Ce matin, j'ai été réveillé par Gérard Mordillat. J'aime assez Gérard Mordillat tant que celui-ci ne parle pas de politique, or ce matin, il a parlé de politique. Il se qualifie lui-même d''anarcho-syndicaliste et était invité par France-Inter pour parler de son dernier film tiré d'un de ses romans — on n'est jamais mieux servi que par soi-même — des vivants et des morts.
Je veux bien qu'on discute de fermetures d'usines, de délocalisation, des problèmes des salariés licenciés. Mais lorsque j'entends quelqu'un dire que les ouvrières ne savaient plus comment acheter des couches pour leurs enfants, j'aimerais pouvoir lui répondre qu'actuellement, je connais quelques femmes de patrons qui ne savent plus comment faire pour acheter ne serait-ce qu'un bout de viande. Parce que le patron d'une très grande entreprise est certainement salarié, mais le droit français interdit la plupart du temps à un patron de PME d'être salarié. Dans la plupart des cas, il est considéré comme profession libérale — merci Mitterrand —, ne bénéficie ni de la sécurité sociale ni des assurances chômages et est redevable d'une faillite de son entreprise sur ses fonds propres. Tout de suite, ça change considérablement la donne, mais le grand public ne le sait pas, ou lorsqu'il le sait, fait mine de l'ignorer parce que cela n'entre pas dans son cadre de pensée.
J'aimerais bien que Monsieur Mordillat prenne un peu de recul. Il est inadmissible de voir des délocalisations, mais il est encore plus inadmissible de voir des entreprises mourir faute d'investissement. Et le patron tant décrié ne peut pas être tenu responsable de ce défaut d'investissement sachant qu'il ne peut se substituer aux déficiences du secteur bancaire. C'est même pour cela que la plupart des entreprises qui sont rachetées par leurs salariés sous la forme de coopératives se cassent la figure très rapidement. Il est très facile de râler contre les décisions du patronat lorsqu'on est du côté des employés, mais c'est tout de suite une autre paire de manches lorsqu'on doit soi-même porter ces décisions et qu'on est amené à prendre des décisions du même ordre que celles qu'on condamnait quelques jours ou quelques mois auparavant.
Ce que tous ces gens oublient aussi, c'est que le patron de PME, lorsqu'il échoue, termine au mieux ruiné, au pire dans la rue et qu'il ne se trouvera personne pour lui venir en aide. On peut dire ce qu'on veut, mais le salarié en France est protégé. Il est dur de perdre son emploi, mais lorsqu'on est protégé, c'est tout de même un peu plus facile que lorsqu'on n'a absolument aucune protection sociale et qu'aucune assurance ne vous couvre. Même les assurances chômage sur les prêts immobiliers ne fonctionnent que si le chômage est assuré par les Assedics !
Par ailleurs, je ne supporte plus le concept de lutte des classes. En dehors de quelques dérives à combattre, la lutte des classes est un concept désuet à reléguer aux oubliettes de l'histoire. Depuis les années 50, la majorité de la population n'est plus ouvrière mais composée d'employés, ce qui rend de fait caduc tout concept de lutte des classes. Dans tous les pays de l'Europe de l'ouest, les partis politiques anciennement socialistes ont changé de ligne politique en passant du concept de révolution — du grand soir avec le couteau entre les dents à la révolution rampante modèle force tranquille chère au publiciste brûlé aux UV, porteur de Rolex et de gourmette — à celui de la démocratie sociale oubliant logiquement la doctrine marxiste de lutte des classes. La seule exception est la France, ses partis politiques et ses syndicats.
Il est aussi très amusant d'écouter des syndicalistes se demander pourquoi seulement 7 % des salariés français sont syndiqués contre plus de 50 % dans les autres pays européens. Cela doit être lié à la sacro-sainte exception française. Pour ma part, je pense qu'il faudrait plutôt regarder du côté de leur représentativité et de leur ligne politique. Le but d'un syndicat devrait plus être la défense du salarié — et non de l'ouvrier — que d'être un tremplin politique pour ses chefs qui émargent généralement dans les instances de partis politiques et qui utilisent ces syndicats dans un unique but carriériste.
