Nos hommes politiques sont vraiment impayables. Après les tentatives de faire payer l'accès aux classes préparatoires aux grandes écoles pour permettre une meilleure mixité sociale (sic) et non pour casser la dernière chose qui fonctionne encore à peu près dans l'éducation nationale, après le mariage pour tous qui était la seule chose nécessaire au redressement de l'économie de notre beau pays, après la refondation de l'école qui n'augure rien de bon, voici que l'opposition rajoute son grain de sable dans la gueule du débat qui n'en avait nullement besoin.
Vous souvenez-vous d'Hervé Gaymard ? Non ? Comme c'est dommage. Lui, en tout cas, se souvient de vous. Hervé Gaymard est un gentil membre de l'UMP, ancien ministre, qui est aussi l'auteur d'un rapport attendu et très documenté sur le prix du livre en général et des livres numériques en particulier. Non seulement il a écrit ou fait écrire ce rapport, mais il a aussi soumis une proposition de loi sur l'exploitation numérique des livres anciens — et donc assez rapidement introuvables au moins à des prix décents — qu'il a agrémentée d'une joli lettre au ministre de la culture Aurélie Filippetti si d'aventure elle n'avait pas tout compris à la première lecture de sa proposition de loi. Il est vrai qu'avec les ministres de la culture, on ne sait jamais. On a tout de même eu Jack Lang et Frédéric Mitterrand. Ça laisse des traces.
Je cite sa prose avec des guillemets que j'ouvre avec des pincettes :
Alors que le développement du marché du livre numérique mobilise l'ensemble des acteurs, soucieux à juste titre d'une répartition équitable des profits, se développe depuis plusieurs années un nouveau marché de l'occasion qui enrichit tous les acteurs à l'exception notable des auteurs et des éditeurs, pourtant les premiers concernés.
Hier marginal et cantonné aux vide-greniers et aux bouquinistes, le marché de l'occasion représente aujourd'hui plus de 42 % des ventes de livres, et ses acteurs, Amazon, Priceminister, la FNAC ou Ebay touchent des commissions sur chaque vente et sont soumis pour partie à la TVA.
Au contraire, ceux qui ont créé et édité les livres vendus ne perçoivent aucun bénéfice de cette exploitation et voient même leur chiffre d'affaires amputé de recettes non négligeables.
À l'heure actuelle, pour les achats de livre sur les sites de la FNAC ou d'Amazon par exemple, l'occasion est systématiquement proposée à côté du produit neuf. Dans le secteur des jeux vidéo, plus de la moitié des jeux sont achetés d'occasion. Or selon qu'un ouvrage est vendu ou revendu, les acteurs de la transaction diffèrent fortement. Ainsi, dans le cas de la vente d'occasion, seuls le libraire, le site, le vendeur et l'État, dans une moindre mesure, touchent un pourcentage. Face au développement de cette vente d'occasion, les créateurs, les auteurs et les éditeurs sont donc fortement pénalisés.
Les premiers sont en effet privés d'une part non négligeable de leurs droits d'auteur et les seconds voient baisser significativement leurs ventes moyennes, rendant leurs coûts de création de plus en plus difficiles à amortir. Si cette pratique n'est pas réglementée en faveur des propriétaires des œuvres, c'est tout le secteur de l'édition qui, à l'instar de l'industrie du disque face au téléchargement illégal, est menacée.
Face à cette situation, l'instauration d'une contribution sur les ventes et les achats d'occasion, à l'image de ce qui se fait déjà pour les prêts en bibliothèque ou pour les œuvres photocopiées, pourrait constituer une solution simple et équitable permettant de sauver la création. Cette contribution, imputable également aux ventes d'occasion de jeu vidéo, permettrait de donner aux éditeurs les moyens de pérenniser l'emploi en France et, ainsi renforcés, de participer à la compétition internationale et au rayonnement de la culture française à l'étranger. Il souhaiterait donc que lui soient précisées les mesures envisagées sur ce sujet par le Gouvernement.
