Je sais bien que l'habitant de vieille France en général et le parisien de base en particulier sont persuadés devoir prendre des cours d'Allemand et un passeport pour passer la ligne bleue de Vosges mais il faudrait tout de même voir à ne pas trop exagérer. Qu'il le veuille ou non, le Reichsland Elsass-Lothringen a vécu et il faut bien que la France fasse avec ses pays conquis.
C'est dommage, parce que de vous à moi, je trouve ces armoiries plutôt jolies. Elles ont tout de même plus de gueule que les trois ridicules couleurs du drapeau français. Quant au drapeau du Reichsland, je vous laisse seuls juges. Je sens que je vais encore me faire des amis.
Je dis ça parce que je suis fâché. J'ai encore entendu quelqu'un d'a priori cultivé prétendre que telle localité alsacienne était en Allemagne. Cet individu était François Morel et la localité en question était la ville de Schiltigheim — prononcez Chiltikaïm ou Chilig — dans la banlieue de Strasburg, pardon Strasbourg. Je ne sais pas s'il peut imaginer un instant ce que les alsaciens ont pu ressentir. Loin de moi l'idée de parler de nationalisme, mais il ne faut pas oublier que l'histoire de cette province française a été quelque peu tumultueuse et que si certains se sont engagés du côté de l'Allemagne lors du dernier conflit, d'autres se sont battus pour redevenir et rester français. Et il ne faut pas oublier que cette histoire est une histoire récente. On n'est pas en train de parler du rattachement de la Bretagne à la France ni de celle de la Savoie et du Comté de Nice à l'empire de Napoléon III injustement dit « le petit », Napoléon, pas l'empire. N'oubliez jamais en visitant l'Alsace que les personnes qui ont maintenant 75 ans ont toutes été à l'école primaire allemande et ont appris a écrire en Suetterlin.
Ce sujet me touche d'autant plus que ma famille — comme beaucoup d'autres — a été particulièrement éprouvé depuis le début du vingtième siècle, que pas un seul de mes grands parents n'est né ni en France ni français, mais que malgré cela, ils se sont tous battus dans la mesure de leurs moyens pour le rester. Ils n'avaient pas gardé de haine de l'Allemand, mais je ne suis pas vraiment sûr qu'ils auraient apprécié à sa juste valeur le fait de situer Schiltigheim en Allemagne. Et ce sentiment est un sentiment partagé.
De grâce, ne mettez plus Schiltigheim en Allemagne. L'Alsacien est capable d'accepter que vous écorchiez les noms des habitants, des villes et des villages. Il en a l'habitude et a parfaitement conscience qu'il faut être né avec — tiens, un germanisme, ça m'a échappé ! — pour arriver à les prononcer. Il peut même vous pardonner une prononciation approximative, tout au plus vous fera-t-il répéter pour être sûr de bien avoir compris lorsque vous lui demanderez la direction d'Ichtratzheim ou de Souffelweyersheim qu'il abrège en Souffelvircha et ne pas vous envoyer à Bischheim lorsque vous cherchez Biesheim. Il acceptera aussi que vous confondiez les saucisses de Strasbourg avec celles de Francfort. Mais ne mettez jamais une commune alsacienne en territoire allemand parce qu'il risque fort de ne pas vous le pardonner.
De même, évitez de dire que Strasbourg est sur le Rhin. Le Rhin n'a jamais coulé à Strasbourg.
À chaque fois que je donne un cours à l'École Centrale des Arts et Manufactures de Paris plus connue sous le nom de Centrale Paris, on me demande si je désire un videoprojecteur. À chaque fois, je réponds qu'une craie et un tableau noir me seront amplement suffisants. Cette année, j'ai eu la suprise de trouver toute une classe de troisième année qui prenaient mes cours en note sur des ordinateurs portables. C'était assez amusant de les voir se battre pour avoir une prise électrique ou d'essayer de faire des schémas d'antenne avec l'outil de dessin de l'inénarrable Word. Quant aux équations, n'en parlons pas…
Je croyais être l'un des seuls à grincher sur ces outils totalement inadaptés mais qu'il faut maîtriser sous peine d'être has been. C'était une erreur. Dans un livre qui vient de paraître aux éditions La Découverte, Franck Frommer, responsable de la communication d'un grand groupe financier, dénonce la perte de productivité, de créativité et de sens critique des utilisateurs du logiciel de présentation de Microsoft : PowerPoint.