Aujourd'hui, j'ai l'affreuse impression qu'un seul homme politique des trente dernières années a compris ce fait et en a tiré les conséquences qui s'imposent pourtant d'elles-mêmes. Cet homme, c'est l'ancien premier ministre Michel Rocard, socialiste de son état. Il faut l'écouter ou le lire. Sa pensée est complexe mais sa vision de l'économie est pertinente. Dégagé de toute responsabilité ou presque, sa parole est encore plus libre aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a vingt ans. Il doit être l'un des seuls de l'opposition de gauche — je parle d'opposition de gauche parce qu'il y a actuellement une sérieuse opposition de droite, on peut être à droite en étant contre ce que fait actuellement le gouvernement et en étant anti-sarkozyste convaincu et radical — à avoir un discours économique cohérent, construit et dégagé de toute contingence carriériste, sa carrière étant derrière lui. Le seul peut-être à reprendre une partie de son discours étant François Hollande, mais qui, visant la présidence, ne peut se permettre toutes les libertés de Michel Rocard.
Toutes les autres opinions forgées à grands coups de lutte des classes sont vouées à l'échec car révolution marxiste résultant de cette lutte des classes n'est pas pour demain. Voir comme hier des bandes organisées casser les vitrines de la rue Victor Hugo à Lyon (entre Perrache et la place Bellecour) en chantant l'Internationale attrocement faux n'est chose qui va me réconcilier ni avec l'action politique ni avec l'intelligence humaine.
Depuis hier, le président de la République Populaire de Chine, Hu Jintao, est en visite officielle à Paris. Tous les activistes de tous bords s'en émeuvent, signalant pour cela que les droits de l'homme ne sont pas respectés en Chine, que la Chine occupe le Tibet, que le prix Nobel de la paix est toujours en résidence surveillée et j'en passe. C'est parfaitement exact.
J'entends ce soir que la Chine apprécierait que les états européens ne se rendent pas à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix. La dépêche Reuters qui est tombée cette après-midi est la suivante :
Pékin a averti vendredi que tout soutien européen au prix Nobel de la paix Liu Xiaobo serait perçu comme un affront, mais cette mise en garde n'empêchera pas les ambassadeurs de l'Union à Oslo de se rendre à la cérémonie de remise du prix, dit-on de source diplomatique.
Les autorités chinoises se sont indignées de l'attribution, le 8 octobre, de la prestigieuse récompense au dissident chinois qui purge une peine de 11 ans de prison pour subversion, après avoir réclamé la fin du monopole du Parti communiste au pouvoir.
Pékin a qualifié ce prix d'obscénité et l'épouse de Liu comme bon nombre d'opposants ont été placés depuis en résidence surveillée.
Cui Tiankai, chef des négociateurs chinois au G20, a déclaré à la presse que tout responsable gouvernemental européen qui serait présent à la remise du prix, le 10 décembre à Oslo, devrait "en supporter les conséquences".
"Ce prix Nobel de la paix est hautement politique", a déclaré Cui, qui est vice-ministre des Affaires étrangères.
"Le choix qui se présente à certains pays européens et à d'autres est clair et simple: veulent-ils participer à un jeu politique consistant à défier le système judiciaire chinois ou veulent-ils développer une véritable relation amicale avec le gouvernement et le peuple chinois de manière responsable?"
"Quelle image veulent-ils donner au peuple chinois? De mon point de vue, c'est à ce choix qu'ils sont confrontés", a poursuivi le responsable. "S'ils font le mauvais choix, ils en supporteront les conséquences."
Dont acte. Quelles en seraient les conséquences ? Que la Chine augmente le prix de ses exportations ? C'est la meilleure chose qui pourrait nous arriver dans l'immédiat, puisque nous aurions à fabriquer ce que nous ne pourrions plus importer. À long terme, ce sera de toute façon le cas car les chinois ne vont plus travailler longtemps pour un bol de riz par jour. Souvenez-vous des grèves récentes qui ont eu comme conséquence l'augmentation du salaire minimal de 180 %.
