Le client est roi

19.10.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Je hais l'informatique, Haines ordinaires

Une journée de perdue. Une journée complète perdue à essayer de remettre une base de données d'équerre chez un client. Le bougre avait perdu toutes les données d'une table, mais de façon assez surprenante sans que sa base de données soit corrompue et, disait-il, sans qu'il n'ait rien fait. J'ai pourtant la désagréable impression qu'il y a eu un DELETE FROM mytable quelque part… Seul ennui, cela s'est passé sur une machine qu'il administre lui-même et qui n'écrivait strictement rien dans les fichiers journaux. Autant dire que la seule indication de connexions ssh en root de la part d'une adresse visiblement forgée dans /var/log/auth.log n'était que d'une utilité toute relative.

J'étais donc le responsable tout désigné même s'il n'avait aucune sauvegarde de ses données. J'étais le responsable tout désigné même si cette machine possédait un mot de passe trivial pour root et si son daemon sshd acceptait les connexions sur root. Passons, le client est roi.

Pourtant, je le lui avait dit. Un serveur, ça s'administre un minimum. Il vaut mieux même qu'il soit administré par des gens compétents. Là, visiblement, ce n'était pas le cas et la sécurité reposait sur un port ssh non standard. Remarquez, c'est déjà mieux que rien et il ne faut pas voir le mal partout.

Mais ce n'est pas tout. MySQL doit être, à l'exception notoire de MS-SQL, le pire système de base de données existant. Ce truc est capable de corrompre des données plus qu'à son tour, surtout lorsqu'on utilise autre chose que MyISAM, et est d'une stabilité toute relative lorsqu'on essaie de faire fonctionner des répliques. Je ne compte plus personnellement le nombre de répliques qui ont explosées en vol devant mes yeux ébahis sur des requêtes des plus classiques, se soldant par un arrêt de la base de production pour faire une archive dans un état connu et un redémarrage avec les logs binaires du serveur puis de sa réplique. Ce qui m'amusera toujours, c'est de voir une réplique à jour refuser une requête conforme sur des données existantes. C'est pour moi un réel mystère et un émerveillement de tous les instants.

Remettre en route une réplique MySQL sur une base sensible est toujours un sport de haut vol. Ça l'est encore plus lorsqu'on ne peut pas arrêter la base avant l'interruption programmée de service suivante. Lorsqu'on tel décrochage se produit et qu'on doit attendre quelques jours avant de pouvoir repartir d'un état connu, on a largement le temps de se convertir à toutes les religions du monde et prier pour que la base principale n'explose pas d'ici-là. Pour ménager mes nerfs, j'en suis maintenant à installer quatre répliques parallèles par serveur de production ! Ceintures et bretelles, mais avec un tel outil, ça se justifie.

Ainsi, prétendre utiliser MySQL sur des bases importantes sans sauvegarde quotidienne est aussi risqué que d'essayer de danser un quick step avec des talons aiguilles. Il y en a qui ont essayé. On risque au mieux l'entorse, au pire le traumatisme crânien ou la foulure de méninges. Là, ce sont juste 700 Mo de données qui ont disparu. Des données qui seront difficiles à reconstruire, mais heureusement rien de vital.

Sauf que… Sauf qu'un bon nombre de serveurs sont aujourd'hui administrés comme cela, à la va comme je te pousse. Non seulement les bases sont trop souvent des bases MySQL, mais encore les administrateurs systèmes sont des administrateurs aux pieds tendres qui ne savent pas toujours ce qu'ils font ni quelle est la portée des modifications qu'ils peuvent faire dans certains fichiers de configuration. Combien de fois en ai-je vu qui bricolaient plus qu'ils administraient ? Qui appliquaient des recettes toutes faites sans vraiment savoir ce qu'ils faisaient ?

Et on s'étonne après ça d'avoir des serveurs qui tombent en vol, des sites internet comme le fameux france.fr notoirement sous-dimensionné, ce qui a coûté au contribuable le double de ce qu'il aurait dû coûter !

Quand est-ce que les gens comprendront qu'on ne fait pas administrer un serveur par le premier venu et que les données que l'on confie à un serveur ont un coût de gestion ? L'outil informatique est un outil dont la gestion n'est pas un coût marginal contrairement à ce qu'on voit trop souvent et qui aboutit toujours à plus ou moins long terme à des catastrophes. Croire le contraire est la pire erreur qu'on puisse faire.

