Si ce n'était pas con, ce ne serait pas un règlement !

20.03.20 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Mon comptable n'ayant pas fait le travail pour lequel il est payé, grassement, je n'ai pas pu faire l'assemblée générale d'approbation des comptes de 2018 ni, par conséquence, les déposer. J'ai donc été convoqué devant le tribunal de police le 30 mars courant pour me faire tirer les bretelles avec à la clef une amende de 1500 €.

Le procureur du coin n'a visiblement que cela à faire. Je dépose scrupuleusement mes comptes tous les ans pour toutes mes entreprises depuis 2003. Certaines années, j'ai l'accusé de réception mais d'après le greffe les comptes n'ont pas été déposés, preuve qu'ils font vraiment bien leur travail. Certaines années, j'ai même eu le droit à une absence de dépôt alors même que le greffe a pris soin de débiter mon chèque. Sans doute l'effet du « en même temps » gouvernemental. Un voisin n'a jamais déposé ses comptes et son entreprise fonctionne avec un actionnaire décédé depuis douze ans, ça ne semble pas déranger notre charmant procureur. Mais moi, la première fois que je ne peux pas déposer mes comptes en raison d'un cabinet comptable déficient, je me prends une convocation.

J'ai naturellement indiqué à mon cabinet comptable que j'engagerai sa responsabilité si, d'aventure, les choses tournaient mal.

Lorsque ce cabinet comptable a entendu que j'engagerai sa responsabilité, il a décidé de produire la plaquette que j'aurais dû déposer l'an passé. Naturellement en l'antidatant au 7 janvier 2019 histoire de pouvoir dire que, vous voyez Monsieur le Procureur, nous avions bien fait notre travail et nous ne sommes pas responsables. Or elle fut produire devant moi fin février 2020. C'est dommage parce que j'ai la preuve que le 7 janvier 2019, le bilan comptable ne pouvait être prêt. Lorsqu'on antidate des documents, il vaut mieux ne pas les antidater n'importe comment parce que là, j'ai de quoi engager la responsabilité du cabinet comptable sur un faux en écriture. C'est d'autant plus dommage que j'ai aussi des courriers du service des impôts des entreprises qui me rappelle à l'ordre, certaines déclarations étant faites bien tardivement. J'ai un souvenir ému d'une déclaration d'impôt sur les sociétés qui a eu plus de six semaines de retard !

Je vais donc à la Poste (souvenez-vous de l'épisode d'hier) pour envoyer un recommandé au greffe du tribunal. Naturellement, il s'agit d'un recommandé urgent. Je me fais éconduire comme un malpropre, la poste n'acceptant pas de courrier recommandé parce qu'elle est en situation d'urgence. Mais des courriers simples, pas de problème, vous les mettez dans la boîte dehors. Est-ce que je peux vous acheter un timbre ? Non, nous sommes en situation d'urgence.

Bon, certes, mais alors, si vous n'avez rien à faire, vous allez m'expliquer pourquoi vous êtes cinq avec des masques… Si c'est pour répondre ce genre de chose et ne pas faire votre travail, autant fermer le bureau et rester chez vous.

Je leur remets aussi un courrier qui est arrivé par erreur chez moi (même nom de famille, mauvaise localité, mauvaise rue, bref, seul le nom était identique au mien.), je me fais engueuler — il n'y a pas d'autre mot — parce que ce serait à moi d'aller l'apporter à la bonne adresse. Parfait, vous me prenez pour un imbécile, je vous laisse le courrier sur votre comptoir, vous en faites ce que vous voulez. Je ne suis pas responsable de vos erreurs et je ne vais pas aller à 10 km pour remettre ce courrier à son destinataire. Il n'y a pas cela sur l'attestation de déplacement dérogatoire.

Mais revenons à mon recommandé. Je peux envoyer un courrier simple à ma voisine. La poste va le traiter. Le courrier simple à ma voisine n'a a priori aucune caractère d'urgence. Sauf naturellement s'il s'agit de lui notifier un départ de feu de cheminée et que je suis trop confiné pour aller frapper à sa porte.

Mais je ne peux pas envoyer un courrier urgent et nécessitant un accusé de réception pour une procédure en cours. Parce que ce n'est pas urgent aux dires de la Poste qui, de toute façon, se contrefiche des conséquences.

