Vous le savez sans doute, il existe en France une association de malfaiteurs déclarée d'utilité publique qui se présente sous le doux sigle URSSAF. Ce que vous ignorez sans doute, c'est que cet organisme est le créancier de plus haut niveau de tout employeur en France et qu'il se permet à ce titre tous les droits.
À titre personnel, je dois jouer d'une malchance chronique voire désespérée. J'ai eu à traiter avec trois centres d'URSSAF différents, j'ai toujours eu les mêmes problèmes. Je dois aussi signaler que je n'ai eu de problèmes qu'avec l'URSSAF, jamais avec mes caisses de retraite ni mes centres des impôts. Je ne dis pas qu'il ne m'arrive pas d'avoir des frictions avec les autres organismes de collecte, mais entre gens intelligents, on arrive toujours à trouver une solution. Avec l'URSSAF, il n'y a pas de problème puisqu'il n'y a jamais de solution. Dans le désordre, je reproche à l'URSSAF :
Je dois vous relater trois anecdotes significatives. La première est assez vieille et il y a prescription. Elle concerne mes charges de travailleur indépendant. Il est quasiment impossible de savoir combien payer lorsqu'on ne touche pas un salaire. J'attendais donc les avis de l'URSSAF pour les régler. Or ces avis sont décalés d'un mois par rapport aux charges sur les salaires et l'un des versements tombe le 15 août, jour férié, et en plein milieu des vacances. J'ai reçu cet avis le 17, posté le 14 août à 17h58 le cachet de la poste faisant foi pour parler en patois pététique. J'ai immédiatement réglé le 17 et j'ai reçu le 24 par courrier recommandé une injonction de payer avec pénalités de retard que j'ai immédiatement contestées. Chose amusante, ces pénalités étaient dues parce que je devais savoir que j'avais l'obligation de régler. Moi, je veux bien régler ce qu'on me demande, encore faudrait-il savoir combien. Vous imaginez bien que personne n'ira faire valoir ses droits au tribunal pour une somme d'un peu plus de mille euros, cela coûterait plus cher en temps et en frais de procédure et ces messieurs de l'URSSAF le savent bien. Bénéfice net pour les caisses de l'état, un peu plus de mille euros multipliés par autant de professions libérales qu'il y en avait sur ce centre URSSAF. Il va sans dire que j'ai précieusement archivé les courriers afférant à cette affaire.
Ayant un peu plus tard déménagé mon entreprise, le nouveau centre URSSAF a immédiatement ouvert des comptes pour mes salariés ainsi que pour moi. En deux jours, c'était fait et les avis pleuvaient. Seul problème, l'ancien centre a traîné tout ce qu'il pouvait traîner et n'a radié mon personnel qu'au bout d'un an. Charge à moi de régler le double des cotisations dans deux centres, parce que ces gens ne se parlent pas, et de demander remboursement. Ils n'ont vraiment pas peur de me prendre pour un imbécile. Et encore, pour mes salariés, cela n'a pris qu'un an. Pour moi, il en a fallu cinq pour résoudre le problème et j'ai au passage perdu mon numéro de TVA ! Mais j'ai eu entre temps des menaces de tous ordres, recommandés de l'ancien centre URSSAF ainsi qu'exploits d'huissiers divers et variés.
Et dernièrement, j'ai accusé un énorme problème de trésorerie à la suite de deux défauts de réglement. Pour faire simple, j'ai bien plus de cent mille euros dans la nature. Pour une partie, j'ai un titre exécutoire que je n'arrive pas à faire exécuter. L'URSSAF était parfaitement au courant de la chose ne leur ayant jamais caché la situation et ayant licencié tous mes salariés pour ne pas faire courir les dettes. Aujourd'hui, ils m'ont annoncé avoir perdu la trace d'un chèque qui soi-disant a été encaissé par eux le 26 avril 2011 — ce qui me pose un énorme problème vis à vis de ma banque puisqu'il s'agissait d'un règlement d'un chèque rejeté à la suite de l'encaissement d'un chèque en bois d'un client, je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire. J'ai donc aujourd'hui à lever un interdit bancaire. Pour le lever, il me faut absolument prouver que le montant du chèque rejeté à bien été réglé d'une manière ou d'une autre. Il me faut pour cela un courrier de l'URSSAF acquittant ce règlement datant tout de même de la fin du mois de janvier. Peine perdue, l'URSSAF refuse d'établir ce papier parce que le chèque refusé était de 3150 euros et que le virement qu'ils m'ont demandé était de 3198 euros puisqu'ils ont inclus dans la somme les pénalités de retard. Les deux sommes n'étant pas identiques, pas de papier d'acquittement. Quant au fameux chèque, s'ils l'encaissent, l'interdit tombe de lui-même, mais visiblement, ils l'ont perdu. La situation est donc kafkaienne et il n'y a rien à faire.