 

Nul n'est prophète en son pays

17.10.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Je vous préviens, je suis encore plus d'humeur exécrable que les autres jours. Je suis de mauvaise humeur parce que Benoît Mandelbrot nous a quitté jeudi dernier, le 14 octobre 2010. Je ne l'accuse de rien. Vu son âge et sa maladie, il fallait bien s'y attendre à un moment ou à un autre. Ce qui me met d'une humeur massacrante, c'est que cette information n'a pas vraiment été relayée par les media français. Cet homme n'avait certainement pas le charisme d'un chanteur à succès ou d'un acteur célèbre, ce n'était qu'un ingénieur qui s'occupait de mathématiques appliquées et qui jouait les Cassandre.

Benoît Mandelbrot n'était pas un mathématicien au sens premier du terme. C'était un ingénieur qui essayait d'étudier les phénomènes naturels et qui a pris conscience que certains ensembles de figures fractales peuvent modéliser finement les systèmes naturels.

Mieux que cela, il a travaillé sur les modélisations des systèmes financiers dès 1961. Sa théorie, reconnue pourtant rapidement comme pertinente, fut mise de côté car jugée trop complexe. Il revit sa copie en 1997 et propose un modèle plus précis qui n'a pas vraiment été utilisé. Essayant d'alerter les acteurs des marchés, il publia en 2004 une approche fractale des marchés dans laquelle il dénoncait les outils mathématiques utilisés par la finance parce qu'il les juge inadaptés. Cette même année, il avait demandé sans aucun succès que les banques et les grandes institutions financières de Wall-street consacrent une partie de leur budget à la recherche fondamentale plutôt que de s'en remettre à la théorie du doigt mouillé.

En particulier, Benoît Mandelbrot était très critique sur la théorie de Merton, Black et Scholes utilisée par les banques parce que, selon lui, cette théorie est biaisée ne tenant pas compte de certains paramètres importants.

Permettez-moi de revenir sur son dernier livre, publié chez Odile Jacob quatre ans avant la crise actuelle. Il était prémonitoire mais ne fut pas écouté. Il est mort sans être certain qu'il le soit davantage aujourd'hui. Dans ce livre, il attaque les financiers qui utilisent une théorie inapplicable — celle de Merton, Black et Scholes, issue des travaux de Bachelier qui datent de 1900 — et qui n'avait selon lui aucun sens, ce qu'il affirmait dès le début des années 1960, car cette théorie ne prend pas en compte les changements de prix instantanés qui sont pourtant la règle en économie. En d'autres termes, elle dissocie l'économie de la finance et met ouvertement des informations essentielles sous le tapis, faussant sensiblement les moyennes. Cette théorie affirme pourtant qu'elle ne fait prendre que des risques infimes et marginaux, ce qui est faux. Il était donc inévitable que des choses très graves se produisent. Les catastrophes financières sont très souvent dues à des phénomènes très visibles mais que les experts n'ont pas voulu voir. À force de mettre l'explosif sous le tapis, la question n'est pas de savoir si ça allait sauter, mais quand. Les faits lui ont pourtant donné raison, et François Baroin a beau jeu de dire que personne n'avait annoncé la crise actuelle.

Benoît Mandelbrot disait aussi être en contact avec des dirigeants de grandes banques qui étaient parfaitement contents de leurs modèles mathématiques — même après le début de la crise — et qui ne veulent surtout pas reconnaître qu'ils ont pu se tromper. Il n'a pas dit si là-dedans se trouvaient les dirigeants de Lehman Brothers. Il faut dire que les financiers sont très attachés à cette théorie complètement fausse mais d'une merveilleuse simplicité.

Il y a quelques mois, de passage en France, il disait encore que beaucoup de ses élèves ont changé d'avis après leur thèse, faisant de belles carrières en reniant ce qu'ils avaient affirmé auparavant, jugeant ses positions d'autant plus dangereuses qu'il n'était pas reconnu par l'establishment. Il ne semblait pas leur en tenir rigueur.

Un grand analyste nous a quitté. Saluons une dernière fois l'homme et son œuvre qui ne se limite pas à la seule étude des fractales.

 

Le concret ? C'est du vent !

