Le patron de LVMH vient de prendre une participation à hauteur de 18% du le capital de l'entreprise Hermès, soit disant entreprise familiale. Nous avons entendu des plaintes de la famille en question demandant même à LVMH de revendre ses titres.
Je rappelle à toutes fins utiles que la société Hermès est une société en commandite par action plus prosaïquement appelée société anonyme. Je signale aussi que cette société est cotée en bourse, ce qui signifie qu'elle est sur le marché financier et que tout le monde, vous et moi compris, peut acheter des actions de ladite société de façon totalement anonyme. Une fois que quelqu'un détient un titre, il n'existe aucune loi ou aucun règlement forçant le détenteur à revendre ses titres.
Hurler au scandale lorsqu'on s'aperçoit qu'un concurrent a acheté 18% du capital d'une société est pour le moins bizarre puisque si on ne voulait pas qu'un concurrent l'achète, il suffisait de ne pas la vendre. On ne peut pas utiliser le système de la bourse pour trouver des financements — encore que ce n'est pas l'industrie du luxe qui est aujourd'hui en difficulté et qui n'ait plus aucun autre ressort que la bourse pour trouver des liquidités — ou rémunérer les dirigeants à grands coups de stock options sans en accepter les conséquences, l'une de ces conséquences directes étant la prise de participation par un concurrent voire dans les cas extrêmes la perte de controle ou la fusion avec une autre entité.
La bourse est une arène où tous les coups sont permis. Bernard Arnault n'est pas un ange et ses déclarations sur l'avenir d'Hermès n'engagent que ceux qui veulent bien y croire. Il sait parfaitement qu'une fois qu'il est dans la place, personne ne pourra l'y déloger. La question n'est ainsi pas de savoir si l'avenir d'Hermès est assuré ou non avec ou sans Bernard Arnault, la question est de savoir ce que l'on fait lorsqu'on introduit un titre en bourse. Il est parfaitement illusoire de réguler ces marchés car il existe tout un tas de montages financiers qui permettent de passer au travers des mailles du filet et de ne pas se faire remarquer durant très longtemps.
Souvenez-vous simplement du fameux trou du Crédit Lyonnais et de l'incendie fortuit qui s'ensuivit. Un lampiste, Bernard Tapie qui avait la gueule de l'emploi, a payé. Mais les initiés savent parfaitement qu'il n'était responsable indirect — après tout le Crédit Lyonnais n'était pas obligé de prendre des participations dans ses sociétés — que d'une infime partie du trou. La justice avait trouvé un coupable idéal et ce coupable allait payer. Mais ce trou était le fait de montages financiers hasardeux — et illégaux puisqu'il s'agit de cavalerie — qui ont permis à des hommes d'affaires que je ne citerais pas ici de se faire des fortunes sur le dos du contribuable.
Tout ceci n'est possible que grâce à la bourse et au côté anonyme des actions et des transactions financières. La seule façon de réagir est de réguler tout ceci en ôtant l'aspect anonyme du marché. Il faudrait que chaque entreprise reste maître de ses actions et les gère elle-même et non au travers d'un organisme comme la bourse qui décorrèle totalement l'activité d'une entreprise de sa valeur intrinsèque et cela d'autant plus que le chef d'entreprise a une vue à beaucoup plus long terme que le boursicoteur. Les esprits forts me rétorqueront que c'est impossible. C'est pourtant ce que font l'immense majorité des entreprises, soit parce qu'elles sont contraintes de le faire (cas des EURL, SARL… où les parts sont nominatives et dans les statuts), soit parce qu'elles ne sont pas en bourse. C'est donc parfaitement possible, mais encore faut-il le vouloir.
Seule la volonté politique fait défaut car personne ne veut s'attaquer aux marchés financiers sous le prétexte qu'on n'attaque pas la main qui nous nourrit. Comment faire pour contraindre les marchés à un assainissement nécessaire alors même qu'on est contraint à emprunter des sommes de plus en plus astronomiques à ces mêmes marchés ?
