Depuis un mois et demi, je recherche une nouvelle mission ou un contrat de travail. Je recherche cela en France et à l'étranger, activement. Je recherche d'autant plus activement que je n'ai pas de parachute social, que mes charges sont démentes et qu'elles ont brutalement augmenté l'an passé. Et ce n'est pas fini, les lois de finance pour 2014 portent déjà leur lot de surprises.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, j'ai fait dix ans d'études après le baccalauréat. Une erreur qu'il ne faut surtout pas faire pour espérer travailler en France. Cinq ans, ça suffit amplement. C'est même déjà beaucoup. Et surtout, il faut faire chef de projet, rien d'autre. Un chef de projet, c'est un type capable de maîtriser Powerpoint en utilisant plus de deux cent cinquante-six couleurs. Si en plus il brasse du vent et est victime de réunionite aiguë, c'est encore mieux. Le stade ultime étant le chef de projet qui organise des séminaires de motivation en vue d'organiser des réunions où l'on discutera du bien fondé de telle ou telle rencontre. Ne riez pas, c'est du vécu.
Faire plus d'études ne sert strictement à rien. En France, il faut faire partie de la masse des gens qui gagne moins du salaire médian. Typiquement des 40% de foyers fiscaux qui ne paient pas d'impôt sur le revenu. De toute façon, en gagnant plus, tout ce qui dépasse retourne peu ou prou à l'état sous forme de cotisations diverses et variées, d'impôts ou de prélèvements. Nous sommes d'ailleurs de gros gâtés, l'imagination des fonctionnaires de Bercy est sans limite.
La conclusion est amère, mais lorsque vous vous entendez dire plusieurs fois par semaine que :
vous en arrivez vite à la conclusion que la France est vraiment un pays pourri et que l'implosion du système n'est pas loin.
Non seulement vous ne pouvez pas travailler, mais en plus vous n'avez pas intérêt à rechercher un poste en adéquation avec votre formation. L'APEC m'a déjà proposé d'être gouvernante générale (d'un établissement hospitalier). Hier, cette même agence m'a proposé d'être chef d'équipe de techniciens de surface pour ne pas dire femmes de ménage qui doit être sexiste. Depuis deux mois, en fait, je n'ai eu aucune offre de l'APEC qui correspondait à ce que je savais faire.
Quant au marché de l'emploi, il est de plus en plus atone et il ne faut rien en attendre.
Mais en revanche, vos charges sont dues. Démerdez-vous, vous auriez dû prévoir.
L'état a besoin d'argent. Et pour boucler les fins de mois, tout est bon, même mettre des gens dans une misère noire.
J'ai reçu ce matin un coup de téléphone de mon centre des impôts. J'ai craqué face à tant de mauvaise foi, à tant de mépris de la part d'une administration qui n'est là que pour me tondre la laine sur le dos. En effet, depuis une vingtaine d'années, j'ai payé à titre personnel, sur mon activité libérale propre, quelque 500000 euros constants. Mon entreprise, en dix ans, a donné toutes charges confondues à l'état plus d'un million d'euros constants. Même durant les périodes de vaches maigres, et il y en a eu, j'ai toujours fait le nécessaire pour régler mes impôts et mes charges sociales en temps et en heure.
En novembre dernier, mon principal client m'a fait comprendre que les budgets de recherche étaient annulés. Je me retrouve donc sans aucun revenu puisqu'étant profession libérale, je n'ai le droit à aucune indemnité sauf, le cas échéant, en me radiant du RCS, ce qui m'interdit aussi de retrouver une autre mission.
En novembre dernier, donc, j'ai pris la peine d'aller à mon centre des impôts. J'y ai passé une matinée à passer de bureau en bureau. Je ne demandais qu'un étalement. Peine perdue, on m'a fait comprendre que je n'aurai droit à rien et, si vous vous souvenez du papier que j'ai écrit à l'époque, j'ai même eu le droit de remplir un bordereau d'ISF. Devant l'attitude des fonctionnaires des impôts, j'ai emprunté pour payer mon impôt sur les revenus. Pour le RSI, j'ai demandé un étalement. Cet étalement m'a été accordé, mais avec une pénalité de 10%. Normal me direz-vous.
