Je ne sais pas si vous le savez, mais il existe un produit qui soigne à peu près tous les problèmes de la vie quotidienne. Il s'agit d'un genre de pâte camphrée à côté de laquelle tous les produits courant de type Synthol ou Baume Kamol paraissent inopérants. Ce produit est fabriqué à Singapour et, chose amusante, contrefait sans vergogne par nos amis chinois. Je dis nos amis parce qu'il y en a peut-être qui me lisent… À Paris, on le trouve dans une petite boutique du 6e arrondissement. Je vous enverrai l'adresse contre un carnet de timbres. Il existe en rouge et en blanc, mais seul le blanc est réellement efficace. C'est vendu dans une petite boîte hexagonale qui ressemble à ceci :
Il y a bien des années, j'ai lu le mode d'emploi de ce produit. Il fallait bien, c'est très puissance. Ayant refait mon stock — ce produit dure des années —, je n'ai pas pris la peine de le relire. Mais je ne sais pas pourquoi, hier soir, je suis tombé sur cette nouvelle notice que je cite intégralement :
Fast and effective relief for headaches, stuffy nose, insect bites, itchiness, muscular aches and pains, sprain and flatulence. Apply Tiger Balm gently on the affected area.
Secours rapide et efficace pour les maux de tête, nez bouché, les piqûres d'insectes, les démangeaisons, les douleurs musculaires, les entorses et des flatulences. Appliquer le baume du tigre doucement sur la zone touchée.
Je dois avoir un esprit chagrin. Je veux bien appliquer ce produit efficace sur les endroits touchés. Mais j'aimerais assez savoir sur quel endroit je dois appliquer le produit en cas de flatulence. Remarquez, c'est toujours plus intelligent que la note que j'ai pu voir sur un flacon de shampooing qui signalait aimablement qu'il fallait se rincer la tête après usage.
Avec le courrier d'hier se trouvait un pli de la marie de Paris nous rappelant qu'il nous faut trier nos poubelles. Je ne sais pas si vous avez déjà réfléchi à l'expression « tri sélectif » et j'aimerais assez qu'un énarque m'explique sans rigoler ce que serait un tri non sélectif.
Je pensais jusqu'ici benoîtement que lorsque je triais, quel que soit la chose que je triais, j'opérais une sélection. C'est faux, il y a donc des tris sélectifs et d'autres qui ne le seraient pas.
C'est sans doute pour ces obscures raisons que Luc Chatel a décidé, faisant rigoler la France entière qui avait bien besoin de ça, de mettre la philosophie au programme dès la seconde dans des lycées pilotes. Lorsqu'on voit le niveau général d'un bachelier actuel, on se demande à quoi cela rime. Plutôt que de mettre la philosophie en enseignement obligatoire dès la seconde, il faudrait déjà s'arranger pour que les élèves de seconde sachent lire — c'est-à-dire déchiffrer et comprendre un texte —, écrire et très vaguement calculer à l'aide de leurs doigts, qu'on ne se retrouve pas au niveau bac +5 avec des étudiants dont on pourrait croire qu'ils ont eu leurs diplômes dans un paquet de Bonux.
Et c'est sans compter avec les cours d'enseignement de la philosophie qui n'ont rien de très réjouissant. Je n'ai personnellement rien contre la philosophie, mais faut-il encore qu'elle soit enseignée correctement, qu'elle apporte quelque chose à l'élève. Si la philosophie consiste simplement à recracher sous une forme ou sous une autre des bribes de pensées de philosophes, c'est juste ridicule.
Par ailleurs, j'aimerais aussi savoir où nous allons trouver les professeurs de philosophie supplémentaires. À la louche, il faudra tripler le nombre de professeurs. J'espère que ce n'est pas vu comme une solution fumeuse au problème de l'emploi…
Cela n'a pas pu vous échapper, elle est candidate. Plus exactement, elle est candidate à la candidature en vue d'espérer passer de statut de candidat à celui de président de la république. Il ne manquerait plus que cela pour relever ce beau pays de France.
