Les magistrats sont en colère. Nicolas Sarkozy a trouvé le moyen de dire, à la suite d'un assassinat récent, qu'ils devraient être responsables de leurs actes. Réponse immédiate des syndicats, la justice manque de bras. Certes, pour continuer à fonctionner comme elle fonctionne, elle manque certainement d'effectifs.
Pour ma part, ayant à traîner malgré moi dans les tribunaux depuis une dizaine d'années (pour recouvrer des impayés, faire valoir mes droits de protection intellectuelle…), ces tribunaux allant des prud'hommes à la cour de cassation en passant par les tribunaux de commerce, les cours civiles et pénales, je suis convaincu que les tribunaux passent 90% de leur temps à traiter ce qu'ils n'avaient pas traité correctement les premiers 10% du temps. Je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire et je suis sûr qu'en parlant de 90%, je suis optimiste.
Lorsque vous assistez à une audience, une audience véritable, pas les trucs qu'on voit dans les séries télévisées, la plupart des affaires appelées obtiennent un renvoi. Renvoi généralement non justifié qui est presque toujours demandé par la défense lorsqu'elle ne sait plus quoi dire et essaie de faire moisir l'affaire. Lorsque vous avez de la chance, il peut y avoir renvoi sur renvoi durant une très longue période. Les avocats se font des courbettes entre eux à grands coups de « vous comprenez mon cher confrère », la suite étant « nous n'avons pas eu le temps de conclure », « il nous manquait telle pièce que vous voudrez bien nous faire parvenir » ou toute autre excuse du même acabit. Le pire étant une partie adverse qui ne prend même pas la peine de se déplacer une première fois, une deuxième fois, une troisième fois et au bout de la quatrième non présentation, le juge émet une injonction amiable à conclure. C'est comme cela que s'appelle cette injonction et cela devrait faire rigoler la France entière ! Amiable ! Dans n'importe quelle république non bananière, en deux audiences, ces cas devraient être traités parce que la partie adverse se moque ouvertement du juge et de son adversaire. En France, non. J'ai une affaire dans ce cas avec un client de mauvaise foi qui traîne au tribunal depuis dix-huit mois et qui concerne un impayé de soixante-cinq mille euros. Elle sera peut-être plaidée en mars ou avril si toutefois l'audience de la fin du mois de février n'est pas repoussée en raison de la grève qui s'annonce.
Messieurs les juges, messieurs les greffiers et tous les membres des rouages de la justice. Vous devriez effectivement être tenus pour responsables de vos décisions comme vous êtes responsables de l'engorgement des tribunaux. Si la justice pouvait être rendue correctement en un temps raisonnable — je ne parle pas de justice expéditive, mais deux ans pour recouvrer des impayés est juste scandaleux —, non seulement les tribunaux ne seraient pas engorgés par les affaires en cours mais de nombreuses personnes hésiteraient à risquer un jugement pour non règlement de factures. Aujourd'hui, un débiteur a intérêt à aller au tribunal, cela lui donne au pire deux mois de trésorerie. Au mieux, avec un bon avocat, l'affaire est renvoyée au fond, parce que le juge le veut bien, et on se retrouve tous les mois devant le juge pendant une éternité voire plus. En sortant quelques faux en écriture — cas vécu où ils ont même été prouvés —, en plaidant le vice de procédure ou l'invalidité de la facture parce qu'il manque telle ou telle mention ou un cas de prescription, on peut même s'en tirer en condamnant le demandeur pourtant de bonne foi aux dépens et à des dommages et intérêts pour procédure abusive. Et dire qu'après, on se plaint de la dérive judiciaire de la société française.
Messieurs les magistrats, comment faites-vous pour dormir ? N'avez-vous pas seulement honte de vos agissements ? Vous devriez êtes tenus responsables de toutes vos décisions. Si la justice était bien rendue, vous ne risqueriez rien. Le fait que vous n'acceptez pas cette responsabilité prouve juste que vos arrêts sont aléatoires.
Saint Louis rendait la justice sous un chêne. De grâce, ne la rendez pas comme des glands !
