Champagne !

10.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit

En ce beau mois de décembre — oui, beau, il faut en profiter puisqu'il y a de la neige —, l'auditeur sachant auditer moyen reçoit dans le creux de son oreille des messages publicitaires subliminaux. Ce midi, au 13h00 de France Inter, on parlait de champagne car certaines maisons de Reims trouvent absolument inadmissible que l'on trouve dans des grandes surfaces du Champagne moins cher que le prix de vente en gros par les négociants français.

La fin du reportage était assez amusante puisque le représentant d'une maison de Champagne bien connue a cru bon de rajouter que ces grandes surfaces s'approvisionnaient à l'étranger. Les fourbes ! Qu'on les fusille sans attendre avec des balles rouillées frottées à l'ail histoire qu'ils crèvent de la gangrène et du tétanos ! Et si ça ne suffit pas, qu'on les brûle et qu'on écartèle leurs restes en place publique !

Je pose donc la question. Si ce Champagne est du vrai, mis en bouteille avec amour (du gain) par ladite maison champenoise, il a bien été un jour ou l'autre vendu. Et s'il est acheté moins cher à l'étranger par les centrales de distribution qu'il ne le serait directement en France auprès de cette maison champenoise, le grossiste étranger a tout de même empoché sa marge après avoir acheté ce champagne de façon tout à fait régulière à cette maison.

La question subsidiaire est donc : ces maisons de vins de Champagne ne nous prendraient-elles pas par hasard pour des truffes ? En effet, le sous-entendu du reportage est qu'elles sont capables de vendre moins cher à l'étranger qu'en France. Il faudrait qu'elles fassent attention parce que le Champagne est finalement quelque chose qui est plus près du débouche-évier vendu à prix d'or que d'un excellent vin. Il n'est vendu dans le monde entier que grâce à son nom et non grâce à ses qualités intrinsèques. Le seul fait que les producteurs de Champagne aient attaqué l'appellation « méthode champenoise » utilisée par tous les crémants depuis des lustres prouvent qu'ils ont peur de la concurrence. Il faut être en effet particulièrement tordu pour croire qu'un crémant élaboré grâce à la méthode champenoise soit un vin de Champagne et je n'ai encore jamais vu un crémant porter l'appelation Champagne.

Historiquement, il faut savoir que les vignerons de Champagne ont ajouté des bulles dans leur vin parce qu'il était mauvais et que c'était pour eux la seule façon de le vendre. Il a même fallu attendre deux siècles entre l'apparition de la méthode champenoise et l'invention de la bouteille qui permettait de garder ce vin et de le transporter sans qu'elle ne se transforme en arme de première catégorie. En effet, la région ne Reims est une région qui n'est pas faite pour la culture de la vigne et la technique champenoise est la seule qui permette à un raisin qui n'est pas vraiment mûr d'être à peu près vinifié moyennant quelque ajouts de sucre et de moisissures diverses et variées qui font d'habitude hurler les esthètes taquins férus d'œnologie. Aujourd'hui, les producteurs français sont capables de fabriquer d'excellents crémants à partir de vin de qualité (crémants de Bourgogne, du Val de Loire, de Riesling…), bien meilleurs que du Champagne courant et surtout largement moins chers. En tant que vin de luxe ou prétendu tel, le Champagne est en perte de vitesse et ce n'est que justice. Ces grandes maisons doivent donc évoluer pour ne pas disparaître et ce n'est pas en augmentant le prix de la bouteille qu'elles arriveront à survivre puisque la concurrence est de plus en plus rude.

La vraie question n'est donc pas le prix de la bouteille mais la qualité du contenant.

 

Briçades

09.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit

Cela me surprendra toujours. Tous les ans, en hiver, on découvre qu'il peut neiger et que la neige provoque des difficultés de circulation. Voir les parisiens rouler sous la neige est un plaisir dont je me délecte. Dès que la chaussée blanchit, tous les bus de la RATP, même à Paris intra muros, restent au dépôt. On croit rêver.

