Après avoir entendu durant trois mois que j'étais trop diplômé, trop compétent pour ne pas dire trop cher, que j'allais m'ennuyer chez tel ou tel client, je vais participer à la conception de la nouvelle mouture de Nao. Qu'est-ce que Nao ? Un petit robot humanoïde d'une soixantaine de centimètres de haut tout à fait craquant et, chose qui devrait intéresser Montebourg, un produit français.
Fig. 1 : deux Nao en évolution
Je vais enfin pouvoir refaire de l'électronique intéressante, pas du bricolage ou de l'informatique jetable et inintéressante au possible. Étant donné que cette tâche est très prenante, je risque d'avoir un peu moins de temps pour mes séances régulières de thérapie de groupe.
Il serait malhonnête de dire que je soutenais les idées politiques du quotidien Libération, mais je dois dire que ce journal ne récolte aujourd'hui que ce qu'il mérite.
En effet, depuis sa création, il ne suffit pas pour un tel journal, estampillé à gauche, de traiter d'actualité, il faut encore qu'il ne perde pas de vue sa ligne politique. Or ce journal a trahi son lectorat en ayant une vue à court terme et, pensant caresser ce même lectorat dans le sens du poil, a perdu l'essence de sa ligne politique et éditoriale.
Acheter Libération n'est pas aussi neutre que lire le Monde ou le Figaro. Les partis pris des lecteurs sont plus prononcés. Mais cela ne signifie pas qu'il ne faut pas informer ses lecteurs.
Je me souviens qu'au début de la fameuse crise dans laquelle nous sommes toujours et que nous ne sommes pas prêts de quitter, j'avais pris rendez-vous avec le journaliste économique en chef de Libération. Pourquoi Libération ? Pour plusieurs raisons. D'une part, ce n'était pas très loin de chez moi, mais aussi je pensais naïvement qu'un journal marqué à gauche aurait plus de liberté pour informer ses lecteurs de ce qui était en train de se passer et qui allait nous envoyer dans le mur. J'ai eu un entretien de deux heures et j'avais apporté avec moi un certain nombre de documents sur l'asphyxie des entreprises par le secteur bancaire français. Lehman Brothers n'avait pas encore fait faillite et le château de cartes tenait encore à peu près. Il y avait matière à monter un dossier complet sur l'explosion à venir de l'économie française. Au lieu de cela, rien. J'ai juste eu une fin de non recevoir parce que cela n'était pas dans l'air du temps et que cela risquait de ne pas aller dans le sens de la ligne éditoriale du journal en question. Parler des problèmes du financement des entreprises dans un journal ouvertement de gauche sectaire n'était pas souhaitable.
Pourtant, tout en étant de gauche, il n'est pas interdit d'informer. Le Monde offre des tribunes à des gens de droite comme le Figaro le fait pour des gens de gauche. Libération, non. Ce titre est bien trop sectaire pour parler de choses qui pourraient froisser son lectorat.
Libération est ainsi victime de ce que j'appellerais le syndrome de l'Humanité. En effet, les lecteurs attendent moins d'un journal aujourd'hui une ligne politique qu'une source d'information. Mettre sur le papier juste ce que son lectorat attend est le meilleur moyen de se tirer une balle dans le pied parce que ce lectorat s'aperçoit assez rapidement avec tous les nouveaux media que l'information distillé est lacunaire. Acheter ce journal devient donc un acte militant, plus un acte dicté par un désir d'information.
Le seul moyen de sauver Libération est d'en faire un journal d'information, pas une tribune politique qui fournit accessoirement un peu d'actualité. Mais, je ne sais pas pourquoi, ce n'est pas dans l'air du temps. Advienne donc que pourra.
J'utilise du matériel informatique. Du vrai, censé être fiable, pas du PC ou du Macintosh pas cher et jetable. Rectification, le Macintosh est cher et pourtant jetable.
J'ai retiré de production récemment une Sun Ultra1E de 1997, mais il me reste toujours une U2E tournant sous Solaris9 vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qui va aujourd'hui sur ses quinze ans de bons et loyaux services. Elle a d'origine 2 Go de mémoire et deux processeurs à 300 MHz. J'ai tout de même changé les disques d'origine pour qu'elle utilise deux disques de 300 Go en Raid1. On n'est jamais trop prudent.
Heureusement que j'avais cette machine sous la main puisque vendredi derner, dans la soirée, une de mes Sun T1000 a décidé de rendre l'âme sur un problème d'alimentation. Je précise que cette T1000 est branchée sur un secteur secouru et parfaitement ondulé à 230V, que l'onduleur produit une forme d'onde parfaitement sinusoïdale et que la température et l'humidité de la pièce blanche dans laquelle elle fonctionnait sont parfaitement régulées à 20°C et 40% d'humidité relative. Connectée directement sur le réseau électrique standard, je pense qu'elle aurait sauté bien avant.
