J'ai la chance d'avoir des lignes mobiles chez Orange Business Services. La chance… Disons l'obligation pour des raisons historiques puisque l'une d'entre elle n'a été souscrite que pour obvier aux lacunes de France Telecom lorsqu'il se fut agi de m'installer une ligne fixe à la campagne (vous ai-je déjà dit qu'il m'a fallu six mois pour avoir le téléphone et la tonalité ?) et que l'autre n'a été souscrite que pour effectuer des tests poussés des accès internet mobiles.
Ces deux lignes ne m'étant plus d'aucune utilité d'autant plus qu'à moins de monter chez moi au sommet de la colline, la couverture par Orange est exécrable. Je ne vois donc pas pourquoi payer très cher deux abonnements qui ne me servent strictement à rien sauf à engraisser une entreprise qui n'en a pas réellement besoin. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour affronter le service clientèle d'Orange Business Services. Lorsqu'on voit l'efficacité de ce service, on est vraiment content de ne pas être un simple client. Je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire.
Je téléphone donc aux numéros du service clientèle figurant sur mes factures. J'écris bien aux numéros au pluriel puisque les deux abonnements sont visiblement gérés par deux services clientèle différents. Soit, l'organisation d'Orange, même pour l'ancien de France Telecom que je suis, me semblera toujours plus obscure. Je finis par tomber au bout d'un temps infini, décompté de mon fortait pour parler en patois pététique, sur une personne qui m'explique que je dois passer dans une agence Orange pour résilier mes deux lignes, ce que je fais le soir même.
Je me rends donc dans l'agence qui jouxte le coin de la place au bout du boulevard. J'attends, j'attends longuement jusqu'à ce que quelqu'un daigne s'occuper de mon cas et me dise au bout de quelques secondes qu'il me faut téléphoner à tel numéro pour la première ligne et à tel autre pour la seconde. Oui, j'oubliais de préciser, il faut téléphoner à partir de la ligne que l'on veut résilier et comme l'une des deux lignes n'est qu'une ligne de données, c'est tout de suite plus difficile.
Je commence donc par la ligne de données. J'appelle le numéro en question et au bout de quelques minutes, je tombe sur quelqu'un qui accepte de résilier cette ligne et qui me confirme qu'elle sera désactivée à partir du 16 mai courant. Très bien. Je pensais que le plus dur était fait. J'attaque donc la résiliation de la seconde ligne, celle qui avait un abonnement voix et données. Je pensais naïvement que ce serait plus simple. Erreur fatale.
Après être tombé sur un disque qui m'annonce le prix de la communication, un automate me demande ce que je veux faire. J'ai quatre possibilités, mais aucune ne me parle de résilier une ligne. Borné, j'essaie la première possibilité qui ne parlait que d'ouverture de ligne et, par chance, le menu vocal suivant me propose en quatrième choix de résilier une ligne. Docile, je m'exécute, et je tape sur mon petit clavier sur la touche 4. Stupéfait, j'entends alors que l'automate ne peut pas reconnaître mon mobile et me raccroche au nez. J'essaie plusieurs fois, à chaque fois, le sale truc me raccroche au nez. Mais l'appel est bien comptabilité sur mon compte client. Il n'y a pas de petits profits.
Je reprends donc la manipulation en décidant d'être plus bête que la machine et fais comme si je voulais ouvrir une ligne, supposant que j'allais tomber sur un humain bien disposé. Effectivement, lorsqu'il s'agit de vendre quelque chose, on tombe sur un humain. J'explique alors mon problème et je me fais expliquer la procédure de résiliation. Il me faut envoyer un courrier électronique à l'adresse contact.ccer@orange.com, chose que j'ai faite dans la foulée.
Aujourd'hui, je n'ai toujours pas le moindre accusé de réception de ma demande de résiliation.
