Côté d'Ivoire

30.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit

Je n'ai rien contre la Tunisie, mais force est de constater qu'on nous assomme depuis quelques jours avec la révolution de jasmin qui s'y déroule. On n'entend plus que cela. La Côte d'Ivoire a laissé place à la Tunisie. Il me semble pourtant que l'actualité est un peu plus vaste que la seule Tunisie.

Remarquez, maintenant, on nous parle aussi de l'Égypte et de la révolution de papyrus, cela nous change un peu.

En Côté d'Ivoire, Laurent Gbagbo tient toujours et l'option militaire pour le déloger du palais présidentielle est toujours ouverte. Étranglé financièrement, il se dit capable de tenir jusqu'au mois de mars. Mais pour cela, il a déjà décidé de ne plus honorer le service de la dette extérieure et de réquisitionner huit milliards de francs CFA dans la locaux de la BCEAO qui a aussitôt fermé et jusqu'à nouvel ordre ses locaux en Côte d'Ivoire. Il s'est même lancé dans un programme de nationalisation forcée des compagnies d'eau et d'électricité. Tout est bon pour trouver des ressources rapidement et certains pans de l'économie accusent des chiffres d'affaire en baisse de plus de 80 %.

L'économie du pays n'avait pourtant pas besoin d'un tel choc, d'autant plus que les ivoiriens n'ont pas à payer le prix fort des gabegies de ses dirigeants. Nous n'avons pas non plus vocation à annuler la dette de ce pays après de tels troubles politiques.

La question de l'ingérence étrangère qui revient dans les discours ne se pose donc pas en tant que soutien à un candidat ou à un autre, mais par la seule subvention que donnent nos pays dits riches — mais plus pour longtemps — aux pays africains. Comme nous prêtons souvent à fonds perdus des sommes astronomiques à ces gouvernements, il paraît normal que nous ayons un droit de regard. Dans le cas contraire, nous n'aurions rien à dire et les gouvernements africains seraient dans leur bon droit lorsqu'ils crient à l'ingérence.

Monsieur Gbagbo ne devrait jamais oublier que les financements des pays étrangers au développement de son pays sont majoritairement des avances remboursables ou des prêts, en aucun cas des subventions. En tant que prêteurs, nous avons notre mot à dire sur la façon dont cet argent est utilisé, donc un avis à donner sur les gouvernements bénéficiaires. Ne pas le faire serait de l'inconscience.

 

Post coitum

24.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Je hais les tradis

Je risque fort de me faire un peu plus rare ces temps-ci, ayant une mission à faire me contraignant à deux heures quotidiennes de transport. Mes sujets de grincherie n'ont certes pas disparu, mais j'ai moins de temps pour les exprimer. Je profite de ces deux heures de transport pour lire et je suis tombé sur un petit livre de David Lodge qui vaut le détour. Ça s'intitule « la chute du British Museum » et pour situer le contexte, ce petit livre a été écrit aux alentours du concile Vatican II dans un style fin René Coty, début Charles de Gaulle contenant force pastiches.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser au premier abord, il ne parle pas d'art mais de la journée épique d'un chercheur obnubilé par une potentielle grossesse de sa femme au british museum — la journée, pas sa femme. Ce brave homme, fervent catholique, s'en tient avec sa femme aux prescriptions de sa sainte mère l'église — je dis la sienne parce qu'en ce qui me concerne, j'ai de plus en plus de mal avec certaines de ses positions —, ces prescriptions allant jusqu'à la régulation des naissances par la méthode naturelle plus souvent appelée roulette du Vatican. C'est un peu le contraire de la roulette russe et le résultat peut être tout aussi catastrophique. À 25 ans, ayant déjà trois enfants à son compteur et pas les moyens d'en nourrir un de plus, on comprend aisément son désarroi, et on le comprendra d'autant plus qu'il faut signaler aussi que sa femme était en retard. Bref, tout cela le travaille.