15.10.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Haines ordinaires

Je ne résiste pas à vous faire partager une information qui est passée sous silence. C'est dommage car elle est intéressante. Après la spéculation sur les emprunts hypothécaires, celle sur les dettes souveraines ou les assurances-vie, les boursicotages divers et variés qui nous ont envoyés dans le mur en 2008, voici la spéculation sur la pluie. Ce genre de chose n'a pu voir le jour que dans le cerveau malade de délire néogothique d'un financier dément. Voici l'annonce :

Les investisseurs vont pouvoir spéculer sur la pluie

Plus cette quantité sera importante, plus le contrat sera cher. Comme tous les produits financiers de ce types, les investisseurs pourront parier à la hausse comme à la baisse. La valeur finale dépendra des précipitations constatées. "Nous constatons tous les jours l'impact de la météo sur nos vies, et nous savons comment elle peut influencer les décisions des entreprises au niveau régional et local : augmenter les prix, gérer les stocks, procéder à des fermetures temporaires", a expliqué un responsable du CME, Tim Andriesen, cité dans le communiqué. "Un grand nombre de secteurs, de l'agriculture aux loisirs, dépendent du beau temps, mais sont aussi à merci d'un mauvais temps", a-t-il ajouté. "Les contrats sur les chutes de pluie, qui s'ajoutent à nos produits existants liés aux conditions météorologiques, vont permette aux entreprises de gérer le risque qui en résulte".

Les contrat concernent les précipitations mesurées aux aéroports de Chicago O'Hare (Illinois, Nord), New York La Guardia, Dallas-Fort Worth (Texas, Sud), Jacksonville (Floride, Sud), Detroit (Michigan, Nord), Des Moines (Iowa, Nord), Portland (Oregon, Nord-Ouest), Raleigh/Durham (Caroline du Nord, Sud-Est), ou encore sur le campus d'une université de Los Angeles. Le CME propose déjà des produits financiers indexés sur les températures, les chutes de neige, ou le gel.

A partir du 31 octobre [ndlr: 2010], les investisseurs pourront acheter des contrats à terme et des options dont la valeur reflètera la quantité de pluie prévue pour chaque mois entre mars et octobre à un endroit donné, a indiqué le Chicago Mercantile Exchange dans un communiqué. Le CME, la Bourse de Chicago spécialisée dans les produits dérivés, a annoncé jeudi le prochain lancement de contrats indexés sur les chutes de pluie dans neuf villes aux Etats-Unis, censés permettre aux entreprises de se couvrir contre les risques climatiques.

L'Expansion.com avec AFPpublié le 15/10/2010 à 10:41

Vous ne rêvez pas, nous ne sommes pas le premier avril, ce n'est pas un canular et cette dépêche est tout à fait authentique.

Pour être tout à fait honnête, je ne sais quoi ajouter. Tout est bon pour faire de l'argent même les choses les plus improbables. Il faudrait rappeler à tous ces boursicoteurs que la finance est un outil au service de l'économie, rien de plus, et que le fait de couper la finance de l'économie réelle est une vue de l'esprit qui ne peut provoquer que des catastrophes.

Le gouvernement des États-Unis vient de sauver son secteur bancaire à grand renfort de fonds publics tout éponger toutes les spéculations des prêts hypothécaires qui reposaient encore sur quelque chose de concret. Le même secteur bancaire américain, totalement amnésique puisqu'il a complètement oublié ce qui l'avait amené à la banqueroute il n'y a que deux ans, se met à nouveau à brasser du vent avec la bénédiction du monde entier. Dans cette affaire, le pire est que le concret n'est que du vent. Je vous l'accorde, ça pourrait aussi être de la pluie, de la neige, voire pour les plus chanceux un ouragan. C'est un peu léger comme base d'investissement.

Et comme les investisseurs pourront certainement se faire plus d'argent en spéculant sur du vent qu'en investissant dans l'économie réelle, ce qui reste de l'économie sera encore plus asphyxié que ce qu'elle n'est déjà. Vous allez me dire que cela ne vous concerne pas. Mais si ! Tous les milliards de dollars, d'euros ou de ce que vous voulez qui seront investis dans ce marché juteux et profitable ne seront pas investis dans l'économie. Non seulement l'économie aura à en pâtir, mais au premier retournement de tendance, ces spéculations vont nous exploser à la figure. Et il s'en trouvera encore pour dire qu'on n'avait rien vu venir et que personne ne leur avait dit de faire attention et les états renfloueront encore leurs banques qui n'auront de cesse de spéculer sur les dettes souveraines. Le beau cercle vicieux de la finance moderne qui prétend créer de la richesse à partir de… à partir de rien ou de l'idée que s'en font les gens.

Pourquoi toujours faire plusieurs fois les mêmes bêtises ?