Nous voyons ainsi que cet organisme ne manque pas de sérieux et on se demande encore pourquoi personne, parmi toutes mes connaissances, ne semble apprécier l'URSSAF au contraire des autres organismes de collecte de charges.
La journée commençait pourtant bien. Le chat n'avait pas vomi de boules de poil et un somptueux café d'Antigua m'attendait. Il faut que j'en profite, mon torréfacteur va prendre le 25 juin prochain sa retraite et je ne suis pas bien sûr de retrouver du café pareil, d'autant qu'il n'a pas réussi à trouver un successeur. Il ne cherche que depuis deux bonnes années. Encore un magasin qui va se transformer en galerie d'art ou pire encore !
Mais après le café, les dures réalités de la vie se sont rappelées à moi. Ma bibliothèque de bandes qui me permet d'archiver mes données automatiquement me regardait d'un œil vert sur lequel était écrit un « E » majuscule signe d'une erreur fatale. Ce sale truc a réussi à avaler la bande de nettoyage et de coincer l'amorce dans le lecteur ! Direction ma boîte de tournevis, démontage du lecteur, graissage du bras du robot à l'huile de vaseline et remontage. À l'heure où j'écris, l'appareil est en rodage.
Il est assez bizarre de constater que lorsque j'ai un problème sur du matériel informatique un peu particulier, à savoir des serveurs UltraSPARC, des baies de disques, des bibliothèques ou des dérouleurs de bande, je ne puis compter que sur moi. Je devrais peut-être me reconvertir dans la maintenance de ce genre de matériel. Quand je vois le prix demandé par l'escroc qui a eu la délicatesse de m'envoyer par courrier électronique son tract, je me dis que c'est peut-être un métier d'avenir.
Soyons sérieux. Le pigeon^Wclient règle la prestation d'avance, prestation qui se fait à distance. C'est plus sûr, le client floué ne peut sauter à la gorge du mage, qui, pour être mondialement connu dans son quartier, ne doit pas moins être connu des services de police de son lieu habituel de résidence.
Ayant un certain nombre de clients particulièrement pénibles — dont un qui est fier d'être bac-2 et que je dois lire à haute voix car il ne détache même pas les mots lorsqu'il m'écrit un courrier électronique —, je voulais contacter ce monsieur pour lui demander s'il avait un SIRET un numéro de TVA pour pouvoir lui envoyer certains de mes clients. Comme il travaille à distance, il devrait être capable de réparer des serveurs franciliens depuis Nice. Peine perdue, le numéro de téléphone sonne dans le vide.
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c'est aujourd'hui la fête du travail avec son cortège de manifestations diverses et variées. Ce matin, place de la République à Paris, il y avait sur le coup de midi plus de vendeurs de merguez et de brochettes que de manifestants. Cela s'est un peu peuplé par la suite et la fête du travail est devenue une tribune anti-gouvernementale. Entre les slogans ouvertements hostiles aux entreprises, au gouvernement et au patronat, nous avions le choix. Et cette manifestation — si elle n'était pas nombreuse car quel être doué de deux doigts de bon sens irait manifester sur ses jours de congés ? — était lente. Ce qui m'a permis de les entendre durant trois bonnes heures et de méditer leurs slogans et leur bêtise crasse. Je laisse ici et dans le désordre le fruit de mes méditations.
