PTT

01.07.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Je ne sais pas si vous avez vu « le cave se rebiffe », film de Gilles Grangier tiré du roman éponyme d'Albert Simonin. On y voit Jean Gabin s'envoyer un pli postal contenant des typons de faux billets pour qu'ils soient gardés précieusement par la Poste l'espace d'un week-end. Extrait des dialogues de Michel Audiard :

– Je peux les mettre à la banque, j'ai un coffre.
– Tiens donc... Et les perceurs de murailles, vous ne lisez pas les journaux, vous ?
– Pourquoi pas ici ?
– Non.
– Merci, la confiance règne !
– Je connais ton honnêteté, mais je connais aussi mes classiques. Depuis Adam se laissant enlever une côte jusqu'à Napoléon attendant Grouchy, toutes les grandes affaires qui ont foiré étaient basées sur la confiance. As-tu une enveloppe ?
– Oui, pourquoi ?
– Alors donne. Nous allons donc confier notre petit trésor aux seuls gens qui n'égarent jamais rien, aux employés de cette administration que le monde entier nous envie, j'ai nommé les PTT.
– Je n'aurais jamais pensé à ça.
– Et bien voilà... En postant cette lettre avant quatre heures, elle passera le dimanche en sécurité et le môme l'aura le lundi matin à la première distribution.
– Ça, c'est une fameuse idée les PTT.
– Vous êtes sûrs qu'on ne risque rien ?
– Rien, sauf une grève surprise, mais alors là, messieurs, faire confiance aux honnêtes gens est le seul vrai risque d'une profession aventureuse.

Non seulement la Poste est capable de garder consciencieusement un pli, mais elle est capable de faire bien mieux. Elle peut le livrer à la bonne adresse en un temps raisonnable.

J'ai en effet reçu il y a quelques jours un courrier émanant de ma banque professionnelle m'informant d'un changement de numéro de compte courant à la suite d'une migration de leur système informatique. Allons bon. Je ne vois pas en quoi la migration d'un système information induirait une modification de certains numéros de compte. Ce qui était vraiment surprenant, c'était la date figurant en tête du courrier. La courrier était daté du 14 mai 2003 et envoyé de Strasbourg. Réception à Colmar, soit quelques soixante kilomètres plus au sud, le 22 mai 2010 pour une modification des numéros de compte dans la nuit du 22 au 25 mai 2010 (sic).

Vous admettrez comme moi que ce courrier était surréaliste. Renseignements pris, ce changement a bien eu lieu dans la nuit du 22 au 25 mai 2010 (semper sic). J'ai même été déçu en apprenant que la banque en question avait fait un erreur de sept ans sur la date du courrier et que ce n'était pas une lettre perdue par la Poste qui arrivait chez son destinataire légitime sept ans après son envoi… Cela prouve au moins que les courriers d'information qu'elle envoie à ces clients sont tous attentivements relus.

Personnellement, ce genre de courrier me pose un problème insoluble. Comment voulez-vous faire confiance à une banque censée défendre un minimum les intérêts de ces clients alors même que celle-ci affiche son sérieux de façon si criante dans ses courriers ?

Et l'on ose encore après parler de Jérôme Kerviel, dangereux terroriste et franc-tireur des salles de marchés ayant échappé à la surveillance de sa hiérarchie complaisante.

 

Free, Orange et le Monde

29.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je ne sais pas si vous avez suivi les récentes péripéties du quotidien le Monde, autoproclamé quotidien indépendant de référence. Ce quotidien a, dans les années 1990, racheté un tas de plublications diverses (Bayard Presse, Telerama…) pour former un groupe de presse.

Les difficultés financières s'amoncelant, les actifs immobiliers des différents titres rachetés ont été mis en vente mais cela n'a pas suffit. Aujourd'hui, ce groupe de presse ne vaut plus grand chose et est à deux doigts de la cessation de paiement. Deux offres de rachat ont été faites, l'une avec Orange, l'autre avec Free de manière indirecte.