Je vous propose donc une traduction libre pour bien fixer les idées de ceux qui ne comprendraient pas encore la langue fleurie de nos chers politiques dans le texte.
Chère Aurélie,
Tu sais sans doute que j'ai écrit plusieurs livres qui, s'ils n'ont pas réellement été des échecs cuisants, n'ont pas vraiment été des succès, sans doute parce qu'ils se revendent d'occasoin sous le manteau, me privant ainsi de potentiels revenus confortables. Je ne vois pas d'autres explications tant ils ont été salués par mes copains de parti. Comme je n'ai quasiment rien touché en droits d'auteur, je te demande d'instaurer de toute urgence une contribution obligatoire sur les transactions des livres d'occasion. Sur mes livres, accessoirement sur ceux des autres, cela se verra moins.
Ainsi, chaque auteur disposerait d'une rémunération à chaque fois que l'ouvrage serait vendu. Tu me diras qu'il est impossible de taxer plusieurs fois le même bien pour la même chose, mais après tout, il suffirait d'imaginer que l'achat d'un livre se transforme en genre de location de longue durée.
Par ailleurs, en cassant le marché du livre d'occasion, puis le marché de l'occasion en général — pourquoi en effet ne pas instaurer une taxe sur les objets vendus dans les vide-greniers ? —, j'espère que tu contribueras dans la joie et la bonne humeur à l'appauvrissement culturel des français qui, en ces temps de crise, n'ont pas d'autre choix que de passer par le marché de l'occasion, appauvrissement culturel que tu sais nécessaire et indispensable à ma réélection future.
Gros bisous baveux.
Quelle sera avec de tels raisonnements la prochaine étape ? J'ai trouvé il y a quinze jours dans un marché aux puces une authentique chignole de Peugeot Frères. Pas l'espèce de batteur à œufs fabriqué en Chine à pas cher, non, la vraie, capoté à deux vitesses, avec des pignons en acier dur et certainement fabriquée dans les années cinquante. Dix-neuf cent cinquante, entendons-nous bien. Je l'ai trouvée à 8 €. Si je la revends dans un avenir pas si lointain que cela, devrais-je payer quelques euros à Peugeot Frères ou à ses ayant-droits ? Les futures propriétaires devraient-ils faire de même jusqu'à ce que cette chignole se retrouve au paradis des chignoles ? Si je revends mon appartement, faudrait-il rétribuer l'entreprise qui l'a construit, celle qui l'a rénové ? L'immeuble ayant été construit entre le XVIe et le XIXe siècle, comment calculer les parts qui iront à chacun ? Et surtout quels étaient ces artisans qui ont construit cet immeuble ?
Et si je vends mon cerveau pour me payer les œuvres complètes d'Hervé Gaymard — je parle de vendre mon cerveau car il s'agit de l'organe le moins sollicité par la lecture de ses œuvres —, le transplanté, lorsqu'il voudra s'offrir une bagnole en revendant mon cerveau, devra-t-il me verser une quelconque rétribution ?
Hervé Gaymard est, rappelons-le, élu de la 2e circonscription de Savoie. Je ne sais pas si la raréfaction de l'oxygène en altitude est responsable des divagations contenues dans cette proposition de loi et les rendrait excusables, mais force est de constater qu'il plane avec défense d'atterrir.
Il ne vous a pas échappé que la cote de l'exécutif est au plus bas. Les dernières élections législatives partielles ont été des échecs cuisants pour l'actuelle majorité à tel point qu'il ne serait pas impossible que le parti socialiste perde avant la fin de la législature actuelle sa majorité absolue. Je dois dire qu'au vu de la politique que ce parti conduit depuis un an, préférant les symboles aux actes, ce ne serait pas un mal.