J'en étais là de mes réflexions lorsque j'ai aperçu sur la place au bas de mon immeuble les anarchistes de la librairie de la rue d'à-côté partir vers les manifestants avec des drapeaux noirs. Finalement, il faudrait au moins que tous ces types comprennent une seule chose. Nous vivons dans un beau pays puisque n'importe quel imbécile peut prendre le premier mai une sono surpuissante pour déverser sa haine contre le système, le pas français, le capital ou le patronat, faisant des racourcis populistes dignes du poujadisme le plus bas. Vous allez me dire que le poujadisme était censé défendre les petits commerçants. Peut-être, mais ce que j'ai entendu cet après-midi n'était qu'un genre exacerbé de poujadisme raccolant pour une soi-disant défense de l'ouvrier qui n'existe plus dans notre beau pays. Et ce n'était guère différent du contenu des discours prodigués par le Front National.
J'aimerais donc que quelqu'un m'explique sans rire ce qui fait la différence fondamentale entre un partisan du Front National et les syndicalistes braillards du boulevard Voltaire. Les mots, les thèmes et les solutions présentés étaient les mêmes. Prolétaires de tout le pays, unissez vous. Mais n'oubliez pas que dans le mot national-socialisme, il y a à la fois le mot national et le mot socialisme. Réfléchissez bien à cela ! Enfin, essayez…
Cela vous a sans doute échappé, mais à Gunsbach, petite bourgade de l'entrée de la vallée de Munster s'est déroulé il y a quelques jours un vol particulièrement lamentable et risible. Les habitants de ce village ont la chance d'avoir un artisan boulanger-pâtissier qui a passé une partie de son carême à fabriquer des œufs, des lapins, des cloches et tout un tas de petites choses autour du chocolat et du praliné qui devaient faire le plaisir des petits et des grands pour Pâques.
Figurez-vous que dans la nuit de dimanche à lundi dernier, vers 1h30, la boulangerie Maurer, rue Adolphe Muller à Gunsbach a été dévalisée. Lorsque le propriétaire est arrivé sur place, le ou les cambrioleurs avaient disparu, emportant avec eux quelque vingt-cinq kilogrammes de pralinés et moulages, soit près d'un tiers de la production des chocolats de Pâques estimée à 1500 €.
Visiblement, ils n'en étaient pas à leur coup d'essai. En effet, un peu plus d’une heure plus tôt à quelques kilomètres de là, à la boulangerie Adelaïde de la station-service Total à Mittelwihr, deux individus ont été mis en fuite par le boulanger qui travaillait alors qu’ils portaient des coups dans la porte d’entrée. Ils sont parvenus à remonter dans leur voiture, mais sont repartis bredouilles.
Dans quel pays vit-on ? J'arrive encore à concevoir qu'on s'en prenne à des gens fortunés même si je ne cautionne pas ces pratiques, mais s'en prendre à un artisan pâtissier de village pour dérober 1500 € de chocolat est particulièrement lâche. C'est tout aussi lamentable qu'attaquer une vieille dame au sortir de la poste où elle vient de toucher son minimum vieillesse ! Où est le sens de l'honneur du milieu si tant est qu'il existe encore ? J'espère au moins que ces monte-en-l'air auront une crise de foie mémorable !
Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté de changer un robinet d'évier chez une de mes connaissances. J'aurais dû fuir courageusement lorsqu'on me l'a demandé. Fuir parce que je n'avais pas les outils sous la main et fuir d'autant plus que je devais passer derrière un plombier parisien. Je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire.
J'ai donc dû partir à la recherche d'un chalumeau. Un chalumeau bête pour braser des tuyaux de cuivre au cuivre-argent ou cuivre-phosphore. Si vous rentrez un jour dans un magasin en demandant un tel chalumeau, vous ressortirez à coup sûr avec un chalumeau oxhydrique ou un bazar à acétylène. C'est tellement plus cher et franchement pas beaucoup plus efficace qu'un bon vieux chalumeau fonctionnant au propane.