 

La force du destin

14.10.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Mauvais esprit, Haines ordinaires

Le 13 octobre 2010, 8h40, François Baroin au micro de la matinale de France Inter. C'est juste pour fixer le tableau. La discussion après la revue de presse dérive sur l'économie française. Et elle dérive !…

Et le ministre de parler de sa belle voix de baryton. À force de s'écouter parler, bercé par le mouvement, ne voilà pas qu'il laisse échapper :

Personne n'a vu venir la crise.

C'est du Baroin pur jus. Il parlait là de la fameuse crise financière de 2008 que personne n'aurait vu venir. Il faudrait voir à nous le changer parce qu'il est sacrément myope le ministre ! Tous les économistes sérieux l'ont vu venir depuis quinze ans et ont tiré très longtemps les sonnettes d'alarme en pure perte. Et je n'arrive pas à imaginer qu'à Bercy, personne n'ait été au courant. Que personne n'aient cru ces économistes, peut-être, mais de là à dire que les hauts fonctionnaires du ministère de l'économie et des finances n'étaient pas au courant, il y a un pas que je ne franchirais pas. Et s'ils nétaient pas au courant, il serait vraiment temps d'en changer.

Mais c'est comme tout, on n'écoute jamais les gens qui annoncent des cataclysmes ou qui osent simplement dire qu'il faudrait peut-être arrêter de faire n'importe quoi ou penser à un autre paradigme. Résultat des courses, un marasme économique qui fera passer dans les livres d'histoires la grande dépression de 1929 pour une aimable promenade de santé.

Oui, parce qu'aujourd'hui, la crise n'est encore que financière. Elle commence à être économique parce que des palanquées d'entreprises sont en train de mettre la clef sous la porte faute de financement. Elle risque fort de devenir sociale lorsque le taux de chômage explosera et il ne pourra qu'exploser. Il suffit de se promener dans les rues de Paris pour voir que quelque chose n'est pas normal. Des dizaines de boutiques sont vides, inoccupées. Des centaines de bureaux sont mis en location et ne trouvent preneurs.

Et personne non plus ne voit venir cette crise sociale. Il n'est pourtant pas nécessaire d'être devin pour voire pointer le bout de son nez. Depuis trente ans, les entreprises françaises souffrent de défauts d'investissement car le secteur bancaire le leur interdit. Ce sous-financement ne date pas de 2008, il date du début des années 1980. Les dévaluations compétitives du franc ne doivent pas être étrangères à cela. La conséquence immédiate est que ces entreprises ne peuvent que perdre du terrain face à leurs concurrentes étrangères. En 2008, les entreprises françaises qui étaient déjà au bord de l'asphyxie financière se voient refuser le peu de capacité de financement restant de la part de leurs banques qui ont fait durant les deux dernières décennies toutes les bêtises du monde. La chute est proche.

Et ces banques, l'état français les a sauvées. C'est pourtant la pire des choses à faire puisque le sauvetage de ces banques va nous coûter beaucoup plus cher que les seules pertes bancaires. Pourquoi me direz-vous ? C'est assez simple. Le fait d'avoir sauvé grâce à l'argent public les banques françaises a une conséquence immédiate : elles se sentent fortent et savent que si elles font encore d'autres placement hasardeux, l'état sera encore là pour les renflouer. Et au dire de salariés d'une grande banque française, les transactions qui passent actuellement sont bien pires que celles qui nous ont déjà envoyé dans le mur en 2008.

Par ailleurs, l'injection d'argent public dans les comptes de ces banques a creusé le déficit des états. Et, allant jusqu'à mordre la main qui les soignent, ces mêmes banques sont les mêmes qui se sont mises à spéculer sur les dettes souveraines des états en disant aux états européens les plus endettés qu'il faudrait peut-être voir à ne pas continuer comme ça !

Et là encore, il se trouvera des ministres pour dire qu'on n'avait pas vu venir la crise. Foutu destin !

 

Niches fiscales

12.10.10 | par Le Grincheux | Catégories: Mauvaise humeur, Haines ordinaires

Et l'on reparle de l'ISF, des niches fiscales et du bouclier fiscal. Ce matin encore, j'ai entendu des tas de bêtises de la part de spécialistes auto-proclamés. Dans le cas de l'ISF, la déduction fiscale pour investissement dans les entreprises ne s'applique que pour les assujettis à l'ISF qui prennent des participations, ce qui est tout de même légèrement différent d'un simple investissement qui pourrait se faire sous la forme de traites ou d'avances sur compte courant. Il ne s'agit pas ici d'aider les PME qui ne trouvent plus de financement dans le secteur bancaire, mais de soustraire son argent à l'ISF. Et si au passage cet investissement pouvait faire des petits, ce n'est pas plus mal.