Le système est donc fait pour vendre, vendre toujours plus et garder le client captif puisqu'il lui est impossible sauf à batailler durant une journée de résilier ne serait-ce qu'une ligne. Les informations figurant sur les contrats sont volontairement erronées puisque elles indiquent au client de téléphoner à un numéro surtaxé qui lui raccroche au nez plusieurs fois avant d'obtenir les bonnes informations.
Tout est donc fait pour rendre le client captif avec des méthodes pour le moins ignobles. Je veux résilier une ligne. C'est mon droit le plus strict et je n'ai pas à devoir me justifier. Il est inadmissible qu'il faille plus d'une journée pour le faire. Et encore, l'affaire n'est pas terminée.
Après le mariage pour tous qui était la seule chose que la France attendait pour redresser son économie, nous passons à un autre temps parlementaire. Le gouvernement veut maintenant lutter contre cette fameuse obsolescence programmée. C'est louable, mais cela fait juste un peu théorie du complot. En dehors de deux ou trois cas très particuliers — et il faudra encore me prouver que c'est fait sciemment pour limiter la durée de vie des appareils en question —, j'aimerais qu'on me montre un seul appareil dont la durée de vie est artificiellement réduite ou limitée par un circuit électronique quelconque.
Le but d'un industriel est de produire, de produire à moindre coût et de produire de plus en plus en rendant obsolètes les appareils qu'il fabriquait auparavant. Ce n'est pas une obligation puisqu'il ne serait pas impossible d'investir dans des entreprises de réparation des produits existants. C'est juste un choix, un modèle de société choisi collectivement.
L'exemple emblématique est la cartouche d'imprimante. Comment ? Mais c'est un véritable scandale ! On ne peut pas imprimer toute sa vie avec la même cartouche ?! Je sais parfaitement qu'il existe dans certaines imprimantes des compteurs qui limitent l'usage alors que cela pourrait durer plus longtemps. Mais soyons un peu honnêtes, à chaque fois que j'ai vu cela, il y avait une raison qui n'était pas une limitation introduite dans le seul but de brimer l'utilisateur. Typiquement, cela évite d'utiliser des cartouches soi-disant compatibles avec de l'encre de mauvaise qualité bouchant les buses, de mettre de l'encre partout parce que l'éponge de récupération est susceptible d'être saturée, d'éviter d'avoir un four qui dysfonctionne… C'est une conséquence des choix de fabrication et du coût toujours moins cher des produits. Ce qui est gagné à l'achat fini par être payé autrement.
Ce qui est moralement condamnable, en revanche, c'est la réticence qu'ont les fabricants de fournir les pièces. Actuellement, j'ai une cafetière en panne parce que je n'arrive pas à trouver les tournevis pour l'ouvrir. Empreinte TA quelque chose, en rupture de stock chez le seul importateur en Union Européenne. Ça laisse songeur. C'est parfaitement criticable, mais cela n'a rien à voir avec un complot des industriels, ce qui est la thèse explicite de la fameuse « obsolescence programmée » qui généralise abusivement et sans vergogne des cas particuliers qui n'ont rien à voir les uns avec les autres et qui a une très nette propension d'interpréter les faits d'une manière assez paranoïaque.
En effet, objectivement, les produits sont actuellement fragiles parce qu'ils sont conçus rapidement, parce que les matériaux de fabrication sont légers, souvent des pièces d'usure en plastique, et surtout parce que les constructeurs sont sous la pression continuelle de la concurrence et du client qui veut toujours payer moins le moins cher possible, ignorant que, si au-dessus d'un certain prix il paie une marque, en dessus d'un certain prix, il n'en a que pour son argent. Le client veut aussi des produits de plus en plus complexes. Mais qui dit produit complexe de moins en moins cher dit aussi composants et matériaux de moins en moins chers et, mécaniquement, qualité de moins en moins bonne, donc produits de moins ne moins durables. Et lorsque le fabricant utilise encore des composants de qualité, il réduit les coûts sur le reste. Un connecteur de batterie coûte plus cher qu'un point de soudure ? Qu'à cela ne tienne, la batterie ne sera pas remplaçable. Un emplacement pour une carte mémoire est trop cher ? On la soude et si le client veut une mémoire plus grande ou si sa carte tombe en panne, il remplacera son appareil.