Si la région parisienne est complètement paralysée par dix malheureux centimètres de neige, ce n'est jamais de la faute des automobilistes qui roulent n'importe comment, mais celle du temps, de la DDE qui ne peut pas passer au milieu des véhicules arrêtés ou abandonnés pour dégager les chaussées ou du gouvernement. Il faut dire que le ministre de l'intérieur n'en rate pas une et présente le flanc pour se faire battre. J'attendais qu'il annonce que la neige, quand il y en a un centimètre, ça va, c'est quand il y en a plus que ça pose des problèmes. Même pas, il a fait mieux ! Vous avez aimé les raffarinades, vous adorerez les briçades.

Invité par le journal télévisé de France 2 le 8 décembre 2010, le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux, a cru bon de signaler que le problème provenait des routes qui étaient « inclinées ». Ça, c'est une découverte, il y a en région parisienne des rues en pente. Qui donc l'aurait cru ?

Pourtant, en Alsace ou dans le Jura, les routes montent et descendent largement plus qu'en région parisienne et même au cours de l'hiver 1986-1987, la région n'était pas bloquée. Visiblement, le problème ne vient pas que des rues en pente. Il doit y avoir au moins une autre bonne raison…

 

Consuel

08.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Il existe dans notre beau pays de France une association à but non lucratif qui porte le doux nom de Comité National pour la Sécurité des Usagers de l'Électricité. Le commun des mortels connaît plutôt ses inspecteurs sous le vocable de consuel.

Le consuel est un grand machin qui autorise ou non le fournisseur d'électricité à ouvrir un compteur. Mais le fournisseur d'électricité se retranche aussi derrière les avis du consuel qui sont parfois bizarres.

J'ai acheté il y a une dizaine d'années une ruine en Corrèze. Pour les besoins de sa restauration, j'ai dû faire installer un compteur de chantier, compteur qui ne peut être ouvert plus de six mois. Or mener à bien une restauration de propriété lorsqu'on n'est pas sur place relève de la gageure. Les artisans locaux ne sont pas des plus pressés. Les six mois ont passé sans que rien n'avance réellement et l'EDF est venu fermer ce compteur. Rien n'est plus bête qu'un règlement lorsqu'il est appliqué à la lettre. Pourtant, il était manifeste que cette maison était encore en chantier. Pour être tout à fait honnête, elle l'est encore en ce moment.

Après discussion avec le directeur de l'EDF local, j'ai eu un compteur normal, ouvert, mais sans aucune installation électrique. Il y avait seulement un domino qui pendouillait sous le compteur. Il faut dire que ce n'est que grâce à une sérieuse formation en électricité que j'ai réussi à obtenir ce compteur sans qui le chantier aurait été arrêté jusqu'à ce que l'installation électrique ait été achevée. Autant dire que de l'eau aurait pu couler sous les ponts de l'Auvézère. Depuis, le circuit électrique de la maison a été fait, testé et même retesté. Le consuel n'est jamais passé et, si le circuit n'est pas aux normes, je puis assurer que son utilisation ne posera aucun problème et qu'il n'existe aucun risque d'électrocution majeure.

Dans mon immeuble, à Paris, le consuel a permis l'ouverture de compteur sur des installations électriques dangereuses, mais aux normes. Cela va des sections de câbles trop fines aux tableaux électriques à fusibles en passant par la prise de terre connectée aux tuyaux d'eau, ce qui est une aberration puisque rien ne dit que la continuité électrique du tuyau est assurée. On peut très bien tomber sur un joint diélectrique ou un joint en caoutchouc isolant. Le temps du joint fibre et de la vraie plomberie est malheureusement révolu. Passons donc sur l'utilité des normes en général et du consuel en particulier.

