Depuis l'affaire Clément Méric, je m'interroge sur les limites de la démocratie. Donner le pouvoir au peuple est certes louable, mais l'hypothèse sous-jacente qui n'est que rarement évoquée est que ce peuble va déléguer ce pouvoir à des hommes dont les actions seront bénéfiques au bien commun. Or jamais n'est évoqué dans nos démocraties le fait que la somme des intérêts particuliers ne recouvre que rarement l'intérêt général.
Nous en avons encore eu un exemple criant ce matin.
En effet, Jean-Marc Ayrault vient de lancer les procédures de dissolution des groupuscules d'extrême droite nationaliste responsables de la mort de Clément Méric. En même temps, il vient de gagner six points dans les sondages. Comme la semaine passée n'ont été médiatisées que l'augmentation des impôts sur le revenu par la modification du quotient familial et cette douloureuse affaire, il est assez facile de déduire qu'une bonne partie de cette embellie est due à sa prise de position contre l'extrême droite nationaliste en général et le groupe de Serge Ayoub en particulier.
Or l'immense majorité des électeurs a peur de la peste brune et est intimement convaincue que la violence de l'extrême droite nationaliste est dangereuse alors que celle d'extrême gauche trouve sa justification dans celle de l'autre camp et, qu'une fois l'extrême droite fascisante rentrée dans le rang, la violence d'extrême gauche s'éteindra d'elle-même. C'est un peu simpliste et très mal connaître cette mouvance. Mais comme des spécialistes auto-proclamés de ces deux extrêmes en ont parlé dans le poste, cela doit être vrai. En d'autres termes, l'électeur voulait entendre que soient demandées les dissolutions des groupuscules d'extrême droite nationaliste. On les lui a données sur un plateau. Comme l'électeur est instinctif, il a trouvé cela très bien, même s'il n'y avait aucune raison de ne pas dissoudre aussi les groupuscules violents de l'autre bord, même si cela était totalement contre-productif. En effet, les groupes en question ont déjà annoncé qu'ils renaîtraient sous un autre nom. Ce sont les services de renseignement qui vont être contents puisqu'ils vont devoir refaire un travail déjà fait et sabordé par le gouvernement.
L'information parcélaire donnée par des media qui vont de plus en plus à la facilité n'aide pas à éduquer l'électeur. Une information, aujourd'hui, est aussi vite annoncée qu'elle est oubliée. Les enquêtes poussées permettant une information réelle n'existent plus et sont remplacées par des reportages vite consommés qui n'apportent pas l'éclairage nécessaire au citoyen. Comme en même temps le temps électoral a été raccourci passant du septennat au quinquennat, nous sommes en perpétuelle campagne électorale et la politique ne se fait plus qu'en fonction des sondages d'opinion. Ainsi, en ajoutant à la dictature des sondages d'opinion la mauvaise information du citoyen donc de l'électeur, nous obtenons la situation délétère que nous vivons depuis quelques années. Quelles que soient les décisions à prendre, seules celles qui froisseront le moins la majorité des électeurs seront prises. L'exécutif ne cherche plus à savoir si une décision est bonne ou mauvaise à long terme, mais si elle permet à sa cote de confiance de monter dans le prochain sondage. Son horizon est celui de la semaine, au mieux, celui de la prochaine élection, même si cette élection n'a rien à voir avec les décisions prises. Il cherche à flatter tous les intérêts particuliers des électeurs et refuse de s'attaquer à un problème d'intérêt général dès lors que celui-ci contrarie les intérêts particuliers de ses électeurs. La future réforme des retraites risque fort d'être bien en-deça de ce qu'il faudrait faire en raison du conflit latent entre intérêts général et particuliers. À l'heure où il faudrait mettre tout le monde autour d'une table pour enfin réformer durablement notre système des retraites, chaque syndicat commence à tirer la couverture à lui. Le gouvernement ne fera donc rien contre les régimes spéciaux dont une grande partie est indue, ne s'attaquera pas au problème des retraites dans la fonction publique ou au cas des multipensionnés, ne réformera pas le statut de la retraite des professions libérales ou des artisants qui ne descendront pas dans les rues. En revanche, si la CGT cheminot commence à manifester, il est fort possible que le gouvernement la satisfasse au moins en partie quitte à pour cela ponctionner d'autres travailleurs un peu plus pour peu qu'ils soient minoritaires.
