2 février 2015

08.02.15 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens

Le 2 février 2015 n'est pas seulement le 70e anniversaire de la libération de Colmar par de Lattre de Tassigny, c'est aussi le jour funeste choisi par le gouvernement pour taper une fois de plus sur les indépendants et continuer son clientélisme. Qu'attendre d'autre d'ailleurs d'un gouvernement socialiste à d'idéologie crasse qui n'a toujours pas compris qu'il était urgent de donner un peu d'air à ceux qui créent effectivement de l'activité économique ? Qu'attendre de mieux d'un gouvernement qui considère toujours la lutte des classes comme une vérité absolue, utilisant un paradigme vieux de deux siècles dans une société qui a radicalement changé ?

En effet, un décret a été publié en catimini le 2 février courant. Il touche directement les travailleurs non salariés les plus démunis. Il faut savoir que les cotisations versées par un travailleur non salarié qui cotise à un autre régime par ailleurs n'ouvraient déjà aucun droit si les montants versés étaient inférieurs à une certaine somme. Mais depuis le 2 février, c'est mieux, le cas est étendu en partie aux travailleurs non salariés qui ne cotisent pas à un autre régime. En effet, les indemnités journalières leur sont supprimées sur la base d'un bénéfice trop faible. Il annule également le minimum de 20,54 € par jour en cas de maladie. De la même façon, il baisse le montant des prestations en cas de maternité si le revenu du travailleur non salarié n'est pas à la hauteur. Et il ne le baisse pas qu'un peu, il le réduit de 90% !

Vous allez me dire que c'est pour faire des économies. Même pas puisque le 1er février 2015, un autre décret élargit le droit aux indemnités journalières pour les travailleurs salariés précaires, faisant descendre le plafond des deux cents heures travaillées au cours des trois derniers mois à cent cinquante heures. Pour certains, c'est donc open bar à la sécu, pour d'autres, on leur refuse l'entrée.

Ainsi, pour notre gouvernement, il convient encore de protéger les salariés précaires quitte à mettre les travailleurs non salariés précaires eux aussi et certainement plus encore dans une misère encore plus grande. Il est vrai que le salarié précaire vote plus souvent à gauche que le travailleur non salarié.

Personnellement, j'en ai assez de ces gouvernements qui sortent des décrets dans notre dos, que l'on découvre au hasard d'une lecture ici et là. Je veux pouvoir vivre normalement sans me soucier des décisions politiques idiotes qui ne sont pas appliquées d'ailleurs dans le domaine public, faute de moyens. Parce des moyens, moi, je dois certainement en avoir plus. Plus pour organiser l'accessibilité de mes locaux, plus pour organiser des postes de travail pour travailleurs handicapés, plus pour payer toujours pour les autres sans jamais n'avoir aucun retour sauf du mépris envers le nanti que je serais… et qui une fois payés tous ses impôts, taxes, contributions et charges diverses qui augmentent sans cesse donnait 90% de son chiffre d'affaire directement ou indirectement à l'état sur son bilan 2013. Je devais pourtant être content, ne pas me plaindre, il me restait mensuellement un peu moins d'un SMIC pour vivre, j'étais donc encore positif.

Je ne passerai pas le restant de ma vie à me battre contre les décisions de nos chers hommes politiques. Aujourd'hui, je suis contraint à cette bataille. Je me bats pour moi, mais aussi finalement comme tous les autres libérés de la sécu pour l'avenir de ce pays. Mais on ne pourra rien faire sans l'ensemble de la population qui bénéficie de plus en plus des largesses de cette sécurité sociale et qui n'a aucun intérêt au changement sauf si le système explose rapidement. Je continue donc à me battre, mais à la première occasion qui me sera donnée, je quitterai ce beau pays. Que les bénéficiaires des largesses de l'état se cotisent sans moi pour les financer.

 

Pourquoi je n'embaucherai pas Marcel

01.02.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvais esprit, Je hais les politiciens

Une fois n'est pas coutume, le texte qui suit n'est pas de moi mais de l'ami Jacques Clouteau qui nous a déjà fait l'honneur de passer par ici. Ce texte, à l'instar de milliers d'autres français, j'aurais pu l'écrire. Certes aves mes mots qui ne sont pas ceux de Jacques, mais avec la même férocité, la même hargne contre notre état obèse qui nous fait passer, nous qui prenons des risques pour les autres, pour des nantis, des égoïstes en oubliant que, de l'extérieur, ce même état nous fait passer pour le dernier pays communiste européen.

Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel

Mon nom est Alcide Repart, j'ai cinquante-trois printemps au compteur de ma vie. Après de nombreuses années passées en Australie, je suis revenu voici quelques mois afin de reprendre la petite entreprise de mon père, qui était fabricant de brouettes. Chacun se souvient de ce célèbre slogan des années 1960 : « Quand toutes les autres s'arrêtent, seule la brouette Repart… ».
En fin d'année 2014, j'ai mis au point une nouvelle brouette, plus légère et plus stable, avec laquelle je pense augmenter mon revenu, qui sinon demeurera bien modeste. Si les ventes suivent, je ne pourrai pas assumer seul la fabrication et il me faudra embaucher un compagnon dans l'atelier. J'avais pensé demander à Marcel, qui est un brave gars du village et qui recherche justement du travail. Mais ne connaissant rien aux lois françaises, car je suis resté longtemps loin du pays, j'ai parlé avec des amis artisans, je suis allé à la chambre des métiers, j'ai consulté internet, et je vais vous expliquer pourquoi je n'embaucherai pas Marcel.

Je pensais donner à Marcel 100 euros par jour, s'il me fabrique quatre brouettes. Enfin moi je peux en construire quatre, parce que je ne compte pas mes heures. Mais j'ai appris qu'une loi interdisait de faire travailler un employé plus de sept heures. Alors je ne comprends pas pourquoi Marcel, travaillant moins que moi, et fabricant donc moins, gagnerait plus que moi sans avoir aucune responsabilité. Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas philanthrope.

Ces 100 euros journaliers, je comptais lui donner chaque vendredi soir, à l'issue de la semaine de travail, comme le faisait mon père autrefois, soit 500 euros tout rond s'il a travaillé du lundi au vendredi, et 400 euros si la semaine compte un jour férié. Mais j'ai appris que désormais, on devait payer les salariés chaque mois, ce qui est totalement niais vu que, chacun le sait bien, les mois n'ont pas le même nombre de jours et sont semés de jours fériés… Ce n'est peut-être pas la faute de Marcel, mais en tout cas pas de la mienne. Je ne vois pas pourquoi je lui donnerais la même somme en février qu'en janvier, car mon père m'a toujours appris qu'à tout salaire doit d'abord correspondre un travail. Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas une banque chargée de compenser les bosses du calendrier.

Je croyais aussi qu'il suffisait de lui donner cet argent, et de le déclarer aux Impôts, pour être en règle avec la loi. Mais j'ai appris qu'il fallait écrire un bulletin, avec une bonne vingtaine de lignes, et prendre à Marcel, sur l'argent que je lui dois, un certain pourcentage, pour aller le donner à une palanquée d'organismes divers aux noms exotiques : Urssaf, pôle emploi, etc. Sur les 500 euros hebdomadaires que je comptais donner à Marcel, une fois servis ces organismes, il lui en restera moins de la moitié. J'ai objecté qu'alors, il ne pourrait pas vivre. On m'a répondu que certes il ne vivrait pas bien du tout, mais que par contre il était assuré contre tous les accidents de la vie : la maladie, la vieillesse, les coupures de doigts, la maternité (pour ceux qui n'ont pas suivi, Marcel est un mâle...), le chômage, la petite et la grande vérole (la petite c'est en standard, mais la grande c'est avec supplément), la grippe espagnole, et même le décès… Alors j'ai dit que tout ça était idiot, puisque Marcel pouvait très bien s'assurer lui-même pour ce qu'il voulait et que sa vie privée ne me regardait pas. En outre son grand-père possède un joli vignoble, donc il ne sera jamais dans le besoin en cas de chômage car il héritera bientôt de cette vigne. En outre sa grand-mère va lui léguer deux ou trois maisons qu'il pourra louer, donc cotiser pour la retraite ne servira à rien. En outre cotiser pour le décès ne veut rien dire non plus puisqu'il est célibataire et que s'il meurt il ne pourra toucher cet argent. Et enfin j'ai argué que je ne comprenais rigoureusement rien à leurs paperasses et que j'avais autre chose à faire le soir, après avoir assemblé mes quatre brouettes, que de remplir des papiers et faire des chèques pour des risques qui ne me concernaient pas. On m'a méchamment répondu que c'était comme ça la solidarité en France depuis la guerre et que c'était pas autrement, et que si je ne payais pas tout ça on me traînerait devant une cour de justice et on me prendrait cet argent de force. Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas scribouillard et redistributeur d'argent. Et que la nuit, j'ai besoin de me reposer. Et que, pour avoir donné un travail à quelqu'un de mon village, je ne veux pas courir le risque de finir devant un tribunal.