Or j'ai dû faire l'acquisition d'un box de garage de belles dimensions. Comme tous les box parisiens, il ne possède pas d'éclairage, ce qui est assez pratique vous en conviendrez. Ne voulant pas piquer une ligne électrique depuis les installations des parties communes, j'ai donc demandé à l'EDF de m'installer un compteur électrique de base pour avoir un point de lumière et une prise électrique permettant de recharger une batterie de voiture. C'est parfaitement impossible. Pour ouvrir un simple compteur dans un box de garage, le consuel demande :

  • une ligne de terre, dans un conduit distinct de l'alimentation, ce qui impose de poser deux arrivées, l'une pour la force, l'autre pour la terre. Lorsque j'aurai dit qu'il y a encore un étage en dessous du mien, vous aurez compris que la pose d'une ligne de terre ne sera pas triviale ;
  • un néon anti déflagration ;
  • un tableau électrique avec différentiel de 30 mA ;
  • et un bloc auto-alimenté indiquant la sortie de secours si d'aventure je m'enferme dans ce box. Personnellement, je ne savais même pas qu'il y avait deux sorties à ce box.

Et il faut ajouter au tableau que l'installation doit être fait par un électricien agréé. J'ai demandé un devis incluant toutes les prestations à un électricien agréé de mes connaissances, un qui n'exagère pas enfin pour Paris, et il y en avait pour plus de 3500 euros hors taxe.

De là à penser que le consuel n'est pas là pour sauver des vies mais seulement pour sauver le métier d'électricien, il y a un pas que je m'empresse de franchir !

 

Bienheureux Gilles Carrez

07.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

Vous n'êtes pas sans l'ignorer, Gilles Carrez est un député compétent puisqu'il est à la fois diplômé de HEC et de l'ENA. Qui plus est, il est membre de l'UMP, ce qui ne gâche rien.

Ce monsieur a trouvé le moyen de déclarer publiquement :

La suppression de la taxe professionnelle constitue un allègement historique de la pression fiscale sur les entreprises.

Ouvrez et fermez les guillemets qui s'imposent avec des pincettes ! D'une part cette taxe n'a pas été supprimée, elle a juste changé de nom. Ce monsieur est pourtant assez bien placé pour le savoir. Il ne s'agit plus de taxe professionnelle, calculée en partie sur les immobilisations ce qui était d'absurdité sans nom, il s'agit maintenant de la « cotisation foncière des entreprises, taxe pour frais de chambres et commerce et d'industrie, taxe pour frais de chambres de métiers et de l'artisanat et imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux. » Rien de moins.

Personnellement, le montant de ma cotisation — puisqu'il ne s'agit plus d'un impôt, heureux contribuable que je suis — a sensiblement augmenté malgré un chiffre d'affaire amputé par le marasme économique actuel. Toutes les entreprises autour de moi semblent être dans le même cas de figure. Au vu du savant calcul figurant sur la « fiche de calcul TP », sans doute une coquille puisque l'appellation taxe professionnelle a été bannie, seules les entreprises industrielles pourraient voire leur cotisation baisser. Pour toutes les entreprises de services divers et variés, cette nouvelle cotisation ne peut être que supérieure à la défunte taxe professionnelle.

Je n'arrive pas à imaginer que ce monsieur puisse ignorer ces faits. S'il les ignore, cela signifie simplement qu'il n'a pas sa place à l'assemblée nationale et qu'il devrait rapidement changer de métier. Son attitude consiste simplement à se moquer ouvertement de tous les assujettis à cette nouvelle cotisation en faisant passer un message d'augmentation probable de la pression fiscale dans un avenir proche.

Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre le fait de payer des impôts. Encore faudrait-il qu'ils soient utilisés correctements, ce qui est un autre débat. En revanche, je trouve l'attitude de ce monsieur indigne car il est inadmissible de dire à la France entière que la pression fiscale sur les entreprises a baissé, qui plus est, historiquement. Il faudrait donner à Gilles Carrez les rênes d'une entreprises durant un ou deux ans et voir ce qu'il aura réussi à faire durant cette période. Je suis prêt à parier que sa vision aura changé du tout au tout lorsqu'il devra faire des chèques tous les mois pour des impôts, cotisations et taxes diverses et variées en constante augmentation ! S'il n'a pas envie de relever le défi, je lui propose autre chose : qu'il fasse le calcul de ce qu'une entreprise peut donner à un salarié — à dividendes nuls — lorsqu'elle fait un euro de chiffre d'affaire. Là encore, il aurait de grosses surprises. Personnellement, j'ai fait ce calcul en 2004 et le résultat était déjà édifiant.

