La question n'est pas de savoir si la France va faire faillite mais de savoir quand. L'échéance se rapproche dangereusement et il convient de savoir où nous en sommes aujourd'hui et si les conséquences en ont été tirées.
La période s'y prête. Vous le savez, en automne, il y a les feuilles qui tombent, les noix à ramasser, mais surtout, il y a les prévisions de l'Union Européenne que vous trouverez ici.
Cette année, nous avons de la chance. Elles prennent une saveur tout à fait particulière puisque le mardi 4 novembre 2014, la commission, par la voix de son commissaire aux affaires économique, Pierre Moscovici, annonce ses prévisions de croissance et de déficit public. L'exercice est de haute voltige puisque le nouveau commissaire européen est contraint à contredire les chiffres de l'ex-ministre des finances qui n'était autre que ce même Pierre Moscovici. En effet, la France devient la championne d'Europe du déficit rapporté à son PIB.
Certains lecteurs vont encore se plaindre que je vais parler de chiffres et que les media traditionnels n'en disent rien. Ce n'est tout de même pas de ma faute si le français moyen préfère connaître les frasques de Nabilla Benattia plutôt que l'état de son propre pays et il faudrait veiller à ne pas m'en tenir responsable. Mon esprit chagrin me souffle que les media sont peut-être réticents à informer les français sur certains points.
Mais revenons au sujet avec deux graphiques publiés récemment sur Challenge.fr :
Fig. 1 : dépenses publiques rapportées au PIB d'un pays
Fig. 2 : emploi salarié dans l'industrie (base 100 le 01.01.2000)
Deux dessins valant toujours mieux qu’un long discours, les deux graphiques ci-dessus nous permettrons de comprendre ce qui se cache derrière la dette publique de la France.
La dette de la France (selon l’INSEE) se scinde en deux parties que sont d'une part la dette officielle de l'état, calculée selon les critères de Maastricht à environ 2000 milliards d'euros et aux autres dettes que sont pêle-mêle :
- le déficit de la sécurité sociale ;
- les retraites des fonctionnaires ;
- les dettes des collectivités locales,
liste non exhaustive. Ces autres dettes sont estimées à quelque chose entre 5000 et 8000 milliards d'euros. Je n'ai pas réussi à trouver de source fiable.
Ainsi, l'endettement exact de la France est quelque part entre 7000 et 10000 milliards d'euros. Au minimum, cette dette que Mélenchon voudrait rayer d'un trait de plume en oubliant qu'en la rayant elle se transformerait immédiatement en dette privée parce que cet argent a déjà été dépensé, est trois fois et demi supérieure au montant répété à l'envi par les media.
Bien évidemment, le monde politique minimise le problème en ne communiquant que sur les critères de Maastricht. La somme est déjà assez importante sans encore y ajouter ce qui se cache actuellement sous le tapis. Je ne peux pas dire que cette façon de faire est intellectuellement honnête, mais même sur ces simples critères de Maastricht, il faut tout de même reconnaître que l'endettement « officiel » de la France serait pratiquement égal à la totalité des richesses qui y sont produites annuellement et qui porte le doux nom de PIB.
La question est maintenant de savoir ce qui se cache dans le PIB. Selon l'INSEE toujours, il est la somme des produits marchands et des produits non marchands. Les produits marchands qui représentent 57,1% du PIB regroupent entre autres les dépenses publiques des administrations centrales et des administrations locales. Les produits marchands sont les biens et les services produits par les entreprises, les artisans et les commerçants. Une simple soustraction permet de s'assurer qu'ils ne représentent que 42,9% du PIB.
Il est étrange de considérer comptablement comme une richesse les dépenses publiques. Ces dépenses devraient aller au passif quitte à ce que ces dépenses créent des produits marchands ou non marchands qui se retrouveront à l'actif. Passons, cela permet de gonfler les chiffres avantageusement sans toutefois masquer que la véritable richesse produite par le pays ne représente pas même la moitié de notre PIB (860 milliards d'euros pour fixer les idées).
Le déséquilibre entre cette production réelle de richesse et les charges que sont les dépenses publiques montrent sans ambiguïté qu'aucune augmentation d'impôt, même massive, ne permettra d'atteindre l'équilibre financier. Rassurez-vous tout de même, les fonctionnaires de Bercy regorgent d'idées nouvelles comme la taxe sur la cabane de jardin ou la nouvelle taxe sur le foncier non bâti. Il y aura bien des augmentations d'impôts, des créations de nouvelles taxes, mais rien ne changera la situation financière catastrophique de notre pays. Tout au plus ces nouveaux prélèvements pourront repousser un peu l'échéance.
Reprenons un peu les chiffres. La communication officielle de l'INSEE et du gouvernement nous apprend que nous avons une dette publique d'environ 2000 milliards d'euros. Le secteur marchand arrive à produire bon an mal an 860 milliards d'euros et il manque une grosse centaine de milliards d'euros pour ne pas creuser le déficit.
