Vous avez certainement entendu parler de la fameuse taxe soda, nouveau grand machin sorti du cerveau d'un membre d'un quelconque cabinet de ministère. Il s'agit ni plus ni moins de résoudre en même temps les problèmes liées à la dette de la France et à l'obésité de ses habitants en taxant toute boisson qui contient du sucre.
Pour vous informer, j'ai essayé de trouver le montant de la taxe. La seule information que j'ai trouvée émane d'un rapport sénatorial de 2006 qui tentait de montrer qu'il fallait taxer ces boissons à hauteur de 1%, rapport qui a été enterré car jugé à l'époque impopulaire. Considérons que ce chiffre de 1% correspond à ce que Bercy est en train de nous concocter. Le litre d'un soda quelconque risque donc d'augmenter d'un ou deux centimes, ce qui est ridicule et ne permettra de rapporter que 120 millions d'euros par an. Pour fixer les idées, 120 millions d'euros, ce n'est que cinq heures du budget de l'état au rythme du premier trimestre de 2011. C'est donc une mesure qui va nous sauver.
Par ailleurs, je ne vois pas l'intoxiqué de base renoncer à son soda préféré parce qu'il y aura une taxe de deux centimes par bouteille. Pour être réellement efficace, l'augmentation de prix devrait être tangible. Et ce n'est pas tout. Le Monde note des motivations contradictoires :
Les professionnels de la santé interrogent les motifs de cette taxation surprise. Indiscutables, les objectifs de santé publique et d'économie budgétaire paraissent toutefois irréconciliables. L'économiste Pierre Combris, directeur de recherche à l'INRA, juge le raisonnement du gouvernement illogique : " Si l'on atteint l'objectif de réduction du déficit, c'est qu'on aura collecté beaucoup d'impôts, parce que les gens auront consommé beaucoup de produits sucrés. Et l'objectif de lutte contre l'obésité sera raté. A l'inverse, si l'on atteint l'objectif de santé publique, cela voudra dire que les Français auront diminué leur consommation de sucres. Et si les gens consomment moins, mécaniquement, l'Etat recueille moins de taxes. "
Singulier pari donc que d'espérer générer 120 millions d'euros de recettes supplémentaires dans les caisses de la sécurité sociale, tout en faisant perdre des kilos aux Français. Le gouvernement veut-il mettre le pays à la diète, "qu'il aille jusqu'au bout de son idée", soutient Thérèse Libert, vice-présidente de l'Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN). "Quitte à taxer les aliments facteurs d'obésité, pourquoi se limiter au sodas et ne pas s'attaquer aux chips, à la charcuterie, ou à la mayonnaise ?" A moins d'inverser le raisonnement : "pour lutter efficacement contre l'obésité, mieux vaudrait réduire le prix des produits sains, les fruits, les légumes, le poisson plutôt que de taxer les produits sucrés", suggère Thérèse Libert.
Et l'on ne parle pas encore des dégats collatéraux. Imaginez seulement le manque-à-gagner pour les dentistes, certains de ces sodas affichant crânement à la fois un pH de moins de 1 très efficace pour faire des trous dans les dents et une charge de sucre à transformer en betterave un diabétique…
Nous vivons une époque moderne et il est grand temps de passer un coup de varlope sur les niches fiscales. Il en est une qui concerne les résidences secondaires qui comme tout le monde le sait ne sont que l'apanage des nantis. Personnellement, je suis l'heureux propriétaire d'une ruine achetée à l'époque où je travaillais en province. Enfin, c'était avant que le patron ne se fasse la belle avec la caisse et que je sois contraint de retourner à Paris…
Donc ma résidence principale, en travaux, est devenue une résidence secondaire. Je ne sais pas si vous me suivez. J'ai bien essayé de la vendre, mais avec les campagnes de défiscalisation pour la construction de logements neufs, pour la plupart vacants, elle a perdu la moitié de sa valeur et je suis contraint de la garder comme maison de campagne. Au moins est-elle réellement à la campagne et non en ville, c'est déjà ça de gagné !
