Voilà, c'est officiel. Je viens de contracter un emprunt sur cinq ans à un taux de 3,4% pour payer mon rattrapage fiscal. Je devrais parler de matraquage plus que de rattrapage.
Faisant aux dires de l'INSEE et du Parti Socialiste partie des 2% des français les plus riches, il est tout à fait normal que mes impôts et charges aient augmenté de 85% — quatre-vingt-cinq pourcents, je n'ai pas oublié de virgule — depuis l'an passé à revenus quasiment constants. Il est d'ailleurs amusant de constater que pour ces penseurs, la richesse est directement corrélée aux revenus. Sans doute une justification oiseuse et a posteriori de l'ISF. Il serait d'ailleurs intéressant d'avoir l'avis sur ce sujet des Fabius, Laurent et Thomas. Je ne sais pas bien si vous voyez de quoi je veux parler.
Pourquoi un emprunt sur cinq ans, me direz-vous ? Tout simplement parce que les hausses annoncées au 1er janvier 2014 et l'incertitude liée à mon activité font que je préfère un emprunt long remboursé par anticipation à un crédit court sachant qu'à partir du 1er janvier 2014, je devrai payer en charges, impôts et épargne volontaire et indispensable dans ma situation la coquette somme de 5000 € par mois.
Lorsque je vois aux frontons des mairies la fameuse devise Liberté, Égalité, Fraterité, je tique de plus en plus. Je n'ai aucune liberté, sauf celle de travailler comme un fou, de vivre comme un janséniste et de payer toujours plus de cotisations au pot commun. Ma liberté se réduit donc à travailler de plus en plus pour les autres et de moins en moins pour moi. L'état français, dans sa grande bonté me refuse même de quitter le couple infernal URSSAF-RSI pour prendre une autre couverture dans un autre pays de l'Union Européenne au mépris du droit de l'Union. Pourtant, j'aimerais assez, les couvertures anglaises ou allemandes étant supérieures pour des cotisations bien moins chères. L'égalité me fait rire puisque je n'ai pas le droit d'avoir la sécurité sociale, encore moins d'avoir une prévoyance pour toutes les cotisations versées ou une simple assurance chômage. L'égalité à la française ne fonctionne que dans un sens. Quant à la fraternité, nous sommes tous fraternels, certains plus que d'autres.
Mais revenons au sujet.
Lorsque quelqu'un qui fait partie des 2% des français les plus riches doit se résoudre à emprunter à sa banque pour payer ses impôts alors qu'il vit déjà chichement, c'est le signe que tout va vraiment mal. Mais je croyais encore être le seul dans ce cas. Erreur de ma part, puisque ma banquière parisienne qui ne gère que des comptes professionnels de professions libérales m'a fait comprendre quelle passait actuellement une grande partie de son temps à monter de tels dossiers.
Quand donc le gouvernement arrivera-t-il à comprendre qu'à force de noyer sous les charges les gens qui arrivent encore à travailler malgré tous leurs efforts, il ne fera que les démoraliser et les inciter à quitter le navire ?
Il n'y a pas à dire, le socialisme à la française, c'est beau. Et si un CAPES d'Allemand est tout indiqué pour parler à Angela Dorothea Merkel, il ne donne aucune compétence particulière pour parler d'économie ou de fiscalité. Là encore toute ressemblance avec un premier ministre existant ou ayant existé serait purement fortuite.
Selon les derniers écrits de l'INSEE, 14% de la population française, chiffre en constante augmentation, vivrait actuellement sous le seuil de pauvreté. Je mets à dessein le conditionnel car la définition du seuil de pauvreté est pour le moins sujette à caution. Je n'ai pas vérifié non plus le chiffre de 14%, c'est juste ce qui a été dit et répété ce matin sur France Inter.
En effet, ce seuil de pauvreté est calculé comme une fraction du revenu médian avant prestations sociales (50 ou 60% selon les pays, en France, c'est 50% pour ne pas faire trop peur). Ce calcul est donc faux car il n'intègre que les revenus nets des personnes, pas ce qu'elles ont réellement après avoir touché les aides auxquelles ils ont droit. Il n'intègre pas non plus les charges de ces personnes ni leur localisation. Il s'agit aussi d'un seuil relatif et non absolu.
Ce chiffre serait beaucoup plus réaliste, et sans doute moins flatteur, s'il prenait en compte, outre ces revenus nets, toutes les prestations sociales afférentes. De la même manière, il faudrait tenir compte de tous ceux qui passent sous le seuil de pauvreté après avoir payé leur écot à l'état. Et ce nombre ne cesse d'augmenter si j'en crois ma banquière qui ne s'occupe que de professions libérales et qui est donc bien placée pour savoir ce qui se trame actuellement sur les comptes de ses clients.