Si maintenant nous prenons la dette réelle de la France, coupons la poire en deux, qui est plus vraisemblement de 8500 milliards d'euros à 3% l'an, il faudrait trouver pour boucler le budget sans rembourser le principal de la dette 260 milliards d'euros supplémentaires. Pour commencer à amortir le principal de cette dette en la remboursant en plus de 30 ans, il conviendrait d'ajouter encore une ligne budgétaire de 200 milliards d'euros.
Ainsi, pour désendetter la France, il faudrait consacrer toute la production du secteur marchand, soit 860 milliard d'euros, y ajouter la centaine de milliards d'euros pour avoir un budget à l'équilibre et 460 milliards d'euros pour amortir la seule dette existante, soit 1420 milliards d'euros. Et encore, je ne parle pas du secteur non marchand que je ne traite pas et qu'il faudra bien payer aussi. Rajoutons donc 1000 milliards d'euros à ce chiffre pour ce secteur non marchand en partant du principe que la France pourra le réformer pour qu'il ne soit pas plus gourmand que le secteur non marchand allemand.
Nous avons donc une dépense incompressible de 2420 milliards d'euros pour une création de richesse réelle de 860 milliards d'euros. En d'autres termes, nous arrivons à peine à créer le tiers de ce que nous dépensons. Et ce n'est pas conjoncturel, c'est structurel, cela fait trente ans que cela dure. Si ce n'est pas une faillite, je ne sais pas comment l'appeler.
La seule réponse de la classe politique est d'augmenter par tous les moyens la croissance économique donc les richesses produites. Ce n'est pas possible et même si cela l'était, il faudrait soixante ans de croissance continue à 2% par an pour arriver à l'équilibre. Rien n'est dit sur l'augmentation de la dette durant ces soixante ans. Or le rythme de la croissance ne peut que décroître puisque nous sommes dans une économie finie. Nous ne sommes plus dans un marché d'équipement mais de renouvellement.
Il ne faut toutefois pas perdre de vue que cette situation de faillite n'est pas limitée à la France. Tous les autres pays développés sont dans une situation analogue. Pour les USA, la situation est encore pire mais ils font encore illusion grâce au statut particulier du dollar, monnaie d'échange internationale. La question est de savoir pour combien de temps encore.
Mais revenons à la France et à son état. Il y a la réalité fantasmée, celle que l’on aimerait voir, le doux rêve, et puis il y a la triste réalité des faits que l’immense majorité ne veut pas voir. Je n'arrive pas à savoir si les français sont conscients ou non de ce qui est en train de se jouer sous leurs yeux. La psychologie humaine est complexe et je ne me hasarderais pas à prendre position. En effet, il est difficile de choisir entre l'aveuglement volontaire où le sujet rejette volontairement tous les faits qui le dérangent dans son confort quotidien et le biais de conformité.
L'aveuglement volontaire est assez simple à appréhender. Quitte à recevoir un bon coup de pied au cul, autant ne pas l'attendre avec angoisse, c'est déjà ça de gagné. Le biais de conformité est quant à lui bien plus pervers. Il s'agit pour un individu de vouloir être accepté par un groupe. La pensée exprimée sera donc toujours la pensée consensuelle du groupe ou la pensée que l’on croit que le groupe peut entendre. Ce biais de conformité explique la pensée unique ou les propos lénifiants dont nous sommes si souvent abreuvés.
Ces deux mécanismes de pensée peuvent se cumuler avec plus ou moins de bonheur pour obtenir une écrasante majorité de gens qui arrivent au consensus en s'aveuglant mutuellement, pour ne pas voir la réalité pourtant froide et monstrueuse, en développant une pensée unique stérilisante. Pire, ils sont prêts à tout pour défendre l'indéfendable becs et ongles et celui qui, outrage ultime, dit la réalité des faits devient l'ennemi du groupe, le vilain petit canard qu'il faut à tout prix abattre et dont le message devient inaudible.
Au début de cet article, je vous parlais de l'état des finances de la France. Certains d'entre vous doivent penser qu'il ne s'agit que de chiffres. Mélenchon prétend que ce n'est que cela et qu'il suffit de les rayer d'un trait de plume. Il est l'exemple parfait du déni ou, au choix, de la bêtise crasse.
Ce ne sont effectivement que des chiffres, mais les signaux de la faillite déjà en cours sont parfaitement visibles aujourd'hui. Il suffit de savoir les regarder. Il y a quelques années, je discutais avec un député toujours en poste actuellement de la situation économique de notre pays. Il m'a demandé quels seraient les signes avant-coureurs de l'effondrement de notre pays et de sa faillite. Je lui ai répondu que je n'en savais strictement rien mais que, le jour venu, nous les reconnaîtrions avec une certitude absolue si l'on ne se mettait pas des œillères.