Ce ne sont que des conséquences immédiates de la société de consommation soumise à une concurrence libre et non faussée.
Mais revenons à notre complot. Arte a récemment diffusé un documentaire intitulé « prêt à jeter », consacré à l'obsolescence programmée. Ce documentaire a eu un grand succès et la critique, autant que je m'en souvienne, l'a unanimement recommandé. Il est vrai qu'il contenait un certain nombre de choses qui peuvent frapper les esprits simples. Je pense en particulier à cette ampoule qui brille depuis plus d'un siècle dans une caserne de pompiers américaine et qui a déjà enterré trois webcams censées la surveiller. Ce que le documentaire ne disait pas, c'était que cette ampoule à incandescence était sous-volté d'un bon facteur (60 V contre 115 V de tension nominale). À ce tarif, je pense qu'une ampoule à incandescence moderne serait aussi capable de la même performance. Que dire alors du fameux cartel Phoebus ? Rien, sinon que lui et ses confrères (comme OSRAM) ont standardisé les culots des ampoules et le rendement des ampoules (rendement qui varie inversement à la durée de vie de l'ampoule, c'est physique et cela se calcule). Parler de diminution de la durée de vie des ampoules dans les années 1930 est pour le moins bizarre. Il suffit que le regroupement et l'interconnexion de toutes les petites compagnies d'électricité qui ont eu lieu à la même époque aient provoqué quelques surtensions. Nous avons d'ailleurs vécu la même chose en France il y a un peu plus de vingt ans. La tension du secteur est passée de 220V à 230V. Moi qui collectionne des anciennes radios à tubes, j'ai vu tous les voyants claquer les uns après les autres. Les anciens étaient tous d'origine et avait, pour les plus récents, plus de quarante ans. Les neufs ne tenaient que quelques mois. Pourquoi ? Parce que ces voyants étaient sur un enroulement spécial du transformateur, un 6,3V et leur tension nominale était de 6,5V. Avec la nouvelle tension du secteur, ils fonctionnaient sous 6,6V et leurs morts prématurées n'était pas une histoire d'obsolescence programmée ou de mauvaise qualité du materiel moderne. Un autotransformateur plus tard, tout est rentré dans l'ordre.
Mais revenons à ce documentaire hélas d'une nullité intégrale. Certaines découvertes des journalistes étaient parfois amusantes voire totalement hilarantes de bêtise crasse. Mais, le plus souvent, il était nauséabond de complotisme. Jamais il n'était informatif. D'après de documentaire, l'obsolescence programmée est l'idée selon laquelle, si les produits que vous achetez se dégradent rapidement contrairement aux bons vieux produits des temps anciens et perdus, ce n'est pas totalement un hasard ou un manque de chance. C'est en effet une machination infernale ourdie par les grandes entreprises industrielles qui ont trouvé un moyen efficace de nous contraindre à racheter régulièrement leurs produits. Cette idée qui tient une bonne place dans l'imaginaire populaire ne convainc pas les économistes.
J'ai trouvé dans une interview d'Alexandre Delaigue un début d'explication. Ce serait l'agacement éprouvé par les clients devant la dégradation d'un produit qu'ils ont acheté qui les pousse à penser, par dépit, que la panne n'est pas le fruit du hasard mais d'un calcul des industriels. Ils rejettent ainsi la responsabilité d'avoir acheté le produit le moins cher sur autrui. Cette idée est renforcée par la sensation très commune que cette situation est nouvelle et que les biens étaient plus durables dans les temps anciens.
Le même Alexandre Delaigue s'est attaché à démystifier les erreurs du documentaire d'Arte signé pas Cosima Dannoritzer (il ne sera pas dit que je n'aurai pas rendu hommage à un tel travail de journaliste sans citer son nom). Son article complet est disponible ici.