Ce matin, on a pu l'entendre en pleine forme sur les ondes de France Inter, condescendante comme de coutume envers tous ces contradicteurs, que ceux-ci soient présent (Daniel Cohen) ou lointains (Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn). Je n'ai aucune fibre socialiste. Pourtant, je ne me reconnais absolument pas dans la majorité actuelle. Ma tournure d'esprit serait plutôt celle du gaulliste pur et dur, ni de droite, ni de gauche, mais dans l'axe. Le social a du bon, mais il ne faut pas qu'il se transforme en assistanat.
Or le programme de (Marie) Ségolène Royal est justement celà. Faire du social à outrance en feignant de croire que le social va tirer l'économie. Au parti socialiste, le seul qui a le courage de dire qu'il faut d'abord que l'économie fonctionne pour se permettre de faire du social est François Hollande qui n'a pas beaucoup de chance dans cette course. Sa position n'est pas assez démagogique.
La France entière a pu l'entendre se féliciter elle-même du succès d'Heuliez et de deux ou trois choses qu'elle a pu faire dans sa région. Le succès d'Heuliez… On en reparlera d'ici quelques années. Cela risque fort de terminer comme la Camif pour exactement les mêmes raisons. Elle a aussi annoncé quelques mesures à prendre d'urgence comme le retour de la retraite à 60 ans. Il est difficile de trouver plus démagogique et plus creux que son discours.
Cette personne est dangereuse. Strauss-Kahn se demandant s'il est intelligent de participer à la course — qui l'en blâmerait car il faut être inconscient pour accepter un poste pareil dans la situation actuelle —, Martine Aubry ne voulant pas faire de vague, il est fort probable qu'on se retrouve avec cette femme contre l'actuel président de la république. On ne peut me taxer de sexiste et je trouve dommageable que le parti socialiste ne puisse présenter une femme compétente. Je suis pourtant sûr qu'il en existe. Comme il est impensable de continuer dans le mur en accélérant comme nous le faisons depuis 2007, le vote final risque de se faire non sur des idées, par acceptation ou rejet, mais par défaut sur les hommes. Nous risquons donc de nous retrouver avec une girouette qui ne pense pas ou juste selon ses dogmes éculés, est parfaitement incompétente — j'ai suivi son installation à Poitiers et j'en ai vu les conséquences, conséquences qui ont touché les entreprises du Limousin dont j'étais —, n'a aucune idée et suit le sens du vent pour récolter les honneurs éphémères de la fonction. Et elle est prête à tout, y compris aux bassesses les plus viles, pour arriver à ses fins.
À telle enseigne que je me demande s'il ne faut pas que tous les français de sensibilité droitière mais opposés à la politique actuelle aillent voter aux primaires des socialistes pour lui faire barrage et avoir un candidat compétent en face du candidat de droite qui aujourd'hui ne sera que Nicolas Sarkozy. Je ne vois pas comment l'opposition de droite pourrait accompagner un candidat alternatif au second tour.
Faites un geste citoyen. Pour la fraternitude des gens de gauche, allez voter aux primaires des socialistes !
J'ai depuis quelques jours l'impression d'avoir fait un bon dans l'espace et le temps. La nuit, généralement entre minuit et trois heures du matin, l'électricité est coupée dans mon quartier. Je n'habite pourtant pas dans un sombre village de la campagne française soumis aux aléas climatiques et à la neige, ni dans un coin de brousse, j'habite en plein centre de Paris.
Nous avons droit toutes les nuits à une coupure qui dure entre un quart et une demi heure. Tout le quartier est plongé dans le noir, seules les affiches des abribus qui doivent être sur un circuit différent donnent un peu de lumière. Même l'éclairage public est éteint. Naturellement, aucune explication de la part d'EDF ou d'ERDF.
Toutes les nuits, donc, mes deux serveurs UltraSPARC et leur baie de disques Raid6 sont arrêtés un peu brutalement. Mon PC portable n'apprécie guère mieux. Vous me direz que ce n'est pas sérieux et que je n'ai qu'à avoir un onduleur. J'en ai un, mais il ne suffit pas pour couper proprement ces machines. Je vais donc devoir investir dans un modèle bien plus puissant que je vais laisser sur le tapis à côté de ces machines parce que ERDF est incapable d'assurer une distribution électrique de qualité.
