Depuis dimanche soir, la presse nous assome avec une histoire de fraude fiscale — ou d'optimisation selon les points de vue — ayant pour décor le confetti panaméen, paradis fiscal s'il en est. Personne ne discute du fait que s'il y a des paradis fiscaux, il devrait aussi logiquement exister quelques enfers fiscaux. À ce titre, je signale à tout hasard que l'assemblée nationale planche sur deux nouvelles taxes sur les téléviseurs. Passons.
J'avoue être un peu partagé et je me sens assez mal à l'aise avec cette histoire. Si je n'ai rien personnellement contre le fait que des journalistes d'investigation travaillent sur le sujet et le dénoncent car je considère que la fraude doit nécessairement être sanctionnée, la forme prise par cette enquête et les dénonciations qui s'ensuivent me dérangent. D'une part, les journalistes ayant traité l'information me semblent un peu jeunes. Lorsque je vois que des spécialistes, des experts fiscaux ayant plusieurs dizaines d'années de pratique ont beaucoup de mal à s'y retrouver, j'imagine avec grand peine que des débutants y arrivent. D'autre part, peu de journaux spécialisés dans les affaires ont pris part à cette divulgation. Ce sont pourtant ceux qui auraient été les plus légitimes pour traiter cette information.
Je suis aussi assez frappé par la distillation des noms, des personnes à lyncher. Depuis lundi dernier, chaque jour a vu son lot d'annonces. Cela me fait furieusement penser à une commercialisation de l'enquête, au moins par la presse, au pire par le lanceur d'alerte qui a tout de même offert ou vendu le fruit d'un délit puisqu'il a piraté illégalement un système informatique. J'ai donc beaucoup de mal à l'affubler du sobriquet de lanceur d'alerte. Ceci étant dit et même si elle s'avère utile, je trouve particulièrement scabreux le principe de la dénonciation ou de la délation, surtout si elles sont rétribuées.
Pire que tout, ces journalistes qui sont prompts à dégaîner le sacro-saint principe de présomption d'innocence sont les premiers à le fouler au pied en utilisant le lynchage médiatique lorsque cela permet de vendre du papier. Je trouve ce procédé totalement répugnant d'autant qu'ils lancent en patûre à l'opinion publique des noms et des réputations qu'ils ont soigneusement sélectionnés. Quel droit, quelle légitimité leur permettent de choisir qui est coupable et qui ne l'est pas ? Il me semble poindre un manque d'objectivité nuisible au bon traitement de l'information. Et même lorsque certains noms n'apparaissent pas, on s'arrange par des sous-entendus nauséeux pour faire accroire qu'ils sont eux aussi coupables.
Encore plus dérangeant, lorsque le ministre des finances demande aux journaux ou au consortium de journalistes de fournir les preuves recueillies, ces journalistes refusent en disant agir pour la justice. Je ne puis qu'y souscrire, mais ce n'est hélas qu'un discours de façade. Ils ne parlent jamais de protection de la source, ce qui pourrait encore être discuté, ils parlent d'un engagement vis-à-vis du consortium (ICIJ) à ne pas fournir de documents à des tiers. Consortium, cela fleure bon le cartel qui décide unilatéralement et souverainement de ne pas répondre à des demandes judiciaires pourtant totalement légitimes. Pour être tout à fait exact, cela me fait un peu songer à toutes ces collusions que les mêmes journalistes sont assez prompts à fustiger.
Pire, ce consortium répond qu'à la fin de l'enquête — disons à la fin du débalage qui aura permis à la presse de vendre du papier ou du temps de cerveau disponible —, il prendra ses responsabilités en publiant sur son site les informations qui lui sembleront pertinentes. Oui, vous avez bien lu, il daignera publier les informations qu'il jugera pertinentes. En d'autres termes, il refusera de publier la totalité des informations et des données disponibles, il choisira lui-même, souverainement, quelles informations il donnera à la justice et, ainsi, qui aura le mérite d'être poursuivi et qui ne le sera pas.
Ainsi, ces journalistes se substituent à la justice pour désigner les coupables, oublient la présomption d'innocence. Ils n'attendent aucune décision de justice puisqu'ils ont même décidé de ne collaborer que très partiellement avec celle-ci. À bien y réfléchir, ce consortium de journalistes finit par appliquer très exactement ce qu'il dénonce, à savoir une forme de privatisation de la justice et une justice de classe.
C'est à vomir.
Il paraît que les dysfonctionnements du RSI font partie du passé. C'est son président national qui le prétend et cela n'engage réellement que ceux qui le croient. C'est ma foi peut-être un peu vrai puisque je n'ai plus été déclaré mort depuis juin 2006. Mais ce serait aussi aller vite en besogne pour dire péremptoirement que tout s'est arrangé.