Pire, je pensais que le refus de recommandé était pour protéger les facteurs. Même pas puisqu'il est possible d'envoyer des recommandés en enveloppes prépayées, naturellement en rupture de stock et limitées à 50 g, ce qui n'aurait pas été suffisant, mon pli faisant 99 g, enveloppe comprise.

Certains jours, je souhaite que le monopole du courrier explose en France, qu'on puisse enfin passer à un service de qualité. J'admets que l'on doive se confiner, j'ai parfaitement conscience des risques. Mais j'aimerais que l'on m'explique sans rire la différence de risque entre un courrier classique et un pli recommandé.

 

Avoir la poisse, c'est un art !

19.03.20 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je suis confiné comme tout le monde. J'ai pourtant dû, en tant qu'indépendant, me faire une autorisation à moi-même pour aller poster un recommandé urgent. Direction, le bureau distributeur et non la petite poste de mon village, en ces temps troublés, c'est plus prudent.

Et j'y suis allé avec la 2CV, ma XM étant bloqué chez le garagiste pour quelques menus travaux ainsi qu'un contrôle technique. N'ayant pas eu de nouvelles, je considérais cette voiture perdue jusqu'à la fin du confinement.

Je disais donc être allé au bureau distributeur pour trouver porte close. Qu'à cela ne tienne, je corrige mon autorisation de sortie pour aller à un second bureau distributeur, lui aussi fermé, mais qui avait la bonne idée d'indiquer l'adresse du bureau de poste ouvert le plus proche. Je m'y rends. Ou plutôt devrais-je écrire, j'essaie de m'y rendre. En effet, dans une longue descente, j'entends le « plop plop » caractéristique d'une bougie ayant décidé de vivre sa vie hors de la culasse en aluminium du moteur de la 2CV. Pas de problème, j'ai toujours un bout de caisse à outil pour ne pas être pris au dépourvu. Lorsqu'on roule en 2CV, en DS23ie ou en Type23, il faut bien cela. Pourtant, j'arrive encore à me faire surprendre, même par une pièce aussi peu subtile qu'un rupteur.

Moteur chaud, impossible de reposer la bougie. Je vais chercher la clef à bougie et je me rappelle que j'avais sorti la clef à bougie de la voiture récemment. Coup de téléphone à madame en lui expliquant où se trouvait cette fichue bougie et qu'il serait bon de me l'apporter. Heureusement, je n'étais pas très loin, cinq ou six kilomètres à vol d'oiseau. Une autorisation de sortie signée plus tard, elle m'apporte cette clef à bougie. Je tente de poser la bougie à la main, le moteur ayant refroidi et je m'aperçois qu'elle bouge étrangement. Je la visse au maximum, toujours à la main, puis je sors ma clef à bougie pour terminer. Là, cette fichue bougie tourne dans le vide. Filetage foiré.

 objet du délit
Fig. 1

Il paraît que c'est un grand classique. À titre personnel, c'est la première fois que ça m'arrivait.

Je suis donc bon pour un camion-plateau. Je téléphone à mon assurance qui envoie au dépanneur que je connais (il s'agit de mon garagiste habituel) un ordre de mission comportant une adresse à l'autre bout de la France. On perd une heure. Finalement, à force de téléphoner à l'assurance et au garagiste, tout ce petit monde se synchronise et un plateau arrive pour me récupérer.

J'apprends tout à fait par hasard que ma XM est prête. Je pars donc déposer la 2CV avec le plateau pour repartir avec mon tank qui vient de passer haut la main son contrôle technique avec un résultat vierge. Pas mal pour une voiture de 23 ans aux cerises.

C'est donc moins pire que je ne m'y attendais puisque j'ai au moins un véhicule pour circuler. Entre temps, il faudra tarauder la culasse pour y rajouter un support de bougie en acier rapporté. On croisera les doigts pour que l'autre bougie ne me fasse pas le même coup trop rapidement.

 

Quarantaine

17.03.20 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Je ne voulais pas réagir sur le sujet, le bruit étant largement supérieur au signal sur ce sujet. Mais la communication lamentable du gouvernement ainsi que l'attitude des français — toute aussi lamentable — m'incite à rajouter mon grain de sable dans la gueule du débat.

