Petite analyse

Rassurez-vous, je n'ai pas besoin de psychanalyste. Je me contente d'une petite séance de thérapie de groupe régulièrement ici. Il faut bien que le lecteur serve aussi à quelque chose.

Non, l'analyse dont je veux vous parler est celle des comptes du RSI (le Régime Social des Indépendants) pour l'année 2013. Ces comptes ont été une fois de plus retoqués par les commissaires aux comptes qui n'ont pas voulu engager leurs responsabilités. On les comprend, ils ne sont pas fous. La puce m'a été mise à l'oreille pas un contributeur masqué qui m'a mis le papier sous les yeux ou plutôt dans ma boîte aux lettres. Accrochez-vous, c'est du très lourd pour un organisme qui prétend être une caisse de sécurité sociale et qui n'est en fait qu'une entreprise avec des actionnaires et se permettant de faire des bénéfices sur notre dos.

Donc revenons aux derniers comptes publiés par le RSI pour l'exercice 2013. En page 43, je vois qu'il est fait mention de chiffre d'affaire et de bénéfices. Ce bénéfice est pour l'exercice 2013 de 18,39 millions d'euros, en hausse de 1,1% par rapport à 2012. J'en reviens donc toujours à la même question : qui donc sont les actionnaires de ce grand machin ?

Un peu plus loin, page 49, je tique en apprenant que le RSI a des frais de recherche et développement. Recherche et développement ? Pour quoi faire ? Il y en a tout de même pour la bagatelle de 25 millions d'euros. Que font-ils avec cet argent ? Des congrès, des commissions pour étudier l'augmentation de l'assiette des cotisations ? J'ai beau chercher, je ne vois pas ce qui pourrait être classé de la part du RSI en frais de recherche et de développement. Si encore ils cherchaient comment améliorer leurs services à leurs heureux cotisants…

En page 53, je vois que le RSI boursicote en plaçant l'argent de ses cotisants dans des FCP, Sicav et coupons d'obligations à hauteur de 8595 millions d'euros ? Il me semble que cela est formellement interdit. Mais, en quittant le point de vue strict du droit, comment un régime de sécurité sociale peut-il placer de l'argent en bourse ? Il serait sans doute plus judicieux de redistribuer ces sommes aux cotisants, voire de créer un fonds d'aide aux personnes en difficulté. Je n'ai pas réussi à savoir si le RSI investissait dans des coupons de l'état français, ce qui serait tout de même assez cocasse et dangereux puisque la faillite proche de l'état français va aussi précipiter le RSI dans la tourmente. Adieu veau, vache, cochon et retraites déjà maigres du RSI. Quant aux remboursement des feuilles de soin, autant les oublier.

Page 54, je note qu'il y a des plus-values latentes. C'est pour moi un grand mystère. Une plus-value est ou n'est pas. En aucun cas elle n'est latente. En effet, une plus-value ne peut être que constatée, une fois les titres vendus. Si les titres en question ne sont pas vendus, cette plus-value n'existe pas et n'a pas à être introduite au bilan, surtout lorsque le montant de ces plus-values latentes sont des spéculations sur les assurances vieillesse complémentaires et d'invalidité.

Cerise sur le gâteau page 107 où j'apprends comment est calculée la retraite des agents du RSI. Je connaissais déjà leur système d'intéressement qui est proprement scandaleux, mais j'avoue que leur système de retraite est intéressant lui-aussi. Accrochez-vous bien.

L’indemnité de départ à la retraite est égale à autant de 1/10 du salaire mensuel normal du salarié qu’il compte d’années de présence, sans qu’au-delà de 10 années, cette indemnité puisse être inférieure au 1/3 de son salaire annuel normal, ce dernier étant égal au produit du salaire mensuel normal par le nombre de mois de rémunération correspondant à la structure salariale annuelle en vigueur selon la CCN.