Le principe même des élections rapprochées est donc mauvais et nuisible à la démocratie. Si l'on excepte la solution ultime du despotisme éclairé, ne restent plus que deux solutions. Redonner du temps pour avoir une réelle respiration démocratique en empêchant à un élu de faire deux mandats consécutifs, ce qui nous permettrait de sortir de la dictature des sondages conduisant à traiter les affaires du pays à l'affect, ou tout simplement tirer au sort nos représentants, ce qui au vu de la capacité d'analyse de certains ne serait pas forcément un mal.
Il y a longtemps que cela nous pendait au nez, cette fois, c'est la bonne. Hewlett-Packard a annoncé hier, 10 juin 2013, la fin d'OpenVMS. J'espère que, de là où ils sont, messieurs Hewlett et Packard ne voient pas ce qui se trame.
Après avoir depuis les années 1990 renoncé à la fabrication d'appareils de mesure, de calculatrices de poche fiables — ma 28S fonctionne toujours après vingt-quatre ans de bons et loyaux services alors que mes deux 48 ont rendu l'âme sur des problèmes de clavier et que les plus récentes sont ouvertement en plastique toc —, après avoir sabordé l'architecture HPPA et tué l'Alpha sans aucune raison valable si ce n'est de les avoir remplacés par l'aberration technique qu'est l'Itanium, voilà que HP s'attaque au fer de lance de ses systèmes d'exploitation. Vous me direz qu'il y a eu des développements du côté de HP-UX. Oui, mais simplement parce que HP-UX était en concurrence frontale avec Linux et qu'il fallait bien faire quelque chose. Mais la mort de HP-UX n'est qu'une question de mois.
Outre HP-UX, Hewlett-Packard développe, ou devrais-je dire développait, Non Stop et OpenVMS. Je n'ai jamais touché Non Stop, en revanche, j'ai eu l'occasion de pratiquer et d'administrer OpenVMS. Il me reste même un AlphaServer 800 chez moi, ma PWS500 étant maintenant au paradis des calculateurs. À bien des points de vue, ce système d'exploitation était un chef d'œuvre. Stable, solide, sécurisé, logique, sachant se faire oublier, tout ce qu'on attend d'un système d'exploitation. Mais aujourd'hui, j'admets qu'il est un peu vieillot. Pourquoi vieillot ? Parce que depuis le rachat de DEC par Compaq puis celui de Compaq par HP, rien n'a été fait pour promouvoir ce système et le faire vivre. HP a préféré vivre sur les licences du parc installé en se moquant ouvertement de ses clients dont j'étais. Depuis 2009, le développement étant devenu trop cher, il a été envoyé en Inde avec les fabuleux résultats que l'on a pu voir, comme OpenVMS 8.4 sur Alpha tout juste installé dont le SSHD.EXE provoque une violation d'accès lors d'une connexion entrante (et dont la correction tant qu'à faire nécessitait un contrat de support) ou dont le support de la carte graphique de la console est aléatoire, empêchant par là toute mise à jour de licence dès lors que la licence Motif a expiré. Des logiciels non testés envoyés dans la nature, sans aucun doute du grand art et tout ce qu'il faut pour fusiller un produit.
Je ne pleurerai pas sur HP-UX lorsqu'il tombera dans les oubliettes de l'histoire tant ce système est mauvais et ne tient pas la comparaison face à un autre Unix, au hasard Solaris voire Linux. En revanche OpenVMS était un cran au dessus avant que HP ne l'accapare pour le tuer. Si dans le monde Unix, il est facile de trouver des volontaires pour développer un système d'exploitation à la mode Unix, il est très difficile de faire la même chose sous OpenVMS. Les utilisateurs ne sont pas des bidouilleurs, sont en moyenne plus âgés (on n'arrive pas dans le monde VMS aujourd'hui dans son premier boulot) et ont moins de temps à consacrer à l'écriture d'un système d'exploitation. FreeVMS est pour ces raisons encore dans les limbes et risque fort de le rester longtemps.
La question est maintenant de savoir vers quoi vont être portés toutes les applications écrites depuis trente-cinq ans et utilisant des possibilités qui n'existent pas dans le monde Unix. HP n'en a cure et cette entreprise montre une fois de plus que l'utilisateur n'est pas son principal souci. En revanche, le consommateur l'est. On ne devrait jamais faire confiance à un marchand de soupe, pardon à un vendeur d'encre, surtout lorsque l'on veut faire un travail sérieux.
