Grandeur et décadence de l'administration

15.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je suis tombé hier sur deux articles très intéressants, l'un étant la suite de l'autre, mais certainement sur des sites différents pour ne pas être censurés :

Cela me rappelle un certain nombre de mésaventures que j'ai pu avoir avec notre belle administration française que le monde entier, paraît-il, nous envie. Je n'ai jamais eu l'occasion de passer la nuit devant une sous-préfecture de banlieue parisienne. En revanche, j'ai eu l'insigne privilège d'attendre depuis tôt le petit matin devant les portes de la préfecture de police de Paris, rue de Lutèce. Et pourtant, je suis tout ce qu'il y a de plus français (modulo le fait qu'aucun de mes grands parents n'est né ni français ni en France en raison des frontières mouvantes de l'est de la France au début du XXe siècle).

J'ai pu voyager pour raisons professionnelles dans des pays quelque peu bizarres et que je ne vous recommande pas vigoureusement. Comme preuve, j'ai un passeport qui m'interdit toute entrée dans des lieux de liberté comme les États-Unis d'Amérique ou plus prosaïquement Israël. Et dans ces pays, j'avais besoin de mon permis de conduire. Pour ne pas avoir de problème en cas de contrôle, je partais avec les poches pleines de permis de conduire internationaux. La police du coin pouvait m'en confisquer pour arrondir ses fins de mois, il m'en restait toujours d'autres en poche.

Il y a quelques années, l'Automobile Club de France avait encore délégation pour établir ces permis internationaux qui ne sont valables que trois ans. Je dois préciser que ces permis internationaux ne sont valables en France qu'adossés au permis français. Ils n'y ont donc aucun intérêt et il n'y a aucun risque que l'on circule sans permis ou avec un permis annulé. Qu'à cela ne tienne, une circulaire interdit depuis quelques années l'établissement d'un tel papier par autre chose que la préfecture ou la sous-préfecture de son domicile.

Je passe donc à l'antenne de la préfecture du XIe arrondissement de Paris, mon lieu de résidence habituel en France. J'y apprends que ce papier est tellement compliqué à faire qu'il me faut me rendre à la préfecture de police, la grande bâtisse de la rue de Lutèce. Passant régulièrement devant l'entrée de ce bâtiment, j'imaginais la queue qu'il me faudrait affronter. J'arrive donc un matin, vers les six heures, pour une ouverture des guichets à 9h00. Vers 14h00, j'arrive à pénétrer dans la cour du bâtiment où se tient une autre queue qui m'oriente vers la bonne entrée puis vers le bon guichet. Je continue à faire la queue et, vers 17h00, on m'appelle à un guichet derrière lequel trône sur un tabouret de style indéfinissable, peut-être fin René Coty-début Charle De Gaulle, un fonctionnaire tout droit sorti d'un roman de Kafka. Je vous jure que le type avait une barbe taillée à la façon du début du XXe siècle et portait un costume en velours côtelé. Cela ne s'invente pas.

Je lui explique ma requête. Ayant l'habitude de demander ce genre de papier, j'avais toutes les pièces nécessaires sur moi. Heureusement, parce que personne n'est capable de vous dire ce qu'il faut et que, presque naturellement, il est impossible d'obtenir ces renseignements sans se déplacer. À l'Automobile Club, cela me coûtait un timbre fiscal de 17 FF et cinq minutes, le temps que l'employé téléphone à la préfecture pour savoir si mon permis était valable puis appose un coup de tampon devant les catégories de véhicules autorisées.