Il faut donc ponctionner les gens qui possèdent une maison de vacances lorsqu'ils font une plus-value à la revente. Du moins est-ce ce que les journalistes ont cru bon de répéter. En fait, il ne s'agit pas de résidence secondaire, mais de tout bien immobilier qui n'est pas sa résidence principale. C'est un peu différent puisque cela va du verger à la résidence secondaire en passant par les appartements mis en location. Et la plus value sera calculée comme suit : valeur de revente moins valeur d'achat augmentée de l'inflation. En regardant bien, on pourra enlever de la somme 15% au titre de l'entretien, même si l'état d'achat était celui de ruine et l'état de vente, celui d'une propriété en parfait état, ce qui est généralement le cas pour les maisons de campagne.
Il y aura donc au moins deux effets pervers. Le premier est que plus personne n'investira dans la pierre puisqu'il sera beaucoup plus intéressant de placer son argent sur des comptes à terme. Le second est qu'il va y avoir des tas de dessous de table, personne ne voulant payer plus de 30% d'impôt au titre de la plus-value immobilière.
Les lobbies s'en étant inquiétés, le gouvernement a revu sa copie en indiquant que cette taxe ne sera exigée que pour les biens qui seraient gardés moins de trente ans. C'est parfait, mais c'est juste un effet de manche. D'après les statistiques de la même FNAIM, les bien immobiliers qui ne sont pas des résidences principales ne sont que rarement gardés plus de trente ans par le même propriétaire.
J'ai eu l'occasion d'entendre la semaine passée sur France Inter une émission dans laquelle un invité faisait l'éloge d'Apple. C'était un exercice de style tant il prenait la défense contre vents et marées de la marque à la pomme et vouait un culte à Steve Jobs. Il allait jusqu'à prétendre que son remplaçant était un incapable et n'arriverait pas à la cheville de son illustre prédécesseur.
Et ce qui devait arriver arriva. Un auditeur a brutalement mis les pieds dans le plat en notant que dans le matériel estampillé Apple, les batteries n'étaient pas amovibles et qu'il fallait soit passer par le service après-vente officiel de la marque soit remplacer le matériel vu le prix du changement de la batterie si celui-ci n'était plus couvert par une quelconque garantie.
Nous avons alors pu assister à une superbe séance de rattrapage aux branches en direct sur l'antenne. C'était beau et presque jésuistique. Entendre quelqu'un prétendre qu'Apple avait fait cela dans le seul but de protéger l'environnement pour éviter que les batteries ne terminent dans la nature sans être recyclée était un immense moment de radiophonie qu'il faut à tout prix conserver pour les générations futures.
Je ne vois pas ce qui empêche les iPhones, iPads et autres iBidules en plastique de terminer dans une poubelle avec leur batterie lorsque l'appareil n'est pas jugé économiquement réparable par son propriétaire. Je ne vois pas non plus, mais ça doit être dû à mon esprit chagrin, l'intérêt de ne pas pouvoir débrancher une batterie d'iBook lorsque le Mac fonctionne sur secteur. Peut-être est-ce fait dans le but de fragiliser cette batterie ?
L'argument était toujours le même : c'est pour que Apple puisse récupérer les batteries. Et pourtant, cet argument est spécieux. Rien n'empêcherait Apple de faire comme Sony, de tatouer ses batteries pour que les seules batteries fonctionnelles dans les iMachins soient fabriquées par Apple. Rien n'empêcherait Apple de consigner ses batteries ou de n'en vendre une qu'à partir du moment où le client lui rapporte la batterie hors d'usage. En fait, plus je réfléchis, moins je ne vois de justification au fait d'avoir une batterie inamovible sur un appareil électronique.