$ @SYS$SYSTEM:SHUTDOWN.COM
Monsieur le Premier Ministre,
Je prends la plume à la suite de discussions que j'ai pu avoir ici et là depuis jeudi dernier. Je la prends d'autant plus volontiers que la récupération d'un sordide fait divers par des hommes politiques de toutes obédiences est scandaleuse. Un peu de décence ne nuirait pas. Cela ne changera pas grand'chose à ce qui est en train de se passer mais le millier de lecteurs qui passe ici tous les jours a autant le droit de savoir ce que je pense que la France a le droit de savoir ce que vous pensez, d'autant plus que vous le faites devant des journalistes.
Sauf erreur de ma part, vous étiez le premier à vous insurger lors de la dernière législature lorsque le gouvernement de l'époque réagissait à chaud, dans l'urgence, guidé par l'émotion. Vous aviez parfaitement raison, l'émotion ne doit jamais gouverner. Tout au moins elle ne le devrait pas, les affaires de la France sont trop sérieuses pour être montées en spectacle.
Et que faites-vous depuis un an ? Exactement ce que vous refusiez au gouvernement précédent. Il est vrai que vous étiez dans l'opposition. Votre action politique est intimement dictée par des symboles, par une émotion facile, quitte à ce que ces symboles soient contreproductifs. Outre le mariage pour tous qui a bloqué le parlement durant de longs mois alors que le ministère de la justice avait certainement des choses à traiter plus importantes et vitales pour l'économie, outre un refus de refonte de la fiscalité sur le long terme qui n'a pas empêché trois lois de finance rectificatives en 2012 et qui n'a rien arrangé d'une part à l'exil fiscal et d'autre part aux finances calamiteuses de l'état, vous vous trouvez maintenant acculé par l'Union Européenne à une impossible réforme des retraites parce que l'opposition à laquelle vous apparteniez a toujours refusé une quelconque réforme intelligente acceptée par l'ensemble de la représentation nationale. Permettez-moi de vous dire que je suis assez content que cette réforme vous échoie même si je sais par avance que vous ne toucherez pas ou très peu aux régimes spéciaux dont la plupart ne se justifient plus et que vous ne parlerez pas des régimes des multipensionnés. La seule réforme valable serait une retraite à points pour tout le monde avec un seul statut (donc un alignement du public sur le privé) et quelques dérogations pour quelques métiers réellement pénibles (sapeurs-pompiers, conducteurs de poids-lourds…). Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'aucun des problèmes de fond de notre système des retraites ne va être mis sur la table.
Vous avez touché le fond samedi matin. Nous étions le 8 juin 2013. Vous avez cru bon de demander la dissolution du groupuscule d'extrême droite dont l'un des membres avait donné un coup mortel à Clément Méric. Je ne sais pas quelle idée a pu vous passer par la tête ou a pu germer dans la tête de l'un de vos conseillers. Je vous croyais assez intelligent pour esquiver cet écueil et éviter une récupération politique indigne d'un Premier Ministre en exercice. Je vais donc revenir sur les faits.
Mardi soir se tenait une vente privée dans un appartement de la rue de Caumartin à Paris. Dans cette vente privée se sont croisées deux bandes rivales, l'une d'extrême droite nationaliste à tendance fascisante et l'autre d'extrême gauche activiste et pas vraiment pacifique. Les deux bandes rivales en sont arrivées aux mains et Clément Méric en est mort. Il s'agit d'un fait divers tristement ordinaire même si, la plupart du temps, ce genre de bataille rangée se trouve plus facilement dans le quartier de la Gare du Nord.
La mort de Clément Méric est inqualifiable, absurde. Quelles que soient ses idées, il ne méritait pas d'en mourir, mais elle est malheureusement banale. Le responsable doit être sévèrement puni, mais il doit être puni en fonction de ce qu'il a fait et non de ses opinions politiques. Il s'agit d'une bataille de rue ayant dégénérée. Il a été victime d'une violence malheureusement commune et il est presqu'heureux que ce soit un activiste d'extrême gauche qui soit mort et non un activiste d'extrême droite. Cela vous a permis de demander la dissolution du groupe d'extrême droite. Qu'auriez-vous fait si le mort avait été l'un des activistes d'extrême droite ?
