Un esprit chagrin de ma connaissance vient de me passer une coupure de presse issue du Telegraph daté du 18 novembre 2011. J'ai retrouvé l'article en question sur le site du journal et je m'en vais faire ici un écho en français pour tous ceux qui seraient plus ou moins allergiques à la langue de Camilla Parker Bowles.
Cet article relève l'absurdité, une fois de plus, de l'Union Européenne. En effet, après trois ans d'enquête poussée, les experts de l'Union Européenne sont arrivés à la conclusion qu'il n'était pas prouvé que l'eau pouvait prévenir la déshydratation. Trois ans d'études pour infirmer l'étymologie d'un mot, il fallait y penser, l'Europe l'a fait avec courage. Pire que cela, ces mêmes officiels viennent d'émettre un texte de loi interdisant les industriels de venter les qualités réhydratantes de leur eaux minérales, de source ou de table. Les contrevenants qui oseraient affirmer le contraire s'exposent tout de même à une peine de prison de deux ans.
Il faut dire à leur décharge que ces experts ont été conseillés par un collège de vingt-et-un scientifiques qui ont tenu une réunion tout à fait officielle à Parme, en Italie, et que ces scientifiques ont conclu qu'une quantité d'eau réduite dans le corps était un symptôme de déshydratation et qu'il n'était pas prouvé scientifiquement que la consommation d'eau pouvait contrôler cette déshydratation a posteriori. Ce n'est pas très clair.
C'est parfait. Pourtant, lorsque quelqu'un est déshydraté, depuis des siècles, on lui donne de l'eau sous une forme ou sous une autre. Nous serions-nous trompés ? Je propose donc de demander à ces scientifiques de nous dire ce qu'il faudrait ingérer pour nous réhydrater en cas de déshydratation. Dans un second temps, nous pourrions les reclure et les astreindre à un régime sévère : pain sec et ce qu'ils auront identifié comme étant un produit réhydratant mais qui n'est pas de l'eau.
La réaction de Paul Nuttal, député britannique, est assez évocatrice du malaise de plus en plus grand existant entre les hautes sphères de l'Union Européenne et ses citoyens. Il déclare avoir dû relire quatre ou cinq fois cette décision avant de pouvoir la croire, ajoutant que c'est un parfait exemple de que ce Bruxelles fait de mieux, à savoir passer trois ans, avec vingt pièces séparées de corespondance avant de convoquer vingt-et-un experts à Parme pour qu'ils décident finalement avec une grande solennité que boire de l'eau pour prévenir la déshydratation ne peut pas être un argument de vente.
Ce serait risible si ce n'était pas dramatique. Il y a trois ans, nous étions en 2008, à l'époque de la faillite de la banque Lehman. La crise financière était déjà installée et il ne fallait pas être grand devin pour comprendre ce qui allait se passer et qu'il fallait absolument doter l'Union Européenne d'une gouvernance économique. Au lieu de cela, à l'époque où tout le montage financier absurde du monde volait en éclat, quelqu'un, à Bruxelles, n'a rien eu de plus intelligent que de lancer cette étude. Personne depuis lors n'a eu la présence d'esprit d'arrêter la machine.