Avez-vous compris quelque chose ? Non ? Ce n'est pas grave, je vais vous l'expliquer. Vous constaterez que cela a un certain goût de régime spécial bien caché et que cela ne ressemble en rien au calcul de la retraite de misère d'un petit commerçant ou d'un artisan. Le calcul est effectué sur la base du dernier salaire brut (tiens ? pas les vingt-cinq meilleures années ?) selon la formule alambiquée suivante :

Indemnité = (Dernier salaire mensuel normal brut * 14 / 12) * 3

Regardons maintenant ce qui se cache derrière ces chiffres. Vous vous demanderez peut-être pourquoi il y a un facteur 14/12. Les employés du RSI touchent quatorze mois de salaire plus les congés payés. Prenons donc un médecin gagnant 6000 € de salaire brut. J'ai pris le salaire médian en fin de carrière. Son indemnité sera de 21000 € au titre de son départ à laquelle s'ajoutera sa retraite de salarié que je ne puis fournir puisque je n'ai trouvé nulle part comment elle était calculée. Cette indemnité n'est même pas la retraite annuelle d'un petit commerçant ayant trimé toute sa vie et qui n'aura, lui, aucune prime de départ. Même sa boutique n'aura plus aucuna valeur car plus personne ne veut plus s'installer commerçant de nos jours. En d'autres termes, la retraite du RSI, ce n'est pas la Bérézina pour tout le monde.

Lorsqu'elle ressort du bilan du RSI, il faut tout de même avouer qu'on ne reconnaît plus la solidarité nationale qu'à la couleur de ses godasses. Pour fixer les idées, le chiffre d'affaire du RSI est vingt fois supérieur à celui de Saint-Gobain, société cotée au CAC40 et qui serait dans de beaux draps si ses comptes annuels étaient tous les ans rejetés. Et malgré cela, ses comptes sont invariablement rejetés sans qu'il y ait la plus petite conséquence sur sa gestion. Pire que tout, ses comptes trahissent son souci premier qui n'est pas de verser des prestations justes à ses cotisants mais de se goinfrer éhontément de produits financiers en tous genres pour d'une part assurer des privilèges à ses salariés et à ses retraités et d'autre part redistribuer ses bénéfices aux autres caisses au titre de sa convention de gestion.

Vous avez dit liberté, égalité, fraternité ?

 

Il avait des cheveux blancs mon guide, Attali...

11.12.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les politiciens

À l'instant, sur France Inter, j'entends Jacques Attali dans le poste. Vous l'avez peut-être oublié, mais le général De Gaulle qui prétendait déjà juste avant de couler que la vieillesse était un naufrage — ce qu'il faut encore constater ici — signalait aussi dans un éclair de lucité et une phrase sèche dont il avait le secret que pour réformer la France, il faudrait a minima fermer l'école polytechnique et l'ENA.

Jacques Attali, 71 ans depuis le 1er novembre dernier, est un habitué des ors de la république. Il cumule tout ce qu'exécrait le général. Issu de la promotion 1965 de l'école polytechnique, il est ensuite diplômé de l'institut d'études politiques de Paris puis de l'ENA. Mon mauvais esprit me souffle que c'est sans doute parce qu'il appartient au corps des mines qu'il ne réchigne pas à creuser des trous (budgétaires) divers et variés.

Et ce monsieur traîne dans les ministères, conseille. D'abord François Mitterrand et sa politique de gauche avant son tournant de la rigueur. Souvenez-vous, l'explosion du chômage, la 2CV de Fabius et les trois dévaluations successives alors que Pierre Mauroy répétait à qui voulait l'entendre que les clignotants de l'économie étaient au vert.

Ce matin, donc, ce conseiller spécial déclare abruptement, je cite, que « la France va très bien ». J'en suis fort aise, mais j'avoue que je ne suis pas sûr que l'on parle de la même France. Celle que je vois est un pays en état de lente décomposition, avec une classe politique qui ne travaille que pour justifier sa propre présence et travailler à son seul profit.

La France ne va pas bien. La France est un pays en voie de sous-développement. Et il n'est pas nécessaire d'aller dans les quartiers dits sensibles pour s'en rendre compte. Au centre même de Paris, cela devient de plus en plus visible. La méthode Coué n'a jamais été une politique à terme. Tout au plus peut-elle endormir le chaland jusqu'à l'explosion finale.