Cette T1000 a moins de sept ans et son prix d'achat était de plus de dix mille euros hors taxe.
Ce qui est acceptable pour un vulgaire PC à moins de mille euros ne l'est pas pour une telle machine qui n'est pas exactement jetable. D'autant que l'on sait faire des choses fiables.
En effet, parmi mes machines bizarres mais assez rarement allumées, il me reste un lot de SparcStation 20 munies soit de deux SuperSparc 75 MHz ou d'HyperSparc 200 MHz en version double ou quadruple, une SparcStation 2 (de 1991) et une 5, une SparcStation IPX, une Ultra60, une Ultra420, quatre Blade2000 et un AlphaServer 800. En dehors d'une alimentation d'U60 qui a claqué mais il faut dire qu'elle avait été stressée par un réseau électrique perturbé à Brive-la-Gaillarde par de nombreux orages, aucune de ces machines n'a eu le moindre problème et elles fonctionnent toujours comme au premier jour. L'électronique peut donc être quelque chose de fiable, encore faut-il y mettre le prix et ne pas faire des économies de bouts de chandelles. Je passe naturellement mes Ultra5 qui sont vraiment légères d'un point de vue électronique et la qualité des mémoire d'origine Sun qui n'arrêtent pas de claquer depuis quelques années surtout dans les Ultra5, les Blade2000 et les T1000. Étrangement, en achetant des mémoires compatibles, je n'ai plus ce problème. Je ne crois pas trop aux coïncidences.
Force est de constater qu'à partir de 2005, si le prix des machines Sun n'a pas franchement baissé, leur qualité est devenue déplorable. Sun Microsystems a donc vécu depuis sur un malentendu. Si l'architecture Sparc est sans doute avec la POWER l'une des dernières architectures matérielles performantes et, n'ayons pas peur des mots, valables et propres depuis que l'Alpha a été fossoyé sans vergogne par Hewlett-Packard qui est en train de le payer très cher, le reste de l'électronique est particulièrement bâclé. Pourquoi donc acheter de telles machines beaucoup plus chères qu'un PC de base et tout autant jetables ? Aucune raison valable, tant financière que technique, ne le justifie.
Je ne sais pas ce que va devenir l'architecture Sparc. Je ne sais pas ce que va en faire Oracle, mais j'ai très peu d'illusions. Pourtant, les processeurs Sparc ont leurs épingles à tirer dans la bataille de la réduction de la consommation. Mes quatre antiques T1000 déploient cent douze fils d'exécution parallèles, sont chacunes munies de deux disques SAS et de 4 ou 8 Go de mémoire et sont connectées à une baie SunStorage de douze disques U320. Le tout consomme en pointe 4A sous 230V. Difficile de faire mieux, même avec des serveurs à base d'Intel Atom comme j'en ai vu récemment.
Si vous avez suivi mes pérégrinations ces derniers mois, vous savez que je viens de passer deux ans à faire de l'expertise technique payée à la journée dans un laboratoire de recherche d'un grand groupe industriel français.
Le lundi 18 novembre dernier, je reçois un coup de fil vers 20h00. J'étais arrêté sur une aire d'autoroute dans le coin de Beaune, il pleuvait. J'apprends que je n'ai pas besoin de venir travailler le lendemain matin, ma mission d'expertise était arrêtée unilatéralement pour des raisons de coupes budgétaires.
Très bien. Je suis pourtant allé à mon bureau le lendemain matin pour le vider de mes affaires personnelles.
Le 19 décembre, ce laboratoire publie tous azimuts des annonces pour quelque chose qui ressemble de manière étonnante à mon propre poste. Début janvier 2014, je m'en rends compte et pousse le vice à postuler sur mon propre ancien poste.
J'ai reçu la réponse suivante :
Message à l'attention de Monsieur Le Grincheux
Bonjour,
Nous vous remercions de l’intérêt que vous avez porté à l'offre de Ingénieur de Recherche Technologies blablablah-blablablah.
Après analyse de votre dossier, nous ne pouvons pas donner une suite favorable à votre candidature.
Sauf avis contraire de votre part, nous conservons votre dossier et nous vous invitons à le mettre régulièrement à jour et à postuler sur de nouvelles offres, en utilisant toujours le même nom d'utilisateur : le_grincheux.
Nous vous souhaitons d’aboutir dans votre projet.
Cordialement,
Grand groupe industriel français Recrutement
Ainsi, si je comprends bien, je ne suis pas apte ou pas assez compétent pour occuper le poste que j'ai occupé durant plus de deux ans à la satisfaction de tout le monde. Pourtant, la prestation étant payée à la journée, il était assez simple pour eux de rompre le contrat unilatéralement.
