Grandeur et surtout décadence d'une ancienne puissance économique

28.11.22 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur

La nouvelle est quasiment passée inaperçue, je ne l'ai trouvé que dans un périodique spécialisé, et encore, dans un tribune libre. Pourtant, si elle n'est pas incroyable, elle est particulièrement dramatique. Le FMI vient de lancer un avertissement non pas à l'Italie ou à la Grèce, mais à la France pour le dérapage continuel et incontrôlé de ses comptes publics.

Pourquoi ?

Parce qu'après plus de quarante ans de dérapages continuels — le dernier exercice à l'équilibre était celui de 1974 —, nous avons pu bénéficier du « quoi qu'il en coûte » de notre phare de l'économie actuel et du bouclier tarifaire de 2022 qui ont fait exploser la dette publique française de près de 550 milliards d'euros. Ces deux mesures, ineptes, n'ont fait que repousser la résolution d'un problème à plus tard et faire porter l'absence de résolution sur les générations futures qui n'en demandaient pas tant. Elles paieront. Et elles paieront pour des mesures qui ont été inutiles. Il vaut mieux subir l'inflation et la payer immédiatement en restructurant son économie que de faire comme si de rien n'était en refusant de changer ses petites habitudes (coucou, la CGT, coucou, les veaux qui iront manifester contre la réforme des retraites) et en faisant porter sur d'autres son niveau de vie intenable pour un pays totalement désindustrialisé.

Pourquoi dis-je que ces deux mesures sont ineptes ? Pour la simple raison que la France est en train de replonger en récession et doit, malgré toutes ses mesures prises à crédit, faire face à une inflation de plus en plus forte. Et ce n'est pas fini.

Pourtant, loin de calmer sa fuite en avant, la puissance publique française a décidé de continuer sa gabegie de dépenses et de dette. Le FMI, analysant la situation, pose des prévisions très claires. La France, une fois de plus, sera le cancre de l'Union Européenne. Et elle le sera jusqu'en 2027 au moins. Et selon le FMI, le déficit public ne pourra être plus faible que 5,4 % en 2023.

https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-fmi-pourrait-bientot-passer-la-france-a-la-loupe-le-deficit-public-est-a-la-derive-1452993

Accrochez-vous, ça va tanguer.

 

Violences conjugales

25.11.22 | par Le Grincheux | Catégories: Monde de merde

En ce 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, je vais jeter un pavé dans le marigot boueux de la bonne conscience de ce siècle qui sombre. Je ne voulais pas le faire jusqu'au moment où j'ai entendu d'une oreille distraite dans le poste que les médecins généralistes vont être incités à poser une question aux femmes lors de chaque examen, histoire de savoir si elles ne seraient pas par le plus grand des hasards battues même si elles n'en présentent aucun signe. Je suppose que derrière tout ceci doit prendre place une lourde machine administrative permettant de remonter des statistiques voire des signalements. Si cela fonctionne aussi bien que les signalements pour enfants battus, elles seront sauvées.

À la réflexion, je ne suis pas bien sûr que ce soit du ressort d'un médecin de famille, ne serait-ce que parce qu'il n'est pas forcément impartial et qu'un signalement peut avoir des conséquences désastreuses s'il s'agit d'une vengeance pour une raison ou pour une autre.

Mais il y a bien plus grave. Parmi les victimes de violences conjugales qui meurent tous les ans en France, les cinq sixièmes sont des femmes. Je n'en disconviens pas, ce sont les statistiques officielles.

Mais parmi les victimes de violences conjugales n'ayant pas entraîné la mort, elles ne sont plus que deux tiers. Pourquoi ? Parce que statistiquement, il y a des différences de forces entre un homme et une femme.

Certes, je vous entends déjà, deux tiers, c'est toujours une majorité. Mais cela signifie qu'un tiers des victimes de violences conjugales sont des hommes. Est-ce qu'on va pour autant imposer aux médecins de poser la question à tous les hommes entrant dans leurs cabinets ? D'autant que si pour une femme, avouer être battue n'est pas simple, c'est encore bien plus difficile pour un homme de se l'avouer puis de le dire à un tiers, le regard de la société n'étant pas tendre.

Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que ce n'est pas à l'ordre du jour. Il vaut mieux parler à longueur de colonnes de l'affreux néologisme de « féminicide » — que j'utiliserai lorsqu'on remplacera homicide par viricide, soyons cohérent — parce qu'on est incapable d'utiliser le mot uxoricide qui existe déjà dans la langue française et que je vous donne pour les amateurs de Scrabble et autres mots croisés.

L'utilisation de ce mot rend, le fait de demander systématiquement aux femmes si elles sont battues, va rendre encore bien plus invisibles tous ceux qui subissent des violences conjugales et qui n'ont pas la chance d'être des femmes.

 

Contrôles fiscaux

23.11.22 | par Le Grincheux | Catégories: Monde de merde

Cela ne vous a pas échappé, un inspecteur du fisc — ou peut-être un contrôleur, je n'ai pas réussi à savoir quel était exactement son grade — a été occis par un brocanteur qu'il venait contrôler. Je ne prétends pas que le brocanteur était un saint et n'avait rien à se reprocher, ni que l'agent du fisc était un fieffé salopiaud. Je ne prétends pas non plus que ce double drame était justifié d'une manière ou d'une autre.

En revanche, en tant qu'heureux contribuable, j'ai déjà eu à subir plusieurs contrôles fiscaux, comme j'ai aussi subi plusieurs contrôles sociaux et de l'inspection du travail ces vingt dernières années. Je vais vous en narrer certains. Parce que vous verrez, cela en vaut la peine.

Ma première expérience fut un contrôle de l'inspection du travail dans une entreprise d'une quinzaine de personnes. Sur ces quinze personnes, il y avait une femme. Une seule. Que voulez-vous, certaines professions n'en déplaise à Sandrine Rousseau, ne les attirent pas. À cette époque, l'entreprise avait comme locaux une ancienne caserne de pompiers vandalisée par des gitans et que je remettais en état les jours fériés. J'avais refait les sanitaires, les locaux du premier étage, installé des bureaux spacieux, remis le chauffage et j'avais fait intervenir une entreprise de peinture pour repeindre les sanitaires les plus proches des bureaux occupés. Un peintre est arrivé, a fait sauter les logotypes sur les portes des toilettes (homme/femme) et a commencé à pendre les portes qui en avaient bien besoin. Sur ce, un inspecteur du travail débarque. Il fait le tour de tous les locaux, note les produits chimiques utilisés, les différents outils, mesure la surface de chaque poste de travail (pour la petite histoire, avec 500 m² pour 15 employés, il était manifeste que ces surfaces étaient largement respectées). Il y passe une journée entière et termine… devant les portes des toilettes où il me convoque et m'indique qu'il me mettra à l'amende (salée) parce que les portes ne sont pas aux normes imposées puisqu'il manque les logotypes. Forcément, la peinture était à peine sèche et le peintre allait les reposer le lendemain. D'après lui, le peintre aurait dû repeindre les portes sans enlever les logos. Il me présente son procès-verbal avec la notification d'une amende de 10 000 €. Je réponds à ce brave homme que s'il voulait jouer aux imbéciles avec moi, nous serions deux et que si j'ai appris une seule chose à l'armée, c'est à jouer au jeu du plus con et que j'avais beaucoup d'endurance. Pour un tel motif, je suis prêt à aller devant les tribunaux. Après une grosse heure de discussion que je qualifierai de franche, virile et par moment houleuse, discussion tenue devant témoins, l'importun déchire son papier et nous en restons là.

