La France n'est pas un coupe-gorge

19.10.20 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Je n'aime pas réagir sur l'actualité à chaud. Plus exactement, je m'étais promis de ne pas réagir sur les événements de vendredi dernier. C'était avant d'entendre les récupérations des invertébrés politiques près à toutes bassesses, la palme revenant tout de même à notre madone du Poitou qui arrive tout de même à twitter des choses exceptionnelles. Elle se re-twitte elle-même histoire que personne ne puisse rater ses pets de l'esprit.

La France n'est pas un coupe-gorge
Marie-Ségolène scribebat

Non, ma grande, il ne s'agit pas d'une agression, fût-elle effroyable, il s'agit d'un meurtre avec préméditation, d'un vulgaire assassinat. Quelqu'un comme toi qui n'est pas capable d'appeler une bêche une bêche devrait être condamnée à s'en servir. D'un autre côté, je suis un peu naïf d'attendre plus de toi que des petits-fils de Charlemagne.

J'ai aussi entendu l'ancien ministre de l'intérieur, ancien premier ministre Bernard Cazeneuve sur Radio Paris. Ce particulier-là demande de nouvelles lois pour contrer ces agissements. Mais que n'as-tu fait lorsque tu étais aux affaires ? Comme tous les autres depuis plus de trente ans, tien. En tout cas, rien pour lutter contre ces dérives qui n'ont pas surgi comme par enchantement vendredi soir. Par ailleurs,  il serait bon d'arrêter de pondre lois sur lois à chaque nouveau fait divers sous le coup de l'émotion. Il faudrait déjà taper sur les magistrats pour faire appliquer les lois existantes et, surtout, une fois que ces lois sont effectivement appliquées, que les peines en découlant le soient aussi. Et jusqu'au bout.

Pire, aujourd'hui, le sinistre gastéropode qu'est Bruno Le Maire a trouvé le moyen de déclarer qu'il fallait contrôler les cryptomonnaies, preuve s'il en est que ce type est complètement hors sol. Mon cher Bruno, et si tu me lis, j'attends une réponse sérieuse, crois-tu franchement que les cryptomonnaies ont été responsables de cet attentat ? Crois-tu qu'elles ont joué dans l'attentat contre le Père Jacques Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray ? Tu serais moins ridicule en demandant l'interdiction de vente de feuilles de boucher !

La France n'est pas un coupe-gorge
Preuve du délit

Et c'est sans compter sur la récupération du Rassemblement National qui, de toute façon, n'aurait pas mieux fait que tous les autres larrons réunis, Mélenchon en tête.

Rappelez-vous. Nous avons recueilli des réfugiés afghans, syriens, libyens, soudanais par bateaux entiers parce que c'étaient des chances pour la France (sic) en même temps que les organisations djihadistes péroraient qu'elles envoyaient parmi ces gentils migrants des fanatiques. Une grande partie de la gauche bien pensante a applaudi aux actions de Cédric Herrou. Des ONG dégoulinantes de bonnes intentions entretiennent le flux des migrants en sauvant de la noyades des pauvres gens sur des embarcations de fortune alors que si ces ONG n'étaient pas là, ces pauvres migrants n'y seraient pas non plus, les passeurs comptant sur elles pour terminer le trajet.

Mais rassurons-nous, la France n'est pas un coupe-gorge.

La France n'est pas un coupe-gorge
Nul n'est prophète en son pays

Mon cher Éric, la France devient tous les jours un peu plus un coupe-gorge. Mais notre classe politique semble le découvrir à chaque nouveau fait divers et l'oublier aussitôt. Et elle devient un tel coupe-gorge en raison de politiques déplorables menées depuis plus de trente ans et de lavage de cerveaux de la part d'associations dispensables comme SOS Racisme qui deviendra crédible lorsqu'elle décidera de mettre un s à Racismes voire de fondations encore plus dispensables.