Là, il m'a fallu plus d'une heure. Le type en face de moi n'avait pas une plume Henry ou Sergent-Major (la pire de toute, trop rigide, mais qui a tellement fait pour la gloire de l'armée française qu'on le lui pardonnera), mais c'était tout comme. Il a calligraphié, avec des pleins et déliés, mon nom et mon adresse avec la langue au coin des lèvres. Ça lui a pris dix minutes. Puis il fallait qu'il fasse une photocopie des pièces. Il cherche donc sur ce qui lui sert de bureau un trombone pour ne pas perdre les deux pièces à photocopier. Dans son fatras, il lui faut quelques instants pour retrouver la boîte et je le vois avec un geste auguste — au moins vingt-cinq ans d'entraînement pour arriver à un tel résultat, lent et magnifique — choisir le trombone idoine et lier les deux feuilles avec le bout de métal choisi avec tant de soin. Le voyant chercher un tel accessoire, je pensais naïvement que la photocopieuse était située trois étages plus haut. Même pas, je vois mon interlocuteur se lever et faire trois pas en direction d'une photocopieuse cachée à mes regards, mais à seulement deux petits mètres de moi. Là, il a fallu enlever le trombone qui ne tenait pas sur cette machine et le type est revenu poser ce trombonne sur son bureau ! Et l'aventure a continué jusqu'à plus de 18h00.

Tout étant mis bout à bout, je suis arrivé à la préfecture de police à 6h00 pour la quitter à 18h00 pour obtenir un papier qui pouvait s'établir en moins de cinq minutes par une personne normalement constituée.

Mais mes aventures avec la préfecture de police ne se sont pas arrêtées là. J'ai acheté il y a presque dix ans une DS23 immatriculée à Paris. Cette voiture était l'automobile personnelle de l'ancien ambassadeur de Suisse à Paris. Mais elle avait passé quelques années en Suisse, lors de la retraite de son propriétaire, donc sans contrôle technique tout en gardant son immatriculation dans le département de la Seine. Pour la vente, j'avais en ma possession un contrôle technique vierge de moins de six mois. Il m'a été impossible d'obtenir un certificat d'immatriculation à Paris parce qu'il me manquait deux contrôles techniques correspondant aux années que ce véhicule avait passées en Suisse. J'ai passé plusieurs jours à essayer de trouver quelqu'un d'intelligent en leur signalant que leur attitude était hors la loi. Peine perdue, personne n'a voulu me donner de certificat d'immatriculation. J'ai donc circulé durant plusieurs mois avec une carte grise rayée, en me demandant ce qui m'arriverait si j'étais contrôlé, jusqu'au jour où je suis allé à la sous-préfecture de Brive-La-Gaillarde, ayant une maison dans le coin. En moins de cinq minutes, j'ai obtenu mon certificat d'immatriculation avec exactement les mêmes papiers. Muni de ce papier, je raconte mes mésaventures et j'apprends que la préfecture de police de Paris est connue pour ce genre de faits. La question qui se pose est surtout de savoir comment j'aurais pu faire si je n'avais pas pu immatriculer ce véhicule ailleurs qu'à Paris.

Dans la même veine, j'ai essayé de déclasser un véhicule. Je m'explique. Je possède un authentique poids lourd Citroën qui était homologué en véhicule léger et en véhicule lourd. La carte grise indique véhicule lourd et je voulais simplement le passer en véhicule léger pour ne pas avoir à passer un permis poids lourd. Peine perdue. C'était à moi de présenter un papier d'homologation du véhicule. Or les archives Citroën ne m'étaient d'aucun secours puisque la carrosserie et l'homologation finale était l'œuvre d'Heuliez qui n'a pas été en mesure de me fournir le papier. Je devais donc passer une homologation selon les critères actuels (pour un véhicule des années 1950) et surtout un crash test ! J'aime autant vous dire qu'après plusieurs jours de discussions vaines, j'ai perdu mon calme !

Et on nous vente la qualité de l'administration française. Pire, on nous fait accroire que bien des pays voudraient avoir une telle qualité de service.

Pourtant, j'étais à Madagascar lors des fameuses lois Pasqua. En France, personne n'en a vraiment entendu parler. J'ai juste été une victime collatérale de ces lois ayant vu mon titre de séjour passer de quatre-vingt-dix jours à trente après plus de six semaines dans le pays. Je me suis donc retrouvé malgré moi dans la situation d'un sans papier. J'ai donc dû me débrouiller pour renouveler ce fameux titre de séjour, ce qui ne m'a pris que trois jours au ministère de l'immigration malgache, et encore, parce que je ne connaissais pas la procédure.