Ces signaux sont aujourd'hui sous nos yeux. Ils s'étalent à longueur de titres dans la presse. Pourtant, entre le biais de conformité évoqué plus haut et l'aveuglement volontaire, personne n'en tient compte. Il faut dire que l'immédiateté de l'information où une dépêche chasse l'autre toujours plus vite, sans aucune analyse, et un monde dans lequel les frasques de Nabilla sont plus importantes que la crise en Ukraine, il devient difficile d'éduquer le ventre mou de la population.
Je vous donne quelques signaux, vous en ferez ce que vous voulez. Tous ces signaux pointent dans la même direction, celle des caisses de l'état désespérément vides. La question est de savoir quand cet état sera obligé de le reconnaître et surtout quelles seront les modalité de la renégociation de sa dette. Rassurez-vous, ce ne sera pas pour dans vingt ans, mais plus vraisemblablement pour 2015, 2016 au plus tard. Nous n'attendrons plus longtemps.
Joëlle, instit sans salaire, dépannée avec des bons alimentaires
Les enseignants stagiaires de l’école supérieure de professorat et de l’éducation de Livry-Gargan ont manifesté ce mardi. La grogne s’intensifie en Seine-Saint-Denis. Ce mardi plus de trois cents jeunes professeurs des écoles stagiaires manifestaient à Livry-Gargan. Ils devraient être plus nombreux encore à se rassembler mercredi devant la direction académique de Bobigny. Ce qu’ils réclament ? Une révision de leur formation, mal adaptée, mais aussi le versement des salaires de certains de leurs collègues qui n’ont toujours pas été payé depuis la rentrée…
Allons donc, encore un problème informatique ou un retard administratif. La réalité est qu'on se fout d'un cas particulier et qu'on cache cela sous le tapis en refilant des tickets reso aux instituteurs (source Le Parisien).
L’armée va revendre son matériel à une entreprise privée pour le louer…
Vous ne rêvez pas, nous en sommes là. Comme nous n’avons plus un sou, nos armées vont tout simplement revendre leur matériel à des sociétés privées. Macron est pour, Sapin est contre, mais Hollande a donné raison à Macron. L’armée va donc percevoir quelques milliards de ces ventes tout de suite, ce qui va boucher un trou de plus de deux milliards d’euros dans le budget de la défense, puis les armées vont payer un « loyer » une location pour leurs matériels. L’année prochaine, il faudra trouver autre chose pour boucler le budget (source Les Échos).
Baisse de 30 % des retraites complémentaires des fonctionnaires
Selon l’information diffusée par FranceInfo, une mauvaise surprise pour 110 000 fonctionnaires en retraite. Leur complément de retraite sera amputé d’un tiers dès l’an prochain. Une décision de l’UMR, l’Union Mutualiste Retraite qui doit être entérinée mardi après-midi au cours d’une assemblée générale de cette mutuelle qui propose une épargne retraite facultative aux fonctionnaires essentiellement.
30%, ce n'est pas rien. Au cas où vous n'auriez pas encore compris, il n'y a juste plus d'argent. Ce n'est pas demain, c'est maintenant (source).
Agirc… les caisses de retraites des cadres, en faillite !
L’information n’est pas nouvelle : nous vous en parlions déjà le 11 octobre… 2012 dans notre Ecodigest titré « Retraites complémentaires, fin de partie en 2017 ». Ce jour là, les partenaires sociaux – syndicats et patronat – devaient se réunir pour changer ce qui pouvait l’être. Seulement voilà, quasiment rien n’a été fait, à part un gel de la revalorisation des pensions, et en novembre 2014 nous pouvons encore écrire ici que l’AGIRC risque la banqueroute en 2017-2018. Exactement comme en 2012, mais deux ans plus tard
Là encore, il n'y a plus d'argent (source Économie Matin). Même constatation pour la Caisse des Allocations Familiales qui a de plus en plus de mal à payer les prestations en temps et en heure si j'en crois le nombre d'affaires qui passent actuellement au TASS sur ce point précis. Même remarque pour la CIPAV et d'autres caisses de retraite.
Police et gendarmerie… chronique d’une catastrophe annoncée !
Alors que « plusieurs milliers de policiers ont défilé aujourd’hui à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail et « le mal-être » dans la police, une initiative rare pour ce corps de métier », cet autre article du Figaro nous apprend que les véhicules d’inervention de nos forces de l’ordres sont à bout de souffle et qu’il n’y a tout simplement plus d’argent pour en acheter (source Le Figaro ici et ici).
Remarquez bien qu'il ne s'agit là que de quelques exemples parmi beaucoup d'autres. Le corollaire de cette absence d'argent est l'augmentation de tous les prélèvements car l'état, pour survivre, ira jusqu'au bout de sa logique mortifère quitte à accélérer sa fin en tuant toute activité économique.
Factuellement, la France est déjà financièrement condamnée à la faillite et cette faillite a déjà commencé sous vos yeux. Il n'y a aucune raison d'espérer, il est déjà trop tard, préparez-vous.