Et cette explosion viendra, malheureusement. La France n'a jamais su se réformer en douceur et il lui a toujours fallu des révolutions. La France est même le champion du monde du nombre de constitutions entre 1750 et nos jours parce que, jamais, il n'a été possible de la faire évoluer.

Le principal problème est l'expression de la démocratie car cette expression est toujours instrumentalisée pour servir une cause à court terme (élection du président de la république au suffrage universel direct en 1962 pour donner une légitimité forte, proportionnelle pour éviter le fiasco des législatives de 1986, quinquennat, bidouillages du corps électoral comme ne Nouvelle-Calédonie…). Le peuple accepte jusqu'au moment où il se rend compte qu'il s'est fait abuser et, à ce moment, il descend dans la rue avec des piques.

Je suis certainement un affreux réactionnaire, mais tant que l'impôt sur le revenu ne sera payé que par la moitié des français, je trouve que le suffrage censitaire n'est pas l'expression aberrante d'une république. En effet, ceux qui bénéficient des largesses du système sont plus enclins à voter en fonction de leurs intérêts propres plutôt que de l'intérêt général. Dès lors, le suffrage universel prend du plomb dans l'aile.

Retournons-nous et regardons l'évolution de la France depuis 1945. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l'intérêt collectif coïncidait peu ou prou à l'intérêt individuel et l'élection au suffrage universel n'était pas idiot. Je constate que ces deux intérêts divergent depuis les années 1980 nous poussant dans la crise dans laquelle nous nous débattons aujourd'hui parce que les institutions verrouillent ce système, qu'il s'agisse de la classe politique ou des partenaires sociaux, un joli mot.

Nous sommes donc tous responsables, mais le suffrage universel permet de rejeter les torts sur autrui à peu de frais. George Orwell écrivait pourtant il y a plus de soixante ans :

un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n'est pas la victime. Il est complice.

Notez bien qu'il parle d'un peuple, de l'entité abstraite, des électeurs et de ceux qui s'abstiennent. Il parle de veaux, de ceux qui vont à l'abattoir sans réchigner et qui en sont fiers, convaincus qu'ils vivent dans le meilleur des mondes possibles.

 

Dette sociale

09.12.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers, Je hais les politiciens

Notre dette sociale s'accumule tous les jours un peu plus au gré des différents déficits de notre sécurité sociale que le monde entier nous envie sans être assez bête pour en vouloir chez lui. À l'heure où j'écris ces lignes, cette dette s'élève à la bagatelle de 162 milliards d'euros. Sur cette somme, 133 milliards d'euros sont détenus par un organisme dont personne n'a réellement entendu parler. Il s'agit de la CADES, la Caisse d'Amortissement de la DEtte Sociale. Notez bien qu'il y a dans son nom le mot amortissement, ce qui est tout de même assez étrange pour une caisse qui se voit confier bon an mal an un déficit supplémentaire de 10 milliards d'euros.

Cette caisse a pour but de placer sur les marchés financiers cette dette sous la forme d'emprunts à terme. Plus précisément, cette année, elle prévoit de placer entre 15 et 18 milliards d'euros de titres à moyen et long termes. Ces titres sont remboursés aux différents investisseurs au moyen des recettes de la CRDS — contribution au remboursement de la dette sociale — et d'une partie de celles de la CSG — contribution sociale généralisée. En moyenne, la durée des prêts à la CADES est en 2013 de sept ans et demi.

Cette dette s'écoule malheureusement comme des petits pains. En effet, les investisseurs réclament de moins en moins d'intérêt à la CADES. Le taux moyen est actuellement de 2,52% l'an, à peine supérieur à celui de l'état, et n'arrête pas de baisser depuis 2011. Sur les émissions de titre à trois mois, les investisseurs acceptent même des taux négatifs (-0,22%). Ils acceptent donc de perdre de l'argent pour acheter de la dette sociale française.

Il y a une raison à cela. Les investisseurs savent que le mouton français se laissera tondre — ou la vache traire, je ne suis pas sectaire. En effet, cette dette, c'est vous et moi qui la possédons directement et indirectement. Directement parce que nous en possédons plus d'un quart. Indirectement parce que cette dette nous est refilée dans des titres divers et avariés grâce auxquels les banques placent notre argent.

