Après les trente glorieuses et les trente piteuses, nous entrons de plain pied dans les trente merdeuses et, je suis prêt à prendre les paris, la période dans laquelle nous entrons en chantant la fleur au fusil sera mentionnée dans les futurs livres d'histoire — pour peu qu'on enseigne encore l'histoire dans quelques années — comme une période à côté de laquelle la grande dépression de 1929 passera comme une aimable promenade de santé. Nous ne sommes pas encore dans la crise, tout au plus dans l'antichambre, et la chute risque d'être sévère.
Cela fait quarante ans que nous vivons au-dessus de nos moyens. Pour faire simple, disons que le gouvernement Chirac puis Barre n'avaient pas d'autre choix puisqu'ils se sont pris dans la figure les deux crises pétrolières de 1973 et 1979. Mais les choix opérés depuis ces trente dernières années, par des gouvernements de gauche comme de droite, n'ont rien arrangé. Nous avons continué à creuser les déficits budgétaires sans jamais vouloir regarder les choses en face. Au début des années 1990, il ne fallait pas penser réformer les retraites alors même que tous les démographes — Hervé Le Bras en tête — tiraient toutes les sonnettes d'alarme. Contrairement à l'économie, la démographie est une science bien plus exacte puisqu'à moins d'une guerre, de l'instauration d'un système de régulation comme celui de Soleil Vert ou d'un virus particulièrement pathogène et létal, les gens qui avaient trente ans en 1980 en ont soixante en 2010.
Or, depuis trente ans, on boucle le budget de la France en faisant des hypothèses de croissance complètement délirantes et, comme on n'arrive pas aux objectifs attendus, on dévalue (cas du tournant de la rigueur en 1983), on fait tourner la planche à billet (premier septennant de François Mitterrand), on emprunte sur les marchés financiers qui n'en demandent pas tant et on se plaint que ce sont actuellement ces mêmes marchés financiers qui font la politique de la France. Mais qui leur a donc donné les clefs du pouvoir ? Tous autant que nous sommes. Enfin vous plus que moi.
Le Général De Gaulle disait que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille et il avait raison. Le problème, c'est que collectivement depuis trente ans, tous les électeurs ayant voté à court terme sont responsables de cette dérive des prises de décisions de l'Élysée et de Matignon vers le palais Brognard parce que ces électeurs sont tous égoïstes. Ils veulent tout et tout de suite, indiquent crânement qu'ils veulent du social, votent pour la gauche, mais préfèrent toujours que ce social leur bénéficie en priorité selon le vieux principe que charité bien ordonnée commence toujours par soi-même.
Et c'était déjà vrai en 1981. Le programme commun de la gauche ne servait pas à redresser l'économie de la France, simplement à faire élire une équipe en promettant à l'électeur crédule ce qu'il voulait entendre (35 heures de travail hebdomadaire, cinquième semaine de congés payés, augmentation du SMIC…). Plein de choses qui concernaient l'électeur de manière privée et non la France.
Aujourd'hui, que voyons-nous ? La même chose. Mélenchon raconte exactement ce que l'électeur égoïste veut entendre. C'est le Mitterrand du programme commun de 1981. C'est même symptomatique. Comme est symptomatique le fait que le programme du président sortant n'est paru que la semaine passée. Officiellement, il lui fallait écouter avant d'écrire son programme. La question est donc de savoir si un candidat se présente pour défendre ses propres idées ou les idées d'autrui qui ne lui permettent que d'être élu. La suite, on la connaît, les promesses n'engagent que ceux qui les croient. Chassez le naturel et il revient au galop.
Et à une heure critique où il faut réellement faire des efforts pour sauver le système social français, des Mélenchon, Le Pen, Sarkozy et Hollande prétendent qu'on va encore raser gratis demain. Foutaises, mais l'électeur ne veut surtout pas entendre autre chose. Le RSA, c'est bien, le régime d'assurance chômage, c'est bien, les services publics, c'est très bien. Enfin, c'est bien lorsqu'on en bénéficie, mais lorsqu'il faut commencer à envisager d'en assumer le prix, c'est un peu différent. Pourtant, je vous le prédis, si vous voulez garder le système français, les impôts divers et variés risquent fort d'être multipliés par trois ou quatre, sans compter le fait que vous devrez acheter plus cher, soit en achetant français, soit en payant une taxe sur ce qui est importé parce qu'il faudra bien remettre la France au travail d'une manière ou d'une autre pour ne plus avoir à régler des prestations chômage ou des minima sociaux à une partie de la population active.