Cette situation n'est pas récente, elle ne fait que s'aggraver. Elle s'aggrave progressivement, par petites touches insidieuses, parce que personne, pour une raison ou pour une autre, ne désire faire de vagues. C'est comme cela que nous arrivons à avoir des pans du territoire national en dehors de tout contrôle, aux mains des trafiquants de tous poils, des lieux dans lesquels pompiers, forces de l'ordre ou simplement les gens censés relever les compteurs électriques ne mettent plus les pieds. C'est aussi comme cela que dans les quartiers moins sensibles où ils patrouillent encore, ils n'arrêtent plus les fauteurs de troubles. Un officier parisien me déclarait il y a quelques années qu'il n'arrête plus personne. Cela faisait plus de vingt ans qu'il arrêtait régulièrement les mêmes personnes et il était un peu fatigué.

L'assassinat de vendredi soir n'est que la conséquence logique de ce délitement continuel, du sentiment d'impunité d'une racaille qui constitue à l'évidence une bonne partie de la population aujourd'hui. Parmi ces racailles, il n'y a pas que la racaille islamiste, heureusement d'ailleurs. Mais la racaille islamiste est de loin la pire. C'est la pire parce qu'il y a une erreur que les occidentaux font toujours en dissociant l'ethnie de la religion, seul moyen de parler de laïcité. Cette différence n'existe pas dans les pays exportant le djihad où le simple fait d'être arabe signifie qu'on est musulman (voire islamiste, il ne s'agit que d'une question de niveaux) même si l'on est athée ou d'une autre religion. Il existe effectivement un islam modéré, mais celui-ci est minoritaire. Pour s'en convaincre, il suffit de constater que les imams modérés se font remplacer par des religieux qui le sont nettement moins. Et lorsqu'il est question de religion, une grande partie de la population de culture musulmane, même si elle est incroyante, va se lever comme un seul homme.

Pour ne pas heurter ces gens-là, on a décidé des petites entorses au principe de laïcité comme, au temps des accords de Munich, Arthur Neville Chamberlain et Édouard Daladier ont laissé tombé leur allié tchécoslovaque sur l'autel d'une paix illusoire. Cela a commencé par des horaires aménagés pour les femmes musulmanes dans certaines piscines, par des repas halal dans certaines cantines, par des petits renoncements pour conserver la paix civile. Mais chaque petit renoncement a amené des demandes plus insistantes et plus importantes. Il ne faut plus aujourd'hui heurter la sensibilité des élèves en cours de biologie ou de sport, par exemple.

La preuve de ces petits renoncements qui ne suffisent jamais est justement le drame de Samuel Paty. Il avait lui-même proposé aux élèves qui pourraient être heurtés de sortir de la salle, ce qui déjà est inacceptable dans un collège public d'un pays qui se veut laïc. Mais il a pris la peine de le faire. Malgré cela, le père d'une élève qui n'était pas dans le cours en question puisqu'aux dernières nouvelles elle était à l'extérieur de la salle, appelle à son châtiment. Et un tiers fait presque cent kilomètres pour servir de bourreau. Normal.

Naturellement, personne n'était au courant, depuis les forces de l'ordre qui avaient déjà reçu une plainte de la part de l'enseignant ainsi qu'une plainte du père de l'élève en question. Il s'est trouvé un agent de police pour la prendre, ce qui est délirant vu le mal qu'on peut avoir pour déposer une plainte lorsqu'on a un motif légitime pour le faire ! Naturellement, personne dans son collège n'a fourni l'adresse de son domicile au père de l'élève en question — une de ses collègues vient de vendre la mèche, des employés du collège en question, de ma même confession que ce père d'élève, l'auraient parfaitement renseigné. Naturellement, personne, y compris les hauts responsables de l'éducation nationale n'ont vu cela arriver.

Fixons les idées. Il y a peu ou prou 8 à 10% de musulmans en France en 2020. À l'horizon 2050, le Pew Research Center estime qu'il y aura entre 12,7 et 18% de la population qui sera musulmane. Sur ces musulmans, seule une minorité est pratiquante. Mais il n'en reste pas moins que cette population, même non pratiquante, est musulmane et suivra dans son immense majorité ce qui heurtera sa sensibilité religieuse parce qu'il n'y a aucune distinction entre la religion et l'origine ethnique. Un principe comme le principe de laïcité ne peut être compris par cette population.