Dette sociale

Fig. 1 : répartition de la dette française

Je ne sais pas si vous voyez bien ce qu'il risque d'arriver. La dette étant (dé)tenue en majorité par des pays européens, il est illusoire de déclarer abruptement comme dans un délire crypto-marxiste mélenchonien qu'on ne la remboursera pas. On demandera des échéances en piochant dans les dépôts bancaires des français — la loi autorise maintenant une ponction de 30% —, on dansera parce qu'on aura chanté tout l'été. Et cela ne sera pas volé. Mais on la remboursera d'une manière ou d'une autre.

Notez bien que jamais cette dette ne sera rayée d'un trait de plume. En effet, en refusant de la rembourser, non seulement nos taux d'emprunt vont s'envoler, mais tous les ménages français vont être ruinés car nous détenons tous, directement ou indirectement cette dette encore plus toxique que celles qui ont conduit à la crise des subprimes. Je ne parle même pas de la crédibilité de la France qui en prendra encore un sacré coup.

Il y a un autre phénomène à ne pas oublier. L'euro est une monnaie surévaluée et, mine de rien, assez spéculative. Lorsqu'un investisseur veut placer son argent, il le placera sur un pays qu'il considère solvable. Comprendre un pays dans lequel l'état a assez de poids pour faire rentrer des impôts dans les caisses. Ce qui est totalement décorrélé de sa santé financière puisque ce n'est pas in fine l'état qui remboursera, mais vous et moi au travers de la capacité de cet état à lever l'impôt.

Comme les pays du sud de l'Europe ne sont pas loin de la banqueroute, il faut bien placer son argent ailleurs, ce qui provoque aussi un regain d'intérêt pour la dette française, au moins à court terme. Et c'est là qu'intervient une nouvelle intéressante qui n'a pas fait grand bruit. Standard & Poor's a dégradé le 5 décembre 2014 la note de l'Italie à BBB-. « BBB- », cela ne vous dira rien. Sachez simplement que c'est la note juste au-dessus de la catégorie spéculative, la plus faible de la catégorie investissement réservée aux emprunteurs considérés comme fiables. Standard & Poor's considère tout de même que la perspective de cette note est stable.

Standard & Poor's justifie la baisse de la note de l'Italie de plusieurs manières :

  • elle s’inquiète de la faiblesse de la croissance et de l’augmentation de l’endettement du pays. La dégradation de la note italienne « reflète la faiblesse récurrente des performances du produit intérieur brut (du pays), tant en termes réels que nominaux (…) qui sapent sa capacité à faire face à sa dette publique » ;
  • la dette publique italienne devrait atteindre 2256 milliards d’euros à la fin 2017, ce qui traduit une augmentation de 80 milliards par rapport à sa dernière estimation de juin. Pour S&P, une telle augmentation du montant de la dette nationale, « conjuguée à une croissance régulièrement faible et une compétitivité érodée », ne permettait plus de maintenir la note « BBB » du pays ;
  • l’Italie pourrait devenir un emprunteur à risque.

Or l'Italie reste tout de même la troisième économie de la zone euro, ce qui aurait une tendance naturelle à pousser l'invertisseur vers la deuxième ou la première économie, à savoir la France ou l'Allemagne. Cela donne même aux investisseurs un alibi pour vendre massivement la dette italienne. Comme l'Allemagne est beaucoup plus sobre que nous, il est normal que nous puissions emprunter à aussi bon compte. Cela ne préjuge en rien de notre bonne santé économique comme se le gargarise tous les matins Michel Sapin.

Nous allons donc vers une crise d'insolvabilité généralisée et cette crise ne pourra se régler qu'à travers une immense crise monétaire. Il y aura certainement des réformes, mais ces réformes seront tout aussi douloureuses que les conséquences d'une faillite en chaîne de tous nos états.

L'Italie devient le maillon faible de la zone euro. Si les marchés décident de l'attaquer, deux choses pourront se produire. Soit la monnaie unique explose, soit la banque centrale européenne sera contrainte à l'intervention, forçant la main à l'Allemagne.