Remarquez, le problème est le même avec les baladeurs numériques. Les premiers n'avaient pas de mémoire interne et demandaient une carte mémoire. Lorsque la mémoire flash tombait en panne (c'est le premier truc à tomber en panne avec la batterie), on changeait la carte en gardant l'appareil. Là, aujourd'hui, lorsque la batterie tombe en panne ou que la mémoire flash flanche, on change le tout. Et sous couvert d'écologie. C'est vraiment beau, le progrès !
Après quelques jours passés à un jet de pierre de Paris oublié par les fournisseurs d'accès internet, je reprends l'écriture de mes notes. J'en ai quelques unes en préparation. La première sera pour la crise de la dette puisque nous n'avons entendu que cela au courant du mois d'août. J'avoue, vers la fin, on a vaguement entendu parler de la Libye qui risque de passer d'un pouvoir hégémonique à un autre si on prend la peine de regarder de près la composition du Conseil National de Transition.
Donc revenons à la crise de la dette. L'obsession du gouvernement français est de ne pas perdre sa notation triple A. Pour cela, il fait feu de tout bois. Tout y passe : la défiscalisation partielle des emplois à domicile, l'augmentation de la TVA sur certains produits, l'augmentation de la CSG, une taxe exceptionnelle sur les plus riches d'entre nous et j'en passe. Et de quoi reparle-t-on ? De l'ISF… J'ai toujours trouvé très bête de taxer le patrimoine. Que l'on taxe plus lourdement les revenus me semblerait déjà plus intelligent. La plus haute tranche d'impôt sur le revenu était en France supérieure de 50% en 1980 à ce qu'elle est actuellement et tout le monde trouvait cela normal. Pourquoi avoir créé un impôt aberrant comme l'ISF qui met des contribuables dans des situations ubuesque puisque sans le bouclier fiscal tant décrié leur contribution au titre de l'ISF peut dépasser l'ensemble de leurs revenus annuels ? Et qu'on ne me dise surtout pas que ce sont des cas marginaux, cela arrive très vite lorsque vous êtes agriculteur et que vous avez un terrain bien placé, au hasard sur l'Île-de-Ré.
Donc on ponctionne un peu plus. On ponctionne un peu plus d'une dizaine de milliards d'euros sur l'exercice courant et 2012. Or, l'INSEE, cet organisme tant décrié parce qu'il ose publier des chiffres, nous annonce que la dette publique a augmenté de 54,9 milliards d’euros entre le 4e trimestre 2010 et le 1er trimestre 2011. Si l'on considère qu'un trimestre fait trois mois, cela nous fait donc une augmentation du trou de pas loin de 600 millions d'euros par jour, week-ends et jours fériés compris. Je vous fais grâce du calcul de la charge des intérêts. La ponction supplémentaire de quatorze milliards ne suffira donc qu'à couvrir un peu plus de trois semaines de dépenses, ce qui est totalement insuffisant. Il est vrai que lorsque qu'on parle de quatorze milliards d'euros, cela impressionne le contribuable de base. Mais il faut lui parler avec une unité de grandeur qu'il comprend et si le gouvernement lui avait dit que ces quatorze milliards d'euros ne suffiraient que pour trois semaines de dépenses courantes de fonctionnement, il aurait compris que ce n'était qu'une goutte dans un puits sans fond et que le gouvernement se moquait un peu de lui.
Il est grand temps de regarder la situation en face. Le triple A de la France est usurpé et il faut s'en convaincre et agir en conséquence. Plus l'état attendra, plus la pilule sera amère à avaler. Il n'est plus temps d'augmenter les impôts, il est urgent de réduire les dépenses. Je n'ai a priori rien contre les fonctionnaires, mais il faut rappeler que la France entretient 90 fonctionnaires pour 1000 habitants là où l'Allemagne n'en a que 50. La part des salaires des fonctionnaires dans le PIB français est de 15,5 % contre 7 % pour l'Allemagne (chiffres de 2008) et je ne suis pas convaincu que l'Allemagne soit un pays sous-administré. Par ailleurs, contrairement à ce que pérore le gouvernement, le nombre des fonctionnaires ne cesse d'augmenter comme le signale un rapport de 2008 de la Cour des Comptes :
Un Français sur cinq est employé dans l’une des trois fonctions publiques.