Mélenchon est même le plus amusant de nos candidats parce que si vous voulez détruire le système français, il vous suffit de voter pour lui puisque son programme économique n'est pas tenable. Ce n'est pas avec des mots qu'on crée de l'argent. Quant à le prendre là où il se trouve, qu'il y aille, il n'y a plus d'argent en France. Naturellement, le mélenchoniste de base va rétorquer qu'il en reste chez Total. Allez-y, les bénéfices de Total ne sont pas issus des activités de Total en France, mais comme l'électeur de Mélenchon ne comprend rien aux mécanismes de base de l'économie et de la fiscalité, c'est peine perdue. Total est l'arbre qui cache la forêt. Mais sachez qu'il ne reste aujourd'hui en France, grâce aux conséquences d'un impôt aussi absurde que l'ISF, que 400 entreprises de plus de 250 salariés. Ça devrait vous faire réfléchir. Et ne me dites pas non plus que les entreprises du secteur de l'énergie s'en sortent bien. Je n'ai pas de chiffres pour EDF, mais je puis vous dire que les crédits de recherche de GDF-Suez ont été rognés la semaine passée de 40% pour tous les programmes jugés non prioritaires, c'est-à-dire tous les programmes de recherche sauf un.
Et lorsque l'on parle d'économie, on parle de la Chine. C'est intéressant et dommage. La Chine n'est pas un problème à long terme. Elle est peut-être un problème aujourd'hui, mais la Chine est une puissance sur le déclin à cause de sa politique de l'enfant unique et des génocides de fillettes. La Chine va avoir un problème démographique très important dans les années à venir qu'il lui faudra gérer et à ce moment-là, elle ne sera plus en mesure de venir vous noyer sous des produits pas cher. Non, le Brésil est un problème. L'Inde, l'Argentine en sont. À plus long terme l'Afrique. Mais la Chine, certainement pas. Parler du problème chinois permet juste d'occuper le champ en évitant de parler des vrais problèmes.
Et cela évite de parler des problèmes structurels français. Pensez simplement à l'ISF. Une belle réussite française que toute l'Europe nous envie puique la France est le dernier pays européen à avoir un impôt sur le patrimoine. Un si belle réussite qu'on parle sans cesse de l'abroger et que personne ne veut le faire parce que c'est un symbole et que les électeurs ne comprendraient pas. Il faut donc vous expliquer ce qu'est l'ISF. L'ISF, c'est un impôt dont l'assiette est le patrimoine. Pas les revenus, le patrimoine. J'insiste là-dessus parce que je me suis aperçu que pour l'immense majorité des gens, l'ISF est un super-impôt sur le revenu. Et le patrimoine en question est à la fois mobilier et immobilier, ce n'est pas forcément de l'argent mobilisable. C'est assez amusant et ça permet à des gens qui ne sont pas imposables sur le revenu de devoir s'acquitter de l'ISF parce qu'ils sont propriétaires d'un bout de terrain devenu constructible dans un coin recherché ou d'un appartement de famille à Paris. C'est pour ces gens que le bouclier fiscal a été instauré lorsque le gouvernement s'est aperçu que des allocataires du RMI étaient redevables de l'ISF (dans les Charentes et en Savoie où se sont créées des associations de défense).
Lorsque ces contribuables ont un portefeuille contenant des valeurs mobilières, ils paient. Lorsque ce n'est pas le cas, ils ont deux solutions principales :
Mais pas un seul candidat ne parle de stabiliser la fiscalité française (quatre lois fiscales par ans sur les dernières années) pour éviter que le capital ne parte à l'étranger alors que la dernière étude de Bercy montre bien que si l'argent part à l'étranger (je parle des pays proches, pas des paradis fiscaux à l'autre bout du monde), ce n'est pas pour une histoire de fiscalité, mais en raison d'une absence de visibilité à long terme de la fiscalité française. Pas un seul ne parle de supprimer l'ISF qui est contre-productif pour le remplacer par une tranche supérieure d'impôt sur le revenu quitte à la mettre à 60, 70 ou 80%. Il ne faut pas toucher au symbole même si ce symbole est nocif et qu'il aboutit à une foultitude de niches fiscales en tous genres.
Et lorsqu'on a en face de nous un candidat qui prend la mesure de la volatilité du capital qui est un autre mal de l'économie, il ne propose que de taxer les transactions financières. C'est ridicule, le mal n'est pas la transaction mais la volatilité du capital. Il faut un système de taxation dégressive de la plus-value. La plus-value sur un titre gardé moins de vingt-quatre heures devrait être taxée à 95% alors que la plus-value d'un titre gardé dans un portefeuille plus de cinq ans ne devrait plus être taxée.