Refaisons un bref historique de la situation. Lors de la seconde quinzaine de décembre 2019, un nouveau virus pathogène apparaît dans une sombre province chinoise. Ce virus provoque dans un nombre de cas non négligeable des pneumonies atypiques. Un médecin chinois tire la sonnette d'alarme. Rien n'y fait, tout continue presque comme avant. Au bout de quatre semaines, le gouvernement chinois comprend ce qu'il se passe et confine des régions entières. D'autres pays asiatiques touchés mettent les moyens pour éviter une propagation rapide (quitte à utiliser d'autres techniques que le confinement comme Taiwan ou la Corée du Sud).

Pendant ce temps, que faisons-nous ? Nous blablatons. Agnès Buzyn, ce monument inoxydable de la médecine, nous indique que le risque que l'épidémie arrive sur le sol français était infime. Tout cela juste avant de démissionner pour aller voir si la campagne des élections municipales de Paris pourrait lui être profitable. Nous envoyons des militaires récupérer les français travaillant dans les zones à risque alors qu'il aurait fallu les mettre en quarantaine sur leur lieu de travail avant de les rapatrier pour éviter une propagation du virus. Résultat, un premier foyer d'infection a brusquement surgit autour de la base aérienne qui a participé à l'opération.

Mais ce n'est pas tout. La France a aussi envoyé 17 tonnes de matériel (masques, gels et autres) à la Chine. Je vous rappelle que ces masques sont fabriqués en Chine et que la Chine peut tout à fait et contrairement à nous subvenir à ses propres besoins. La Chine a refusé le cadeau qu'elle aurait renvoyé en Italie. De toute façon, quel que soit l'endroit où ce matériel se trouve actuellement, il n'est plus en France et fait défaut.

Parallèlement à cela, le nouveau ministre de la santé nous a signalé que ce n'était qu'une petite grippe durant des semaines, que seules les personnes à risque, donc d'un âge certain, avaient des complications. Durant ces mêmes semaines, les épidémiologistes tiraient la sonnette d'alarme car il n'y avait aucune raison que la progression de l'épidémie soit différente en France que dans les autres pays touchés au préalable. Chez nous, c'était juste une petite grippe, chez les autres, il y avait des restrictions de circulation, des contrôles aux frontières et dans les aéroports. Chez nos voisins suisses, l'âge médian de mortalité était pourtant de 47 ans. On a commencé à avoir des doutes lorsque des trentenaires sans antécédents sont décédés dans le sud de la France en raison d'une interaction avec des corticoïdes.

Et nous sommes arrivés à la situation surréaliste où les italiens pouvaient librement rentrer en France en provenance de zones contaminées alors que les français ne pouvaient pas entrer en Italie (frontières terrestres ou aéroports). Il y a quelques jours, certains pays africains (Maroc, Madagascar) ont même annulé tous les vols à destination ou en provenance de la France, signifiant par là qu'ils jugeaient la situation sanitaire en France plus mauvaise que chez eux.

Mais ce n'était pas grave. Nous avons maintenu les élections municipales. Mais en fermant au préalable les bistrots.

Les scientifiques, les vrais, continuaient à alerter en criant dans le désert. Dans l'est de la France, depuis le 11 mars, les services d'urgence sont surchargés et les patients sont triés en fonction de leurs âges. L'armée n'a pas été sollicitée pour installer des hôpitaux de campagne et les patients sont ventilés entre Besançon et Nancy.

Pire, le français a montré qu'il était un imbécile. On ferme un stade, les supporters du Paris-Saint-Germain font la fête juste à l'extérieur du stade, sans doute en vertu d'un certain darwinisme. On annonce la fermeture des bistrots, le français s'est rué dans les bars et autres cafés samedi dernier parce qu'il savait qu'il en serait privé durant quelques semaines (je rappelle qu'en Italie ou en Espagne, les villes étaient déclarées villes mortes). On lui dit de rester chez lui, il va s'exposer dans les jardins publics et autres squares. Et c'est le même qui va gueuler lorsque l'un de ses proches sera sacrifié parce qu'il n'y aura plus de lit d'urgence dans les hôpitaux. J'ai coutume de dire que l'Italie ne sert qu'à faire croire que la France est organisée, là, pourtant, même l'Italie fait mieux que nous.