J'aurais une fois de plus préféré qu'on ne dise que je suis trop vieux, que je suis trop cher ou que je vais m'embêter et que je chercherai donc un autre poste répondant mieux à mes aspirations. Cela aurait au moins le mértie d'être clair.
Remarquez, ce n'est pas mieux que Thalès. J'ai postulé chez eux un vendredi soir vers 22h00. Le dimanche soir suivant, vers 22h00 aussi, j'ai reçu une fin de non recevoir signée de la direction des ressources humaines. On ne va pas me faire accroire que les ressources humaines de Thalès travaillent le week-end. Non, un stagiaire a dû créer un petit programme de réponse automatique et ce programme est tellement mauvais qu'il ne tient pas compte des jours ouvrés.
Je me demande en fait si je n'aurais pas aimé ne pas avoir de réponse du tout tant ces deux réponses sont du mépris pour les candidats.
Heureusement que que reçois aussi des réponses plus franches et d'autant plus franches que les recruteurs en question ont pris la peine de téléphoner à toutes les personnes placées en référence :
Dear Le Grincheux
Thank you for your recent application, and for your interest in a career with our company.
We were very impressed with your experience, however, we must inform you that you are overqualified for this position. We will therefore not be progressing further with your application at this time.
We are a growing, thriving organization, and encourage you to continue to check our job postings, and re-submit your application as new opportunities arise that may be more closely suited to your experience and expertise. In the meantime, we wish you every success in your job search.
Sincerely yours
Blablablah AGMrs Recruteuse en chef
Manager Human Resources
Le résultat est le même, mais au moins, je n'ai pas l'impression d'être pris pour un imbécile. Quelqu'un a effectivement pris la peine de se pencher sur mes documents. Mine de rien, c'est mieux. Ce n'était pas un laboratoire français. Cela vous étonne-t-il ?
Depuis quelques semaines, le nombre des candidats à la désaffiliation au régime de sécurité sociale français augmente tant et si bien qu'il y a actuellement un véritable vent de panique. En effet, ce système ne survit que grâce à une enceinte de fil de fer barbelé et bon nombre d'heureux cotisants quittent le navire pour des assurances bien plus efficaces, même en cas de longue affection, et bien moins chères que notre sécurité sociale.
À la suite de l'émission inqualifiable de Guillaume Erner hier matin sur France Inter (voir le papier en date du 6 février 2014), j'ai pu constater que le nombre d'articles signalant qu'il était illicite de quitter cette assurance avait explosé en un mois. Les caisses de sécurité sociale ont peur. Elles sont peur d'imploser faute d'heureux cotisants.
Mais la cerise sur le gâteau est un article du Figaro daté du 2 février courant et signé par Marie-Cécile Renault. Sans vergogne, elle conclut son article par ceci :
En attendant, sans opter pour la désaffiliation « sauvage » prônée par le groupuscule les « libérés », qui est totalement illégale, certains cotisants adoptent une stratégie d'évitement. D'après le sondage SDI, plus du quart des indépendants se sont organisés pour bénéficier d'un statut différent (salarié ou assimilé salarié) par volonté de ne plus avoir à faire au RSI.
Pour asséner de telles contre-vérités depuis un mois, il faut vraiment que le nombre de rats qui quittent le navire ait explosé. J'aime assez le terme de groupuscule, d'autant que ce groupuscule prône des choses totalement illégales.
Non seulement les mots sont infamants, mais en tant que journaliste, vous devriez connaître la loi du 29 juillet 1881. Vous savez, cette loi qui parle de la liberté de la presse et qui devrait être insrite au fronton de toutes les écoles de journalisme de France et de Navarre. Pour information, je vous cite ici son article 27 :
- Modifié par Ordonnance n°2000-916 du 19 septembre 2000 - art. 3 (V) JORF 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002
La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d'une amende de 45 000 euros.
Les mêmes faits seront punis 135 000 euros d'amende, lorsque la publication, la diffusion ou la reproduction faite de mauvaise foi sera de nature à ébranler la discipline ou le moral des armées ou à entraver l'effort de guerre de la Nation.
L'alinéa qui nous intéresse est le premier. Mais le Figaro et sa journaliste pourraient aussi être attaqués au travers de l'article 29. En tous les cas, ils le mériteraient amplement puisque cet article stipule :
- Modifié par Ordonnance du 6 mai 1944 - art. 4
Toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation. La publication directe ou par voie de reproduction de cette allégation ou de cette imputation est punissable, même si elle est faite sous forme dubitative ou si elle vise une personne ou un corps non expressément nommés, mais dont l'identification est rendue possible par les termes des discours, cris, menaces, écrits ou imprimés, placards ou affiches incriminés.
Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l'imputation d'aucun fait est une injure.
Il y a matière et j'espère que les oreilles vont siffler. Le Figaro n'est décidément plus ce qu'il était.
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