La journée avait bien commencé. Elle avait bien commencé jusqu'à un coup de téléphone d'un chargé de clientèle professionnelle de l'espèce de chose qui me sert encore de banque. Plus pour longtemps, dès que j'ai soldé mes prêts immobiliers, je ferme tous mes comptes ouverts dans cette banque et la quitterai avec grand fracas. Je ne la nommerai pas ici, inutile d'insister, je sais parfaitement de quoi ces gens sont capables. Du pire et c'est peu dire. Je ne vous expliquerai pas non plus ici comment une banque peut contraindre une entreprise saine à fermer boutique. Il lui suffit d'empêcher tous les investissements, de freiner des quatre fers lorsqu'il s'agit de poser une rétro-caution sur un contrat, de ne pas répondre aux questions d'un chef d'entreprise en moins de deux mois, bref, d'un tas de tous petits riens qui mis bout à bout font tomber le chiffre d'affaire. Cette situation, je la vis depuis trop longtemps et s'il est relativement facile pour un particulier de changer de banque, pour une entreprise, c'est une toute autre affaire. Les banques le savent, c'est même pour cela qu'elles caressent les particuliers dans le sens du poil alors qu'elles se contrefichent de la clientèle professionnelle.
Et l'attitude de tous leurs chargés de clientèle est la même à tel point que je me demande s'il ne s'agit pas de consignes internes. Les seules personnes qui avaient un bon contact et qui faisaient effectivement leur travail ont toutes été licenciées. D'ailleurs, il est bizarre de noter que toutes ces personnes compétentes ont disparu de la circulation en moins d'un an. Je dois avoir une tendance paranoïaque. Je dois aussi signaler que je ne m'énerve que difficilement. J'estime avoir le droit de me faire réprimander par un banquier lorsqu'un compte est à découvert, mais je trouve inadmissible qu'un tel individu se permette de me faire payer ses bourdes qu'il enfile comme des perles sur un fil.
Souvent, dans les émissions de télévision, on voit des gens surendettés. Là, on se dit qu'à coups de crédits revolving, ils sont un peu responsables de la situation. Mais il faudrait faire de temps en temps des émissions destinées à raconter par le menu ce que des banques peuvent faire à des gens de bonne foi.
Donc, disais-je, le journée avait bien commencé. J'avais enfin réussi à avoir au téléphone ma chargée de clientèle officielle hier soir pour réussir à mettre des factures impayées en recouvrement. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ou plutôt le calme avant la tempête ! Elle m'a encore assuré vu les rentrées d'argent envisagées — le travail étant déjà effectué — qu'elle ferait passer les règlements même si le plafond de découvert autorisé était dépassé. Jamais elle ne m'a signalé qu'un chèque de deux mille euros allait être rejeté aujourd'hui. Hier soir, j'aurais encore pu faire quelque chose pour éviter la chose, mais non, elle n'a strictement rien dit. Et pour cause, le fait de ne rien dire permet encore une fois à la banque en question de récolter des frais de rejet.
Ce matin, juste après le café, donc, coup de téléphone de la banque pour me signaler que j'avais jusqu'à midi pour trouver une solution et effectuer un virement. La chargée de clientèle en question était en congé. Entre les formations et les congés, je me demande quand est-ce qu'elle travaille réellement. Impossible de faire ce virement depuis l'un de mes comptes personnels puisque le seul sur lequel il reste quelque chose est un compte sur lequel, un jour indéfini, cette même banque a mis un nantissement sans que d'une part je n'ai été mis au courant et que d'autre part personne de ladite banque ne sache aujourd'hui en vertu de quoi ce nantissement a été posé. Et telle une vache sacrée, personne ne prendra la responsabilité de le lever. Ce serait trop simple et ça pourrait résoudre tous les problèmes. Je n'ai donc pu couvrir moi même ce dépassement de découvert. La seule solution était que quelqu'un veuille bien me prêter la somme en question et me faire un virement dans les minutes, ce que ma banque avait accepté. Ayant trouvé la bonne personne que je ne remercierai jamais assez, j'ai prévenu ce qui est encore malheureusement ma banque. Il était 10h00 et je pensais en avoir fini pour aujourd'hui.