En effet, heureux cotisant forcé du RSI depuis sa création, j'ai quitté ce régime le 1er avril 2015. J'ai même pour appuyer mes dires un documents de la CPAM me souhaitant la bienvenue chez eux. Qu'à cela ne tienne, le RSI dans sa grande sagesse a repris autoritairement mon dossier le 2 avril 2015 sans m'en tenir informé. J'ai donc résilié de bonne foi toutes les assurances complémentaires et autres prévoyances adossées au régime de profession libérale. Aujourd'hui, je suis donc dans la situation suivante. Alors que je paie une fortune tous les mois pour une couverture maladie, une prévoyance et une mutuelle complémentaire, je n'ai aucune couverture sociale car la sécurité sociale que le monde nous envie sans jamais en vouloir considère que je suis un travailleur non salarié. Ni ma complémentaire, ni ma prévoyance ne me couvre. En cas d'arrêt maladie ou d'hospitalisation, je n'aurai droit à aucune indemnité journalière car toutes les assurances obligatoires — puisque dans la convention collective et la loi — ne couvrent que des salariés couverts par la CPAM et non le RSI.
En d'autres termes, en cas d'hospitalisation, je serai contraint de vendre mon appartement pour payer mes soins si tant est que cela suffise. Heureusement que je n'ai pas encore résilié mon assurance santé européenne qui me couvrira au moins dans ce cas.
Si ces entrefaites, le RSI vient, vers les 15h00, de me rappeler. Dans leurs papiers, il n'y a pas de cessation d'activité ni même de changement de statut. Cela commence bien et ce n'est pas comme si je n'avais pas tout fait dans les règles de l'art. Et la brave dame ne voit pas où pourrait se situer le début du problème. De toute façon, c'est un peu tard, j'avais indiqué que je leur laissais jusqu'à midi aujourd'hui pour me rappeler. Le courrier suivant, validé ma pon conseil, est donc parti en recommandé avec accusé de réception.
À suivre car une suite, il y aura.
J'admets, le titre est facile. Mais si certains se permettent de parler de libéralisme à la française, chose restant à définir, force est de constater qu'il existe au moins une austérité à la française. En effet, il suffit d'ouvrir un petit peu ses oreilles pour entendre parler d'une insupportable cure d'austérité que ferait subir le gouvernement à la France. Pourtant, les chiffres sont têtus et il existe un machin qui s'appelle l'INSEE dont c'est justement le travail que de donner des chiffres.
Le 25 mars dernier, l'INSEE a publié sur son site les premiers résultats des comptes nationaux des adminsitrations publiques. Le tableau suivant devrait attirer l'œil. Il s'agit des dépenses et recettes des administrations publiques en milliards d'euros (sources : Insee, DGFiP, DGTrésor, notification de mars 2016) :
Dépenses de fonctionnement | 394,4 | 399,0 | 1,2 |
dont conso. Intermédiaires | 105,2 | 106,7 | 1,5 |
dont rémunérations | 278,6 | 281,5 | 1,0 |
Intérêts | 50,9 | 48,6 | –4,5 |
Prestations sociales | 557,3 | 567,4 | 1,8 |
Autres transferts et subventions | 141,9 | 150,5 | 6,0 |
Acquisition nette d'actifs non financiers | 82,2 | 77,9 | –5,2 |
dont investissement | 79,4 | 75,3 | –5,1 |
Total des dépenses | 1226,6 | 1243,4 | 1,4 |
Ventes et autres recettes | 86,5 | 88,3 | 2,1 |
Revenus de la propriété | 14,9 | 15,3 | 2,6 |
Impôts | 611,4 | 629,2 | 2,9 |
dont impôts courants sur le revenu et le patrimoine | 270,8 | 274,6 | 1,4 |
dont impôts sur les produits et la production | 336,8 | 347,7 | 3,2 |
Cotisations sociales effectives | 366,3 | 370,1 | 1,0 |
Autres recettes | 62,7 | 63,1 | 0,7 |
Total des recettes | 1141,8 | 1166,0 | 2,1 |
Besoin de financement | –84,8 | –77,4 |
Nous pouvons constater sur ce tableau que seuls les intérêts de la dette — normal, les taux ont chuté — et les acquisitions nettes d'actifs non financiers ont baissé. Tous les autres postes sans exception ont augmenté bien plus que l'inflation qui, d'après le même INSEE, était nulle pour 2015. Assez étrangement, les transferts et subventions ont explosé, de même que les impôts. Or l'économie n'arrêtant pas de se casser la figure, l'augmentation des impôts sur le revenu et le patrimoine ainsi que sur la production cache assez difficilement la poursuite d'un certain matraquage.
En d'autres termes, toute la caste politique française criant à l'austérité est constituée de menteurs patentés. Il n'y a pas d'austérité en France. Il y a certainement un gaspillage éhonté et un système totalement perverti, mais il n'y a pas d'austérité puisque nous avons dépensé l'an passé encore plus qu'il y a deux ans.