Les conséquences en seraient terribles. Soit l'euro survit en raison d'une monétisation de la dette (et donc d'une dévaluation massive, rassurez-vous dans tous les cas, nous paierons cette dette), soit il explose en vol et tout le monde revient aux monnaies nationales qui seront dévaluées régulièrement comme nous savons si bien le faire en France. Pire encore, l'Allemagne pourrait quitter la zone euro en laissant les autres pays de la zone imprimer de la monnaie de singe.

Tout ceci ne se produira qu'en cas de hausse des taux d'intérêts de la dette italienne à dix ans. Personnellement, je vais surveiller ce paramètre de près dans les prochains jours, surtout durant les fêtes de fin d'année où il est opportun de faire ce genre de chose. J'aimerais ne pas être pris au dépourvu entre le fromage et la bûche le soir du réveillon.

Dans tous les cas, même si ce n'est pas pour cette fois-ci, je vous conseille encore et toujours d'investir dans les conserves et les fusils de chasse.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

Chronique d'une faillite annoncée

07.12.14 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers, Je hais les politiciens

La question n'est pas de savoir si la France va faire faillite mais de savoir quand. L'échéance se rapproche dangereusement et il convient de savoir où nous en sommes aujourd'hui et si les conséquences en ont été tirées.

La période s'y prête. Vous le savez, en automne, il y a les feuilles qui tombent, les noix à ramasser, mais surtout, il y a les prévisions de l'Union Européenne que vous trouverez ici.

Cette année, nous avons de la chance. Elles prennent une saveur tout à fait particulière puisque le mardi 4 novembre 2014, la commission, par la voix de son commissaire aux affaires économique, Pierre Moscovici, annonce ses prévisions de croissance et de déficit public. L'exercice est de haute voltige puisque le nouveau commissaire européen est contraint à contredire les chiffres de l'ex-ministre des finances qui n'était autre que ce même Pierre Moscovici. En effet, la France devient la championne d'Europe du déficit rapporté à son PIB.

Certains lecteurs vont encore se plaindre que je vais parler de chiffres et que les media traditionnels n'en disent rien. Ce n'est tout de même pas de ma faute si le français moyen préfère connaître les frasques de Nabilla Benattia plutôt que l'état de son propre pays et il faudrait veiller à ne pas m'en tenir responsable. Mon esprit chagrin me souffle que les media sont peut-être réticents à informer les français sur certains points.

Mais revenons au sujet avec deux graphiques publiés récemment sur Challenge.fr :

Fig. 1 : dépenses publiques rapportées au PIB d'un pays

Fig. 2 : emploi salarié dans l'industrie (base 100 le 01.01.2000)

Deux dessins valant toujours mieux qu’un long discours, les deux graphiques ci-dessus nous permettrons de comprendre ce qui se cache derrière la dette publique de la France.

La dette de la France (selon l’INSEE) se scinde en deux parties que sont d'une part la dette officielle de l'état, calculée selon les critères de Maastricht à environ 2000 milliards d'euros et aux autres dettes que sont pêle-mêle :

  • le déficit de la sécurité sociale ;
  • les retraites des fonctionnaires ;
  • les dettes des collectivités locales,

liste non exhaustive. Ces autres dettes sont estimées à quelque chose entre 5000 et 8000 milliards d'euros. Je n'ai pas réussi à trouver de source fiable.

Ainsi, l'endettement exact de la France est quelque part entre 7000 et 10000 milliards d'euros. Au minimum, cette dette que Mélenchon voudrait rayer d'un trait de plume en oubliant qu'en la rayant elle se transformerait immédiatement en dette privée parce que cet argent a déjà été dépensé, est trois fois et demi supérieure au montant répété à l'envi par les media.

Bien évidemment, le monde politique minimise le problème en ne communiquant que sur les critères de Maastricht. La somme est déjà assez importante sans encore y ajouter ce qui se cache actuellement sous le tapis. Je ne peux pas dire que cette façon de faire est intellectuellement honnête, mais même sur ces simples critères de Maastricht, il faut tout de même reconnaître que l'endettement « officiel » de la France serait pratiquement égal à la totalité des richesses qui y sont produites annuellement et qui porte le doux nom de PIB.

