Qu'il est loin le temps où j'ai débuté comme ingénieur de recherche dans ce qui s'appelait encore le CNET. Depuis, France Telecom — pardon Orange — a évolué et force est de constater que son évolution n'a pas été faite dans l'intérêt du client ou plutôt de l'usager puisque la desserte de cuivre est toujours du ressort d'Orange.
Le 30 mai dernier, une connexion internet chez moi se met à faire n'importe quoi. La ligne étant en dégroupage partiel, je téléphone au support de l'opérateur (Nerim pour ne pas le nommer) vers 23h00. Test effectué, la ligne a un sérieux problème d'isolation. Ce n'est pas comme si c'était la première fois, j'ai déjà eu au moins trois fois le problème en dix-sept ans sur cette ligne, la dernière fois, le dysfonctionnement a duré quatre mois jusqu'à ce qu'un technicien estampillé Orange et non un sous-traitant daigne se déplacer. J'aime autant vous dire que cela fut un combat de tous les instants pour en arriver là. Je dois aussi préciser qu'il n'a jamais terminé son intervention, m'ayant souhaité une bonne soirée en me promettant de revenir le lendemain avec un coffret pour cacher l'araignée de Scotchlok qu'il venait de faire. Il n'est jamais revenu et l'installation est restée en l'état.
Donc Orange programme une intervention de technicien le 1er juin à 9h00. Il s'est effectivement passé quelque chose à ce moment puisque ma ligne a été coupée totalement. Même mon antique S63 ne trouvait plus la tonalité. Comme le service de base ne fonctionnait plus, j'appelle les dérangements qui me signalent ne rien pouvoir faire puisqu'un tocket avait déjà été ouvert par Nerim. Je prends mon mal en patience et le 2 juin à 15h00, le ticket est clôturé par Orange avec la mention ligne bonne aux essais. Or je n'avais toujours pas de tonalité, ce qui est assez bizarre pour une ligne bonne aux essais.
J'appelle donc les dérangements, quelque part en Afrique du Nord puisqu'il y avait au moment de mon appel l'appel à la prière. La brave dame me répète que la ligne est bonne aux essais et qu'un technicien va venir chez moi pour regarder le défaut. Cette invervention sera facturée 69€ pour le déplacement plus un coût pour la réparation si le défaut est chez moi.
Je n'aime vraiment pas être pris pour un imbécile d'autant que si je me permets d'appeler les dérangements, c'est après avoir fait un minimum de tests. Résumons : deux techniciens (vraisemblablement des sous-traitants) cassent ma ligne téléphonique et la branchent ailleurs par erreur. Je demande le rétablissement du service et ce serait à moi de payer pour leur incompétence. Forcément, j'exprime mon mécontentement et, au bout d'une bonne heure de discussion, j'arrive à avoir un responsable qui m'indique commander une intervention pour lundi prochain, intervention gratuite si le défaut n'est pas situé sur ma desserte interne. J'accepte et une confirmation m'est envoyée par SMS. Ce matin, je reçois un nouveau SMS m'indiquant que cette intervention sera facturée 69€ pour le déplacement du technicien. Les dérangements sont aux abonnés absents, j'appelle donc le service commercial. L'intervention sera effectivement facturée, charge à moi de demander un geste commercial.
Dites, vous n'auriez pas l'impression de me prendre pour un imbécile ? Je ne suis pas responsable des pannes générés par vos propres techniciens. Il va sans dire que je vous règlerai rien dès lors que cette panne est sur votre réseau et que je suis déjà contraint à négocier du télétravail lundi prochain pour attendre la venu de votre technicien. Et comme par enchantement, parce que ce n'est pas la première vois que vous me ferez le coup, la ligne fonctionnera à nouveau juste avant sa venue sans qu'il n'ait rien fait.
Mais ceci n'est qu'un cas particulier. À la campagne, un poteau en bois soutenant toutes les lignes téléphoniques des trois ou quatre hameaux autour de ma maison a été cassé. Sectionné au ras du sol, il tient plus ou moins en équilibre — plutôt moins que plus — grâce aux câbles le reliant à ses deux voisins. Cela fait plusieurs mois que cela tient comme ça. Cela a été signalé à Orange, mais pour l'instant, rien ne bouge. Je suppose qu'il faudra attendre qu'il tombe définitivement sur la route et que les lignes soient rompues pour qu'une intervention soit faite.
Et dire qu'on ose encore parler de service public et de service universel…
Aujourd'hui, deuxième jour de grève d'une longue série, sans doute l'exception culturelle française qui nous permet de fustiger le monde entier pendant qu'il s'amuse de nous.
