Je me demande de plus en plus souvent comment j'ai réussi à apprécier les processeurs SPARC en haïssant au plus au point Solaris. En étant tout à fait honnête, je pense que le meilleur de la série était Solaris 2.5.1, à moins qu'il ne s'agisse de Solaris 5.1 ou de SunOS 5.1, je n'arriverai jamais à comprendre pourquoi il existe tant de numérotations différentes pour le même produit. Pourtant, le passage de SunOS 4.1 à Solaris 2.5 a été rude puisqu'on est passé de quelque chose qui ressemblait à un BSD à quelque chose qui approchait un SysV. Aujourd'hui, Solaris 10 ne ressemble plus à rien donc la question ne se pose pas.
Solaris 2.5.1 était stable, solide et, ce qui ne gâche rien, administrable par un être humain normalement constitué, c'est-à-dire avec deux mains, deux yeux et un cerveau non hypertrophié. Le 2.6 a amorcé la chute puisqu'il accusait déjà quelques instabilités amusantes, instabilités confirmées par le 5.7. Quant à Solaris 8, il est capable de paniquer sur un changement d'adresse IP d'une carte réseau, ce qui fait tout de même désordre. Je ne sais pas si vous arrivez à suivre la numérotation de la chose, Solaris 8 est le successeur du 5.7, lui-même successeur du 5.6 qui a immédiatement suivi le 2.5.1… Solaris 9 est parfaitement instable sur architecture sun4m dès qu'une machine embarque plus de deux processeurs HyperSPARC. Avec deux SuperSPARC-II, ça semble passer, mais c'est tout de même, vous en conviendrez facilement, un peu bizarre.
Depuis plus d'une dizaine de jours, je cherchais un problème dans un programme de plusieurs centaines de milliers de lignes de code méchamment multithreadé. Le problème ne se produisait que sous Solaris 10 sur architecture sun4v. Après avoir installé une machine de test sun4u avec la même version de Solaris aux patches près, je n'ai pu reproduire le problème. Étrange me direz-vous.
Les différentes techniques de debogage sous Solaris n'ont rien donné :
Après avoir isolé un certain nombre de paramètres, je me suis rendu compte que le problème de corruption du tas ne se produisait qu'après l'initialisation d'un connecteur PostgreSQL et que cette corruption était indépendante de la version de PostgreSQL utilisée. En utilisant des options strictes de la libumem, j'obtenais une erreur de segmentation reproductible dans la fonction getaddrinfo() appelée par la bibliothèque PostgreSQL. Plus exactement, dans une fonction censée allouer de la mémoire pour une structure de description d'une addresse IPv6.
La machine en question n'utilisait pas la pile IPv6. Curieux, j'ai configuré une interface en IPv6 et, miracle, mon programme s'est mis à fonctionner. En remplaçant la fonction livrée par Solaris par une fonction codée par mes soins, cela fonctionne même sans aucune interface configurée en IPv6.
Élève le Grincheux, vous me copierez donc cent fois :
« je ne dois jamais utiliser la fonction getaddrinfo() de Solaris 10 sur architecture sun4v lorsque la pile IPv6 est désactivée. »
Et dire qu'Oracle vend maintenant ce produit. Au moins, Sun avait la décence de ne plus le faire payer !
Ce matin, je me suis retrouvé par le plus grand des hasard à Montreuil. Montreuil est une charmante bourgade de la proche banlieue parisienne — tu parles — gérée par une écologiste à poil dur. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, le maire de Montreuil est Dominique Voynet.
Il faut vous dire aussi que Météo France ayant annoncé un épisode neigeux pour ce samedi et que le gouvernement ayant peur d'une nouvelle pagaille due à la neige, il a fortement incité les collectivités territoriales à anticiper. Et elles ont anticipé ! À Montreuil, il n'y avait aucun risque de verglas. On ne pouvait déraper sur une chaussée gelée. En revanche, qu'est-ce qu'on glissait sur le sel jeté sur la route en surabondance… Il me semblait pourtant que le sel utilisé pour soi-disant déneiger n'était pas très bon pour le sol. Vous me direz qu'on est en ville et que le sol urbain n'est pas le plus fertile par définition. Et les espaces verts, les arbres au bord des rues ? Et les eaux de ruissellement qui vont inévitablement saler les cours d'eau ? Bientôt, si l'épisode neigeux perdure, on trouvera des poissons de mer dans la Seine.
Chose amusante, seuls les grands axes de Montreuil étaient salés, mais alors salés… Les rues adjacentes étaient laissées en l'état. Et qu'on ne me dise surtout pas que l'équipement porte cette responsabilité puisque le salage des routes s'arrêtait juste à l'entrée de Fontenay-sous-Bois.