Le problème est que nous n'avons personne pour les remplacer. Souvenez-vous. Nous avions il n'y a pas très longtemps Nicolas et Xavier
Fig. 1 : Xavier et Nicolas (de gauche à droite) font de la politique
à moins qu'il ne s'agisse finalement de Stanley et Oliver, je n'ai jamais pu faire la différence tant la ressemblance à tous points de vue est frappante.
Fig. 2 : Oliver et Stanley (toujours de gauche à droite) imitent Xavier et Nicolas faisant de la politique, mais en couleurs
Ces deux-là, c'est pour l'instant du passé, d'autant que la justice commence à tourner autour de Stanley pour plusieurs affaires plus ou moins louches dont un don de l'état à un ancien chanteur et comédien et quelques histoires de gros sous, de contrats d'armement et de cosmétiques. Des futilités, donc.
Ne restent aujourd'hui à droite en dehors de Valls, de Borloo dont personne ne sait vraiment ce qu'il fait là, pas même lui, alors qu'il y aurait tant à faire, les duettistes de l'UMP que sont Fillon et Copé. Fillon vient de régler son complexe d'Œdipe en tuant le père dans un reportage télévisé qui est passé récemment sur Arte. Copé n'en est pas encore là, il cherche pour l'instant à tuer la mère qu'est Marine Le Pen. Et il a du travail. Il a du travail parce que tuer sa mère alors qu'elle-même essaie de tuer son père encombrant n'est pas une mince affaire. Tout le monde ne peut pas prétendre être la nouvelle Jeanne d'Arc boutant je ne sais qui hors de France pour sauver le pays. Mais, écrivant cela, je ne serais finalement pas étonné plus que cela qu'il finisse par aller en pélerinage à Chinon. Par pitié, ne m'envoyez pas de courriers incendiaires pour me signaler que les moins de trente ans ne peuvent pas comprendre.
Il n'y a donc à droite que deux candidats sérieux. L'un a bourré les urnes pour maîtriser l'appareil du parti, demandant maintenant aux militants par un suffrage direct s'il faut revoter — ce qui revient à demander par un vote s'il faut voter je ne sais pas si vous me suivez ? —, l'autre a crânement annoncé qu'il sera, quelles que soient les circonstances, candidat à l'élection présidentielle de 2017 avant de se rétracter en parlant des primaires. Le rosé a vraiment bon dos. Cela augure de belles batailles dans un avenir pas si lointain que cela. Réjouissons-nous.
Personnellement, je ne fais pas plus confiance à l'un qu'à l'autre. Si le premier me fait penser par moment à un pasteur calviniste qui a tout de même eu cinq ans pour faire ses preuves, j'avoue que je ne fais pas plus confiance au second. Comment voulez-vous faire confiance, pour diriger la France, à quelqu'un qui ressemble à Louis de Funès ?
Fig. 3 : toi aussi, joue au jeu des sept erreurs. Saurais-tu distinguer l'original de la contrefaçon ?
Nous n'avons pas besoin d'un comédien nerveux, ni même d'un comédien normal qui sous couvert de normalité vend au plus offrant un dixième de la cave de l'Élysée (encore un symbole de plus). Nous avons besoin de quelqu'un qui prenne à bras le corps les problèmes actuels du pays en n'ayant pas peur de réformer l'état, le système des retraites, la fiscalité et surtout l'éducation nationale actuellement en grand péril. Contrairement à ce que la gauche annonce, il ne s'agit pas aujourd'hui de rajouter partout des postes d'enseignants. On pourra se poser la question de rajouter des postes lorsque les fondamentaux de l'enseignement seront acquis par les élèves (lire, écrire, compter et comprendre un texte), ce qui rendra du même coup caduque la ridicule discussion à l'assemblée nationale concernant l'accessibilité des bacheliers aux classes préparatoires et la discrimination positive qui est à nouveau en train de poindre ! Comme si on n'avait que cela à faire !