Dans son essai « La pensée PowerPoint. Enquête sur ce logiciel qui rend stupide », Franck Frommer dénonce un logiciel qui oblige à travailler sur la forme au détriment du fond. La nécessité de synthétiser ses idées à outrance par des libellés elliptiques, des formules passe-partout, d'une grande pauvreté sémantique pour respecter le format imposé des bullet points réduirait d'après lui la richesse des échanges lors des réunions.
Et il a raison. Quiconque a déjà essayé de présenter quelque chose de complexe à l'aide de transparents se rend immédiatement compte de la supercherie de ce mode de présentation. Le seul intérêt que j'ai jamais trouvé pour le bon vieux rétroprojecteur, c'est la possibilité d'utiliser des transparents avec des schémas complexes difficiles à faire en temps réel et sans erreur sur un tableau noir. Et encore, Franck Frommer ne parle pas des petits gadgets qui font que PowerPoint est prétendûment meilleur que ses concurrents. Parce qu'il y a des gadgets ! Des animations…
L'animation sous PowerPoint est un concept nébulo-fumeux qui évite à un auditoire ayant une tendance nette à l'assoupissement après la pause déjeuner un coma trop profond. L'auditeur n'est absolument pas captivé par la présentation mais par les animations. Il faut les voir parier sur la direction d'apparition de la prochaine diapositive ou sur les points lumineux en déplacements rapides qui n'apportent strictement rien au discours mais qui sont si jolis…
Mais ce n'est pas tout. La quantité de texte utilisable sur une diapositive PowerPoint est ridicule face à la quantité de texte que l'on peut mettre sur un transparent classique. Cela impose un raisonnement linéaire et simpliste. Selon Franck Frommer, ce raisonnement linéaire imposé par le déroulé des diapositives va à l'encontre du fonctionnement de notre cerveau. Avec PowerPoint, on raisonne comme une liste de commandes (...) sans chaîne signifiante ni pensée continue. De quoi appauvrir les raisonnements lors des réunions, car notre cerveau s'appuie plutôt sur des arbres de liens où les concepts s'enchevêtrent les uns avec les autres. C'est ce désordre apparent qui nous rendrait créatifs. Or, les réunions PowerPoint projettent l'utilisateur dans le rôle d'un spectateur, qui s'installe dans son fauteuil et entre en mode passif, comme il le ferait devant sa télévision.
Et ce n'est pas tout. Combien de personnes perdent un temps infini pour peaufiner une mise en page impossible qui rendrait fou n'importe quel apprenti typographe ? Sans compter le temps perdu à trouver la bonne image pour illustrer correctement la présentation ou reproduire fidèlement le logo de l'entreprise. Plutôt que de se consacrer à leur travail réel, les cadres déjà victimes de réunionite aiguë perdent de plus en plus de temps à préparer leurs supports de présentation. Et on parle d'augmentation de la productivité…
Ce danger n'est pas que théorique. Selon des experts de la NASA, l'utilisation du logiciel de Microsoft serait même responsable de l'accident de la navette Columbia en 2003. À cause de la multilplication des présentations spectaculaires sous PowerPoint, ces experts seraient passés à côté de l'essentiel.
L'armée américaine est du même avis. Son pire ennemi n'est plus le taliban enturbanné et muni d'une ceinture d'explosif mais le vilain petit canard de la suite bureautique Office car cet outil peut créer l'illusion de la compréhension et du contrôle d'une situation. C'est le cas en Afghanistan où la présentation de l'avenir du pays a inspiré cette phrase au le général McChrystal : « Quand nous aurons compris ce slide, nous aurons gagné la guerre ! ». Étonnant, non ?
Au-delà de l'outil, c'est son hégémonie que Frank Frommer dénonce. Il est plus que temps d'arrêter la powerpointisation des esprits puisqu'on est passé en quelques années d'une culture Word déjà mauvaise à une culture PowerPoint qui mise plus sur le visuel et le spectacle que sur une argumentation construite.
Le seul mérite de PowerPoint est de réussir à hypnotiser l'auditoire. À l'heure de la réunionite aiguë, c'est peut-être le seul moyen nous permettant de supporter des réunions interminables.