D'autres économistes, dont Pascal Emmanuel Gobry qui a publié « l'obsolescence programmée, ce mythe qui révèle à quel point notre rapport aux mécanismes économiques est biaisé » ont montré à quel point les mécanismes économiques de base sont étrangers ou au moins mal compris par le commun des mortels. Il s'ensuit souvent que l'obsolescence programmée est une thèse conspirationniste, d'autant plus acceptée que nous sommes en France friands de telles thèses.
Or, pour qu'une telle politique d'obsolescence programmée puisse fonctionner et perdurer, la condition nécessaire et non suffisante est que toutes les entreprises s'entendent pour fonctionner en cartel. Sinon, il sera juteux pour une entreprise de ne pas prendre part à la conspiration.
Et, sur ces entrefaites-là, le groupe écologiste au parlement vient de proposer la création d'un délit d'obsolescence programmée, preuve qu'une fois encore, les écologistes n'ont pas réellement tout bien compris. Je propose de rajouter un délit de sorcellerie adaptative et de connerie abyssale. L'obsolescence programmée n'existe pas. Elle n'a jamais existé dans que les cerveaux de gens qui avaient besoin d'expliquer pseudo-scientifiquement la détérioration des produits qu'ils ont pu acheter à vil coût. Elle n'est qu'un concept nébulo-fumeux, mystico-physique prétendant que les grands méchants capitalistes fabriquent sciemment des biens de consommation de piètre qualité dans le seul but de réduire leur durée de vie et d'augmenter mécaniquement leur taux de remplacement.
Cela n'a rien a voir avec les pièces qui sont notées NFP (ne fournissons plus) dans les catalogues des fabricants, ce qui est pour le coup un véritable scandale, et il serait bon que nos écologistes s'en rendent compte. Il serait bon. Mais peut-être qu'en bons écologistes, ils se sont rendus compte que le cerveau est un véritable scandale écologique puisqu'il ne pèse que 2% de notre masse en consommant 25% de l'énergie que nous consommons et ont décidé de l'économiser.
Et ça ne risque pas de s'arranger de sitôt. Cela risque de perdurer parce que ce matin, je t'ai tout de même entendu sur France Inter, à une heure de grande écoute, déclarer péremptoirement que « le chef d'entreprise est un cupide ». Rien que cela !
Il faudrait peut-être arrêter avec la lutte des classes éculée et le trotskysme de caniveau. L'Europe de l'est, la Corée du nord et quelques autres pays paradis des travailleurs ont montré depuis quasiment un siècle que cette politique n'est qu'un échec cuisant puisqu'à partager aveuglément des richesses finies, elle conduit inéluctablement à déresponsabiliser les hommes qui attendent le simple partage d'un gâteau qui rétrécit d'année en année. La preuve ultime étant la Corée du nord, paradis s'il en est à tel point que ses frontières sont fermées pour qu'aucun étranger puisse profiter de sa qualité de vie, reste aujourd'hui un pays surdéveloppé technologiquement puisqu'il produit bon an mal an une ogive thermonucléaire et une chemise de taille 38 par habitant, ogive qu'elle menace de lancer au choix sur son voisin du sud, sur le Japon ou les États-Unis.
Mais revenons à ta fulgurance matutinale. Le chef d'entreprise est un cupide. C'est dit. Patrick Cohen t'a immédiatement repris et tu nous a fait un superbe rattrapage aux branches comme toi seul est capable de le faire lorsque, emporté par ta fougue, tu as laissé échappé une énormité. Maintenant, ce ne serait plus que les grands patrons qui exploiteraient la sueur de leurs ouvriers.
Tu sembles ignorer que les grands patrons n'ont presque plus d'ouvriers, les ouvriers étant généralement dans des PME sous-traitantes et corvéables à merci. Et l'ouvrier en France, pour ce qu'il en reste, qui est le plus à plaindre est justement l'ouvrier de ces PME sous-traitantes des grands groupes puisque ces entreprises n'ont aucune marge de manœuvre pour améliorer la condition de leurs ouvriers qui t'est visiblement chère. La condition, pas les ouvriers.