Qui donc est sous-développé ? Comment se permet-on encore de donner des leçons au monde entier ?

 

Détournements

14.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

La chance s'acharne peut-être contre moi, ou plus simplement deviens-je paranoïaque en prenant de l'âge. Je ne sais pas. Le 15 avril dernier, comme tous les ans, j'ai payé par chèque — et non par TIP — le premier appel de mes cotisations à une caisse de retraite de profession libérale. C'est la première fois que je règle par chèque, puisqu'à la suite d'un problème avec une banque qui se targue actuellement sur France Inter d'être la banque des entreprises et des professions libérales, je n'avais plus la possibilité d'utiliser mon compte. Comment vous dire, mais lorsque j'entends ce slogan ventant, juste avant les cours de la bourse, une banque qui m'a planté en huit ans plusieurs millions d'euros hors taxe de chiffre d'affaire en raison de l'incompétence de ses chargés de clientèle professionnelle, l'envie de passer mon poste de radio par la fenêtre me surprend ! Peu après, reprenant mes esprits et constatant que mon vieux poste ne m'avait rien fait, une envie irrépressible de briser les noisettes de l'écureuil m'envahit…

Or donc j'ai envoyé un chèque par la poste, n'ayant pas la possibilité de me déplacer à Beauvais pour porter moi-même mon chèque au service de traitement de l'organisme en question. Pour moi, l'affaire était réglée. Je n'ai pas eu de courrier de cette caisse de retraite jusqu'à mon second appel de cotisation où la totalité de l'année m'était demandée. Je vérifie dans mes comptes et constate un règlement à la fin du mois d'avril. Ne comprenant pas trop, je me déplace dans les locaux parisiens de ce bel organisme. La rue n'est pas l'une des plus affriolante de Paris, mais en entrant dans les locaux, j'étais rassuré, je savais maintenant où passait le montant de mes cotisations. J'aimerais assez voir les comptes de cette caisse pour savoir quel est le pourcentage redistribué aux cotisants et surtout quel est le budget de fonctionnement annuel de cette belle entreprise. Passons.

Après quelques minutes d'entretien et de recherche, j'apprends que mon chèque n'a jamais été reçu par la caisse. C'est dommage puisqu'il a été tiré de mon compte. Mais comme la comptabilité y est largement plus rigoureuse que celle de l'URSSAF — j'ai eu un extrait de ma situation en moins de trente secondes alors qu'après huit mois de bataille avec l'URSSAF, je ne sais toujours pas où j'en suis —, une recherche a été immédiatement faite par montant de chèque, numéro de chèque, numéro de compte. Résultat au bout de quelques minutes : rien. Et j'entends la brave dame me dire que cela leur arrive régulièrement, que dans la distribution du courrier, il arrivait fréquemment que des chèques disparaissent et soient encaissés sur d'autres comptes et que, compte tenu de ce qui s'est passé, ils m'accordaient un délai exceptionnel jusqu'au 15 janvier 2012 pour régler mon dû.

C'est bien. Ce serait encore mieux s'ils s'occupaient directement de la plainte qui risque de s'ensuivre, à moins qu'ils ne soient pas sûrs de la non réception de ce chèque.

Je vais donc commencer par demander sur quel compte ce chèque a été crédité. J'espère seulement que s'il ne s'agit pas du compte BNP-Paribas de cet organisme, il me sera possible de faire fonctionner mon assurance moyens de paiement… Je prendrai assez mal le fait de devoir régler une troisième moitié de mes cotisations annuelles.

À suivre…

 

DMR a passé l'arme en lvalue

13.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais l'informatique, Monde de merde

Dennis MacAlistair Ritchie n'est plus. Si vous n'êtes pas un habitué du monde informatique, son nom ne vous dira rien. Il était pourtant l'un des pères de l'informatique moderne puisqu'il a créé le langage C puis développé un système d'exploitation appelé UNICS — en réaction à MULTICS —, puis Unix et qui connaîtra un tel succès que, plus de quarante ans après sa création, il occupe toujours une place de choix. C'est en partie grâce à lui que le réseau internet fonctionne puisque, à tous les niveaux, les modems, les routeurs et même les serveurs informatiques utilisent un système d'exploitation issu plus ou moins directement de ses travaux.