Certains jours, nous avons presque de la chance et un candidat propose de séparer les banques d'investissement des banques de détail, mais comme ce sont actuellement ces mêmes banques qui financent les dépenses de fonctionnement de l'état, on ne l'entend ni très fortement ni très longtemps. Pourtant, cela fait trente ans que l'économie française est sous financée. Lorsque ces banques seront séparées en deux, vous verrez qu'elles trouveront intérêt à financer l'économie réelle à 3 ou 4% l'an plutôt que de faire la culbute sur des titres hasardeux en jouant avec les marchés boursiers.
Mais de quoi parle-t-on aujourd'hui ? Du problème des jeunes pour passer le permis de conduire. C'est sûr, en subventionnant le permis de conduire nous allons régler tous les problèmes du pays. Mais là encore, il s'agit d'une mesure parfaitement égoïste qui bénéficiera à l'électeur sans que jamais il n'en paie le prix. Restons un peu sérieux !
Je dois te dire que je me suis fait l'un de tes militants à la sortie du RER ce matin. J'étais peut-être un peu plus énervé que d'habitude puisque la RATP m'avait fait juste avant un coup que je ne connaissais pas encore, le coup du trafic interrompu parce qu'un sac-à-dos était tombé sur la voie.
Qu'on l'écrase et qu'on passe à autre chose !
Après une vingtaine de minutes de retard à cause d'un sac-à-dos, donc, il a fallu que je tombe sur tes militants et que je me tape ton discours haineux. Je suis convaincu que tu es intelligent. Tu ne serais pas là où tu es dans le cas contraire. Comme tu sais que tu ne seras pas élu, tu peux donc promettre n'importe quoi, ça n'aura aucune conséquence pour toi. Et comme tu es un excellent tribun, tu montes dans les sondages. Mais ton programme, tes promesses devrais-je dire, ne résistent pas à l'analyse. Ce n'est pas avec ton programme que tu pourras redresser une France qui en a bien besoin. Non, ton programme est juste suffisant à faire venir des électeurs à toi, rien de plus, parce que si tu devais un jour l'appliquer, tu serais le premier dans la panade.
Mais que des gens qui ne comprennent pas vraiment ce qui se passe dans le monde actuel y croient, c'est de ta responsabilité. Tu ne peux pas d'un côté pérorer tous les jours dès que tu vois un micro à ta portée en rejetant le fait que de pauvres bougres, qui n'ont aucun début de connaissance économique, te croient. Non, demain, on ne rasera plus gratis. Demain ne sera pas meilleur. On ne pourra pas augmenter les salaires sans relancer efficacement l'économie. On ne pourra pas maintenir le système social sans avoir une économie performante. Et si on veut éviter de finir comme un pays sous-développé, il est grand temps de s'en rendre compte.
Je ne résiste pas à vous faire partager la couverture de « The Economist » que j'ai trouvée ce matin dans la revue de presse au bureau.
Fig. 1 : déjeuner sur l'herbe juste avant la gueule de bois
C'est tellement vrai. Nos candidats principaux se battent tous sans vouloir voir le mur qui est juste devant nous. On discute de tout sauf de la dette qui est pourtant le seul point actuellement digne d'intérêt. Le reste est de la communication. En continuant avec une telle dette, bientôt, il nous sera tout simplement impossible de financer notre sacro-sainte protection sociale, nos retraites et les dépenses courantes de l'état. Mais cela ne fait rien, nous sommes en campagne électorale et demain, rassurez-vous, on rasera gratis.
Pire encore, un électeur sur six est aujourd'hui capable de voter pour un candidat comme Jean-Luc Mélenchon qui n'est qu'un tribun génial, rien de plus. Plus populiste que lui, plus dangereux que lui, cela n'existe pas. Promettre le SMIC à 1700 euros, c'est intelligent et c'est juste ce qu'il nous faut actuellement. L'immense majorité des employés deviendront des smicards, mais il risquera fort d'y avoir une très belle inflation, les employeurs n'ayant pas encore de planches à billet dans leurs caves. Que des électeurs pas trop au fait des mécanismes économiques puissent le croire, c'est une chose, mais je n'arrive pas à imaginer qu'il puisse lui-même croire en ses hérésies économiques.