Quelques mois plus tard, j'ai reçu la visite d'un contrôleur du fisc et de sa stagiaire. Pourquoi ? Parce que l'entreprise en question travaillait sur des contrats avec des gouvernements étrangers. Il pouvait se passer plusieurs mois sans qu'elle n'émette la moindre facture. Or elle continuait à travailler et déclarait de la TVA remboursable. Ça ne plaisait pas à la direction locale des impôts qui suspectait une fraude imaginaire. Donc déboulent dans mon bureau après une invitation à les recevoir reçue en courrier recommandé la veille un contrôleur et sa stagiaire à lunettes. La première chose qu'ils demandent n'est pas la comptabilité de l'entreprise mais l'emplacement de la machine à café et ils sont partis tous les deux se faire un café sur le dos de l'entreprise et discuter deux heures pour savoir comment ils allaient nous prendre. Je ne sais pas s'il s'agissait d'attaque psychologique destinée à nous faire peur ou de manque de savoir-vivre mais j'ai trouvé cela totalement déplacé. Concernant l'attaque psychologique, comme je ne dissimulais rien, j'étais serein. Il n'empêche que ces deux agents ont squatté mon bureau durant deux mois et demi, m'ont laissé une facture de café astronomique avant de produire un papier par lequel ils m'annonçaient devoir me redresser de 0 €. Passons donc maintenant à autre chose.

Dans un autre local de l'entreprise, située dans un bâtiment bourgeois, j'ai eu la visite de sbires de l'URSSAF qui m'ont intimé l'ordre de construire des toilettes supplémentaires puisqu'il en fallait pour les hommes et pour les femmes. Certes, mais nous sommes dans un appartement d'une copropriété et je ne vois pas comment faire. Il y a deux employés dans ce bureau, je pense qu'une toilette devrait être suffisante d'autant que ce genre de situation est commune dans plein d'endroits à commencer par les cabinets médicaux de ville. De toute façon, ce genre de chose n'est pas du ressort de l'URSSAF. Circulez, il n'y a rien à voir.

Et nous arrivons à un autre contrôle fiscal. En 2009, j'avais un crédit auprès de l'administration fiscale de 160 000 €. La banque de l'écureuil starbé m'ayant fait perdre par son incompétence le bénéfice de plusieurs millions d'euros de contrats signés et la loi permettant maintenant de demander le remboursement direct des crédits de certains impôts, j'en avertis donc le fisc qui réplique en quelques jours par un avis de contrôle fiscal. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu'en cas de contrôle fiscal, depuis son avis et sur toute sa durée, le contrôlé continue à payer ses impôts, taxes et autres contributions, mais les crédits d'impôts sont tous gelés. Je vois donc arriver un inspecteur du fisc qui me fait immédiatement un topo de ce qu'il va se passer dans les mois qui suivent. Nous étions fin mai et il m'annonce tranquillement qu'un contrôle fiscal peut durer trois mois à partir de la date de début du contrôle, celle-ci étant prévue pour le 15 juin, mais que ces trois mois pouvaient être entrecoupés d'éventuels congés du contrôleur et qu'il avait des congés à rattraper. Il serait donc absent du 15 juillet au 1er septembre. À la fin du contrôle, les crédits dus pas l'administration fiscale ne pourront être dégelés qu'après signature du procès-verbal et apurement des éventuelles dettes fiscales. Le procès-verbal devant être signé par les chefs, il faut en général quinze jours entre la fin du contrôle sur site et la production du document en question.

Je calcule donc de tête. Un mois entre le 15 juin et le 15 juillet, deux mois entre le 1er septembre et le 1er novembre, quinze jours pour produire le procès-verbal et, sérieusement, encore quinze jours pour mettre de l'ordre dans tout cela et obtenir les sommes gelées par le fisc, ce qui nous amène au 1er décembre si tout va bien. Oui, si tout va bien parce que le gentil inspecteur pourrait aussi être en arrêt de travail, ce qui rallongerait d'autant le délais. Je fais contre mauvaise fortune bon cœur et je commence à me demander comment je pourrai assurer les salaires des employés vues les conneries de la banque.