La violence n'est pas bonne parce qu'elle est d'extrême gauche et n'est pas mauvaise lorsqu'elle est d'extrême droite. La violence est toujours mauvaise puisqu'elle n'appelle en retour que la violence. Clément Méric est mort parce que deux bandes rivales voulaient en découdre, les idées politiques n'étant ici qu'un alibi. À bien y regarder d'ailleurs, les idées du premier groupe ne sont pas si différentes de celles du second. Je pèse mes mots car j'ai eu l'occasion de passer mercredi soir rue de Caumartin et voir les camarades de Clément Méric, crânes rasés, foulards sur le nez, appeler à la vengeance m'a laissé sans voix pour des gens que les certains media ont présentés comme de gentils pacifistes. Vos services de renseignement ne peuvent ignorer ce que j'ai pu, ainsi que de nombreux passants, voir.
Si vous décidez de dissoudre le groupuscule d'extrême droite nationaliste, vous devez aussi dissoudre le groupe d'extrême gauche. Visiblement, cela n'est pas à l'ordre du jour. Par ailleurs, ce n'est pas parce que vous décrétez cela devant des caméras de télévision que la justice vous donnera raison. La dissolution d'un groupe politique ne se fait pas encore par le fait du prince, et si je suis le premier à combattre les idées véhiculées par Serge Ayoub, nous sommes encore dans un état de droit.
J'ai tout entendu pour justifier la violence des activistes de gauche. J'ai même lu que leur violence est justifiée par la résistance française qui a pris les armes contre l'occupant allemand durant la seconde guerre mondiale, ce qui est tout de même une sérieuse réécriture de l'histoire. D'une part, aujourd'hui, la démocratie française n'est pas en danger et l'ensemble de la populations des extrémistes de tous bords n'excéde pas les 10000 individus (plus vraisemblablement 4000). Ils ne représentent qu'eux, il n'y a pas d'envahisseurs et pas d'envahis. Et d'autre part, la résistance française à l'occupant allemand était faite intelligemment. Elle n'allait pas casser les dents des soldats ennemis parce qu'elle savait que c'était contre-productif, qu'on ne luttait pas contre un envahisseur en l'affrontant directement. Elle était aussi bien plus ouverte politiquement.
Dans cette affaire, il serait de bon ton de ne pas prendre parti. Rien ne justifie aujourd'hui la violence de rue, ce qui ne signifie pas que je défends les uns ou les autres. Ces deux extrémismes sont dangereux et il convient de les combattre, mais les combattre par les poings ne sert à rien. Cela n'aboutira qu'à légitimer leur propre violence et les transformer en martyrs. Il faut au contraire les surveiller étroitement, condamner toute dérive en portant leurs actions illégales devant les tribunaux et il y a matière. En décrétant qu'il faut dissoudre l'un des groupes, vous vous aliénez le fait de pouvoir les surveiller en sapant tout le travail effectué par vos services de renseignement. Cela ne les empêchera pas de renaître avec un faux nez.
Par ailleurs, le tapage médiatique fait autour de cette affaire permet de cacher les dérives des antifas le 10 mai dernier à Rennes, comme permet d'éclipser une affaire à peu près similaire qui s'est tenue à Reims la semaine passée. La mort de Clément Méric doit être supérieure à celle d'un élève ingénieur des Arts-et-Métiers. Sans doute parce qu'il ne militait pas dans les mêmes groupuscules.
Mais ce n'est pas grave. Vous en faites un symbole et votre électeur sera peut-être content. Cela lui fera oublier un temps les autres problèmes de la France.
Le semaine dernière s'est tenu un salon dans lequel le laboratoire qui m'emploie actuellement tenait à montrer son savoir-faire. Comme il nous était impossible d'installer tout notre démonstrateur sur place, il nous est venu à l'esprit une idée tordue, à savoir utiliser une petite caméra pour montrer ce que notre système permettait de faire à distance.
J'ai donc installé une petite caméra IP dans le show room du laboratoire. J'ai bien dit une petite caméra, pas une caméra de surveillance. Sa résolution est faible, son optique est une optique en cul de bouteille et sa focale est relativement longue. Par ailleurs, il n'y a aucun enregistrement d'image.
