Greenpeace vient encore de faire parler d'elle et, rassurez-vous, pas vraiment en bien. Le contraire eut été tout de même légèrement étonnant.
Greenpeace, comme la plupart des organisations similaires, est peuplée d'activistes politiques à poils durs mélangés à des dingues plus ou moins doux, le tout pétri de bonnes intentions comme celles de la protection animale ou de l'environnement contre lesquelles il est difficile de s'ériger sauf à se faire traiter d'affreux néocapitaliste ultralibéral. Bien souvent, il ne s'agit que d'individus qui se permettent de faire un peu n'importe quoi pour que l'on parle d'eux. Souvent, ils comptent sur la notoriété et l'intouchabilité de leur organisation de tutelle pour éviter les foudres de la justice.
Fig. 1 : la prochaine fois, on taguera la grotte Chauvet
En effet, le 8 décembre dernier, des militants de Greenpeace incultes et irrespectueux se sont permis d'écrire un énorme message jaune fluorescent sur le site de Nazca. Le site de Nazca, pour ceux qui l'ignoreraient, se situe dans le sud du Pérou. Il est célèbre pour ses immenses géoglyphes représentant des créatures vivantes, des plantes stylisées et des personnages imaginaires obtenus par des sillons tracés à la surface du sol, il y a 1500 à 2000 ans de cela. Ces figures, qui ne sont réellement visibles que du ciel, avaient probablement un rôle sacré en lien avec l’astronomie.
Ces géoglyphes découverts en 1926 sont classés depuis 1994 au patrimoine mondial de l’humanité et sont extrêmement fragiles puisque les sillons ne sont visibles, après autant d’années, que grâce à la spécificité du lieu : en altitude, les conditions atmosphériques qui règnent à cet endroit sont très constantes avec un vent quasi nul et une presque totale absence de pluie (30 mm par an). Les joyeux militants de Greenpeace, en installant leur gros slogan jaune immonde, ont piétiné allègrement et dans la bonne humeur un site interdit au public. Ils ont déplacé des dizaines de rochers.
Le gouvernement péruvien s'en est ému à juste titre. Le délégué au ministère de la culture péruvien, Luis Jaime Castillo, s'est même étranglé en apprenant l'exaction de Greenpeace sur ce lieu en expliquant à qui voulait l'entendre :
Ce sont des roches noires sur un fond blanc. Vous marchez là et l’empreinte va rester durant des centaines, des milliers d’années. Et la ligne qu’ils ont détruite est la plus visible et la plus reconnaissable de toutes.
La justification de Greenpeace, aussi pathétique que cette organisation, était qu'il fallait marquer les esprits durant le sommet pour le climat de Lima. Marquer les esprits. Dans l'esprit étroit de l'activiste de Greenpeace, cela signifie sans doute détruire une œuvre d'art sur un site archéologique.
Le résultat est maintenant là. Les gros godillots de ces imbéciles de Greenpeace estampillés écologistes anticapitalistes à peu de frais ont sali des dessins vieux de plus de quinze cents ans. Ces dommages irrémédiables sont visibles depuis le ciel et ont déclenché une véritable fureur bien compréhensible à l'encontre de Greenpeace et de ses militants incultes, irrespectueux et imbéciles même s'il s'agit souvent d'un pléonasme. Les péruviens ne sont peut-être pas plus préoccupés par l'environnement que nombre d'habitants de cette planète, mais ils sont au moins tous d'accord pour signaler que la fin ne justifie pas tous les moyens.
Heureusement, les autorités péruviennes ont réagi promptement contre ces activistes en cherchant à empêcher leur fuite à l'étranger et ont déjà lancé des actions judiciaires pour destruction de monuments archéologiques. Les peines encourues peuvent aller jusqu'à six ans de prison. J'espère quant à moi et de tout cœur qu'ils moisiront pour quelques années dans les geôles ou les culs de basse-fosse péruviens. Ils ne méritent que cela.
Chose assez étrange, si cette consternante aventure des pieds nickelés de l'écologie a été relayée par les media anglo-saxon qui l'ont assez rapidement taxée de bourde monumentale, il fallait avoir une oreille assez exercée pour en percevoir l'écho dans les media francophones. Seuls quelques articles perdus ici et là sur la toile en ont parlé. Personne n'a cru bon, en France, de discuter du bien fondé de cette pathétique action et du pourquoi du comment l'humanité toute entière devrait maintenant s'enorgueillir d'observer à côté de ces dessins séculaires des traces de godasses sans doutes écologistes.