Aujourd'hui, nous sommes rendu à un point où on assassine un prêtre catholique durant son office, où on assassine un enseignant parce qu'il a parlé dans un cours traitant de la liberté d'expression des caricatures du gardien de chèvres pédophile — le gardien, pas les chèvres —, où l'on assassine des journalistes. Une partie de la population s'en réjouit, une petite partie le fait ouvertement. Forcément tout ceci va bien finir. Forcément.

Le terroriste a été abattu, ce qui en fait un martyr, alors que nous aurions été avisés d'utiliser les seringues hypodermiques du vétérinaire du coin pour l'envoyer achever la route de Cayenne à Saint-Laurent-du-Maroni en cassant des cailloux tout le reste de sa vie, douze heures par jour, avant de l'enterrer à la mode Duterte, c'est-à-dire avec des abats de porc dans la bouche. Ces réfugiés dont personne n'avait là encore entrevu la radicalité se seraient radicalisés eux-mêmes, dans leur chambre, sans que leur famille ne soit au courant. Il est peut-être temps d'utiliser la technique des Allemands durant la seconde guerre mondiale : expulser la famille au grand complet du territoire. Là, pas de problème, ce sont des réfugiés, donc des gens qui ne sont pas nationalité française. Lorsqu'on est réfugié, qu'on est reçu dans un pays parce qu'on risque sa vie dans son pays d'origine, on se fait oublier, on n'assassine pas des enseignants ! Même chose d'ailleurs pour les binationaux qui représentent l'immense majorité des gens originaires d'Afrique du nord. Il est grand temps de faire le ménage avant que cela ne dégénère franchement.

La question que je me pose, et je n'ai pas de réponse, est de savoir combien de temps la population française supportera encore cela sans prendre les armes. Car ne nous leurrons pas, nous allons vers une guerre civile. On nous dira à ce moment que nous sommes intolérants, naturellement, on oubliera la responsabilité de toute la classe politique et toutes les petites compromissions jour après jour effectuées pour des raisons électoralistes.

 

R.I.P.

10.08.20 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Monde de merde

Bali de Mastor, 8 mai 2006, 10 août 2020.

Tu n'étais qu'un chat, mais avec bon cœur et excellent caractère. La fille de la maison pouvait te promener en te tirant la queue, te bourrer les oreilles de miettes de Petits Lus, tu la laissais faire. Lorsque tu voyais un chaton tomber d'une table dans une émission animalière, j'ai été surpris de te voir sauter au pied du téléviseur pour voir s'il y avait quelqu'un à sauver…

Je savais bien que depuis quelques années, tu étais diabétique alors que tu as toujours eu une alimentation correcte et tous les soins nécessaires. L'an passé, j'ai bien vu que ton diabète n'était plus sous contrôle mais, aux dires du vétérinaire, il suffisait d'augmenter les doses. Comme un idiot, j'ai fait confiance et j'ai augmenté tes doses d'insuline.

Jeudi dernier alors que tu ne mangeais plus depuis quelques jours, le vétérinaire disait encore que c'était normal. Il a fallu que je retourne vendredi voir un autre vétérinaire du même cabinet pour que des analyses soient faites. Pêle-mêle, j'apprends que tu avais une infection, que ta créatine était haute, que tu avais plus de 4 g de sucres par litre de sang et que ta fonction rénale était atteinte. Mais pas de panique, on arrive à soigner et à stabiliser l'immense majorité des animaux souffrants d'un tel problème. Vendredi soir, le vétérinaire m'indique que tu n'étais pas à l'article de la mort et que je pouvais partir quelques jours comme prévu.

J'ai voulu le croire même si au fond de moi-même, la créatine anormale signifiait suspicion de cancer mal placé. Après tout, ce n'est pas moi le spécialiste. Je t'ai fait un dernier câlin, un dernier gratouillis sur la tête, entre les oreilles, et une perfusion t'a été posée pour te requinquer. Je t'ai dit qu'on se reverrait dans quelques jours, quand tu iras mieux.