Par ailleurs, il ne faut surtout pas perdre de vue que la Chine n'est pas un géant, du moins pas un géant sur le long terme. Aujourd'hui, grâce au yuan maintenu artificiellement bas, au dumping social continuel et à sa démographie, ce pays fait peur. Pourtant, grâce à sa politique de l'enfant unique, la Chine se prépare des lendemains qui déchantent. Comme vous ne me croyez pas, mécréants que vous êtes, en voici la preuve en image :
Cette pyramide des âges devrait faire réfléchir. La démographie de la Chine est son talon d'Achille. Si aujourd'hui, plus de 70 % de sa population est active, les prévisions de l'ONU indiquent au moins jusqu'à 2050 une baisse continuelle de la fraction de la population active, celle-ci passant largement sous les niveaux de celles observées dans tous les pays développés. Le coût de ces inactifs devra être porté par la population active chinoise, ce qui fera mécaniquement monter le coût du travail chinois sauf à faire subir aux personnes âgées ou inactives le sort qui leur est réservé dans Soleil Vert. Vous me direz que c'est peut-être une solution…
Et tant que le régime chinois restera ce qu'il est actuellement, c'est-à-dire une dictature communiste qui a tout compris du capitalisme débridé, on entendra des gens pour hurler au scandale. Nous ne changerons pas ce qui se passe en Chine. Nous ne le changerons pas parce que l'occidental est vu depuis la Chine comme un être décadent, un colonialiste amateur d'opium, quelqu'un qui n'est pas apte à donner des leçons du fait de son comportement. La seule chose à faire est de faire des courbettes plus basses que les dirigeants chinois en attendant que ce géant aux pieds d'argile tombe de lui-même, soit par une révolution interne, soit par sa démographie qui est une immense bombe à retardement.
Il est donc urgent d'attendre.
Je ne sais pas si vous avez remarqué comme moi, mais on ne peut plus circuler sur les trottoirs. En dehors des grands boulevards, les trottoirs sont à Paris impraticables car jonchés de fumeurs affublés d'un gobelet de café. Il faut maintenant s'excuser platement pour circuler sur des trottoirs enfumés. Et ça, c'est en journée. En soirée, c'est pire, puisque les clients des bars et des restaurants sortent fumer sur ces mêmes trottoirs jusqu'à des heures indues en faisant profiter les habitants du quartier de leurs discussions insipides. Dire que la France passe pour le pays de la gastronomie et du savoir-vivre me laisse particulièrement rêveur. Qu'on doive pour apprécier un tournedos Rossini l'adjoindre d'un soupçon de tabac brûlé m'a toujours semblé une faute de goût.
Il faudrait donc pour le bien de tous interdire définitivement l'usage du tabac en dehors des heures de bureaux et surtout des heures dites chrétiennes des jours ouvrables ! Ça permettrait d'une part de circuler normalement sur les trottoirs sans risquer la tache de café ou la brûlure de cigarette et d'autre part de dormir la nuit sans profiter de discussions dont l'intérêt ne m'a jamais paru évident. Sans compter que les heures passées à ne pas fumer seraient passées à travailler. Je ne sais pas si vous avez déjà mesuré le temps moyen d'une pause cigarette dans les bureaux de la Défense. Le temps de prendre son café, descendre du 63 étage, sortir sur le parvis en badgeant, fumer, discuter de choses et d'autres parce que tout de même, c'est l'heure de la pause syndicale, rentrer, rebadger, attendre l'ascenseur et remonter au 63 étage, il y en a pour une bonne demi-heure.
Le fumeur est un parasite. Qu'il soit nocif pour lui-même, ça le regarde. Mais qu'il enfume les autres et les empêche de circuler, de travailler ou de dormir, c'est tout de même autre chose. Heureusement qu'il est condamné à brève échéance. Avec les froidures qui viennent, gageons que ceux-ci soient plus rapidement victimes d'une bonne bronchopneumonie à issue fatale à sortir en bras de chemise que d'un cancer latent du poumon !
Je sais bien que l'habitant de vieille France en général et le parisien de base en particulier sont persuadés devoir prendre des cours d'Allemand et un passeport pour passer la ligne bleue de Vosges mais il faudrait tout de même voir à ne pas trop exagérer. Qu'il le veuille ou non, le Reichsland Elsass-Lothringen a vécu et il faut bien que la France fasse avec ses pays conquis.