J'ai vérifié pour vous, mêmes les dépêches de l'AFP n'en ont pas fait pas mention.
Ceci étant dit, ou ceci étant écrit puisque vous me lisez, ce n'est pas la première fois que les activistes de toutes ces organisations à but ultime plus ou moins louche se perdent dans des actions aussi pertinentes. La plupart du temps, leurs actions sont justes discutables. Mais, dans certains cas, elles sont illégales, dangereuses voire carrément destructrices. Mais cela n'arrête pas l'activiste bas de plafond qui a besoin de faire les gros titres à n'importe quel prix, pourvu que l'on parle de lui. Et pour cela, tout est bon. Il peut bafouer tous les droits fondamentaux tout en se foutant éperdument des conséquences de ses actes qu'il ne paie pas assez souvent ni pas assez cher. Greenpeace ne s'en est d'ailleurs jamais caché, mais cela reste aussi valable pour notre confédération paysanne bien à nous et ses faucheurs volontaires qui n'ont cure de la propriété privée ou des antinucléaires qui forcent certains pays européens à renoncer aux centrales nucléaires tout en ayant des difficultés pour produire leur électricité à base de charbon qui comme tout le monde le sait n'est absolument pas polluant.
Pourtant, cette fois-ci, Greenpeace a franchi une certaine limite. Les dégâts sont importants, ne peuvent pas être réparés et le Pérou entend bien ne pas en rester là. Greenpeace ne peut pas s'en tirer avec de vagues et plates excuses à son habitude avant d'aller préparer une autre manifestation encore plus idiote sous couvert d'écologie. J'ai en revanche une confiance assez moyenne dans le fait que cette organisation en tire une quelconque conséquence. Le passé de cette organisation nous a déjà montré que ses dirigeants ne savaient pas mettre une idée derrière l'aurte.
Et pour terminer ce billet un peu long, j'aimerais reprendre le beau slogan de Greenpeace à Nazca. Le futur est renouvelable. Certes, mais le passé détruit, lui, bande d'abrutis, est irremplaçable !
Vous vous en doutez même si vous ne voulez pas encore en entendre parler, la situation économique du pays se dégrade semaine après semaine. Le chômage empire, les chiffres du pouvoir d’achat sont désastreux, le mal logement s’amplifie et, pire encore, aucune perspective crédible d’inversion ne se dessine malgré les annonces faites hier soir par notre président national.
Ce tableau général du marasme ambiant est largement corroboré par mes contacts avec la société civile. Rien de statistique, mais les dépôts de bilan, fermetures d’activités et de petits commerces se poursuivent à rythme soutenu. Les ventes immobilières sont atones car de plus en plus de gens sont contraints à vendre leurs biens immobiliers pour aller trouver de l'emploi là où ils se figurent qu'il en reste encore ou pour tout simplement avoir de l'argent pour vivre alors que plus personne n'a réellement les moyens d'acheter. Les petits employeurs affirment avoir dû comprimer leurs effectifs pourtant pas tout à fait pléthoriques.
Or que propose aujourd'hui la majorité ? A-t-elle seulment pris la mesure de ce qui se présente à nous et que nous devrons affronter cette année ? Je vous laisse seuls juges.
Le gouvernement vient d'annoncer un recours accru aux contrats aidés. Pour l'année 2015, le chiffre avancé est de quatre-vingt mille contrats aidés de plus sans jamais n'évoquer leur financement. Il est vrai que conformément au dogme de François Hollande, cela ne coûte rien, c'est gratuit puisque c'est l'état qui paie (sic). Pourtant, ce qui est réellement dérangeant n'est pas le recours à ces contrats aidés, mais le fait qu'aucun ministre, aucun député ne semble vouloir tenir compte du fait qu'aucun plan antérieur de contrats subventionnés n'a produit la moindre baisse du chômage. Pourtant, depuis le début des années 1980, il y en eut et la moindre des choses que l'on puisse dire est que nous avons aujourd'hui un certain recul sur l'inefficacité de cette mesure.
Mais il y a plus absurde encore. Fleur Pellerin, qui n’a pas plus lu Bastiat que Modiano, annonce une taxe fantastiquement intelligente sur les cartouches d’encre pour financer un conseil national du livre. Personnellement, j'en ignorais presque l'existence. Mais gageons que sans ce conseil national du livre, plus aucun livre ne se vendrait plus dans notre beau pays.