Voici un petit extrait jubilatoire du début du roman :

Le catholicisme était, selon des preuves archéologiques, assez largement répandu sur tout la planète Terre au vingtième siècle. En ce qui concerne l'hémisphère occidental, il semble qu'il ait été caractérisé par un système complexe de tabous sexuels et de rituels. Les rapports entre conjoints étaient restreints à certaines périodes limitées, déterminées d'après le calendrier et la température corporelle de la femme. Les archéologues martiens ont appris à reconnaître le domicile des catholiques grâce à la présence d'un grand nombre de graphiques compliqués, de calendriers, de petits livrets remplis de chiffres, et de quantités de thermomètres cassés, ce qui atteste la grande importance attachée à ce code. Des savants ont soutenu qu'il ne s'agissait là que d'une méthode pour limiter en nombre la progéniture ; mais comme il a été prouvé de manière concluante que les catholiques donnaient naissance à plus d'enfants en moyenne qu'aucune autre partie de la société, cela semble indéfendable. D'autre doctrines des catholiques comprenaient une croyance en un rédempteur divin et en une vie après la mort.

Notez bien que ce roman a été écrit avant la naissance des traditionalistes. Les catholiques ont un peu évolué depuis ce temps-là. Un peu. Quant aux traditionalistes…

 

Ceci est une révolution

18.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Haines ordinaires

Entendus entre autres ce matin pour parler des événements de Tunisie Gisèle Halimi — dont je me demande encore pourquoi je l'indique en premier — et Serge Moati. Je ne parlerai pas ici de l'engagement politique de Gisèle Halimi même si je pense qu'elle se trompe aujourd'hui de combat. On ne peut d'une part limiter le féminisme à sa propre expérience et d'autre part considérer que le féminisme des années 1950 est le même que celui des années 2010. Si en 1950, sa position était légitime, aujourd'hui, elle ne l'est plus, principalement parce que le monde a considérablement évolué. Aujourd'hui, le féminisme n'est plus d'imposer une équité entre les hommes et les femmes, mais de trouver à chaque niveau de hiérarchie autant d'incompétents que d'incompétentes. En ce sens, vous me direz que le gouvernement français montre l'exemple.

Ce matin, elle a tout de même réussi à démontrer que ce sont les femmes tunisiennes qui ont évité l'écueil de l'islamisme en Tunisie. Cela revient à dire que les femmes des autres pays arabes ont perdu leur combat. Merci pour elles. Pour une chantre du féminisme, c'est assez amusant.

Non, Madame Halimi. Ce qui a fait que la Tunisie n'a pas — encore — eu de problème islamiste est dû à la politique de Habib Bourguiba. On aime ou on n'aime pas le personnage, c'est un tout autre débat, mais il faut constater que les priorités de son action politique furent le développement de l'éducation, la défense de l'égalité entre les hommes et les femmes, le développement économique et une politique étrangère équilibrée. Il était une exception parmi l'ensemble des dirigeants arabes et c'est cette exception et rien d'autre qui fait qu'il n'y a pas eu de problème islamiste dans ce pays. La politique de Bourguiba, à savoir l'éducation et l'économie, a fait que les fondements du développement de l'islamisme ont été sapés. Les femmes n'y sont pour strictement rien.

Personnellement, j'ai une sainte horreur des gens qui réécrivent l'histoire quitte à en faire un palimpseste patent pour la faire entrer dans leur moule, voire leur conception étriquée. Je n'ai rien contre le féminisme sauf lorsqu'il est bas de plafond et à poil dur, mais il faudrait tout de même éviter de mettre au crédit du féminisme des faits qui lui sont totalement étrangers.

 

Même à Paris

17.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers

Heureux propriétaire d'une ruine aux environs de Pompadour, en Corrèze, pas dans le 91, je suis assez attentif à la fermeture des bureaux de poste et des différentes lignes de transport en commun qu'elles soient ferrées ou routières. Jusqu'à ce matin, je croyais naïvement que seules les campagnes profondes étaient touchées. Je pensais même qu'il y avait autant de différence de traitement postal entre les grandes villes et la campagne qu'entre les paroisses parisiennes et les clochers ruraux.

Erreur.

Le bureau de poste présent sur l'avenue de Champs Élysées a définitivement fermé ses portes le 13 janvier 2011. La raison n'est pas sa désaffection puisqu'il accueillait en moyenne chaque jour près de cinq cents personnes, essentiellement des touristes. Il se trouvait au 71 avenue des Champs Élysées et était l'unique bureau de poste de l'avenue. Non, la raison en est l'augmentation des loyers. À la fin du bail, le propriétaire a simplement décidé de multiplier par cinq le prix du loyer, portant ce dernier à quelques cent mille euros mensuels. La poste n'a pu faire face. Ce qui connaissent ce bureau de poste se demanderont ce qui coûte aussi cher dans le loyer d'un tel local, même sur la plus belle avenue du monde. La plus belle avenue du monde. Encore un poncif éculé ! Cette avenue sera peut-être la plus belle avenue du monde une fois qu'on y aura retiré les papiers gras jonchant le sol, les gommes à mâcher maculant le trottoir et les diverses hétaïres professionnelles ou occasionnelles la ponctuant de leurs talons aiguilles et surtout les touristes japonais et les parisiens.