Même aujourd'hui où la maison Europe brûle puisque depuis une semaine l'Eldorado européen qu'était l'Irlande ne trouve à emprunter sur ces mêmes marchés qu'au taux exhorbitant de 9%, rien ne bouge. Attendons. Plus nous attendrons, plus les marchés seront forts car ils seront en mesure de fermer les vannes financières et moins nous arriverons à les réguler pour retrouver une situation saine.
Plus nous attendrons et plus nous verrons d'entreprises dans la situation d'Hermès.
Je vais finir par haïr l'informatique au plus haut point. Depuis quelques jours, j'essaie péniblement de faire fonctionner une mémoire virtuelle sur une architecture x86 en 64 bits. Le but ultime est l'écriture d'un système d'exploitation aussi proche que possible d'OpenVMS sur une architecture plus courante que l'Itanium.
Je vous rassure toute de suite, je n'ai pas écrit cette mémoire virtuelle depuis rien, je me suis honteusement inspiré de ce qui se faisait par ailleurs. Mais je n'ai fait que m'inspirer tant la qualité intrinsèque du code qu'on peut trouver est déplorable.
Mon inspiration vient de la gestion de la mémoire virtuelle d'un système qui s'appelle Iguana et qui sert de base à un certain nombre de systèmes d'exploitation comme Darbat qui est un port du système Darwin sur un micronoyau de type L4. A priori quelque chose de stable. Pourtant après avoir disséqué le fonctionnement de la chose, je n'arrive pas à comprendre comment cette mémoire virtuelle arrive à fonctionner tant il y a d'erreurs de conception. Un simple exemple : pour allouer une plage de mémoire contenant un programme dont les adresses initiale et finale sont connues, le système cherche à allouer la plus grande page comprise dans cette plage, ignorant crânement les octets initiaux et finaux s'ils ne sont pas alignés sur un début ou une fine de page ! Pour contourner toutes ces erreurs, le code est plein de commentaires disant qu'on fait telle ou telle chose, qu'on ne sait pas pourquoi ça fonctionne avec ce hack, mais qu'on est en revanche sûr que si on l'enlève, ça ne fonctionne plus. C'est donc ce qu'il est convenu d'appeler une programmation fiable et robuste.
J'ai donc corrigé un tas de choses. Ne me demandez surtout pas d'envoyer mes patches aux concepteurs d'Iguana, je ne vais pas faire leur boulot à leur place. Ils n'ont qu'à prendre les corrections sur le serveur git de FreeVMS. À leur place, j'aurais même honte de fournir un logiciel d'une telle qualité.
Quoi qu'il en soit, et malgré ces erreurs, je suis arrivé à booter un micronoyau L4/X2 en mode kernel avec un serveur σ0 et une roottask qui est de fait le noyau FreeVMS tournant en mode executive et lançant un processus léger VMS$INIT.SYS se chargeant de lancer les pilotes requis pour accéder au matériel. Il faut bien charger un pilote pour lancer la couche RMS (l'équivalent en mieux du VFS des systèmes Unix), un deuxième pour accéder au disque dur, un autre pour lire la table de partition du disque et un dernier pour accéder au système de fichiers et lire SYS$ROOT:[VMS$COMMON.SYSMGR]VMSKERNEL.CNF;1 permettant de continuer la séquence de démarrage.
La preuve en image :
KickStart 0.12.56
Detected multiboot compliant loader
Limiting physical memory to 128MB
Reserving 8MB for kernel memory
kernel (0x0011b000-0x0038adc4) => 0x00b59000
(0x0011c000-0x00374500) -> 0x00800000-0x00a58500
(0x00375000-0x0037ce70) -> 0x00b59000-0x00b60e70
sigma0 (0x0038b000-0x003a4b30) => 0x00040000
(0x0038b0c0-0x00391080) -> 0x00040000-0x00045fc0
roottask (0x003a5000-0x003e7cf1) => 0x01002f5c
(0x003a50b0-0x004199e0) -> 0x010000b0-0x010749e0
Launching kernel ...