Grave erreur. À 13h20, nouveau coup de téléphone de cette banque. La personne au bout du fil se demandait pourquoi j'avais demandé qu'on me rappelle et ignorait tout de l'histoire. L'auteur du coup de téléphone initial était déjà parti en congé. Je m'assure que le traitement de l'information avait bien eu lieu et que ce fameux chèque — que ma banque avait autorisé par écrit à représenter — n'allait pas être refusé une seconde fois. Je m'entends dire qu'il serait refusé parce que l'agence n'a pas la preuve que ce virement a bien été fait. Or l'agence de la Société Générale de Dinan est fermée à 13h20. Si ma banque avait voulu traiter la chose à 10h00 du matin, j'aurais pu demander à la Société Générale de faxer une confirmation. À 13h20, c'était impossible. La personne au téléphone rajoute qu'il fallait faire un virement d'un compte dans la même banque. Parfait, mes parents ayant un compte dans la même banque, je téléphone à Direct machin chose pour savoir comment faire un tel virement et m'entendre dire que c'est impossible parce que mon compte professionnel est dans une agence de Strasbourg et que le compte de mes parents est dans une agence à Colmar. Il n'y a donc pas de solution à un problème généré par ma seule banque. De toute façon, la direction n'étant pas présente le samedi, il n'y avait pas moyen de forcer le règlement de ce chèque ni de faire un virement de compte à compte. Encore un coup de l'informatique !
Je suis donc dans la situation aberrante suivante : à la suite d'une incompétence généralisée à tous les niveaux de hiérarchie de ce qu'il est convenu d'appeler une grande banque française, une entreprise saine se retrouve dans des difficultés insurmontables sans que jamais un maillon de la chaîne bancaire ne soit réellement responsable de ses agissements ni ne cherche à corriger les erreurs des autres. Pour couronner le tout, je me trouve avec une interdiction bancaire et un nantissement sur mes biens personnels dont personne n'est fichu de me donner la provenance. C'est sans compter avec l'interlocuteur anonyme au téléphone qui a le culot de le souhaiter un bon week-end.
Brazil et 1984 étaient décidément très loin de la réalité.
Je vais encore me faire des amis.
Je ne sais pas si vous avez remarqué comme moi, mais l'incompétence est quelque chose qui est nécessaire, voire primordiale, au bon fonctionnement d'une partie de l'économie. Les banques, pour ne pas les nommer, gagnent plus à avoir des chargés de clientèle parfaitement incompétents ou nuisibles que des gens sérieux qui traitent efficacement ce qu'il faut appeler un usager — à moins qu'il ne s'agisse d'un usagé ? — et non un client puisque le seul choix qu'a le bipède moyen de notre beau pays est le choix de sa banque et non le choix d'avoir ou de ne pas avoir de relation avec une banque.
Depuis deux mois, je me bats avec la mienne. J'ai fait l'erreur d'avoir dans le même établissement mes comptes professionnels et mes comptes particuliers. Je pensais naïvement que ce serait plus simple. C'est une erreur que je ne referai plus puisque la banque a la facheuse tendance à faire une confusion des genres. Je ne citerai pas le nom de cette banque ici, mais toutes les autres banques avec lesquelles j'ai pu travailler se comportent de la même façon qu'elle. Personnellement, je ne demande pas des choses impossibles à une banque, juste qu'elle fasse son travail et qu'elle le fasse bien. En d'autres termes, j'ai besoin d'un compte courant avec une carte bancaire, un carnet de chèques, des comptes à terme et deux ou trois autres choses. Je me contrefiche comme de ma première chemise de toutes les placements idiots qui me sont proposés à longueur de temps et des assurances qui ne servent à rien sinon à gonfler les bilans de ces banques.
Je me bats depuis deux mois parce que j'essaie de mettre en place une solution de rachat de créance et de recouvrement. Les mauvais payeurs sont de plus en plus nombreux et il faut malheureusement faire avec eux. Il est beaucoup plus facile pour un organisme financier de partir à la chasse des mauvais payeurs plutôt qu'un simple petit patron lorsque le mauvais payeur est plus gros que lui et joue avec le système judiciaire, allant du référé au fond puis de renvoi en renvoi. Qu'à cela ne tienne, j'ai encore dû m'énerver sérieusement pour avoir ne serait-ce qu'un contrat de recouvrement. Six semaines pour un papier qui est arrivé par courrier électronique et pour m'entendre dire que je n'avais pas assez anticipé ma situation future. Certes, mais j'aimerais savoir comment il m'est possible d'anticiper des chèques sans provision. J'aimerais même qu'on me montre le banquier capable au premier coup d'œil de reconnaître un chèque en bois d'un qui ne l'est pas. Je parle bien entendu d'un chèque rédigé sur un formulaire de chèque barré et non sur un bout de bois du même métal.