Cette fermeture pose deux problèmes de fond. Je laisse sciemment la fermeture d'un bureau de poste de côté car cela me semble assez accessoire au regard des deux autres problèmes. Comment le législateur peut-il laisser un propriétaire faire n'importe quoi avec un loyer lors de la reconduction d'un bail au même locataire ? Pourquoi la poste n'est-elle pas propriétaire de ses locaux ? Il est vrai que les locaux entraient dans le calcul de la taxe professionnelle, mais l'un dans l'autre, au vu de tels loyers, ne pas être propriétaire me semble absurde.

Bienvenue dans un monde moderne.

 

Tribunaux de commerce

15.01.11 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

Je ne sais pas si vous avez écouté ce matin l'émission économique de France Inter. Était interrogé un juge du tribunal de commerce de Paris, très fier de sa position et du rôle qu'il jouait. J'ai bondi lorsqu'il a parlé d'un dirigeant d'entreprise, visiblement une entreprise de fourniture de laboratoires photographiques, qui avait été mise en redressement et non en liquidation parce qu'il avait fait des efforts en vendant ses biens propres pour éponger une partie des dettes de son entreprise. Le juge en question a cru bon d'ajouter que les salariés de l'entreprise avaient aussi fait des efforts considérables.

J'aurais bien aimé connaître les efforts consentis par les salariés. Non pas qu'ils n'en aient pas fait, mais je ne suis pas sûr qu'ils en soient arrivés à vendre des biens pour éponger les dettes. Par ailleurs, il existe en France un principe de séparation entre les biens des dirigeants et ceux des entreprises qui semble de plus en plus bafoué, tout le monde trouvant normal qu'un chef d'entreprise en difficulté vende ses biens pour payer des salaires, voire pour payer les licenciements économiques.

Vous devez savoir aussi qu'un juge du tribunal de commerce est, pour simplifier, élu par les justiciables sous sa compétences, principalement les chefs d'entreprise. Pour être juge, il faut avoir le temps, donc avoir une affaire qui tourne toute seule. Ces personnes ne sont absolument pas représentatives de l'entreprise moyenne et n'ont pour la plupart d'entre eux aucune idée de ce qui se passe réellement dans une PME à l'heure actuelle. Pourtant, ils se permettent de prendre des décisions qui engagent l'avenir de ces entreprises. Et comme la plupart du temps, un demandeur est contraint d'élire domiciliation dans la juridiction du défendeur, que le juge est un notable du lieu connaissant peu ou prou le défendeur, il peut se passer des choses amusantes. J'en ai fait l'amère expérience. Je ne dirais ni où ni quand, mais j'ai été condamné à titre exécutoire et en dernier ressort, en tant que demandeur, lors d'une audience à laquelle je n'ai jamais été convoqué et sur la foi de faux en écriture du tribunal que j'ai pu prouver. Mais d'après la cour de cassation, un tribunal ne peut rédiger ni user de faux en écriture. Circulez, il n'y a rien à voir ! J'ai aussi pu assister à des audiences mémorables en province où des entreprises rentables, à cause d'un impayé et parce que la cour connaissait bien un repreneur potentiel ou un concurrent se sont retrouvées dans des positions très inconfortables. Pour un arrêté intelligent, combien y a-t-il de rendus biaisés ? Tous les tribunaux ne commerce ne sont pas celui de Paris. Dans les petites juridictions, tout le monde se connaît.

Il y aurait des sommes à écrire sur l'efficacité toute relative des tribunaux de commerce. La justice française est déjà dans un état lamentable — la plupart du temps en raison de l'attitude des juges qui provoquent l'engorgement des tribunaux et non d'un manque d'effectif, mais il est tellement plus simple de hurler au manque d'effectif que de regarder ses propres manquements —, mais en dehors des tribunaux des prud'hommes, il n'y a rien au fonctionnement plus biaisé que les tribunaux de commerce.

 

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