>>> FreeVMS 0.4.0 (R)
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, leaving kernel privileges
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, launching FreeVMS kernel with executive privileges
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, booting main processor
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, computing page size: 4096 bytes
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, CPU0 EXTFREQ=1000 MHz, INTFREQ=2200 MHz
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, parsing command line: /boot/vmskernel.sys root=dqa0.0
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, selecting root device: DQA0.0
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, initializing virtual memory
%MEM-I-AREA, $0000000000000000 - $000000000003FFFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000000046000 - $000000000009F3FF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000000100000 - $0000000000108FFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $000000000010B000 - $00000000003E7FFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000000404000 - $00000000007FFFFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000000B59000 - $0000000000FFFFFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $000000000100C000 - $00000000075FFFFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000007E00000 - $0000000007FFCFFF: physical memory
%MEM-I-AREA, $0000000000001000 - $FFFFFEFFFFFFFFFF: virtual memory
%MEM-I-AREA, $000000000009F400 - $00000000000FFFFF: mapped IO
%MEM-I-AREA, $0000000007FFD000 - $FFFFFFFFFFFFFFFF: mapped IO
%MEM-I-AREA, $0000000007600000 - $0000000007DFFFFF: reserved
%MEM-I-AREA, $0000000000800000 - $0000000000A58FFF: reserved
%MEM-I-AREA, $0000000000A59000 - $0000000000B58FFF: reserved
%MEM-I-AREA, $0000000000831000 - $0000000000831FFF: reserved
%MEM-I-AREA, $FFFFFFFFFFC00000 - $FFFFFFFFFFC00FFF: reserved
%MEM-I-AREA, $00000000FEC00000 - $00000000FEC00FFF: reserved
%MEM-I-AREA, $0000000000040000 - $0000000000045FC0: reserved
%MEM-I-AREA, $0000000000040000 - $0000000000044817: modules
%MEM-I-AREA, $0000000000044818 - $0000000000044837: kernel
%MEM-I-AREA, $00000000010000B0 - $000000000100B44F: modules
%MEM-I-AREA, $000000000100B460 - $000000000100BB47: kernel
%MEM-I-AREA, $00000000003E8000 - $00000000003EEC3A: modules
%MEM-I-AREA, $00000000003EF000 - $00000000003F5C3A: modules
%MEM-I-AREA, $00000000003F6000 - $00000000003FCC3A: modules
%MEM-I-AREA, $00000000003FD000 - $0000000000403C3A: modules
%MEM-I-AREA, $000000000010A000 - $000000000010AFFF: boot information
%MEM-I-AREA, $0000000000109000 - $00000000001092CF: boot information
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, reserving memory for preloaded objects
%MEM-I-ALLOC, allocating $0000000000040000 - $0000000000044817
%MEM-I-ALLOC, allocating $0000000000044818 - $0000000000044837
%MEM-I-ALLOC, allocating $00000000010000B0 - $000000000100B44F
%MEM-I-ALLOC, allocating $000000000100B460 - $000000000100BB47
%MEM-I-ALLOC, allocating $00000000003E8000 - $00000000003EEC3A
%MEM-I-ALLOC, allocating $00000000003EF000 - $00000000003F5C3A
%MEM-I-ALLOC, allocating $00000000003F6000 - $00000000003FCC3A
%MEM-I-ALLOC, allocating $00000000003FD000 - $0000000000403C3A
%MEM-I-ALLOC, allocating $000000000010A000 - $000000000010AFFF
%MEM-I-ALLOC, allocating $0000000000109000 - $00000000001092CF
%MEM-I-F_ALLOC, bootstrapping Fpage allocator at virtual addresses
%MEM-I-F_ALLOC, $0000000000001000 - $000000000003FFFF
%MEM-I-S_ALLOC, bootstrapping Slab allocator at physical addresses
%MEM-I-S_ALLOC, $0000000000000000 - $000000000003FFFF
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000000046000 - $000000000009EFFF