C'est dommage, parce que de vous à moi, je trouve ces armoiries plutôt jolies. Elles ont tout de même plus de gueule que les trois ridicules couleurs du drapeau français. Quant au drapeau du Reichsland, je vous laisse seuls juges. Je sens que je vais encore me faire des amis.
Je dis ça parce que je suis fâché. J'ai encore entendu quelqu'un d'a priori cultivé prétendre que telle localité alsacienne était en Allemagne. Cet individu était François Morel et la localité en question était la ville de Schiltigheim — prononcez Chiltikaïm ou Chilig — dans la banlieue de Strasburg, pardon Strasbourg. Je ne sais pas s'il peut imaginer un instant ce que les alsaciens ont pu ressentir. Loin de moi l'idée de parler de nationalisme, mais il ne faut pas oublier que l'histoire de cette province française a été quelque peu tumultueuse et que si certains se sont engagés du côté de l'Allemagne lors du dernier conflit, d'autres se sont battus pour redevenir et rester français. Et il ne faut pas oublier que cette histoire est une histoire récente. On n'est pas en train de parler du rattachement de la Bretagne à la France ni de celle de la Savoie et du Comté de Nice à l'empire de Napoléon III injustement dit « le petit », Napoléon, pas l'empire. N'oubliez jamais en visitant l'Alsace que les personnes qui ont maintenant 75 ans ont toutes été à l'école primaire allemande et ont appris a écrire en Suetterlin.
Ce sujet me touche d'autant plus que ma famille — comme beaucoup d'autres — a été particulièrement éprouvé depuis le début du vingtième siècle, que pas un seul de mes grands parents n'est né ni en France ni français, mais que malgré cela, ils se sont tous battus dans la mesure de leurs moyens pour le rester. Ils n'avaient pas gardé de haine de l'Allemand, mais je ne suis pas vraiment sûr qu'ils auraient apprécié à sa juste valeur le fait de situer Schiltigheim en Allemagne. Et ce sentiment est un sentiment partagé.
De grâce, ne mettez plus Schiltigheim en Allemagne. L'Alsacien est capable d'accepter que vous écorchiez les noms des habitants, des villes et des villages. Il en a l'habitude et a parfaitement conscience qu'il faut être né avec — tiens, un germanisme, ça m'a échappé ! — pour arriver à les prononcer. Il peut même vous pardonner une prononciation approximative, tout au plus vous fera-t-il répéter pour être sûr de bien avoir compris lorsque vous lui demanderez la direction d'Ichtratzheim ou de Souffelweyersheim qu'il abrège en Souffelvircha et ne pas vous envoyer à Bischheim lorsque vous cherchez Biesheim. Il acceptera aussi que vous confondiez les saucisses de Strasbourg avec celles de Francfort. Mais ne mettez jamais une commune alsacienne en territoire allemand parce qu'il risque fort de ne pas vous le pardonner.
De même, évitez de dire que Strasbourg est sur le Rhin. Le Rhin n'a jamais coulé à Strasbourg.
À chaque fois que je donne un cours à l'École Centrale des Arts et Manufactures de Paris plus connue sous le nom de Centrale Paris, on me demande si je désire un videoprojecteur. À chaque fois, je réponds qu'une craie et un tableau noir me seront amplement suffisants. Cette année, j'ai eu la suprise de trouver toute une classe de troisième année qui prenaient mes cours en note sur des ordinateurs portables. C'était assez amusant de les voir se battre pour avoir une prise électrique ou d'essayer de faire des schémas d'antenne avec l'outil de dessin de l'inénarrable Word. Quant aux équations, n'en parlons pas…
Je croyais être l'un des seuls à grincher sur ces outils totalement inadaptés mais qu'il faut maîtriser sous peine d'être has been. C'était une erreur. Dans un livre qui vient de paraître aux éditions La Découverte, Franck Frommer, responsable de la communication d'un grand groupe financier, dénonce la perte de productivité, de créativité et de sens critique des utilisateurs du logiciel de présentation de Microsoft : PowerPoint.