La carte musique… Il fallait bien qu'on nous l'invente. Vous avez entre 12 et 25 ans ? Vous voulez télécharger de la musique de jeune ? Courez sans plus tarder vous inscrire pour obtenir la carte musique mise en place par le gouvernement français !
J'ai déjà tiqué lorsqu'on nous a parlé de licence globale permettant de télécharger tout et n'importe quoi sur internet. Personnellement, je n'ai jamais téléchargé d'œuvres soumises à droit d'auteur et je ne vois pas par quel tour de passe-passe je serais obligé de verser une taxe supplémentaire à la SACEM pour m'octroyer généreusement un droit que je n'utiliserai jamais.
J'ai aussi eu beaucoup de mal à accepter la taxe sur les supports numériques (CD ou DVD à graver, cartes mémoire, disques durs) car les miens ne comportent que des programmes et non la bouille infâme sortie du gosier d'un décérébré en mal de reconnaissance artistique ou prétendue telle.
Là, on nous invente la carte musique. Pour ceux qui ne seraient pas au courant, la carte musique est destinée à amener les jeunes à découvrir l'offre de musique légale sur internet. Elle permet aux internautes de 12 à 25 ans d'acheter jusqu'à 50 euros de musique sur une sélection de plates-formes d'écoute ou de téléchargement de musique sur internet. Ils ne paient toutefois que 25 euros, le solde étant apporté par l'état. Ce dernier va consacrer 25 millions d'euros par an pendant deux ans à ce projet.
Donc, si j'ai bien compris, le jeune — qui grâce à Mitterrand, celui de l'observatoire, pas celui de la villa Medicis, ne payait déjà pas de vignette moto, il faut le comprendre, le jeune a des problèmes à sa taille — a obtenu un rabais de 50% sur le coût de sa musique de jeune, les 50% restants étant généreusement offerts par l'état, c'est-à-dire par vous et moi, heureux contribuables que nous sommes.
Et à qui va profiter cette subvention ? Aux plates-formes de téléchargement, principalement à iTunes et donc à Apple qui occupe 70% du marché français. En d'autres termes, le gouvernement français est en train, sous couvert de rester cohérent avec le grand machin HADOPI, de subventionner les plates-formes de téléchargements hébergées à l'autre bout du monde et détenues par des groupes qui n'en demandaient pas tant.
Vous allez me rétorquer que 25 millions d'euros, ce n'est pas beaucoup. Effectivement. Mais ces 25 millions d'euros auraient certainement été mieux utilisés ailleurs, en tout cas auraient pu être utilisées plus judicieusement qu'à fond perdu.
Et tout ce bruit pour quoi ? Parce que les majors ou prétendues telles ont peur. Leurs chiffres d'affaire diminuent d'année en année. Globalement, c'est vrai, mais il faut regarder ces chiffres en détail. Seule la musique dite de variété est un marché en retrait et il y a certainement une explication rationnelle d'autant que les petits labels de qualité ne semble pas souffrir de la même désaffection. Il y a quarante ans, la variété était portée par des gens comme Brel, Brassens, Aznavour, des artistes qui ont marqué et qui sont restés dans les mémoires. Ces chanteurs ont mis longtemps avant de percer et d'enregistrer leur premier disque. Aujourd'hui, le métier de directeur artistique n'existe plus et il est beaucoup plus facile pour n'importe qui d'enregistrer un premier album qui reste généralement son dernier. La qualité globale baisse et il ne faut pas s'étonner que le public se détourne de cette production médiocre.
Lorsque j'entends les membres de la SACEM déclarer péremptoirement qu'internet est la source de tous leurs maux, j'ai peine à contenir une certaine tétanisation crispée de mes zygomatiques. Philips a inventé la compact cassette en 1963 et il était très facile d'enregistrer ce qui passait à la radio dans l'émission Salut les copains qui passait tous les soirs sur Europe 1 puis de copier cette cassette. Si le premier enregistrement était bon, la qualité des copies était supérieure à l'horrible MP3 qu'on arrive à télécharger actuellement en offre légale. Et ce n'est pas moi qui le dit, c'est la formule de Friis bien connue des traiteurs de signal. Certes, les technologies numériques en général et le réseau internet en particulier permettent des échanges de fichiers piratés plus aisés que ce que les pirates pouvaient faire par le passé avec des cassettes audio, mais je suis convaincu que la raison profonde de ce piratage ne provient pas de la capacité d'échange inégalée.