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000000100000 - $0000000000108FFF
%MEM-I-FREE, freeing region $000000000010B000 - $00000000003E7FFF
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000000404000 - $00000000007FFFFF
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000000B59000 - $0000000000FFFFFF
%MEM-I-FREE, freeing region $000000000100C000 - $00000000075FFFFF
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000007E00000 - $0000000007FFCFFF
%MEM-I-VM_ALLOC, adding $0000000000045000 - $0000000000108FFF
%MEM-I-VM_ALLOC, adding $000000000010B000 - $00000000003E7FFF
%MEM-I-VM_ALLOC, adding $0000000000404000 - $0000000000FFFFFF
%MEM-I-VM_ALLOC, adding $000000000100C000 - $FFFFFEFFFFFFFFFF
%JOBCTL-I-MAX_PROC_ID, setting maximal process number $3FFC4
%DEV-I-TREE, initializing devices tree
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, spawning VMS$INIT.SYS
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, creating VMS$INIT.SYS process descriptor
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, creating VMS$INIT.SYS UTCB pages
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, reserving 262144 bytes for 256 kernel threads
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, creating VMS$INIT.SYS stack
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, creating VMS$INIT.SYS heap
%SYSBOOT-I-SYSBOOT, creating VMS$INIT.SYS clist
%MEM-F-OUTMEM, out of memory $47002-$47FFF
La dernière ligne pose problème d'autant que le noyau essaie de mapper une plage mémoire sur une autre alors qu'il n'a pas encore de dérouleur de pages. S'ensuit un défaut de page particulièrement problématique, je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire. Et si je rajoute qu'au moment où ce message d'erreur est capturé il reste peu ou prou 120 Mo de mémoire disponible, vous comprendrez toute la portée de cette erreur.
Ce qui est surprenant, c'est qu'au moment où surgit cette erreur, la plage est question est parfaitement disponible, ce qui est confirmé par le message sibyllin suivant :
%MEM-I-FREE, freeing region $0000000000046000 - $000000000009EFFF
Il doit donc rester une aberration quelque part dans ces fonctions de gestion de la mémoire virtuelle. La question est maintenant de trouver cette erreur en évitant autant que possible de maudire les concepteurs d'Iguana qui, à leur décharge, n'ont fait qu'utiliser une bibliothèque au doux nom de l4e sans se préoccuper de ses erreurs internes ni de ses dysfonctionnements.
Il me semblait pourtant avoir déjà signalé qu'un programmeur ne devrait avoir le droit d'utiliser une bibliothèque qu'à partir du moment où il est capable de l'écrire, jamais comme une boîte noire.
Je ne sais pas pourquoi, mais depuis quelque temps, je me disais que les États-Unis allaient nous faire payer d'une façon leur crise en faisant fonctionner leur planche à billet. L'annonce officielle vient de tomber et promet de sérieuses empoignades lors du prochain G20.
Heureux que nous sommes, nous avons créé l'euro, ce grand machin. Complètement décorrélée de toute politique économique, puisque nous avons fait l'euro indépendamment de toute véléité de gouvernement européen, cette monnaie est gérée depuis la banque centrale européenne sise à Francfort, banque dirigée actuellement par Jean-Claude Trichet, grand tenant devant l'éternel d'une monnaie forte. C'est ainsi que l'euro, qui n'a strictement aucune raison d'être plus cher que le dollar au regard des performances économiques déplorables de la zone euro, a frôlé les 1,50 $US et affiche crânement au moment où j'écris ces lignes un taux de change de 1,3725 $US.