Le message est donc clair. C'est un ballon d'essai signifiant que la pression fiscale va pouvoir augmenter parce qu'une taxe ayant été remplacée par une cotisation, celle-ci a baissé. Je ne sais pas si vous suivez bien la puissance du raisonnement. Desproges avait donc raison. Nous vivons dans un siècle qui a résolu tous les grands problèmes en appelant un chat un chien.

 

Par delà le bien et le mal ? Nietzsche avait raison

06.12.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires, Je hais les financiers

Cela a dû vous échapper tant cette nouvelle n'a pas fait les gros titres. Dans la presse, il fallait avoir l'œil, cette information capitale ayant juste eu l'honneur d'un entrefilet.

Le lundi 8 novembre dernier, pourtant,a eu lieu un événement d'une importance capitale. L'assureur obligataire américain Ambac Financial s'est inscrit sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites aux États-Unis. Cela ne vous dit rien, mais l'inscription de cet assureur devant l’U.S. Bankruptcy Court de Manhattan est le signe précurseur d’une catastrophe économique sans précédent à venir car Ambac est un réhausseur de crédit au cœur même des processus de titrisation qui nous ont déjà envoyé dans le mur en 2008 et dont nous n'avons pas encore commencé à payer l'ardoise. Pour les non spécialistes, cet organisme transforme des dettes — les crédits — en produits financiers source d'une cavalerie financière sans précédent et apportent une garantie en cas de défaut de l'émetteur de ces titres. Si cet organisme fait à son tour défaut, tout le reste de système financier va s'effondrer tant les montants en jeu sont importants. Aucun état ne pourra assumer ces pertes.

À titre d'information, Ambac garantirait actuellement 700 milliards d'actifs sous la forme de CDS (credit default swap), soit presque le double de la perte induite par la chute de Lehman Brothers dont la faillite en 2008 a marqué le début de la crise actuelle.

Ce que vous devez savoir, c'est que ce qu'on appelle des produits dérivés sont principalement des CDS — 97% aux USA en 2010 d'après l'office of the Comptroller of the Currency, l’autorité gouvernementale US de tutelle des banques, ce qui représente 3,7 fois le PIB mondial sans que cela ne dérange personne. Les CDS étant des contrats d'assurance cotés sur le marché, ils sont aussi hors bilan, ce qui signifie qu'il n'apparaissent pas dans les livres de comptes des sociétés financières. Personne ne sait qui détient quoi jusqu'au moment où le système implose.

Placer ces produits en dehors des bilans permet aux organismes financiers, selon le bon vieil adage pas vu pas pris, de ne pas constituer de réserves garantissant ces polices d'assurance. En cas de défaillance d'un seul acteur de la pyramide, tous ces produits toxiques devront réapparaître dans les comptes des différents établissements financiers ne serait-ce que pour noter des créances douteuses. À ce moment, tout le château de carte financier ne reposant que sur du vent implosera.

Or les prévisions des organismes internationaux sont pour l'année 2011 ne sont plus pessimistes, elles sont catastrophiques. L'endettement de l'Irlande passera à plus de 90% du PIB, celui de l'Espagne à plus de 70%. Les autres états européens ne seront pas mieux lotis. Les organismes prêteurs en dernier ressort, créés dans l'urgence, ne pourront jamais avoir assez de capitalisation pour éponger les dettes puisque pour la seule Espagne, il faudra plus de 500 milliards d'euros ! Imaginez ce qu'il faudra débourser pour sauver toute la zone euro ou les États-Unis. Et c'est sans compter sur tous les autres pays qui sont dans le même bateau.

Ce problème dépasse de loin la sphère de la finance, voire celle de l'économie. C'est toute notre civilisation qui est en train de s'effondrer devant nos yeux et il risque fort de n'en sortir rien de bon.

 

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