Le 15 juin, le contrôle commence. L'inspecteur débarque à l'heure dite, étudie sur place la comptabilité, en emporte une partie et je ne le vois plus jusqu'à la fin du mois d'octobre où il me rapporte les documents. Vers le 15 novembre, il revient avec son procès verbal par lequel il m'indique me redresser de plusieurs milliers d'euros. Là, je tique un peu, la comptabilité de l'entreprise étant au cordeau. Il paraîtrait que j'ai fraudé sur la TVA sur des sommes considérables.

Je reste calme, je lui demande de m'expliquer. Et des explications, j'en ai eu. Dans un premier temps, le brave inspecteur m'explique que ce n'est pas de son fait, mais de ses supérieurs hiérarchiques et qu'il n'avait pour sa part rien à redire à ma comptabilité. Effectivement, je vois dans les documents qu'il avait noté l'erreur mais qu'il passait outre puisque les sommes avaient été réglées en avance et que l'erreur n'était qu'un problème d'écriture, pas un problème de fraude fiscale.

Il m'explique donc. C'est très simple. Je payais la TVA au trimestre, par acomptes et régularisation en fin d'année. En d'autres termes, je payais la TVA de janvier, février, mars et avril de l'année n le 15 mai. Celle de mai, juin et juillet de l'année n le 15 août. Celle de août, septembre et octobre de l'année n le 15 novembre. Celle de novembre et décembre de l'année n le 15 janvier. Mais il s'agissait d'acomptes et la régularisation de l'année n était due le 2 mai de l'année n+1. Je ne sais pas si vous me suivez.

J'avais fait l'erreur de payer sur la régularisation de l'année n-1 (c'est-à-dire le 2 mai), le premier acompte de l'année n correspondant aux quatre premiers mois de l'année n. En d'autres termes, si javais payé quinze jours en avance la TVA de l'année n, comptablement parlant, celle-ci figurait sur l'exercice n-1. J'avais donc trop payé sur un exercice et rien sur le suivant. J'étais donc bon pour les pénalités de retards sur la différence, le principal étant déjà dans les caisses de l'état.

Autant vous dire que je me suis fâché. Effectivement, j'avais fait une erreur. Mais en tant que chef d'entreprise, je suis l'homme à tout faire. Mon boulot revient à préparer la comptabilité (pour l'expert-comptable), percevoir des impôts, des taxes, des cotisations gratuitement pour le compte de l'état, me faire des cheveux blancs pour régler les salaires, les fournisseurs, déboucher les toilettes et, s'il me reste du temps, essayer de faire avancer une entreprise. J'ai donc admis l'erreur mais en rajoutant que si j'étais effectivement redressé de la somme en question, alors que les sommes réellement dues avaient été payées en avance et qu'après presque six mois de contrôle le fisc n'avait trouvé que cela dans ma comptabilité, j'irai le plaider parce que c'était réellement me prendre pour un idiot. Il y eut des échanges de courriers pas aimables avec les responsables de cette charmante administration jusqu'à ce qu'elle lâche l'affaire et me restitue mon crédit. Je pense même que l'attitude du fisc n'était guidée que par le fait que celui-ci ne voulait pas me rembourser trop vite — ou me rembourser tout court — mon crédit.

Tout cela pour dire que même lorsque vous n'avez rien à vous reprocher, vous pouvez tomber sur des inspecteurs, des contrôleurs ou des petits chefs qui vont vous pourrir la vie pour des broutilles et que lorsque ces gens débarquent chez vous, vous avez intérêt à rester calmes. Certains sont aimables, d'autres sont les pires des ordures et vous en avez pour trois à six mois. Et même lorsque cela se passe bien, vous n'êtes jamais à l'abri d'un responsable qui passe derrière pour redresser et espérer avoir de l'avancement aux résultats. Même en étant le plus honnête et le plus carré possible, vous pouvez assez rapidement tomber chez Kafka.

Je suis capable de rester calme, je n'agresserai jamais quiconque. Dans l'affaire en exergue, je ne sais pas où sont les fautes, mais tant qu'il restera parmi ces contrôleurs et autres inspecteurs des gens aux attitudes interlopes, tant qu'il restera des petits chefs carriéristes, il y aura ce genre de drames.