J'ai toutefois demandé ce qui se passerait, si j'étais assez fou pour m'occuper de ces problèmes, au cas où Marcel se trouverait immobilisé par une brutale lombralgie après avoir riveté toute la journée. Avec un tel montant de cotisations, je ne doutais pas que Marcel fut choyé comme un prince, et que ladite assurance me fournirait prompto un Marcel bis pour continuer le travail. On m'expliqua alors que Marcel percevrait 80% de son salaire, puisque ce n'était pas de sa faute s'il était sans revenu, mais que moi, par contre, je devrais fournir les 20% restant, soit quasiment 300 euros par mois, jusqu'à ce que le Rhône se jette dans l'Euphrate, au nom d'une mystérieuse convention signée autrefois par une secte très occulte qu'on appelle partenaires sociaux. J'objectai que si Marcel avait une lombralgie, ce n'était pas ma faute non plus et que son assurance n'avait qu'à s'en occuper (c'est d'ailleurs à ça que ça sert, une assurance…). Et que si moi, je devais construire encore plus de brouettes pour payer ces 300 euros, c'est moi qui aurais la colonne vertébrale en quenouille. On me rétorqua alors que je n'aurais droit à rien du tout, vu que la colonne vertébrale d'un patron, c'était son problème à lui et pas celui de la solidarité nationale. Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas assureur ni réassureur. Et que si je travaille, comme la majorité des gens, c'est pour moi, et pas pour les autres.

Je me suis aussi inquiété de ce que je ferais de Marcel si mes brouettes ne se vendent plus un jour et si je dois me séparer de lui. On m'a alors imprimé un document décrivant par le menu la procédure de licenciement. Je l'ai lue trois fois, avant d'abandonner. J'ai seulement compris que Marcel serait payé à ne rien faire un certain nombre de mois, et que l'argent pour le payer à ne rien faire sortirait de ma poche, alors même que je n'aurais plus de rentrées. Et pour pimenter la sauce, il faudrait que je lui verse une indemnité de licenciement, au moment où l'entreprise n'aurait plus d'argent, et moi les poches vides et plus de boulot… J'ai objecté que si les clients ne veulent plus de mes brouettes, ce n'est bigrement pas ma faute, et que s'ils ne les achètent plus, je n'ai donc plus de trésorerie, donc je ne vois pas, sauf à puiser dans mes économies, comment je pourrais rémunérer Marcel, qui ne fabrique plus, avec de l'argent que je n'ai pas. On m'a rétorqué que un contrat c'est un contrat, et que je dois le respecter et qu'un patron se doit de fournir à ses salariés un minimum de sécurité. A quoi j'ai répondu ne pas comprendre comment je pourrais fournir à Marcel une sécurité que moi je n'aurai jamais… Je leur susurrai aussi que si je voulais embaucher Marcel, c'était pour lui donner un travail, pas pour lui assurer un salaire… Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas nounou sociale.

Un monsieur, se prétendant contrôleur du travail, avec des mains bien trop blanches pour savoir vraiment ce qu'était le travail, est venu visiter l'atelier de mon père. Il a poussé des cris de chouca en rut devant l'emboutisseuse, hurlant qu'elle n'était pas aux normes, et que si je mettais un employé devant cette machine, j'irais droit en prison. J'ai répondu que mon père avait travaillé 40 ans sur cette machine vénérable, et qu'il était seulement mort d'être trop vieux. Que de toute façon je n'avais pas le premier sou pour acquérir une nouvelle emboutisseuse, et qu'il y avait mille autres possibilités pour se blesser dans un atelier que d'aller mettre la main sous cette satanée machine. Voilà pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas ange gardien.