Le point cocasse est que la banque en question a tout de même compris qu'elle était responsable de ma situation et m'a assuré ne pas me refuser de chèque avant le recouvrement de ces créances. Que nenni ! Les promesses n'engagent que ceux qui les croient et cette promesse du 31 décembre 2010 n'a pas tenu aussi longtemps que la gueule de bois du banquier. Le 4 janvier 2011, un chèque a été retourné sans provision pour un découvert autorisé de 5000 euros sur l'un de mes comptes professionnels. Précisons tout de même que j'ai actuellement 100000 (cent mille) euros en recouvrement judiciaire et extrajudiciaire, que j'attends un règlement de 50000 (cinquante mille) euros vers le 15 avril, que j'ai deux ou trois choses dans les tuyaux et que je ne suis pas un risque pour cette banque puisque j'ai dû en raison de son incapacité à financer les entreprises licencier tous mes salariés à l'exception d'un seul.
Ce qui est inadmissible, c'est que ma chargée de clientèle m'a envoyé un courrier électronique à 11h30 pour me signaler ce chèque en souffrance. Cette personne avait mon numéro de téléphone (cellulaire, plusieurs numéros professionnels…) mais n'a utilisé que le courrier électronique. C'est tellement plus pratique et rapide en cas d'urgence. Il faut dire aussi qu'un chèque sans provision est gardé cinq jours ouvrés par une banque avant d'être renvoyé et que son signalement n'a eu lieu que le cinquième jour, soit le jour du rejet. C'est sans compter avec le fait que cette chargée de clientèle était un peu malade et est rentrée chez elle à 12h00 sans être remplacée. Gain pour la banque : 50 euros de frais de rejet plus de frais pour les courriers recommandés dans tous les sens. S'ils font cela à quelques milliers de détenteurs de comptes, cela fait un somme assez rondelette.
Même chose à la fin du mois de janvier, sur mon compte personnel. Je fais actuellement des missions de prestation et je serai payé à la fin du mois de février. J'ai donc demandé à ma banque d'effectuer un virement d'un livret B sur mon compte courant pour assurer les prélèvements de prêts immobiliers jeudi dernier. Vendredi, coup de gueule parce que rien n'avait été fait. Samedi, envoi d'un mail à toutes les personnes de l'agence et réponse dans la foulée me disant que c'était impossible parce que quelqu'un avait posé un nantissement sur mon livret B le 5 mai 2010. C'est bien. D'une part, je n'étais pas au courant et d'autre part personne ne semble savoir ce qu'il en est. On croit rêver.
Le pire est que cette réponse n'a pas été faite par téléphone alors que j'essayais de contacter cette banque depuis plusieurs jours mais par courrier électronique. Je précise qu'il s'agit d'une banque qui a pignon sur rue et non d'une officine sur internet avec personne de réellement identifié à engueuler lorsque ça ne va pas. Je n'ai pas eu ce courrier électronique avant la fermeture de l'agence. Lundi était fermé et mardi était le 1er février. Gain pour la banque : un rejet de prélèvement d'échéance de prêt avec les intérêts qui vont bien, soit quelques centaines d'euros.
Lorsque l'incompétence est rémunérée à ce tarif, on comprend pourquoi rien n'est vraiment prêt à changer !
Je n'ai rien contre la Tunisie, mais force est de constater qu'on nous assomme depuis quelques jours avec la révolution de jasmin qui s'y déroule. On n'entend plus que cela. La Côte d'Ivoire a laissé place à la Tunisie. Il me semble pourtant que l'actualité est un peu plus vaste que la seule Tunisie.
Remarquez, maintenant, on nous parle aussi de l'Égypte et de la révolution de papyrus, cela nous change un peu.