 compréhension des consignes
Fig. 1

Et c'est sans compter non plus avec la soviétisation de la médecine. La gestion étatique de l'hôpital fait que nous avons aujourd'hui entre deux et trois fois moins de lits d'urgence pour mille habitant que tous les pays comparables. C'est sans compter avec les élucubrations du phare français de l'économie qu'est Bruno Le Maire qui impose un prix au gel hydro-alcoolique sans ce soucier que le prix imposé est inférieur au prix de revient (fabrication, stockage et distribution) du produit et que les industriels, capables de produire à marge nulle, ne vont pas produire pour perdre de l'argent. La pénurie de soignants, de matériel et de consommable se fait cruellement sentir.

Là encore, le gouvernement n'a pu anticiper alors que la progression de l'épidémie suit exactement avec quelques semaines de retard ce qu'il s'est passé dans tous les pays comparables. Pire, l'augmentation des cas est même supérieure en France.

La situation empirant logiquement, nous avons eu le droit hier soir, à un discours délirant de notre président de la république adoré. Je passe sous silence les contradictions comme le fait de se confiner chez soi en ayant des interactions sociales avec ses voisins, je ne vais m'attacher qu'au fond. De confinement de la population, il ne fut pas question. Même le mot n'a jamais été utilisé. Il n'y a par ailleurs aucune obligation parce que pour circuler, il suffira d'une déclaration sur l'honneur sur le Cerfa idoine. On croit rêver !

Une fois de plus, c'est trop peu et trop tard.

Une telle crise sanitaire qui aurait pu être jugulée avec un mois de traitement de choc va perdurer plusieurs semaines, vraisemblablement plusieurs mois, parce que la classe politique (majorité comme opposition) est en-dessous de tout. Elle va se chiffrer en centaines de milliards d'euros d'argent public, donc d'argent du contribuable. Et tout cela dans le pays le plus taxé au monde. Forcément, ça va bien finir.

À partir de midi, les déplacements seront enfin entravés. Légèrement. Enfin. Pour une quinzaine de jours. Prévoyez néanmoins au moins le double, plus raisonnablement six semaines.

Si j'en ai le temps, je vais tenir un journal.

27 avril 2020, confinement, jour 43.

Cher journal. Je t'appelle cher journal parce que je n'ai plus personne avec qui discuter. Le dernier coup de vent a fait définitivement tomber un poteau de la ligne téléphonique qui avait déjà été endommagé par un ivrogne il y a quelques mois et même le téléphone est aujourd'hui silencieux. L'isolement devient difficile à supporter. Je commence à délirer en parlant tout seul. J'ai même cru que le chat m'avait insulté alors que je l'ai mangé lundi.

Dehors, la nature a repris ses droits. Les hautes herbes et les corbeaux ont fait leur œuvre, on ne voit plus le corps du facteur dans l'allée mais l'odeur est insoutenable et ça attire des mouches.

 

Évolution

02.03.20 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je suis l'heureux propriétaire d'un Citroën Type 23-50 Robustacier. Un 23-50, c'est un authentique poids lourd fabriqué par Citroën sur un châssis datant de 1935 et carrossé par Heuliez qui faisait des choses remarquables avant que Marie-Ségolène Royal ne s'en mêle. J'avais acheté cet engin en 2003 parce que j'en avais assez de transporter dans la malle de la DS — la vraie, la 23ie — de l'outillage pour la restauration de ma masure. Les impondérables étant ce qu'ils sont, la vente de la maison a été refusée par les impôts alors que j'avais déjà commencé les travaux et je n'ai jamais pu utiliser l'engin pour les raisons pour lesquelles je l'avais acheté. Un passage devant la cour de cassation plus tard (procès gagné), il n'était en effet plus roulant puisque l'essence moderne m'avait cassé le haut moteur et qu'il devait passer chez le carrossier pour se refaire une beauté. Le moteur n'était pas un problème, il s'agit d'un 11-MI des plus classiques, mais le carrossier qui officie malheureusement toujours dans le coin de Besançon a toujours remis le chantier à plus tard. J'ai donc trouvé un autre carrossier qui, lui, avait envie de travailler, mais à l'autre bout de la France. Seul problème, il ne pourra commencer à travailler sur l'engin qu'en octobre 2020 pour une histoire de bail trop longue à expliquer ici. Bref, je suis toujours contraint de louer un véhicule dès que je dois utiliser un camion.

 nid de Type 23 Robustacier chez Heuliez
Fig. 1

Ce week-end, j'ai donc été contraint de louer à nouveau un fourgon grand volume avec un hayon. Comparons donc un Iveco moderne avec un Robustacier sorti de chaîne en janvier 1964 sur un châssis datant de 1935.