À l'heure où tout le monde se targe de faire de l'écologie, il est pour le moins étrange de constater que l'ancienne présidente des Verts ne l'est plus.
Si vous travaillez peu ou prou dans le domaine de l'informatique sérieuse, cela n'a pas pu vous échapper, Sun Microsystems a été racheté il y a quelques mois par Oracle. Digital a été rachetée par Compaq, elle-même phagocytée par Hewlett-Packard pour le meilleur et pour le pire, surtout pour le pire ! Pour moi qui suis et qui ai été un grand consommateur de produits Sun et Digital depuis une bonne quinzaine d'années, je dois me faire à l'idée de ne plus pouvoir acheter de matériel fiable.
Cela me désole. À l'heure où l'on parle de consommation raisonnée, de chasse au gaspillage, je n'arrive pas à comprendre que les machines actuelles soient faites pour tomber en panne. Sous mon bureau, j'ai une SparcStation 2 du millésime 1991 avec ses deux disques SCSI-II d'origine et qui fonctionne comme au premier jour. Seule la NVRAM qui embarque une pile intégrée est à changer. Juste au dessus se trouve une SparcStation 20, un peu plus récente, avec deux disques SCSI-SCA de 300 Go et quatre processeurs HyperSPARC. Aucun problème en quinze ans de bons et loyaux services, même pas une barrette mémoire défectueuse. De l'autre côté de la pièce trône un AlphaServer 800 qui ronronne avec un OpenVMS des familles sans jamais ne broncher. Ces machines sont d'une robustesse à toute épreuve.
La qualité a baissé avec l'introduction des machines Sun à bus PCI. Je dois vous dire que je suis l'heureux propriétaire d'une Ultra60. Les alimentations des Ultra60 sont pires que la pire des alimentations de PC bas de gamme tombée du camion et vendue rue Montgallet. Je ne compte plus le nombre d'alimentations que j'ai déjà offert à cette machine, la dernière venant de mourir ce soir. À leurs décharges, elles ont le bon goût de mourir en se mettant en sécurité, c'est déjà ça de gagné.
Les Blade 2000 ne sont pas meilleures. Si je n'ai pas encore eu de problèmes d'alimentation avec ces machines, les valeurs de températures remontées par les capteurs sur les processeurs sont folkloriques et j'ai dû désactiver les capteurs et forcer la ventilation au maximum. Machine propre, processeurs au repos (28 MHz), les capteurs de températures pouvaient renvoyer au système une valeur supérieure à 85 °C forçant l'arrêt immédiat du serveur.
Quant aux nouvelles machines à processeurs UltraSPARC T1 et T2 — je n'ai pas encore songé à investir dans les T3 ou les UltraSPARC VII vu la nouvelle politique de prix d'Oracle —, on serait en droit d'attendre quelque chose de plus fiable. Si en terme de puissance de calcul et de montée en charge ses machines se défendent, elles sont livrées avec des disques SATA. Pour des serveurs, c'est déjà un peu bizarre. Mais ce qui l'est encore plus, c'est la durée de vie de ces disques. J'ai acheté quatre machines, avec quatre disques SATA immédiatement remplacées par des SAS — j'aurais préféré du vrai SCSI, c'est tout de même largement mieux —, et j'ai installé ces machines dans une salle climatisée sur des onduleurs line interactive. La durée de vie de ces disques SATA estampillés Sun était en moyenne de vingt-quatre heure dans un PC standard et correctement ventilé. Avec quatre disques, je n'ai jamais réussi à aller au bout de l'installation et de la configuration d'eComStation 2.0, tous ayant lâché avant la fin de la configuration !
Pourquoi est-il impossible de fabriquer aujourd'hui du matériel aussi fiable que celui qui était vendu il y a quinze ans ? Vous allez me dire que pour vendre, il faut que ça tombe en panne et que c'est le seul moyen pour une entreprise de faire un certain chiffre d'affaire. C'est parfaitement faux, parce que rapporté à l'heure effective de disponibilité, le matériel moderne n'est pas moins cher que le matériel ancien. Seul le prix d'achat à baissé, en aucun cas le prix à l'heure d'utilisation.
Aujourd'hui, il faut acheter du matériel et ajouter une garantie sur site avec une garantie de temps de rétablissement de quatre heures pour une durée de trois ou cinq ans, ce qui en double le prix. Chose amusante, les garanties de cinq ans ont disparu progressivement et lorsqu'un fabricant la propose encore, son prix est prohibitif.
