Et l'on reparle de l'ISF, des niches fiscales et du bouclier fiscal. Ce matin encore, j'ai entendu des tas de bêtises de la part de spécialistes auto-proclamés. Dans le cas de l'ISF, la déduction fiscale pour investissement dans les entreprises ne s'applique que pour les assujettis à l'ISF qui prennent des participations, ce qui est tout de même légèrement différent d'un simple investissement qui pourrait se faire sous la forme de traites ou d'avances sur compte courant. Il ne s'agit pas ici d'aider les PME qui ne trouvent plus de financement dans le secteur bancaire, mais de soustraire son argent à l'ISF. Et si au passage cet investissement pouvait faire des petits, ce n'est pas plus mal.
En d'autres termes, l'état favorise aux personnes payant l'ISF la prise du capital, donc du contrôle, des PME française qui n'arrivent plus à se financer autrement. Cette prise de participation doit se faire pour au moins cinq ans et au nominal des parts. L'entrepreneur voit ainsi arriver chez lui des groupements de particuliers qui ont créé des sociétés d'investissement et qui lui prennent un gros bout de capital contre ce qui n'est pas loin d'une misère pour une durée de cinq ans. Que se passe-t-il au bout de cinq ans ? Le groupement d'investisseurs qui n'est là que pour défiscaliser une somme d'argent et non pour suivre une entreprise le récupère et comme il est à nouveau soumis à l'ISF va essayer de vendre ses parts au plus offrant pour régler les impôts de ses membres. L'entrepreneur a alors tout perdu. Bizarrement, ça me rappelle une histoire de plat de lentilles… Et on se demande encore pourquoi des entreprises innovantes sont vendues à des étrangers qui n'attendent que cela. Un tas de nouveaux riches des pays de l'est, d'indiens et de chinois sont actuellement sur les rangs pour s'offrir les futurs fleurons français. Et ces gens-là sont capables de mettre des fortunes sur la table !
Ce qui est amusant pour bien connaître le système, c'est que le groupement d'investissement annonce qu'il va faire un pacte d'actionnaires et qu'il vous vendra préférentiellement ses parts à la fin de celui-ci. Mais il les vendra aussi à leurs valeurs réelles, soit capital plus fonds propres. Que se passera-t-il si l'entrepreneur n'a pas les fonds propres pour les racheter ? Parce que les investisseurs peuvent très rapidement faire la culbute puisqu'ils achètent au nominal — capital plus fonds propres réduits voire nuls car sinon l'entrepreneur ne cherchera pas des sources de financement — et revendent selon le même principe, mais avec des fonds propres beaucoup plus importants. Si ce n'était pas le cas, cela voudrait dire que l'entreprise est moribonde donc le problème ne se poserait pas. L'entrepreneur sera alors le seul dindon de la farce !
C'est en partie en raison de cette fiscalité aberrante et de l'incompétence des banques qu'on se retrouve dans un état économique désespéré. Le but du jeu n'est plus aujourd'hui d'utiliser son argent à des fins utiles, mais de simplement le soustraire à un impôt complètement idiot puisqu'il n'est pas sur le revenu mais sur le patrimoine. Et pour cela, tout est bon, même vendre les bijoux de familles surtout lorsque les bijoux appartiennent à quelqu'un d'autre.
Lorsque d'un côté, on met les sources de financement des entreprises qui sont comme nous l'avons vu pas très saines et d'un autre les charges qui pèsent de plus en plus puisqu'aujourd'hui, il faut compter sur le fait qu'un salarié coûte mensuellement le double de son salaire brut (charges patronales et charges diverses), il est de plus en plus invraisemblable que des gens intelligents se demandent encore pourquoi l'économie française se porte si mal vis à vis de l'économie allemande. On ne va pas pouvoir continuer éternellement à ponctionner à tout va les entreprises en taxant le patrimoine des plus fortunés et en leur offrant des portes de sortie sous la forme de dégrèvements divers et variés qui à moyen terme vont nous exploser à la figure.
L'enjeu du bouclier fiscal n'est pas seulement la limitation de l'ISF, bouclier fiscal qui sert d'ailleurs plus aux petits revenus qu'aux grande fortunes est-il encore besoin de le rappeler, puisqu'il intègre aussi des taxes locales souvent importantes que payent des contribuables pas vraiment aisés. L'enjeu de ce bouclier fiscal est aussi de limiter les effets de ces niches permettant le dégrèvement de l'ISF. En supprimant à la fois ce bouclier fiscal et cet ISF, on pourra peut-être penser enfin au refinancement réel et pérenne de l'économie française. Et la conséquence de la suppression de cette taxation imbécile est aussi la limitation à terme des délocalisations des PME, qui ne se délocaliseraient jamais si elles avaient pu rester françaises, car elle se sont vues rachetées par des groupes étrangers en raison des niches fiscales.