N'arrivant à rien et entendant tous les jours que je suis trop diplômé, que je vais m'embêter à tel ou tel poste, je commence à désespérer. J'ai donc pris la peine d'envoyer un courrier recommandé à mon centre des impôts avec toutes les pièces justificatives et utilisant l'article 247 du livre des procédures fiscales pour demander une remise gracieuse.
En effet, cet article stipule :
Article L247
- Modifié par LOI n°2013-1117 du 6 décembre 2013 - art. 15
L'administration peut accorder sur la demande du contribuable ;
1° Des remises totales ou partielles d'impôts directs régulièrement établis lorsque le contribuable est dans l'impossibilité de payer par suite de gêne ou d'indigence ;
2° Des remises totales ou partielles d'amendes fiscales ou de majorations d'impôts lorsque ces pénalités et, le cas échéant, les impositions auxquelles elles s'ajoutent sont définitives ;
2° bis Des remises totales ou partielles des frais de poursuites mentionnés à l'article 1912 du code général des impôts et des intérêts moratoires prévus à l'article L. 209 du présent livre ;
3° Par voie de transaction, une atténuation d'amendes fiscales ou de majorations d'impôts lorsque ces pénalités et, le cas échéant, les impositions auxquelles elles s'ajoutent ne sont pas définitives.
Les dispositions des 2° et 3° sont le cas échéant applicables s'agissant des sommes dues au titre de l'intérêt de retard visé à l'article 1727 du code général des impôts.
L'administration peut également décharger de leur responsabilité les personnes tenues au paiement d'impositions dues par un tiers.
Aucune autorité publique ne peut accorder de remise totale ou partielle de droits d'enregistrement, de taxe de publicité foncière, de droits de timbre, de taxes sur le chiffre d'affaires, de contributions indirectes et de taxes assimilées à ces droits, taxes et contributions.
L'administration ne peut transiger :
a) Lorsqu'elle envisage de mettre en mouvement l'action publique pour les infractions mentionnées au code général des impôts ;
b) Lorsque le contribuable met en œuvre des manœuvres dilatoires visant à nuire au bon déroulement du contrôle.
Sauf erreur de ma part, il est écrit : remises totales ou partielles d'impôts directs régulièrement établis lorsque le contribuable est dans l'impossibilité de payer par suite de gêne ou d'indigence. Si je ne suis pas actuellement en situation de gêne, je ne sais pas ce que signifie ce terme. Je paie actuellement 5000 € mensuels d'impôts et de charges diverses pour un revenu du foyer fiscal d'à peu près 2000 € sachant que tout ce que j'avais devant moi a été avalé par les rattrapages divers et variés du RSI, de l'URSSAF et des impôts. Non que j'ai gagné beaucoup plus, mais parce que les règles de calcul ont changé, dont une partie des règles rétroactivement au 1er janvier 2013. La dernière modification a été faite en catimini le 30 décembre dernier et est applicable rétroactivement au 1er janvier 2013. Je vous annonce déjà que tous les nets fiscaux des feuilles de salaire des cadres sont fausses.
Ce matin, j'ai donc reçu un coup de téléphone dans lequel Madame D. m'indique que rien ne sera fait pour moi parce que mes impôts n'ont pas encore été calculés et ne le seront qu'en septembre prochain. Elle me donne donc un rendez-vous pour un étalement de ma future dette fiscale fin septembre 2014. J'ai refusé. Mon problème, je l'ai aujourd'hui. Je n'en ai rien à faire d'avoir un rendez-vous dans six mois. Dans six mois, je serai peut-être mort, à l'étranger, toujours sans mission. Je serai peut-être en poste quelque part. J'ai déjà du mal à imaginer la fin de la semaine, alors me demander de me projeter dans six mois, c'est se moquer de moi.
Et là, la discussion est devenue surréaliste. Dans un premier temps, cette dame me reproche de ne pas avoir anticipé mes impôts. Comment aurais-je pu le faire vu que les lois de finances ont été rétroactives et que celles qui ne l'étaient pas étaient aussi connues de mon centre des impôts. Et ce n'est pas comme si je n'étais pas mensualisé. Ce n'est tout de même pas de ma faute si les règles comptables et fiscales ont changé en cours de route (déplafonnement des cotisations sociales, réintégrations de charges dans le net fiscal et j'en passe des vertes et des pas mûres !). Là, il y a eu un blanc.