Fig. 1 : Authentique barbu des Bell Labs

Donc, mécréants qui me lisez, pensez à faire derrière vos écrans une minute de silence pour ce grand homme, certainement moins médiatique que Steve Jobs, mais largement plus révolutionnaire.

 

Same player shoots again !

12.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Hier était une journée de grève et de manifestations festives à grands coups de buvettes et de stands saucisses sur le boulevard du Temple. Pourtant, bizarrement, le courrier fut distribué à l'heure, chose rare depuis quelque temps. J'ai ainsi pu trouver dans ma boîte aux lettres une missive de l'URSSAF, missive qui comme d'habitude était daté du début du mois d'octobre et avait dû être acheminée par char à bœufs. J'en arrive même à me demander si les courriers de l'URSSAF ne sont pas sciemment antidatés, n'imaginant pas un seul instant la poste décider de mettre plus de temps à acheminer les courriers de l'URSSAF que les autres.

Je m'attendais à recevoir un courrier me signalant que j'avais assez payé de cotisations pour l'année 2010. Fausse alerte puisqu'il s'agissait d'un courrier haineux et à peine poli m'établissant une taxation d'office sur le quadruple de mes revenus de 2009 parce que « sauf erreur de leur part, [ils] n'ont pas reçu ma déclaration de revenu de 2010 ». Ce papier a pourtant été envoyé par voie électronique, puis par papier. Ils ne peuvent donc pas dire qu'il ne l'ont pas reçu. Je veux bien à la rigueur qu'ils ne l'aient pas traité, ce ne serait pas la première fois.

Sauf erreur de leur part ! Il y en a beaucoup, à l'URSSAF, d'erreurs de leur part. Je n'arrête pas d'essuyer leurs erreurs et leurs incompétences diverses et variées et je suis un peu fatigué. Je trouve déjà qu'en tant que profession libérale je paie énormément de charges URSSAF sans n'avoir aucun droit puisque dans ces charges ne figurent ni la sécurité sociale (oui, les professions libérales ne sont pas couverts par la CPAM et paient plein pot des assurances privées), ni les caisses de retraites, ni tout ce qui fait la protection sociale du salarié. Mais je trouve aussi inadmissible la façon dont cette administration se fiche ouvertement de la tête de ses heureux cotisants. Rien qu'à cause d'eux, je serai vraiment heureux le jour où tous les membres de la fonction publique ou assimilés seront notés sur leurs résultats, pourront être licenciés sur faute ou tout simplement seront responsables de leurs erreurs. Je ne compte plus les heures perdues en raison de leur incurie.

Je vous fait un historique de la situation tellement celle-ci est amusante. En 2005, j'ai reçu un certain nombre d'appels de charge envoyés postérieurement à la date limite de règlement. Naturellement, même en bataillant, je me suis retrouvé à payer des pénalités de retard. Qui irait au tribunal faire valoir ses droits pour quelques centaines d'euros. L'URSSAF le sait et en joue. J'ai dont autorisé ce fleuron de l'administration française à prélever le montant des cotisations directement sur mon compte tout en veillant scrupuleusement au grain.

Mais j'ai déménagé et donc changé de centre URSSAF. Tout transfert de compte est impossible. Pour l'URSSAF, il faut licencier ses salariés pour les réembaucher immédiatement à l'autre bout de la France. Mais je ne savais pas qu'il fallait que je fasse la même chose en tant que profession libérale. Naturellement, personne ne me l'a dit et je suis tombé sur le pot aux roses en début d'année 2011 parce qu'il fallait que je rembourse à titre personnel de la TVA. Mon numéro SIRET n'existait plus et mon centre d'URSSAF actuel prélevait des cotisations sur un numéro SIRET inexistant alors que mon ancien centre n'appelait plus de cotisation sur un numéro existant et non radié. Cela n'a duré que quatre ans, une paille, et durant quatre ans, personne dans cette belle administration ne s'est rendu compte du problème, preuve s'il en est que les dossiers sont parfaitement gérés. Là, j'avais un peu l'impression d'être dans la peau de Joseph K. et mon épouse, sur un simple coup de téléphone, sans aucun écrit, a réussi à me faire radier de mon ancien centre pour me créer dans le nouveau, le transfert des dossiers étant impossible, ces gens ne se parlant pas.