La question est maintenant de savoir ce qui se cache dans le PIB. Selon l'INSEE toujours, il est la somme des produits marchands et des produits non marchands. Les produits marchands qui représentent 57,1% du PIB regroupent entre autres les dépenses publiques des administrations centrales et des administrations locales. Les produits marchands sont les biens et les services produits par les entreprises, les artisans et les commerçants. Une simple soustraction permet de s'assurer qu'ils ne représentent que 42,9% du PIB.

Il est étrange de considérer comptablement comme une richesse les dépenses publiques. Ces dépenses devraient aller au passif quitte à ce que ces dépenses créent des produits marchands ou non marchands qui se retrouveront à l'actif. Passons, cela permet de gonfler les chiffres avantageusement sans toutefois masquer que la véritable richesse produite par le pays ne représente pas même la moitié de notre PIB (860 milliards d'euros pour fixer les idées).

Le déséquilibre entre cette production réelle de richesse et les charges que sont les dépenses publiques montrent sans ambiguïté qu'aucune augmentation d'impôt, même massive, ne permettra d'atteindre l'équilibre financier. Rassurez-vous tout de même, les fonctionnaires de Bercy regorgent d'idées nouvelles comme la taxe sur la cabane de jardin ou la nouvelle taxe sur le foncier non bâti. Il y aura bien des augmentations d'impôts, des créations de nouvelles taxes, mais rien ne changera la situation financière catastrophique de notre pays. Tout au plus ces nouveaux prélèvements pourront repousser un peu l'échéance.

Reprenons un peu les chiffres. La communication officielle de l'INSEE et du gouvernement nous apprend que nous avons une dette publique d'environ 2000 milliards d'euros. Le secteur marchand arrive à produire bon an mal an 860 milliards d'euros et il manque une grosse centaine de milliards d'euros pour ne pas creuser le déficit.

Si maintenant nous prenons la dette réelle de la France, coupons la poire en deux, qui est plus vraisemblement de 8500 milliards d'euros à 3% l'an, il faudrait trouver pour boucler le budget sans rembourser le principal de la dette 260 milliards d'euros supplémentaires. Pour commencer à amortir le principal de cette dette en la remboursant en plus de 30 ans, il conviendrait d'ajouter encore une ligne budgétaire de 200 milliards d'euros.

Ainsi, pour désendetter la France, il faudrait consacrer toute la production du secteur marchand, soit 860 milliard d'euros, y ajouter la centaine de milliards d'euros pour avoir un budget à l'équilibre et 460 milliards d'euros pour amortir la seule dette existante, soit 1420 milliards d'euros. Et encore, je ne parle pas du secteur non marchand que je ne traite pas et qu'il faudra bien payer aussi. Rajoutons donc 1000 milliards d'euros à ce chiffre pour ce secteur non marchand en partant du principe que la France pourra le réformer pour qu'il ne soit pas plus gourmand que le secteur non marchand allemand.

Nous avons donc une dépense incompressible de 2420 milliards d'euros pour une création de richesse réelle de 860 milliards d'euros. En d'autres termes, nous arrivons à peine à créer le tiers de ce que nous dépensons. Et ce n'est pas conjoncturel, c'est structurel, cela fait trente ans que cela dure. Si ce n'est pas une faillite, je ne sais pas comment l'appeler.

La seule réponse de la classe politique est d'augmenter par tous les moyens la croissance économique donc les richesses produites. Ce n'est pas possible et même si cela l'était, il faudrait soixante ans de croissance continue à 2% par an pour arriver à l'équilibre. Rien n'est dit sur l'augmentation de la dette durant ces soixante ans. Or le rythme de la croissance ne peut que décroître puisque nous sommes dans une économie finie. Nous ne sommes plus dans un marché d'équipement mais de renouvellement.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que cette situation de faillite n'est pas limitée à la France. Tous les autres pays développés sont dans une situation analogue. Pour les USA, la situation est encore pire mais ils font encore illusion grâce au statut particulier du dollar, monnaie d'échange internationale. La question est de savoir pour combien de temps encore.