Aujourd'hui, les États-Unis sont prêts à nous faire payer leur crise comme ils nous ont déjà fait essuyer leurs plâtres. Souvenez-vous des deux guerres du Golfe payées à grands coups de dépréciation du dollar et des quelques bulles spéculatives qui ont explosées au NYSE depuis 1990. Et ils sont d'autant plus prêts à le faire que cela réduira d'autant la charge de leur dette détenue en grande partie par la Chine.
Nous avons donc aujourd'hui en face de nous un pays, les États-Unis, qui contrôlent une grande partie des échanges internationaux car ceux-ci sont principalement menés en dollars et menacent de dévaluer leur monnaie, et un autre pays, la Chine, qui maintient artificiellement basse sa propre monnaie au mépris de toutes les règles économiques. Ce ne serait pas grave si la plupart des transactions ne se faisaient pas en dollars. Mais aujourd'hui, la dévaluation du dollar va tuer toutes les exportations de la zone euro qui deviendront beaucoup plus chères. Vous me direz que le prix des importations va baisser, mais à quoi cela va-t-il servir puisque nous seront tous incapables d'acheter ces produits ?
La seule solution pour ne pas sombrer est de créer toutes affaires cessantes un gouvernement économique européen pour prendre en main cette politique monétaire et faire poids face à la dévaluation imminente du dollar. Nos chers hommes politiques actuels ne semblent pourtant pas prendre la mesure de ce qui risque fort de nous arriver à très court terme. Il ne sortira rien du prochain G20 car l'Europe est divisée et ses gouvernements ne semblent pas voir que la prochaine guerre sera économique. Et cette guerre n'aura pas lieu avec la Chine qui n'est en raison de sa démographie qu'un épouvantail, mais avec les États-Unis et d'autres pays émergents qui utilisent presque tous le dollar.
Je voulais aujourd'hui aller à Colombey voir s'il y a deux églises mais l'actualité est trop riche pour fêter dignement le quarantième anniversaire du décès du général. Je n'en ai eu ni le temps ni l'occasion. En effet, dimanche dernier, Villepin, ancien premier ministre de Jacques Chirac a jeté un pavé dans la mare. Deux jours avant le 9 novembre, cela ne pouvait pas être un hasard.
"Je dis que Nicolas Sarkozy est aujourd'hui un des problèmes de la France et parmi les principaux problèmes qu'il faut régler et qu'il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée", a lancé Dominique de Villepin au Grand Rendez-vous Europe 1/Le Parisien. "Une parenthèse parce que les résultats ne sont pas là, parce que notre pays est amoindri, parce que nous sommes divisés, parce que nos principes sont affectés", a-t-il expliqué.
"Moi, je veux me battre pour apporter des solutions. Nous avons besoin de remettre ce pays à l'endroit. Or nous sommes à l'envers. Nous n'avons pas de vision de là où nous devons aller et nous prenons l'eau", a estimé le président du parti République solidaire. "Est-ce qu'on peut se contenter d'analyses simplistes dans ce contexte-là ? Il y a des responsabilités. Il faut les définir pour être capable de tourner une page, il faut que chacun porte ses responsabilités", a-t-il conclu.
Un grain de sable de format 19 tonnes grippe les rouages de la majorité et le tollé général qui s'ensuivit a permis à l'intéressé d'en remettre une couche ce matin :
"Nicolas Sarkozy n'est pas mon problème, il est un des problèmes de la France ce qui veut dire que nous ne sommes plus dans le temps de l'anti-sarkozysme, nous sommes au-delà du sarkozysme".
Il faut reconnaître qu'objectivement le constat n'est pas faux. Villepin a juste le courage de dire tout haut ce qu'une bonne partie de la droite française pense tout bas. Je n'arrive pas à imaginer un seul instant que tous les membres de l'UMP, dirigeants compris, arrivent à suivre Nicolas Sarkozy comme un seul homme. Je n'arrive pas à comprendre que ce même Nicolas Sarkozy soit qualifié de gaulliste vu qu'il incarne l'exact contraire de la pensée gaullienne.