D'une part, la qualité des fichiers disponibles légalement est déplorable, ce qui fait que l'utilisateur qui n'est pas encore sourd va finir par acheter le disque, et d'autre part, internet n'est qu'un outil. Et jusqu'à présent, l'outil ne crée pas un besoin. La fonction crée l'organe, mais on n'a encore jamais vu l'organe créer la fonction.
Quant à la musique dite classique, elle se porte admirablement. Merci pour elle.
Georges Lautner n'en demandait pas tant. Les barbouzes semblent à nouveau être de sortie. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c'est fou le nombre d'ordinateurs de journalistes qui travaillent sur l'affaire Woerth-Bettencourt qui ont inopinément été dérobés la semaine passée. Visiblement, les bureaux et les domiciles de ces journalistes ne sont que de vulgaires moulins. On y entre n'importe comment et on peut y faire n'importe quoi en toute impunité. Pour les domiciles, je veux bien encore y croire. En revanche, en ce qui concerne les visites nocturnes d'immeubles de bureau, je suis légèrement plus dubitatif. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé d'entrer dans un immeuble de bureau aux heures non ouvrables sans laisser de traces d'effraction, ce n'est pas chose aisée.
J'ai peine à croire au hasard, surtout lorsque le hasard fait qu'au milieu de tout un tas de choses à voler, le combrioleur jette son dévolue sur une seule machine, qui plus est un ordinateur portable semblable à tous les autres qui jonchent tous les autres bureaux.
J'ai peine à croire au hasard, surtout lorsque ce hasard fait que la même semaine, plusieurs personnes ont été victimes de larcins similaires et que toutes ces personnes travaillent sur le même dossier.
Et naturellement, personne en haut lieu n'a dilligenté ces vols. Je veux bien croire que les services action prennent sur eux de lancer des opérations sans demander son avis au gouvernement pour ne pas le mouiller, mais il me semble assez amusant d'entendre des démentis de la part de tous les intéressés, même de personnes à qui on ne demandait rien.
De deux choses l'une : soit ces messieurs nous prennent vraiment pour des imbéciles, soit le coup a été fait par quelqu'un d'autre, la question étant de savoir par qui et dans quel but, vu qu'il semble tout de même difficile de faire avaler que tous ces vols aient été d'une part décorrélés entre eux et d'autre part décorrélés de l'affaire Woerth-Bettencourt.
Un autre problème se pose. Ces barbouzes sont des incompétents et s'ils émargent aux services spéciaux, il serait temps de faire un sérieux ménage. En effet, soit ces machines ont été volées pour que ces journalistes d'investigation ne puissent pas faire leur travail, soit elles ont été empruntées pour vérifier ce que connaissaient ces journalistes. Dans le premier cas, c'est idiot car je ne vois pas un journaliste sérieux ne pas faire de copie d'un dossier aussi explosif. Dans le second cas, c'est tout aussi idiot car il aurait été beaucoup plus simple et plus discret de copier brutalement le disque sur un support amovible d'autant que rien ne nous dit que les données n'étaient pas chiffrées.
Dans un cas comme dans l'autre, cette action est incompréhensible et ne montre qu'une fébrilité de l'actuel exécutif qui ne sait plus quoi faire pour arrêter ce scandale. Qui donc a dit qu'il fallait sauver le soldat Woerth ?
Nul n'est prophète en son pays. C'est du moins ce que je me disais ce matin en écoutant doctement Joseph Eugène Stiglitz. Joseph Stiglitz — je ne sais pas si vous le savez — est un économiste réactionnaire et parfaitement incompétent puisqu'il a échappé au prix Nobel d'économie pour ne toucher que le Nobel au rabais qu'est le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel. Il est un des fondateurs et l'un des représentants les plus connus du « nouveau keynésianisme » et a acquis sa notoriété populaire à la suite de ses violentes critiques envers le FMI et la Banque mondiale, émises peu après son départ de la Banque mondiale en 2000, alors qu'il y était économiste en chef.