Aujourd'hui, donc, parmi les indications diverses et variés des compagnies de transport, quelle n'a pas été ma surprise de tomber sur l'indication suivante :
Fig. 1 : arbres en sous-sol.
Il faudra juste m'expliquer comment un arbre peut tomber sur les voies d'une gare… souterraine ! Que vous nous disiez que des manifestants sont descendus sur les voies comme à la gare de Lyon, je peux l'entendre même si je trouve inadmissible de 15% (c'est-à-dire un salarié de la SNCF sur six) bloque un pays en entier en organisant des piquets de grève et des grèves tournantes totalement illégales pour que deux trains intercités sur trois soient contraints à rester au dépôt. Mais prendre à ce point les usagés (sic, ce n'est pas une typo) de la SNCF et de la RATP pour des idiots, c'est du grand art.
À tout hasard, je vous suggère la lecture de cet article qui nous montre jusqu'où va l'indécence de ces gens.
Cela vous a sans doute échappé dans le bruit des manifestations. La municipalité de Paris, prompte aux bêtises crasses, vient de commettre au travers de l'inspection générale un rapport recommandant rien de moins que la suppression des cours individuels en conservatoire pour faire face au risque d'abus sexuels. Vous avez bien lu, il fallait oser.
Voici ce que nous pouvons lire dans ce morceau de bravoure :
Pour la mission, les cours individuels dans les conservatoires sont porteurs de risque de dérapages importants, notamment du fait d’une relation maître–élève individuelle qui s’inscrit dans la durée, de rapports de proximité et de séduction et d’un contexte musical marqué par une banalisation des relations sexuelles et amoureuses entre maître et élève, particulièrement en référence aux relations entretenues par d’illustres musiciens ou musiciennes comme Hélène Grimaud, célèbre pianiste et Jacques Rouvier, son maître, par exemple. […] Pour la mission, mettre fin à ce tête-à-tête entre le maître et l’élève constituerait une mesure préventive efficace.
J'avoue qu'il faut tout de même être carrément tordu pour en arriver à ce raisonnement. Ou alors, il faut prendre les producations de Marc Dorsel au premier degré, ce qui est tout de même un peu gênant aux entournures. Dans le même ordre d'idée, j'espère que la municipalité va aussi recommander de mettre fin aux séances individuelles de psychanalyse, aux confessionnaux, aux cours de danse ou, soyons fous, aux consultations gynécologiques à moins de vingt participants sous peine de les voire requalifiées en tournantes avec accessoires. J'ai écrit participants depuis que je sais que la sécurité sociale a remboursé cinq cent cinquante actes de gynécologie à des hommes (non transgenres) pour autre chose que des problèmes de fertilité en 2014.
Mais remettons en perspective la couleur rouge et verte de l'équipe actuelle avec l'ineffable Bruno Juillard aux commandes qui a réussi à transformer une politique à peu près cohérente en bateau totalement ivre. Sans doute un hommage à Rimbaud, encore qu'en vertu du principe de parcimonie, il ne faut jamais mettre au crédit d'une tentative de politique cohérente ce qui peut parfaitement s'expliquer par l'imbécillité la plus crasse. Cette mesure est tout de même dans la droite ligne des attaques de la gauche bien pensante sur tout ce qui représente de près ou de loin à une prétendue élite. On casse les classes préparatoires aux grandes écoles, on réforme l'éducation nationale en retirant en pratique les langues anciennes au profit d'EPI festives et j'en passe. C'est maintenant le tour des conservatoires. Au lieu de cours particuliers, le n'importe quoi à plusieurs est visiblement l'avenir. Les cours de piano à quinze aussi, sans que personne ne soit capable de dire s'il faudra quinze pianos dans une salle ou quinze élèves sur le même tabouret devant un unique piano. On me souffle que peut-être pas, à quinze sur un même tabouret, il risque de se passer des choses.
Je leur suggère donc aussi d'interdire les cours de clarinette pour les filles, au moins jusqu'à leur majorité, à cause de la connotation évidente. Dans la même veine, il convient d'interdire aux joueurs de cor ou de cuivre en général de mettre leur patte dans le pavillon, parce que, hein, enfin, vous m'avez compris, et d'interdire la notion de chef d'orchestre, car comme comportement de domination, quand même… Et puis toutes ces petits rats qui lèvent la gambette, toutes ces violoncellistes qui doivent écarter les jambes, quel affront au corps de la femme.
Et dire que ce sont ces mêmes pignoufs qui ne voient rien d'indécent à inviter un chanteur « festif » à Verdun.