  Iveco Citroën Type 23-50
Dimensions en mètres (L*l*h) 6,85*2,10*3,10 6,80*2,30*3,10
PV en tonnes 2,95 2,60
PTAC en tonnes 3,5 5
Charge utile en tonnes 0,55 2,4
Volume utile en mètres cube 20 34
Type de cabine classique avancée
Consommation en litres aux 100 km diesel : 20 (pied très léger, 15) essence (SP95) : 15 à 17
Boîte de vitesses mécanique, six rapports mécanique, quatre rapports non synchronisés

Concernant la boîte de vitesse, je dois signaler que les quatre premiers rapports des deux boîtes sont sensiblement les mêmes. Le fourgon Iveco peut donc rouler plus vite que le Citroën, mais sa consommation reste toute de même largement supérieure.

Nous pouvons donc constater qu'en soixante ans, il n'y a pas eu de progrès sensibles. Le confort du 23-50 n'a rien à envier à celui d'Iveco. Les seules choses en plus sont la climatisation automatique et le lecteur de CD. On pourrait parler de la direction assistée, mais celle du Type 23 étant à vis et secteur, elle n'a jamais réellement posé problème. Côté boîte de vitesses, celle du Citroën n'a officiellement des synchronisations que sur les 3e et 4e. Les six vitesses de son concurrent sont censées être synchronisées. Certes, mais sans un bon double débrayage, elles craquent tout de même et il faut aider la boîte.

Parlons du confort. L'Iveco est un tape-cul dont le confort n'est amélioré que par un siège sur suspension pneumatique. Pour le reste, ça secoue autant que l'antique Citroën avec ses ressorts semi-elliptiques. En terme de tenue de route, l'Iveco tient la route. Toute la route. Comme la caisse grand volume (mais faible poids) est bien carrée et posée sur le châssis au-dessus des roues, non seulement le centre de gravité est placé très haut et se ressent comme tel, mais il est aussi extrêmement sensible au vent latéral. Le Robustacier, au contraire, est plus ramassé et plus caréné, ce qui le rend nettement moins sensible au vent. La caisse du Type 23 est posée sur le châssis et non au-dessus des roues sur un faux-châssis.

Je n'ose même pas parler de la différence de volume utile et de charge qui n'est pas à l'avantage de l'engin moderne.

Alors oui, je roule certainement moins vite dans les côtes lorsque je dois tomber en 3e avec le Type 23. Mais pour tout le reste, dans le match Iveco moderne contre Citroën antique, ce n'est pas le fourgon moderne qui gagne !

 

Grève des baveux

21.01.20 | par Le Grincheux | Catégories: Déclaration de guerre

Ce matin, j'étais convié à une nouvelle audience du juge de l'exécution du tribunal dont dépend mon logis.

En effet, j'ai actuellement deux affaires en cours, l'une concernant la CIPAV, l'autre concernant l'URSSAF de la région A. Pour simplifier les choses, nous dirons aussi que je réside dans une région B qui dépend d'une autre URSSAF, si tant est que l'on puisse dépendre d'une union qui n'existe pas et n'a jamais existé.

Dans le rappel des faits et de la procédure, je dois dire que j'ai déjà :

  • inscrit en faux un jugement (trois pour être précis) à titre principal tant le délibéré était scandaleux ;
  • récusé un juge en audience, récusation motivée par cinquante pages d'écritures. Ce juge a été sauvé par le premier président de la cour d'appel car le procès verbal de récusation n'aurait pas été notifié par le greffe du tribunal de grande instance. Je n'ai aucun moyen de vérifier.

Ces deux procédures ont échoué, mais les deux magistrats ont senti le vent du boulet. D'assez près. Et les bougres sont rancuniers.