 

Une puanteur de bordel à marée basse

22.11.22 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Monde de merde

Vous le savez, ou vous ne le savez pas, je suis président d'une association dont le but est la défense de ses adhérents devant les tribunaux. Je défends entre autre des habitants d'un hameau — et sans doute bientôt d'un village distant d'une vingtaine de kilomètres ayant maille à partir avec le même individu — contre les agissements d'un industriel pseudo agriculteur qui ravage l'environnement. Entendons-nous bien, il n'est pas question ici de poulailler mal placé mais d'usines construites sans permis de construire (ou avec des permis obtenus frauduleusement), de pollution aérienne, de pollution des eaux, d'irrespect complet du code de l'urbanisme et de l'environnement, d'installations chimiques inconnues et sans aucune déclaration, de trafics en tous genres et de violation d'à-peu-près tous les autres textes légaux ayant cours en France.

L'association a gagné devant le tribunal administratif en première instance. Ce faisant, l'individu en question a déposé un autre permis de construire qu'il n'a de toute façon pas respecté et comportant encore des faux grossiers. En particulier, les plans fournis montraient une photographie de l'existant avec un plan, sur la même page au format A0, ne correspondant pas à la photographie. Et c'est passé sans aucun problème au travers de tous les services instructeurs de la préfecture locale. On est donc en droit de se demander à quoi ils servent et s'ils savent lire des plans.

Comme le sieur en question a été débouté en première instance, ce monsieur n'était pas content et a interjeté appel. Très bien. Dans son mémoire, toujours les mêmes énormités. Et là, on se retrouve dans une situation délirante, à savoir que notre avocat, grassement payé et payé jusqu'au bout de ses ruineuses factures, n'a pas envoyé de mémoire en réponse à la cour administrative d'appel. Il paraît qu'il ne savait pas non plus quand aurait lieu l'audience pour laquelle, naturellement, il ne s'est déplacé. L'intimant s'est donc retrouvé tout seul à la barre du tribunal, ni la mairie ni l'association n'ayant produit de mémoire en réponse et n'étant représentées.

Il arriva donc ce qu'il devait arriver, nous avons succombé avec une belle condamnation de dommages et intérêts pour la forme et pour avoir dérangé les augustes magistrats de cette cour d'appel qui, notez-le bien, se permettent aussi de juger la conformité de permis de construire alors qu'ils sont incapables de lire des plans.

Ayant reçu la signification du jugement, j'ai immédiatement récupéré toutes les pièces du dossier auprès de notre avocat, j'en ai aussi averti le bâtonnier. Parmi ces pièces, je trouve un mémoire de la partie adverse délirant. Délirant, le mot est faible. Ce mémoire contenait :

  • des photographies du site complètement bidonnées pour faire accroire que son usine était au milieu de nulle part alors qu'elle est dans un hameau ;
  • des constats d'huissiers de complaisance (et invalidés par une expertise technique) ;
  • des déclarations mensongères (du type toutes les maisons environnantes sont au propriétaire de l'usine en question alors qu'il n'en est rien. D'ailleurs, il faudrait savoir, cette usine est-elle isolée au milieu de nulle par ou environnée de maisons ?) ;
  • que toutes les parcelles où les bâtiments ont été construits sans autorisation sont la propriété de l'industriel (écrit d'un notaire véreux à l'appui puisque que la consignation des hypothèques et le cadastre qui fait foi indiquent le contraire) ;
  • qu'il n'y a pas de développement de l'activité (alors que la même personne pérore à qui veut bien l'entendre y compris aux médias que sa croissance annuelle est à deux chiffres depuis au moins 2008),

et j'en passe. Autant dire que la lecture attentive de ces documents m'a réellement mis hors de moi.