D’après la Cour, au début de l’année 2008, les trois fonctions publiques (État, collectivités territoriales et hôpitaux) employaient au total 5,3 millions d’agents, dont près de la moitié (2,5 millions) pour l’État.
Cela représente un peu plus de 20 % de l’emploi total en France. Pour son personnel, l’État dépense aujourd’hui deux fois plus qu’en 1980 soit environ 48 % de son budget, c’est-à-dire 15,5 % du PIB.
Or, contrairement à la légende gouvernementale, toutes les fonctions publiques ont progressé : la fonction publique territoriale a augmenté de 71,2 % depuis 1980, la fonction publique hospitalière de 53,4 % et la fonction publique d’État de… 14,3 %. Pas de répit donc pour l’augmentation du nombre de fonctionnaires.
Mais il faut tenir compte de 2 millions de salariés payés par les contribuables
En fixant le nombre de fonctionnaires à 5,2 millions, la Cour passe sous silence tous les salariés qui ne relèvent pas de la fonction publique au sens strict, mais qui sont payés par les pouvoirs publics sans avoir le statut de fonctionnaires. Or, ils sont très nombreux tous ces agents rémunérés par l’État, les organismes publics ou parapublics et les entreprises publiques. Leur recensement a été fait par un rapport passé inaperçu : le rapport annuel sur l’état de la fonction publique publié en 2007 par le Conseil supérieur de la fonction publique de l’État.
Si l’on comptabilise tous les salariés rémunérés avec l’argent public, fonctionnaires ou pas, le total atteint environ 6,9 millions de personnes soit 26 % de la population active française. C’est donc un Français sur quatre qui appartient au secteur public. Sur ces quelque 2 millions de personnes hors fonction publique, environ 712 000 sont des agents des entreprises publiques (Poste, RATP, SNCF, etc..) et 700 000 autres travaillent dans des organismes privés à financement public (associations, enseignement privé, organismes de protection sociale, etc.). Tous ces employés dépendent de l’argent des contribuables autant pour leurs salaires que pour leur retraites.
Ces chiffres donnent le vertige puisqu'il représentent le premier poste des dépenses du budget de l'état. Naturellement, il faut des fonctionnaires, mais qu'on les mette là où on en a besoin. La fonction publique est écartelée entre des agents surchargés qui ne savent plus où donner de la tête et d'autres qui ne font rien de leurs journées parce qu'ils ont des postes statutaires. Le seul moyen d'en sortir est de contractualiser cette fonction publique, c'est-à-dire de se permettre de licencier les agents lorsque leur poste ne sert plus à rien. Il ne s'agit pas de ne pas reconduire des postes d'agents partant à la retraite, mais de redéployer ces agents, qu'ils le veuillent ou non comme le ferait une entreprise. Cela permettrait de limiter le nombre de fonctionnaires tout en augmentant leur efficacité pour le bénéfice de tous. Et on éviterait que près de la moitié du budget de l'état passe en rétribution d'agents. Cette seule mesure de bon sens permettrait de s'en sortir.
Au lieu de cela, que fait-on ? On rogne les niches fiscales en espérant rogner assez pour boucler le budget de 2012. Bercy ne devrait pas oublier que dans chaque niche, il y a un chien, et qu'il risque par mordre !
L'annonce n'a pas fait grand bruit d'autant qu'elle a eu lieu à un moment où la France se préparait à aller en vacances. Je livre à votre sagacité l'extrait du Journal Officiel de la République Française du 28 juin dernier.