Puis un jour, quelques mois après mon retour en France, un gentil courrier m'a annoncé que j'allais devoir, moi aussi, donner plus de la moitié de mon bénéfice, après avoir rémunéré Marcel, afin de bénéficier d'une protection sociale contre une montagne de calamités (curieux le lapsus légal qui vous fait bénéficier de choses diverses avec votre propre bénéfice…). J'ai décliné l'invitation, puisque j'avais, durant ma vie dans le Pacifique, économisé suffisamment pour être à l'abri. On m'a répondu que la protection, dans le doux pays de France, n'était pas une option personnelle, mais obligatoire, sous peine des pires sanctions financières et même de la prison. Voilà pourquoi je ne vais sans doute pas continuer l'entreprise, et donc pourquoi je n'embaucherai pas Marcel, parce que, voyez-vous, je suis constructeur de brouettes, pas un coffre-fort où vont puiser des gens que je ne connais pas pour me garantir des choses dont je n'ai nul besoin.

À cet instant de mes réflexions sur l'avenir de cette petite entreprise familiale, j'ai regardé l'allure des bâtiments où créchaient ces gens qui voulaient ma peau, je les ai trouvés tristes et laids. J'ai regardé la tête des employés de ces machines bureaucratiques auxquelles je m'adressais, je les ai trouvés déprimés et déprimants, j'ai regardé les imprimés que j'avais reçus, je les ai trouvés illisibles et incompréhensibles. Et j'ai pensé à mon grand-père et à mon père, fiers de leurs brouettes et heureux de satisfaire leurs clients. J'ai pensé au rêve que j'avais, en revenant en France, de retrouver ce bonheur simple durant une dizaine d'années, avant de goûter aux joies de la pêche à la ligne. Je me suis demandé pour quelles obscures raisons j'irais me crever le derrière pour faire vivre cette armée de parasites et entretenir un système qui est à l'absolu opposé de mes valeurs les plus sacrées. Parce que, voyez-vous, le travail a toujours été pour moi synonyme de bonheur. Et ce bonheur-là, tous ces organismes en ont fait un bagne…

Le problème dans tout ça, c'est que nous sommes cinq millions de petits artisans dans ce pays qui n'embaucherons pas Marcel… C'est ballot, n'est-ce pas ? Mais après tout est-ce vraiment un problème ? Ne pas embaucher Marcel, ça fera plein de boulot pour les assistantes sociales, les pôlemployistes, les distributeurs de revenus minima, et bien sûr les fabricants de brouettes chinoises… Et la France, vue d'Australie, passera encore un peu plus pour le dernier pays communiste d'Europe de l'ouest.

Quant à Marcel, il se demandera longtemps pourquoi je ne l'ai pas embauché. Il se trouvera bien quelques bonnes âmes pour lui susurrer que les patrons sont tous les mêmes, ils préfèrent se dorer la pilule dans le Pacifique que de jouer en France un rôle social de solidarité. Je n'ai jamais voulu jouer de rôle social, moi, parce que, voyez-vous, je suis un simple constructeur de brouettes… Et les autres, là-haut, les hauts fonctionnaires qui savent tout sur tout alors qu'ils n'ont jamais travaillé de toute leur vie (dans le sens où mon père entendait le mot « travail »), ils se demanderont longtemps pourquoi je suis reparti. Pas le temps de leur expliquer… Si à Bac+20 ils n'ont toujours pas compris, il est définitivement trop tard…

Dans quelques jours, je vais cesser de riveter des brouettes et je vais repartir dans le bush australien. Je vais fermer la porte du vieil atelier, qui a fait vivre ma famille pendant deux générations, et jeter la clé dans la rivière. J'aime toujours ce pays où je suis né, mais je n'ai pas le courage d'apprendre à devenir aussi abruti que ceux qui le dirigent aujourd'hui.

Je pense maintenant que vous comprendrez mieux la réaction de Maurice Taylor, PDG de Titan, lors des discussions concernant la reprise de l'usine Goodyear d'Amiens-Nord. C'était brutal, sans gant, et avait le bon goût de remettre notre pays à sa place.

 

Le meilleur système au monde

31.01.15 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les politiciens, Déclaration de guerre

Je suis tombé hier sur un rapport de l'inspection générale des finances et de l'inspection générale des affaires sociales intitulé très laconiquement :

Les coûts de gestion de l'assurance maladie.

Oui, ce sera sans doute une découverte pour notre gouvernement, mais même lorsque c'est l'état qui paie, ce n'est pas gratuit. Le document que j'ai sous les yeux et qui date de septembre 2013 est assez éloquent. J'aurais pour ma part souhaité trouver celui de 2014 mais visiblement, celui-ci n'a pas été rendu public.