Je viens de prendre un coup de vieux en apprenant que les premières rames de l'Eurostar avaient déjà dix-neuf ans et que leur exploitant songeait à les remplacer. Ces premières rames fabriquées par Alst(h)om seront remplacées par des rames de Siemens. À l'écoute des réactions des uns et des autres, j'ai immédiatement refait mon stock de farine, de sucre, de pâtes et d'huile tant je croyais la prochaine guerre franco-prussienne imminente.
Alstom trouve inadmissible qu'Eurostar ait préféré les rames de Siemens parce que celles-ci ne seraient pas conformes et n'assureraient pas le même niveau de sécurité que leur matériel à eux. Une telle phrase dite avec autant d'aplomb par quelqu'un qui est à la fois juge et partie aurait pourtant dû mettre la puce à l'oreille au journaliste qui l'a recueillie. Rien, aucune remarque. Et ce n'est pas parce que une rame d'Eurostar est fabriquée en France par une entreprise française qu'elle est de meilleure qualité qu'une rame fabriquée par quelqu'un d'autre. D'autre part, le consortium Eurostar est parfaitement qualifié pour choisir la meilleure des solutions ou au moins la moins pire.
Il ne faut pas chercher loin pour se rendre compte que les rames de TGV fabriquées par Alstom souffrent de graves dysfonctionnements que n'ont peut être pas leurs concurrentes d'outre-Rhin. En effet, quiconque a déjà essayé d'utiliser un matériel électrique dans un TGV s'est rendu compte par lui-même que l'alimentation des prises 230 V est souvent coupée, voire que ces prises sont condamnées. La raison en est simple et j'ai eu cette explication de la part de quelqu'un qui a travaillé sur ces rames.
Le constructeur a fait une erreur de conception énorme. La puissance demandée en phase de traction est trop importante pour alimenter à la fois les moteurs et les circuits annexes. La priorité étant à la traction, on déleste alors en priorité les prises 230 V dites de confort — j'espère que la batterie de votre ordinateur portable était bien chargée —, puis les circuits de lumière et de climatisation. Pour corriger cette grossière erreur, il faudrait non seulement changer toute l'électronique de puissance mais aussi recâbler l'intégralité des rames, ce qui coûterait un argent fou.
Au prix où ont été vendues ces rames, de tels dysfonctionnements sont proprement inacceptables. Comment s'étonner après cela qu'Eurostar aille voir la concurrence ?
Je ne sais pas si vous vous souvenez de l'affaire. Il y a quelques temps, Google s'était fait taper sur les doigts lorsqu'il a tenté de numériser le contenu des Archives Nationales et de la Bibliothèque Nationale de France. Tous les intéressés sauf naturellement Google ont crié au scandale. Certes, il est vrai que Google n'avait pas pris la peine de demander gentiment et n'avait pas vraiment l'intention de respecter le principe du droit d'auteur français, mais j'aimerais assez qu'on m'explique quels sont les ayant-droit des vieux manuscrits poussiéreux qu'on peut trouver aux Archives Nationales. Leurs auteurs n'ont à ma connaissance plus mal aux dents depuis fort longtemps.
Aujourd'hui, on apprend que la société Microsoft est chargée de la numérisation du fonds de la BNF et personne ne trouve cela scandaleux. Pourtant, c'est un véritable scandale et dans tout autre domaine d'activité, on trouverait cela parfaitement inadmissible.
Souvenez-vous des écrous pentagonaux de la R8. Ils ont fait long feu parce qu'il fallait aller chez Renault pour faire entretenir sa voiture, les outils spécifiques étant interdits à la vente. Ils ont fait long feu parce qu'il y a eu une levée de boucliers contre le fabricant.
Aujourd'hui, l'état français donne à une société brillant par l'inefficacité de ses systèmes d'information — Windows et MS-SQL en sont des preuves flagrantes puisqu'il faut être au choix névrosé, psychotique ou DSI (remarquez, c'est souvent la même chose) pour les utiliser —, par sa méconnaissance des règles élémentaires de sécurité informatique et par son plus total mépris des utilisateurs de ses produits qu'elle enferme pour son seul profit dans des formats de fichiers non seulement propriétaires mais aussi mauvais. J'aimerais assez avoir l'avis d'un membre de l'HADOPI sur ce point précis. Enfin, au vu des différentes annonces déjà faites par les membres de l'HADOPI et relayées ici, il sera plus facile de trouver un avis autorisé qu'un avis compétent.