Sachant que chaque procédure devant un tribunal administratif revient entre 15 et 20k€ HT, qu'à chaque fois que l'association gagne ce monsieur dépose une autre demande qu'il faut à nouveau contester, que j'ai appris que toutes les affaires contre ce monsieur terminaient en rase campagne faute de combattants (il finit toujours par se retrouver seul à la barre, les avocats des parties adverses ne se présentant pas !), j'ai décidé d'attaquer par la bande au travers de la juridiction pénale pour escroquerie au jugement. Parce qu'on est très exactement là-dedans, ce monsieur obtient la faveur de jugements grâce à des documents qu'il sait soit être des faux patents, soit présenter une certaine altération de la réalité des choses.

J'ai donc passé dix-huit mois à écrire une plainte de six cents pages en ce sens. Six cents !

Cette plainte se compose d'un texte d'une cinquantaine de pages commençant par « en tant que président de l'association unetelle, je désire porter plainte contre Monsieur X pour escroquerie au jugement, possiblement en bande organisée, faux et usages de faux, mise en danger de la vie d'autrui, entraves à la circulation, infraction à la législation sur les sociétés, et tous les autres chefs d'accusation que vous pourriez rajouter. » Clair, précis, il suffit de savoir lire.

Dans cette plainte, je prends l'arrêt de la cour administrative d'appel, ses motivations ainsi que les écritures et pièces de la partie adverse et je démonte point par point toutes les pièces mensongères, toutes les affirmations fausses qui s'y trouvent, preuves à l'appui. Ces preuves constituent les cinq cent cinquante autres pages.

Le procureur a travaillé, demandé des enquêtes à la gendarmerie du coin. Il ne m'a jamais entendu, mais m'a fait recevoir hier par une association d'aide aux victimes qui m'annonce que le procureur s'apprête à classer l'affaire parce que les problèmes de voisinage ne sont pas du ressort de la juridiction pénale.

Mais ça, je le sais parfaitement, je ne suis pas tout à fait néophyte dans ce domaine. Ma petite dame, je n'ai pas porté plainte contre ce monsieur pour des problèmes de voisinage qui sont effectivement du ressort de la juridiction civile, mais pour une escroquerie au jugement. Bordel de merde (pardon), c'est écrit en toutes lettres en haut de la première page de mon document. J'annonce donc par écrit que si cette affaire est classée alors que le procureur a enquêté et fait enquêter une brigade de gendarmerie durant un an sur des faits qui n'étaient pas dans ma plainte, je serai au regret de passer outre en saisissant toutes affaires cessantes le doyen des juges d'instructions.

Je suis d'autant plus fâché qu'aujourd'hui encore, des magistrats font grève pour dénoncer les problèmes de la justice. Il y a objectivement un manque de moyen, mais il y a aussi un je-m'en-foutisme assumée d'une grande partie des magistrats, que ceux-ci soient du parquet ou du siège parce qu'ils ne sont dans les faits responsables devant personnes. Là, on est tout de même dans une affaire montrant avec quelle désinvolture est traitée une enquête pénale. Nous sommes en présence d'une plainte argumentée, un minimum qualifiée, les plaignants fournissent même une grande partie des preuves. Il fallait effectivement instruire mais le gros du travail a été mâché. Cette instruction devait filer au parquet financier pour une partie, toutes les autres pièces étant déjà au dossier. Et qu'est-il advenu ? Un magistrat du parquet lit un texte en diagonale et fait travailler la gendarmerie du coin durant un an sur une enquête qui n'a pas lieu d'être parce que n'est absolument pas le sujet et décide de vraisemblablement classer l'affaire.

Le véritable problème de la justice française est là. Nous avons des magistrats qui sont incapables de lire ou de comprendre les premières lignes d'un texte simple et qui traitent des dossiers, des vies de gens, avec une désinvolture coupable. Les mêmes lancent des enquêtes qui n'ont pas lieu d'être et qui monopolisent des ressources durant un an pour rien sachant que le plaignant n'en restera pas là et qu'ils auront tout de même à traiter l'affaire parce que je ne lâcherai pas.