Il y a aussi eu un blanc lorsque je lui ai demandé comment elle ferait dans ma situation. La seule réponse a été, je cite, qu'elle n'avait pas à répondre à cette question. C'est bien dommage, j'aurais aimé avoir son avis.
Puis elle me reproche d'avoir fait des démarches en prévoyance d'un problème qui ne se poserait peut-être plus en septembre, me signalant sans rire que je pouvais simplement attendre les rejets des prélèvements sur mon compte en ne tenant pas compte des relances et des différents courriers de menace de la part des impôts. En revanche, en septembre prochain, même si ma situation ne s'est pas améliorée, je devrai certainement régler l'intégralité de mes impôts parce que, comprenez-vous, vous auriez dû prévoir. Prévoir, je vais de ce pas acheter une boule de cristal pour savoir à quelle sauce je vais être mangé et quelles sont les nouveautés fiscales qui vont être votées rétroactivement par nos chers députés. Sans commentaire.
Mon problème, en fait, est d'avoir emprunté pour régler mes impôts l'an passé. Je suis à jour de mes règlements. Et ça, ça leur pose problème. Ils n'arrivent pas à intégrer que l'on puisse être dans la merde en payant ses impôts, comme ils ne doivent pas avoir l'habitude de contribuables trop honnêtes et se débrouillant pour régler leurs impôts même en cas de gros problèmes financiers. Ils n'arrivent même pas à imaginer qu'on puisse être sans rien (ni RSA, ni allocations chômage) et qu'on doive sortir 5000 € mensuels pour payer ce beau monde. Ils n'ont aucune idée de ce qu'est le statut de profession libérale et, je dois dire, se contrefichent de tout. Ce ne sont pas eux qui ont les problèmes et cela ne les concerne pas.
Revenez vous voir en septembre. Et d'ici-là, que dois-je faire ? La manche ? Me déguiser en drag-queen et tapiner ? Faire le gigolo ? Travailler au noir ? Vendre mon appartement ?
Réponse : « mais payer ce que vous nous devez. » De toute façon, votre femme est solvable. Au pire, en septembre, on posera une retenue sur son salaire si vous ne pouvez emprunter à votre famille ou à des amis. Notez bien le nous. On aurait dit que j'essayais de la voler, cette brave dame, et que cela sortait de sa poche.
La France est décidément un beau pays. Il y a visiblement deux catégories de français. La première, que tout le monde va aider, qui reçoit de l'argent de partout, et l'autre, qui n'est là que pour payer, payer toujours et encore, et qui n'a pas le droit d'avoir un seul problème financier dans sa vie.
Non, ce n'est pas un beau pays. Je ne pensais pas écrire cela un jour, mais c'est vraiment un pays de merde.
François Hollande veut rendre la France attractive et fiscalement stable. Il a profité de son voyage en Arabie Saoudite pour le faire savoir.
C'est assez amusant. Ce que perçoit sans aucune ambiguïté n'importe quel chef d'entreprise ou n'importe quel travailleur non salarié, toutes couleurs politiques confondues, n'était jusqu'à présent même pas envisagé par notre président de la république. Pourtant, il doit être intelligent puisqu'il est sorti diplômé de l'ENA. Remarquez, Marie-Ségolène Royal aussi, ce n'est donc pas un critère absolu !
Deux choses sont assez étranges dans cette déclaration. Comment se fait-il qu'un responsable politique ne puisse imaginer les conséquence d'une valse fiscale avant de la lancer ? Il n'a même pas l'excuse de ne pas savoir tant les modifications fiscales ont été légions depuis quelques années. Et surtout, pourquoi faire cette annonce en Arabie Saoudite ?
La réponse est peut-être simple. Il ne s'agit pas de rassurer la majorité de la population française mais d'envoyer un message à tous ceux qui comme moi surveillent les nouvelles de l'étranger et envisagent de s'expatrier, le climat fiscal devenant par trop irrespirable. Il s'agit sans doute aussi d'envoyer un signal fort à tous les étrangers qui pourraient investir en France. Et il y en a un paquet au Moyen-Orient.