Donc, Microsoft va numériser le fonds de la BNF pour notre plus grand plaisir. Non contente se ne s'occuper que de la numérisation des documents, Microsoft va aussi s'occuper du site internet Gallica. Ce site, après quelques problèmes de jeunesse fonctionnait correctement. Il respectait assez les standards pour pouvoir être utilisable avec à peu près n'importe quel système d'exploitation puisque j'arrivais à l'utiliser depuis mon AlphaServer 800/5 et son navigateur CSWB tournant sous OpenVMS 8.3. Avec l'avènement de Microsoft, on ne sera pas à l'abri de plein de petits désagréments, de contrôles ActiveX un peu partout et peut-être de l'impossibilité d'utiliser ce site avec autre chose que l'inénarrable Internet Explorer. Et c'est sans compter avec un site vérolé jusqu'à la moëlle.
Confier la numérisation des données à Microsoft et la gestion des outils informatiques traitant les données revient à donner à cette société toute latitude quant aux formats des données. Rien n'empêchera Microsoft de verrouiller les données ou de favoriser l'utilisation de ses produits. Rien ne lui permettra non plus de sécuriser des serveurs fonctionnant sous un Windows plus troué que la casserole à nouille des shadoks.
On fait vraiment tout pour conforter des monopoles. Et dire qu'on se permet en même temps de râler contre ces abus de position dominantes… Vous avez dit schizophrènes ?
S'il doit rembourser à la Société Générale les pertes occasionnées, il faudra à Jérôme Kerviel qui gagne 2300 euros mensuels quelques 177537 ans. Et encore, c'est compter sans les intérêts d'emprunt et en considérant qu'il consacre toute sa rémunération à ce remboursement. Loin de moi l'idée de prendre position pour cet employé ou son employeur, mais il faudrait tout de même voir à ne pas prendre les clients des banques de ce pays pour des imbéciles.
Pour avoir eu l'occasion de faire des installations de réseaux dans des salles de marchés, j'ai pu voir ce qui s'y passait réellement. Je pense même que si je n'avais pas vu ça de mes yeux, jamais je n'aurais pu y croire. La dernière prestation faite pour un agent de change est certainement celle qui m'a le plus marqué. Imaginez un jeune type d'à peine trente ans à la tête d'une fortune indécente qui achète un immeuble sur cour, dans le XVIIe arrondissement parisien — du bon côté du XVIIe, pas vers Guy Moquet —, et qui décide pour ne pas perdre la main de s'installer à domicile une salle de marché. On s'occupe comme on peut !
Le but du jeu était d'installer entre sa salle de marché personnelle — une cinquantaine d'ordinateurs avec quatre écrans par ordinateur — et son opérateur anglais une liaison sécurisé, redondante et à temps réel. Pas une simple liaison SDSL avec garantie de temps de rétablissement, non, une liaison dédiée pour les agents de change. Il y a même un opérateur de télécommunications, spécialisé dans ce genre de choses, et qui garantit qu'un ordre passé sera traité en moins d'une seconde à l'autre bout du monde.
Et le type en question m'explique son métier. Il m'explique sur quel type de produit il spécule. Personnellement, je suis un parfait néophyte dans tous les domaines d'investissement en bourse parce que cela ne m'intéresse pas. Plus exactement, cela ne m'intéresse pas non pas parce que je ne suis pas curieux, mais parce que j'ai réfléchi longuement au fonctionnement de la bourse et au problème des intermédiaires bancaires permettant à la majorité des petits porteurs de jouer en bourse.
Cet agent de change ne spéculait que sur un seul produit, les assurances-vie. Je ne savais même pas qu'on pouvait spéculer sur les assurances-vie ! Et il avait investi des fortunes dans des logiciels lui permettant de spéculer à un horizon de deux secondes. Ses cinquante ordinateurs surveillaient automatiquement le cours de tous les titres d'assurances-vie dans le monde entier, achetaient et vendaient automatiquement ces titres sur des critères variés. La seule certitude était que ces titres ne restaient sa propriété que durant deux secondes. Il m'expliquait aussi qu'il gagnait sur tous les tableaux, que les titres montent ou baissent, car ses outils étaient assez puissants pour se permettre d'acheter à découvert dans certaines circonstances.
En d'autres termes, cet agent de change gagne pour l'instant des fortunes sans ne rien faire d'autre que de surveiller une salle de serveurs informatiques. La seule compétence est dans les programmes informatiques qu'il a pu acheter et que personne, même pas lui, ne peut contrôler. En admettant même qu'il s'arrête devant un seul serveur, il ne peut pas suivre toutes les informations qui défilent sur les quatre écrans surtout lorsque l'horizon est de deux secondes.