Pour te requinquer !…

Ce matin, alors que je suis à l'autre bout de la France, coup de téléphone : « votre chat est à l'agonie, il s'agit sans doute d'un cancer du pancréas à évolution rapide. Il faudrait songer à l'endormir, je vous laisse réfléchir jusqu'en début d'après-midi. »

L'endormir ! J'ai toujours adoré ce genre de litote. Non, on ne va pas l'endormir, on va appeler les choses par leurs noms, on va l'empoisonner. Peut-être sous anesthésie, mais on va tout de même l'empoisonner pour abréger ses souffrances. En début d'après-midi, il vomissait du sang et il n'y avait plus aucune autre solution que de l'« endormir » sans délai, sans que je puisse rentrer chez moi pour le revoir une dernière fois, qu'il ne se sente pas abandonné. Parce que ceux qui disent qu'un animal ne peut pas se sentir abandonné n'ont jamais eu de relation avec un animal (j'exclus tout de même le morpion pubien et les animaux les moins évolués).

Comprenez-moi bien, je ne sais pas si j'aurais été capable de lui tenir la patte dans un tel moment ou si j'aurais supporté de le voir avec une perfusion, une sonde urinaire et dans un état aussi lamentable. Je pense simplement que cette boule de poils qui a traversé la vie de la famille, ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, sans jamais se plaindre méritait de mourir autrement et que, même s'il avait fallu abréger ses souffrances, nous aurions dû être là.

Je ne tiens rigueur à personne de la mort de ce sacré de Birmanie, les êtres naissent, ils meurent, c'est un fait inéluctable et je n'ai aucun moyen de m'y opposer. En revanche, je tiens rigueur à un vétérinaire, l'an passé, alors que ce chat avait perdu un tiers de son poids en un temps très court, d'avoir tenté de stabiliser son diabète en augmentant les doses d'insuline (de chien !), c'est-à-dire en combattant les symptômes au lieu d'en chercher les causes qui ont visiblement fini par dégénérer en cancer foudroyant. Je tiens rigueur à un vétérinaire les souffrances visibles de cet animal durant de longs mois et sa triste fin.

J'espère que tu nous pardonneras de ne pas avoir pu être là. Il s'agit juste d'un malheureux concours de circonstances et non d'un abandon. Je ne sais pas encore si je récupérerai tes cendres ou ton corps, mais une chose est sûre, je ne te laisserai pas être incinéré dans une incinération collective.

Je vais essayer de me souvenir de tous les bons moments passés ensemble. Une chose me rassure, s'il existe un paradis des chats, tu y es en belle place.

 

Écologisme forcené

27.07.20 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Il paraît que nous avons en France un furieux besoin de logements. J'avoue ne pas forcément être d'accord, ce qui pose problème en France n'est pas le logement, mais le fait que les emplois qui n'ont pas encore été détruits malgré l'acharnement des gouvernements successifs depuis bientôt quarante ans soient très mal répartis. Si les emplois étaient répartis sur l'ensemble du territoire, nul doute qu'il n'y aurait aucun problème de logement.

Nous avons donc un tel problème et, depuis de nombreuses années, s'accumulent des lois, des règlements et des textes divers défendant toujours plus le toujours gentil locataire contre l'affreux capitaliste exploitant et propriétaire (toujours aussi). Dans les faits, il est impossible pour un propriétaire de se débarrasser d'un locataire indélicat et, lorsque par extraordinaire il arrive à le faire, il récupère généralement un appartement dans un état lamentable. Il y a un peu plus de dix ans, j'ai aidé mes parents à nettoyer un appartement d'un centre ville de province après deux ans d'impayés de loyer, j'ai gazé pour éliminer la vermine, il y avait cinquante centimètres de merde sur plus de cinquante mètres-carrés. Ils ont récupéré cet appartement en juin dernier après le départ d'un autre locataire, il avait été repeint en… noir ! Tout le mobilier avait été détruit (armoire, lit, chaises de cuisine pliées…).

Dans les faits, donc, il est de plus en pus difficile de trouver un appartement à louer car les propriétaires ont été échaudés et préfèrent laisser un appartement vacant que de prendre le risque de récupérer un taudis. Les locations de courte durée ont encore aggravé la situation puisque les propriétaires préfèrent louer sur de courtes périodes, au moins, après le temps de la location, le propriétaire a l'assurance que le locataire, indélicat ou non, part.