Je dois avoir un esprit chagrin, mais j'aimerais bien qu'on m'explique le rapport qui peut exister entre des opérateurs de télécommunication et un groupe de presse écrite. J'aimerais connaître l'intérêt, outre financier à court terme, pour les titres en question. Un quotidien a toujours été une danseuse, quelque chose qui coûte plus d'argent qu'il n'en rapporte et j'imagine assez mal les personnes ayant fait ces deux offres comme des philanthropes. Reste à connaîre l'intérêt immédiat pour les deux opérateurs de télécommunication candidats. Est-ce pour avoir des contenus sur leurs pages d'accueil ? Est-ce pour proposer un abonnement au site internet du Monde dans leurs forfaits ? Est-ce pour autre chose encore ? Personne ne semble s'émouvoir du but ultime de ces propositions ni du fait qu'aucun candidat ne connaisse réellement la presse quotidienne et ses problèmes, un hebdomadaire ayant une cible totalement différente d'un quotidien. Personne ne pose la question qui fâche qui est de savoir quel est l'intérêt d'acheter un quotidien quasiment en cessation de paiement.

Journalistes, faites enfin votre travail qui est d'avoir un esprit critique et de ne pas simplement répéter des communiqués de presses ou des dépêches. C'est même pour cela que vous avez fait une école de journalisme. Une nouvelle, quelle qu'elle soit, se commente, s'analyse. Seule, elle ne veut rien dire.

 

Le soleil se couche

27.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais l'informatique, Haines ordinaires

J'ai eu la détestable idée de m'occuper d'un site web d'une association. Juste de l'administration de la chose, en aucun cas je ne veux faire du développement web. Je commence à être trop vieux pour ce genre de choses et mon esprit étriqué n'arrive pas à se faire aux IDE. Je préfère de loin écrire un bout de code avec vim.

Donc, disais-je, je m'occupe d'un site web pour une association. Outre le fait de suivre les travaux de l'entreprise qui le produit, je passe derrière eux pour auditer le code — il comporte des données sensibles — et pour tenter d'installer la chose sur un serveur de test qui était dans le cahier des charges un serveur Unix avec Apache et qui s'avère être dans les faits un serveur Solaris 10 sparc avec un Apache 2.2 recompilé par mes soins et ceux d'un gcc récent, enfin beaucoup plus récent que celui fourni avec Solaris.

Ce serveur de test est une machine Sun Microsystems Ultra420R. Ce n'est pas une machine exactement récente, mais pour un test de portabilité, cela devrait aller. Cette machine contient un tas de matériels parfaitement exotiques :

  • quatre processeurs UltraSPARC II avec 4 Mo de cache et fonctionnant à 450 MHz ;
  • 4 Go de mémoire ;
  • deux disques UW-SCSI de 300 Go chacun en Raid 1 ;
  • un clavier Sun type 5 français ;
  • une carte graphique PCI ATI Rage estampillée Sun ;
  • une carte réseau Sun HME 100BaseTX.

Le système d'exploitation est un Solaris 10 à jour, enfin autant qu'il puisse l'être au regard de la nouvelle politique des patches de Solaris. Il y aurait d'ailleurs beaucoup à dire sur cette politique sachant qu'il est inadmissible de ne pas pouvoir patcher ce système au vu du prix du matériel Sun livré d'office avec Solaris.

Ls site web en question est un bazar qui a été développé sur Spip avec malheureusement de vrais bouts de MySQL dedans. Je dis malheureusement parce que j'ai une sainte horreur de MySQL qui est à la base de données ce que Windows est au système d'exploitation, c'est-à-dire une bouse trop répandue. Encore, ce ne serait pas trop grave si les développeurs dudit site n'avaient pas pris comme hypothèse de travail que le système de fichiers était insensible à la casse et que les noms de fichiers pouvaient comporter des espaces. Quelques heures de corrections plus tard, le site est visible, mais pour une obscure raison, l'accès à MySQL ne se fait ni par une socket locale ni par l'adresse de loopback de la machine mais par l'adresse IP, codée en dur à chaque ouverture de connexion sinon ce ne serait pas drôle, de sa carte réseau principale. Ayant d'autres choses à faire que de corriger l'ensemble des adresses IP codées en dur dans les fichiers sources et étant d'une fainéantise crasse surtout lorsque je ne suis pas payé, je décide de changer l'adresse de la machine et de relancer les interfaces réseau par un

/etc/init.d/networking restart

du plus bel effet. Effectivement, c'est très beau puisque cette commande se termine invariablement par un kernel panic. Inutile de vous dire que cette machine est parfaitement saine puisque qu'elle passe tous les tests SunVTS sans aucun souci et qu'elle tournait parfaitement sous NetBSD depuis des années.