JORF n°0148 du 28 juin 2011
Texte n°11
DECISION
Décision du 24 juin 2011 consécutive au débat public sur le projet d’accélération de la mise à 2 × 2 voies de la route Centre Europe Atlantique entre Montmarault et Mâcon―Chalon-sur-Saône par mise en concession autoroutière
NOR: DEVT1117089S
La ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement et le secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, chargé des transports,
Vu le code de l’environnement, notamment ses articles L. 121-1 à L. 121-15 et R. 121-1 à R. 121-16 ;
Vu la loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, et notamment son article 16 ;
Vu la loi du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement ;
Vu la décision du 7 avril 2010 de la Commission nationale du débat public d’organiser un débat public sur le projet d’accélération de la mise à 2 × 2 voies de la route Centre Europe Atlantique par mise en concession autoroutière ;
Vu le bilan dressé par le président de la Commission nationale du débat public ainsi que le compte rendu établi par la présidente de la commission particulière du débat public publiés le 29 mars 2011 ;
Considérant :
― que le projet d’accélération de la mise à 2 × 2 voies de la RCEA entre Montmarault (Allier) et Mâcon―Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) a fait l’objet d’un débat public du 4 novembre 2010 au 4 février 2011 ; que ce débat a permis l’expression d’une grande pluralité de points de vue ;
― que le débat a permis de rappeler que la RCEA assure une fonction majeure d’axe de transit national et international, notamment poids lourds ;
― que le débat a permis de rappeler que la RCEA dessert un territoire hébergeant d’importantes entreprises industrielles ainsi qu’un large tissu de PME ;
― que le débat a fait ressortir un large consensus sur la nécessité de réaliser dans les meilleurs délais, notamment pour des questions de sécurité ainsi que de développement local, l’achèvement de l’aménagement des sections concernées ;
― que le débat a mis en lumière des différences d’usage de la RCEA pour les déplacements locaux dans l’Allier et en Saône-et-Loire ;
― que le débat a fait ressortir une attente forte que l’aménagement de l’infrastructure conserve à la RCEA son rôle de desserte locale et s’accompagne du maintien des échangeurs existants ;
― que le débat a fait apparaître des interrogations sur les conséquences qu’une mise en concession des sections concernées pourrait avoir sur l’utilisation de l’infrastructure pour le trafic local, notamment dans les secteurs où il n’existe pas d’itinéraires de substitution satisfaisants ;
― que le débat a fait ressortir la nécessité de mettre en œuvre des mesures visant à renforcer la sécurité de l’axe sans attendre un aménagement à 2 × 2 voies ;
― que des propositions alternatives de financement ont été évoquées lors du débat sans qu’il soit possible de démontrer que ces propositions permettraient d’assurer à un coût supportable pour la collectivité publique la réalisation et l’exploitation ultérieure du projet attendu dans l’Allier et en Saône-et-Loire ;
― que le débat a mis en évidence que l’aménagement de la RCEA permettra d’améliorer le niveau de protection phonique des riverains de la voie, les dispositifs de protection des eaux et l’intégration environnementale de l’infrastructure,
Décident :
Article 1
Le principe de l’accélération de la mise à 2 × 2 voies de la RCEA dans l’Allier et en Saône-et-Loire sur ses sections Montmarault―Paray-le-Monial, Paray-le-Monial―Ciry-le-Noble et Paray-le-Monial―Mâcon, par mise en concession autoroutière, est retenu. Les études préalables à la déclaration d’utilité publique seront menées en ce sens.
Article 2
Le projet sera conduit de façon à optimiser l’utilisation de l’infrastructure pour les déplacements locaux, dans le respect des règles juridiques et des équilibres financiers requis. Le nombre et la localisation des barrières de péage et des échangeurs ou encore les modalités de tarification avec le recours au péage ouvert et la possibilité d’introduire une franchise kilométrique seront notamment examinés dans cette perspective.