Il y a donc des zones dites tendues et qui ne sont tendues que par la légisghorrée française. Comme cela n'est pas suffisant, l'écologisme débridé dans lequel nous vivons vient de proposer d'interdire à la location des biens immobiliers qui ne seraient pas vertueux du point de vue de l'isolation thermique. C'est un peu plus compliqué que cela, mais dans les faits, un juge pourra interdire une telle location et un appartement pourra être déclaré insalubre. D'après ce que je lis, un appartement de beaux quartiers parisiens, dans un immeuble hausmannien, sous prétexte que la façade sur rue est en pierres et la façade sur cour en briques, pourra être déclaré grâce à ces seuls critères insalubre par décision de justice, voire dans certains cas automatiquement, l'administration française ayant tous les droits.

Il faudra donc forcer les propriétaires à investir dans l'isolation intérieure (mais des études ont montré qu'il fallait plus d'un siècle pour que cela soit rentable dans de tels immeubles) ou dans une isolation extérieure qui pose au moins deux problèmes que sont la mutilation des façades souvent historiques et la condensation. Il y aura donc encore moins de biens mis en location.

Là où cela va piquer fortement, c'est dans le parc de HLM, que celui-ci soit privé ou public. Parce que s'il existe des passoires énergétiques, c'est bien là. Il sera assez amusant de voir les premiers effets de bord de cette loi dispensable sur les bailleurs sociaux.

Encore une fois, c'est un problème bien vu, bien réglé, pris par le mauvais bout et avec des effets faciles à imaginer. Il n'y a pas à dire, la moitié de l'humanité est plus bête que la médiane. Cette statistique est encore vérifiée parmi nos chers élus.

 

Rémunération des doctorants

22.07.20 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

J'ai entendu ce matin d'une oreille tout d'abord distraite puis assez attentive une certaine Frédérique Vidal causant sur Radio Paris.

Oui, je parle de Radio Paris et non de France Inter puisque la pluralité n'étant absolument plus respectée sur cette radio d'état, ce poste sert plus d'organe de propagande que de radio de service public. Si vous ne me croyez pas, faites la liste des différents invités dans les tranches 6h/9h et 18h/20h sur un ou deux mois et regardez ce qu'il en sort. Mais revenons au sujet, ce matin, donc, parlait dans le poste une certaine Frédérique Vidal.

Et cette personne affirmait haut et fort que tous les doctorants de tous les laboratoires français auraient dès demain — ce qui signifie dès la promulgation d'une loi grassouillette et pleine d'effets de bord sans doute rigologènes — une rémunération pour vivre décemment de leurs travaux de recherche.

Ben tiens. Lorsque j'étais doctorant, on se débrouillait avec le financement du laboratoire — personnellement, j'avais de la chance, j'étais payé sur la grille des maîtres de conférence —, on faisait des piges à droite et à gauche (travaux pratiques, cours du soir que personne ne voulait donner, cours le samedi matin à l'autre bout du département dans une antenne éloignée du laboratoire et j'en passe). Cela nous permettait de vivre correctement tout en assurant ses quarante heures minimales de travail hebdomadaire sur son sujet de recherche.

J'entrevois déjà un effet de bord amusant. Dans un pays ruiné qui ne compte que sur les universités publiques et, à la marge, les grands établissements publics eux aussi pour effectuer des travaux de recherche, il existe un moyen assez simple de respecter une telle loi : refuser l'inscription en thèse de tous les doctorants potentiels qui n'ont aucun financement.

Le problème de la recherche en France n'est vraiment pas celui-là. Son problème est d'être une recherche étatique aux mains de grands machins comme le CNRS que tous les pays nous envient certainement et qui contraignent les entreprises, mêmes les grandes, à rester leurs simples supplétifs. Cela va même tellement loin que lorsqu'une entreprise embauche un doctorant sous contrat CIFR, elle se retrouve généralement le dindon de la farce. Elle se retrouve à payer en partie le doctorant, à se battre avec le laboratoire universitaire pour que le doctorant travaille dans les locaux de l'entreprise et qu'il fasse effectivement ce pour quoi il est payé, et se retrouve généralement avec des histoires de brevets dans les pattes déposés par le laboratoire universitaire, le doctorant étant contraint d'écouter son directeur de thèse bien plus que son employeur. Ne me dites surtout pas le contraire, j'ai déjà donné. Et j'ai déjà donné et à plusieurs reprises.