Deux députés PS, Sylviane Bulteau et Jean Cresta, demandent « subtilement » au ministre des finances s’il envisage de « réguler » les ventes immobilières de particulier à particulier en ligne, argüant que ces ventes qui échappent aux réseaux traditionnels, engendreraient un « manque à gagner » de 312 millions d’euros en taxes. Au passage, ils oublient sans doute inconsciement — vous savez que je vois le mal partout — de se demander ce que ces usagers du boncoin.fr font de ces 312 millions qui ne sont pas perdus pour eux.
Dans les nouveautés, car nos gouvernants ne sont pas avares en imagination, n’oublions surtout pas pas le petit amendement chafouin obligeant les entreprises voulant engager des stagiaires à obtenir un certificat auprès de l’inspection du travail. Je vous laisse entrevoir les conséquences. Et c'est sans compter naturellement la mise en œuvre à partir d'aujourd'hui de l'usine à gaz avec des fuites qu'est l'introduction du compte pénibilité simplifié — notez bien le simplifié —dans la gestion du personnel des entreprises et la clause de la loi Hamon obligeant toute entreprise cherchant un repreneur à en avertir les salariés préalablement.
Un nouvel amendement du PLFSS 2015 renforce la répression contre tous ceux qui prétendent s’affranchir du monopole public le plus dispendieux et inefficient qui soit, l’assurance maladie connue sous le sobriquet de sécu. Personnellement, je me suis dénoncé moi-même et j'attends les gendarmes depuis deux mois. En toute objectivité, il vaut bien mieux cambrioler des maisons, faire du trafic en tout genre plutôt que de militer pour la liberté de choix des assurances sociales dans ce pays.
Dernière chose sans quoi ma liste serait très longue encore, un certain Gérard Bapt, député PS, a fait passer un amendement conduisant à assujettir les dividendes de SA/SAS versés aux dirigeants et créateurs aux charges sociales. Je ne sais trop où en est cet amendement lorsque j'écris ces lignes, mais s'il était appliqué, cela reviendrait à emputer de plus de 60% de taxes une masse qui subit déjà un des impôts sur les sociétés parmi les plus élevés du monde.
Et on voudrait avec tout cela qu'il reste encore des gens pour travailler en France. Ce qui est somme toute étonnant, c'est qu'il en reste encore quelques uns.
Bref, on oscille entre gesticulation ridicule et taxation mortifère, laquelle achèvera de tuer toute velléité d’investissement productif à moyen et long terme dans notre pays. Pourtant, alors que notre pays aurait besoin d'entrepreneurs, tout semble fait pour les étouffer. Le gouvernement ne sait que répéter à l'envi l’acronyme « CICE » dont les 40 milliards qu’il représentera, dit-on, dans trois ans, ne sont encore qu’une promesse. L’ambition réformatrice du gouvernement paraît bien pâle malgré les promesses de François Hollande. Quant à sa majorité même amputée de ses frondeurs, elle semble prête à multiplier toutes les imbécillités pour rendre son travail encore plus ardu.
Manuel Valls dit aimer les entreprises ? Il n'a pas empêché l'amendement Bapt de passer alors que la droite, une fois de plus dormait. En effet, ce n'est que cinq jours après le vote de cet amendement qu'un député UDI, Jean-Christophe Fromantin, s'est aperçu de cette absurdité. Il faut lui savoir gré d'avoir essayé de sonner le réveil même si les dirigeants de l'UMP dorment encore profondément. Au moins aura-t-il tenté de faire, un peu tard, quelque chose. Chose assez étrange, si l'UMP a été prompte à mobiliser ses troupes contre le mariage pour tous, force est de constater qu'elle a été incapable d'alerter les foules contre un assasinat délibéré de l'économie française par des idéologues aux abois. Je fais ici exactement le même reproche aux organisations patronales qui auront tout de même attendu six jours après le vote de cet amendement pour se rendre compte qu'il y avait peut-être comme un léger problème.
Nous sommes donc dans la situation suivante : la majorité n'est conduite que par une idéologie crasse qui utilise principalement des paradigmes issus des travaux de Keynes. Elle cherche à appliquer directement les conlusions de Keynes en en oubliant fortuitement le contexte. Les États-Unis d'Amérique des années 1920 ne sont pas l'Europe des années 2010. Quant à l'opposition, celle-ci est d'un niveau tellement faible qu'elle n'arrive même plus à réagir aux hérésies nées dans les délires néogothiques de l'assemblage dément et hétéroclite des rangs de la majorité. Je ne vois pas comment un changement positif de politique pourrait émerger de la fin du quinquennat désastreux de François Hollande qui n'a toujours pas compris qu'il n'avait pas gagné en 2012, mais que son adversaire avait perdu, et qu'il serait temps d'en tenir compte.