Mais revenons à la France et à son état. Il y a la réalité fantasmée, celle que l’on aimerait voir, le doux rêve, et puis il y a la triste réalité des faits que l’immense majorité ne veut pas voir. Je n'arrive pas à savoir si les français sont conscients ou non de ce qui est en train de se jouer sous leurs yeux. La psychologie humaine est complexe et je ne me hasarderais pas à prendre position. En effet, il est difficile de choisir entre l'aveuglement volontaire où le sujet rejette volontairement tous les faits qui le dérangent dans son confort quotidien et le biais de conformité.

L'aveuglement volontaire est assez simple à appréhender. Quitte à recevoir un bon coup de pied au cul, autant ne pas l'attendre avec angoisse, c'est déjà ça de gagné. Le biais de conformité est quant à lui bien plus pervers. Il s'agit pour un individu de vouloir être accepté par un groupe. La pensée exprimée sera donc toujours la pensée consensuelle du groupe ou la pensée que l’on croit que le groupe peut entendre. Ce biais de conformité explique la pensée unique ou les propos lénifiants dont nous sommes si souvent abreuvés.

Ces deux mécanismes de pensée peuvent se cumuler avec plus ou moins de bonheur pour obtenir une écrasante majorité de gens qui arrivent au consensus en s'aveuglant mutuellement, pour ne pas voir la réalité pourtant froide et monstrueuse, en développant une pensée unique stérilisante. Pire, ils sont prêts à tout pour défendre l'indéfendable becs et ongles et celui qui, outrage ultime, dit la réalité des faits devient l'ennemi du groupe, le vilain petit canard qu'il faut à tout prix abattre et dont le message devient inaudible.

Au début de cet article, je vous parlais de l'état des finances de la France. Certains d'entre vous doivent penser qu'il ne s'agit que de chiffres. Mélenchon prétend que ce n'est que cela et qu'il suffit de les rayer d'un trait de plume. Il est l'exemple parfait du déni ou, au choix, de la bêtise crasse.

Ce ne sont effectivement que des chiffres, mais les signaux de la faillite déjà en cours sont parfaitement visibles aujourd'hui. Il suffit de savoir les regarder. Il y a quelques années, je discutais avec un député toujours en poste actuellement de la situation économique de notre pays. Il m'a demandé quels seraient les signes avant-coureurs de l'effondrement de notre pays et de sa faillite. Je lui ai répondu que je n'en savais strictement rien mais que, le jour venu, nous les reconnaîtrions avec une certitude absolue si l'on ne se mettait pas des œillères.

Ces signaux sont aujourd'hui sous nos yeux. Ils s'étalent à longueur de titres dans la presse. Pourtant, entre le biais de conformité évoqué plus haut et l'aveuglement volontaire, personne n'en tient compte. Il faut dire que l'immédiateté de l'information où une dépêche chasse l'autre toujours plus vite, sans aucune analyse, et un monde dans lequel les frasques de Nabilla sont plus importantes que la crise en Ukraine, il devient difficile d'éduquer le ventre mou de la population.

Je vous donne quelques signaux, vous en ferez ce que vous voulez. Tous ces signaux pointent dans la même direction, celle des caisses de l'état désespérément vides. La question est de savoir quand cet état sera obligé de le reconnaître et surtout quelles seront les modalité de la renégociation de sa dette. Rassurez-vous, ce ne sera pas pour dans vingt ans, mais plus vraisemblablement pour 2015, 2016 au plus tard. Nous n'attendrons plus longtemps.

Joëlle, instit sans salaire, dépannée avec des bons alimentaires

Les enseignants stagiaires de l’école supérieure de professorat et de l’éducation de Livry-Gargan ont manifesté ce mardi. La grogne s’intensifie en Seine-Saint-Denis. Ce mardi plus de trois cents jeunes professeurs des écoles stagiaires manifestaient à Livry-Gargan. Ils devraient être plus nombreux encore à se rassembler mercredi devant la direction académique de Bobigny. Ce qu’ils réclament ? Une révision de leur formation, mal adaptée, mais aussi le versement des salaires de certains de leurs collègues qui n’ont toujours pas été payé depuis la rentrée…

Allons donc, encore un problème informatique ou un retard administratif. La réalité est qu'on se fout d'un cas particulier et qu'on cache cela sous le tapis en refilant des tickets reso aux instituteurs (source Le Parisien).