En d'autres termes, l'état favorise aux personnes payant l'ISF la prise du capital, donc du contrôle, des PME française qui n'arrivent plus à se financer autrement. Cette prise de participation doit se faire pour au moins cinq ans et au nominal des parts. L'entrepreneur voit ainsi arriver chez lui des groupements de particuliers qui ont créé des sociétés d'investissement et qui lui prennent un gros bout de capital contre ce qui n'est pas loin d'une misère pour une durée de cinq ans. Que se passe-t-il au bout de cinq ans ? Le groupement d'investisseurs qui n'est là que pour défiscaliser une somme d'argent et non pour suivre une entreprise le récupère et comme il est à nouveau soumis à l'ISF va essayer de vendre ses parts au plus offrant pour régler les impôts de ses membres. L'entrepreneur a alors tout perdu. Bizarrement, ça me rappelle une histoire de plat de lentilles… Et on se demande encore pourquoi des entreprises innovantes sont vendues à des étrangers qui n'attendent que cela. Un tas de nouveaux riches des pays de l'est, d'indiens et de chinois sont actuellement sur les rangs pour s'offrir les futurs fleurons français. Et ces gens-là sont capables de mettre des fortunes sur la table !

Ce qui est amusant pour bien connaître le système, c'est que le groupement d'investissement annonce qu'il va faire un pacte d'actionnaires et qu'il vous vendra préférentiellement ses parts à la fin de celui-ci. Mais il les vendra aussi à leurs valeurs réelles, soit capital plus fonds propres. Que se passera-t-il si l'entrepreneur n'a pas les fonds propres pour les racheter ? Parce que les investisseurs peuvent très rapidement faire la culbute puisqu'ils achètent au nominal — capital plus fonds propres réduits voire nuls car sinon l'entrepreneur ne cherchera pas des sources de financement — et revendent selon le même principe, mais avec des fonds propres beaucoup plus importants. Si ce n'était pas le cas, cela voudrait dire que l'entreprise est moribonde donc le problème ne se poserait pas. L'entrepreneur sera alors le seul dindon de la farce !

C'est en partie en raison de cette fiscalité aberrante et de l'incompétence des banques qu'on se retrouve dans un état économique désespéré. Le but du jeu n'est plus aujourd'hui d'utiliser son argent à des fins utiles, mais de simplement le soustraire à un impôt complètement idiot puisqu'il n'est pas sur le revenu mais sur le patrimoine. Et pour cela, tout est bon, même vendre les bijoux de familles surtout lorsque les bijoux appartiennent à quelqu'un d'autre.

Lorsque d'un côté, on met les sources de financement des entreprises qui sont comme nous l'avons vu pas très saines et d'un autre les charges qui pèsent de plus en plus puisqu'aujourd'hui, il faut compter sur le fait qu'un salarié coûte mensuellement le double de son salaire brut (charges patronales et charges diverses), il est de plus en plus invraisemblable que des gens intelligents se demandent encore pourquoi l'économie française se porte si mal vis à vis de l'économie allemande. On ne va pas pouvoir continuer éternellement à ponctionner à tout va les entreprises en taxant le patrimoine des plus fortunés et en leur offrant des portes de sortie sous la forme de dégrèvements divers et variés qui à moyen terme vont nous exploser à la figure.

L'enjeu du bouclier fiscal n'est pas seulement la limitation de l'ISF, bouclier fiscal qui sert d'ailleurs plus aux petits revenus qu'aux grande fortunes est-il encore besoin de le rappeler, puisqu'il intègre aussi des taxes locales souvent importantes que payent des contribuables pas vraiment aisés. L'enjeu de ce bouclier fiscal est aussi de limiter les effets de ces niches permettant le dégrèvement de l'ISF. En supprimant à la fois ce bouclier fiscal et cet ISF, on pourra peut-être penser enfin au refinancement réel et pérenne de l'économie française. Et la conséquence de la suppression de cette taxation imbécile est aussi la limitation à terme des délocalisations des PME, qui ne se délocaliseraient jamais si elles avaient pu rester françaises, car elle se sont vues rachetées par des groupes étrangers en raison des niches fiscales.

 

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