D'une part, tu te trompes encore une fois de combat parce que l'heure n'est pas à la lutte des classes mais au fait qu'il faudrait une cohésion de tous les corps de métiers, de toutes les classes, pour redresser l'économie, ce qui serait bénéficiable à tous, et d'autre part, ton aveuglement idéologique te fait rater que les chefs d'entreprise sont aujourd'hui les dindons de la farce qui est en train de se jouer. Le chef d'entreprise est ce qu'était un héros lors de la première guerre mondiale, à savoir une personne qui a la malchance d'être là où il ne faut pas, qui est assez conne pour y rester et qui n'a pas le bonheur de mourir dans d'affreuses souffrances sur le champ de bataille. Voilà ce qu'est un chef d'entreprise. Le traiter de cupide, même si tu es revenu sur des propos, est une insulte à tous ceux qui se battent, souvent en étant bien moins payés que leurs employés et en jouant leurs biens personnels pour donner du travail aux autres en espérant sans trop y croire des jours meilleurs pour eux. Ce n'est pas de la cupidité, c'est de l'abnégation.
Personnellement, je connais beaucoup de chefs d'entreprise. Ils ne sont pas tous volontaires, certains ayant repris une entreprise sous la pression de leurs anciens collègues. Je n'en connais pas un seul qui ait réussi à faire fortune. Il y en a certainement, mais c'est une infime minorité.
Par ailleurs, tu nous as montré que tu n'as toujours pas le début d'une idée de ce qu'est la motivation d'un chef d'entreprise. C'est très rarement la cupidité parce que les chefs d'entreprise ne sont pas dupes. Ils ont une conscience aiguë des problèmes actuels, bien plus que la plupart des hommes et femmes politiques, et s'ils tiennent contre vents et marées, c'est beaucoup plus souvent parce qu'ils veulent travailler pour eux, parce qu'ils veulent développer une idée ou un produit. On ne fait pas deux fois les trente-cinq heures par semaine lorsqu'on est cupide, on spécule.
Alors le chef d'entreprise cupide que je suis te remercie et te saura gré d'accepter l'expression de son plus profond mépris !
Quelle n'a pas été ma surprise en trouvant dans les statistiques d'accès à ces pages la requête suivante sur google.fr :
« je roule en xm citroen et je vous emmerde »
Personnellement, il ne viendrait pas à l'idée de mon esprit sans doute malade de trouver une justification de mes choix sur internet. En effet, depuis que Point de Vue ou Images du Monde m'a indiqué la prévalence des maladies mentales en France, je suis convainu d'être malade, la question étant juste de savoir si je suis psychotique ou névrosé. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la subtile différence entre un psychotique et un névrosé, un psychotique est persuadé que notre président de la république émarge à l'UMP et n'en à rien à faire alors qu'un névrosé sait que le premier ministre actuel est Ayrault et cela le désespère. Personnellement, ce qui me désespère le plus, c'est qu'avec de telles définitions, il est possible d'être à la fois psychotique et névrosé, ce qui fait tout de même beaucoup pour un seul homme.
Mais revenons au sujet qui nous intéresse, à savoir que je roule en Citroën XM et que je vous emmerde. C'est Google qui le dit, donc cela doit être vrai.
Je suis assez grand et j'assume. Et j'emmerde aussi le conducteur du pot de yaourt qui colle un peu trop l'arrière de ma XM en faisant des appels de phares lorsque je roule à 130 km/h sur l'autoroute, pot de yaourt qu'il me faudra de tout façon doubler dans la prochaine montée où les 60 ch de son moteur asthmatique l'auront contraint à se rabattre dans la voie réservée aux véhicules lents. La XM est une voiture qui n'a pu être vendue que parce que Citroën en a enlevé les chenilles et la tourelle. Mais qu'est-ce que j'aimerais par moment qu'ils m'aient laissé le canon de septante-cinq pour éliminer les importuns qui me collent d'un peu trop près !