Reprenons donc les bases fondamentales de la communication gouvernementale et, j'ose, des journalistes couchés qui devraient rendre leur carte de presse qui leur sert plus souvent à obtenir des avantages fiscaux qu'à effectuer le travail honnête pour lequel ils sont payés. Il ne vous a sans doute pas échappé que depuis quelques mois, la communication du meilleur système de santé auto-proclamé au monde envoie des communiqués de presse à tous les media pour signaler à leurs clients — nous en sommes des clients depuis avril 2001 et non des cotisants — qu'il est interdit d'aller voir ailleurs si l'herbe par hasard y serait plus verte. Rares sont les journalistes qui ont creusé le sujet, ceux qui l'ont fait ont été censurés. J'en veux pour preuve la video du reportage de M6 sur le RSI qui a été censuré entre autre sur Youtube aux internautes français et que vous trouverez ici avant qu'il ne disparaisse totalement. La liberté d'expression est donc en France à géométrie variable. D'une part, on se permet de manifester après les récents attentats parisiens, mais d'autre part, on permet aussi sans réchigner qu'un état soi-disant démocratique censure une émission de télévision qui ne lui plaît pas. Je vous laisse disserter sur l'état pitoyable de nos institutions.

Mais revenons à ce rapport. Le gouvernement répète à l'envi qu'il este interdit de se désaffilier de notre belle sécurité sociale parce qu'il s'agit d'un régime légal. Un régime légal, pour fixer les idées, est un régime unique pour tout le monde. Mêmes primes d'assurance (je ne parle pas de cotisations), même couverture. Bizarrement, ce document tout à fait officiel pointe en page 3, synthèse, les quatorze régimes obligatoires d'assurance maladie auxquels s'ajoutent les onze régimes spéciaux, les vingt organismes conventionnés du RSI et les organismes délégataires, chaque OJRI (objet juridique non identifié) composant le regroupement d'OJRIs qu'est la sécurité sociale à la française gérant ses heureux cotisants en dépit de la rationalité la plus élémentaire. Le régime légal a pris un peu de plomb dans l'aile, pour cause, il s'agit d'un assemblage de régimes professionnels. Et tout ce beau monde nous coûte 12,5 milliards d'euros soit un peu plus de 300 euros par heureux cotisant et par an. C'est énorme, le facteur d'échelle devrait aboutir à des coûts de gestion bien plus faibles.

Penchons-nous maintenant sur l'annexe 5, celle qui parle du RSI. Page 332, je suis heureux de lire que les coûts de gestion du RSI apparaissent élevés même si la productivité s'est améliorée à la faveur de la forte hausse des effectifs affiliés depuis 2010. Et pour cause, tous les auto-entrepreneurs, statut créé en 2009, sont affiliés d'office au RSI. Il faut donc créer artificiellement de l'activité au RSI pour qu'il s'améliore. C'eset un point de vue assez étrange d'autant que je ne sais toujours pas à quoi ce grand machin sert puisque, à titre personnel, j'étais couvert par mon organisme conventionné. Je dis bien j'étais car, en bonne vache à lait, j'ai envoyé le RSI paître.

J'apprends aussi sur la même page que le RSI commence seulement à disposer d'une comptabilité analytique aboutie. C'est bien, nous sommes tout de même sept ans après la création du machin en question. Je trouve pour ma part assez étrange qu'un bazar qui gère de pareilles sommes puisse ne serait-ce qu'exister sans avoir de comptabilité analytique digne de ce nom. Cela devrait attirer les contrôleurs fiscaux, le RSI étant une entreprise privée, cependant il n'en est rien. Mais rassurez-vous, il en est de même pour le réseau des URSSAF. Si vous voulez en avoir la preuve, rendez-vous au tribunal des affaires de la sécurité sociale de Mulhouse le 10 février courant à 14h00, il y aura du sport !