Le café broyé est une substance grasse. J'en ai fait l'amère expérience l'autre jour lorsque le réceptacle de mon broyeur à café m'a glissé des mains pour tomber sur le carrelage de la cuisine. Non seulement j'ai perdu un peu d'Antigua, ce qui est déjà une source de grincherie matutinale, mais j'ai aussi cassé ce fameux réceptable. Heureusement, Krups suit les pièces et peut me vendre le bout de plastique en question. Je l'ai donc commandé et il devait me parvenir par la Poste.
Quinze jours plus tard, je trouvais tout de même que cela commencait à faire un peu long. L'expéditeur m'avait adressé un message me signalant pourtant que le colis avait été envoyé il y a de cela plusieurs jours.
Hier soir, 14 mai, quelle ne fut pas ma surprise de trouver une lettre verte émanant des services de la Poste au courrier. J'ouvre ce pli et j'y apprends que le facteur n'a pas pu me remettre un colis le 10 mai 2013 parce que je n'étais pas chez moi. Ce n'est pas comme si nous n'avions pas une boîte aux lettres grand volume. Chose plus amusante, si le facteur était bien passé chez moi comme le prétend le courrier en question, pourquoi n'a-t-il pas laissé son avis de passage dans ma boîte aux lettres ? Était-il plus simple de retourner à la Poste pour m'envoyer par les services postaux son avis de passage ?
J'ai beau chercher. La seule explication logique est qu'aucun facteur n'a essayé de me remettre ce colis le jour dit et que l'avis de passage m'a simplement été adressé par courrier, la Poste partant certainement du principe qu'il ne sert à rien d'essayer de livrer dans la journée les destinataires de colis.
J'ai la chance d'avoir des lignes mobiles chez Orange Business Services. La chance… Disons l'obligation pour des raisons historiques puisque l'une d'entre elle n'a été souscrite que pour obvier aux lacunes de France Telecom lorsqu'il se fut agi de m'installer une ligne fixe à la campagne (vous ai-je déjà dit qu'il m'a fallu six mois pour avoir le téléphone et la tonalité ?) et que l'autre n'a été souscrite que pour effectuer des tests poussés des accès internet mobiles.
Ces deux lignes ne m'étant plus d'aucune utilité d'autant plus qu'à moins de monter chez moi au sommet de la colline, la couverture par Orange est exécrable. Je ne vois donc pas pourquoi payer très cher deux abonnements qui ne me servent strictement à rien sauf à engraisser une entreprise qui n'en a pas réellement besoin. J'ai donc pris mon courage à deux mains pour affronter le service clientèle d'Orange Business Services. Lorsqu'on voit l'efficacité de ce service, on est vraiment content de ne pas être un simple client. Je ne sais pas si vous voyez bien ce que je veux dire.
Je téléphone donc aux numéros du service clientèle figurant sur mes factures. J'écris bien aux numéros au pluriel puisque les deux abonnements sont visiblement gérés par deux services clientèle différents. Soit, l'organisation d'Orange, même pour l'ancien de France Telecom que je suis, me semblera toujours plus obscure. Je finis par tomber au bout d'un temps infini, décompté de mon fortait pour parler en patois pététique, sur une personne qui m'explique que je dois passer dans une agence Orange pour résilier mes deux lignes, ce que je fais le soir même.
Je me rends donc dans l'agence qui jouxte le coin de la place au bout du boulevard. J'attends, j'attends longuement jusqu'à ce que quelqu'un daigne s'occuper de mon cas et me dise au bout de quelques secondes qu'il me faut téléphoner à tel numéro pour la première ligne et à tel autre pour la seconde. Oui, j'oubliais de préciser, il faut téléphoner à partir de la ligne que l'on veut résilier et comme l'une des deux lignes n'est qu'une ligne de données, c'est tout de suite plus difficile.