Et l'on instaure une taxe pour le recyclage en faisant croire aux acheteurs que les quelques euros si tant qu'on y arrive sur chaque ordinateur vendu en permettra le recyclage. La seule façon de faire est d'une part de consigner le matériel informatique pour qu'il puisse être recyclé et d'autre part de le taxer pour compenser le coût réel de ce recyclage. Le coût du recyclage étant entièrement payé par l'utilisateur, ce dernier se tournera rapidement vers le matériel le plus fiable. D'une pierre, on fera deux coups puisque d'une part le matériel sera recyclé et que d'autre part il sera remplacé moins souvent.
Rassurez-moi. C'est bien ce qu'on appelle le développement durable, non ? Alors qu'attendons-nous ?
J'ai la forte impression de beaucoup parler de politique depuis quelque temps. Je n'arrive pas à savoir si depuis quelques mois nous entendons plus de politiques parler de tout et n'importe quoi ou s'il s'agit d'une dérive personnelle que je dois à tout prix combattre.
En tout cas, ce matin, nous avons pu écouter Nicolas Dupont-Aignan. Le journaliste, je ne sais pas pourquoi, a eu l'idée saugrenue d'inviter en même temps Michel Sapin, ancien ministre de l'économie et des finances du cabinet Bérégovoy. D'habitude, il n'y a qu'un seul invité. Là, le discours était incompréhensible d'autant que Nicolas Dupont-Aignan — que j'appellerai à partir d'ici NDA — ne va pas couper la parole à son adversaire très facilement.
La thèse de NDA est que la zone euro va finir par imploser en raison de l'absence de gouvernement économique de l'Europe et de la politique absurde d'un euro fort imposée à la banque centrale européenne par les différents traités. Chiffre à l'appui, il montre que l'Union Européenne a déjà renfloué son système financier pour la bagatelle de quatre mille milliards d'euros depuis le début de la crise et qu'elle sera incapable de faire face au naufrage annoncé du Portugal, de l'Espagne et des autres pays qui seront entraîné dans la tourmente.
La seule répartie de son contradicteur était de prendre NDA pour un rétrograde qui ne chercherait qu'à revenir aux années 1950. Pas une seule fois, Michel Sapin n'a eu un argument intelligent ou intelligible pour réfuter les thèses de NDA. Lorsque dans un débat, l'un des deux participants n'a de cesse de couper la parole à son interlocuteur pour tourner ses arguments en ridicule sans jamais ne proposer d'alternative crédible, on peut raisonnablement penser qu'il n'a aucun argument à opposer.
Les plus âgés d'entre-vous se souviendront pourtant que Michel Sapin a été ministre des finances et qu'il a eu à affronter deux crises monétaires provoquées par le succès relatif du « oui » au traité de Maastricht. Comment donc un homme qui a dû affronter la tourmente de deux crises monétaires et qui a été de surcroît membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France peut-il déclarer que la politique monétaire menée par la Banque Centrale Européenne ne nous emmène pas dans le mur ? Comment peut-il prétendre que les états européens auront encore dans leurs caisses ce qu'il faut pour maintenir la zone euro en l'état ?
Les questions autour de la valeur réelle de l'euro ont pourtant été nombreuses. Non seulement la valeur de l'euro vis à vis des autres monnaies en circulation, car tout le monde s'accorde à dire que l'euro est de 30 à 50% surévalué, mais il ne faut pas oublier que la valeur réelle de l'euro n'est pas la même d'un bout à l'autre de la zone euro. On ne fait pas la même chose avec un euro en Grèce, au Portugal ou en Allemagne. Comment peut-on donc éviter que cette zone euro n'implose ?
Grâce à cette politique monétaire, les entreprises européennes sont pénalisées par rapport aux entreprises qui produisent des biens hors zone euro, d'une part parce qu'elles ne peuvent pas exporter en dehors de cette zone, mais aussi parce que les importations sont moins chères. Comme il n'existe ni gouvernement, ni fiscalité européenne, il n'existe aucun droit de douane réellement efficace à l'entrée de la zone euro qui pourrait rééquilibrer les prix entre ce qui est produit sur place et ce qui l'est hors zone euro.
Nous sommes donc devant un choix et il ne sert à rien de gesticuler pour faire accroire que tout va bien. La première solution est de créer immédiatement un gouvernement économique gérant l'euro et la zone euro correctement. Le second choix est de revenir aux monnaies nationales. Michel Sapin ne semble vouloir ni de l'un ni de l'autre. À rester au milieu de gué en se disant que tout va bien est la pire des choses qu'on puisse faire dans la situation actuelle puisque la tension monte de plus en plus sur l'euro et que rien n'est fait. Si cette gouvernance européenne ne voit pas le jour rapidement, il n'y aura plus d'autre solution que de quitter une zone euro en pleine implosion.