Le problème principal de ces coupures intempestives est le redémarrage du serveur principal. Le bougre peut mettre plus de deux heures à redémarrer s'il doit resynchroniser son volume Raid6, ce qui lui est arrivé la nuit dernière. Indépendamment du fait que le matériel n'aime pas ce genre de chose et qu'il faut croiser les doigts pour que les systèmes redémarrent tout seul, le coût de ces coupures n'est pas négligeable car il occasionne une perte de temps conséquente.
Il est impensable dans un pays soi-disant développé d'avoir de telles interruptions de distribution d'électricité à répétition. Il est aussi pour le moins bizarre que personne, ni les media locaux ni le fournisseur d'électricité, n'informe les abonnés. Pour couronner le tout, le site web de l'EDF renvoie encore à l'heure où j'écris ces lignes :
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La seule information fiable provient du site internet du Parisien qui signale un problème sur un transformateur. Mais il ne s'agit que de la panne du premier soir et non de toutes les autres.
Espérons que tout rentre dans l'ordre rapidement, j'aimerais enfin pouvoir dormir avec mon lit !
J'ai horreur d'abandonner un livre en chemin, même mauvais. Récemment, j'ai pu lire « les Bienveillantes » de Jonathan Littell. Je me disais naïvement que cet ouvrage devait être intéressant puisqu'il a obtenu le 26 octobre 2006 le Grand Prix du roman de l’Académie française, suivi du prix Goncourt le 6 novembre 2006. En décembre 2006, il a même été élu Meilleur livre de l'année 2006 par le magazine Lire, ce qui prouve que n'importe quel livre peut obtenir un prix littéraire.
Je n'ai aucune idée des autres livres en concurrence, mais vu la qualité « des Bienveillantes », ils ne devaient franchement pas être fameux. À moins qu'il ne s'agisse du thème abordé.
Faisons simple. Personnellement, je n'avais aucune idée de la biographie de l'auteur et j'ai directement attaqué ce pavé de neuf cents pages dans l'édition de la collection NRF. Le sujet principal est, à moins que je n'aie strictement rien compris à cet ouvrage, le fait que tout homme peut devenir un monstre et que sa monstruosité peut naître des événements. Jusque-là, pourquoi pas. Mais pourquoi vouloir à tout prix illustrer ce propos par l'histoire d'un allemand au cours de la seconde guerre mondiale ? Au bout des neuf cents pages d'une écriture inégale — j'ai compté une phrase qui faisait deux pages dans mon édition Gallimard NRF, ce qui fait tout de même beaucoup ! — ponctuées de scènes dont on se demande ce qu'elles viennent faire dans le récit, de digressions et d'invraisemblances, je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'une mystification, d'une authentique œuvre d'art ou d'un roman à ranger directement dans les oubliettes de l'histoire et juste bon à caler un meuble bancal.
J'ai quelques connaissances d'Allemand, de sérieuses connaissances même puisqu'à une certaine époque je lisais Kafka dans le texte, et je m'intéresse depuis assez longtemps à l'histoire de l'Europe entre 1919 et 1945. Même avec ce bagage, la lecture est ardue puisqu'il faut sans cesse se référer au lexique fourni en annexe pour les grades des différentes armes — à tel point que même l'auteur se prend par moment lui-même les pieds dans le tapis ce qui n'est que justice — et surtout aux organigrammes du régime nazi et de la machine militaro-politique qui lui n'est pas fourni.
Le narrateur principal, le docteur Maximilien Aue, a vécu toutes les grandes étapes de la seconde guerre mondiale en partant de simple militaire du Sicherheitsdienst dépendant du Schutzstaffel plus prosaïquement appelé SS. Il est assez amusant de constater que ce narrateur a pu grimper tous les niveaux de la hiérarchie jusqu'à avoir accès à Sperr ou au Reichsführer Heinrich Himmler, d'autant que le Sicherheitsdienst a toujours été en conflit plus ou moins ouvert avec l'Abwehr, service de renseignement de l'armée qui voyait le Schutzstaffel en général et le Sicherheitsdienst plutôt d'un mauvais œil. Jonathan Littell a même cru bon d'ajouter une scène dans laquelle le narrateur tordait le nez au chancelier Adolf Hitler dans son bunker alors qu'il recevait la Croix de guerre en or de ses mains à la suite de ses bons et loyaux services. On croit rêver !