Un autre député britannique, Roger Helmer rajoute : « l’euro brûle, l’UE tombe en morceaux, et pourtant, voilà : des officiels hautement payés et dotés de pensions de retraite confortables remettent en cause les qualités évidentes de l’eau et essayent de nous retirer le droit de dire ce qui est indiscutable. Si jamais un épisode a démontré la folie du grand projet européen, ce devrait être celui-ci ! »
Quelques voix comme celle du professeur Brian Ratcliffe, porte-parole de la Nutrition Society, ne partagent pas son point de vue. Cet éminent spécialiste a rappelé que la déshydratation était causée par des conditions cliniques — nous sommes parfaitement d'accord — et qu’il était parfaitement possible de rester correctement hydraté sans boire de l’eau — là, nous le sommes un peu moins, sauf à définir ce qu'est l'eau. En d'autres termes, j'aimerais que cet éminent professeur nous explique sans rire comment un être vivant peut rester normalement hydraté sans boire d'eau sous une forme ou sous une autre. Pourtant, il enfonce le clou en ajoutant que « l’Union Européenne dit que cela ne réduit pas le risque de déshydratation, et elle a raison. Cette assertion essaye de faire valoir que l’eau en bouteille est dotée de propriétés particulières, ce qui n’est pas une assertion raisonnable. »
C'est prafaitement exact. L'eau en bouteille ne réhydrate nu plus ni moins que l'eau du robinet. Mais il y a tout de même un pas jusqu'à prétendre du contraire !
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais deux événements majeurs ont eu lieu ces derniers jours dans notre beau pays de France. Le Beaujolais Nouveau est arrivé (ne me demandez pas s'il a un goût de banane, je veux bien goûter un Village, certainement pas un Nouveau) et la pré-campagne présidentielle a débuté. J'avoue ne pas comprendre pourquoi des hommes et des femmes politiques se battent actuellement pour occuper une place que pas un homme ou une femme raisonnable ne tiendrait pour un royaume. Récupérer un pays dans un tel état moral et financier et tenter de le réformer ne peut qu'aboutir un rejet de la politique menée, quel que soit le bord politique du vainqueur.
Vous comprendrez que je ne parlerai pas ici des régurgitations avinées que l'on trouve actuellement sur les trottoirs. Je ne vais vous entretenir aujourd'hui que de la pré-campagne électorale. Et encore, je ne parlerai que des candidats qui ont une chance de peser dans le débat.
D'un côté, nous avons la charmante Marine Le Pen qui gauchise son discours. Je n'arrive pas à comprendre que personne au Front National ne lui ait fait remarquer qu'avoir un discours socialiste pour un parti national était chose assez dangereuse… À moins que cela ne soit réellement voulu…
De l'autre, nous avons les partisans de l'UMP, à droite, qui s'opposent aux socialistes, à gauche. François Hollande, pourtant candidat officiel des socialistes, est un peu sur la touche, tout comme Nicolas Sarkozy, candidat officieux de la droite. Seuls les seconds couteaux s'expriment et je ne suis pas sûr qu'ils portent la parole de leurs champions respectifs. Je ne sais pas si vous avez bien écouté François Hollande, mais il parle toujours de « son » programme présidentiel et non du programme des socialistes ou de celui de la gauche. Seraient-ce deux choses différentes ? Le programme des socialistes serait-il tellement honteux que le candidat officiel du parti voudrait l'oublier ?
Nous assistons donc depuis quelques jours à des envolées lyriques, à un bal de petites phrases lancées par des gens qui ne sont pas réellement aux responsabilités, les unes totalement dogmatiques, les autres réellement assassines. C'est assez pratique, cela permet aux instances dirigeantes de ces partis de trier le bon grain de l'ivraie en fonction des réactions. Certaines de ces phrases sont des perles et méritent qu'on s'y arrête pour bien comprendre leur portée.
Un membre éminent de l'UMP que je ne citerai pas ici, ce serait lui faire trop d'honneur, a cru bon de déclarer que « quelles que soient les propositions des socialistes, nous proposerons le contraire ». C'est très bien et c'est une position de principe intelligente venant d'un homme certainement courageux. À ma connaissance, ils proposent de réduire les déficits. Je ne sais pas comment ils vont y parvenir, ce n'est pas le débat, mais pour que l'UMP ne se dédie pas, il faudrait, si elle reste au pouvoir, qu'elle augmente les déficits. Ou alors, je n'ai pas tout compris. Remarquez, c'est peut-être pour nous préparer au pire en nous rétorquant qu'ils l'avaient bien dit.