L’armée va revendre son matériel à une entreprise privée pour le louer…

Vous ne rêvez pas, nous en sommes là. Comme nous n’avons plus un sou, nos armées vont tout simplement revendre leur matériel à des sociétés privées. Macron est pour, Sapin est contre, mais Hollande a donné raison à Macron. L’armée va donc percevoir quelques milliards de ces ventes tout de suite, ce qui va boucher un trou de plus de deux milliards d’euros dans le budget de la défense, puis les armées vont payer un « loyer » une location pour leurs matériels. L’année prochaine, il faudra trouver autre chose pour boucler le budget (source Les Échos).

Baisse de 30 % des retraites complémentaires des fonctionnaires

Selon l’information diffusée par FranceInfo, une mauvaise surprise pour 110 000 fonctionnaires en retraite. Leur complément de retraite sera amputé d’un tiers dès l’an prochain. Une décision de l’UMR, l’Union Mutualiste Retraite qui doit être entérinée mardi après-midi au cours d’une assemblée générale de cette mutuelle qui propose une épargne retraite facultative aux fonctionnaires essentiellement.

30%, ce n'est pas rien. Au cas où vous n'auriez pas encore compris, il n'y a juste plus d'argent. Ce n'est pas demain, c'est maintenant (source).

Agirc… les caisses de retraites des cadres, en faillite !

L’information n’est pas nouvelle : nous vous en parlions déjà le 11 octobre… 2012 dans notre Ecodigest titré « Retraites complémentaires, fin de partie en 2017 ». Ce jour là, les partenaires sociaux – syndicats et patronat – devaient se réunir pour changer ce qui pouvait l’être. Seulement voilà, quasiment rien n’a été fait, à part un gel de la revalorisation des pensions, et en novembre 2014 nous pouvons encore écrire ici que l’AGIRC risque la banqueroute en 2017-2018. Exactement comme en 2012, mais deux ans plus tard

Là encore, il n'y a plus d'argent (source Économie Matin). Même constatation pour la Caisse des Allocations Familiales qui a de plus en plus de mal à payer les prestations en temps et en heure si j'en crois le nombre d'affaires qui passent actuellement au TASS sur ce point précis. Même remarque pour la CIPAV et d'autres caisses de retraite.

Police et gendarmerie… chronique d’une catastrophe annoncée !

Alors que « plusieurs milliers de policiers ont défilé aujourd’hui à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail et « le mal-être » dans la police, une initiative rare pour ce corps de métier », cet autre article du Figaro nous apprend que les véhicules d’inervention de nos forces de l’ordres sont à bout de souffle et qu’il n’y a tout simplement plus d’argent pour en acheter (source Le Figaro ici et ici).

Remarquez bien qu'il ne s'agit là que de quelques exemples parmi beaucoup d'autres. Le corollaire de cette absence d'argent est l'augmentation de tous les prélèvements car l'état, pour survivre, ira jusqu'au bout de sa logique mortifère quitte à accélérer sa fin en tuant toute activité économique.

Factuellement, la France est déjà financièrement condamnée à la faillite et cette faillite a déjà commencé sous vos yeux. Il n'y a aucune raison d'espérer, il est déjà trop tard, préparez-vous.

 

Métaphore

07.12.14 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

J'ai entendu ce matin un gauchiste à poil dur déclarer abruptement qu'on pouvait augmenter la pression fiscale puisque le patronat n'offrait aucune garantie de création d'emploi malgré les réductions de charges offertes par le gouvernement. Encore un qui est persuadé que la création d'emploi se décrète.

Pourtant, il faudrait rappeler à ce monsieur ce que signalait déjà Winston Churchill :

Une nation qui espère prospérer grâce à l'impôt est comme un homme debout dans un seau qui essaie de se soulever par la poignée.

Si ce monsieur est infoutu de comprendre les bases de l'économie, espérons au moins qu'il comprenne cette métaphore.

 

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