Lorsque je dis qu'il a tout vécu, il a vraiment participé à tout. Depuis l'opération Barbarossa jusqu'au Kassel de Stalingrad où il a reçu une balle en pleine tête qui ne lui laissera aucune séquelle, une rééducation sur la Baltique, un envoi dans un Paris occupé puis un retour dans les hautes sphère de Berlin où il s'occupait entre autre de la question juive, il a tout vu, tout entendu, tout fait. Mais Littell ne s'est pas arrêté à ça. Il fallait que son personnage soit le plus abject possible puisqu'il est incestueux, pédéraste ce qui est un sérieux handicap pour monter dans l'échelle sociale du Schutzstaffel, pleutre, matricide (même si ce n'est pas dit clairement), cultivé et parfaitement bilingue français-allemand, puisqu'il avait été élevé par son beau-père en France après la disparition de son père biologique et le remariage de sa mère. En lisant entre les lignes, on comprend même qu'il a eu des jumeaux avec sa sœur jumelle. Sa biographie est donc particulièrement chargée et tout à fait réaliste, vous en conviendrez. Je passe sous silence que né en Alsace puis élevé en France, son ascension au sein du régime est tout à fait inenvisageable.
Il existait certainement des officiers cultivés, mais ce n'est pas dans les Schutzstaffel qu'ils se trouvaient, plutôt dans l'armée régulière. À trop forcer le trait, le récit perd son réalisme. L'auteur montre aussi qu'il n'a aucune connaissance de ce qu'était un Sonderkommando ou un Einsatzkommando. Ces commandos du Schutzstaffel étaient pour la plupart des commandos disciplinaires et gérés comme tels au moins sur le front de l'est au début de l'offensive. Ce n'étaient pas de simples supplétifs aux troupes régulières comme ce que l'on pourrait croire en lisant ce livre. Pourtant, on sent derrière l'écrivain, l'élève besogneux qui accroche plus ou moins visiblement page après page ses fiches de lecture les unes aux autres. Je ne vais pas entrer dans une analyse historique exhaustive tant il y aurait à dire sur les erreurs manifestes de l'auteur. Un certain nombres d'historiens et non des moindres se sont penchés sur le sujet.
Quant aux images, il y en a de belles. À un moment, le narrateur est prix d'une vision dans laquelle il voit Adolf Hitler habillé en rabin… Cette scène est une insulte à toutes les victimes de cette guerre, qu'elles soient juives ou non, et je me demande à la réflexion comment aurait été accueilli ce livre si son auteur n'était pas d'ascendance juive. J'ai comme l'affreuse impression que toute l'élite bien pensante aurait crié au scandale. Et c'est sans compter sur les passages figurant dans le texte en Allemand. La plupart des termes utilisés sont fautifs ou pour le moins tordus, ce qui est confirmé par les critiques de Peter Schöttler, historien allemand directeur de recherche au CNRS et professeur associé à l’Université libre de Berlin.
J'avoue aussi être réellement mal à l'aise parce qu'au bout des neuf cents pages de cet indigeste pavé, j'en suis à me demander si l'auteur n'éprouve pas une fascination maladive, morbide et malsaine pour la perversité sous toutes ses formes. Cette fascination ne provient pas du thème choisi, mais des mots utilisés et de la narration elle-même. Le critique Jürgen Ritte résume d'ailleurs son impression par les termes d’« arrière-goût mauvais, de parfum d’obscénité ».
À la réflexion, je crois que j'ai enfin compris qu'il s'agissait d'un romain exécrable. Ne perdez pas votre temps, ne le lisez pas, il n'en vaut pas la peine.
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