Maintenant, je sais. En dehors des socialistes, il n'y a rien que je haïsse plus que les membres de l'UMP.
Je viens de battre un record de vitesse. Une heure et demi pour faire le parcours entre la gare de RER D Stade de France-Saint Denis et la gare du nord. Une descente de police. Il faut dire — je l'ai appris à la fin de cette épopée — qu'un paisible voyageur avait attaqué un non moins paisible autre voyageur avec un pistolet. On s'énerverait à moins.
L'ennui, c'est que les forces de l'ordre s'en sont mêlées. Comprenez-moi bien, je ne suis pas en train d'appeler au meurtre ou même de cautionner l'acte initial, mais force est de constater que nous avons pu voir à quel point nos impôts étaient bien utilisés.
Alors que ce RER était arrêté depuis déjà quarant-cinq minutes sans aucune information, nous avons vu arriver au pas de gymnastique des bleus du commissariat d'à-côté. Quelqu'un leur avait demandé de se rendre au troisième wagon en partant de la tête du train. Les agents en question ont demandé leur chemin, incapables qu'ils étaient de séparer la tête de la queue du train. De deux choses l'une, soit ils n'ont jamais pris de RER dans cette gare où ils arrivent toujours du même côté, soit ils ignoraient tout simplement que les RER, contrairement au métropolitain, roulent à gauche.
Nous avons pu admirer peu après la formation d'un nid au milieu du quai, composé d'agents de sécurité de la SNCF et de policiers l'arme à la main, mais nous étions toujours sans information. Le pauvre conducteur de la rame n'était pas plus informé que nous. On lui interdisait de repartir, mais sans lui donner d'explication, ce qui est assez rapidement frustrant surtout lorsqu'il doit en aviser ses passagers. Les autres RER qui devaient s'arrêter dans cette gare étaient tous finalement sans arrêt. Visiblement, les forces de l'ordre cherchaient l'agresseur et il était hors de question qu'il puisse s'enfuir en utilisant la conformation naturelle du terrain pour filer à l'anglaise. Et c'est justement là qu'était le problème. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, les RER D sont formés de rames à deux étages et j'ai pu entendre que le plus gradé d'entre eux leur recommandait de ne contrôler que les passagers du niveau supérieur car il y avait trop de monde en bas. Ça ne s'invente pas et c'est ce que j'appelle un crible intelligent permettant de diviser la charge de travail par deux. Et heureusement pour eux, parce que je ne sais pas si vous avez déjà essayé de contrôler les identités des passagers d'un RER à une heure de pointe sans faire descendre ses occupants…
Pourtant, il aurait été assez simple vu leur nombre de laisser sortir les gens des wagons en les contrôlant et en leur permettant de monter dans les autres trains qui auraient dû s'arrêter sur le quai d'en face. Non, c'était trop simple. Il leur apparaissait sans doute plus efficace de contrôler tout un RER en interdisant à ses occupants de bouger ne serait-ce qu'une oreille.
Lorsque je dois installer un routeur, j'installe généralement une machine tournant sous Linux ou sous un système BSD quelconque — avec cependant une légère préférence pour NetBSD. Il ne m'est jamais venu à l'idée d'installer du matériel Cisco. Pour plusieurs raisons, dont en vrac l'impossibilité de faire évoluer un matériel sans passer à la caisse pour racheter des modules du système d'exploitation, l'impossibilité de scripter de façon efficace les configurations et surtout le côté passoire obscure de l'engin. Étant abonné au flux RSS du CERTA, je n'arrive même pas à comprendre qu'on utilise ce matériel tant il y a de remontées de failles.