Pourquoi ?
Il y a quelques semaines, j'étais surpris du montant de mes rattrapages d'impôts et charges à la suite du changement du mode de calcul des revenus pour les professions libérales. Ce changement était tellement subtil que même les comptables ne l'ont pas vu venir. Plus exactement, ils l'ont vu venir, mais pas avec une telle ampleur. Je croyais naïvement ne pas être représentatif de cette population. Grave erreur. Après avoir eu vent d'une orthophoniste qui n'arrive plus à joindre les deux bouts, de petits artisans qui ferment boutique parce qu'ils ne peuvent plus vivre de leur activité, de cabinets dentaires en difficulté, j'ai croisé hier un huissier de justice qui, une fois le salaire de son clerc et les charges payées, n'a pas gagné un sou depuis juin dernier. En même temps, les pages saumon du Figaro mentionnaient un nombre alarmant de coiffeurs faisant actuellement faillite. Lorsque même les coiffeurs sont touchés, cela signifie que la population commence à rogner sérieusement dans les dépenses accessoires.
Il y a donc une partie des professions libérales et des artisans qui boivent actuellement le bouillon. Sans bruit. Mille travailleurs non salariés qui mettent la clef sous la porte, cela fait moins de bruit que mille salariés licenciés économiques. Tout le monde, sauf les familles de ces travailleurs non salariés, s'en contrefiche. Eux, peut-être, entreront dans les statistiques de la pauvreté. Mais les autres, ceux qui ont encore la force de se battre, n'entrent pas dans les calculs du seuil de pauvreté parce que leurs revenus sont objectivement au-dessus du revenu médian. Pourtant une fois que tous les prélèvements de toutes sortes ont ponctionné leurs revenus, il ne leur reste souvent plus rien.
Aujourd'hui, il y a un peu moins de trois millions d'artisans et de professions libérales en France. La question est de savoir combien d'entre eux sont encore objectivement au-dessus de ce seuil de pauvreté.
Quelle n'a pas été ma surprise de tomber ce matin sur le panneau suivant :
L'image se passe de commentaire. Si même le Bled ne sait plus écrire correctement, comment attendre des bipèdes moyens qu'ils ne martyrisent plus leur langue ?
Ce cliché a été pris en mai dernier à la librarie Majuscule de Dunkerque.
Jean-Luc Mélenchon l'a proposé sans rire. Le président du groupe communiste au conseil de Paris l'a repris tel quel. Il faudrait, pour lutter contre la discrimination des Roms, leur construire un village d'insertion dans le XVIe arrondissement de Paris. Pourquoi dans cet arrondissement ? Ne pourrait-on pas les loger place du Colonel Fabien ? Il s'y trouve un immeuble de bureau tellement vide qu'il sert depuis quelques années régulièrement à des défilés de haute couture dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils ne travaillent pas dans l'intérêt de la lutte des classes.
Je demande donc ici officiellement à ces deux humoristes de traverser le périphérique parisien pour aller voir ce qui se passe à Saint-Denis. Depuis deux ans, je passe tous les jours ouvrables devant des camps qui déménagent régulièrement de quelques mètres à la suite de manœuvres policières. Il ne faut pas être grand clerc pour constater les trafics en tous genres qui en découlent et qui permettent d'alimenter une certaine économie parallèle assez florissante.
Certes, il y a des mafias qui parasitent cette population. Bien entendu, il y a une misère chronique dans ces bidonvilles. Une partie des Roms peut tout à fait s'intégrer, mais une autre partie de cette population ne le fera jamais parce qu'elle est prisonnière de ces mafias. Ouvrir un village d'intégration ne résoudra pas ce problème. Cela part encore du principe que les Roms sont des victimes de la société. Or les Roms, au moins ceux qui vivent dans des bidonvilles, les autres ne faisant pas parler d'eux, ne sont pas des victimes de la société. Ce sont avant tout des victimes d'eux-mêmes, de leurs semblables. Il suffit de s'arrêter devant un camp de Saint-Denis pour voir que les mafias en question sont des mafias roms. Ouvrir un village sans lutter contre ces mafias ne résoudra rien, au contraire, cela entraînera ces populations encore plus bas.
On ne peut pas aider cette population avec des bons sentiments. On pourra les aider en luttant contre ceux qui la réduisent en esclavage. Et surtout, on ne pourra les intégrer qu'à partir du moment où tous ses membres seront disséminés dans la population française, surtout pas en les regroupant dans des villages.
J'ai de plus en plus l'impression d'être une vache à lait pour l'état. Pour être tout à fait honnête, je pense que le pire des paysans de notre beau pays aurait plus de considération pour ses vaches à lait que l'état n'en a pour moi.