Je commence donc par la ligne de données. J'appelle le numéro en question et au bout de quelques minutes, je tombe sur quelqu'un qui accepte de résilier cette ligne et qui me confirme qu'elle sera désactivée à partir du 16 mai courant. Très bien. Je pensais que le plus dur était fait. J'attaque donc la résiliation de la seconde ligne, celle qui avait un abonnement voix et données. Je pensais naïvement que ce serait plus simple. Erreur fatale.
Après être tombé sur un disque qui m'annonce le prix de la communication, un automate me demande ce que je veux faire. J'ai quatre possibilités, mais aucune ne me parle de résilier une ligne. Borné, j'essaie la première possibilité qui ne parlait que d'ouverture de ligne et, par chance, le menu vocal suivant me propose en quatrième choix de résilier une ligne. Docile, je m'exécute, et je tape sur mon petit clavier sur la touche 4. Stupéfait, j'entends alors que l'automate ne peut pas reconnaître mon mobile et me raccroche au nez. J'essaie plusieurs fois, à chaque fois, le sale truc me raccroche au nez. Mais l'appel est bien comptabilité sur mon compte client. Il n'y a pas de petits profits.
Je reprends donc la manipulation en décidant d'être plus bête que la machine et fais comme si je voulais ouvrir une ligne, supposant que j'allais tomber sur un humain bien disposé. Effectivement, lorsqu'il s'agit de vendre quelque chose, on tombe sur un humain. J'explique alors mon problème et je me fais expliquer la procédure de résiliation. Il me faut envoyer un courrier électronique à l'adresse contact.ccer@orange.com, chose que j'ai faite dans la foulée.
Aujourd'hui, je n'ai toujours pas le moindre accusé de réception de ma demande de résiliation.
Le système est donc fait pour vendre, vendre toujours plus et garder le client captif puisqu'il lui est impossible sauf à batailler durant une journée de résilier ne serait-ce qu'une ligne. Les informations figurant sur les contrats sont volontairement erronées puisque elles indiquent au client de téléphoner à un numéro surtaxé qui lui raccroche au nez plusieurs fois avant d'obtenir les bonnes informations.
Tout est donc fait pour rendre le client captif avec des méthodes pour le moins ignobles. Je veux résilier une ligne. C'est mon droit le plus strict et je n'ai pas à devoir me justifier. Il est inadmissible qu'il faille plus d'une journée pour le faire. Et encore, l'affaire n'est pas terminée.
Après le mariage pour tous qui était la seule chose que la France attendait pour redresser son économie, nous passons à un autre temps parlementaire. Le gouvernement veut maintenant lutter contre cette fameuse obsolescence programmée. C'est louable, mais cela fait juste un peu théorie du complot. En dehors de deux ou trois cas très particuliers — et il faudra encore me prouver que c'est fait sciemment pour limiter la durée de vie des appareils en question —, j'aimerais qu'on me montre un seul appareil dont la durée de vie est artificiellement réduite ou limitée par un circuit électronique quelconque.
Le but d'un industriel est de produire, de produire à moindre coût et de produire de plus en plus en rendant obsolètes les appareils qu'il fabriquait auparavant. Ce n'est pas une obligation puisqu'il ne serait pas impossible d'investir dans des entreprises de réparation des produits existants. C'est juste un choix, un modèle de société choisi collectivement.
L'exemple emblématique est la cartouche d'imprimante. Comment ? Mais c'est un véritable scandale ! On ne peut pas imprimer toute sa vie avec la même cartouche ?! Je sais parfaitement qu'il existe dans certaines imprimantes des compteurs qui limitent l'usage alors que cela pourrait durer plus longtemps. Mais soyons un peu honnêtes, à chaque fois que j'ai vu cela, il y avait une raison qui n'était pas une limitation introduite dans le seul but de brimer l'utilisateur. Typiquement, cela évite d'utiliser des cartouches soi-disant compatibles avec de l'encre de mauvaise qualité bouchant les buses, de mettre de l'encre partout parce que l'éponge de récupération est susceptible d'être saturée, d'éviter d'avoir un four qui dysfonctionne… C'est une conséquence des choix de fabrication et du coût toujours moins cher des produits. Ce qui est gagné à l'achat fini par être payé autrement.