Sauf que là, je dois interconnecter un réseau étranger au travers d'un VPN sur lequel transitent des VLAN à un système d'information de France Telecom utilisant déjà des routeurs Cisco et, tant qu'à faire, une technologie quasiment propriétaire Cisco. Je n'ai pas vraiment eu le choix et j'ai donc dû installer du matériel Cisco pour être sûr que tout se passe le moins mal possible. Ce qui est amusant, c'est que la technologie en question est marquée « deprecated » dans les pauvres documentations Cisco depuis 2007. Il faut comprendre par là que c'est un trou de sécurité béant depuis l'origine, qu'il a été patché avec du scotch sur des bouts de ficelles et que devant l'ampleur du travail restant à faire et le fait que n'importe quel routeur monté sur un Linux des famille faisant mieux, Cisco a sagement décidé de ne plus le faire évoluer. Dans les documentations que j'ai trouvées, le terme « deprecated » est inscrit en gras, mais cela n'a pas empêché des ingénieurs de France Telecom d'utiliser en 2011 cette technologie pour une installation neuve. Cherchez l'erreur.
Pour couronner le tout, cette installation est une première et j'ai un peu l'impression d'essuyer les plâtres avec des briques. Il y a plusieurs centaines de personnes chez France Telecom qui semblent diriger chacune ce projet et personne n'est capable ni de prendre une décision ni d'avoir une vue d'ensemble. Les documents sont tous partiels ou incomplets, et il n'existe aucun schéma d'ensemble avec un plan d'adressage cohérent. Vendredi dernier, au téléphone, nous étions une dizaine en conférence, et il y a bien quelqu'un qui essayait de me dire sans rire qu'on pouvait router le sous-réseau 10.174.0.0/16 au travers de la passerelle en dernier ressort 10.128.1.1. Cela n'a pourtant choqué que moi, c'est vous dire le niveau des gens qui s'occupent de ce projet. Et les papiers sont écrits dans le même métal, si j'ose dire. Le document le plus complet de description du réseau comporte pas moins de 751 révisions (enfin, il y a une quinzaine de jours, je pense que cela a dû évoluer depuis) ! Autant dire que plus personne ne maîtrise l'architecture, qu'il y a maintenant des VLAN voix, des VLAN données et des VLAN d'interconnexion, aucun n'étant routable puisque la passerelle par défaut n'est pas accessible depuis les VLAN en question. C'est sans compter sur le VPN qui est passé d'un VPN de type tunnel IP à un VPN de type pont IP avec adressage DHCP de bout en bout… Il paraît que cela ne change rien dans l'interconnexion.
Et mon problème est d'installer ces routeurs sans aucun moyen de débogage dans un environnement réseau particulièrement mouvant. Pourtant, ce serait vraiment utile puisque je viens de m'apercevoir que les modems SDSL qui étaient censés servir de serveurs DHCP sur le lien local avec les routeurs sont totalement statiques. C'est pourtant indiqué noir sur blanc dans les papiers de l'opérateur que j'ai sous les yeux. Passons.
J'ai donc ouvert mes cartons qui contenaient deux switches et deux routeurs. Il faut aussi vous dire que d'après les ingénieurs en charge du projet, il faut installer en sortie des routeurs Cisco des switches et que, si l'on branche directement le WAN au routeur, leur système ne fonctionne plus. J'ai demandé des éclaircissements et je n'ai à ce jour obtenu qu'un silence gêné. Je ne vois pas l'intérêt de coller un switch avec une entrée et une sortie à moins que leurs adresses MAC se marchent sur les pieds.
Mais revenons à nos cartons. J'ai acheté les plus petits switches administrables de Cisco. Ceux-ci sont venus avec un CD complet de documentation dans toutes les langues possibles et imaginables, des câbles pour attaquer la console série, en d'autres termes tout ce qu'il fallait pour qu'ils soient utilisables. En revanche, on ne peut pas en dire autant des routeurs. Cisco est tellement pingre — il n'y a aucun autre terme qui me vienne à l'esprit — que même le câble pour se connecter à la console série doit être acheté à part. Il n'était présent ni dans le premier colis, ni dans le second et j'ai dû mal à croire à deux erreurs juste dans mes deux cartons. Quant à la documentation, il faudra repasser. En tout et pour tout, une feuille au format A3 pliée en deux pour indiquer aux techniciens certainement complètement idiots comment on monte un équipement dans une armoire et que la documentation se trouvait sur le site de Cisco, ce qui est très pratique car tout le monde sait que lorsqu'on est en train de monter un cœur de réseau, on a un accès internet fonctionnel pour avoir un accès à la documentation !