Il n'y a pas aujourd'hui d'austérité, pas encore. Mais attention, à continuer comme cela, elle va venir. Et cela risque de faire très mal à tous ceux qui ne s'y sont pas préparés.
J'ai appris ce samedi que la boulangerie d'un village voisin avait fermé. Elle n'a pas fermé parce qu'elle n'avait pas de clients, que le pain était mauvais, non, elle a fermé à cause de l'aberration qu'est le tribunal des prud'hommes. Dans notre beau pays, plus rien ne m'étonne vraiment. Je rappelle à toutes fins utiles que j'ai été condamné par ce même tribunal il y a plus de dix ans pour non paiement de salaire à une personne qui n'a jamais travaillé pour moi, ce qui est d'autant plus facilement démontrable qu'il m'a été reproché le nom paiement de salaire sur une période où mon entreprise n'existait pas encore. J'ai appris ce jour-là que l'on gagne ou que l'on perd devant les prud'hommes en fonction de ses accointances syndicales. J'étais le méchant patron, la brave fille était solidement suivie par un syndicat. Je ne pouvais que m'en prendre plein la figure avec une condamnation exécutoire. J'ai donc payé, mais la vengeance étant un plat qui se mange froid, j'ai tellement travaillé la réputation de la dame en question qu'elle a eu le plus grand mal à retrouver un emploi. Maigre consolation, mais c'est déjà cela !
Fig. 1 : non, je ne parlerai pas du soutien de la dame !
Mais revenons à notre artisan boulanger. Cette boulangerie était assez importante pour avoir au moins deux employés dans le magasin. Depuis plus de deux ans, ces employés étaient plus en congés maladie qu'à leur poste. Or la convention collective applicable est tellement tordue que ces deux congés maladie coûtaient plus de mille euros par mois à l'artisan. Ne pouvant plus faire face, le boulanger a donc décidé de licencier ces deux employés.
Je ne sais pas comment il s'y est pris. Tout ce que je sais, c'est que les prud'hommes, dans leur grande sagesse, ont requalifié ces licenciements en licenciements abusifs et que notre brave boulanger a été condamné à leur verser 40000 euros de dommages et intérêts, semble-t-il par personne. Artisan, il est solidaire des dettes de son entreprise et est en train de vendre sa boutique et sa maison pour payer sa condamnation et les divers frais annexes.
Fig.2 : Gégé content.
La CGT est contente, le droit du salarié a été respecté et l'employeur qui a dû faire une petite erreur dans le suivi de la procédure de licenciement a été bien justement sanctionné. Jamais ces fichus syndicats n'ont regardé le fait qu'un boulanger se retrouvera sans toit — en raison de salariés, je le rappelle, indélicats —, jamais ils ne regarderont le fait qu'il faudra faire au moins dans un premier temps une vingtaine de kilomètres pour acheter son pain. Quant aux autres employés du boulanger, ce ne seront que des victimes collatérales elles-aussi au chômage.
Et pendant ce temps, d'autres syndicats (lycéens et étudiants en particulier) manifestent contre la réforme du droit du travail. Il y a du bon et du moins bon dans la réforme portée par Myriam El Khomri. Mais dans beaucoup de pays, cette réforme serait néanmoins perçue comme une avancée. Je précise que ce n'est pas moi qui le prétends, mais Daniel Cohn-Bendit dont le moins que l'on puisse dire est qu'il porte plutôt à gauche. Ce serait une avancée, mais pas en France où nous avons les syndicats les plus bêtes et réactionnaires du monde, ce qui explique sans doute pourquoi le taux de syndicalisation est aussi faible.
Les jeunes — qui n'ont pas tout compris des enjeux mais qui ont peur —, les syndicalistes — qui doivent justifier l'immobilisme au nom de la lutte des classes et de la préservation des acquis sociaux — vont torpiller cette réforme pourtant nécessaire. L'honneur sera sauf, les acquis sociaux d'un autre temps ne seront pas touchés et nous garderons toujours notre taux de chômage délirant parce qu'il faut être complètement cinglé ou totalement inconscient aujourd'hui en étant patron de PME ou artisan pour engager un salarié en CDI.
Faisons fi des connaissances géographiques de nos hommes politiques. Cela n'a pa pu vous échapper, ils se sont réunis à beaucoup, hier, pour décider du nouveau nom de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie issue du découpage hasardeux de la majorité actuelle. Et cela a donné Hauts-de-France. Notez bien que cela aurait pu être bien pire.
Hauts-de-France pour la région la plus plate de France sous prétexte qu'elle est en haut de la carte de France… Les géographes vont apprécier. Il faut sans doute avoir l'adjectif haut dans son nom de région, comme les Basses-Alpes sont devenues jadis les Alpes-de-haute-Provence, cela fait mieux.
Alors allons donc au bout du raisonnement.
Fig. 1 : proposition de noms tartes sur une carte non orientée
Je pense que nous devrions atteindre le consensus très rapidement.
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