L'attitude de la majorité et de l'opposition ne concourra qu'à un renforcement des partis populistes que sont le Front de Gauche d'une part et le Front National d'autre part. Les deux ont un programme économique d'extrême gauche et nous conduiront encore plus promptement vers le déclin que la traditionnelle alternance UMP et PS. Le seul point positif en ce début d'année est l'annonce d'élections anticipées en Grèce avec un parti d'extrême gauche donné grand vainqueur. La Grèce étant ruinée non pas en raison de l'Europe mais en raison des seuls gouvernements successifs grecs depuis quarante ans, je parie que donner le pouvoir à ces gens-là va remettre les choses dans une juste perpective même si je ne le souhaite pas aux grecs. Pensez juste au fait que l'état grec avait promis en 2008 d'instaurer un cadastre pour récolter efficacement les taxes foncières et que rien n'a été fait depuis cette date alors que l'Union Européenne et le Fonds Monétaire International continue à financer l'état grec !
Pauvre France. Pauvre Grèce.
Mais bonne année 2015 à tous.
Le ridicule ne tue plus. J'ajouterais qu'un peu de dignité ne nuirait pas non plus.
Je suis fort aise de savoir que notre président de la république connaît nos difficultés. J'aimerais pourtant bien qu'il vienne partager un peu celles des français, nous en reparlerons à ce moment. Pas avant. Lorsqu'on regarde les choses de trop loin, il est difficile de bien se rendre compte des détails.
J'ai aussi entendu que pour faire le choix de l'avenir, il fallait rester fidèle à notre modèle social. Lequel ? Celui qui ne fonctionne plus parce qu'il est absurde et repose sur un malentendu ? Celui qui n'arrive plus à payer les pensions de ses retraités ? Garder ce modèle social à tout prix est la pire chose que l'on puisse faire pour l'avenir, mais nous allons le garder. J'en prends acte.
Il paraît que les charges vont baisser. Encore une promesse qui n'engage que ceux qui la croient.
Et le plus beau pour la fin : la France est capable de se transformer et il sait que nous y sommes prêts. Oui, nous y sommes prêts. Le problème est surtout que les gouvernements successifs depuis plus de vingt ans n'y sont pas réellement prêts, eux.
Je passe sur le passage du numérique qui est un facteur de justice sociale. Dans ma campagne, on a déjà du mal avec le téléphone, alors le numérique… Même chose sur la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu et sur la modulation des allocations familiales, beaux exemples de clientélisme socialiste.
Malgré cela, la France avancera l'année prochaine (sic). C'est sûr, elle se rapprochera encore un peu plus du trou.
Je passe quelques jours de calme en province. Le 24 au soir, j'ai pu constater que l'âne n'était pas seulement en chaire puisqu'il se trouvait comme tous les ans une ânesse, un ânon et des brebis dans le chœur de l'église. J'avoue, le mot est facile, mais c'est tout de même rassurant de voir que certaines choses ne changent pas année après année. Et l'âne en chaire n'en est pas réellement un puisque pour parler de Levinas, Nietzsche, Tolkien (et de sa nouvelle traduction), du Hobbit et de Sméagol, il faut non seulement avoir une certaine culture mais aussi une ouverture d'esprit qui manque à bon nombre de religieux, toutes obédiences confondues.
Ceci étant dit, il y a quelques jours de cela, je déambulais sur le boulevard Koenig à Brive. Au milieu des affiches d'agences immobilières vantant les mérites de tel ou tel local commercial à louer en raison de cessations d'activité plus ou moins forcées, je suis tombé au 60 du boulevard sur l'ancien local du RSI. J'ignorai jusque là qu'il se tint là.
Je vous vois venir et je vais encore recevoir des messages soulignant ma monomanie et mon ant-rsisme primaire. D'une part, je ne suis pas un anti-rsiste primaire mais secondaire, mon psychanalyste vous le confirmera, et d'autre part, je ne recherchais pas précisément ce local. Je recherchais l'agence du Crédit Mutuel de l'Hôtel de Ville qui est un peu plus loin sur le boulevard et qui a le bon goût d'être ouverte le lundi toute la journée.