Mon cher Philippe,
Je t'écris cette lettre ouverte parce que je t'ai entendu l'autre jour sur France Inter et que j'avais déjà tiqué quelque peu à des élucubrations. Mais ce soir, j'ai entendu sur Arte dans l'émission 28 minutes l'avocat officiel de ta centrale syndicale. Ton discours n'était pas franchement brillant, mais je dois dire que celui de ton avocat l'était encore moins.
Je l'ai entendu parler de la hiérarchie des normes de mon copain Hans Kelsen. Je l'ai entendu raconter des bêtises. Mon devoir est donc de t'expliquer ce qu'est cette hiérarchie des norme que toi et les tiens avez à la bouche sans en comprendre le début du commencement.
Je vais donc débuter mon développement par une définition. Elle n'est pas de moi, elle est de Wikipedia. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais dans l'ensemble, elle est factuelle et ouverte à des esprits simples :
La notion de hiérarchie des normes a d'abord été formulée par le théoricien du droit Hans Kelsen (1881-1973), auteur de la Théorie pure du droit, fondateur du positivisme juridique, qui tentait de fonder le droit sans faire appel à la morale et au jusnaturalisme, ceci afin d'élaborer une science véritable du droit (donc axiologiquement neutre, c'est-à-dire indépendante des présupposés subjectifs et des préjugés moraux de chacun). Selon Kelsen, toute norme juridique reçoit sa validité de sa conformité à une norme supérieure, formant ainsi un ordre hiérarchisé. Plus elles sont importantes, moins les normes sont nombreuses : la superposition des normes (circulaires, règlements, lois, constitution) acquiert ainsi une forme pyramidale, ce qui explique pourquoi cette théorie est appelée pyramide des normes.
Cet ordre est dit « statique » car les normes inférieures doivent respecter les normes supérieures, mais il est également « dynamique » car une norme peut être modifiée en suivant les règles édictées par la norme qui lui est supérieure. La norme placée au sommet de la pyramide étant, dans de nombreux systèmes juridiques, la Constitution. Puisque la Constitution elle-même ne pouvait recevoir son caractère obligatoire que d'une norme supérieure, et qu'une telle norme n'existait pas, Kelsen faisait intervenir le concept de « norme fondamentale », qui consiste principalement en un présupposé méthodologique nécessaire afin de donner un caractère cohérent à la théorie du droit.
Cette théorie de la hiérarchie des normes ne peut s'appliquer que pour les Constitutions dites « rigides ». Dans un État à Constitution « souple », la Constitution est généralement élaborée, votée, et révisable par l'organe législatif habituel, de la même façon qu'une loi ordinaire. De ce fait, ces deux normes ont une valeur juridique identique et la loi n'est donc pas inférieure à la Constitution. À l'inverse, dans un État à constitution « rigide », la Constitution est élaborée et/ou votée par un organe spécialisé (gouvernement, groupe de travail), voire adoptée par référendum. Sa procédure de révision fait également intervenir un organe spécial et/ou le peuple, qui dispose du pouvoir constituant dérivé. C'est pourquoi elle a une force juridique particulière, supérieure aux autres normes, qui devront dès lors la respecter.
Je serais heureux que tu m'expliques ce que tu ne comprends pas dans la définition ci-dessus. Visiblement, il y a quelque chose qui ne passe pas et tu râles copieusement contre l'article 2 de la loi travail. Cet article choisit de donner la prééminence aux accords d'entreprise sur les accords de branche et les accords nationaux. Y parler d'inversion de la hiérarchie des normes est un abus de langage. Et si tu trouves que la hiérarchie des normes est violée, que dire du principe de faveur ?
En effet, il y aurait inversion de la hiérarchie des normes si un accord d'entreprise était supérieur au droit du travail courant en l'absence d'une telle disposition. Or ce n'est pas exactement cela qui se passerait car l'article 2 dispose qu'en cas d'accord d'entreprise, celui-ci serait prééminent sur l'accord de branche. C'est prévu dans la loi, Hans est content et la hiérarchie des normes n'est pas violée. Mais, je te l'accorde, on ne peut pas être un syndicaliste borné et contestataire sans avoir un soupçon de mauvaise foi. Sinon quel prétexte aurais-tu pour organiser un barbecue géant à base de pneus dans une gare de province et une fiesta avec moult ballons multicolores dans les rues de Paris. Comme ce texte de loi est de surcroît illisible — je l'ai lu jusqu'au bout, je me suis accroché —, il est d'autant plus facile de manipuler les foules pour essayer de prendre l'ascendant sur la CFDT. Il faut dire que c'est ton poste que tu joues, la CFDT risquant de te damer le pion dans les élections professionnelles prochaines. C'est certainement plus important qu'une France totalement bloquée par un syndicat représentant 2,6% des salariés et largement moins de 1% de la population. Chose amusante, l'immense majorité des gens qui ont défilé dans Paris cet après-midi n'était pas concernés par cette loi puisqu'ils s'agissaient principalement de retraités, d'agents de la SNCF et de fonctionnaires. Sans doute faisaient-ils grève par solidarité. Je te rappelle que la loi ne prévoit pas ce cas de figure. Comme elle ne prévoit pas non plus qu'une bande d'excités puisse empêcher des travailleurs non grévistes d'aller occuper leurs postes. Il y a même des sanctions pénales prévues pour ce point précis, mais je doute qu'un juge se risque à les faire appliquer.