Dans son essai « La pensée PowerPoint. Enquête sur ce logiciel qui rend stupide », Franck Frommer dénonce un logiciel qui oblige à travailler sur la forme au détriment du fond. La nécessité de synthétiser ses idées à outrance par des libellés elliptiques, des formules passe-partout, d'une grande pauvreté sémantique pour respecter le format imposé des bullet points réduirait d'après lui la richesse des échanges lors des réunions.
Et il a raison. Quiconque a déjà essayé de présenter quelque chose de complexe à l'aide de transparents se rend immédiatement compte de la supercherie de ce mode de présentation. Le seul intérêt que j'ai jamais trouvé pour le bon vieux rétroprojecteur, c'est la possibilité d'utiliser des transparents avec des schémas complexes difficiles à faire en temps réel et sans erreur sur un tableau noir. Et encore, Franck Frommer ne parle pas des petits gadgets qui font que PowerPoint est prétendûment meilleur que ses concurrents. Parce qu'il y a des gadgets ! Des animations…
L'animation sous PowerPoint est un concept nébulo-fumeux qui évite à un auditoire ayant une tendance nette à l'assoupissement après la pause déjeuner un coma trop profond. L'auditeur n'est absolument pas captivé par la présentation mais par les animations. Il faut les voir parier sur la direction d'apparition de la prochaine diapositive ou sur les points lumineux en déplacements rapides qui n'apportent strictement rien au discours mais qui sont si jolis…
Mais ce n'est pas tout. La quantité de texte utilisable sur une diapositive PowerPoint est ridicule face à la quantité de texte que l'on peut mettre sur un transparent classique. Cela impose un raisonnement linéaire et simpliste. Selon Franck Frommer, ce raisonnement linéaire imposé par le déroulé des diapositives va à l'encontre du fonctionnement de notre cerveau. Avec PowerPoint, on raisonne comme une liste de commandes (...) sans chaîne signifiante ni pensée continue. De quoi appauvrir les raisonnements lors des réunions, car notre cerveau s'appuie plutôt sur des arbres de liens où les concepts s'enchevêtrent les uns avec les autres. C'est ce désordre apparent qui nous rendrait créatifs. Or, les réunions PowerPoint projettent l'utilisateur dans le rôle d'un spectateur, qui s'installe dans son fauteuil et entre en mode passif, comme il le ferait devant sa télévision.
Et ce n'est pas tout. Combien de personnes perdent un temps infini pour peaufiner une mise en page impossible qui rendrait fou n'importe quel apprenti typographe ? Sans compter le temps perdu à trouver la bonne image pour illustrer correctement la présentation ou reproduire fidèlement le logo de l'entreprise. Plutôt que de se consacrer à leur travail réel, les cadres déjà victimes de réunionite aiguë perdent de plus en plus de temps à préparer leurs supports de présentation. Et on parle d'augmentation de la productivité…
Ce danger n'est pas que théorique. Selon des experts de la NASA, l'utilisation du logiciel de Microsoft serait même responsable de l'accident de la navette Columbia en 2003. À cause de la multilplication des présentations spectaculaires sous PowerPoint, ces experts seraient passés à côté de l'essentiel.
L'armée américaine est du même avis. Son pire ennemi n'est plus le taliban enturbanné et muni d'une ceinture d'explosif mais le vilain petit canard de la suite bureautique Office car cet outil peut créer l'illusion de la compréhension et du contrôle d'une situation. C'est le cas en Afghanistan où la présentation de l'avenir du pays a inspiré cette phrase au le général McChrystal : « Quand nous aurons compris ce slide, nous aurons gagné la guerre ! ». Étonnant, non ?
Au-delà de l'outil, c'est son hégémonie que Frank Frommer dénonce. Il est plus que temps d'arrêter la powerpointisation des esprits puisqu'on est passé en quelques années d'une culture Word déjà mauvaise à une culture PowerPoint qui mise plus sur le visuel et le spectacle que sur une argumentation construite.
Le seul mérite de PowerPoint est de réussir à hypnotiser l'auditoire. À l'heure de la réunionite aiguë, c'est peut-être le seul moyen nous permettant de supporter des réunions interminables.
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