D'aucuns diront que le soleil se couche depuis qu'Oracle a racheté Sun. C'est faux. Sun n'a eu besoin de personne pour décliner et si le matériel était bon, le système d'exploitation n'a jamais réellement suivi. Pourtant, Solaris était par certains côtés intéressant, mais il s'est complexifié à l'extrême au détriment de sa stabilité. Avec OpenSolaris, Sun a bien essayé de corriger le tir, mais la politique commerciale d'Oracle va entraver sérieusement le développement d'OpenSolaris et le futur même de Solaris.

Heureusement, il nous reste les BSD ou Linux pour utiliser correctement ce matériel… jusqu'à ce qu'Oracle décide d'enterrer l'architecture sparc, ce qui ne devrait plus trop tarder.

 

QRM sur Radio Paris

26.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Vieux con

Il n'y a qu'un vieux con comme moi pour se rappeler du code Q des transmissions (CCIR devenue UIT-R M.1172). Pourtant, depuis que Messieurs Jean-Luc Hees et Philippe Val s'occupent respectivement de Radio France et de France Inter, le bruit semble de plus en plus prendre le pas sur le signal.

Je n'ai pas été élevé avec cette station. Je me suis simplement mis à l'écouter dans ma chambre de bonne, un peu par hasard, lorsque j'étais en classes préparatoires. J'ai passé des nuits de solitude absolue à côté d'un équation, pardon, sur des sujets de mathématiques en écoutant le Pop Club de José Artur — déjà exilé au Fouquet's — suivi d'Allô Macha de Macha Béranger. De fil en aiguille, je me suis mis à apprécier cette grille. J'appréciais particulièrement le ton et le contenu des émissions de cette station qui avaient au moins l'avantage de ne pas être coupées par des tunnels de publicité à tout bout de phrase comme cela se pratique encore sur les radios périphériques. Pour les plus jeunes d'entre-vous, une radio périphérique est une station qui émet depuis l'étranger pour cause de monopole d'état jusqu'en 1981 et à destination des auditeurs français comme RTL, Europe 1, RMC, Radio Andorre et j'en passe.

Je me souviens aussi d'une émission qui passait de 18h15 à 19h00 tous les jours de la semaine et qui s'appelait Synergie. Cette émission, culturelle autant que je m'en souvienne, était aminée par un certain Jean-Luc Hees de retour de son poste d'envoyé permanent à Washington. Tous les lundis soirs, un chroniqueur haîneux, à côté duquel Stéphane Guillon ou Didier Porte paraîtraient de gentils enfants de chœurs, prenait la parole à 18h55. Ce chroniqueur d'une mauvaise foi patentée et n'ayant strictement aucune espèce de culture au regard des contre-vérités qu'il était capable de proférer avec un aplomb assumé était un certain Philippe Val. Certainement un homonyme. C'est d'ailleurs à ma connaissance le seul chroniqueur de France Inter qui se soit fait passer à tabac, ce qui lui a valu deux dents. Bizarrement, je n'arrive pas à trouver sur Internet de lien relatant exactement l'événement.

Il ne faut pas perdre de vue non plus les performances de Philippe Val et de son comparse Patrick Font dans les années 1980. Je vous laisse le soin de chercher qui est Patrick Font et de vous faire une idée par vous-même. Je trouve assez élégante l'affiche suivante où l'on voit Philippe Léotard passer un sale quart-d'heure. Cette affiche me porte à croire que Philippe Val n'est vraiment pas la meilleure personne pour faire une leçon de morale à Didier Porte ou Stéphane Guillon.

Mais il n'y a pas que le problème des chroniques humoristisques. Cette année, la Rue des Entrepreneurs a été supprimée en cours d'année. Les motifs en étaient parfaitement oiseux. Profitant de la pause estivale, la grille de rentrée sera totalement chamboulée. Plus de culture sur la tranche matinale, plus de chronique humoristique, plus de regard sur la planète, d'émission littéraire comme le Parking. Bref, plus aucune ouverture d'esprit. Lorsqu'on rajoute à ce tableau peu flatteur que Stéphane Bern, animateur du Fou du roi, a mis en jeu sa place sur la grille de rentrée pour soutenir Didier Porte, on peut commencer à prendre la mesure du malaise actuel.