Son pedigree lui refuse donc toute autorité en matière économique et financière.
Ses thèses sont les suivantes : depuis le début de la crise actuelle, les états prêtent à des taux d'intérêt ridiculement faibles et au travers des banques nationales des sommes considérables aux différentes banques sans aucune contre-partie ni aucun engagement de celles-ci. Cela a coûté des sommes considérables en pure perte puisque, à peine renflouées, ces banques se sont mises à spéculer sur les nouvelles dettes souveraines par leurs renflouements créées. En d'autres termes, toutes ces banques n'ont même pas la reconnaissance du ventre et s'amusent à mordre la main qui les nourrit !
Or, si les différents états, plutôt que de renflouer ces banques qui de toute façon n'ont aucun intérêt à la bonne santé de l'économie tant que la finance débridée leur permet d'accumuler des sommes rondelettes et virtuelles, avaient soit forcé les banques à prêter aux entreprises à des taux et des conditions acceptables, soit directement prêté à ces entreprises aux taux accordés aux banques, l'économie mondiale ne serait pas dans le marasme actuel.
Depuis 2008, l'immense majorité des fonds versés aux différentes banques n'a servi qu'à éponger une infime partie des créances douteuses. Je vous rappelle tout de même ce qu'est une créance douteuse dans ce cas. Lorsque quelqu'un demande un prêt à une banque, celle-ci commence par étudier un dossier souvent mal monté, car monté par des gens qui ne sont plus aujourd'hui que des commerciaux et non des banquiers, puis après acceptation par la commission dite des engagements (qui n'a de compte à rendre à personne, la hiérarchie bancaire n'étant pas pyramidale mais circulaire) demande à une banque nationale par exemple la banque de France une ligne de crédit de la hauteur de l'engagement. La banque de France ajoute une ligne d'écriture sur le compte de la banque prêteuse, lui prête de l'argent frais à un taux d'intérêt faible et la banque de détail empoche la différence des taux d'intérêt, ce qui correspond à sa prime de risque. Aucun établissement financier ne devrait l'oublier.
Et c'est bien là qu'est le problème. Une banque de détail peut prêter largement plus d'argent que ses fonds propres car elle emprunte à une banque nationale. Mais l'état en l'occurrence ne fait pas marcher la planche à billets pour renflouer sa banque nationale et couvrir ces emprunts : il n'y a aucune création de devise ni création de richesse. Comme l'argent demandé est versé à un tiers, il passe sur un autre compte, détenu par une autre banque de détail et au final par la banque nationale. Ce n'est qu'un jeu d'écriture qui ne coûte quasiment rien à la banque de détail qui ne fait qu'empocher les différences de taux. Je vous laisse calculer la culbute que fait actuellement une banque qui prête à un particulier 500 000 euros sur 20 ans à un taux de 5 % annuel.
Tant que le destinataire final ne cherche pas à toucher effectivement son argent en le retirant de ses comptes, cela ne reste qu'une écriture comptable qui ne sert qu'aux banques. Elles ont donc intérêt à multiplier ces placements, même en prêtant à des personnes insolvables. Et après, on entend des directeurs de banques américaines dire que la crise des subprimes est due au fait que le gouvernement américain a un jour décrété qu'il fallait que chaque américain soit propriétaire de sa résidence principale. On croit rêver ! Personne n'a demandé aux banques américaines de prêter des sommes inconsidérées à des personnes qu'elles savaient insolvables !
Le problème est que ce système ne peut survivre que si tout le monde a une entière confiance dans le système financier. Si une panique survient parce que l'argent réel ne représente qu'une infime partie de toutes les lignes de crédits qui n'étaient adossées à rien et que tous les acteurs veulent récupérer leur argent, il s'ensuit la crise actuelle. Et tant qu'il y aura moins d'argent disponible que le montant des encours bancaires, la situation risque de perdurer.
Et dire que l'on entend encore aujourd'hui des économistes prétendre qu'on s'enrichit en s'endettant. La page de la crise actuelle sera définitivement tournée lorsque tout le monde aura compris qu'on ne s'enrichit pas en s'endettant plus que de raison ou en vivant au dessus de ses moyens. La tournure des événements ne semble malheureusement pas prendre cette voie.
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