Fig. 1 : local anciennement loué grâce à vos cotisations
Comme on dit par chez moi, ça sent le sapin. Mais il est vrai que la cuvée de Champagne du RSI a certainement un coût qu'il a fallu couvrir en réduisant la voilure. Ne rêvez pas, il ne s'agit sans doute pas des prémices d'une gestion saine. Ça se saurait.
Je ne vais pas pleurer sur les déboires du RSI ni d'ailleurs sur ceux de l'URSSAF ou de la CIPAV. J'attends avec une certaine impatience l'allocution de notre président de la république ce soir non pour recevoir ses bons vœux — je sais qu'il me hais parce que je gagne plus de 4000 € par mois même s'il me restait moins d'un SMIC après le passage de l'état se servant sans vergogne sur mes comptes, mais ça, c'était avant — mais pour prendre un cours de langue de bois sur le thème de demain, on rasera encore gratis.
Je suis pour ma part assez sidéré par ce qu'il se passe actuellement. En province, je constate des fermetures de commerces toujours plus nombreuses dans les petites villes, des propriétés bradées parce qu'il n'y a plus aucun emploi. Et rien n'est fait. Plus exactement, tout est fait pour que cela perdure parce que rien n'est fait pour que cela s'arrête. Depuis trente ans, on préfère en France un chômeur bien indemnisé que des emplois précaires et ce n'est pas prêt à changer.
Je ne sais pas ce que va nous réserver 2015. Fin 2013, mon banquier professionnel m'avait signalé que l'année 2014 serait aux dires des analystes du CIC une catastrophe. J'étais assez d'accord avec lui et force est de constater que nous avions malheureusement raison. Nous sommes fin 2014 et je ne vois pas en quoi 2015 pourra être meilleure que 2014 au moins du point de vue strictement économique. Notre gouvernement n'a pas encore pris les mesures nécessaires pour relancer l'activité. Je ne parle pas de croissance, ce vieux mythe qu'il serait bon de réformer lui-aussi, mais d'activité, ce qui est sensiblement différent.
Quant aux réformes qui seraient absolument nécessaires et parfaitement urgentes, je ne les vois vraiment pas poindre. Au contraire, le gouvernement semble confit dans l'immobilisme. Desproges aurait rajouté comme un marron dans le cul d'une dinde, ce qu'il faut le reconnaître est tout de même de saison.
Le gouvernement ne fera rien sauf s'il est contraint et forcé à l'action. Pour être tout à fait franc, je me demande s'il est pas attentiste pour laisser faire le sale boulot de l'implosion de la sécurité sociale par d'autres en s'en lavant les mains, voire en étant content de cela puisqu'il pourra se retrancher derrière un courageux « ce n'est pas nous, ce sont ces affreux ultra-libéraux qui ont cassé notre beau système français ». Il ne reconnaîtra jamais sa responsabilité ni celle de tous les gouvernements antérieurs et le fait que cela fait plus de quarante ans qu'ils savaient tous que ce système était voué à l'échec.
Personnellement, en ayant assez d'emprunter pour payer des charges toujours plus importantes à chiffre d'affaire constant, j'ai décidé de quitter ce système délétère, non par absence de solidarité, mais parce que cette solidarité à la française confine plus à la spoliation de la majorité de la société sur la minorité, à du vol organisé.
Fig. 2 : arbre de Noël d'un indépendant à qui la France ne dit pas même merci.
Je prévois donc pour 2015 un naufrage complet de la sécurité sociale française, toutes branches confondues, en raison d'un problème structurel de financement et des rats comme moi qui ont déjà quitté le navire, mais aussi en raison de tous ceux qui vont franchir le pas demain 1er janvier 2015.
À toutes et à tous ces courageux, je souhaite une bonne et heureuse année de liberté retrouvée.
C'est une étrange affaire, depuis le début.
Après plus de dix ans d'instruction sur l'un des financements les plus secrets du Parti communiste et de la CGT par le comité d'entreprise d'EDF, un procès s'était finalement tenu en juin dernier devant le tribunal correctionnel de Paris à la stupéfaction des intéressés eux-mêmes, plus habitués à être amnistiés qu'à être poursuivis. Pourtant, il devenait de plus en plus évident que cette période de clémence devait un jour ou l'autre prendre fin. Ce que l'on passe aux syndicats et aux partis politiques lorsque les caisses de l'état sont pleine n'est plus toléré en période de disette budgétaire.