L'héritage du général est revendiqué aujourd'hui par tout un tas de formations politiques diverses, les plus légitimes étant sans conteste celles de Dominique de Villepin et Nicolas Dupont-Aignan. Mais tous les autres se réclament de sa pensée comme s'il s'agissait d'un grand ancien, partant certainement du principe que l'humanité se divise en deux groupes, les gaullistes de droite et les gaullistes de gauche, et n'oublient pas une seule année d'aller en pélerinage à Colombey pour y fleurir la tombe du général. Passons sur ce moment de franche hypocrisie électoraliste.
De toute façon, cette année, la grande nouvelle du jour était le prix Goncourt décerné à Michel Houellebecq. Depuis le temps qu'il l'attendait ou plutôt que ses lecteurs l'attendaient pour lui, il fallait bien que ce prix lui échût un jour ou l'autre. Je n'ai jamais su s'il était sérieux, complexé, misanthrope ou s'il se moquait ouvertement de ses lecteurs ou auditeurs, mais il faut bien constater qu'écouter Houellebecq parler de l'actualité ou de son œuvre est toujours un grand moment journalistique. Entre les blancs, les contradictions et son discours tortueux ou décousu, on ne peut pas vraiment dire qu'il enjoigne ses futurs lecteurs à le lire. Mais il a eu le prix Goncourt, ce qui prouve qu'indépendamment de l'homme, son œuvre doit avoir un certain intérêt.
Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, Houellebecq est enfin reconnu, le général est toujours mort et la bataille politique redémarre sur les cendres du gaullisme qui n'en demandait pas tant.
Si le gouvernement le demande, l'assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement.
Il s'agit ici de l'alinéa 3 du quarante-quatrième article de l'actuelle constitution française. La cinquième, enfin, il paraît, parce que le quinquennat a sensiblement changé la nature et les équilibres de cette constitution. C'est grâce à ce petit article qui n'a l'air de rien que la discussion au sénat de la réforme des retraites n'a pu avoir lieu.
Pourtant, il aurait été intéressant que cette discussion pût avoir lieu, les sénateurs n'étant pas exactement sur la même ligne que nos chers députés et encore moins sur la ligne imposée par le gouvernement actuel. En particulier, l'un d'entre eux a cru bon de rapporter le pourquoi du comment de l'âge de départ à la retraite fixé à la fin de la seconde guerre mondiale par un certain général de brigade à titre provisoire. Pourtant, on ne peut pas exactement qualifier ce sénateur de gaulliste fanatique puisqu'il émarge au Parti Socialiste et qu'il s'agit de Michel Rocard.
De Gaulle avait fixé cet âge à 65 ans parce qu'il s'agissait de l'âge de décès médian à l'époque de la mise en place de ce système de retraite. En d'autres termes, un français sur deux ne bénéficiait pas de sa retraite puisqu'il état déjà mort. En soixante-cinq ans, l'espérance de vie n'a fait que croître et l'âge médian de décès n'est plus de 65 ans. Même au début des années 1980, lorsque François Miterrand a décidé pour des histoires de basse politique,de promesses inconsidérées aux communistes — voir pour cela le programme commun — et contre l'avis de tous les démographes de passer l'âge de la retraite de 65 à 60 ans, ce n'était plus le cas. Résultat des courses, trente ans après cette lumineuse réforme, nous sommes dans le mur.
Ce qui est tout de même assez exceptionnel pour le noter, c'est que les syndicats râlent contre une réforme injuste, inique, sans remarquer que même en maintenant un âge légal de retraite à 65 ans, le progrès entre 1945 et 2010 était fulgurant puisque l'âge médian de décès a considérablement progressé. Le passer à 62 ans n'est donc pas un scandale en soi.