Page 334, je constate que le RSI a coûté en 2013 la bagatelle de 416,7 millions d'euros. Mais pourquoi ? La gestion in fine des heureux cotisants est déléguée aux organismes conventionnés. La réponse se trouve page 335, le RSI reverse aux organismes conventionnés des frais de gestion qui sont déjà collectés par ces mêmes organismes conventionnés. Au passage, il garde un petit pécule pour sa propre gestion de parasite du système. C'est assez shadokien et on s'étonne page 336 que les coûts de gestion du RSI sont plus élevés que ceux du régime général. J'aime assez le fait que des hauts fonctionnaires découvrent l'eau tiède et surtout essaient de trouver des solutions. C'est très divertissant et, personnellement, à la fin d'une dure journée de travail, je m'offre la lecture de tels rapports. D'autres s'offrent un Pernod, question de moyens.

Je vous laisse découvrir le reste du document qui est assez exhaustif. Mais ce rapport n'aboutira à aucune décision. Notre belle sécurité sociale est gérée par les partenaires sociaux, c'est-à-dire les syndicats. Ceux-ci ont tout intérêt à tout faire pour ne pas couper la branche sur laquelle ils sont assis. C'est pour cela qu'ils ont réussi à faire passer une nouvelle taxe (charges patronales) pour le financement des syndicats et qu'ils ont fait le lobby nécessaire pour que les charges patronales n'apparaissent plus sur la fiche de paie des salariés. C'est pour cela aussi qu'ils refusent une rationalisation de bon aloi de la protection social qui est pour eux une véritable vache à lait et qu'ils mettent autant de mauvaise volonté à instaurer des comptabilités analytiques. Ils y ont intérêt, et cet intérêt se chiffre en centaines de millions d'euros.

Cet article serait incomplet sans que le document sur les coûts de gestion de l'assurance maladie soit éclairé par le rapport Perruchot qui nous parle des partenaires sociaux et de leurs coûts. Ces coûts ponctionnent directement et indirectement la société française dans son ensemble.

La conséquence de cet état de fait est la situation actuelle de l'économie française. Des charges toujours plus hautes sont perçues sur les travailleurs pour maintenir à flot une protection sociale qui ne sert qu'à faire vivre une caste de privilégiés, accessoirement offrir des prestations aux heureux cotisants lorsqu'il reste un peu d'argent dans les caisses. Il suffit de voir les problèmes des pensions de retraite impayées depuis plusieurs mois ou des prestations de la CAF remises à plus tard pour s'en convaincre.

Il est grand temps de faire imploser le système pour avoir une vraie protection à un coût raisonnable, gérée correctement, solidaire et assurant un risque. La protection sociale en France n'a pas un coût raisonnable parce jamais n'est mis en regard du risque une prime d'assurance, c'est une taxe sur le travail pompeusement appelée cotisation. Elle n'est pas gérée correctement, tous les rapports l'ayant auditée sont d'accord là-dessus. Elle n'est pas solidaire puisqu'il y a une foultitude de régimes différents qui remboursent ce qu'ils veulent à des affiliés d'office qui n'ont pas leur mot à dire.

Le jour où la sécurité sociale à la française aura vécu sera le premier jour du relèvement de la France. Espérons qu'il ne tarde pas trop, il est temps !

   rapport_couts_gestion_assurance_maladie_2013.pdf

  rapport-perruchot.pdf

 

Emprunts toxiques

29.01.15 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais les financiers, Je hais les politiciens

J'espère que vous vous en souvenez sinon je ne servirais vraiment pas à grand'chose. J'ai déjà évoqué en ce lieu la CADES chargée d'écouler notre dette souveraine sur les marchés financier.

Figurez-vous qu'hier, cette CADES s'est fendue d'un communiqué de presse à ne pas diffuser partout, raison pour laquelle je l'offre ici à votre sagacité. Vous constaterez que cette émission s'est faite en renminbi, la monnaie chinoise. Vous allez me dire, et vous aurez raison, que la monnaie chinoise est le yuan. Pas exactement. Le renminbi (RMB) est le nom officiel de la monnaie chinoise qui se traduit par « monnaie du peuple ». Le yuan est le nom désignant communément la monnaie chinoise comme unité de compte. Pour comprendre cette différence : si on avait la même différentiation en zone euro, on achèterait chaque jour notre baguette de pain 0,9 « yeuros » avec notre monnaie, le « renmeuro ». Les économistes parlent donc en général du renminbi, alors qu’un investisseur souhaitant acheter une obligation chinoise la paiera en yuans.

Cette petite précision étant faite, je constate pour ma part que nous avons emprunté en monnaie étrangère et en en étant très fiers. Comme si les emprunts toxiques adossés aux monnaies étrangères ne nous avaient pas servi de leçon récemment. Les gens ont vraiment la mémoire courte.