 

Le 49.3, ce mal aimé

20.10.22 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

La chambre des députés nous offre à nouveau un spectacle pathétique. Les députés de la NUPES n'ont à la bouche que le fait que l'assemblée n'est pas représentative et que l'élection leur aurait été volée. Côté droite et extrême droite, le discours est à peu près le même, même si toutefois les Républicains et le Rassemblement National n'osent le dire trop fort.

Nous avons donc une majorité absolue des députés qui considèrent en leur for intérieur que le gouvernement, issu de la majorité relative de l'assemblée, n'est pas représentatif des électeurs puisque l'assemblée elle-même ne le serait pas.

Arrive alors l'article 49.3 de la constitution de la Ve République. Cet article permet à un gouvernement de passer en force, celui-ci engageant alors sa responsabilité devant l'assemblée qui peut répondre par une motion de censure. Depuis la réforme de 2008, cette faculté est restreinte puisqu'il n'est plus possible pour le gouvernement d'utiliser cet article qu'une fois par session parlementaire ordinaire (une fois par an pour fixer les idées) et pour les textes budgétaires. Cela ouvre tout de même de sérieuses fenêtres de tir puisque les textes budgétaires sont nombreux et qu'ils passent plusieurs fois à l'assemblée au cours des navettes parlementaires.

Il faut noter que la constitution permet aussi l'écriture de motions de censure spontanées. À ce jour, un seul gouvernement a été censuré, le gouvernement Pompidou en octobre 1962, non à la suite d'un appel à l'article 49 alinéa 3, mais à la suite de l'annonce d'un référendum pour élire le président de la république au suffrage universel direct, source d'une partie de nos ennuis actuels.

La motion de censure est donc un réel outil de contrôle de l'assemblée sur les gouvernements. Vous me direz que la constitution actuelle a été écrite en ayant dans l'esprit deux blocs parlementaires formée par une majorité et une opposition et que nous avons aujourd'hui trois ou quatre blocs. Nous avons une majorité relative au gouvernement, mais nous avons aussi plusieurs oppositions : une opposition de gauche plus ou moins méchanconiste (sic), une droite parlementaire exsangue et une extrême droite qui, pour être vulgaire, bouffe à tous les râteliers en ayant réussi la synthèse entre les programmes d'extrême gauche et d'extrême droite. Les oppositions sont donc majoritaires et pourraient, si elles voulaient bien s'en donner la peine, renverser le gouvernement.

Or que risque-t-il d'advenir ?

Sauf à me tromper, rien. Ces gens-là sont infoutus de s'entendre sur ce qu'ils appellent de leurs vœux.

Une motion de censure adoptée démet le gouvernement. Un autre gouvernement doit donc être nommé. Le président de la république peut aussi décider de dissoudre l'assemblée et de provoquer des élections législatives anticipées, ce qui devrait pourtant satisfaire les différentes oppositions qui hurlent à la non représentativité de la chambre basse.

Au lieu de cela que font-elles ? Elles se tirent des balles dans le pied en ayant chacune sa motion de censure (sauf à l'heure où j'écris ces lignes les Républicains dont on ne sait plus vraiment pour qui ils roulent) et en annonçant déjà qu'elles ne voteront pas pour la motion de censure de l'autre.

Dans ce cas, messieurs les députés — pour les électeurs de gauche et Sandrine Rousseau, lorsqu'on écrit en Français messieurs, cela inclut les hommes et les femmes —, ne venez pas nous rebattre les oreilles avec un manque de légitimité de l'assemblée ou du gouvernement puisque vous refusez d'utiliser le moyen que la constitution vous offre pour contrôler le gouvernement. Vous êtes donc parfaitement à l'aise dans votre rôle d'opposition de blocage et vous ne voulez surtout pas en sortir. Être dans l'opposition est généralement bien plus reposant que de siéger dans une majorité quelle qu'elle soit.

 

Pages: 1 2 4 ...6 ...7 8 9 10 11 12 ... 204

Mars 2025
Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
          1 2
3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31            
 << <   > >>

Le carnet du grincheux

(Mauvaise) humeur du Grincheux

Outils utilisateur

    Rechercher

      Flux XML

    blog soft