Or je cours à handicap puisque je n'avais jamais regardé un routeur Cisco dans les yeux. J'ai toutefois réussi à obtenir un accès internet (un sombre VPN entre mon PC portable et mon serveur chez moi car là où j'étais, il n'y avait aucun accès à un quelconque DNS récursif) et j'ai lu les documentations Cisco.
J'ai lu et je défie quiconque, sachant ce qu'est un routeur, de configurer un routeur Cisco avec juste la documentation disponible sur le site du constructeur. Celle-ci est incomplète, fragmentaire, totalement morcelée et s'appuie sur un tas de présupposés certainement acquis dans les formations et certifications Cisco. Le support regorge de questions de configuration généralement sans réponse utilisables et, surtout, les techniques de configuration changent subtilement d'une version de l'OS à une autre ou d'un équipement à un autre. C'est très pratique, et ce qui est assez amusant, c'est que la ligne même de commande enjoignant le client de changer son mot de passe lors de la première connexion et affichée par mon routeur ne correspondait pas à la version de l'OS installé sur celui-ci, preuve que même les ingénieurs de Cisco n'arrivent plus à s'y retrouver. J'ai essayé de changer cette saleté de mot de passe durant plus de deux heures sans succès en copiant cette fameuse ligne jusqu'à ce que je trouve l'explication sur Usenet.
Pour utiliser du matériel Cisco, il faut avoir le même état d'esprit que pour utiliser du matériel estampillé Apple. On paie très cher du matériel fermé, mais on fait partie d'une secte. On est content, parce qu'on paie des certifications dans tous les sens et que cela permet de les indiquer sur son CV. Pourtant, le moindre PC serveur avec des cartes réseau dignes d'un serveur et des disques SSD coûte moitié moins cher et est plus facilement administrable. Mais il ne porte pas la marque Cisco, ça doit être ça. Les marketteux ont encore frappé !
L'agence Moody's va évaluer la perspective d'ici trois mois du triple A de la dette souveraine française. Le gouvernement français semble découvrir que ça va mal et que le budget 2012 qui entre en discussion à l'assemblée va être rude.
C'est amusant, cette faculté qu'ont les hommes et les femmes politiques de ne pas voir ce que tout le monde perçoit. En effet, depuis 1974, pas un seul exercice n'a été excédentaire. N'importe quelle entreprise, n'importe quel ménage aurait déjà été acculé à la faillite, à la banqueroute ou au surendettement. S'adressant à un organisme privé, n'importe quelle banque aurait depuis longtemps coupé les finances. Mais pour un état, on continue à verser des fonds parce qu'au final, on pense que le contribuable pourra être ponctionné indéfiniment. Attention, la période qui s'annonce sera difficile pour tout le monde. Après les augmentations d'impôts des dernières années, les contribuables risquent bien de ne plus pouvoir payer. En effet, on entend souvent parler des réductions d'impôts de l'ère sarkosyste au travers du bouclier fiscal, mais on oublie toutes les augmentations qui sont passées inaperçues (URSSAF, taxe d'apprentissage contrairement à ce qui est dit et répété à l'envi, indemnités de licenciement lorsqu'un employeur ne peut plus payer ses salaires et j'en passe). On se gargarise des créations d'entreprise durant le dernier trimestre alors que l'on oublie que l'immense majorité de ces créations d'entreprise sont des auto-entrepreneurs qui ne font cela que parce qu'ils sont soit au chômage, soit dans un emploi qui ne leur permet pas de boucler leurs fins de mois. Au contraire, l'utilisation en masse de ce statut devrait mettre la puce à l'oreille au gouvernement et aux journalistes.