Quant aux travaux dits pénibles qui réduiraient l'espérance de vie des travailleurs, il a été prouvé depuis longtemps — plus exactement depuis les années 1970 — que l'espérance de vie n'est pas conditionnée par le travail mais par les conditions de vie, le travail industriel ayant considérablement évolué depuis le début du XIXe siècle. Il y a encore eu un article très documenté dans la Recherche l'année dernière. Prétendre qu'un travail dit pénible raccourcit la vie est une inepsie puisque c'est l'appartenance à une catégorie sociale qui conditionne son mode de vie. Autrement dit, la consommation de bière, de charcuterie ou de légumes est corrélée à la catégorie socio-économique et non aux moyens disponibles. Seules certaines professions très marginales sont réellement et directement affectées. Il s'agit des maçons qui souffrent d'une forme de silicose, de certains employés des travaux publics, mais tous ces employés sont une minorité qui plus est minorité généralement classée dans des professions qui ne sont pas dites pénibles, la pénibilité étant décrite par des concepts abscons et surannés. Je ne vois pas en effet en quoi un conducteur de TGV aurait un métier pénible. En tout cas, sa pénibilité est largement moindre que celle que pouvait subir un chauffeur de 141R qui respirait continuellement de la poussière de charbon. La pénibilité est aujourd'hui définie par quelques points précis (porter des charges lourdes, travailler de nuit, être en contact avec des produits chimiques…) et sont déclarés pénibles les métiers qui entrent dans ces catégories ou qui ont été un jour déclarés comme pénibles (chauffeur de la SNCF, électricien à l'EDF ou gazier…) et dont la pénibilité n'a jamais été remise en cause car il s'agit d'un droit considéré comme acquis en dépit de la transformation dudit métier.
Ainsi, parler d'espérance de vie dépendant des catégories sociales est une aberration parce qu'on ne regarde que ça et qu'on n'essaie surtout pas de corréler ces observations à d'autres données. C'est avec ce genre de raisonnement qu'un institut japonais a montré que le fait de jouer du piano augmentait ses chances de mourir d'un cancer du poumon. Ce qui est vrai dans l'absolu au Japon. Mais ces spécialistes de la statistique ont juste omis de signaler qu'au Japon, les joueurs de piano se retrouvent dans des piano bars enfumés, seuls endroits qui leur permettent d'assouvir leur passion de la musique occidentale.
Cet âge légal de la retraite est donc plus un problème politique qu'un problème de société. Que les régimes généraux aillent dans le mur, c'est une certitude et cela fait juste une bonne trentaine d'années que les prévisionnistes s'alarment et que personne ne les écoute. En effet, ce problème est politique parce qu'il faut aujourd'hui satisfaire les marchés financiers à court terme pour pouvoir emprunter à des conditions avantageuses de quoi payer les retraites actuelles. Passer cet âge de 60 à 62 ans ne fait que repousser le problème de deux ou trois ans. C'est en quelque sorte reculer pour mieux sauter, ce qui est exactement le discours d'une partie des sénateurs dits de droite et ce pourquoi le gouvernement est passé en force au sénat.
La seule solution est de mettre pour tout le monde une retraite à points, ce qui est déjà le cas pour les retraites complémentaires. L'âge de départ peut ainsi disparaître, les gens partant à la retraite quand ils le veulent en fonction de leurs cotisations. Et je parle de retraite à point, ni de fonds de pension ni de privatisation des caisses de retraite parce que sont des choses différentes et indépendantes.
Les syndicats, qui n'ont pas tout compris au problème, sont tombés dans le panneau. Comme ils combattent une réforme qui ne durera pas longtemps — les sénateurs ont indiqué que cette réforme conduira à des comptes déficitaires en 2012, au plus tard 2013 — plutôt qu'accompagner une réforme réellement novatrice et nécessaire, le système ira dans le mur à brève échéance. C'est exactement la technique de Reagan dans les années 1980. On s'arrange pour que le système explose en vol et lorsqu'il a explosé, plus personne ne peut s'opposer aux réformes.
Messieurs les syndicalistes, continuez comme vous le faites actuellement. Je vous donne rendez-vous dans quelques années.
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