fichiers biodégradables.
Après avoir dérouillé mes signes de correction typographique avec les deleatur, vertatur et autres joyeusetés, il fallait aussi que je prépare deux ou trois outils pour aider à la mise en page :
La gestion des chasses verticales est la pire. En typographie, il nous arrive de tricher avec des fleurons que nous appelons aussi vignettes. Lorsque ces fleurons se situent entre deux paragraphes pour éviter une chasse verticale trop importante et désagréable, ils prennent le nom de culs-de-lampe. Ainsi, tous les culs-de-lampe sont des fleurons, mais la réciproque n'est pas vraie.
J'ai donc dû chercher sur mon moteur de recherche favori une fonte casseau, c'est-à-dire incomplète au sens typographique du terme, et contenant des culs-de-lampe. Naïvement, j'ai recherché "LaTeX cul-de-lampe"… Je ne sais pas si vous voyez bien ce qui peut sortir d'une telle requête ! Il y a des jours où l'on se sent un peu seul…
Mercredi dernier, je me suis fendu d'un courrier au centre des impôts des entreprises car je n'avais pas reçu mon imprimé de relevé d'acompte de TVA au titre du second trimestre 2011.
Je dois dire, pour être tout à fait honnête, que cet imprimé était arrivé à une mauvaise adresse le 10 juillet dernier. En effet, je rembourse la TVA au titre de mon entreprise et au titre de mes activités libérales, ce qui semble défriser le fisc qui n'arrive pas à comprendre que les imprimés de TVA de mon entreprise doivent arriver au siège social de mon entreprise et que les imprimés concernant mes propres remboursements de TVA doivent arriver à mon siège social à moi qui est chez moi.
Une chose, cependant, me dérange. Les imprimés de déclaration mensuelle de TVA pour mon entreprise arrivent un mois au moins avant la date d'exigibilité alors que j'utilise leur système informatique pour télédéclarer depuis des lustres. Mais pour moi qui déclare trimestriellement, cet imprimé est arrivé moins d'une semaine avant cette date d'exigibilité. Qui plus est, il est impossible de contester un envoi tardif de la part de l'administration car, pour qu'il fasse foi, il faudrait encore que le cachet de la poste figure sur l'envoi. Je ne sais pas si vous avez déjà regardé de près l'enveloppe plastifiée qui contient les documents des impôts, mais le cachet de la poste n'y figure pas. C'est d'ailleurs un véritable scandale puisqu'il est impossible de savoir quand un document a été remi à la poste.
Et qu'on ne me dise surtout pas qu'il n'y figure pas parce que l'encre ne tient pas sur l'enveloppe plastifiée, puisque les revues que je reçois régulièrement possèdent les mêmes enveloppes et que, sur ces dernières, le cachet de la poste est parfaitement visible.
Que ce serait-il passé si je n'avais pas trouvé ce document à temps ? Je suppose que la première réaction des impôts aurait été de faire une taxation d'office avec une pénalité de 10% au passage. Et comment aurais-je pu prouver ma bonne foi et le fait que ce document n'a pas été envoyé en temps et en heure ? La réponse est simple : je n'aurais pas pu.
Et je me serais certainement entendu dire que, pour que ce problème n'arrive pas, il suffit d'utiliser la télédéclaration. Sauf que je ne le veux pas car il s'agit de relevés d'acomptes — qu'il faut toujours corriger car il ne s'agit que d'une estimation de la TVA et non de TVA réelle — et qu'il est toujours bien d'avoir une version papier de ses déclarations.
Les techniques publicitaires du petit commerce de proximité me laisseront toujours pantois. À moins qu'il ne s'agisse de la bêtise crasse du chaland. Il y a quelques jours, souvenez-vous, j'écrivais un papier sur le départ à la retraite de mon dealer. Il s'agissait d'une métaphore et d'un petit marchand de café de la rue Rambuteau, à Paris. Tiens, un zeugme…
Visiblement, le quartier de Belleville, à Paris, comporte un assez grand nombre de toxicomanes et ceux-ci sont actuellement à la recherche de drogues diverses et variées pour passer l'été, leurs fournisseurs habituels de matière toxique étant certainement au vert s'ils ne sont pas à l'ombre.
En effet, depuis deux jours, j'ai un nombre assez impressionnant de requêtes sur ce blog qui arrivent depuis google.fr avec la requête suivante : dealer belleville. Ces requêtes arrivent de machines différentes, principalement de chez Free d'ailleurs, les adresses IP n'étant même pas bricolées par un proxy.
Je ne sais pas ce que vous feriez, mais moi, si j'avais à rechercher un dealer à Belleville, je ne le chercherais pas sur internet. D'un autre côté, si j'étais le dealer en question, je ne m'en vanterais pas vraiment non plus sur internet. Il y a donc deux conclusions immédiates. Soit le dealer est un individu particulièrement idiot, soit la drogue que s'injecte le client attaque sérieusement le cerveau pour qu'il en soit à croire que le dealer tient boutique sur le net.
Remarquez, si tous les dealers de France et de Navarre possédaient une boutique en ligne, cela simplifierait grandement les tâches de la police des stupéfiants.
Je dois avoir un assureur bizarre. Il me refuse, à moins de payer une prime d'assurance quatre fois supérieure à ma prime actuelle, le droit de rouler dans Paris en DS. En revanche, cela ne semble pas être le cas de tout le monde. En effet, ce soir vers 17h15, à la station Marcel Sembat de Boulogne-Billancourt, quelle n'a pas été ma surprise de voir démarrer au feu pour se ruer vers la porte de Saint Clou — ou plutôt décoller — une antique Bugatti de type 35 ou 51 dans sa livrée bleue azur. Je ne suis pas bien sûr du modèle, le temps de comprendre l'engin était déjà passé, mais c'était une voiture approchante, en modèle sport, sans pare-choc avant ni arrière.
Une folie furieuse dans la circulation d'une heure de pointe !
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