Article 3
Le projet sera conduit en cohérence avec les politiques de développement et d’aménagement du territoire portées par l’Etat et les acteurs locaux concernés.
Il devra intégrer :
― des modalités de préservation ou de protection des milieux naturels et des espèces, et notamment les mesures nécessaires pour éviter, réduire et, le cas échéant, compenser les atteintes aux continuités écologiques ;
― des modalités de préservation et de valorisation des paysages ainsi que d’intégration paysagère du projet ;
― des modalités de préservation ou de protection de l’eau et des milieux aquatiques (qualité des eaux, transparence hydraulique...) ;
― des modalités de limitation des nuisances sonores engendrées par l’aménagement afin de respecter les seuils réglementaires ;
― un bilan des émissions de gaz à effet de serre.
Article 4
La maîtrise d’ouvrage définira en concertation avec les principaux acteurs locaux concernés un programme de mesures à prendre à court terme en attendant la réalisation de l’aménagement, afin de répondre à l’urgence d’amélioration de la sécurité de l’axe. Ce programme devra tenir compte du futur aménagement de l’infrastructure.
Article 5
Un comité de suivi du projet sera mis en place sous l’égide du préfet de la région Auvergne, désigné préfet coordonnateur du projet. Ce comité de suivi associera les services de l’Etat, les représentants des collectivités territoriales concernées, les représentants du milieu économique, notamment les agriculteurs, les représentants syndicaux, les associations, notamment de protection de l’environnement.
Article 6
La concertation et l’information du public seront poursuivies sous l’égide d’un garant que le maître d’ouvrage demandera à la Commission nationale du débat public de désigner.
Article 7
Le directeur général des infrastructures, des transports et de la mer, les préfets des régions Auvergne et Bourgogne et les préfets de l’Allier et de Saône-et-Loire sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution de la présente décision, qui sera publiée au Journal officiel de la République française.
Fait le 24 juin 2011.
La ministre de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement,
Nathalie Kosciusko-Morizet
Le secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’écologie,du développement durable, des transports et du logement, chargé des transports,
Thierry Mariani
La boite de Pandore est ouverte avec la fin de la gratuité des routes nationales pourtant érigée en principe au nom de la liberté de circulation. La décision de mise en concession de la RCEA (Route Centre-Europe-Atlantique) excite les appétits comme le montre le lobbying exercé par tous les défenseurs de cette idée sulfureuse. Dans le désordre, il s'agit de désenclaver des territoires en mettant cet axe routier en deux fois deux voies et d'améliorer la sécurité en évitant d'investir l'argent nécessaire. Désenclaver des territoires à l'aide de péages, c'est déjà une idée amusante. Mais partir du principe que la mise en concession va améliorer la sécurité de l'axe routier, c'est faire un pari sur l'avenir. Personnellement, je connais assez bien cet axe de circulation et je doute assez du résultat final.
Cette idée fait même tellement son chemin à la tête de l'état que le 24 juin dernier, le ministre des transports et du développement durable a donné son feu vert pour que cette route soit concédée afin d'accélérer les derniers aménagements de mise à deux fois deux voies. Sur les portions concernées, soit de Montmarault à Paray-le-Monial, puis de Paray à Ciry-le-Noble pour la branche nord, et de de Paray à Mâcon au sud, pas moins de six barrières de péage vont voir le jour.
Or la mise en concession d'un axe routier est pavée d’obstacles juridiques. Un péage, sur route comme sur autoroute, ne peut être instauré qu’à la condition qu’une alternative au trajet payant soit proposée. Une exigence difficilement praticable. Pourtant, cela n'a pas arrêté le gouvernement et son ministre qui déclarait le 22 juin dernier à l'Assemblée Nationale que « de plus en plus d’élus demandent des mises en concession sur des itinéraires qui n’ont pas de trajet alternatif ». Elle ajoutait même que « nous avons de plus en plus de routes symboliques sur lesquelles sont discutées des mises en concession ». Parmi ces routes symboliques figure la RN21 reliant Limoges au Cirque de Gavarnie en passant par Tarbes.