Je peux donc, sur la foi d'un seul coup de téléphone, réussir à radier le SIRET de n'importe qui sans apporter la preuve de mon identité. Je trouve le sérieux de cette administration tout à fait remarquable. Pour la certification ISO 9001, il faudra repasser.

Ce qui est assez amusant, c'est que si mon dossier n'a pas été porté d'un centre à un autre sans une radiation et une recréation de personne morale, mon autorisation de prélèvement, elle, a réussi, je ne sais comment, à faire les huit cents kilomètres entre les deux centres. De là à dire qu'ils me prennent encore pour une truffe, il y a un pas que je franchirai allègrement !

Et je reçois il y a deux mois un courrier grâce auquel j'apprends que l'URSSAF s'est trompée dans le calcul de mes charges 2009 et que je vais recevoir un appel supplémentaire, une paille, de pas loin de 2000 euros qui sera mis en recouvrement immédiatement. En langage urssafien, cela signifie « par retour de courrier quel que soit l'état de vos finances même si c'est nous qu'avons fait une grosse connerie ». Et je reçois encore hier un papier me signalant que ma déclaration de revenus pour l'année 2010 ne leur est pas parvenue.

Alors là, c'est le pompon ! Cette année, déjà, j'ai eu la visite d'un huissier me demandant règlement de charges que j'avais déjà réglées, certes en retard, et j'ai eu à prouver extraits de compte à l'appui que mes chèques avaient été tirés. J'ai demandé un extrait de mon compte dans leur grand livre pour savoir où j'en étais et s'il me restait encore des choses à payer pour mes salariés et je n'ai reçu qu'un fichier Excel que, trivialement, j'appellerais un torche-cul, et surtout qui ne reflète ni les montants des règlements envoyés (montants erronés et moyens de paiement aléatoires) ni même leurs dates d'encaissement (dates folkloriques) ! Et maintenant, une taxation d'office sur une rémunération de plus de soixante mille euros avec prélèvement d'une somme assez rondelette le 7 novembre puis le 6 décembre sur mon compte courant.

Je prends donc mon téléphone pour appeler les lignes directes des personnnes qui s'occupent de ce dossier. Borné, j'essaie même les numéros adjacents jusqu'à ce que quelqu'un daigne décrocher son téléphone. Peine perdue, personne ne répond, j'aurais dû m'en douter puisque j'ai déjà passé des heures à faire sonner ces téléphones sans réel succès. Avant 10h00, il n'y a personne. Après 16h00, il n'y a plus personne non plus. Entre 12h00 et 14h00, c'est la pause déjeuner. Le mercredi, c'est le jour des enfants et, entre les pauses café ou cigarettes, il y a peut-être quelqu'un qui traite votre dossier ! Alors, en plus, un jour de grève, il ne faut pas trop rêver ! Et la dernière fois que j'ai pu avoir quelqu'un, j'ai pu entendre que c'était la faute des 35 heures ! J'ai beau calculer, je n'arrive pas à 35 heures de travail hebdomadaire par tête de pipe ! En étant optimiste, je veux bien concéder la moitié tout en n'étant pas vraiment sûr que tout le temps de présence soit réellement du temps travaillé. Je me suis donc rabattu sur le numéro surtaxé de la plate-forme téléphonique de l'URSSAF car je voulais bêtement savoir où en était ce dossier et corriger les informations soi-disant manquante. Je dis soi-disant parce que le papier en question que, sauf erreur de leur part, n'a pas été envoyé à l'URSSAF, l'a été avec un chèque et qu'il faudra me justifier sérieusement comment ce papier ne leur est pas arrivé alors même que le chèque dans la même enveloppe a été tiré...