Et n'oublions pas que nous jouons aussi avec la Chine et le dollar qui n'ont aucun intérêt à voir une politique économique européenne concertée voir le jour. En effet, si l'on met bout à bout la puissance économique des vingt-sept pays de l'Union Européeenne, cette union est la première puissance économique mondiale. Or que faisons-nous actuellement avec cette puissance économique ? Nous renflouons la Chine au travers des marchés obligataires et des spéculations sur les dettes souveraines et nous réglons la note des États-Unis qui font actuellement fonctionner leur planche à billets.
Nous voyons donc qu'il est urgent d'attendre.
Je commence à comprendre pourquoi François Bayrou cherche une alliance avec Ségolène Royal. Les deux vont assez bien ensemble puisqu'ils semblent tous deux souffrir d'une mémoire tellement sélective qu'ils oublient même ce qu'ils ont dit la veille. À force de manger à tous les rateliers, il fallait bien un jour que cela arrivât.
Mais faisons simple. François Bayrou, invité d'une émission de Canal+ a fustigé en direct une séquence humoristique. À sa décharge, ladite séquence égratine très souvent son parti. Il faut dire que c'est assez simple. Comment ne pas se moquer du shadow cabinet de François Bayrou ? Ce cabinet fantôme étant une caricature à lui seul, je me demande même pourquoi il est encore utile de le caricaturer et de forcer le trait. François Bayrou voulait faire parler de lui avec son cabinet fantôme, il n'a pas à se plaindre, c'est assez réussi. Bon, pour être tout à fait honnête, je ne crois pas qu'il pensait à ce genre de publicité, mais il devrait savoir que lorsqu'on joue avec un chat, on ne doit pas s'étonner de recevoir des coups de griffes !
Revenons donc à ce qui s'est passé lundi soir. Coupant l'animateur Yann Barthès qui présentait un montage du discours de François Bayrou ridiculisant une fois de plus le Modem, ce dernier a péremptoirement déclaré qu'il n'avait jamais tenu ces paroles lors du congrès de son parti qui remontait pourtant à la veille. Beau joueur, il est allé jusqu'à traiter le présentateur de menteur éhonté. Le ton monte, chacun campe sur ses positions. On essaie bien une sortie en parlant des ours des Pyrénées, mais la marionnette de PPDA siffle la fin de la récréation.
Lors de sa dénégation, on voyait dans son regard que lui-même n'y croyait pas alors qu'il donnait rendez-vous à Yann Barthès pour le lendemain. Rassurez-vous, c'était un rendez-vous pour la séquence du Petit Journal, non un rendez-vous à l'aube avec pistolets ou épées. François Bayrou n'a pas l'étoffe de Gaston Defferre ou de René Ribière. Hier matin, nous avons appris que François Bayrou avait été hospitalisé au Val-de-Grâce après sa sortie du plateau de Canal+. Sans doute un acte manqué comme lorsqu'on mauvais élève doit rendre un devoir ou recevoir une copie corrigée qu'il sait catastrophique.
La réponse de Canal+, le lendemain, a été cinglante puisque l'animateur a présenté le discours sans montage. Tout ce qui a été présenté devant François Bayrou avait bel et bien été dit par lui et le moins que l'on puisse dire est que l'équipe du Petit Journal n'a pas dénaturé ses propos. Nous ne noterons qu'une petite inversion de termes, mais qui ne change rien au sens de la phrase.
Cela pose plusieurs problèmes. Soit François Bayrou ne sait plus ce qu'il raconte et il est plus que temps qu'il se retire de la vie politique. Soit il se laisse dépasser par ce qu'il dit, ce qui est tout de même un peu handicapant pour quelqu'un qui vise la présidence de la république. Soit encore il est trop orgueilleux pour reconnaître qu'il a dit un tas de bêtises. Je n'ose imaginer une quatrième possibilité car je n'arrive pas à croire qu'on arrive à sa position en étant un parfait imbécile. Dans tous les cas, ce monsieur ne peut prétendre à devenir président de la république. Imaginez un instant ce que pourrait être une gestion de crise faite par François Bayrou. Quelqu'un capable de nier ses propres mots devant un journaliste qui a les preuves de ce qu'il avance ne laisse présumer rien de bon.
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