Ce qui m'étonne un peu, ce sont les sondages qui sortent disant que sept français sur dix sont opposés à cette loi. C'est bien, mais il faudrait tout de même corréler ce résultat avec les personnes sondées qui ont lu le texte. Je ne suis pas sûr que les 70% des gens interrogés qui sont contre ce texte et en demandent la suppression n'aient lu seulement son introduction. J'ai même entendu ton avocat trouver le moyen de mentir éhontément — mais je devrais savoir que la hontectomie est tout de même une nécessité absolue pour travailler dans une organisation telle que la tienne — en prétendant que ce texte de loi n'est pas public. C'est parfaitement faux, il est actuellement sur le site internet du Sénat.
Partant de là, les lecteurs pourront lire avec attention l'article 6. Parce que si l'article 2 ne représente rien d'autre qu'une perte d'influence pour un syndicat aussi médiocre que le tien, restant arquebouté sur le principe délétère de la lutte des classes, usant au XXIe des méthodes éculées du XIXe, l'article 6 est réellement scandaleux et dangereux. Je cite l'article en question :
Art. 6. - La liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché.
Cela nous promet des dérives intéressantes et des affaires judiciaires particulièrement difficiles. Mais sur ce point très précis, je ne t'ai pas entendu. Il est vrai qu'il ne concerne pas directement ta carrière.
En tout cas, n'oublie jamais la sentence de Chruchill qui prétendait à juste titre que les fascistes de demain s'appelleront eux-mêmes anti-fascistes.
Je ne sais pas encore si cela fera la une demain des journaux qui n'ont pas pu paraître aujourd'hui ayant refusé de publier un papier — que dis-je un torchon — du beauf de Cabu, pardon, du PDG de la CGT. En effet, pour être imprimés et diffusés aujourd'hui par la CGT du livre, il leur suffisait de publier gratuitement tant qu'à faire cette tribune dithyrambique sur la CGT ce que seule l'Humanité a courageusement fait. Les journaux réactionnaires sont parfois mesquins…
Fig. 1 : l'original.
Fig. 2 : la copie (Ah... CGT riche...)
Ne trouvez-vous pas qu'il y a comme un air de ressemblance ? Mais je m'égare… Néanmoins, je vous propose la tribune en question pour simple information.
Fig. 3 : on appelle cela du foutage de gueule
Revenons plutôt à la nouvelle du jour sans doute éclipsée par les chiffres du chômage qui ne font que baisser même si les sénateurs commencent à douter et que ces chiffres cachent des disparités régionales surprenantes. Passons, il faut bien convaincre la ménagère de moins de cinquante ans de la baisse du chômage, lui répéter que cela va mieux pour que notre guide puisse se représenter aux prochaines élections. Je ne sais pas pourquoi, mais les six prochaines années risquent d'être longues.
Mais revenons à notre Caudillo aux petits pieds. Il vient d'apprendre qu'il est lauréat du prix de « l'homme d'état mondial » de 2016. Rien que cela ! Et comme il se doit, il sera récompensé par la condation interconfessionnelle The Appeal of Conscience lors de son 51e dîner annuel le 19 septembre prochain au Waldorf Astoria à New York.
Soyons précis. Ce prix « honore les dirigeants qui soutiennent la paix et la liberté, par la promotion de la tolérance, la dignité humaine et les droits de l'homme, en défendant ces causes dans leur pays et en travaillant avec d'autres dirigeants mondiaux pour bâtir un avenir meilleur pour tous ». Le communiqué de la fondation émis le 25 mai courant ajoute même que le président Hollande sera reconnu pour son leadership dans la sauvegarde de la démocratie et de la liberté dans un moment d'attaques terroristes et pour sa contribution à la stabilité et la sécurité mondiales.
Je me suis pincé pour être sûr que je ne rêvais pas.
Pages: << 1 ... 45 46 47 ...48 ...49 50 51 ...52 ...53 54 55 ... 204 >>