Figurez-vous que j'habite au centre de Paris, une bourgade tellement sous-développée qu'il est impossible de trouver un chalumeau au propane correct et encore plus difficile de trouver une bouteille de gaz propane. J'ai fini par trouver chez Primagaz, sur internet, un chalumeau acceptable. Mais ce chalumeau ne fonctionne qu'avec une bouteille de propane qu'on ne commande pas encore sur internet.
Je viens de passer deux semaines à chercher une petite bouteille de propane. Pas une de 13 kg, une demi-bouteille qui suffira largement et sera plus facile à ranger. Après avoir téléphoné à tous les revendeurs de gaz de mon quartier, certains ne vendant que des recharges, non des consignes, et encore seulement sur commande expresse, d'autres ne vendant que du butane parce que comprenez-vous il ne gèle pas dans Paris, je finis par tomber sur la capitainerie du port de Paris-Arsenal qui me signale aimablement que oui, ils ont bien des bouteilles de propane et qu'ils font naturellement les consignes. L'employé n'était pas plus étonné que ça, il a l'habitude de voir débarquer chez lui des non plaisanciers dans le seul but de lui acheter du propane.
Je me retrouve donc avec une bouteille de propane jaugeant 15 kg au bas mot à la capitainerie du port et il me fallait rentrer vers la place de la République. J'essaie de prendre le bus. Il est parfaitement impossible de prendre le bus avec une demi-bouteille de gaz, le machiniste refuse. Qu'il soit condamné — et avec lui ses sept générations suivantes ! — à marcher trois kilomètres avec une telle bouteille !
Et heureusement encore que je n'ai pas une tête de terroriste sinon il aurait directement appelé les forces de l'ordre et les démineurs. Je ne tente même pas le métro et essaie de trouver un taxi. Même motif, même punition. Je n'ai pas trouvé un seul taxi qui m'autorisait à monter avec ma bouteille de gaz. Comme je bataillais depuis quinze jours, il était hors de question de la laisser sur le trottoir !
Je décide donc de rentrer à pied. Une balade romantique avec une bouteille de gaz sur l'épaule. Il faut dans un premier temps éviter les grands boulevards. Les gens ne faisant absolument pas attention en général, pourquoi feraient-il attention à un individu assez bête pour se balader avec une bouteille de gaz sur l'épaule ? En route donc par la rue des Tournelles, place des Vosges, rue de Turenne… Enfin, en route, c'est un bien grand mot parce que j'avais oublié que rue des Tournelles se trouvait une synagogue, que celle-ci était gardée par un cordon de forces de l'ordre et que je remontais négligemment la rue quelques jours avant la pâque juive avec une bouteille de gaz verte du plus bel effet. J'ai échappé à la fouille au corps mais ai dû présenter mes papiers et justifier ma présence en un tel lieu avec une bouteille de gaz. Bientôt, il faudra faire des détours pour éviter les synagogues, ce qui ne fera en y réfléchissant bien qu'un embryon de ghetto. Pauvre France ! Arrivé square du Temple, une bande de jeunes était en train de se faire contrôler pour détention et usage de stupéfiants. Il faut dire que fumer au nez et à la barbe d'un cordon de CRS des cigarettes qui font rigoler n'est pas la chose la plus intelligente qui soit. Et dire qu'il s'en trouve encore pour dire que le canabis n'est pas nocif pour le système nerveux central… Je ne sais pas pourquoi, mais l'un de ces CRS se tourne vers moi pour me demander une seconde fois mes papiers. Deux fois en une heure pour la simple raison que je portais une bouteille de gaz dans Paris. La dernière fois qu'un agent de police m'a demandé mes papiers, c'était juste après les attentats de 1995 devant chez moi, à côté de Beaubourg !
La psychose doit être assez sérieuse pour que les gardiens de la paix aient pour consigne de contrôler tout porteur de bouteille de gaz. Mais restons dans le sujet. On nous bassine avec les transports en commun pour éviter la pollution et les embouteillages. Peut-être, mais encore faudrait-il pouvoir les utiliser pour transporter quelque chose d'aussi petit qu'une demi-bouteille de gaz ! Je n'ose me mettre à la place d'une personne âgée qui cherche une bouteille pour sa gazinière.
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