Cette caméra qui est effectivement placée dans le hall d'entrée d'un immeuble ne voit qu'une estrade pleine d'équipements de mesure et une fontaine commandée à distance. En aucun cas elle ne voit les entrées et sorties de cet immeuble ou le personnel qui pourrait passer dans le hall. Les seules personnes qui pourraient être vues sont celles qui seraient amenées à monter sur cette estrade ou à se camper devant la fontaine. J'ajoute que cette caméra a été installée au vu et au su de tout le monde, qu'il a été annoncé que cette caméra ne les filmait pas, preuves à l'appui, et que personne ne nous a opposé d'objection.
C'était compter sans les syndicats qui ne rateront jamais une occasion de se faire entendre et qui ont remonté l'affaire jusqu'à la direction.
Le courriel suivant est le dernier que j'ai reçu à ce propos. Il reprend tous les échanges précédents. Naturellement, j'ai enlevé tous les éléments permettant d'en identifier les auteurs.
Je vous laisse seuls juges.
De : Le Grincheux
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 14:56
À : chef de projet
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméraJ’espère que tu comprendras mon silence et tout le poids de mes sous-entendus.
De : chef de projet
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 14:23
À : membres du laboratoire
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméra!!! On atteint des sommets !
De : chef du laboratoire
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 14:21
À : membres du laboratoire
Cc : membres de la direction
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméraVoici la réponse.
Cela me semble un peu court pour les délais demandés.
Si vous maintenez votre demande, il faut que l’on se voit pour l’établissement du dossier.
Cordialement
Chef du laboratoire
De : directeur administratif
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 14:15
À : chef de laboratoire
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméraBonjour,
Question complexe : 10h34
Réponse : 14h11
Je pense que l’on peut parler de délai satisfaisant…
Maintenant reste à mettre en « musique ».
Cordialement
Le directeur administratif
De : juriste spécialiste
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 14:11
À : équipe de juristes
Objet : RE: Demande d'autorisation installation caméraBonjour,
1- La mise en service ne peux et ne doit ce faire qu’ après une déclaration CNIL et préfecture CERFA n° 13806*1 + CERFA n° 13806#1(annexe).
2- À chaque entrée de la zone filmée il faut installer un panneau avec la mention de zone sous vidéo.
3- Si cette camera est en « espace privé entreprise » elle ne doit en aucun cas filmer le poste de travail.
4- Comme indiqué sur le mail ci-dessous il faut signaler aux instances (IRP et CHSCT) que cette camera est à titre provisoire et que les images ne sont pas enregistrées.
5- Si la camera filme la voie publique il faut monter un dossier d’autorisation en préfecture idem point 1.
6- Pour le salon, tout dépend de la zone filmée mais de toute façon il faudra signaler la zone aux personnes circulant dans la zone.
Restant a votre écoute pour tous renseignements complémentaires.
Cordialement
Le juriste spécialiste.
De : équipe de juristes
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 13:34
À : directeur administratif
Objet : RE: Demande d'autorisation installation caméraBonjour M. le directeur administratif,
Je pense que sur ces aspects du droit à l’image lié à la sûreté, le mieux placé pour te répondre est le juriste spécialiste à qui je fais suivre ton mail.
Bon WE
De : directeur administratif
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 13:13
À : équipe de juristes
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméraBonjour
Je sollicite mes experts, afin d’avoir un avis éclairé sur la question et que je puisse répondre à mon client…
Cordialement
Directeur administratif
De : chef du laboratoire
Envoyé : vendredi 31 mai 2013 10:34
À : directeur administratif
Objet : TR: Demande d'autorisation installation caméraBonjour,
Pouvez-vous me donner la procédure à suivre pour obtenir une autorisation administrative et juridique pour répondre à cette demande.
Je vous remercie par avance
Cordialement
Chef du laboratoire
De : responsable du démonstrateur
Envoyé : jeudi 30 mai 2013 16:34
À : chef du laboratoire
Objet : Demande d'autorisation installation caméraBonjour M. le chef du laboratoire,
Dans le cadre du démonstrateur, nous souhaitons installer une caméra pour pouvoir faire des démonstrations depuis l’extérieur du laboratoire.
Conscient que cela puisse poser problème d’un point du vue du droit à l’image, je me demandais néanmoins si nous pouvions trouver une solution ensemble pour mener à bien notre projet.
La solution que nous envisageons dans un 1er temps est d’informer par une pancarte la présence de la caméra pour que les personnes ne soient pas prises par surprises tout en précisant bien que celle-ci ne filme pas l’entrée du bâtiment mais les équipements avec une vue plongeante (pour éviter de filmer les visages) et que les images ne sont pas enregistrées.