Il est juste inadmissible que cela ait été toléré aussi longtemps.
Durant trois semaines dans une indifférence générale puisque rares sont ceux qui en ont parlé, le dossier du juge d'instruction Jean-Marie d'Huys a été utilisé pour mettre aux jours les malversations et les détournements de fonds de la caisse centrale d'action sociale d'EDF. La CCAS, pour ceux qui ne le sauraient pas, fait office de comité d'entreprise à EDF. Elle est connue pour ses recettes, au bas mot cinq cents millions d'euros, qui ne sont pas calculées sur 1% de la masse salariale d'EDF, mais sur 1% de son chiffre d'affaire. Cette hérésie date de sa création en 1946 par Marcel Paul, ministre communiste de la production industrielle, à la faveur avait-on dit d'une malencontreuse faute de frappe qui n'a jamais été rectifiée depuis.
Et depuis 1946, cette CCAS gérée exclusivement par la CGT est connue pour être la principale caisse noire d'une part de la CGT — on n'est jamais mieux servi que par soi-même — et d'autre part du Parti Communiste Français qui existe encore. Tout le monde le savait mais il ne fallait surtout pas le dire. Et ce n'est pas tout de le savoir, faut-il encore réussir à le prouver.
Or, fin 2003, un cadre de la caisse dépose plainte en Vendée. Une information judiciaire est enfin ouverte pour les motifs suivants : escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux. Rien que cela. L'instruction de cette plainte est confiée par le parquet au juge Jean-Marie d'Huy, plus connu jusqu'alors pour avoir instruit l'affaire Clearstream, preuve que le parquet tenait à faire la vérité sur cette affaire.
Et ce juge ne se laisse pas faire. Au printemps 2004, il perquisitionne le CCAS et comprend immédiatement à qui il a affaire. La CCAS est dans une nébuleuse comprenant l'IFOREP, l'Agence Centrale de Publicité (ACP) très proche du Parti Communiste Français et le journal l'Humanité. Dès lors, tout est fait par la CGT et le PCF pour faire durer ou capoter l'instruction. Pourtant, au bout de dix ans d'instruction, le procès s'est ouvert en juin dernier devant une chambre correctionnelle du tribunal de Paris. Et ce procès fut long, trois semaines d'audience. Et trois semaines de silence dans les media.
En effet, les principaiux quotidiens nationaux sont dépendants de la CGT pour être imprimés au travers du syndicat du livre CGT. Il ne faut donc pas parler des choses qui pourraient fâcher voire contrarier un syndicaliste.
À ce procès, le procureur Serge Roques requiert dix-huit mois de prison avec sursis contre le principal inculpé, Jean Lavielle, qui présidait la CCAS à l'époque. Il requiert neuf mois avec sursis contre la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin, poursuivie pour un emploi fictif, et plusieurs fortes amendes contre la CGT et sa fédération des Mines et de l'Énergie, contre l'IFOREP et contre L'Humanité, ces deux derniers pour avoir profité de détournements de plus d'un million d'euros.
Au total, huit personnes physiques et quatre organisations seront condamnées dans ce dossier.
Or le jugement du tribunal correctionnel de Paris est finalement rendu le 1er octobre 2014 dans une indifférence, un silence assourdissant. Aucun media n'a relayé cette information pourtant plus importante que les dernières frasques de Nabilla. Seul un entrefilet sur le site internet du journal la Croix, corroboré par un second entrefilet trouvé dans l'édition papier de les Échos m'a permis de savoir ce qu'il s'était passé.
Et pour cause, il fallait avoir le courage d'annoncer un jugement fort peu honorable à l'encontre de la CGT. Les condamnations ont été les suivantes :
Au total, il y eut douze condamnations pour des faits clairement identifiés et prouvés de détournements et de malversations sur la période allant de 1994 à 2002. Le dossier n'a pas pu prouver de détournements de fonds plus anciens mais il n'y a aucune raison de penser que ces pratiques ne dataient que de 1994.
Les chiffres récents de cette CCAS sont assez intéressants. Si elle fait 470 millions d'euros de recettes, elle annonce aussi 550 millions d'euros de dépenses, soit une perte nette de 80 millions d'euros qu'il faut éponger d'une manière ou d'une autre. La CGT d'EDF, seule maîtresse à bord, a décidé de vendre une partie du milliard d'euros d'actifs détenus par cette caisse.
Cela lui évitera sans doute un nouveau procès, mais nous sommes toujours très loin d'une gestion saine.
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