Sauf qu'il faut plus que du vinaigre pour attraper des mouches. Si l'illusion peut perdurer pour des investisseurs étrangers qui ne sont pas directement touchés par la fiscalité française, il faudra un peu plus que des annonces pour retenir les candidats français à l'exil.
Pour rassurer ces candidats à l'exil qui fournissent une bonne part de la richesse nationale et qui sont confrontés quotidiennement à l'absurdité du système français, il convient non pas de leur parler de stabilité fiscale mais de réforme de l'état. En effet, ils savent que la stabilité fiscale est impossible sans une réforme profonde de l'état pour en limiter les dépenses, cette fameuse réforme que l'on attend depuis vingt ans, dont tout le monde parle mais qu'on ne voit jamais poindre.
Cela passe par une réforme du mille-feuille administratif. La multiplication des échelons administratifs depuis les premières lois de décentralisation a un coût énorme pour la collectivité et a abouti à une explosition des impôts locaux. Mais comment imaginer qu'un élu local ira voter pour la disparition de son pré carré ? Sans une réelle volonté politique, rien ne changera.
Cela passe aussi par une diminution du chômage, donc par une modification du droit du travail. Une diminution du chômage signifie des dépenses d'indemnisation en moins et des recettes en plus. Partout, on entend que les entreprises n'embauchent pas. Mais elles n'embauchent pas parce qu'elles n'en ont pas les moyens, même si leurs carnets de commandes sont pleins. La protection du salarié est bien trop importante vis à vis de tous les autres travailleurs. En effet, en cas de baisse d'activité, il faut savoir qu'un licenciement économique coûte peu ou prou l'équivalent d'un an de salaire chargé du salarié licencié à son employeur. En d'autres termes, lorsqu'un petit patron n'a pas un an de visibilité devant lui, il n'embauche pas. Il serait même enclin à débaucher.
Trop de protection du salarié tue l'emploi. Mais comme une grande partie de ces protections ont été voulues par des syndicats qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui commandent à la France, ce n'est pas demain que cette situation changera.
Quant au grand machin qu'est la sécurité sociale, vivement qu'elle soit gérée correctement. On devrait commencer par gérer cela comme une assurance, c'est-à-dire en gérant un risque, et non comme un impôt ouvrant des droits. Et si on pouvait aussi virer une bonne fois pour toute les syndicats qui y font la loi, ce ne serait pas un mal non plus. À ce propos, la sécurité sociale française n'est plus un monopole depuis vingt ans et rien n'interdit un travailleur non salarié voire un salarié de prendre une assurance privée européenne contrairement à ce qu'affirme haut et fort la sécurité sociale sur son site internet depuis la dernière condamnation de l'état français en novembre dernier pour non respect d'une directive européenne intégrée au droit français depuis 1999. L'état français a peur que les travailleurs quittent sa belle sécurité sociale que personne au monde ne nous envie, sauf peut-être Michael Moore qui n'a pas tout compris, de peur qu'elle n'implose en vol sans que jamais il ne se pose la question de savoir pourquoi les travailleurs auraient intérêt à aller prendre une assurance privée.
Le travailleur non salarié et le chef d'entreprise sont pris en otage en France par les syndicats des salariés qui prennent toutes les décisions sur la vie sociale et qui commandent au gouvernement pour avoir toujours plus de fonds à distribuer aux pauvres salariés. Jamais la question de savoir pourquoi le salarié est si pauvre ne leur traverse l'esprit. Au lieu de tous ramer dans le même sens pour le bien commun, il y a de plus en plus de distance entre ceux qui fournissent l'emploi et les employés, les premiers payant de plus en plus pour les autres alors que leurs recettes ne sont pas extensibles. Lorsque la pression devient trop grande, ils partent sous d'autres cieux.
La question est alors de savoir qui sera assez fou pour les remplacer et fournir de l'emploi aux salariés pour alimenter la machine. Et surtout, la stabilité fiscale sans réforme de l'état sera-t-elle suffisante ?