Pourtant quand on emprunte dans une monnaie étrangère, cela peut faire très mal lorsque cette monnaie s'apprécie vis à vis de la monnaie locale dans laquelle les sommes empruntées ont été dépensées. Lorsque l'on sait par ailleurs que la Chine achète actuellement de l'or à tout va pour préparer la convertibilité en or de sa monnaie, on peut se douter qu'elle va grimper rapidement.

Et nous allons encore payer un maximum en pleurant sur les emprunts toxiques. Les emprunts ne sont pas toxiques, seuls les gens qui les contractent sont des imbéciles.

 

Élections grecques

27.01.15 | par Le Grincheux | Catégories: Je hais les financiers, Je hais les politiciens

J'ai eu la curieuse impression que les élections législatives qui se sont tenues en Grèce dimanche dernier intéressaient plus les français que leurs propres élections. Je n'arrive pas non plus à savoir s'il faut se réjouir ou non de la victoire de Syriza, une coalition de la gauche radicale, qui vient de s'allier à un parti de droite nationaliste pour avoir la majorité absolue. Souvent les extrêmes se rejoignent, en voici encore une illustration patente.

Je ne peux que constater l'état de la Grèce, sa dette de plus de trois cent vingt milliards d'euros (175% de son PIB) ainsi que l'état déplorable de sa population, saignée à blanc. Il ne faut cependant pas croire que cet état fut provoqué par l'Europe. Tout au plus par l'euro. En effet, la Grèce n'aurait jamais dû rentrer dans la zone euro et ne l'a été que parce que les grandes puissances ont jeté un voile pudique sur l'état des finances de ce pays qui battait monnaie à une vitesse soutenue à l'instar de l'Espagne et de l'Italie pour vivre bien au-dessus de ses moyens.

La crise de 2008 a gravement frappé la Grèce et ce qui était jusque-là caché sous le tapis a explosé au grand jour. Sans moyen de monétiser sa dette, la Grèce a dû faire appel au FMI et à l'Europe, lesquels ont fait pression sur son gouvernement pour en assainir le budget. Des efforts ont été faits. Des efforts douloureux, mais comme la Grèce partait de tellement loin, il n'y a pas eu les réformes qui s'imposaient. Les impôts ne rentrent toujours pas, il n'y a toujours pas de véritable cadastre, une grande partie de l'économie est souterraine et échappe à l'impôt. On ne change pas en quelques années des décennies de mauvaises habitudes, tant du gouvernement qui maquille ses comptes que des contribuables qui font tout pour échapper au fisc.

Le résultat est le gâchis que l'on voit actuellement. Un pays en déconfiture, une population de plus en plus pauvre et un vote pour l'extrême gauche qui vient de s'allier avec un parti nationaliste eurosceptique.

Pourquoi ? Parce que Syriza a promis de restructurer cette dette. Mais pour cela, il va falloir discuter avec le FMI, avec l'UE, la BCE et quelques autres créanciers. Il est assez facile de déclarer abruptement que les créanciers internationaux se sont gavés sur le dos de la Grèce, mais c'est aller un peu vite en besogne. La finance n'est toujours qu'opportuniste et rien ne forçait la Grèce à vivre au-dessus de ses moyens depuis si longtemps.

Or le FMI, la BCE et l'UE ne sont pas ouverts à la négociation. Tout au plus, des delais pourraient être accordés, mais je ne vois pas comment ces trois grands créanciers pourraient renoncer au principal. Cette dette est désormais détenue à plus de 80% par les états de l'UE au travers du FESF (fonds européen de stabilité financière) et de prêts bilatéraux, par la BCE, par les banques centrales nationales des pays de la zone euros hors Bundesbank allemande et par le FMI. La répartition est la suivante :

  • FESF pour 141,8 milliards d'euros ;
  • prêts bilatéraux pour 52,9 milliards d'euros ;
  • FMI pour 32,1 milliards ;
  • créanciers obligataires PSI pour 30 milliards ;
  • BCE pour 27 milliards ;
  • autres créanciers pour 35,1 milliards (sources BNP Paribas).