Dans son entourage, on réfute tout revirement de l'état qui n'a pas changé de doctrine. Pourtant, on murmure à mots couverts que « quand l’enveloppe financière est contrainte, la mise en concession s’impose comme la seule solution ».
Bon nombres d'axes majeurs seront donc privatisés à terme sous couvert d'économie. Or la plupart de ces axes ont déjà été payés par le contribuable (sous forme de dette ou non) et vont permettre à des sociétés privées ou d'économie mixte de gagner de l'argent sous couvert de sécurité routière. Avez-vous déjà pris l'autoroute A6, la plus ancienne de France ? Cette route est dans un état lamentable, a déjà été payée un certain nombre de fois et est pourtant encore à deux fois deux voies entre Auxerre et Beaune malgré son trafic intense. D'Auxerre à Beaune, elle traverse le Morvan. Il y a des côtes nombreuses et beaucoup de poids lourds, ce qui occasionne un certain nombre de ralentissements. Elle en est même dangereuse !
Le journal Libération semble avoir des sources intéressantes puisque d'après elles :
La RCEA a inventé les péages « ouverts ». On peut éviter la barrière en entrant après celle-ci sur la portion concédée, et en sortant avant la suivante. Une alternative offerte aux gens du cru. Pour Euro 21 [association de lobby pour la concession de la RN21], les mêmes difficultés sont pointées : le tracé, selon Gaumet, « reprendra en partie le tracé existant ». D’où cette idée de « péages différenciés, voire une exonération » selon que l’on a affaire à « des migrants quotidiens » ou à des voyageurs, note Euro 21.
De qui se moque-t-on ? Si j'ai bien compris, il me sera possible, alors que j'ai déjà payé dans mes impôts ces travaux, de contourner les barrières de péage. Si je le fais, je ne vois franchement pas pourquoi je serai le seul à le faire. Sinon, il faudra que je prouve que j'emprunte la route tous les jours pour ne pas régler le péage ? Que se passera-t-il si je l'emprunte tous les deux jours ? Quelle est la définition d'un voyageur vis à vis d'un migrant quotidien ? Un beau problème juridique à résoudre en perspective.
Dernier obstacle et non des moindres, que les usagers l’acceptent. Le socialiste Arnaud Montebourg est un farouche opposant à la mise en concession. Pour une fois, je suis même d'accord avec lui. S'il va manifester sous mes fenêtres, je suis même prêt à lui tenir sa pancarte pour ne pas qu'il se fatigue ! Le 11 juillet, son conseil général de Saône-et-Loire a voté la tenue d’un référendum au 20 novembre. « Dans mon département, dit-il, il n’y a pas d’autre route nationale que la RCEA. Et nous y avons mis déjà 84 millions depuis 1984. Donc, nous en avons un peu la propriété morale et financière ». Or, ses administrés devront acquitter le péage ou rallonger leurs trajets car cet itinéraire est le seul à leur disposition. Il présente une alternative crédible : un partenariat public-public (PPP), entre l'état et collectivités locales : « on met tout le produit de notre écotaxe payée par les poids lourds dans le PPP et on paie sur vingt ans des travaux qu’on réalise en six ans ». Il fustige surtout l’état et le « chantage » actuel consistant à dire que pour augmenter la sécurité routière, il faut absolument mettre les routes en concession.
La question est donc de savoir à qui profite le crime. Quels sont les intérêts réellement en jeu ? Sont-ce ceux des usagers de ces routes qui vont devenir des clients ou sont-ce des sociétés concessionnaires ? Quels sont les capitaux de ces sociétés, et par qui sont-ils détenus ? Nul ne le sait.
Il est vraiment temps de s'indigner !
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