Vous allez me dire que je digresse. Pas tant que ça puisque le tribunal correctionnel a comdamné Jérôme Kerviel à 5 ans de prison dont 3 fermes et 4,9 milliards d'euros. Ce tribunal reconnaît donc la responsabilité de cet agent de change, dédouanant par là même la banque de ses propres responsabilité. Ce tribunal a par un simple trait de plume affirmé que la banque n'était pour rien dans les agissements de son agent de change. En effet, on ne peut pas tenir pour responsable toute une banque des errements d'un employé. On peut pourtant se poser des questions quant à la responsabilité de sa hiérarchie directe qui ne pouvait pas ne pas savoir et qui a certainement fermé les yeux tant que l'agent de change en question leur rapportait des sommes rondelettes. Les outils informatiques utilisés étaient aussi ceux de la banque et s'il avait introduit des données biaisées, il faudrait déjà se poser la question de la sécurité desdits outils. La responsabilité n'est donc pas simple à déterminer et Jérôme Kerviel a parfaitement raison d'interjeter appel.
Pire, à l'énoncé de la condamnation, Jérôme Kerviel semble être le bouc émissaire dédouanant tous les autres agents de change de cette banque qui n'ont certainement pas fait mieux mais ne se sont pas fait prendre. Nous avons donc une banque qui fait porter à l'un de ses anciens employés l'intégralité de ses manquements et qui essaie de se faire une bonne image à peu de frais en déclarant qu'elle avait fait le ménage parmi ses traders et que leurs activités financières vont d'autant mieux que la pomme pourrie n'est plus dans le panier.
Et pendant ce temps, l'économie réelle continue sa plongée. Toutes les liquidités des banques sont placées en bourse, parce qu'il est plus tentant de prêter lorsqu'on a des rendements annuels à deux chiffres, ou chez des particuliers surendettés, parce que lorsqu'ils ne peuvent plus payer on les saisit, et non dans l'économie réelle qui passe par le financement des entreprises.
Mis à part ça, tout va bien. Les responsables sont condamnés, mais sans écrou, ce qui est surprenant pour quelqu'un de condamné à de la prison ferme. On discute allègrement des retraites et on ne parle pas des vrais problèmes qui ne tarderont pas à remonter à la surface. Le problème des retraites ne pourra être réglé que par un système comme celui de la CIPAV (professions libérales) qui est une retraite à points, ce qui évite l'épineux problème de l'âge. Et de toute façon, quelle que soit la réforme, si l'économie continue sa descente, poussée par les activités bancaires, la question de l'âge ne se posera plus.
Je viens de recevoir mon avis d'imposition concernant les impôts locaux — taxe d'habitation et taxe foncière. Cet avis concerne un appartement parisien et un box pour garer une voiture à l'autre bout de l'arrondissement. Il y a quelques mois, notre cher maire de Paris nous a indiqué que ces taxes augmenteraient un petit peu, quelques pourcents parce que, voyez-vous, elles ont moins augmenté à Paris que dans le reste de la France et que leurs taux états vraiment bas. Et alors, ce n'est pas parce que ça augmente partout qu'il faut augmenter les impôts des parisiens histoire de les augmenter ! Tous les parisiens ne sont pas des nantis.
De toute façon, il faut bien payer un jour ou l'autres toutes les opérations inutiles et onéreuses comme le « 104 », Paris-Plage, la réfection de la Place de la République pour la rendre aux piétons, les couloirs de bus et les différents petits travaux qui ont transformé depuis quelque temps notre belle ville en horreur tant pour ceux qui y vivent que pour ceux qui y passent (ou qui essaient d'y passer) : couloirs de bus idiots, tramways d'autant plus bête que RFF effectue actuellement des travaux d'entretien de la petite ceinture…
Bref, ma feuille d'impôt devait augmenter de 9 %. Je le savais. Mais je n'ai pas eu droit qu'à une augmentation de 9 %, tel que vous me lisez, j'ai eu droit à une augmentation de 21 %. Je n'ai pourtant pas l'impression que la surface au sol de mon immeuble a changé depuis l'année dernière. Ni d'ailleurs la surface habitable de mon appartement.
Je n'arrive pourtant pas à croire que le maire de Paris puisse mentir ou ne sache pas faire une division. En regardant de plus près l'avis d'imposition, je peux constater que l'augmentation de la part municipale est bien de 9 %. Mais à Paris, comme la ville est confondue avec le département de la Seine depuis le 1er janvier 1968, il n'y avait plus de taxe départementale. C'est assez logique, tout étant perçu par la ville, pourquoi traiter le cas du département. Le reste de l'augmentation est pourtant cachée dans le département de la Seine puisque une taxe départementale a été silencieusement ajoutée.
L'honneur est sauf. Delanoë sait faire une division. Mais il sait aussi se moquer ouvertement du monde puisque c'est bien sa majorité qui a voté cette nouvelle taxe. Et lorsqu'on regarde l'augmentation de la feuille d'impôt, Paris, qui d'après Delanoë est dans le peloton d'augmentation des taxes locales faibles passe dans le groupe de tête.
Plus c'est gros, plus ça passe !
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