Ce qui est moralement condamnable, en revanche, c'est la réticence qu'ont les fabricants de fournir les pièces. Actuellement, j'ai une cafetière en panne parce que je n'arrive pas à trouver les tournevis pour l'ouvrir. Empreinte TA quelque chose, en rupture de stock chez le seul importateur en Union Européenne. Ça laisse songeur. C'est parfaitement criticable, mais cela n'a rien à voir avec un complot des industriels, ce qui est la thèse explicite de la fameuse « obsolescence programmée » qui généralise abusivement et sans vergogne des cas particuliers qui n'ont rien à voir les uns avec les autres et qui a une très nette propension d'interpréter les faits d'une manière assez paranoïaque.
En effet, objectivement, les produits sont actuellement fragiles parce qu'ils sont conçus rapidement, parce que les matériaux de fabrication sont légers, souvent des pièces d'usure en plastique, et surtout parce que les constructeurs sont sous la pression continuelle de la concurrence et du client qui veut toujours payer moins le moins cher possible, ignorant que, si au-dessus d'un certain prix il paie une marque, en dessus d'un certain prix, il n'en a que pour son argent. Le client veut aussi des produits de plus en plus complexes. Mais qui dit produit complexe de moins en moins cher dit aussi composants et matériaux de moins en moins chers et, mécaniquement, qualité de moins en moins bonne, donc produits de moins ne moins durables. Et lorsque le fabricant utilise encore des composants de qualité, il réduit les coûts sur le reste. Un connecteur de batterie coûte plus cher qu'un point de soudure ? Qu'à cela ne tienne, la batterie ne sera pas remplaçable. Un emplacement pour une carte mémoire est trop cher ? On la soude et si le client veut une mémoire plus grande ou si sa carte tombe en panne, il remplacera son appareil.
Ce ne sont que des conséquences immédiates de la société de consommation soumise à une concurrence libre et non faussée.
Mais revenons à notre complot. Arte a récemment diffusé un documentaire intitulé « prêt à jeter », consacré à l'obsolescence programmée. Ce documentaire a eu un grand succès et la critique, autant que je m'en souvienne, l'a unanimement recommandé. Il est vrai qu'il contenait un certain nombre de choses qui peuvent frapper les esprits simples. Je pense en particulier à cette ampoule qui brille depuis plus d'un siècle dans une caserne de pompiers américaine et qui a déjà enterré trois webcams censées la surveiller. Ce que le documentaire ne disait pas, c'était que cette ampoule à incandescence était sous-volté d'un bon facteur (60 V contre 115 V de tension nominale). À ce tarif, je pense qu'une ampoule à incandescence moderne serait aussi capable de la même performance. Que dire alors du fameux cartel Phoebus ? Rien, sinon que lui et ses confrères (comme OSRAM) ont standardisé les culots des ampoules et le rendement des ampoules (rendement qui varie inversement à la durée de vie de l'ampoule, c'est physique et cela se calcule). Parler de diminution de la durée de vie des ampoules dans les années 1930 est pour le moins bizarre. Il suffit que le regroupement et l'interconnexion de toutes les petites compagnies d'électricité qui ont eu lieu à la même époque aient provoqué quelques surtensions. Nous avons d'ailleurs vécu la même chose en France il y a un peu plus de vingt ans. La tension du secteur est passée de 220V à 230V. Moi qui collectionne des anciennes radios à tubes, j'ai vu tous les voyants claquer les uns après les autres. Les anciens étaient tous d'origine et avait, pour les plus récents, plus de quarante ans. Les neufs ne tenaient que quelques mois. Pourquoi ? Parce que ces voyants étaient sur un enroulement spécial du transformateur, un 6,3V et leur tension nominale était de 6,5V. Avec la nouvelle tension du secteur, ils fonctionnaient sous 6,6V et leurs morts prématurées n'était pas une histoire d'obsolescence programmée ou de mauvaise qualité du materiel moderne. Un autotransformateur plus tard, tout est rentré dans l'ordre.