Fig. 1: Évolution de l'indice CAC40 à la bourse de Paris montrant comment la bourse crée de la richesse et permet à l'économie réelle de se financer sur les marchés.
Les finances publiques françaises sont aujourd'hui dans un état catastrophique. Et cela fait presque quarante ans que l'on creuse d'année en année le trou en prétendant que l'argent des emprunts n'est pas cher et que la dette crée de la richesse. J'aimerais bien qu'un économiste — ou prétendu tel — vienne ici m'expliquer que la dette crée de la richesse parce que ce dogme ne résiste pas à une analyse sérieuse et comptable. Aussi longtemps que je cherche, la seule richesse créée par une dette l'est par le loyer de l'argent puisque ce qui est effectivement créé par l'emprunt s'amortit comptablement, qu'il s'agisse d'immobilisations ou non. En d'autres termes, lorsqu'on a fini de payer son emprunt, les ruines sont à soi.
La dette ne crée que de la richesse pour ceux qui acceptent de prêter. Pour ceux qui empruntent, comme le bien créé par cette dette s'amortit, ils ne font une bonne affaire qu'en cas de taux d'intérêt inférieur à l'inflation, et surtout de durée d'amortissement supérieure à celle du prêt, ce qu'on oublie souvent parce que cela rajoute une variable à l'équation et que les financiers et économistes aiment généralement les équations simples (cf. les écrits de B. Mandelbrot critiquant les théories économiques). Fixons les idées en prenant un exemple : si je construit une route en empruntant à 3 % l'an sur une durée de quinze ans et que je dois remettre en état cette route tous les trois ans, je suis un imbécile, puisque le bien est plusieurs fois amorti, donc plusieurs fois restauré, avant d'avoir fini de payer mon prêt. Il faut donc refaire un prêt sur le prêt pour le simple entretien du bien ! C'est pourtant ce que l'on fait depuis des lustres. Ce qui semblerait idiot à tout bon père de famille essayant de gérer au mieux son budget familial ne semble nullement absurde à nos élus. Peut-être est-ce parce qu'ils pensent que cet argent n'est pas le leur et qu'ils doivent plaire aux plus nombreux pour être réélus.
Après quarante ans de gabegie financière due autant à la droite qu'à la gauche — souvenez-vous des clignotants de l'économie qui étaient au vert au début du septennat de François Mitterrand, juste avant plusieurs dévaluations compétitives successives —, il est vraiment temps de prendre le taureau par les cornes et cela risque de faire mal. Pour être réaliste en ne perdant pas sa fameuse notre de triple A, le budget 2012 risque fort d'être assez difficile à avaler. Mais il n'y aura pas le choix, on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Surtout, il est vraiment temps de remettre de l'ordre parce que nous ne sommes pas loin de la situation de la Grèce. Perdre sa note revient à emprunter plus cher. L'amortissement de la dette — parce qu'elle s'amortit aussi, la bougresse — risque d'être ou plus long ou plus cher, ce qui va augmenter sa charge, donc réduire d'autant la capacité d'emprunt de la France. Cercle vicieux qui risque fort de nous amener très vite dans une situation assez comparable à celle des pays du sud de l'Europe.
N'oubliez pas cela lorsque vous irez voter en mai prochain. Il ne s'agira pas de voter pour celui des deux qui fera les plus belles promesses, mais pour celui qui aura su prendre dans son équipe des hommes et des femmes avec une vision et une réelle compétence économique. Le gouvernement actuel en est totalement dépourvu puisque sa pensée économique est de l'ordre du dogme. J'espère que l'opposition sera meilleure. Si ce n'est pas le cas, nous allons nous préparer des lendemains qui déchantent.
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