En Côté d'Ivoire, Laurent Gbagbo tient toujours et l'option militaire pour le déloger du palais présidentielle est toujours ouverte. Étranglé financièrement, il se dit capable de tenir jusqu'au mois de mars. Mais pour cela, il a déjà décidé de ne plus honorer le service de la dette extérieure et de réquisitionner huit milliards de francs CFA dans la locaux de la BCEAO qui a aussitôt fermé et jusqu'à nouvel ordre ses locaux en Côte d'Ivoire. Il s'est même lancé dans un programme de nationalisation forcée des compagnies d'eau et d'électricité. Tout est bon pour trouver des ressources rapidement et certains pans de l'économie accusent des chiffres d'affaire en baisse de plus de 80 %.
L'économie du pays n'avait pourtant pas besoin d'un tel choc, d'autant plus que les ivoiriens n'ont pas à payer le prix fort des gabegies de ses dirigeants. Nous n'avons pas non plus vocation à annuler la dette de ce pays après de tels troubles politiques.
La question de l'ingérence étrangère qui revient dans les discours ne se pose donc pas en tant que soutien à un candidat ou à un autre, mais par la seule subvention que donnent nos pays dits riches — mais plus pour longtemps — aux pays africains. Comme nous prêtons souvent à fonds perdus des sommes astronomiques à ces gouvernements, il paraît normal que nous ayons un droit de regard. Dans le cas contraire, nous n'aurions rien à dire et les gouvernements africains seraient dans leur bon droit lorsqu'ils crient à l'ingérence.
Monsieur Gbagbo ne devrait jamais oublier que les financements des pays étrangers au développement de son pays sont majoritairement des avances remboursables ou des prêts, en aucun cas des subventions. En tant que prêteurs, nous avons notre mot à dire sur la façon dont cet argent est utilisé, donc un avis à donner sur les gouvernements bénéficiaires. Ne pas le faire serait de l'inconscience.
Je risque fort de me faire un peu plus rare ces temps-ci, ayant une mission à faire me contraignant à deux heures quotidiennes de transport. Mes sujets de grincherie n'ont certes pas disparu, mais j'ai moins de temps pour les exprimer. Je profite de ces deux heures de transport pour lire et je suis tombé sur un petit livre de David Lodge qui vaut le détour. Ça s'intitule « la chute du British Museum » et pour situer le contexte, ce petit livre a été écrit aux alentours du concile Vatican II dans un style fin René Coty, début Charles de Gaulle contenant force pastiches.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, il ne parle pas d'art mais de la journée épique d'un chercheur obnubilé par une potentielle grossesse de sa femme au british museum — la journée, pas sa femme. Ce brave homme, fervent catholique, s'en tient avec sa femme aux prescriptions de sa sainte mère l'église — je dis la sienne parce qu'en ce qui me concerne, j'ai de plus en plus de mal avec certaines de ses positions —, ces prescriptions allant jusqu'à la régulation des naissances par la méthode naturelle plus souvent appelée roulette du Vatican. C'est un peu le contraire de la roulette russe et le résultat peut être tout aussi catastrophique. À 25 ans, ayant déjà trois enfants à son compteur et pas les moyens d'en nourrir un de plus, on comprend aisément son désarroi, et on le comprendra d'autant plus qu'il faut signaler aussi que sa femme était en retard. Bref, tout cela le travaille.
Voici un petit extrait jubilatoire du début du roman :
Le catholicisme était, selon des preuves archéologiques, assez largement répandu sur tout la planète Terre au vingtième siècle. En ce qui concerne l'hémisphère occidental, il semble qu'il ait été caractérisé par un système complexe de tabous sexuels et de rituels. Les rapports entre conjoints étaient restreints à certaines périodes limitées, déterminées d'après le calendrier et la température corporelle de la femme. Les archéologues martiens ont appris à reconnaître le domicile des catholiques grâce à la présence d'un grand nombre de graphiques compliqués, de calendriers, de petits livrets remplis de chiffres, et de quantités de thermomètres cassés, ce qui atteste la grande importance attachée à ce code. Des savants ont soutenu qu'il ne s'agissait là que d'une méthode pour limiter en nombre la progéniture ; mais comme il a été prouvé de manière concluante que les catholiques donnaient naissance à plus d'enfants en moyenne qu'aucune autre partie de la société, cela semble indéfendable. D'autre doctrines des catholiques comprenaient une croyance en un rédempteur divin et en une vie après la mort.
Notez bien que ce roman a été écrit avant la naissance des traditionalistes. Les catholiques ont un peu évolué depuis ce temps-là. Un peu. Quant aux traditionalistes…
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