Le 31 décembre dernier, à 20h00, je n'avais rien d'autre à faire que d'écouter les vœux du président de la république. Non que j'y croie ou que j'en tire des tendances pour l'année à venir, mais c'est généralement pour moi un spectacle amusant. Et qu'avons-nous entendu ? Que la pression fiscale était trop forte — j'allais dire tu l'as dit bouffi ! —, que la courbe du chômage allait s'inverser parce qu'on commençait à sentir les premiers frémissements de l'inversion et autres balivernes. Cela relevait plus de la méthode Coué que des prévisions de Madame Soleil. C'est dire !
Pourtant, le marasme pour tous, c'est pour 2014.
En effet, tous les indicateurs économiques sont au rouge et 2014 pourrait bien voir éclater un certain nombre de bulles. Le séisme qui s'ensuivrait serait bien plus dévastateur encore que la dernière crise dont nous ne nous sommes toujours pas relevés. Forcément, nous n'en avons rien appris.
En 2013, l'indice S&P 500 de la bourse américaine a grimpé de 30%. Robert Shiller se déclarait ouvertement préoccupé par cette hausse dans un entretien au Spiegel en décembre dernier. Il faut signaler que Robert Shiller n'est pas le dernier des amuseurs publics puisqu'il est spécialiste des évaluations des actifs par les marchés boursiers et qu'il détient le prix Nobel d'économie 2013 et celui de la Deutsche Bank 2009. Selon lui, les prix des actions commencent à ne plus refléter les rendements réels. Il ne tire pas encore l'alarme mais juge que la situation actuelle pourrait très mal finir.
La position de Robert Shiller n'est pas partagée par tous. Pourtant, c'était l'un des rares à avoir prédit avec Benoît Manldelbrot la catastrophe de 2008 puisqu'il avait signé en septembre 2007 un article intitulé Bubble Trouble. Il y mettait en garde les investisseurs contre le risque d'une crise financière majeure résultat d'un effondrement du marché immobilier américain. La suite lui a donné raison.
L'un des apports de Robert Shiller à l'économie est la construction d'un indicateur mesurant le risque de crise. Cet indicateur, appelé Cape, correspond au prix de l'action divisé par la moyenne des dividendes corrigés de l'inflation servis durant les dix dernières années. Selon lui, lorsque le Cape dépasse 28, il faut tirer les sonnettes d'alarmes. Aujourd'hui, début 2014, cet indicateur vaut déjà 25. Et il monte toujours.
Fig. 1 : le Cape de Shiller honteusement repompé du site du Financial Times
Admirez les envolées de 1929, de 2000 ainsi que les baisses de 1932, 1973 et plus près de nous celles de l'éclatement de la bulle Internet et de la crise des subprimes.
Mais ce n'est pas tout. Des actions comme celles de Facebook (cours doublé depuis l'été dernier) ou de Twitter (cours triplé en moins de deux mois) sont totalement déconnectées des valeurs réelles de ces entreprises. D'autres jeunes sociétés lèvent des fonds à des prix aberrants et sont surévaluées. Une start up comme Box (stockage de données) est valorisée à plus de deux milliards de dollars US et une autre entreprise, à peine plus ancienne, Palantir (analyses de données automatiques pour des agences de renseignement) vaudrait neuf milliards de dollars US !
Et que dire des rachats à des montants déraisonnables d'entreprises qui n'ont encore fait aucun profit ? Souvenez-vous de Facebook qui était prêt à payer la bagatelle de trois milliards de dollars pour la start up Snapchat, un sombre service de partage de photographies et de vidéos pour adolescents… Non seulement Snapchat ne valait pas ces milliards, mais Facebook ne les avaient pas non plus en espèces sonnantes et trébuchantes. Il y a derrière ces opérations la notion de crédit et si jamais le soufflé retombe, nous aurons droit à une nouvelle crise du crédit qui ne sera pas sans nous rappeler à la fois la crise de subprimes et celle de l'implosion de la bulle internet du début des années 2000.