J'ai beau regarder dans toutes les directions, il n'y a qu'une seule façon de sortir de la passe difficile dans laquelle nous sommes aujourd'hui, cela passe par un redémarrage de l'économie. Une fois que l'économie fonctionnera correctement, il sera temps d'augmenter les impôts, les taxes et les diverses contributions si nécessaire. Ne pas faire d'économies aujourd'hui en comptant sur une hypothétique croissance et une augmentation des impôts n'aboutira qu'à l'augmentation de la dette française. Mais ce discours ne fait pas rêver l'électeur qu'il faut à tout prix séduire. Seul François Bayrou a le courage politique de l'annoncer haut et fort et on voit à sa position dans les sondages que l'électeur ne veut surtout pas entendre ce discours.
Demain, donc, on rasera gratis une fois de plus. Chers électeurs, n'oubliez jamais que vous êtes collectivement responsables de la situation actuelle et que les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Vous avez dû remarquer que j'étais silencieux depuis quelques jours. Bien malgré moi, j'étais simplement en train d'essayer de contourner les aberrations de php qui fonctionne derrière ce site. Je savais déjà que php était une bouse innommable mais je ne pensais tout de même pas que cela l'était à ce point, partant du principe certainement idiot qu'à l'imposible, nul n'est réellement tenu.
php 6 a été abandonné. Je pensais naïvement qu'en voilà une bonne nouvelle. Ma joie n'a été que de courte durée puisque php 6 a été remplacé par une version numérotée 5.4. Or la 5.3 que j'utilisais jusqu'à présent avec succès affichait un certain nombre de failles de sécurité qu'il me fallait boucher au plus vite. De 5.3 à 5.4, on pouvait s'attendre à une révision mineure. Raté, des tas de choses ne fonctionnent plus de la même façon et il m'a fallu contourner un bon nombre de nouvelles fonctionnalités tout à fait originales dont on se demande s'il ne s'agit pas tout simplement de gros bogues.
Depuis que je suis contraint à maintenir des serveurs embarquant php, c'est-à-dire depuis une dizaine d'années, j'ai toujours eu l'impression que l'équipe de développement de ce sale truc naviguait à vue. Passer d'une version à une autre, même entre deux versions mineures consécutives, est un parcours du combattant. Mais cette fois-ci, je dois leur tirer mon chapeau, ces développeurs se sont réellement surpassés !
Outre les habituels messages d'erreurs, d'information et de tout ce que vous pouvez imaginer sur la sortie standard — donc entre autres sur les pages publiques — apparaissant on ne sait pourquoi avec la nouvelle version de php et impliquant une revue complète du code des applications, cette fois-ci, nous avons essuyé les plâtres d'une subtile refonte du mécanisme d'encodage des caractères non strictement ASCII. L'encodage interne utilisé par php de ces caractères ne suit plus l'ordre immuable utilisé jusque-là.
Vous allez me dire que ce n'est pas votre problème. Pourtant, si, car notre belle langue comporte un certain nombre de caractères non strictement ASCII (tous les caractères contenant des diacritiques). php, dans sa grande bonté convertit maintenant les caractères en entrée en format connu et spécifié dans son fichier de configuration. Mais il ne convertit pas sa sortie, ou il oublie de le faire, ce qui revient au même ! En d'autres termes, les caractères entrés lorsque j'écris un papier ou que vous écrivez un commentaire qui étaient en ISO-8859-1 (ancien encodage de php) étaient convertis en UTF-8 pour le fonctionnement interne de php, mais ce même php oubliait de les reconvertir en ISO-8859-1 lorsqu'il les envoyait au serveur apache ou WASD. D'où des textes impossibles à corriger, des boutons qui perdaient leurs labels et j'en passe.
Je viens de terminer ce soir ma revue de code. Tous les problèmes que j'ai pu voir semblent corrigés. Merci de me faire savoir s'il reste d'autres dysfonctionnements.
Benoît XVI n'a peur de rien. Et il le prouve. Qu'elle n'a pas été ma surprise d'entendre de sa bouche la phrase suivante :
Il est évident que l'Église est toujours du côté de la liberté de conscience, de la liberté de religion.
Il y a de quoi boucher les coins de tous les mécréants que vous êtes, non ? L'Église est toujours du côté de la liberté de conscience. En voilà une nouvelle !
Et si ma conscience à moi, qui peut donc avoir toute sa liberté, était pour l'interruption volontaire de grossesse, pour le mariage des prêtres — il n'y a pas de raison valable pour que le simple fidèle soit le seul embêté (chérie si tu me lis, bisous…) — et contre le pillage des ressources halieutique les vendredis de carême ? Et si comble de l'horreur les positions actuelles de l'Église catholique me faisait lorgner vers d'autres cieux ? Le respect par l'Église de ma liberté de conscience irait-il jusque là ou risquerais-je les foudres des culs-bénis de tous poils ?
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