Nous avons effectué un test et voici le résultat de la vue souhaitée :
Ndlr : ici, une photographie tout à fait explicite montrant ce que voit cette caméra.
NB : Nous pourrions d’ailleurs mettre ce visuel sur la pancarte pour mieux informer les personnes.
Aujourd’hui la caméra est mise hors service et nous attendons votre feu vert pour la réactiver sachant que nous souhaitons pouvoir l’utiliser lors du salon.
Cordialement,
Responsable du démonstrateur
Je vous laisse imaginer la suite. De vues à distance, il n'y en au aucune. Le dossier n'est pas encore bouclé et le salon est terminé.
Un jeune anti-fasciste est mort hier dans la matinée après avoir été tabassé par une troupe de skinheads. Que n'a-t-on entendu depuis. Tous les hommes politiques auraient pu retourner chacun sept fois leur langue dans la bouche plutôt que de tenter la récupération de ce sordide fait divers. Fait divers, oui, je pèse mes mots quitte à recevoir des volées d'insultes.
J'ai décidé d'écrire ce papier à la suite de l'éditorial de Thomas Legrand ce matin sur Inter signalant que l'extrémisme de gauche n'est pas l'extrémisme de droite, qu'il ne faut pas les renvoyer dos à dos, et que, dit-il, si l'un de ses enfants était un extrémiste, il préférerait qu'il soit de l'extrême gauche. Thomas Legrand est seul responsable de ses paroles et a le droit de prendre position. Après tout, c'est la raison d'être d'un éditorialiste. En revanche, il nous avait habitué à bien plus d'objectivité et de profondeur de réflexion.
Je ne suis pas d'extrême droite, je ne défends personne, j'ai de la peine pour la famille de la victime, mais la mort en martyr d'un antifasciste d'extrême gauche ne me rend pas ces groupuscules d'extrême gauche plus sympathiques. En effet, il est vain de combattre un extrémisme par un autre extrémisme d'autant que ces deux extrémismes sont assez semblables. Il est d'ailleurs assez amusant de constater que les antifas en question sont issus des red skinheads, se présentent crânes rasés et adoptent les mêmes codes vestimentaires que les skinheads avec lesquels ils se sont battus rue de Caumartin mardi soir.
Quelle est au fond la différence entre un militant d'extrême gauche radicale et un militant d'extrême droite tout aussi radicale ? Il paraît que tout les oppose. J'ai personnellement comme un doute d'autant que je suis passé hier par hasard rue de Caumartin et que j'ai pu entendre de mes propres oreilles des appels très clairs à la vengeance. Ces appels venaient de groupuscules dont on peut penser raisonnablement qu'ils appartenaient à la mouvance dans laquelle gravitait la victime.
La différence est assez ténue. L'extrême gauche veut aboutir par la révolution à une société totalement égalitaire avec un partage total de la richesse et a défini pour cela un certain nombre d'ennemis que sont les représentants de la finance, du capital — encore que je n'arrive pas à savoir si elle arrive réellement à faire la différence entre ces deux notions — et de l'ordre établi en général dès que l'on touche à l'anarco-syndicalisme. Pour cela tout est bon. L'extrême droite, quant à elle, veut arriver à un genre de socialisme nationaliste. Pour cela, elle cherche à éliminer ses ennemis que sont l'étranger — enfin, celui qui ne pense pas comme elle —, le déviant ou le libéral, le militant syndicaliste de gauche ou tout autre ennemi désigné par le chef. Toute latitude quant aux moyen. La seule différence réelle entre ces deux extrêmes est qu'à droite se trouve une touche de nationalisme qui ne se retrouve pas à gauche où l'on est plus internationaliste. Quant au reste…
J'ai essayé de débattre hier avec un idéologue d'extrême gauche. Il s'en trouve, mais je vous avoue que j'ai déjà eu des discussions plus intéressantes avec des poteaux télégraphiques. Cela m'a permis de comprendre quelques points qui m'échappaient encore. Lorsqu'on est d'extrême gauche, on représente le bien parce qu'on veut une société égalitaire. On représente le bien parce qu'on est les seuls à faire le coup de point contre les fascistes. Lorsqu'on n'est pas d'extrême gauche, on n'a aucune légitimité pour être antifasciste et on n'a qu'à fermer sa gueule. Je résume un peu le ton de l'échange, mais c'est assez proche de ce que j'ai entendu hier soir. Pire, le fait de vouloir le bien pour des gens qui ne demandent rien légitime toutes leurs actions allant du tractage de rue aux opérations coup de poing. Je rajouterais ici en passant par les attentats puisque j'ai l'âge de me rappeler les années 1970, temps bénis en Europe des groupuscules d'extrême gauche.