Mais revenons à ce documentaire hélas d'une nullité intégrale. Certaines découvertes des journalistes étaient parfois amusantes voire totalement hilarantes de bêtise crasse. Mais, le plus souvent, il était nauséabond de complotisme. Jamais il n'était informatif. D'après de documentaire, l'obsolescence programmée est l'idée selon laquelle, si les produits que vous achetez se dégradent rapidement contrairement aux bons vieux produits des temps anciens et perdus, ce n'est pas totalement un hasard ou un manque de chance. C'est en effet une machination infernale ourdie par les grandes entreprises industrielles qui ont trouvé un moyen efficace de nous contraindre à racheter régulièrement leurs produits. Cette idée qui tient une bonne place dans l'imaginaire populaire ne convainc pas les économistes.
J'ai trouvé dans une interview d'Alexandre Delaigue un début d'explication. Ce serait l'agacement éprouvé par les clients devant la dégradation d'un produit qu'ils ont acheté qui les pousse à penser, par dépit, que la panne n'est pas le fruit du hasard mais d'un calcul des industriels. Ils rejettent ainsi la responsabilité d'avoir acheté le produit le moins cher sur autrui. Cette idée est renforcée par la sensation très commune que cette situation est nouvelle et que les biens étaient plus durables dans les temps anciens.
Le même Alexandre Delaigue s'est attaché à démystifier les erreurs du documentaire d'Arte signé pas Cosima Dannoritzer (il ne sera pas dit que je n'aurai pas rendu hommage à un tel travail de journaliste sans citer son nom). Son article complet est disponible ici.
D'autres économistes, dont Pascal Emmanuel Gobry qui a publié « l'obsolescence programmée, ce mythe qui révèle à quel point notre rapport aux mécanismes économiques est biaisé » ont montré à quel point les mécanismes économiques de base sont étrangers ou au moins mal compris par le commun des mortels. Il s'ensuit souvent que l'obsolescence programmée est une thèse conspirationniste, d'autant plus acceptée que nous sommes en France friands de telles thèses.
Or, pour qu'une telle politique d'obsolescence programmée puisse fonctionner et perdurer, la condition nécessaire et non suffisante est que toutes les entreprises s'entendent pour fonctionner en cartel. Sinon, il sera juteux pour une entreprise de ne pas prendre part à la conspiration.
Et, sur ces entrefaites-là, le groupe écologiste au parlement vient de proposer la création d'un délit d'obsolescence programmée, preuve qu'une fois encore, les écologistes n'ont pas réellement tout bien compris. Je propose de rajouter un délit de sorcellerie adaptative et de connerie abyssale. L'obsolescence programmée n'existe pas. Elle n'a jamais existé dans que les cerveaux de gens qui avaient besoin d'expliquer pseudo-scientifiquement la détérioration des produits qu'ils ont pu acheter à vil coût. Elle n'est qu'un concept nébulo-fumeux, mystico-physique prétendant que les grands méchants capitalistes fabriquent sciemment des biens de consommation de piètre qualité dans le seul but de réduire leur durée de vie et d'augmenter mécaniquement leur taux de remplacement.
Cela n'a rien a voir avec les pièces qui sont notées NFP (ne fournissons plus) dans les catalogues des fabricants, ce qui est pour le coup un véritable scandale, et il serait bon que nos écologistes s'en rendent compte. Il serait bon. Mais peut-être qu'en bons écologistes, ils se sont rendus compte que le cerveau est un véritable scandale écologique puisqu'il ne pèse que 2% de notre masse en consommant 25% de l'énergie que nous consommons et ont décidé de l'économiser.
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