Résumons la situation passée.
Depuis dix-sept ans, j'ai donné à titre personnel et sur mon activité propre 500000 € (cinq cent mille euros) constants à l'état français sous forme de charges sociales, impôts divers et variés, CSG, CRDS, CFE, ISF et j'en passe. Mon entreprise, qui n'a jamais eu plus de sept salariés, en huit ans, a contribué au trésor public à hauteur de 1000000 € (un million d'euros) toujours constants alors que je n'avais pas toujours de quoi me payer. Je ne compte naturellement pas ce que j'ai donné en TVA.
Quant à la situation présente, la voici.
Je suis mensualisé. Je paie donc scrupuleusement mes charges RSI, URSSAF et mes différents impôts chaque mois. Tous les mois, c'est la fête. L'an passé, j'ai réalisé un chiffre d'affaire similaire à celui d'il y a deux ans. Les différents organismes ont ainsi appelé leurs charges prévisionnelles. Mais c'était sans compter avec les nouvelles lois de finance et le caractère nouvellement non déductible de certaines charges. Sans avoir plus d'argent au fond de ma poche à la fin du mois, mon revenu avant impôt s'est accru par un tour de passe-passe de plus de 35000 €. Oui, vous avez bien lu, 35000 €.
J'ai donc eu un rattrapage d'impôt sur le revenu de 10000 €, un autre de la part de l'URSSAF de 5400 €, j'en attends un troisième de la part de la CIPAV que j'estime à 2000 € pour une retraite que je n'aurai jamais. Je pensais naïvement que c'en était fini. Sortir 17400 € de charges non budgétisées en trois mois, cela commence à se voir. Je m'aperçois avec angoisse que je n'ai pas eu non plus de rattrapage de la part de ma mutuelle.
Or ce samedi, j'ai eu la chance de recevoir un nouveau rattrapage du RSI de 3600 €. J'avais oublié le RSI. Donc, par un subtil jeu d'écriture comptable, mon revenu brut avant impôt a été artificiellement gonflé, ce qui non seulement a fait exploser mes impôts sur le revenu en me propulsant en plein milieu de la tranche marginale de 30%, mais en plus m'a aussi fait changer de tranche pour le RSI.
C'est magnifique, nous vivons dans un beau pays. Je paie 21000 € de charges non budgétisées en raison d'un changement de règles fiscales en fin d'année dernière. Et pour l'instant, il n'est pas question d'obtenir un étalement sous le prétexte fallacieux de monsieur, vous auriez dû prévoir.
Ces différents organismes chargés de collecte n'auraient-ils pas pu prévoir non plus ? Ils avaient toute une année pour rectifier le tir. Ce n'est pas comme si je n'étais pas mensualisé et que l'URSSAF, le RSI et la CIPAV n'avaient pas reçu mes déclarations au plus tard au mois de mars dernier ! Au lieu de cela, les bonnes nouvelles arrivent au fur et à mesure. Certains, à l'instar de la CIPAV, ne m'ont même pas encore adressé leur rattrapage. Et je ne parlerais pas encore de la CFE, parce qu'après mon augmentation l'an passé de 3600%, je ne sais pas encore à quelle sauce je vais être mangé. À la vue des travaux onéreux et ridicules qui ont été menés par la ville, je m'attends au pire.
J'avoue ne pas savoir comment j'arrive encore à tenir, à trouver l'énergie de me lever pour aller chez mes clients le matin. Certains jours j'ai envie de tout envoyer balader. Je ne le fais pas parce que, mine de rien, j'aime encore assez ce que je fais.
Pourvu que je reçoive une réponse positive de Suisse ! La France est de plus en plus invivable sauf à être un assisté. Notez bien que je ne suis pas contre l'impôt ou contre une certaine forme de redistribution, mais lorsque quelqu'un travaille dur pour qu'il ne lui reste rien à la fin du mois, il y a manifestement un problème voire de l'abus quelque part.
Il faut maîtriser les dépenses pour maîtriser les impôts et relancer l'économie. C'est impératif et urgent. J'ai voté à toutes les élections depuis que j'ai l'âge de voter. Mais à titre personnel, je ne voterai plus que pour un homme politique ou un parti qui annoncera ouvertement s'attaquer au seul problème de la France, celui de son budget en constant déficit depuis 1974. Tous les autres problèmes (compétitivité des entreprises, chômage, retraites et j'en passe) prennent leur source dans ce budget en déficit que nous n'arriverons bientôt plus à assumer.
Et s'il n'y a personne pour représenter ces idées, je ne sais même pas si je me déplacerai pour voter blanc ! Autant aller à la pêche !
Pages: << 1 ... 105 106 107 ...108 ...109 110 111 ...112 ...113 114 115 ... 204 >>