Ce matin, donc, je me rends au tribunal judiciaire qui a remplacé le tribunal de grande instance. J'entre dans la salle d'audience habituelle où se tenait trois baveux et un pauvre bougre qui ne savait visiblement pas ce qu'il faisait là. L'un des baveux me demande ce que j'attendais là — j'ai évité de répondre : « et toi ? » — et m'annonce qu'en raison de la grève des barreaux il demandera le renvoi. Je lui réponds que je m'y opposerai pour plusieurs raisons :

  • la CIPAV n'était ni présente ni représentée lors de la dernière audience et, sauf erreur de ma part, mon gars, tu n'étais pas encore en grève à cette date ;
  • le cabinet signataire des écritures n'a pas remporté un appel d'offre et ne peut donc représenter la CIPAV, sauf si la CIPAV n'est pas un organisme de sécurité sociale auquel cas, je m'incline et je gagne le procès haut la main. Comment cela, ce n'est pas possible ?
  • le fait que toi, mon cher baveux, sois en grève ne dispense pas le tribunal de respecter et de faire respecter le code de procédure civile. Sommes-nous bien d'accord ?
  • au surplus, je trouve parfaitement inélégant et totalement discourtois que le cabinet habituel de baveux de la CIPAV me prévienne la veille à 18h00 de son absence.

Je dois vous dire que le baveux n'était pas content. Sur ces entrefaites arrive mon amie le juge de l'exécution. Celui-ci déclare l'audience ouverte et me fusille du regard en m'intimant l'ordre de sortir de la salle, un greffier devant m'attendre pour m'amener dans une autre salle devant un autre magistrat. Très bien, Madame le juge, bonne journée à vous.

Pour être tout à fait honnête, il y avait ce jour deux audiences : la première à laquelle je devais assister, la seconde en comparution immédiate. Il restait donc des salles d'audience disponibles. De toute façon, de greffier il n'y eut point et c'est un appariteur qui nous a emmené dans un coin de couloir sur des bancs. Arrive alors un greffier qui nous emmène à la cave. À la cave !

Nous descendons un escalier dont la dernière touche de peinture a dû être passée par les américains en 1945, peut-être encore l'armée allemande juste avant son départ. Une porte sur laquelle est affichée un petit panneau indiquant une serrure hors d'usage s'ouvre sur un couloir humide et on nous fait asseoir sur un nouveau banc en attente du magistrat. Je continue ma discussion avec l'avocat fâché d'être au sous-sol d'autant qu'il devait à la fois se substituer à tous ses collègues pour l'audience ordinaire et pour celle concernant le Grincheux, donc être à deux endroit en même temps. Pas facile. La porte reste ouverte derrière moi, mais la cave ne s'ouvrant qu'avec un badge, je considère pour ma part qu'il s'agit d'une nouvelle audience à huis-clos. Ce n'est que la deuxième mais il faudrait bien que cela ne devienne pas une habitude.

Le magistrat arrive et nous ouvre une petite bibliothèque, ma foi assez cosy. Nous prenons place. Le baveux attaque bille en tête en indiquant que je refusais le renvoi et que le droit de grève était un droit constitutionnel. Je le laisse débiter ses billevesées sans dire un mot.

Une fois que cet importun s'est tu, je lui demande s'il avait bien terminé. Parce que s'il y a une chose qu'il n'avait pas le droit de dire, c'est que je l'empêche de faire grève. Je me contrefiche de la grève des avocats. Infiniment. En revanche, je suis ici pour que le droit soit appliqué. Jusqu'à preuve du contraire, mon cher maître, tu n'es pas et tu ne peux pas être le représentant de la CIPAV. Tu ne substitues pas le grand vainqueur de l'appel d'offre que la caisse a eu l'obligation de passer. Donc, mon cher, tu fermes le claque-merde qui te sert d'orifice buccal. Jusqu'à preuve du contraire, tu es dans l'impossibilité de donner au tribunal la forme juridique de la caisse et de prouver qu'elle avait été constituée conformément aux textes en vigueur. Donc les demandes de la caisse sont irrecevables qu'elle soit ou non comparante ou représentée. Le baveux m'indique alors représenter le représentant du représentant (sic). Ben tiens, mon cochon, c'est pour cela que les écritures sont signées par le représentant du représentant, sans doute ! Mon cher maître, je te conseille d'éviter de me prendre pour une truffe, il y en a qui ont déjà essayé. Cela s'est plutôt mal passé pour eux.