Mais pour 2014, il ne faudrait pas perdre de vue qu'il n'y a pas que la bulle technologique qui pourrait bien exploser. Il y a aussi une bulle immobilière. Je ne parle pas de la bulle immobilière que nous pouvons connaître en France et qui est surtout nourrie par le manque d'offre. Je parle d'une bulle immobilière dans un pays qui est l'un des principaux bailleurs de fonds internationaux si ce n'est le seul. Je parle de la Chine.
En effet, la Chine, pour obvier au ralentissement de son économie, a créé de la monnaie ex nihilo. Sa masse monétaire M2 correspondant à la somme des engagements monétaires de sa banque centrale (pièces et billets en circulation, avoirs en monnaie scripturale comptabilisée par cette banque centrale), des dépôts à vue, des dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et des dépôts assortis d'un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois a crû de 175% depuis 2007.
Le problème est que cette nouvelle masse monétaire ne va pas vers la consommation ou l'investissement productif mais vers l'investissement immobilier qui est le seul moyen dans ce pays de se prémunir contre l'inflation. Ainsi, cette dette privée des chinois a augmenté deux fois plus vite entre 2008 et 2012 que celle des américains entre 2002 et 2008, juste avant l'explosion des subprimes. John Williams, président de la FED de San Francisco, a même signalé lors d'une conférence :
De nombreux observateurs craignent que des prêts et emprunts excessifs ne créent (en Chine) une bulle, de la même nature que celle qui a éclaté aux États-Unis.
En Europe, nous sommes partisans d'une monnaie forte et de taux d'intérêts faibles. En d'autres termes, nous sommes partisans de la rigueur budgétaire et je dois dire qu'il était temps. Pourvu que l'on garde cette orthodoxie budgétaire parce qu'elle est le seul rempart contre un éclatement de la bulle technologique américaine et du crédit chinois qui pointent. Sans cela, l'année 2014 pourrait bien être sportive.
Pourtant, les adversaires de l'austérité feront tout pour laisser filer la monnaie et contraindre la banque centrale européenne à faire tourner la planche à billets. S'ils gagnent, non seulement nous aurons une dépréciation de l'euro (sous forme d'inflation ou de taux d'intérêt plus grands), mais nous serons d'autant plus vulnérables à l'explosion de ces bulles.
Alors en 2014, au moins aux européennes, votez en regardant un peu plus loin que le bout de votre nez. Votez pour l'intérêt général et non pas pour votre intérêt particulier.
Quoi de plus banal qu'un accident de ski. Mais lorsque l'accidenté s'appelle Michael Schumacher, cela devient l'attraction de ce début d'année.
Pourtant, il y aurait tant d'autres choses à faire pour les journalistes. Que se passe-t-il en République Centrafricaine ? Au Mali ? Pas grand'chose certainement. La seule information essentielle semble être l'état de santé de Michael Schumacher. On parle de son coma, de son traumatisme crânien. On parle aussi de la caméra embarquée sur son casque et de sa chute en dehors d'une piste balisée. Dans quel but ? Établir une reconstitution ? Faire condamner le bout de rocher chafouin ?
C'est indécent. Pour sa famille, pour les autres accidentés et pour les journalistes.
L'information, laconique, aurait dû être : « Michael Schumacher, ancien champion du monde de formule 1 a été victime d'un accident de ski en faisant du hors piste à Méribel le 29 décembre 2013. Son pronostic vital est engagé. » Ni plus, ni moins, des faits, juste des faits.
Au lieu de cela, on apprend qu'un spécialiste a été détaché à son chevet — sans doute n'avait-il pas de patient aussi célèbre dans son propre hôpital. La famille et les médecins sont pris d'assaut par les journalistes. Que ce spécialiste ait été détaché ne me dérange pas outre mesure même si je doute que ce puisse arriver pour un accidenté quelconque. En revanche, je suis outré par le fait que l'on annonce cela comme habituel en sous-entendant que l'équipe médicale de traumatologie d'un hôpital de montagne n'est pas assez bonne pour soigner une personnalité.
Les médecins ont été mis en porte-à-faux, la famille aurait sans doute voulu un peu plus de calme. J'espère au moins que les autres accidentés n'en ont pas pâti. Tout cela pour quoi ? Pour une soif de sensationnalisme de caniveau qui ne grandit une fois de plus pas la presse.
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