La Bundesbank n'est pas exposée à la dette Grèque, mais aux créances du FESF et des prêts bilatéraux. C'est même le pays le plus exposé au risque souverain grec puisqu'il a 56,5 milliards d'engagements. Suivent la France avec 42,2 milliards, l'Italie avec 37,3 milliards et l'Espagne avec seulement 24,8 milliards. Nous sommes tous mouillés et nous risquons gros pour avoir prêté à la Grèce en espérant qu'un gouvernement puisse y remettre de l'ordre.

En 2012, la Grèce a procédé à une opération d'échange de dette. Cette manœuvre appelée PSI (Private Sector Involvement) a permis d'effacer un peu plus de 100 milliards d'euros d'obligations même si Athènes a dû par la suite recapitaliser son secteur bancaire à hauteur de 50 milliards d'euros. Ce PSI s'est aussi accompagné de fortes réductions d'intérêts et d'un rallongement substantiel des durées de remboursement. En effet, le remboursement du capital de la dette ne doit commencer qu'en 2023 et s'achever en 2042. Les créanciers publics ont aussi consenti des aménagements de leurs créances, réduisant par deux fois le taux d'intérêt et allongeant les durées de remboursement. Mieux, depuis mars 2012, les profits — gain en capital et revenus d'intérêt — réalisés par la BCE et les banques centrales nationales sur leurs portefeuilles d'obligations grecques (27 milliards d'euros) sont reversés à l'état grec.

Maintenant, ce que nous ne savons pas. La baisse des taux d'intérêt de la dette et le retour à la croissance modeste de l'économie grecque l'an dernier ont permis à la Grèce de renouer avec un excédent primaire positif. Pour 2015, la Commission Européenne prévoit un taux de croissance nominale de 3,3% et un taux d'intérêt sur la dette de 2,4%. L'excédent primaire est attendu à 4,1% du PIB. Au final, le ratio d'endettement grec devrait baisser d'au moins six points cette année. Et la commission s'attend à le voir ramené à 157,8% du PIB fin 2016.

Et c'est à ce moment que les grecs choisissent l'extrême gauche. Mélenchon content même si cela risque de définitivement ruiner le pays. Première annonce, le nouveau gouvernement fera un audit avant d'entrer dans le vif des négocations. Trois à six mois d'audit pour aboutir, d'après un article du Monde Diplomatique, à « une réduction significative de la valeur » de la dette publique. Tsípras évoquait alors « un moratoire sur le service de la dette, afin que les sommes conservées soient affectées au redressement de l’économie ».

Le problème est que la Grèce n'a pas de temps à perdre. Si un audit rigoureux pourrait permettre à Syriza d'être en position de force face aux créanciers en montrant les erreurs du passé, le gouvernement grec a aussi besoin de ses créanciers qui le maintiennent sous perfusion. Les marges de manœuvre du nouveau gouvernement grec sont donc ténues et l'automne risquera d'être difficile pour lui. Il ne suffit pas de promettre, encore faut-il tenir ses promesses. Si la Grèce n’obtient pas une renégociation de sa dette, elle peut tout simplement décider d’arrêter de la rembourser. Après tout, c'est son choix et nous avons été assez bêtes pour créer une zone euro sans fédéralisme.

C'est en fait le seul choix que son gouvernement peut faire actuellement. Baisser les taux d'intérêts plus qu'aujourd'hui risquera d'être difficile. Rallonger les durées de remboursement ne changera pas grand'chose. Objectivement, un flash du 5 janvier de Patrick Artus, analyste de Natixis, aborde l'hypothèse d'une annulation de la dette grecque et indique que

si la Grèce fait défaut sur sa dette extérieure détenue par les non-résidents, les prêteurs publics devront être remboursés de cette perte par les états de la zone euro. Ceci conduira à une hausse de 2,6 % de la dette publique de la zone euro […], ce qui ne changerait pas significativement la solvabilité budgétaire des pays de la zone euro.

Le sang froid de cet analyste me laisse assez rêveur d'autant plus que l'Espagne et l'Italie et la France seront en première ligne avec un beau tas de créances douteuses dans leur comptes. Mais pire que cela, les créanciers imposeront à nouveaux des taux d'intérêts élevés à la Grèce car les taux d'intérêts sont pour les prêteurs des primes de risque.

Faire défaut serait reculer pour mieux sauter tout en aggravant la situation à terme. Mais que ne ferait pas un gouvernement par pure idéologie ou clientélisme ?

La suite à l'automne.

 

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