Voir un soi-disant humoriste s'occuper d'une station de radio après avoir quitté la direction de Charlie-Hebdo est déjà un fait pour moi assez incompréhensible. Voir Jean-Luc Hees se comporter comme il le fait alors même qu'il avait subi le même genre d'oukaze il y a quelques années me dépasse.

Heureusement, il me reste France Culture et ses Papous dans la tête.

 

La France et le financement de l'innovation

25.06.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Le problème actuel de toute PME est de survivre aux aléas de la vie économique qu'elle ne fait que subir. Le problème actuel français n'est pas dû directement à la crise des prêts hypothécaires américains mais à un mal bien plus profond. Cette crise actuelle n'est que la conséquence d'un défaut vieux datant du début des années 1980. En effet, depuis une trentaine d'années, les entreprises françaises sont chroniquement sous-financées et ne peuvent plus investir comme elles le devraient. Ce défaut d'investissement est le fruit d'une fiscalité absurde, un mal bien français, et de banques qui n'ont aucun intérêt à financer l'économie réelle puisque le rendement à court terme de la bourse est devenu plus profitable que le crédit à long terme.

Les entreprises n'ont donc plus que deux solutions outre mourir :

  • se faire racheter tout ou en partie ;
  • utiliser les possibilités offertes par un organisme qui s'appelle Oséo, un joli nom, ou par les services fiscaux.

Je ne sais pas si vous avez un jour entendu parler de crédit impôt recherche ou d'avances remboursables d'Oséo. À très court terme, c'est intéressant. Lorsqu'on y regarde de plus près, l'avance remboursable Oséo est le prêt à taux zéro le plus cher de l'histoire pour les entreprises innovantes. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu'elle vient, lors de son versement, en déduction de l'assiette des dépenses prises en compte dans le calcul du crédit impôt recherche. Un exemple étant plus parlant qu'un long discours, le versement de 200000 € d'avance remboursable en 2009 conduira à une diminution du crédit impôt recherche versé en 2010 de 60000 à 100000 € selon l'année d'entrée dans le système CIR. Pour les entreprises qui ont du mal à se financer, cela risque fort de s'apparenter à un coup de poignard dans le dos puisque non seulement l'avance devra être remboursée à Oséo, mais jamais l'administration fiscale ne remboursera le crédit impôt recherche manquant.

Cette avance remboursable inventée par les experts de Bercy a donc été faite non pour aider les entreprises, mais pour limiter l'effet du mécanisme du crédit impôt recherche puisque dans les faits, il s'agit du premier prêt à taux zéro qui diminue la trésorerie des entreprises l'année suivant son obtention. Même si on m'explique qu'à la fin du programme tout rentre dans l'ordre, c'est au début d'un projet d'innovation que les entreprises ont besoin de leur trésorerie, pas après la bataille.

Une fois encore, Bercy, en se substituant aux banques, feint d'ignorer que le vrai problème des entreprises innovantes est l'immense difficulté d'accès aux crédits. Par ailleurs, cette retenue à la source est très intéressante puisque cela revient pour le ministère des finances à effectuer une retenue à la source quel que soit le résultat du programme innovant. En d'autres termes, Bercy parie sur un échec du programme d'innovation.

En effet, pour Oséo, la procédure semble être la suivante. Après deux ou trois ans, si le programme est un succès, l'entreprise rembourse Oséo et peut donc prétendre à réintégrer le montant de ces remboursements dans le calcul du CIR. Si le programme est un échec, le prêt n'est pas remboursé et devient dans les faits une quasi subvention et n'ouvre pas droit à récupération par le dispositif CIR. Durant ces deux ou trois ans, l'entreprise a fait crédit à l'état de son manque à gagner au niveau de son CIR.

La France est le seul grand pays à traiter ses entreprises innovantes de la sorte et il serait bon que les pratiques françaises soient cohérentes avec celles de nos voisins. Par ailleurs, les entreprises ne demandent pas l'aumône. Elles veulent juste pouvoir vivre normalement en ayant accès au crédit. Pour cela, il n'y a qu'une chose à faire, faire que le métier de banquier redevienne ennuyeux.

 

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