Le magistrat m'indique que mes écritures sont très intéressantes et qu'il y a des points que la caisse devrait avoir une chance d'éclaircir. Elle prononce un renvoi au 17 mars 2020. J'essaie encore de m'y opposer, arguant que cette affaire est tout de même pendante devant le juge de l'exécution depuis plus d'un an et qu'une forte somme d'argent est aujourd'hui bloquée depuis décembre 2018. Je rajoute que lors de l'audience de novembre dernier la CIPAV n'était ni présente ni représentée. Le président me rétorque que le représentant de la CIPAV est arrivé en retard. Je lui réponds que dans ce cas, comme je suis resté jusqu'aux mots « l'audience est levée », pour cette audience, la CIPAV n'était ni présente ni représentée. Avant l'heure, ce n'est pas l'heure, après l'heure, ce n'est plus l'heure. Rien à faire, renvoi. Mais dernier renvoi me dit-elle. J'en prends acte, rendez-vous le 17 mars 2020. Merci Madame le président, courbette, aïe mon dos.

Seconde affaire contre l'URSSAF de la région A. L'audiencier régional de la région B n'est pas présent. Sur le ton de la plaisanterie, je risque que, sans doute, l'audiencier est solidaire des avocats et fait elle aussi la grève. Le président me répond qu'il y a beaucoup de malades de la grippe. Certes, mais cela n'empêche de justifier de son absence. La grippe a réellement bon dos. Et je vois le baveux qui se lève pour dire qu'il substituait l'audiencier de l'URSSAF. J'avoue, c'est la première fois que je vois un avocat substituer un non avocat. Tout fout le camp !

Je discute encore le bout de gras pour rappeler au juge que l'URSSAF de la région A ne saurait être représentée par un salarié de la région B. En tout état de cause, je m'y opposerai par tous les moyens à ma disposition. Et je pense, mon cher juge, que tu as un petit aperçu de mon pouvoir de nuisance. Tes collègues ont été sauvés in extremis par un défaut de procédure, aujourd'hui, on ne m'aura plus aussi facilement et les procédures iront jusqu'au bout, qu'importent les dégâts collatéraux. Par ailleurs, l'URSSAF qui a reçu mes écritures devant vous, donc qui ne saurait prétendre ne pas les connaître, n'a pas jugé bon de répondre à des conclusions incidentes. Vous conviendrez que c'est tout de même étrange.

Même chose, renvoi au 17 mars, même heure. J'ose un « même lieu ? »

Avant que la séance soit levée, je questionne le magistrat. Puisque vous avez visiblement lu mes écritures et que vous considérez qu'elles sont intéressantes et que les caisses doivent absolument pouvoir s'expliquer, je dois vous dire que j'ai tout de même un petit problème. Je vous pose cette question parce que je ne suis pas un professionnel du droit. Que se passera-t-il lors de la prochaine audience ? Parce que pour ma part, je refuserai catégoriquement — comprendre je vous claquerai une procédure dans les gencives — de débattre si l'URSSAF de A est représentée par l'URSSAF de B ou que l'avocat de la CIPAV ne justifie pas de l'appel d'offre valable et remporté. Le juge me répond qu'elle prononcera sa décision sur le siège. Dont acte.

À ce propos, voulez-vous mes dernières écritures ? Le juge m'indique qu'elle ne peut les accepter que si je les ai remises aux parties adverses. Je lui réponds que c'est tout naturel. Mais comme je ne connais pas le cabinet qui a remporté l'appel d'offre de la CIPAV, j'ai donc envoyé les écritures en courrier simple à la CIPAV. Quant à l'URSSAF, celle de B n'a pas à connaître les écritures destinées à celle de A, mes écritures n'étant pas exactement publiques. Et ne demandez pas un accusé de réception, depuis que la cour d'appel m'a écrit qu'un accusé de réception n'est pas une preuve de réception du courrier par la bonne personne, je n'envoie plus mes écritures qu'en courrier simple. Mais vous conviendrez d'une chose, Madame le président, jamais aucune des parties adverses n'a indiqué ne pas avoir eu mes écritures. Je ne peux pas en dire autant.

La suite au prochain épisode.

 

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