Et là, rien à faire. La seule réponse qu'on m'a faite est que « nous sommes désolés, mais nous ne pouvons rien faire ». Je signale à la brave dame, sans perdre mon sang froid puisqu'avec eux je commence à avoir une certaine habitude, que si c'était comme ça, ce sera très simple, je leur retirerai l'autorisation de prélèvement et on s'expliquera. La seule réaction a été de me raccrocher au nez, ce que je dois dire ai apprécié.

Je n'ai rien contre la fonction publique en général. Ni d'ailleurs contre les organismes de collecte de charges, même si je trouve parfois exorbitants les montants demandés aux professions libérales lorsque je les mets en regard de la protection que l'on peut espérer. Je ne suis pas en train de discuter de ces montants, mais du traitement des dossiers et des cotisants par cet organisme qui a dans les faits tous les droits. C'est le seul organisme qui peut directement envoyer un huissier pour réclamer des sommes injustifiées et c'est toujours au cotisant de prouver sa bonne foi ou de justifier qu'il a payé jusqu'au dernier centime. Par ailleurs, il est inadmissible que cet organisme ne soit pas capable de sortir un état réel du compte d'un cotisant et non un copier/coller d'un tableau quelconque ne correspondant à rien dans une feuille Excel. Et lorsque je leur ai fait part de leurs erreurs, la seule réponse a été qu'ils avaient peut-être encaissé mes règlements sur un autre compte ! Sans commentaire…

Je crois que je suis pour le salaire au mérite, au moins à l'URSSAF. Il est vraiment temps de faire quelque chose !

 

Alternance

11.10.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Tous autant que vous êtes, vous avez dû entendre d'une oreille distraite les annonces publicitaires pour que les entreprises prennent des futurs collaborateurs en alternance. Déjà, je trouve un tantinet bizarre d'appeler un salarié un collaborateur même si je n'habite pas Vichy. Je préférerais qu'il soit appelé tout bêtement un salarié. Un collaborateur est étymologiquement celui qui travaille avec quelqu'un d'autre. Dans l'acception moderne, il y trouve un intérêt au moins financier puisque l'on prend la peine de l'appeler bénévole lorqu'il n'est pas rémunéré. Un collaborateur, c'est avant tout quelqu'un de confiance qui travaille avec vous indépendamment de toute rémunération. Sa motivation est tout autre.

Or, depuis quelques années, le salarié est devenu collaborateur en même temps que son intérêt pour une entreprise disparaissait au profit de son salaire. Pire, j'ai de plus en plus l'impression que lorsque je donne un chèque de fin de mois à un salarié, je m'acquitte d'un obligatoin sociale totalement décorrélée du travail effectué. Le salaire est un dû. Comment peut-on appeler collaborateurs des personnes qui peuvent nuire à une entreprise et qui n'ont pas les mêmes motivations qu'elle ? La motivation d'un patron de PME est de survivre, et déjà ça, c'est bien. La motivation d'un salarié, c'est d'avoir son salaire à la fin du mois que cette entreprise aille bien ou non. Ce n'est pas son problème. Et s'il peut avoir son salaire en en faisant le moins possible, c'est encore mieux.

Et là-dessus, on nous vante les avantages de l'alternance. L'alternance. Personnellement, j'ai donné. J'ai eu des ingénieurs formés en alternance, de ceux qui ont fait vingt ans de cours du soir au CNAM. Ces gens étaient excellents parce qu'il fallait avoir une motivation à toute épreuve pour suivre les cours du soir jusqu'à des heures avancées de la nuit tout en gardant des parkings le jour et en passant avec succès tous les diplômes intermédiaires entre le BEPC et le diplôme d'ingénieur d'état. J'ai aussi eu d'autres personnes en alternance et c'était nettement moins glorieux.