Alors ça y est. Le parlement dans sa grande bonté vient d'autoriser le mariage pour tous. Personnellement, je trouve le nom officiel de cette loi absurde pour ne pas dire complètement tarte. Mariage pour tous… Nous avons soit-disant voulu le mariage des homosexuels, alors appelons cette loi le mariage des homosexuels et ne la désignons pas par un euphémisme hypocrite.
Hier soir, j'ai eu l'occasion d'entendre Jean-Luc Roméro, celui-là même qui déclarait que le but n'était que le mariage, indiquer clairement dans le texte que ce n'était que le premier pas vers ce qu'il a appelé la procéation médicalement assistée pour tous avant certainement la gestation pour autrui pour tous. Que n'écrivais-je pas ici il y a quelques semaines ?
Donc nous avons le mariage des homosexuels. La France est le quatorzième pays à l'avoir légalisé. Enfin, paraît-il, parce que ce que certains appelent mariages des homosexuels dans les treize autres pays n'est pas forcément la même chose que celui des hétérosexuels. Passons, cela risquerait d'en fâcher quelques uns. L'assemblée a débattu de cette loi durant six mois. Le sénat l'a votée à mains levées, ce qui est proprement scandaleux puisque les sénateurs n'ont pas voté en leur âme et conscience mais en fonction d'un vote strictement partisan. Et l'on a pressé l'assemblée d'adopter ce texte. Reste un recours devant le conseil constitutionnel qui risque fort de ne rien dire.
Ce qui est assez amusant, c'est que le jour de l'adoption de ce texte, soit le mardi 23 avril 2013, nous étions en train de battre notre record de nombre de chômeurs en France. Plutôt que de s'attaquer aux vrais problèmes, c'est-à-dire aux problèmes économiques, aux problèmes de l'emploi, aux problèmes de l'immense majorité des français, le gouvernement a cherché à satisfaire les intérêts d'une minorité de la population qui n'en aura de tout façon jamais assez. L'exécutif le paie pourtant assez cher puisque jamais, durant toute l'existence de la Ve république, un président de la république n'a eu un indice de popularité aussi mauvais. Le mariage pour tous était une promesse de la campagne. Certes, mais combien de promesses n'ont pas été tenues ou ne le seront pas ? Le mariage pour tous était surtout un beau moyen de détourner l'opinion publique des choses qui fâchent et qui devaient être prises à bras le corps dès le début du quinquennat. Au lieu de cela, au lieu de réformer ce qui devait absolument être réformé d'urgence, le gouvernement a utilisé des symboles dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'allaient pas dans le sens de l'intérêt général. Que Jean-Marc Ayrault aille demander à un ouvrier de Florange ce qu'il pense du mariage des homosexuels ? Ou qu'il aille demander à ce même ouvrier ce qu'il pense du vote des étrangers, autre promesse électorale, qui, prenons le pari, sera le prochain texte qui occupera six mois durant les deux assemblées qui n'ont que cela à faire dans le contexte actuel. L'exécutif risque de le payer fort cher lors des prochaines échéances électorales car on ne dirige pas un pays à grands renforts de symboles, qui plus est lorsque ces symboles sont aussi clivants. L'UMP n'en demandait pas tant, elle qui était détruite à force de luttes intestines et qui a retrouvé au moins un semblant d'unité contre ce texte.
Les homosexuels veulent les mêmes droits que les hétérosexuels. Très bien. Dans ce cas, pourquoi se marginaliser avec le salon du mariage gay qui va se tenir samedi prochain à Paris ? Le mariage gay serait-il finalement différent du mariage des hétérosexuels ? Un peu de cohérence ne nuirait pas. Je croyais qu'avec le mariage pour tous, il s'agissait de la même chose. Quant à leurs grands discours d'ouverture d'esprit, j'y croirai lorsque je pourrai avec mon épouse m'asseoir et me faire servir à la terrasse d'un bar du Marais. J'y habite depuis vingt ans, je n'ai jamais réussi cet exploit.
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