Pourtant, il existe des antifascistes qui ne sont pas d'extrême gauche. Il existe des gens qui n'ont d'amitié pour aucun des deux extrêmes. Cela ne leur empêche pas d'être actifs. La réponse est toujours la même : ces groupuscules antifascistes ne contiennent que des gens d'extrême gauche. Cela justifie d'un point de vue leur position actuelle, mais tant que ces groupes seront avant tout d'extrême gauche avant que d'être antifascistes, il n'y aura parmi leurs membres que des gauchistes extrêmes, un modéré n'ayant rien à y faire. La lutte contre l'extrême droite ou l'extrême gauche ne peut passer par le coup de point parce que ces deux extrêmes l'appellent de leurs vœux. Tous ces groupuscules sont formés et prêts à cela. Aujourd'hui, les uns ont un martyr à défendre, les autres ont trouvé un ennemi bien identifié à combattre. Les deux sont plus forts qu'hier.
Combattre ces groupuscules ne peut se faire que sur le plan des idées. Les gens qui se retrouvent dans ces mouvements y recherchent plusieurs choses qu'ils ne retrouvent pas ailleurs, entre autres :
En ce sens, ce n'est que la discussion et l'intransigeance des idées qui pourra arriver à battre ces groupuscules, certainement pas le combat de rue ou la dissolution de ces mouvements qui renaîtront d'ici quelques mois sous une forme ou sous une autre.
Mais revenons aux récupérations des politiques. J'ai honte pour eux. Comme à son habitude, Mélenchon a fait du Mélenchon et je ne vais pas m'étendre sur ses déclarations qui n'en valent vraiment pas la peine. À l'extrême droite comme à la droite extrême, on a pu entendre quelque chose du type ce n'est pas nous, c'est les autres. Copé a trouvé le moyen de dire qu'il fallait dissoudre tous ces groupuscules, de gauche comme de droite. Tous y sont allés de leur petite phrase. J'ai même entendu que l'extrême gauche n'a, contrairement à l'extrême droite, jamais tué personne en France. Je viens donc d'apprendre au choix que les membres d'Action Directe étaient de gentils révolutionnaires totalement pacifiques ou qu'ils n'étaient pas d'extrême gauche. C'est sans doute pour cela qu'il se considéraient non comme des détenus de droit commun mais comme des prisionniers politiques.
Il ne faut pas dissoudre ces mouvements puisque c'est le seul moyen que l'état a à sa disposition pour les surveiller. Les dissoudre seraient les ériger en victimes et les rendre plus virulents encore, ils n'attendent que cela. Il ne faut pas non plus présenter les antifas comme des anges idéalistes. On ne va pas exciter une bande de skinheads sans avoir une idée derrière la tête. La mort de ce jeune militant est un drame, tout le monde a fait des bêtises à son âge et je ne suis pas en train de défendre les skinheads, mais aller titiller du skinhead en les traitant de fachos n'était pas la chose la plus intelligente de sa journée. Cela n'excuse en rien la rixe qui s'ensuivit.
Ce qui me surprend surtout, à la réflexion, c'est l'absence de profondeur de raisonnement des idéologues d'extrême gauche dans cette affaire. On ne peut combattre le fascisme par des coups de poing. C'est totalement contre-productif. On ne peut combattre ce fascisme que par un combat d'idées et ces idées ne peuvent provenir de l'autre extrême car il est vain de vouloir lutter contre un extrême par un autre extrême. On a vu ce que cela a donné dans les années 1930 où l'Europe a laissé faire l'Allemagne qui, luttant contre le communisme, lui semblait un bon rempart contre Staline.
Seuls les modérés ont la légitimité pour combattre les extrêmes, encore faut-il qu'ils le fassent intelligemment. La récupération par le premier secrétaire du Parti Socialiste ou par le président de l'UMP me laisse entendre que ce n'est malheureusement pas pour demain. Les groupuscules d'extrême gauche comme d'extrême droite ont malheureusement encore de beaux jours devant eux.
Mourir pour des idées, oui, mais de mort lente. C'est bien plus efficace à tous points de vue.
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