En effet, j'ai essayé de trouver un commercial en alternance. Leurs prétentions salariales étaient indignes surtout pour des gens qui ne savaient pas écrire une phrase en français sans que je sois contraint à la caviarder tant la langue était indigente. La seule personne que j'ai trouvée était une ukrainienne, qui elle parlait et écrivait un français impeccable, et surtout travaillait au tarif normal de l'alternance. Comprenez-moi bien, je ne prétends pas que l'alternance ne doit pas être rémunérée, mais l'alternance a un coût direct pour l'entreprise (le salaire de la personne ainsi que ses charges : URSSAF, Pôle-emploi, mais aussi électricité, chauffage, bureau, téléphone…) et un coût indirect (les heures des autres salariés passées à encadrer la personne en alternance et à discuter avec les professeurs ou les recevoir) qu'il ne faut pas négliger. Dans de bonnes conditions, pour chaque personne prise en alternance, il faut ajouter un mi-temps pour l'encadrement. On peut donc remettre en perspective le millier d'euros nets versé à cette personne pour 60% d'un temps plein.

La question est donc la suivante : comment se fait-ce que je n'ai pas réussi à trouver une personne de nationalité française pour occuper ce poste ? Je demande peut-être trop en exigeant d'un commercial qu'il sache à peu près s'exprimer en français et aligner quelques mots sans fautes d'orthographe ou de grammaire. Je demande peut-être trop aussi en refusant de payer quelqu'un en formation bien au-delà de sa valeur réelle. Ou alors le problème se situe-t-il dans le système éducatif qui n'oriente vers l'alternance que ceux qui sont incapables de faire autre chose, ceux qui restent sur le bord du chemin « normal ».

La réponse à cette question, je l'ai trouvée assez facilement en engageant une secrétaire de direction en alternance. Secrétaire soi-disant trilingue. Tu parles ! Mon allemand rouillé et mon anglais appris sur le tas — je ne vous donnerai pas ici le prénom du tas — étaient meilleurs que les siens ! Si seulement elle avait su écrire sa langue maternelle correctement ! Et c'est sans compter les absences injustifiées, les retards, les bourdes diverses et variées, un avortement dont j'ai dû m'occuper — je vous arrête tout de suite, je n'y étais pour strictement rien —, et son incapacité chronique à se servir d'un téléphone pour autre chose que des appels personnels. Après plusieurs recadrages en bonnes et dues formes, je l'ai licenciée pour fautes lourdes, ce qui m'a coûté un prud'homme que j'ai gagné tant son attitude était inadmissible sur tous les plans.

Ainsi, présenter l'alternance comme une solution, qui plus est en faire une publicité, est assez incongru. L'alternance n'est pas un mauvais système en soi, mais il faut trier les candidats et il ne s'agit pas d'orienter vers l'alternance ceux qui ne sont pas capables de suivre des études « normales » car l'alternance est un système dur qui a des avantages (le fait de connaître son métier pour l'avoir pratiqué) et des inconvénients (il faut être sérieux parce que si l'encadrant n'a pas le temps ou le courage de forcer l'étudiant à faire ce qu'il doit faire, le résultat peut être catastrophique). Et il ne faut surtout jamais oublier que ce système coûte cher aux entreprises, bien plus si l'entreprise veut former correctement quelqu'un en alternance que ce qu'elle peut récupérer en allègement de charges. L'impression, vu d'un chef d'entreprise, est de former quelqu'un en contrat à durée déterminée, en payant pour cette formation, avec la hantise que ce quelqu'un passe à la concurrence une fois sa formation effectuée. Son problème est aussi de tomber sur un candidat qui se retrouve chez lui parce qu'il y a chauffage et lumière et qu'il fait un peu froid dehors.

Il ne s'agit donc pas de faire de la publicité pour l'alternance. Il s'agit de rendre l'alternance réellement attractive pour les entreprises. Et cela passe par un contrat de professionnalisation qui devient automatiquement un CDI avec obligation de rester dans l'entreprise durant un certain nombre d'années. Cela passe aussi par un crible sévère et sérieux des candidats, donc par une réforme complète du système éducatif. Promettre des allègements de charges à des patrons de PME qui voient défiler des candidats aux formations en alternance et qui ont déjà été confrontés au problème ne sert à rien.

 

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