Le problème n'est pas en France la rémunération des doctorants. C'est un épiphénomène, même si pour ceux qui n'ont pas de financement, la vie du thésard n'est pas simple. Le problème est, en France, que l'on a sabordé la recherche privée avec la conscience d'un pays communiste en prenant les financeurs pour des imbéciles et on s'étonne, naïvement, que l'argent privé ne coule pas à flot vers les laboratoires universitaires. Une entreprise privée veut bien payer un laboratoire, mais cette même entreprise ne veut pas, alors qu'elle a payé une grande partie des opérations de recherche, que le fruit de son financement soit breveté, même conjointement, par un laboratoire universitaire. Une entreprise veut bien payer un doctorant sur un contrat CIFR, mais pour que le doctorant soit son employé et non celui d'un laboratoire universitaire. Le problème, en France, c'est qu'une fois la thèse de doctorat en poche, il faut encore trouver un poste de chercheur et que ces postes se comptent tous les ans sur les doigts de la main, la plupart du temps dans des laboratoires sclérosés avec des chercheurs dont certains n'ont rien publié depuis des années parce qu'ils sont attachés statutairement à des matières obsolètes. Pire encore, ces postes sont dans les faits donnés par un genre de cooptation dont le fonctionnement est totalement délétère. Une commission se réunit et permet ou non à un candidat de postuler sur un emploi de chercheur. Problème : cette commission étudie du papier et elle se retrouve à juger des candidats sur des publications dont rien ne lui permet d'affirmer que ces publications sont la production du candidat. J'ai eu connaissance de dossiers où les articles présentés avaient été écrit par d'autres chercheurs et simplement cosignés par le candidat. J'ai aussi vu certains candidats adoubés par cette commission parce que l'un des membres de la commission attendait un retour de la part du directeur de thèse du candidat en question. Tout cela n'est pas réellement sain.

Certains postes sont donc attribués à vie à des gens qui n'ont objectivement pas le niveau pour les occuper, les autres s'orientant vers des laboratoires étrangers où ils sont reconnus à leur juste valeur. Le problème de la rémunération des doctorants est donc un faux problème, il s'agit avant tout de réformer totalement la recherche en France pour que son fonctionnement soit sain. Une fois ce premier travail effectué, travail ingrat et difficile tant les oppositions seront nombreuses, il sera possible de s'attaquer à ce problème de rémunération. Ne pas le faire est une fois de plus se battre contre une conséquence alors qu'on en chérit les causes.

 

La défense de notre modèle social

14.07.20 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Par le plus grand des hasard, je viens de tomber sur l'interview donnée par notre charmant président de la république, loué soit son nom, pour le 14 juillet.

J'y entends cet élément de langage que je ne peux plus entendre. Il faudrait, selon lui, défendre notre modèle social. C'est bien, c'est dit. Mais le défendre contre qui ? Contre les gens comme moi qui sont ultraminoritaires ? Soyons sérieux, le français adore son modèle social, la légende qui vient avec lui et sont persuadés, les imbéciles, que sans ce sacro-saint modèle social, ils seraient tous en train de crever dans la rue.

Or, lorsqu'on réfléchit à peine plus loin que le bout de son nez, on s'aperçoit très vite que le chômage est la conséquence de ce fichu modèle social ; que les faibles salaires, les faibles retraites et la faiblesse de l'économie sont aussi sa conséquence directe ; que le système de santé agonisant n'est dû qu'à ce satané système que l'immense majorité des Français veut absolument conserver.

Mais il faut toujours défendre ce système. Je pose donc à nouveau la question : contre qui ou contre quoi ?

La seule réponse logique est ainsi qu'il faille le défendre contre lui-même parce qu'il porte en lui les gènes de sa propre destruction.

 

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